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  • L’HABITAT SOCIAL, LA QUETE DU BONHEUR

    La région parisienne a servi de laboratoire à l’élaboration d’un habitat social de qualité. Un bonheur préfabriqué, hygiéniste et paternaliste. Par Philippe-Enrico Attal On l’a un peu oublié, mais le Grand Paris, plus qu’un nouveau métro, devait à l’origine se constituer autour d’un vaste projet d’aménagement urbain, où les architectes étaient invités (une fois encore) à réinventer la ville. Ces quartiers repensés, articulés autour de la cité historique, auraient permis d’étendre les contours de la Capitale jusqu’aux limites régionales. Il ne reste plus grand-chose à présent de cette ambition première, si ce n’est quelques aménagements prévus autour des 68 nou­velles gares. Pourtant, l’habitat reste bien l’une des préoccupations majeures des Franciliens. Aujourd’hui surtout, le « home sweet home », ce si doux foyer, reste intimement lié à la qualité de vie et au bonheur personnel. Malheureusement, de très nombreux habitants ne peuvent toujours pas se loger correctement et doivent s’en remettre aux pouvoirs publics. Plus que jamais, le logement est une des préoccupations premières des municipalités. Et ce n’est pas nouveau, loin s’en faut. Au début du XXe siècle, déjà, la « zone non aedificandi » non édifiable a pris place au-delà des murs des fortifications de Paris. Une mesure imposée par l’autorité militaire, pour éviter que des constructions ne gênent les tirs des canons censés protéger la ville. Cette bande de terrain, sur laquelle sera établi plus tard le boulevard périphérique, est devenue avec le temps la « zone » pour ne pas dire la jungle, constituée de baraques de planches et de roulottes, où la misère rivalise avec le sordide. S’y installent tous les reclus du Paris haussmannien, ceux qui, chassés des quartiers reconstruits avec de beaux immeubles en pierre de taille, n’ont plus les moyens d’habiter au cœur de la Capitale. C’est là qu’un certain Django Reinhardt s’initie à la guitare dans sa roulotte. Passée la Première Guerre mondiale, on décide de raser les fortifications rendues inutiles par l’aviation. Les travaux de démolition commencent dès 1919 à la porte de Clignancourt, mais on ne sait pas vraiment comment utiliser ces terrains de plusieurs milliers d’hectares. On parle beaucoup d’une ceinture verte constituée de parcs et jardins qui viendrait compenser le manque d’espaces verts. Mais, bientôt, la réalité de la situation sociale reprend le dessus. Les conditions déplorables du logement parisien vont conduire à utiliser l’emprise pour construire ces immeubles aux règles sanitaires qui font si cruellement défaut dans les classes populaires. Divers programmes d’habitations à bon marché, les HBM, sont lancés à mesure que les démolitions avan­cent. On édifie donc de beaux immeubles en brique rouge que les Parisiens boudent étonnamment. Il faut dire qu’ils sont construits à la limite de la zone et qu’au pied des nouveaux logements, il y a les bidonvilles et leur faune peu recommandable. Pourtant, ces habitations sont bien destinées à faire le bonheur de leurs habitants, coûte que coûte. Le discours paternaliste de l’époque entend éloigner l’ouvrier du bistro pour le ramener dans son « doux foyer » aux côtés de sa femme et de ses (trop nombreux) enfants. Le propos hygiéniste n’est jamais très loin de l’eugénisme, incitant ces familles nombreuses à faire un peu moins d’enfants (sous-entendu plus ou moins dégénérés) qui iront gonfler les rangs des contestataires. Phalanstères et Ville radieuse « L’hygiène sociale est une science économique, ayant pour objet le capital ou matériel humain, sa production ou reproduction (eugénique et puériculture), sa conservation (hygiène, médecine et assistance pré­­ven­­tive), son utilisation (éducation physique et pro­fes­sionnelle) et son rendement (organisation scien­­­ti­fique du travail) », écrit en 1920 Justin Sicard de Plauzoles, docteur, professeur au Collège libre des sciences sociales, figure du mouvement hygiéniste en France au début du XXe siècle. Bien sûr, il ne faut pas généraliser, mais la préoccupation du bien-être commun par la puissance publique n’est pas toujours totalement désintéressée. La tentation est grande de dicter aux classes populaires le bon comportement pour être heureux. Et quand médecins, architectes et philosophes se retrouvent, le pire est à craindre. Rappelons-nous Charles Fourier et ses phalanstères, une organisation sociale nouvelle où chacun pourra trouver sa juste place. Le philosophe imagine une communauté réunie sous un même toit, où le profit et le mensonge ne seront plus érigés en dogmes, et où la mise en commun des ressources et des capacités fera le bonheur de tous. Sans aller aussi loin, on commence dans les années 20 à édifier quelques-unes de ces « cités merveilleuses » destinées à loger les plus pauvres. L’idée est toujours de donner accès, en plus du logement, à des équipements hors de portée de bon nombre d’ouvriers : écoles, terrains de sport, jardins,... qui rendront la vie plus belle. Mais la cité idéale des architectes répond à des critères qu’ils ont eux-mêmes fixés. Pas d’enquête d’opinion, ni de satisfaction, ce n’est pas encore la mode. Et si le meilleur reste possible, le pire n’est pas à écarter. En 1922, le jeune Le Corbusier propose de nettoyer Paris de ses quartiers insalubres en les remplaçant par des tours standardisées. Son projet donnera naissance au plan Voisin de 1925, où la ville nouvelle sépare les habitations des flux de circulation. Le principe sera plus tard appliqué en banlieue par quelques-uns de ses disciples, avec la construction de dalles déshumanisées surplombant la circulation routière. Sans aller jusqu’à raser l’ancien, il y a moyen de concevoir une ville nouvelle où l’harmonie entre la construction et la campagne sera parfaite. C’est la conception d’Henri Sellier, maire de Suresnes et proche de Sicard de Plauzoles, considéré comme l’un des pères de la cité-jardin. La Butte Rouge, une cité-jardin modèle Dans sa ville de Suresnes, c’est tout un quartier qui voit le jour, dessiné avec soin et accompagné des équipements collectifs destinés au bien-être de ses habitants. L’ensemble d’habitations comporte ainsi de quoi s’adonner à l’éducation et aux saines joies du sport dans le gymnase et la piscine. Les espaces verts garantissent un air pur loin des pollutions de la Capitale. L’éloignement est sans doute le point le plus délicat de ces cités merveilleuses. Où trouver du terrain à bâtir à moindre coût si ce n’est en marge de la ville ? À Châtenay-Malabry, la Butte Rouge est sans doute la plus ambitieuse de la quinzaine de cités-jardins édifiées dans la banlieue. Mais si l’ensemble est plutôt réussi, il est très éloigné des axes de transport public. Le tramway ne passe à proximité que depuis... juin 2023. C’est dans l’entre-deux-guerres que la lutte contre l’habitat insalubre prend un nouvel essor. Il faut construire, neuf, beau et toujours pour le bonheur des habitants. Pour les urbanistes et les architectes, c’est enfin le grand soir. Le modèle de la cité-jardin cède le pas à la construction de masse. L’Office des HBM de la Seine commence à édifier un vaste ensemble d’un nouveau genre à Drancy. Le quartier de La Muette doit concentrer ce qui se fait de mieux en termes d’habitat social. Sur onze hectares, l’ensemble d’habitations doit comporter cinq tours de quinze étages regroupant 1 250 logements. C’est là qu’on « invente » les grands ensembles avec des méthodes de construction nouvelles qui délaissent la brique pour le béton. On réduit les coûts et on optimise au maximum les moyens, en recourant au préfabriqué. Commencée en 1932, la cité de La Muette, qui se veut le meilleur de l’habitat social, en sera malheureusement le pire. Toujours loin des transports en commun... Pourtant, dès leur édification, ses « gratte-ciel » font la fierté de l’Office d’HBM. Les logements disposent de tout le confort moderne avec l’eau courante, l’électricité, le chauffage central, un chauffe-eau et un vide-ordures pneumatique. Doivent s’y ajouter les équipements indispensables au bonheur collectif :un groupe scolaire, une école maternelle, une pouponnière, un cinéma, des salles de réunion, un gymnase, une bibliothèque, un dispensaire, sans oublier une église souhaitée par l’évêque. Seul défaut peut-être, l’éloignement, encore une fois, des moyens de transport. Si une gare dédiée est prévue, elle ne verra jamais le jour, et celle en service vers Paris Nord est trop éloignée. On imagine également une « autostrade », mais là encore, elle ne sera jamais construite. En 1935, la crise économique entraîne l’arrêt des travaux. Trois ans plus tard, la cité, inachevée, attend toujours ses locataires. Personne ou presque ne veut habiter dans les logements terminés. Le groupement en U aux appartements sans cloisons est ouvert à tous les vents. En 1938, 600 gardes républicains sont affectés à La Muette sur décision ministérielle. À la suite d’un important dégât du système de chauffage central, la cité est évacuée début 1939. À la décla­ration de guerre, on transforme le site en camp de prisonniers allemands. On peut dire, sans ironie, qu’ils ne devaient pas être très nombreux. Finalement, la cité trouvera malheureusement de tristes locataires quand les immeubles seront reconvertis en camp de transit durant l’Occupation. Il suffisait de « refermer le U » des bâtiments pour constituer un sordide camp de concentration sous la surveillance de notre police. Triste bilan pour ce « paradis sur terre » des miséreux. Philippe Enrico-Attal est journaliste pour les publications de La Vie du Rail et l’éditeur d’Histoire Soteca. Il a publié La Construction du métro de Paris (1850-1940) en 2017, Les Transports en commun à Paris en 2019. Son dernier ouvrage en 2022, Paris Inédit, une capitale déserte, est édité chez Soteca.

