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- « De constructeur à acteur du développement du territoire »
Laurent Granier, directeur des Relations publiques chez GSE, spécialiste de l’immobilier d’entreprise, présente le changement de positionnement du groupe. Comment le métier de GSE a-t-il évolué en Île-de-France ? GSE, contractant général en immobilier d’entreprise, fêtera ses 50 ans d’existence en 2026. Tout au long de son histoire, l’entreprise s’est renouvelée pour proposer des solutions adaptées aux enjeux sociétaux et environnementaux.Aujourd’hui, la raréfaction du foncier et la construction durable sont complètement intégrées dans notre métier : nous réalisons des bâtiments industriels, logistiques et tertiaires en hauteur et sur plusieurs niveaux, afin de réduire l’emprise au sol. Nous concevons également des bâtiments durables et écoresponsables en œuvrant sur trois facteurs : l’emploi de matériaux bas carbone, l’optimisation des performances énergétiques et le respect de la biodiversité.L’entreprise, qui compte une dizaine d’agences sur toute la France et près de 650 collaborateurs, adresse une offre de proximité à l’ensemble de ses clients. Dix chantiers sont en cours en Île-de-France, ce qui représente 35 % de l’activité. Une équipe de cinquante personnes est à la manœuvre au sein de l’agence située dans le 12e arrondissement de Paris. Pourquoi GSE est-elle désormais société à mission ? GSE a choisi de changer ses statuts et de devenir société à mission en 2023, pour concrétiser son engagement dans le développement durable.Notre raison d’être guide l’ensemble des actions de l’entreprise : « Concevoir et bâtir dans le respect de la nature, se développer en étant au service des territoires, prospérer en prenant soin de l’humain. »Nous apportons des solutions durables pour l’ensemble des acteurs d’un territoire : collectivités, agences de développement, entreprises clientes et fournisseurs.GSE a par ailleurs obtenu, pour la cinquième année consécutive, la médaille EcoVadis Platinum pour sa politique RSE. Quel sera le bâtiment de demain ? Le bâtiment de demain est un bâtiment dont la construction vise la neutralité carbone. C’est aussi un bâtiment intégré à son territoire, répondant aux enjeux de tout un écosystème local.C’est également un bâtiment tourné vers le confort de ses utilisateurs. GSE construit des usines, des plateformes logistiques, des bureaux, mais aussi des parcs d’activités, des parkings et des data centers, afin de répondre au mieux aux besoins des clients et de contribuer à l’aménagement des territoires. Un nouveau directeur pour GSE Île-de-France Arnaud Sebban prend la direction de l’agence basée à Paris. Fort d’une expérience d’une vingtaine d’années dans le commerce et à l’international au sein de GSE, il prendra ses fonctions à la rentrée 2025.
- Baignade dans la Seine, le symbole de la reconquête d’un fleuve vivant
Jacques Chirac en avait fait une promesse en 1988. Beaucoup l’avaient rangée au rayon des utopies municipales et de la com’ facile, voire de la provocation ou de la blague. Une idée devenue réalité à l’été 2025 : la Ville de Paris ouvre trois sites officiels de baignade — au Bras Marie, à Grenelle et à Bercy — tandis qu’une trentaine d’autres sont en préparation dans le territoire régional et métropolitain, en particulier dans la Marne, en amont de Paris. Par Vianney Delourme. La baignade en Seine n’est donc plus une chimère. C’est un fait, un droit retrouvé, diront certains, et sans doute une transformation collective de notre rapport au territoire. Cette transformation, accélérée par les Jeux olympiques, dépasse largement le symbole. La baignade inaugurale de juillet 2024, réunissant la maire de Paris, le préfet de région et le président de Paris 2024, avait frappé les esprits dans le monde entier. C’est aussi l’aboutissement d’un travail de fond, invisible et titanesque, mené de concert par tous les échelons et acteurs territoriaux : le bassin de rétention d’Austerlitz (46 000 m³), les diagnostics de branchements, la désinfection des eaux usées, la modernisation des stations d’épuration par le SIAAP, l’adaptation des navires-logements… Derrière chaque plongeon, il y a une décennie ou plus d’ingénierie, de financements publics, de compromis politiques et de mobilisations citoyennes. Les syndicats de gestion des rivières — la Bièvre, le Croult, le Sausset, le Petit Rosne, l’Yvette… — contribuent aussi indirectement à la baignade, en redonnant vie aux affluents de la Seine. C’est ce travail patient, poursuivi malgré les alternances politiques, qui permet aujourd’hui d’imaginer un fleuve accueillant et sain. La baignade, une promesse de ville vivable Alors, effet de mode post-JO ou véritable bascule urbaine ? La question divise encore. La Seine n’est pas devenue comme par magie un décor de carte postale : elle reste un fleuve industriel, turbulent, imprévisible. Mais elle est redevenue vivante. Les bactéries reculent, les poissons reviennent, et pas seulement les humains. Avec le dérèglement climatique, certains urbanistes estiment que la baignade publique pourrait devenir un indicateur structurant de notre capacité à bâtir une ville habitable. Se baigner dans la Seine devient un geste de transition écologique : se rafraîchir, ralentir, redécouvrir la ville au fil de l’eau. Ce retour du « plouf en ville » s’inscrit dans la continuité des engagements associatifs des années 2010, des nageurs de l’Ourcq polaires aux Open Swim Stars. Ces pionniers ont ouvert la voie à la première piscine publique dans le bassin de La Villette et aux baignades éphémères du canal Saint-Martin. Un mouvement métropolitain Le retour de la baignade dépasse Paris. La Région Île-de-France accompagne la dynamique via ses schémas d’aménagement et ses financements. La Métropole du Grand Paris, grâce à sa compétence Gemapi, facilite les coopérations nécessaires à la gestion du fleuve. Les départements jouent aussi un rôle clé. Le Val-de-Marne fait figure de pionnier avec le « Big Jump » organisé depuis 2002 et les premières ouvertures à Joinville-le-Pont ou Maisons-Alfort. En Seine amont, l’Essonne porte des projets ambitieux à Ris-Orangis, Corbeil-Essonnes ou Le Coudray-Montceaux. Plus au nord, la Seine-Saint-Denis aménage de nouvelles bases nautiques accessibles à tous. Dans les Hauts-de-Seine, Sèvres et Rueil avancent malgré des obstacles sanitaires. Mais le récit n’avance pas partout au même rythme : certaines communes manquent encore de financements, d’ingénierie ou de maîtrise d’ouvrage. Une équation technique, écologique et démocratique Ouvrir un site de baignade dans un fleuve urbain n’a rien d’une piscine. Il faut maîtriser la qualité bactériologique, concilier la navigation et les usages, anticiper les débordements