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Fluide et déliée

  • timotheedulud
  • 15 sept.
  • 2 min de lecture

À 34 ans, Christelle Tang incarne une trajectoire peu commune : fille de commerçants chinois de Belleville devenue directrice chez Binance France, elle est aussi vice-présidente des Acteurs du Grand Paris. Elle symbolise une certaine fluidité des cultures, qui revendique la force de l’ancrage communautaire et la puissance des liens noués dans le Grand Paris.


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Les yeux rieurs, le débit rapide, enjoué, généreux, Christelle Tang se raconte sans fard, attablée dans un café des Grands Boulevards. Elle grandit à Belleville entre trois générations dans un même appartement : les grands-parents, les parents et elle, l’aînée, appelée à tout tenir. D’un monde communautaire wenzhou, structuré par la débrouille, le commerce, la langue du clan, elle passera, via le choc de Stanislas, aux bancs de l’EM Lyon, puis à la tour de contrôle de Binance France. Et, en chemin, elle s’est attachée au Grand Paris comme on s’attache à une promesse.


C’est dans les écoles privées, où sa mère l’inscrit « par contact », qu’un monde s’ouvre. « J’ai compris très vite le fossé de capital culturel. Chez nous, pas de livres. Pas de théâtre. Pas de musée. Alors j’ai bossé. » Stanislas, Grandchamp à Versailles, EM Lyon... jusqu’à cette autre claque : celle du retour au bercail. À 23 ans, elle rejoint sa mère dans l’aventure de Paris Asia, le grand centre commercial sino-français de la ZAC Aérolians à Tremblay. Elle en devient le trait d’union avec les promoteurs. « Mais vivre, travailler et cohabiter avec sa famille, c’est beaucoup. À 30 ans, j’ai tout quitté : maison, taf, obligations. Une crise totale.»


C’est là qu’elle rejoint Binance à ses débuts en France, d’abord discrètement, puis en montant en puissance. Aujourd’hui, elle est directrice générale chez Binance France. « Je suis au cœur des sujets liés à la régulation. Lutte contre le blanchiment, conformité européenne, régulation locale... », raconte-t-elle.


Le récit est fluide, mais jamais linéaire. Christelle Tang est passée par des chemins qui bifurquent. Elle décrit la start-up qu’elle a portée un temps dans le secteur des mobilités douces, ses expérimentations avec la RATP... Elle avance vite, se raconte sans filtre et lit abondamment. Elle cite notamment Balzac, Pennac, les gastronomies chinoise et française. Et, en filigrane, ce fil tendu entre deux mondes : « Je suis extravertie dans le public, très calme dans le privé », ajoute-t-elle.


Vice-présidente des Acteurs du Grand Paris, elle revendique avec force ce lien particulier. « J’ai grandi avec ce club. À 23 ans, je découvre le Mipim, Thomas m’y prend sous son aile. J’aurais pu y ressentir du jeunisme, du sexisme, du racisme... Rien de tout ça. On m’a accueillie pour ce que je pouvais apporter. C’est rare et précieux. »

Le Grand Paris, elle y croit. Malgré les freins, les retards, les découragements. « C’est fou que ça se fasse. Ce pays mature, avec ses lourdeurs, avance quand même sur un projet aussi structurant. C’est impressionnant. Et ça nous pousse à rester dans la compétition mondiale. »


Elle observe la ville en mutation, à la fois en actrice et en héritière de ceux qui, hier, fuyaient et bâtissaient. Comme ses parents, comme elle, entre Belleville et Binance, entre Paris Asia et Paris tout court.

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