  • Le Grand Paris, une priorité pour Schneider Electric

    De par sa dimension, le projet du Grand Paris Express a un effet d’entraînement sur tout le tissu économique national. Il crée de l’activité et oriente l’investissement vers des innovations qui dessinent le monde de demain. Aymeric Renaud, vice-président de l’activité Industrial Automation & End Users chez Schneider Electric France, fait le point sur l’engagement de la multinationale face aux enjeux du Grand Paris. Un industriel au cœur de l’écosystème Grand Paris Schneider Electric est présent dans cet écosystème à travers ses offres pour la distribution électrique dans les tunnels, l’alimentation de la traction et la sécurité incendie. Le Groupe apporte des produits innovants, tels que les postes moyenne tension sans gaz à effet de serre, et ses compétences pour le pilotage de l’énergie, sa sécurisation et la cybersécurité. Et pour les gares –comme pour les infrastructures à venir autour –, il est porteur de solutions à la croisée de l’énergie et du numérique qui relèvent le défi du bâtiment intelligent, synonyme de sobriété énergétique et de qualité de vie pour ses occupants. Une organisation dédiée pour une exécution sans faille La réussite du Grand Paris appelle une réalisation exemplaire, alliant qualité et respect des délais. C’est pourquoi une organisation particulière a été mise en place, avec un chef de projet spécifique et des équipes dédiées par domaines de compétences. Le comité de direction suit les contrats de très près, témoignant ainsi de la priorisation dont le Grand Paris fait l’objet dans l’entreprise. Une entreprise crédible sur les plans social et environnemental Signataire de la charte Global Compact des Nations Unies, la Société du Grand Paris est exigeante en matière de responsabilités sociale et environnemen­tale. Avec Schneider Electric, elle trouve un partenaire qui a les mêmes objectifs qu’elle et le prouve à travers sa stratégie de développement durable qui porte autant sur ses produits que sur les chantiers menés en interne et pour ses clients. Aymeric Renaud a rejoint Schneider Electric en 2012, après 8 années dans le conseil en stratégie. Il est vice-président de l’activité Industrial Automation et Clients Utilisateurs de Schneider Electric France. Il assume successivement des responsabilités commerciales des branches Services à la Gestion de l’Énergie et du Conseil en Développement Durable, puis la Direction de l’activité Services France. Aymeric Renaud est diplômé d’un master d’ingénieur du numérique (ISEP).