pluviaux, sécuriser l’accès. L’Apur a publié un « guide pratique » pour accompagner les maires, mais les obstacles restent nombreux : coût élevé, subventions limitées, besoin de formation des équipes municipales. La baignade est aussi un enjeu d’inclusion sociale : gratuité, horaires, surveillance, accessibilité. Elle implique d’assumer le risque d’accidents et leur médiatisation. Certains acteurs économiques s’inquiètent des conflits d’usage et de la pression sur le foncier qu’elle pourrait entraîner. La Seine, un fleuve à réinventer En 2025, la baignade inscrit la Seine dans le quotidien comme un espace de loisirs, de santé et de lien. Avec les JOP, elle est devenue une icône politico-médiatique. Mais au-delà du momentum, se pose la question du statut même du fleuve. Élus, scientifiques et militants souhaitent lui accorder un cadre juridique spécifique, pour mieux encadrer les pollutions et reconnaître son rôle dans les écosystèmes. Cette démarche, débattue dans le monde entier, invite à faire évoluer le statut des espaces naturels. Le rapport à la Seine se rejoue aussi au-delà de la région francilienne : en 2025, la Métropole du Grand Paris préside l’Entente Axe Seine, qui fédère les collectivités de Paris au Havre. L’ambition : faire du fleuve un vecteur de développement économique, culturel et environnemental. Et si, demain, les bateaux touristiques servaient aussi à acheminer les baigneurs ? Et si la Seine devenait un fil conducteur de nos récits collectifs, retissant la vision napoléonienne à l’heure de l’Anthropocène ? Il y aura peut-être un retour au réel — budgétaire, sécuritaire, environnemental — mais prenons le droit et le temps de rêver. Bon bain !
- Le “Grand Pari” d’Idex de l’énergie bas carbone
Entretien avec Stéphane Dauphin, Directeur régional Île-de-France d'Idex Acteur de référence du marché local de l'énergie bas-carbone, Idex développe, conçoit, finance, construit et exploite des infrastructures énergétiques qui contribuent à la transition énergétique des territoires franciliens. Les défis énergétiques du Grand Paris Quels sont les principaux défis énergétiques du Grand Paris et comment Idex y répond-il ? Stéphane Dauphin : Le Grand Paris fait face à un défi majeur de décarbonation tout en maintenant son attractivité et sa compétitivité. Cette équation nécessite une vision intégrée et des engagements concrets. Notre ADN de développeur nous pousse à identifier les opportunités sur les territoires. En Île-de-France, nous mobilisons nos collaborateurs pour développer des infrastructures énergétiques locales créatrices de valeur. Nous exploitons 18 réseaux de chaleur et de froid desservant plus de 3 000 clients, et assurons la maintenance de plus de 5 000 bâtiments. Notre force réside dans notre modèle intégré sur l’ensemble de la chaîne de valeur des énergies locales. L’approche Idex de la transition énergétique Quelle est votre approche de la transition énergétique et quelles solutions proposez-vous ? S.D. : Notre méthode s’articule autour de deux axes : consommer moins et consommer mieux. Pour consommer moins , nous optimisons la performance énergétique des bâtiments avec des Contrats de Performance Énergétique. Sur les 150 contrats que nous gérons pour les collectivités franciliennes, nous générons en moyenne 15 à 20 % d’économies d’énergie. Pour consommer mieux , nous développons des infrastructures valorisant les ressources énergétiques locales. Les réseaux de chaleur sont l’épine dorsale de la transition énergétique urbaine, permettant de valoriser la géothermie, la chaleur fatale ou le solaire thermique. Des réalisations concrètes en Île-de-France Pouvez-vous nous présenter vos références et réalisations les plus emblématiques ? S.D. : À Paris-La Défense, nous opérons le deuxième plus grand réseau de chaleur et de froid de France, qui alimente 3,5 millions de m². Notre investissement de 40 millions d’euros pour produire une chaleur bas carbone à partir d’agro pellets économise 40 000 tonnes de CO₂ par an. À Neuilly-sur-Marne, notre réseau géothermique puise l’eau à 1 800 mètres de profondeur pour alimenter 5 100 équivalents-logements avec un taux d’énergies renouvelables dépassant 75 %. Nous gérons également les installations énergétiques des bâtiments communaux de plus de 60 communes franciliennes et avons récemment déployé en Seine-Saint-Denis une installation photovoltaïque de 220 kWc en autoconsommation collective, permettant à l’épicerie bio Renée à Saint-Ouen de réduire sa facture énergétique de 23 %. La vision d’Idex pour l’Île-de-France Quelle est votre vision pour Idex en Île-de-France ? S.D. : Notre ambition est de contribuer à l’évolution du modèle énergétique francilien en développant des infrastructures locales créatrices de valeur économique, environnementale et sociale. Notre vision est celle d’une énergie utile, locale et bas carbone, produite au plus près des besoins. Nous privilégions une approche partenariale de long terme avec les acteurs des territoires, avec des engagements sur des objectifs de performance mesurables. Face aux défis climatiques, Idex s’engage à accompagner les acteurs du Grand Paris vers un avenir plus durable et moins dépendant des énergies fossiles. Stéphane Dauphin, un parcours au service des territoires Stéphane Dauphin a rejoint le groupe Idex en 2024 après un parcours diversifié dans le secteur public et privé. Fort de 25 années d’expérience auprès des pouvoirs locaux, il met aujourd’hui son expertise au service de la décarbonation des territoires franciliens. Groupe Idex en chiffres 6 200 collaborateurs 2,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires 400 millions d’euros d’investissements par an 70+ réseaux de chaleur et de froid 850 000 tonnes de CO₂ évitées par an
- « Être une banque utile, c’est aussi être un accélérateur de transitions »
