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« Le notariat est une institution ancienne, mais tournée vers le XXIe siècle »

  • timotheedulud
  • 14 sept.
  • 4 min de lecture

Pierre Tarrade, président de la Chambre des notaires de Paris, revient sur la rénovation de son siège historique, le rôle central des notaires dans les politiques du logement et les mutations en cours de la profession. Il évoque également les propositions portées par sa corporation pour relancer le marché immobilier et la transformation de l’organisation notariale en Île-de-France.


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Votre siège a fait l’objet d’une rénovation d’envergure. Pour quelles raisons ?


C’était une nécessité. Ce bâtiment de 1855-1856, situé sur la place du Châtelet (12, avenue Victoria), avait conservé son cachet, mais ses infrastructures n’étaient plus adaptées aux exigences actuelles. Le chantier a été lancé il y a plusieurs années, porté par mes

prédécesseurs, et il a concerné l’ensemble du site, du sous-sol à la toiture. L’enjeu était double : améliorer les conditions de travail de nos collaborateurs et des nombreux notaires qui participent à des commissions ou groupes de travail, dans des espaces fonctionnels et confortables, et rendre les lieux accessibles à un plus large public.


Cette ouverture au public est un changement important...


Oui. Nous avons désormais des salons rénovés, aux normes ERP, pour accueillir des conférences, colloques ou expositions. C’est un outil au service de notre mission d’accès au droit, mais aussi de rayonnement de la profession. Nous avons même prévu, dans une seconde phase, la création d’un studio d’enregistrement en sous-sol, pour accompagner la diffusion numérique de nos contenus de formation et d’information.


Qui a conduit cette transformation architecturale ?


C’est l’Atelier Senzu, une jeune agence prometteuse, qui travaille notamment sur le chantier de rénovation du Grand Palais. Nous leur avons confié la tâche de dialoguer avec l’architecture napoléonienne, tout en affirmant une expression contemporaine. C’est visible dans la salle des adjudications, où le XIXe siècle rencontre le XXIe siècle.À l’arrière, un « mur-rideau » en verre symbolise la transparence que nous revendiquons. Et sur la façade historique, des allèges murées depuis cinquante ans ont été rouvertes. La Chambre, autrefois invisible depuis la place du Châtelet, s’offre désormais au regard des Parisiens.


Avez-vous engagé une réflexion sur l’intelligence artificielle ?


Oui, dès avril 2024, nous avons organisé un grand événement sur ce thème, au moment même où la commission interministérielle remettait ses conclusions au président de la République. Nous avons voulu aller au-delà des fantasmes : l’IA ne va pas nous remplacer, mais elle va transformer nos pratiques.Les 2 000 notaires ont eu accès à une formation, financée parla Chambre. Nous la déployons désormais à destination de leurs collaborateurs des offices et de la Chambre. En parallèle, un groupe de travail identifie les cas d’usage pertinents pour notre profession.


Comment le marché immobilier se porte-t-il ?


Nous semblons sortir d’une crise très profonde. Tous les segments ont été touchés : l’ancien, la promotion et le tertiaire. Dans un contexte d’inflation, de hausse des taux, de raréfaction du foncier et d’attentisme politique, les volumes de transaction ont chuté de 35 % à Paris en quelques années. Cela a fragilisé certaines études notariales : quelques-unes ont dû fermer, un phénomène inédit. Mais, aujourd’hui, la baisse est enrayée. Les volumes remontent, les promesses affluent. Le marché semble vouloir redémarrer.


La profession a formulé des propositions pour relancer le logement. Quelles sont les principales ?


Nous soutenons activement la création d’un statut fiscal cohérent pour le bailleur privé. Aujourd’hui, c’est un maquis incompréhensible, dissuasif pour les particuliers. Il faut unifier les régimes et permettre des dispositifs d’amor- tissement plus lisibles. Par ailleurs, nous proposons deux mesures concrètes : autoriser la transmission à moindre coût d’un logement vacant, à condition que les travaux soient réalisés et que le bien soit remis en location, et permettre de louer temporairement un logement énergétiquement non conforme, à condition de s’engager à sa rénovation sous délai.


Êtes-vous aussi favorable à la transformation des bureaux en logements ?


C’est une évidence. Il y a trop de bureaux vacants, notamment en Île-de-France, et un besoin criant de logements. La reconversion est complexe – les normes sont différentes –, mais à moyen terme, ce mouvement est inéluctable.Il faudra parfois démolir pour reconstruire. C’est un levier indispensable pour la reconstruction de la ville sur la ville.


Quel rôle les notaires jouent-ils dans les politiques publiques du logement ?


Nous sommes des relais opérationnels de terrain. Nous contrôlons l’effectivité des décisions prises par les pouvoirs publics : performance énergétique, diagnostics, titres de propriété... Sans nous, rien ne se concrétise. Et nous faisons aussi remonter des informations précieuses : ce qui fonctionne, ce qui coince, ce qui dissuade les particuliers.Nous sommes des médiateurs et des forces de proposition.


Un mot pour conclure sur l’avenir de la profession ?


Nous sommes les héritiers d’une longue tradition, mais nous devons rester en phase avec notre époque, comme nous avons toujours su le faire au cours du temps. La Chambre des notaires de Paris porte une vision de modernité, d’anticipation, de service au public. Et nous avons la conviction que, dans un monde complexe, notre rôle de conseil, d’intermédiaire de confiance et de témoin juridique est plus essentiel que jamais.


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