  • COMMENT L’ART CONTEMPORAIN FAIT RAYONNER LE GRAND PARIS

    Si Paris a la réputation d’être une ville musée, le Grand Paris a déjà commencé à y remédier depuis bien longtemps. C’est tout un réseau d’institutions qui s’organise pour exposer l’art contemporain autrement, participant à sa décentralisation pour une meilleure diffusion. Par Anthony Vincent Dès 1981, Thierry Sigg (du centre d’art d’Ivry-sur-Seine), Jacques Guillot (du centre culturel Jacques Prévert de Villeparisis) et 6 responsables d’autres établissements de la périphérie parisienne ont fondé l’association Informations Arts Plastiques Île-de-France (IAPIF) pour mettre en réseau et en exposition la jeune création francilienne. Rebaptisée TRAM (Transmission Région Art Médiation), l’association compte désormais 35 centres d’art en Île-de-France, dont 11 lieux parisiens, puis­qu’elle s’y est ouverte à partir des années 2000, signe qu’elle a su devenir attractive depuis la périphérie. Le réseau TRAM relie les lieux de l’art contemporain du Grand Paris « L’une de nos missions depuis plus de 40 ans est de gommer les frontières géographiques ou symboliques au sein de cette région francilienne », affirment ses porte-paroles, Amélie Verley, Sophie Rattier et Mathilde Fraleu. « L’égalité de parole entre tous ses membres adhérents, la très forte volonté de ne pas faire de distinction sur les frontières entre les territoires représentés et ce qui en découle en matière de communication (traitement identique des informations sur les programmations des lieux et leur diffusion) : tout cela participe à une découverte et/ou à une meilleure reconnaissance par le public de l’ensemble des lieux et au final, espérons-le, efface les frontières mentales entre Paris et les communes des 8 départements de la région francilienne. Les TaxiTram (visite guidée en autocar de deux ou trois lieux membres et structures amies du réseau) et RandoTram (semblable, mais à pied, ce qui permet lors de ces balades d’une dizaine de kilomètres de valoriser le patrimoine architectural et paysager de la région), qui emmènent les publics à la découverte des expositions dans les lieux d’art du réseau aux quatre coins de l’Île-de-France, y participent aussi grandement depuis plus de 20 ans. » Même après 40 ans existence, TRAM continue d’atti­rer de nouveaux adhérents, ce qui est indicateur du dynamisme de l’art contemporain dans la région : le Centre Wallonie-Bruxelles de Paris, Le Houloc à Aubervilliers (93) et l’Institut des Cultures d’Islam à Paris en 2021 ; La Crypte d’Orsay (91) et W à Pantin (93) en 2022. Et pour contribuer à financer tout cela, TRAM bénéficie, pour l’ensemble de ses actions et pour son fonctionnement, du soutien de la Région Île-de-France et du ministère de la Culture/DRAC Île-de-France. La Métropole du Grand Paris accompa­gne aussi le réseau depuis quatre ans pour des actions ciblées sur la Nuit Blanche. Cependant, TRAM constate un désengagement de certains départements vis-à-vis de l’association et de certaines villes à l’égard des lieux d’art : « Nous connaissons les difficultés, liées à la crise actuelle, que peuvent rencontrer certaines collectivités territoriales mais nous pensons que le soutien à l’art contemporain est néanmoins un choix politique fort, choix porté malgré tout sur le long terme par certaines d’entre elles. Le travail du réseau consiste, entre autres, à continuer d’expliquer la réalité de notre secteur des arts plastiques et sa nécessité pour leurs administrés comme pour le public local – public avec lequel les lieux membres mènent un travail de fond depuis plusieurs décennies – mais aussi l’intérêt d’un rayonnement des structures implantées dans leurs communes ou départements à l’échelle régionale, nationale et internationale. » Le CRÉDAC, pionnier de l’art contemporain francilien, bien avant Paris Parmi les lieux membres du TRAM, figure notamment le Centre d’art contemporain d’Ivry-sur-Seine ou CRÉDAC pour les intimes. « C’est le premier centre d’art à naître en périphérie de Paris, ce qui en fait un précurseur », souligne son actuelle directrice, Claire Le Restif. « Il est né en 1987 de la volonté d’artistes locaux, qui avaient une forte ambition de production et de diffusion de l’art contemporain, selon des racines politiques ancrées à gauche. Cela s’inscrit dans la mouvance de la décentralisation : dès 1982, Jack Lang, alors ministre de la Culture, incite à créer des Fonds régionaux d’art contemporain (FRAC), qui sont des collections publiques de l’État, avec les nouveaux conseils régionaux. À l’époque, il n’y avait aucun centre d’art à Paris intra-muros, ni Palais de Tokyo, ni Jeu de Paume. » Cultivant depuis ses débuts la production d’œuvres spécifiques, l’invitation d’artistes vivants et la production de livres, le CRÉDAC se singularise aussi par sa localisation, au 3e étage d’un bâtiment industriel, la Manufacture des Œillets, tout en brique et acier, soit l’un des premiers exemples d’architecture fonctionnaliste en France. Mais c’est surtout sa programmation qui attire des publics variés : des artistes autant français qu’étrangers, pour des expositions très curatées, à la pointe des enjeux de société post-coloniaux et queer. Et ce, tout en cherchant à rester accessible au plus grand nombre, selon sa directrice, historienne de l’art de formation : « Je prends toujours en considération notre emplacement socio-géographique. Je veille à traiter certains sujets qui concernent la population, proposant des choses autant faciles d’accès qu’exigeantes. Avec le bon accueil, la bonne médiation, tout le monde peut se forger un esprit critique. Ce centre d’art a beau être au 3e étage, il est loin d’être hors sol. » Il attire en effet 50 % de public local, 30 % de région parisienne et 20 % d’autres régions françaises. Bien ancré, reconnu pour la qualité de ses propositions, le CRÉDAC a même obtenu, en 2018, le label de Centre d’art contemporain d’intérêt national, de la part du ministère de la Culture. « Cela distingue une forme d’excellence de programmation, de bonne conduite vis-à-vis des publics, des équipes, des artis­tes. Pour les partenaires politiques et financiers, c’est un gage de qualité, qui pousse à nous soutenir pour plusieurs années », indique Claire Le Restif. Cette dernière se réjouit de savoir que la ligne 10 du métro sera prolongée jusqu’au CRÉDAC, déjà desservi par la 7 et le RER C : « L’aménagement culturel du territoire grand-parisien compte aussi. Plus on facilite la circulation des usagers, plus cela peut visibiliser et accentuer l’offre culturelle francilienne. » D’ailleurs, ce sont justement ces enjeux de mobilité que va interroger la Cité de l’architecture et du patrimoine, à travers son exposition « Métro ! Le Grand Paris en mouvement », du 8 novembre 2023 au 2 juin 2024 : « S’intéresser à la mobilité comme à l’urbanité, tel est l’enjeu de cette exposition qui croise l’histoire de la technique, les projets visionnaires et l’univers fictionnel lié au métro, projetant le visiteur dans une nouvelle carte mentale du Grand Paris. Le parcours met en scène en toute fluidité le génie français face aux défis contemporains de la ville résiliente et de la transition écologique. » Questionner le cœur de l’art depuis ses marges Et ces défis s’incarnent, s’exposent et se questionnent déjà dans des espaces comme La Ferme du Buisson à Noisiel. De ferme briarde qui remonte au XVIIIe siècle, elle devient un lieu de culture en 1990 et s’affirme désormais comme un Établissement public de coopération culturelle (EPCC) interdisciplinaire de création, de diffusion et d’éducation artistique et culturelle. « S’y articulent trois labels : celui de scène nationale pour les arts vivants, celui de cinéma d’art d’essai et celui de centre d’art contemporain d’intérêt national pour les arts visuels », précise Thomas Conchou, directeur du troisième. « Le lieu porte en lui-même l’histoire de l’industrialisation du bassin francilien, l’apparition des villes nouvelles et de nouveaux acteurs territoriaux tels qu’EpaMarne ou les agglomérations, liant aujourd’hui ruralité et péri-urbanité dans un maillage passionnant. » Telle une grande maison pour tous et toutes, ouverte sur le monde, à partir de son lieu patrimonial, la Ferme du Buisson s’interroge aussi sur sa propre implantation géographique. Julie Sicault Maillé, commissaire d’exposition associée au Centre d’art contemporain en 2021 et 2022, a notamment proposé des expositions qui s’intéressaient à notre rapport à la terre, depuis une position urbaine et métropolitaine. Tandis que Thomas Conchou se penche sur la chocolaterie Menier qui, au tournant du XXe siècle, a permis à la petite ville de Noisiel de produire 50 % du chocolat consommé en Europe : un biais gourmand pour réflé­chir à l’histoire de la ville dans ses dimensions économiques, sociales et coloniales. « Nos lieux sont des espaces de recherche et de développement artistiques bien sûr, mais aussi sociétaux, et nous avons un rôle primordial à jouer dans l’invention des métropoles de demain. La Ferme du Buisson réfléchit à cette responsabilité et s’engage de plus en plus du côté du design social, dont le but est de questionner nos usages pour inventer de nouvelles manières d’être ensemble, à la cité et au monde », déclare le directeur du centre d’art contemporain de la Ferme du Buisson. Ce dernier attire aujourd’hui un public surtout local (venu du Val-de-Marne, de Seine-et-Marne et de Seine-Saint-Denis, aidé par le RER A qui dessert la Ferme), dont le nombre est à la hausse : + 12,5 % entre 2019 et 2022, malgré la pandémie. « La prolongation éventuelle de la ligne 11 jusqu’à la gare de Noisy-Champs permettrait à un public parisien, du centre au nord-est de la Capitale, de se rendre à la Ferme du Buisson avec une plus grande facilité. La ligne 15, elle, devrait également nous apporter des publics de petite couronne qui n’auraient plus à passer par le centre de Paris », prévoit déjà Thomas Conchou. Avant de surenchérir : « Mon souhait premier est que le Grand Paris imagine son rôle de moteur territorial au-delà de son tracé géographique actuel, dont Noisiel ne fait pas partie, et tire l’ensemble du territoire francilien et son tissu culturel, unique au monde par sa densité, vers un futur commun. » En effet, d’après l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) qui étudie et fait dialoguer les grands acteurs de Paris et de la Métropole du Grand Paris, l’offre culturelle de la région s’avère exceptionnelle : elle compte plus de 7 500 lieux de diffusion, de pratique ou encore de production culturelle et artistique. Cela représente 273 000 emplois dans la Métropole, 177 000 à Paris et 310 000 en Île-de-France. Face au dernier Atlas des lieux culturels du Grand Paris établi en mars 2023 qui donnerait presque le vertige, Thomas Conchou ne peut que se réjouir : « La richesse artistique de nos territoires est notre bien commun et entretient un dialogue dynamique avec toutes les composantes de notre vivre ensemble : patrimoine, politique, service public, économie, etc. » 25 espaces qui font vivre l’art contemporain dans le Grand Paris j Abbaye de Maubuisson, Saint-Ouen-l’Aumône (95). j CAC Brétigny, Brétigny-sur-Orge (91). j Centre d’Art Contemporain Chanot, Clamart (92). j Centre d’art contemporain de la Ferme du Buisson, Noisiel (77). j Centre d’art contemporain d’Ivry – le Crédac, Ivry-sur-Seine (94). j Centre d’art de L’Onde, Vélizy-Villacoublay (78). j Centre photographique d’Île-de-France (CPIF), Pontault-Combault (77). j École et Espace d’art contemporain Camille Lambert, Juvisy-sur-Orge (91). j École municipale des beaux-arts – galerie Édouard-Manet, Gennevilliers (92). j Frac île-de-France – Les Réserves, Rentilly (77). j Galerie municipale Jean-Collet, Vitry-sur-Seine (94). j La Crypte d’Orsay, Orsay (91). j La Galerie, centre d’art contemporain, Noisy-le-Sec (93). j La Graineterie, centre d’art de la ville de Houilles, Houilles (78). j La Maréchalerie – centre d’art contemporain –ÉNSA-Versailles, Versailles (78). j La Terrasse – espace d’art de Nanterre, Nanterre (92). j Le Cyclop de Jean Tinguely, Milly-la-Forêt (91). j Le Houloc, Aubervilliers (93). j Les Laboratoires d’Aubervilliers, Aubervilliers (93). j MABA, Nogent-sur-Marne (94). j MAC VAL – musée d’art contemporain du Val-de-Marne, Vitry-sur-Seine (94). j Maison des arts La Supérette – centre d’art contemporain de Malakoff, Malakoff (92). j Maison Populaire, Montreuil (93). j W, Pantin (93). j Ygrec – École nationale supérieure d’arts de Paris - Cergy, Aubervilliers (93).