Sabine Fleischel, directrice Entreprises et Institutionnels (BDR) à la Caisse d’Epargne Ile-de-France, revient sur les engagements de la banque coopérative au service des transitions écologique, démographique et sociétale du territoire. Quel sens donnez-vous à la notion d’« utilité » pour une banque comme la vôtre ? L’utilité, pour la Caisse d’Épargne Île-de-France, c’est d’abord un ancrage territorial fort. Banque régionale, coopérative et mutualiste, nous avons pour mission de mobiliser l’épargne locale de nos clients au service des projets franciliens. Cela représente plus de 10 milliards d’euros de financements par an. Notre raison d’être est d’accompagner les transitions environnementale, démographique et technologique, et de contribuer à améliorer la vie des Franciliens. En quoi cet ancrage territorial fait-il la différence ? Nous avons une connaissance fine des dynamiques locales, des acteurs institutionnels et des besoins spécifiques. Pour accompagner les acteurs privés et publics qui forment l’économie du territoire francilien, nous avons des équipes dédiées et expertes dans différents domaines : santé, immobilier, ESS, enseignement, culture, collectivités locales et opérateurs du logement social. Nous sommes aujourd’hui un acteur bancaire de référence dans le financement d’infrastructures comme l’immobilier (hôpitaux publics et privés, logements, résidences étudiantes) et l’environnement (financement d’unités de valorisation énergétique qui permettent de transformer les déchets en énergie, centres de tri des déchets, réseau de géothermie et centrales photovoltaïques). Ces expertises sectorielles, conjuguées à nos expertises financières, nous permettent de jouer un rôle de tiers de confiance et de partenaire de proximité pour soutenir les transformations environnementale et démographique de notre territoire. Justement, comment accompagnez-vous concrètement ces transitions ? La CEIDF est présente sur le financement, l’investissement en direct, l’analyse et l’optimisation financière, le conseil stratégique. Nous nous appuyons aussi sur des partenaires, quand il s’agit de besoins très spécifiques, pour anticiper les innovations sociales (lieux intergénérationnels, habitats inclusifs, etc.) dans le cadre de la transition démographique, par exemple, ou encore pour mettre en œuvre une stratégie environnementale et élaborer un plan de décarbonation sur le long terme. La transformation du territoire passera aussi par d’importants investissements que nous allons accompagner par du financement, mais également en investissant directement (sous forme d’apport en capital ou quasi-fonds propres, par exemple) dans des entreprises ou dans l’immobilier, via notre foncière Immobilière Thoynard. Nous avons prévu d’allouer 400 millions d’euros à ce type d’investissements dans les années à venir et allons, pour ce faire, renforcer nos équipes dédiées. Nous sommes convaincus que ces initiatives contribueront positivement à façonner un environnement économique résilient et innovant. Et sur la rénovation énergétique des copropriétés, comment agissez-vous ? Ce sujet est particulièrement sensible en Île-de-France, où 72 % des logements sont collectifs. Nous avons conçu une offre unique : Copro 100, un prêt collectif sans solidarité entre copropriétaires, couplé à un préfinancement des aides publiques. C’est un levier très concret pour rendre la transition énergétique accessible. Quels sont vos prochains axes de travail ? Les impacts du projet du Grand Paris Express sont considérables, aussi bien sur les plans social et économique qu’environnemental, et ce, dès cette année, marquée par les premières mises en service de nouvelles lignes de transport et d’infrastructures. Il va être l’occasion de redéfinir l’urbanisme et la qualité de vie en Île-de-France, contribuant à créer un modèle de ville plus inclusive, moderne, durable et résiliente. Nous disposons déjà de toute l’ingénierie financière pour contribuer à ces changements. Nos efforts porteront aussi sur le soutien des autres grandes priorités de l’Île-de-France, comme la culture, la santé, l’enseignement, le tourisme, le logement, grâce au développement de solutions financières innovantes.
- Savoyarde et profondément européenne
Savoyarde d’origine et Européenne de conviction, directrice adjointe Clients Territoires de GRDF Île-de-France, Florence Mourey conjugue influence, opérationnel et transition énergétique avec méthode, tact et passion pour la fabrique du collectif. Derrière son large sourire, une élégance tranquille, forgée entre les rives du lac du Bourget et les couloirs feutrés des institutions européennes. « Savoyarde et profondément européenne », précise-t-elle d’entrée, presque comme une devise. À 48 ans, la directrice adjointe de GRDF en Île-de-France est de celles qui savent écouter longtemps avant de convaincre. Fille de la montagne et du lac, elle grandit sur les pistes avant de bifurquer vers les sciences politiques, étudiées à Grenoble, Madrid puis Bruxelles. Elle y fait ses classes dans les affaires européennes, d’abord auprès de Michel Barnier, alors commissaire à la politique régionale, dans un cabinet de lobbying anglo-saxon ensuite. « La fabrique de la décision m’a toujours fascinée. C’est un jeu de go, chacun avance ses arguments et c’est à celui qui convainc le mieux. » À 27 ans, elle est propulsée responsable des affaires européennes du groupe Suez. « Un groupe de 80 milliards d’euros de chiffre d’affaires à l’époque. J’étais jeune, mais le poste m’a obligée à la rigueur, à la diplomatie et à anticiper. » Elle vit alors dans le Thalys entre Bruxelles et Paris, travaille sur l’environnement et l’énergie, suit les fusions, les évolutions : GDF Suez, Engie... Et devient une fidèle de l’univers gazier, alors qu’elle n’en venait pas. Florence Mourey n’aime pas les cases, pas plus que la routine professionnelle. En 2012, elle quitte Bruxelles et les sphères d’influence pour entrer dans l’opérationnel : secrétaire générale de Storengy, filiale d’Engie dédiée au stockage souterrain de gaz. Elle y découvre les métiers de l’ombre – logistique, achats, RH, audit – et se passionne pour la gestion de l’interne : « Je voulais que mon action ait une résonance plus immédiate. Mais à force de rester dans les murs, l’externe m’a manqué. » Une énergie calme, volontiers collective La suite est un poste de directrice des relations externes chez Engie, en charge de la fin des tarifs réglementés de vente de gaz. Elle y retrouve le contact avec l’administration, la politique énergétique, la complexité des systèmes – ce qu’elle affectionne. « Il faut une vision stratégique, de l’écoute et ne jamais oublier que, dans ce métier, tout se joue sur le long terme. La crédibilité, c’est ce qu’il y a de plus précieux », explique-t-elle. Depuis 2022, elle a posé ses valises à GRDF Île-de-France : 2 000 collaborateurs pour 2,4 millions de clients. « Notre mission, c’est l’acheminement du gaz. Mais notre enjeu, c’est sa transformation. Passer du gaz naturel au gaz vert à 100 %, c’est une révolution. » Une révolution qu’elle mène sur un territoire dense, stratégique, exigeant, avec les élus, les clients, la filière, les partenaires. Florence Mourey aime le Grand Paris, ses complexités, ses acteurs. Elle le dit sans détour : « Ce territoire est à la fois passionnant et ultra exigeant. Mais tous veulent décarboner. Tous veulent avancer. » Elle revendique par ailleurs une énergie calme, volontiers collective. « Ce que j’aime, c’est quand les idées rencontrent les gens et que les projets avancent. » À la recherche effrénée de la lumière, elle préfère tracer sa route au service d’un système énergétique plus sobre, plus fiable, plus partagé.