  • DU CHOU-FLEUR DE VAUGIRARD A LA PECHE DE MONTREUIL, INVENTAIRE D’UN PATRIMOINE EVANOUI

    Se figurer l’immense majorité des communes du Grand Paris en villages champêtres où l’agriculture fut une activité dominante a de quoi surprendre. L’historien et ethnographe Jean-Michel Roy* revisite cette histoire qui est aussi celle de l’urbanisation de la banlieue à compter du XIXe siècle, depuis la zone des fortifications de Paris jusqu’à la Plaine des Vertus, ventre légumier de Paris situé entre Saint-Denis, Bobigny, Stains et Dugny. À l’heure de la création et de la mise en place du Grand Paris et où plus de la moitié de la population française vit dans une ville, l’idée que l’immense majorité des villes du Grand Paris ont été des villages champêtres où l’agriculture a été une activité dominante a de quoi surprendre. Edmond Garnier soulignait dès 1939 que toutes les communes du département (Grand Paris actuel) avaient perdu leur caractère rural. Chaque ville a une histoire agricole particulière. Quelques-unes ont encore une renommée internationale, Montreuil notamment pour ses pêches, qualifiées « d’œuvres d’art », qu’une civilisation se doit de conserver. Le Grand Paris correspond en grande partie à l’ancien département de la Seine qui a été scindé en trois départements en 1970. Sur ses 48 000 ha, lors de sa création en 1790, on recense 40 000 ha de terres agricoles ou de forêts. 8 000 ha sont urbanisés : Paris (3 370 ha), une centaine de châteaux, des parcs et des villages relativement peuplés couvrant 4 000 ha. Au cours des XIXe et XXe siècles, les surfaces de terres labou­ra­bles disparaissent au profit des usines, des logements, d’écoles, d’hôpitaux, de cimetières, etc. En dehors du mouvement presque linéaire de dispa­rition des terres agricoles, les surfaces cultivées en légumes sont à leur apogée dans les années 1880 et connaissent ensuite un déclin discontinu avec des reprises, notam­ment au moment des deux guerres mondiales, avec une relocalisation des productions alimentaires. Paris, une marque qui fait vendre La campagne et même Paris intra-muros sont un creuset d’innovations et de création variétale. 62 variétés de légumes portent le nom de la Capitale ou de l’un de ses quartiers, dont 23 celui des Halles. Le nom de Paris fait vendre ! Et 40 variétés celui d’une ville. Une exception, la Plaine des Vertus, à cheval sur plusieurs terroirs, qui compte 10 légumes. Le village d’Au­ber­villiers, qui en est le cœur historique, dénom­bre, quant à lui, 6 légumes. Et 7 variétés de fruits portent le nom de Montreuil. La variété sélectionnée et « élitée » dans un pays devient parfois la variété de référence sur le marché, voire celle des Halles ou de Paris**. Ce sont les petite et moyenne cultures qui dominent autour de Paris. La grande culture s’étend assez peu et il n’y a que 13 fermes dans les années 1810 dans le département. La petite culture se développe considérablement au XIXe siècle au détriment de la moyenne, notamment le maraîchage, les cultures légumières et les vignerons qui cultivent entre leurs pieds de vigne tout un éventail de fruits et de légumes. Le maraîchage se pratique sur de petites surfaces encloses de 6 000 mètres carrés au XIXe siècle, moins avant et plus après. Le maraîcher habite sur sa parcelle. Il pratique une culture perpétuelle très intensive. Il cultive sur couches de fumier des légumes qui n’occupent pas trop longtemps le sol et, dès qu’il effectue une récolte, il sème ou plante à nouveau, intercalant plusieurs plantes. Il multiplie également les saisons. Le maraîcher utilise des abris vitrés, des cloches et des châssis pour créer un effet de serre et cultiver hors saison. Un mètre carré de jardin peut consommer un mètre cube de fumier et un mètre cube d’eau. Et il peut produire jusqu’à 25 kilos de légumes au mètre carré !250 tonnes de légumes à l’hectare. On surnomme ces jardins maraîchers des « fabriques à légumes ». Il faut une importante main d’œuvre qualifiée. Le maraîchage naît dans Paris et s’exporte en banlieue au XIXe siècle, puis dans les départements limitrophes à partir des années 1930-1940. Plus de 50 villages sont concernés par le maraîchage. Les maraîchers remembrent le territoire, ouvrent des voies, des impasses ou des chemins et sont une étape de transition entre le champ et la ville. Ils créent un espace semi-urbanisé aux marges ou dans les délaissés. Il y en avait 800 au XVIIIe siècle, 1 400 dans la première moitié du XIXe, un millier dans Paris en 1859 et 810 dans les villages de banlieue. L’effectif parisien ne cesse de fondre au XXe siècle. On en compte 2 000 dans le département de la Seine en 1912, mais 600 en 1950 et une centaine dans les années 1970. Beaucoup arrêtent, prennent leur retraite ou partent dans d’autres départements. Aubervilliers, au cœur de la plaine légumière des Vertus La Plaine des Vertus est la plus ancienne et la plus importante plaine légumière à l’époque moderne et dans la première moitié du XIXe siècle. Le cœur en est le village d’Aubervilliers et des terres sont cultivées dans les terroirs limitrophes. C’est une plaine naturellement humide où la culture des légumes non arrosés se fait à la charrue sur des parcelles de quelques centaines ou milliers de mètres carrés et dans des exploitations généralement de 5 à 10 hectares. La culture des légumes y est attestée dès le Moyen Âge. Elle couvre de 150 à 200 hectares en 1670, 1 000 hectares en 1789 et 2 000 en 1870. La plaine assure les trois quarts de l’approvisionnement de Paris en gros légumes. On y cultive des choux, oignons, poireaux, navets, carottes, etc. La plupart des variétés sont devenues éponymes de cette plaine et ont été cultivées partout en France. La plaine se rétracte avec l’urbanisation et l’industrialisation, et disparaît dans les années 1960 avec l’aménagement du parc départemental de La Courneuve. Plus de 2 000 hectares de vignes à la fin du XVIIIe siècle À la fin du XVIIIe siècle, les vignerons cultivent plus de 2 000 hectares de vignes en y mêlant beaucoup d’autres plantes, arbres, arbustes, légumes, céréales, etc. C’est le domaine de la polyculture intensive sur de petites exploitations, d’un à deux hectares, pouvant faire vivre une famille. La vigne est une culture peuplante. Les parcelles font quelques centaines de mètres carrés et sont travaillées à la houe. Au XVIIe siècle, grâce à ses techniques de culture, le vigneron acclimate les haricots au climat parisien et, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les pommes de terre. Il est le spécialiste de la culture en butte et en touffe. Au XIXe siècle, il arrache progressivement ses vignes pour cultiver les fruits et légumes qu’il vend à Paris. L’arbre remplace souvent la vigne. Cette dernière n’est plus cultivée qu’à titre accessoire et de loisir. L’abandon progressif de la culture de la vigne n’est pas plus une fatalité pour le vigneron que le déplacement l’est pour le maraîcher. C’est un spécialiste des cultures commerciales et il s’adapte au marché. La polyculture reste vivace jusqu’à la Seconde Guerre mondiale et c’est seulement avec l’arrivée du tracteur que la plupart des cultures intercalaires sont abandonnées. Une mosaïque de terroirs et de techniques Les débouchés vertigineux qu’offrent la Capitale et le génie des cultivateurs ont façonné une multitude de terroirs et de techniques ingénieuses. Les plantes sont rarement cultivées seules. Elles sont associées, avec des cultures intercalaires, dans des systèmes d’assolement pluri-annuels très perfectionnés. Cette « Fraternité végétale » est en cours d’étude au Hameaude Montrieux dans le Var en collaboration avec l’INRAe écodéveloppement d’Avignon, le Fab City Grand Paris et Sony CSL. Des « objets d’art » à conserver… La redécouverte des terroirs peut-elle permettre la relocalisation de la production légumière et fruitière ? Elle doit s’appuyer sur le fabuleux héritage technique et symbolique francilien, des « objets d’art » qu’une civilisation se doit de conserver et, pourquoi pas, de perfectionner. * Jean-Michel Roy, responsable Recherche & Développement, Montrieux le Hameau, article publié le 20 juin 2019. ** On peut retrouver ces informations, des cartes et des synthèses de l’histoire agricole des communes qui ont donné leur nom à une variété sur l’application développée par l’Institut Paris Region. https://experience.arcgis.com/experience/8ab6d79452164feca8c861a2d93babb6/