- Jonathan Sebbane, au cœur des coulisses urbaines
Directeur général de la société d’économie mixte Sogaris, pilier de la logistique urbaine du Grand Paris, Jonathan Sebbane voit dans cette dimension invisible de l’urbanisme un outil qui peut structurer la vie de ses concitoyens dans son ensemble. Des parents fonctionnaires. Ce sera une des très rares confidences sur sa vie privée arrachée à cet homme de 44 ans, une veille de pont de quatre jours en mai, où il nous reçoit juste une heure avant une dernière réunion, annoncée pour 18 heures. C’est pour signifier que, par tradition familiale, il a toujours eu l’envie de servir l’intérêt général. Mais pas seulement. Bon élève, il enchaîne Polytechnique, l’École des Ponts. D’emblée, il développe un intérêt pour l’urbanisme. Et plus encore pour ce qui ne se voit pas et qui lui semble pourtant si structurant, à l’image de la logistique. Parce que de la façon dont elle va être organisée découleront la taille et le type de commerces voisins, en somme, la vie quotidienne des Parisiens. Or, ce Parisien de naissance, un « enfant du nord-est », vit toujours dans la capitale et lui voue un fort attachement. Après un passage au ministère de l’Écologie pendant deux ans et demi, à l’issue de sa formation, il le lui témoignera rapidement au sein du Conseil régional. Durant cinq ans, au cours du dernier mandat du président socialiste Jean-Paul Huchon, Jonathan Sebbane sera successivement conseiller aux transports, puis directeur adjoint, enfin directeur de cabinet. « Je ne suis pas défaitiste, je crois beaucoup à la force de l’action politique, à ce qu’elle porte de volonté et de responsabilité », explique-t-il. En témoigne à ses yeux, durant ce dernier mandat de gauche, le premier accord autour du Grand Paris Express ou le pass unique. « Les transports ne sont plus seulement un sujet technique, ils sont devenus un objet politique », constate-t-il. La logistique : une réponse à des « besoins essentiels » Tout comme la logistique, qu’il sert depuis son arrivée à la tête de Sogaris, en 2015, dix ans déjà : « Je crois à la transformation des choses, au temps long. Je suis arrivé à un moment où les enjeux de développement durable montaient, où le e-commerce s’installait solidement dans les habitudes et où la logistique urbaine n’était encore qu’embryonnaire. » Autant de phénomènes qui lui font penser que la société d’économie mixte parisienne va prendre de l’ampleur. Ce qui occupe particulièrement le directeur général en ce moment ? La transformation des Amarres, anciens pavillons des Magasins généraux du port d’Austerlitz (Paris 13e). Sogaris a décroché leur requalification auprès d’une convention d’occupation temporaire et va transformer ce bâtiment historique en hôtel logistique pour, entre autres choses, y développer une activité de logistique fluviale, mais aussi pérenniser un lieu d’accueil pour l’association Aurore. Les travaux devraient s’achever en 2028. Du temps long, là encore. Mais la logistique urbaine décarbonée, multimodale, le vaut bien. Car Jonathan Sebbane en est convaincu : de petites unités plus proches des points de livraison et plus souples, servies par des véhicules moins polluants, voilà l’avenir !
- L’excellence au service du transport public
Directeur général adjoint de Keolis en charge de l’Île-de-France, Youenn Dupuis illustre à travers son parcours une certaine idée du service public. Depuis plus de 15 ans, dans la région, il contribue à l’évolution des mobilités et se prépare à opérer trois des quatre lignes du Grand Paris Express. Assez peu enclin à parler de lui, Youenn Dupuis préfère commenter son parcours et ses motivations professionnelles. Issu d’une famille bretonne d’enseignants, ce pur produit de la méritocratie républicaine a choisi les Mines à sa sortie de l’École polytechnique pour s’engager dans la sphère publique. Passé par l’Agence des participations de l’État et le cabinet de Jean-Louis Borloo, alors ministre du Développement durable, il suit les questions énergétiques et climatiques. Youenn Dupuis rejoint ensuite la RATP en 2011, où il est d’abord chargé du Grand Paris Express, avant de diriger la ligne 14. « À cette période, j’ai contribué à la conception de la gare de Saint-Denis Pleyel, aujourd’hui gérée par Keolis. Et sur la ligne 14, qui constitue une articulation majeure entre le Grand Paris Express et le reste du réseau lourd, j’ai mis en place l’intervalle des 85 secondes. » À présent directeur général adjoint de Keolis en charge de l’Île-de-France, c’est donc un peu comme s’il assurait lui-même la continuité du service. De plus, il se prépare à démarrer l’exploitation des lignes 16, 17 et 18 du Grand Paris Express, confiée par Île-de-France Mobilités à Keolis. Mobiliser les savoir-faire pour produire un service public de qualité tout en étant performant, c’est tout le sens de sa mission. « Quand on est dépositaire de l’argent des contribuables, on a le devoir d’en faire le meilleur usage, affirme-t-il. Il faut aussi avoir à l’esprit les contraintes financières qui pèsent sur les budgets des collectivités locales autorités organisatrices de mobilité. » Cette recherche de l’excellence lui a permis de contribuer à la transformation de Keolis dans la région capitale. « Nous sommes passés d’une fédération de PME opérant des réseaux de bus en grande couronne à un opérateur multimodal présent dans les 8 départements franciliens, en gagnant non seulement des contrats sur les lignes de bus, mais également sur les autres modes », explique-t-il. En 10 ans, Keolis a doublé de taille et vu sa part de marché sur les lignes de bus de grande couronne passer de 20 à près de 40 %, à l’issue du processus d’ouverture à la concurrence. « L’Île-de-France est un environnement de travail à la fois exigeant et motivant, compte tenu de la densité du territoire et de l’importance du système de transport. Il s’agit de mettre en service et d’opérer des nouvelles lignes, mais aussi un réseau existant qui a ses contraintes et limites issues de l’histoire. Et ici, plus qu’ailleurs, le transport public, ou plutôt son absence, peut devenir un facteur bloquant pour l’attractivité régionale », poursuit Youenn Dupuis. Produire le meilleur service, rechercher la qualité et l’efficience, ce n’est donc pas seulement une préoccupation d’ingénieur. C’est aussi et avant tout un enjeu pour la qualité de vie, pour le lien social et pour l’environnement.
- « Pierreval a décidé de placer les enjeux environnementaux au cœur de sa stratégie de développement »
« C’est un véritable projet d’entreprise. Nous avons réussi à embarquer tous nos métiers autour d’objectifs concrets et mesurables, qui se traduisent aujourd’hui dans chacun de nos projets. » Deuxième pilier : agir pour la biodiversité. Tous les projets font désormais l’objet d’un accompagnement par des écologues, du diagnostic initial jusqu’à la relecture des pièces marchés. Une charte biodiversité s’applique à 100 % des opérations. Chaque site est analysé pour sa connexion aux trames vertes et bleues locales, et l’objectif est assumé : recréer des écosystèmes vivants, même en ville. « Notre approche repose sur l’analyse fine des contextes locaux », explique Léa Glin, directrice Bas carbone et Biodiversité du groupe. « Nous veillons avec l’aide des écologues à intégrer la biodiversité dès les premières esquisses, pour que chaque opération puisse contribuer concrètement à la qualité écologique des territoires. » Projet de Rueil-Malmaison (92) – H.U.S.H Architectes. La Ville sur la ville : réhabilitation et reconversion d’une ancienne friche imperméabilisée de centre-ville. En chantier. Depuis plus de trente ans, Pierreval construit des logements sur l’ensemble du territoire. Mais face à l’urgence climatique et à la transformation des attentes des collectivités et des clients « futurs habitants », le groupe a engagé un virage stratégique profond. Un objectif clair : faire de la transition écologique non pas une option, mais un socle commun à toutes les opérations. Un virage fondamental, assumé, piloté par la direction générale et déployé avec méthode sur le terrain. Projet d’Argenteuil (95) – Architectes Singuliers. Un projet conçu autour d’une venelle paysagère. Une stratégie environnementale structurée, sur quatre axes concrets Chez Pierreval, la transition écologique ne se limite pas à quelques opérations vitrines. Elle repose sur une stratégie claire et ambitieuse, mise en œuvre sur l’ensemble du territoire. Premier pilier : construire bas carbone. Dès 2024, l’entreprise s’est engagée à construire 30 % de ses logements neufs au seuil 2028 de la RE2020, soit très bas carbone. En 2025, cet objectif a été porté à 45 %. En parallèle, les premiers chantiers visant le seuil 2031 sont déjà en cours, avec une ambition claire : garder une longueur d’avance pour mieux accompagner les territoires dans leurs exigences environnementales. Deuxième pilier : agir pour la biodiversité. Tous les projets sont accompagnés par des écologues, du diagnostic initial à la livraison, et intégrés dans une charte biodiversité obligatoire. Troisième pilier : intégrer l’économie circulaire. Pierreval expérimente et généralise l’utilisation de matériaux recyclés ou de réemploi, tout en optimisant le tri à la source sur ses chantiers. Résultat : le taux de valorisation des déchets est passé de 20 % à plus de 90 %. Au-delà de l’impact environnemental, c’est aussi une manière d’ancrer une culture de la sobriété dans la chaîne de valeur. Quatrième pilier : anticiper le confort d’été. Le réchauffement climatique impose de nouvelles solutions : ventilation naturelle, brasseurs d’air, occultations extérieures... Tous les nouveaux projets sont conçus pour rester agréables à vivre en 2050, autour d’espaces paysagers pensés comme de véritables îlots de fraîcheur. Des opérations pilotes comme laboratoire collectif En parallèle de ce cadre commun, Pierreval développe des opérations pilotes pour tester des solutions innovantes, en lien étroit avec les collectivités. Pour Thomas Roussel, directeur général, ces projets sont « des laboratoires à ciel ouvert », qui permettent à la fois de valider la pertinence de certains dispositifs, de mesurer le bénéfice pour les habitants, de faire monter les équipes en compétence et de renforcer les liens avec les partenaires locaux. Projet de Rueil-Malmaison (92) – H.U.S.H Architectes. La Ville sur la ville : réhabilitation et reconversion d’une ancienne friche imperméabilisée de centre-ville. En chantier. Et demain ? Fidèle à sa culture de terrain et à son esprit d’amélioration continue, Pierreval entend poursuivre sa transformation. Les opérations pilotes et les réponses à concours continueront de jouer un rôle central pour tester, apprendre, affiner les pratiques et nourrir l’ensemble de la production. L’objectif est clair : étendre les standards RE2028 et RE2031 à l’ensemble des projets, et aller encore plus loin sur deux fronts majeurs pour l’avenir des villes et de leurs habitants : le confort d’été, devenu incontournable, et l’économie circulaire, levier clé pour une construction plus sobre, plus durable et plus adaptée aux réalités de demain. Et en croissance Plus de 30 ans d’expérience dans tous les métiers de l’immobilier (Promotion – Foncière – Gestion). Un maillage territorial national pour être au cœur des territoires. Un actionnariat familial, indépendant et engagé. 116 millions d’euros de fonds propres. Plus de 2 000 logements livrés chaque année. Champions de la croissance – Palmarès Les Échos pour la 6e année consécutive, attestant d’une dynamique de croissance continue.