  • LES « VENTRES » DU GRAND PARIS… DE VERSAILLES A RUNGIS

    Dans cette grande année qui célèbre les 400 ans de Versailles, il est intéressant de revenir sur celui qui fut le pionnier dans la création d’un Grand Paris… Le Roi Soleil, annonciateur d’une encore modeste révolution alimentaire – en marche plus ou moins constante depuis le XVIIe siècle –, qui prend de plus en plus d’ampleur aujourd’hui. Par Nicolas Kenedi Le 6 mai 1682, Louis XIV annonce sa volonté de faire du château de Versailles le centre politique et administratif de l’État. La décision ne signifie pas qu’il se transforme brusquement en monarque sédentaire. Louis XIV voyage beaucoup. Indépendamment des impératifs en temps de guerre, la Cour demeure itinérante, même si son installation à Versailles limite la fréquence des déplacements vers les autres résidences royales. Fontainebleau et Saint-Germain-en-Laye comptent parmi les plus prisées. Ces trois demeures sont aujourd’hui des terres du Grand Paris ! Un peu d’histoire… Le cérémonial du Grand Couvert pose implicitement la question des goûts culinaires du roi et l’entrée de ces derniers dans le monde moderne. Plusieurs témoignages confirment qu’il raffolait des petits pois, introduits à la Cour en 1660. De fait, la révolution gastronomique à l’œuvre dans la France du milieu du XVIIe siècle passe par les légumes dont il importe de retrouver la véritable saveur. En 1670, Louis XIV nomme Jean-Baptiste de La Quintinie à la tête des jardins fruitiers et des potagers de toutes les résidences royales. Aménagé entre 1678 et 1683, le Potager du roi, à Versailles, a coûté un million de livres et nécessité le concours de plusieurs milliers d’hommes. Il est vrai qu’il compte seize carrés de légumes et vingt-neuf jardins clos, parmi lesquels onze vergers, une figuerie, une melonnière, une prunelaie, etc. Pour satisfaire le goût – et l’appétit gargantues­que – du roi, La Quintinie produit fruits et légumes hors saison – ce qui relève alors de la gageure. Ainsi, la table royale est-elle approvisionnée en fraises dès le tout début du printemps, en petits pois en avril, en figues en juin, en asperges en décembre… et même en ananas, à partir de 1734, à la demande de Louis XV. La révolution était lancée qui est aujourd’hui plus que jamais au cœur des préoccupations des citoyens du Grand Paris… Les « ventres de Paris » à l’heure contemporaine Le Ventre de Paris est un roman d’Émile Zola, publié en 1873. Il se déroule essentiellement dans le quartier des Halles de Paris, qui était alors le principal marché alimentaire de la ville. Il décrit la vie des commerçants, des ouvriers et des vagabonds qui peuplaient ce quartier animé. Ainsi, depuis cette époque jusqu’à nos jours, l’organisation de la distribution alimentaire a évolué avec la création du marché de Rungis, qui est devenu un acteur majeur dans la chaîne d’approvisionnement de la région parisienne. Inauguré en 1969, il remplaçait ainsi les anciennes Halles de Paris devenues trop exiguës pour répondre aux besoins croissants de la Capitale. Depuis lors, le marché de Rungis joue un rôle essentiel dans l’approvisionnement en produits alimentaires frais pour la région parisienne et au-delà. Il procure aujourd’hui aux restaurateurs de France et de Navarre ce que les jardins de Versailles offraient au château… Le terme « ventre du Grand Paris » n’a plus une signification précise dans le contexte actuel. Cependant, si nous faisons référence à l’approvisionnement alimentaire dans le Grand Paris en 2023, il est important de noter que la région parisienne dispose d’un réseau diversifié de marchés, de supermarchés, de producteurs locaux et d’autres acteurs qui contribuent à la chaîne d’approvisionnement. En ce qui concerne l’éthique alimentaire, il existe une prise de conscience croissante de l’importance de faire des choix respectueux de l’environnement, de la santé et du bien-être animal. Les consommateurs sont de plus en plus intéressés par l’origine des aliments, leur mode de production, les pratiques agricoles durables et équitables ainsi que les considérations liées à la santé et à la nutrition. De nombreuses initiatives sont en cours pour promouvoir une alimentation plus éthique et durable dans la région parisienne. Cela inclut notamment le développement de circuits courts, où les aliments sont directement achetés aux producteurs locaux, réduisant ainsi les distances parcourues et soutenant les agriculteurs locaux. De plus, les initiatives de sensibilisation et d’éducation se multiplient pour encourager, dans ce domaine, des choix responsables. En résumé, le ventre du Grand Paris, en 2023, est un écosystème alimentaire diversifié, avec une prise de conscience croissante de l’éthique, favorisant des choix plus durables, locaux et responsables. Des producteurs éthiques Trois exemples de producteurs alimentaires locaux qui méritent d’être (re)connus… Les Fermes de Gally : coopérative agricole qui propose des produits issus de l'agriculture biologique et de proximité. Il existe plusieurs fermes dans la région où les visiteurs peuvent acheter des fruits, des légumes et des produits laitiers. Les Jardins de Cocagne : réseau de jardins maraîchers en agriculture biologique qui emploie des personnes en difficulté sociale. On y trouve des légumes de saison et leurs paniers sont vendus dans plusieurs points de distribution de la région. Les Vergers de la Silve : ferme maraîchère située en Seine-et-Marne qui produit des fruits et légumes bio, et organise des ventes directes sur place. Leurs produits sont cultivés dans le respect de l'environnement et des saisons.

  • Trois questions à Alain Ribat, directeur adjoint de Transilien SNCF Voyageurs

    Pour transporter chaque jour 3,4 millions de voyageurs sur 16 lignes de train et de RER, Transilien a lancé, en début d’année, une vaste campagne de recrutement sur ses métiers en tension. Son objectif : recruter les personnels dont l’entreprise a besoin en 2023 et préparer l’avenir, pour rendre le meilleur service possible aux voyageurs. Éclairage d’Alain Ribat, directeur adjoint de Transilien SNCF Voyageurs. Quels sont vos objectifs de recrutement en 2023 et pour répondre à quels enjeux ? Avec le 2e réseau ferré le plus fréquenté au monde après Tokyo, nos enjeux 2023 et 2024 sont de taille. Il s’agit pour nous de préparer l’exploitation de l’extension du RER E sur l’ouest parisien et d’assurer le plan de transport renforcé pour les Jeux de Paris 2024, avec une seule ambition : apporter aux voya­geurs une qualité de service tou­jours plus perfor­man­te. Pour ce faire, nous avons lancé, en début d’année, une campagne de recru­tement massive en Île-de-France. Notre objectif : recruter 900 agents parmi lesquels des conductrices et conducteurs de train mais aussi de tram-train, des mécaniciennes et mécaniciens, des électrotechniciennes et électro­techniciens, qui sont les métiers les plus en tension chez nous. J’ajoute que nos métiers sont ouverts à toutes et tous. Au travers de nos recrutements, nous poursuivons notre effort de féminisation dont le taux est aujourd’hui de 30 %. Dans un marché de l’emploi très compétitif, quels sont les atouts de Transilien SNCF Voyageurs pour attirer des candidats ? Tous nos postes sont assortis d’un package de rémunérations attractif et les possibilités de parcours et d’évolution de carrière à la SNCF sont multiples, soit au sein du même métier, soit en changeant de métier. S’agissant des conductrices et conducteurs de train ou de tram-train, nous proposons une formation rémunérée. Cela nous permet d’accueillir des candidats venus d’horizons divers, qu’il s’agisse d’un premier emploi ou d’une reconversion en milieu de carrière. Par ailleurs, nous offrons, depuis 2019, une « garantie logement » à tout nouvel embauché en Île-de-France. Cet accompagnement spécifique lui permet de bénéficier d’une solution de logement dans les quatre mois suivant son embauche et dans un rayon de 20 km maximum autour de son lieu de travail. Quand on sait que le Grand Paris du logement reste encore un challenge à relever par tous les acteurs, cet avantage est un atout considérable pour nos futurs agents. En quoi Transilien SNCF Voyageurs contribue-t-il au développement économique du Grand Paris et, au-delà, de la Région Île-de-France ? Partenaire historique des territoires en faveur des mobilités, nous le sommes aussi en matière d’emploi. Avec 13 000 salariés et 20 000 emplois indirects, l’emploi local est notre priorité. Ainsi, nous organi­sons des campagnes de recrutement et des job dating au plus près des besoins des lignes. Nous allons aussi dans les établissements scolaires présenter nos métiers pour susciter très tôt des vocations. Les métiers du ferroviaire sont multiples. Et, surtout, ils sont utiles, pour un avenir toujours plus décarboné. C’est très stimulant !

  • « Nous souhaitons développer le réseau des TPA en France et à l’étranger »

    Agnès Perrin-Turenne, présidente déléguée des Tony Parker ACADEMIES et porteuse du projet de l’Île des Vannes, rappelle l’objet de ce modèle académique et sportif à l’anglo-saxonne. Propos recueillis par Fabienne Proux Quel bilan tirez-vous de la 1re Tony Parker Academy, créée à Lyon en 2019 ? La TPA de Lyon est la maison mère du réseau d’académies que nous souhaitons développer en France et à l’étranger. La TPA de l’Île des Vannes béné­ficiera de notre expérimentation du concept socle – Éducation-Formation-Emploi –, tout en proposant un projet plus ambitieux et plus engagé avec les acteurs économiques et institutionnels du territoire du Grand Paris. À qui la TPA s’adresse-t-elle précisément ? La Tony Parker Academy s’adresse aux jeunes de 15 à 25 ans. C’est un campus au service des jeunes talents sportifs ou artistiques qui propose des parcours scolaires sur-mesure et des formations agiles tournées vers l’innovation et l’employabilité. Elle portera en son sein un lycée français avec des classes bilingues, une école technique et de formation, un incubateur de start-up, des espaces de co-working et de réception, une halle des sports et de santé. Elle accueillera en priorité les jeunes du territoire du Grand Paris. Qu’avez-vous apprécié en choisissant l’Île des Vannes ? Ce choix de l’Île des Vannes est celui d’un coup de cœur spontané et partagé avec Tony Parker. Nous nous situerons juste à côté de la Nef, bâtiment classé et emblématique de la Seine-Saint-Denis. Nos bâtiments sportifs et édu­ca­tifs s’inséreront parfaitement dans l’écosystème paysager et urbani­stique du lieu et participeront à sa réhabilitation et à son attractivité. L’Île des Vannes et ses environs associeront promenade, animations sportives et culturelles, éducation et formation. Comment la TPA est-elle financée ? La TPA est une structure privée sous agrément avec l’État. Elle se dotera d’un fonds de dotation pour valoriser la méritocratie et permettre aux jeunes issus de familles modestes de pouvoir bénéficier de cette formidable expérience. Les entreprises et les institutions du territoire sont aussi partie prenante du projet pour per­mettre des actions fortes en termes d’inclusion, d’égalité des chances, de découverte des métiers et d’emploi. Avez-vous d’autres projets en Île-de-France ? En France ? Tout à fait et nous allons accélérer notre développement. Nous sommes très sollicités car nous sommes perçus à juste titre comme un véritable acteur de transformation et d’attractivité d’un territoire en embarquant l’éducation, le sport, l’entreprise et l’entreprenariat dans un modèle académique et sportif innovant à l’anglo-saxonne. Tony Parker reste plus que jamais engagé en tant qu’ambassadeur Éducation pour Paris 2024 et comme référent à l’Unesco.