- « Faire du Grand Paris une vitrine mondiale du transport durable »
Directeur général adjoint de Keolis en charge de l’Île-de-France, Youenn Dupuis revient sur les succès récents du groupe dans la région capitale et sur sa stratégie pour accompagner la transformation des mobilités franciliennes. Quel bilan tirez-vous de l’année 2024 pour Keolis en Île-de-France ? Elle a été marquée par plusieurs succès structurants. Nous avons remporté l’exploitation de la ligne 18 du Grand Paris Express, qui s’ajoute aux lignes 16 et 17 déjà confiées à Keolis. Cela représente à terme 90 kilomètres de métro automatique. C’est une reconnaissance forte de notre expertise dans ce domaine, consolidée par notre expérience à Londres, Shanghai ou Doha. Autre étape clé : notre première victoire dans le cadre de l’ouverture à la concurrence des bus parisiens, avec l’attribution du réseau autour de Chelles, incluant des lignes jusqu’ici exploitées par la RATP. Enfin, nous sommes fiers d’avoir assuré le transport des athlètes pendant les Jeux olympiques et paralympiques, en mettant sur pied en un temps record un réseau provisoire équivalent à celui d’une grande métropole. C’était un véritable défi logistique, mobilisant plus de 1 000 conducteurs venus de toute la France et de Belgique. Qu’est-ce qui fait aujourd’hui la force de Keolis ? Trois piliers : une expertise technique reconnue, une forte culture de l’engagement et une écoute attentive des territoires. Nos 7 000 collaborateurs en Île-de-France sont répartis dans une trentaine de filiales au plus près des clients et des parties prenantes. Ce maillage local nous permet d’être réactifs et de proposer des solutions coconstruites, adaptées aux besoins spécifiques de chaque territoire. Comment travaillez-vous à l’amélioration du service pour les voyageurs ? La régularité est un axe prioritaire. Sur nos réseaux de grande couronne, elle s’est améliorée de 6 à 13 points depuis l’ouverture à la concurrence. Nous atteignons aujourd’hui 91 % de ponctualité, contre 85 % en moyenne en province. Mais il reste des progrès à faire, notamment sur l’information voyageurs. Nous privilégions une approche inclusive : le digital ne suffit pas. Une part importante des voyageurs reste éloignée du numérique. Nous maintenons donc une présence humaine, de la signalétique claire, des supports imprimés. Comment intégrez-vous les mutations sociétales et environnementales ? Nous observons de près l’évolution des comportements via notre observatoire Keoscopie, qui étudie les liens entre mobilité et enjeux sociétaux : numérique, santé mentale, vieillissement... Ces analyses nous aident à adapter nos services. Sur le plan environnemental, nous accompagnons Île-de-France Mobilités dans la transition énergétique : électrification des dépôts, généralisation du biogaz et conversion de toute notre flotte diesel aux biocarburants d’ici septembre 2025. Votre ambition pour Keolis dans le Grand Paris ? Contribuer à faire du Grand Paris une référence mondiale du transport durable, inclusif et résilient. Nous avons tous les atouts pour y parvenir.
- Hélène El Aïba, Bâtisseuse d’avenir
Co-directrice générale de l’immobilier résidentiel de Vinci Immobilier depuis 2023, après plusieurs années chez Bouygues Immobilier et Icade Promotion, Hélène El Aïba poursuit avec toujours autant de passion une carrière assise sur deux piliers, le management et la conduite d’opérations, perpétuellement en quête d’apprentissage et de transmission. Née près de Sochaux dans une famille aux solides valeurs de travail – une mère haut magistrat, un père polytechnicien travaillant chez PSA –, Hélène El Aïba n’a cessé de se tracer une trajectoire exigeante. Arrivée à l’âge de 6 ans à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), elle se dit « très Yvelinoise et Francilienne », tout en confiant avoir deux autres régions de cœur : les Pyrénées-Orientales et, depuis son mariage avec un Tunisien, la Tunisie où elle séjourne l’été. Son parcours d’excellence débute au lycée, se poursuit en prépa à Hoche à Versailles, puis à l’École des Ponts et Chaussées, qu’elle choisit autant pour son attrait pour la construction que pour sa passion de l’architecture. Si elle rêvait, un temps, de médecine, son environnement familial l’oriente vers l’ingénierie. Elle complète sa formation par un DEA de finance à Dauphine, anticipant une carrière ouverte, à la croisée de la technique et du stratégique. « Je ne me voyais pas trop aller sur des chantiers qui étaient quand même beaucoup moins ouverts aux femmes qu’aujourd’hui », admet-elle. « Aussi, j’ai préféré me diriger vers le contrôle de gestion et la finance. » Chez Bouygues Immobilier, où elle entre en 1988, elle gravit les échelons : directrice de diverses agences franciliennes, contrôleuse de gestion, directrice financière... Elle pilote des projets majeurs, tels que la construction de la Tour D2 à La Défense et la création d’une filiale de Bouygues au Maroc, et dirige ensuite des opérations de promotion immobilière, notamment après le rachat d’une filiale d’EDF (Valpar Immo). Puis, Hélène El Aïba prend un congé sabbatique de 18 mois pour accompagner son mari, travaillant dans l’industrie pétrolière, en mission au Yémen. « J’en ai gardé un excellent souvenir. Nos trois enfants aussi », raconte cette femme tenace et rigoureuse, découvrant au cours de cette aventure sa « capacité d’adaptation au risque et de résistance à la pression ». Elle y exerce même quelques missions professionnelles, se retrouvant seule femme au milieu de chefs de tribu yéménites. Chef d’orchestre À son retour, elle devient directrice régionale de Bouygues Immobilier Grande Couronne et Île-de-France Sud, puis après 9 ans chez Bouygues, elle rejoint Icade Promotion, où son dirigeant, Maurice Sissoko (actuel directeur de Citallios), lui confie la restructuration de la