  • TONY PARKER IMPLANTE SA 2E « ACADEMY » EN SEINE-SAINT-DENIS

    L’Île des Vannes à Saint-Ouen-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) s’apprête à accueillir la Tony Parker Academy, un concept de formation alliant sport, épanouissement et emploi. Ce centre s’implantera dans un bâti­ment transformé par le promoteur immobilier Réalités avec l’agence Ithaque et jouxtant l’emblématique Nef réhabilitée par la Solideo et Chatillon Architectes en prévision des Jeux olympiques de 2024. Par Fabienne Proux La pointe sud de l’Île des Vannes à Saint-Ouen-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) engage une trans­formation en profondeur en partie en lien avec l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques. En effet, l’illustre Grande Nef, inaugurée en 1971, classée « Patrimoine du XXe siècle » et inscrite sur l’Inventaire supplémentaire des Monuments histori­ques, a accueilli, dans les années 70 et 80, des concerts de renommée internationale (Pink Floyd, Led Zeppelin, Bruce Springsteen, etc.). Fermée depuis 4 ans pour cause de vétusté, l’œuvre des archi­tectes Anatole Kopp, Pierre Chazanoff et Lucien Metrich « n’a pas résisté aux outrages du temps et est devenue rapidement obsolète en matière de performance énergétique, d’accessibilité, de porosité et de confort », selon l’agence Chatillon Architectes, chargée par la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), maître d’ouvrage, de sa réhabilitation. À l’issue de celle-ci, la Nef retrouvera une capacité de 5 000 places et redeviendra un pôle à vocation tant sportive que culturelle. En novembre 2021, la ville de Saint-Ouen-sur-Seine a, de son côté, lancé un appel à manifestation d’intérêt pour installer sur le complexe sportif de l’Île, jouxtant la Grande Nef, « un établissement offrant aux jeunes la possibilité de combiner la pratique intensive d’une activité sportive et/ou culturelle tout en suivant un cursus académique ». Tisser des liens avec le monde professionnel Début 2022, Tony Parker, champion de basket français, ancien joueur de la NBA aux États-Unis, en partenariat avec le promoteur nantais Réalités, a été retenu pour valoriser le lieu en y créant sa 2e « Aca­de­my ». Propriété de la commune, ce site comprend un bâtiment, des pistes d’athlétisme, deux terrains de football extérieurs et un parking souterrain. « La Tony Parker Academy (TPA) a pour ambition de démocratiser l’accès à l’excellence pour la jeunes­se en permettant à chacun d’être l’architecte de sa propre vie », rappelait la municipalité à l’occasion du vote début 2022. « École de prestige », la TPA permet aux jeunes, sélectionnés sur des critères d’excellence sportive et de mérite, de combiner la pratique intensive d’une activité sportive avec un « cursus scolaire de qualité ». Ils bénéficieront, du collège au post-bac, des programmes officiels avec un suivi individualisé, de rythmes scolaires aménagés et d’une méthode pédagogique adaptée. Basket-ball, basket 3x3 et padel-tennis feront partie des disciplines phares de la formation. Les élèves profiteront également d’un éco­système de partenaires, notamment d’entreprises et d’intervenants du territoire, pour tisser des liens avec le monde professionnel. « Certaines pratiques comme le basket 5x5 et 3x3, le padel, la danse… seront opérées au sein de notre campus et par nos propres coachs, d’autres au sein des clubs et associations du territoire », précise Agnès Perrin-Turenne, présidente déléguée des Tony Parker Academies et porteuse du projet de l’Île des Vannes. « Les compétitions ou évènements sportifs et culturels pourront être hébergés dans la Nef ou dans la halle sportive selon le dimensionnement de ceux-ci. » Passerelle entre l’Île des Vannes et le parc des Docks Si la Grande Nef et les pistes d’athlétisme seront livrées en 2024, l’ouverture de la TPA n’aura lieu qu’un an plus tard. TPA et Réalités, qui est déjà à la manœuvre sur le stade Bauer à Saint-Ouen, ont signé avec la Ville de Saint-Ouen un bail en février dernier, puis déposé un permis de construire dans la foulée. Les travaux devraient débuter avant la fin de l’année. En 2025 est prévu le lancement des aménagements paysagers de l’Île avec la création d’un grand parc bordant les rives sud, pour devenir « un lieu de prome­nade et de loisirs ouvert à tous ». En 2026, l’opération sera complétée par la construction d’une passerelle piétonne et cycliste, sous maîtrise d’ouvrage de Plaine Commune, entre l’Île des Vannes et le parc des Docks, sachant qu’une structure d’hébergement pour les étudiants majeurs et des surfaces complémentaires à la TPA (éducation, vie étudiante…) se situeront sur l’actuel Village des athlètes, transformé après les JOP en quartier d’habitation. Un projet à 80 millions d’euros L’aménagement de l’Île des Vannes repré­sente un montant d’investissement global de 80 millions d’euros dont 40 millions d’investissements privés pour la Tony Parker Academy. Les aménagements réalisés dans le cadre des JOP sont financés par la Solideo à hauteur de 14 millions d’euros. 12,5 millions sont dédiés à la réhabilitation et la moderni­sation de la Nef (sur les 70 mil­lions de budget réservés aux sites d’entraî­ne­ment) pour l’adapter aux dernières normes environnementales, la Solideo visant une division par quatre de la facture énergé­tique du site. Et 1,5 million consacré la piste d’athlétisme refaite à l’identique par la Solideo. Quant aux deux terrains de football extérieurs, ils ont déjà été rénovés par la Ville de Saint-Ouen à l’été 2021, pour 1,5 million d’euros.

  • « LA MOBILISATION AUTOUR DE LA RECONSTRUCTION DU MONUMENT EST EXTRAORDINAIRE » : Général Georgelin

    « Détecter, anticiper, agir et ne pas se laisser surprendre. » C’est par ces mots que le général Georgelin résume son action en tant que représentant spécial du président de la République et président de l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris. En partie détruit par un incendie en avril 2019, l’édifice est reconstruit à l’identique grâce à la mobilisation de compagnons et d’artisans d’art français. Propos recueillis par Fabienne Proux et Jacques Paquier Quels faits marquants retenez-vous de la restauration de la cathédrale de Paris ? Ce qui est exceptionnel reste l’incendie de Notre-Dame de Paris, le premier qu’elle ait connu en 850 ans d’existence. Ce qui a été frappant, c’est que tout le monde s’est senti concerné par ce sinistre. Cela signifie que quelque chose de fondamental a été touché. Notre-Dame occupe une place particulière dans le cœur des Français, c’est en cela que ce chantier est particulier. Il faut d’ailleurs rendre hommage à l’intuition du président de la République, dans la nuit du 15 au 16 avril 2019 : Emmanuel Macron a perçu que cet événement touchait la nation au cœur et que, par conséquent, il fallait prendre en main à son niveau la restauration de la cathédrale. D’où la mise en place d’une structure particulière pour conduire ce chantier dans des délais convenables, en cinq ans, sans naturellement faire aucune concession à la qualité des travaux et à la sécurité sur le chantier. En quoi consiste votre mission ? Mon premier travail a consisté à convaincre tout le monde sur le chantier que cet objectif était réalisable, atteignable et que nous y arriverions. Il a fallu une organisation extrêmement rigoureuse. Mon rôle est en réalité celui de leadership. Ceux qui doutaient n’avaient pas vocation à rester. On ne part pas à la guerre avec des soldats qui ne croient pas à l’objectif de la victoire. Avez-vous utilisé des méthodes militaires ? Tout à fait. J’ai importé les méthodes de l’École de guerre lorsque l’on étudie une opération, à savoir la théorie des modes d’action « amis » (MA) et des modes d’action « ennemis » (ME). Les MA regroupent tout ce qui nous est favorable et nous aide dans notre objectif, les ME sont tout ce qui s’oppose à la réalisation de cet objectif, par exemple, en ce qui concerne ce chantier, le Covid, les intempéries... J’ai fait mienne la devise de Lénine, « Là où il y a une volonté, il y a un chemin », et mon rôle a consisté à trouver le chemin. La mobilisation autour de ce monument gothique que l’on restaure pour l’adapter à notre époque est réellement extraordinaire. La mobilisation a été importante dès le lendemain du sinistre avec les donations. Cet élan de générosité est-il exceptionnel ? Certainement. Dès la soirée du 15 au 16 avril 2019, François Pinault a pris l’initiative de donner 100 millions d’euros, ce qui enclenchera toute une chaîne de générosité conduisant au record absolu de la philanthropie en France et probablement en Europe, puisque nous avons récolté 846 millions d’euros. L’intégralité de cette somme sera utilisée pour les besoins du chantier. J’y veille. 150 millions ont servi lors de la phase 1 de sécurisation/conso­lidation (16 avril 2019/août 2021) et 550 millions à la phase 2, soit la période actuelle (septembre 2021/décembre 2024) qui va conduire à la restitution des parties disparues dans l’incendie (voûtes, flèche, grand comble) et à la réouverture de la cathédrale au culte et à la visite. Les 146 millions restants serviront à des compléments de restauration touchant des parties extérieures de l’édifice, hors les abords (parvis, square, jardins) qui incombent à la Ville de Paris. Un autre niveau de mobilisation est celui des artisans français. En quoi ce chantier sert-il ces métiers d’art ? Ce chantier permet très certainement de régénérer, remettre l’accent et booster les métiers d’art en France. Si 500 compa­gnons travaillent en ce moment sur l’île de la Cité, 500 autres sont investis sur tout l’Hexagone. Les 1 200 chênes, pour la flèche et les deux bras du transept, sélectionnés dans toutes les forêts françaises, ont été mis au format dans 45 scieries. En Normandie, en Anjou et en Lorraine, des entreprises construisent la charpente. Pour la restauration du grand orgue, ses 8 000 tuyaux répartis en 115 jeux ont été envoyés pour être nettoyés et restaurés dans trois ateliers de facteurs d’orgue en Corrèze, dans le Vaucluse et dans l’Hérault. Pour la première fois depuis leur pose, qui date pour les trois quarts du XIXe siècle, les 39 baies hautes (vitraux) ont été déposées pour être nettoyées. Huit ateliers de maîtres verriers en France et un à Cologne, en Allemagne, ont réalisé cette délicate tâche. Reconstruisez-vous une nouvelle cathédrale ? Nous reconstruisons à l’identique la cathédrale, telle qu’elle l’était le 15 avril 2019 pour ce qui est de son aspect extérieur. Nous reconstruisons à l’identique dans la forme et les matériaux, c’est la raison pour laquelle nous refaisons la charpente de la nef et du chœur, des deux bras du transept et de la flèche avec du bois de chêne massif, et que les toitures sont en plomb. Nous reconstruisons en bois, mais nous installons également un dispositif de sécurisation entièrement repensé, incluant un système de brumisation des charpentes, des fermes coupe-feu en acier, des caméras thermiques pour limiter le risque qu’un nouvel incendie ne se produise. À l’intérieur, l’édifice est en évolution permanente depuis 1163. Il appartient à l’archevêque de Paris de dire comment il souhaite organiser la cathédrale pour l’exercice du culte catholique. Il y aura un nouveau baptistère et un nouvel autel, des nouveaux ambon, cathèdre et tabernacle. Pour ce faire, des artistes contemporains ont été mobilisés.