direction francilienne. Mettant à profit son style – proposer, convaincre, bâtir des fonctionnements efficaces –, elle y impulse une nouvelle organisation. À la faveur de ses réussites, elle est recrutée par Vinci Immobilier début 2023 pour prendre la direction de la région Île-de-France. Nommée en août 2023 co-directrice générale de l’immobilier résidentiel, elle dirige aujourd’hui quelque 250 collaborateurs répartis entre une équipe chargée du commercial et du marketing nationaux, et deux grandes directions régionales, l’Île-de-France et le Grand Ouest (Occitanie, Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire, Bretagne, Centre-Val de Loire), et participe au déploiement du nouveau plan stratégique, en pleine crise du secteur. Une fonction sur-mesure pour cette dirigeante qui aime conjuguer pilotage de haut niveau et maîtrise opérationnelle, du comité d’engagement au suivi des territoires. « Un promoteur est un chef d’orchestre », dit-elle. Hélène El Aïba défend une vision complète de la promotion immobilière, associant qualité architecturale, durabilité, sens du détail et écoute attentive des attentes des collectivités locales. Son sens du management est tout aussi affirmé : former, organiser, faire grandir les équipes, accompagner les transformations. Deux piliers qui guident son action. « Je me bonifie en vieillissant », sourit-elle, heureuse d’avoir pu prendre de nouvelles responsabilités après 50 ans, à mesure que les contraintes familiales s’allégeaient. Toujours aussi passionnée par son métier qui ne cesse de lui ouvrir de nouveaux horizons, à l’instar d’une opération aussi « originale qu’intéressante » à Toulouse, qui consiste à rénover un bâtiment en béton armé des années 1950 classé Monument historique. « Travailler du béton armé pour un ingénieur qui a fait du BTP, c’est passionnant. Parce qu’il y a une qualité de construction exceptionnelle et que le challenge est de savoir comment nous allons procéder », précise-t-elle. Convaincue que l’immobilier se réinvente en permanence, cette femme dynamique, curieuse, souvent en retard – « Je me laisse happer par le moment » –, aime les défis : bâtir du beau et du fonctionnel, accompagner la transition énergétique, intégrer les nouvelles technologies dont l’intelligence artificielle, comprendre les usages. Mais le principal challenge qu’elle doit relever aujourd’hui consiste à piloter, de manière collective et concertée, une entreprise comme Vinci Immobilier, en plein milieu d’une crise immobilière sans précédent qui requiert « de prendre des décisions qui ne sont pas toujours faciles ». Passionnée de décoration, collectionneuse de verre soufflé, amatrice de brocantes, elle investit son temps libre dans la rénovation d’une maison familiale dans le Sud, fidèle à sa sensibilité pour les ambiances et les matériaux. Un havre de paix pour se ressourcer.
- « Le notariat est une institution ancienne, mais tournée vers le XXIe siècle »
Pierre Tarrade, président de la Chambre des notaires de Paris, revient sur la rénovation de son siège historique, le rôle central des notaires dans les politiques du logement et les mutations en cours de la profession. Il évoque également les propositions portées par sa corporation pour relancer le marché immobilier et la transformation de l’organisation notariale en Île-de-France. Votre siège a fait l’objet d’une rénovation d’envergure. Pour quelles raisons ? C’était une nécessité. Ce bâtiment de 1855-1856, situé sur la place du Châtelet (12, avenue Victoria), avait conservé son cachet, mais ses infrastructures n’étaient plus adaptées aux exigences actuelles. Le chantier a été lancé il y a plusieurs années, porté par mes prédécesseurs, et il a concerné l’ensemble du site, du sous-sol à la toiture. L’enjeu était double : améliorer les conditions de travail de nos collaborateurs et des nombreux notaires qui participent à des commissions ou groupes de travail, dans des espaces fonctionnels et confortables, et rendre les lieux accessibles à un plus large public. Cette ouverture au public est un changement important... Oui. Nous avons désormais des salons rénovés, aux normes ERP, pour accueillir des conférences, colloques ou expositions. C’est un outil au service de notre mission d’accès au droit, mais aussi de rayonnement de la profession. Nous avons même prévu, dans une seconde phase, la création d’un studio d’enregistrement en sous-sol, pour accompagner la diffusion numérique de nos contenus de formation et d’information. Qui a conduit cette transformation architecturale ? C’est l’Atelier Senzu, une jeune agence prometteuse, qui travaille notamment sur le chantier de rénovation du Grand Palais. Nous leur avons confié la tâche de dialoguer avec l’architecture napoléonienne, tout en affirmant une expression contemporaine. C’est visible dans la salle des adjudications, où le XIXe siècle rencontre le XXIe siècle.À l’arrière, un « mur-rideau » en verre symbolise la transparence que nous revendiquons. Et sur la façade historique, des allèges murées depuis cinquante ans ont été rouvertes. La Chambre, autrefois invisible depuis la place du Châtelet, s’offre désormais au regard des Parisiens. Avez-vous engagé une réflexion sur l’intelligence artificielle ? Oui, dès avril 2024, nous avons organisé un grand événement sur ce thème, au moment même où la commission interministérielle remettait ses conclusions au président de la République. Nous avons voulu aller au-delà des fantasmes : l’IA ne va pas nous remplacer, mais elle va transformer nos pratiques.Les 2 000 notaires ont eu accès à une formation, financée parla Chambre. Nous la déployons désormais à destination de leurs collaborateurs des offices et de la Chambre. En parallèle, un groupe de travail identifie les cas d’usage pertinents pour notre profession. Comment le marché immobilier se porte-t-il ? Nous semblons sortir d’une crise très profonde. Tous les segments ont été touchés : l’ancien, la promotion et le tertiaire. Dans un contexte d’inflation, de hausse des taux, de raréfaction du foncier et d’attentisme politique, les volumes de transaction ont chuté de 35 % à Paris en quelques années. Cela a fragilisé certaines études notariales : quelques-unes ont dû fermer, un phénomène inédit. Mais, aujourd’hui, la baisse est enrayée. Les volumes remontent, les promesses affluent. Le marché semble vouloir redémarrer. La profession a formulé des propositions pour relancer le logement. Quelles sont les principales ? Nous soutenons activement la création d’un statut fiscal cohérent pour le bailleur privé. Aujourd’hui, c’est un maquis incompréhensible, dissuasif pour les particuliers. Il faut unifier les régimes et permettre des dispositifs d’amor- tissement plus lisibles. Par ailleurs, nous proposons deux mesures concrètes : autoriser la transmission à moindre coût d’un logement vacant, à condition que les travaux soient réalisés et que le bien soit remis en location, et permettre de louer temporairement un logement énergétiquement non conforme, à condition de s’engager à sa rénovation sous délai. Êtes-vous aussi favorable à la transformation des bureaux en logements ? C’est une évidence. Il y a trop de bureaux vacants, notamment en Île-de-France, et un besoin criant de logements. La reconversion est complexe – les normes sont différentes –, mais à moyen terme, ce mouvement est inéluctable.Il faudra parfois démolir pour reconstruire. C’est un levier indispensable pour la reconstruction de la ville sur la ville. Quel rôle les notaires jouent-ils dans les politiques publiques du logement ? Nous sommes des relais opérationnels de terrain. Nous contrôlons l’effectivité des décisions prises par les pouvoirs publics : performance énergétique, diagnostics, titres de propriété... Sans nous, rien ne se concrétise. Et nous faisons aussi remonter des informations précieuses : ce qui fonctionne, ce qui coince, ce qui dissuade les particuliers.Nous sommes des médiateurs et des forces de proposition. Un mot pour conclure sur l’avenir de la profession ? Nous sommes les héritiers d’une longue tradition, mais nous devons rester en phase avec notre époque, comme nous avons toujours su le faire au cours du temps. La Chambre des notaires de Paris porte une vision de modernité, d’anticipation, de service au public. Et nous avons la conviction que, dans un monde complexe, notre rôle de conseil, d’intermédiaire de confiance et de témoin juridique est plus essentiel que jamais.
- Fluide et déliée
À 34 ans, Christelle Tang incarne une trajectoire peu commune : fille de commerçants chinois de Belleville devenue directrice chez Binance France, elle est aussi vice-présidente des Acteurs du Grand Paris. Elle symbolise une certaine fluidité des cultures, qui revendique la force de l’ancrage communautaire et la puissance des liens noués dans le Grand Paris. Les yeux rieurs, le débit rapide, enjoué, généreux, Christelle Tang se raconte sans fard, attablée dans un café des Grands Boulevards. Elle grandit à Belleville entre trois générations dans un même appartement : les grands-parents, les parents et elle, l’aînée, appelée à tout tenir. D’un monde communautaire wenzhou, structuré par la débrouille, le commerce, la langue du clan, elle passera, via le choc de Stanislas, aux bancs de l’EM Lyon, puis à la tour de contrôle de Binance France. Et, en chemin, elle s’est attachée au Grand Paris comme on s’attache à une promesse. C’est dans les écoles privées, où sa mère l’inscrit « par contact », qu’un monde s’ouvre. « J’ai compris très vite le fossé de capital culturel. Chez nous, pas de livres. Pas de théâtre. Pas de musée. Alors j’ai bossé. » Stanislas, Grandchamp à Versailles, EM Lyon... jusqu’à cette autre claque : celle du retour au bercail. À 23 ans, elle rejoint sa mère dans l’aventure de Paris Asia, le grand centre commercial sino-français de la ZAC Aérolians à Tremblay. Elle en devient le trait d’union avec les promoteurs. « Mais vivre, travailler et cohabiter avec sa famille, c’est beaucoup. À 30 ans, j’ai tout quitté : maison, taf, obligations. Une crise totale.» C’est là qu’elle rejoint Binance à ses débuts en France, d’abord discrètement, puis en montant en puissance. Aujourd’hui, elle est directrice générale chez Binance France. « Je suis au cœur des sujets liés à la régulation. Lutte contre le blanchiment, conformité européenne, régulation locale... », raconte-t-elle. Le récit est fluide, mais jamais linéaire. Christelle Tang est passée par des chemins qui bifurquent. Elle décrit la start-up qu’elle a portée un temps dans le secteur des mobilités douces, ses expérimentations avec la RATP... Elle avance vite, se raconte sans filtre et lit abondamment. Elle cite notamment Balzac, Pennac, les gastronomies chinoise et française. Et, en filigrane, ce fil tendu entre deux mondes : « Je suis extravertie dans le public, très calme dans le privé », ajoute-t-elle. Vice-présidente des Acteurs du Grand Paris, elle revendique avec force ce lien particulier. « J’ai grandi avec ce club. À 23 ans, je découvre le Mipim, Thomas m’y prend sous son aile. J’aurais pu y ressentir du jeunisme, du sexisme, du racisme... Rien de tout ça. On m’a accueillie pour ce que je pouvais apporter. C’est rare et précieux. » Le Grand Paris, elle y croit. Malgré les freins, les retards, les découragements. « C’est fou que ça se fasse. Ce pays mature, avec ses lourdeurs, avance quand même sur un projet aussi structurant. C’est impressionnant. Et ça nous pousse à rester dans la compétition mondiale. » Elle observe la ville en mutation, à la fois en actrice et en héritière de ceux qui, hier, fuyaient et bâtissaient. Comme ses parents, comme elle, entre Belleville et Binance, entre Paris Asia et Paris tout court.