  • NOTRE-DAME DE PARIS : LE CHANTIER TIENT SES PROMESSES

    L’engagement de rouvrir la cathédrale de Paris en 2024 est en passe d’être tenu. Plus de 600 compagnons seront à pied d’œuvre au plus fort du chantier qui implique des artisans d’art de la France entière. Par Fabienne Proux Alors que tous les yeux, ou presque, sont tournés vers les chantiers engagés pour accueillir les Jeux olympiques et paralympiques à l’été 2024, qui doivent être achevés en fin d’année, un autre chantier, tout aussi emblématique, poursuit également sa course contre la montre. Il s’agit de celui de la reconstruction de Notre-Dame qui avance à un rythme plutôt soutenu. Tiendra-t-il lui aussi son engagement de livraison dans les temps annoncés, à savoir en 2024 ? « Assurément », prévient le général Georgelin, président de l’établissement public « Rebâtir Notre-Dame de Paris », créé par la loi du 29 juillet 2019, avec pour mission d’assurer la conduite, la coordination et la réalisation de l’ensemble des opérations de conservation et de restauration de la cathédrale (lire l’interview ci-après). « Après deux ans consacrés à la sécurisation de l’édifice, aux études de projet, puis à la préparation et à l’attribution des appels d’offres, les travaux de restauration battent leur plein », annonçait au printemps l’établissement public. Au plus fort de l’activité, plus de 600 compagnons s’affaireront sur le chantier dont on devine l’effervescence en l’observant de l’autre rive de la Seine. Mais la restauration mobilise aussi plus d’une centaine d’entreprises et d’un millier de personnes partout en France dans de nombreux ateliers d’artisans d’art. Valoriser des métiers ancestraux Afin de rendre la cathédrale au culte et à la visite en décembre 2024, trois types de travaux sont menés : le nettoyage et la restauration de l’intérieur de l’édifice ; la restauration des maçonneries et des voûtes effondrées (celles de la nef et du chœur seront achevées d’ici à la fin de l’année) ; les travaux de restitution de la flèche de Viollet-le-Duc, des deux bras du transept, mais également des charpentes médiévales de la nef et du chœur, à la fois sur l’île de la Cité et en atelier. À l’intérieur, le nettoyage simultané des murs, des décors peints et des voûtes (42 000 m2) a permis de révéler « toute la beauté et la richesse des volumes restaurés ». De même pour le grand orgue et les vitraux des 39 baies hautes de la nef, du chœur et du transept, ainsi que ceux de la sacristie, intégralement démontés pour être nettoyés et restaurés. Outre de redonner à la cathédrale son lustre initial, ce chantier de restauration hors norme présente aussi l’avantage de valoriser des métiers ancestraux. Pour ce faire, l’établissement public « Rebâtir Notre-Dame de Paris » élabore et met en œuvre, pour tous les publics, des programmes culturels, éducatifs et de médiation, et des actions de valorisation des métiers d’art et du patrimoine. Le nouvel Espace Notre-Dame, sous le parvis, propose de découvrir un parcours pédagogique sur le chantier et les savoir-faire mobilisés, mais aussi de s’approcher des vestiges de l’incendie et d’œuvres d’art issues de la cathédrale. À l’intérieur de la cathédrale, le nettoyage simultané des murs, des décors peints et des voûtes (42 000 m2) a permis de révéler « toute la beauté et la richesse des volumes restaurés ».

  • L’INSTITUT PARIS REGION ET L’APUR : DEUX FABRIQUES D’EXPERTISES AU SERVICE DE L’INTERET GENERAL

    Lors d’un dîner débat de l’association Acteurs du Grand Paris, qui s’est tenu à l’Aéro-Club de France le 11 mai 2023, Nicolas Bauquet et Alexandre Labasse, respectivement directeur général de l’Institut Paris Region et DIRECTEUR GÉNÉRAL de l’Atelier parisien d’urbanisme, ont livré leurs regards croisés sur l’Île-de-France et le Grand Paris. L’occasion de détailler les évolutions récentes, démographiques notamment, et les bouleversements provoqués par la pandémie sur le travail et les mobilités. Hélène El Aïba, Nicolas Bauquet, Ludovic Raës, Fadia Karam, Thomas Hantz, Alexandre Labasse et Pierre Trebosc. Expertise d’intérêt général Nicolas Bauquet : « Un tiers de confiance au service de tous les élus et acteurs de la ville. » « L’Atelier parisien d’urbanisme et l’Institut Paris Region produisent ce que j’appellerais de l’expertise d’intérêt général, dans un contexte dans lequel depuis des années, hélas, l’État a déconstruit ses outils natio-naux de connaissance et d’analyse. L’Institut Paris Region, c’est la plus grande et la plus ancienne agence d’urbanisme française, avec 220 collaborateurs et de nombreuses institutions partenaires, et en particulier le soutien constant de la Région Île-de-France dans cette production de savoirs. Tout comme l’Apur, avec lequel nous partageons le même modèle, nous sommes un tiers de confiance au service de tous les élus et acteurs de la ville. Au cours des derniers mois, nous avons ainsi travaillé aux côtés de Valérie Pécresse (présidente de la Région Île-de-France, ndlr) et de Jean-Philippe Dugoin-Clément (vice-président du conseil régional d’Île-de-France, ndlr) pour produire le Schéma directeur de la Région Île-de-France environnemental (Sdrif-e), et c’était passionnant. » Alexandre Labasse : « Offrir une vision stratégique à nos partenaires. » « Je partage avec Nicolas Bauquet la conviction du rôle fondamental de nos structures, qui étudient, analysent les évolutions urbaines et portent une vision prospective dans un moment où les modèles urbains sont questionnés avec une différence fondamentale de périmètre. L’Institut Paris Region travaille sur un territoire de presque 1 300 communes, nous, à l’échelle d’une métropole de 131 communes. Notre ambition est de porter notre regard à cette échelle du Grand Paris de ces 7 millions d’habitants, des grands paysages à l’échelle plus fine du quartier, de la rue, de l’immeuble, afin d’offrir une attention fine à chacun de nos partenaires. En accompagnant tant l’élaboration de documents de planification, tels que le Schéma de cohérence territoriale (SCoT), le Plan métropolitain de l’habitat et de l’hébergement (PMHH), le Plan local d’urbanisme (PLU) bioclimatique de Paris ou les PLUi de certains territoires, que des enjeux locaux de transformations de voirie, des tissus bâtis ou de revégétalisation. » Trois valeurs cardinales : partenarial, transversal, créateur de données Nicolas Bauquet : « Une expertise partenariale, un lieu de réflexion collective et transversale. » « Nous sommes animés par trois valeurs cardinales. Celle de représenter une expertise partenariale et d’être un lieu de réflexion collective. Deuxième point, nous sommes un lieu de réflexion transversale. On ne peut, par exemple, anticiper les problématiques de transport si l’on n’est pas capable de comprendre ce qu’il se passe sur la question du télétravail. Enfin, nos institutions sont des lieux où l’on explore, où l’on exploite et où l’on crée de la donnée, en inventant de nouveaux modes de faire. Nous venons, par exemple, de mettre en place un consortium d’une douzaine de partenaires afin de créer les données nécessaires pour comprendre les évolutions récentes des transports en Île-de-France. Nous avons équipé 3 000 Franciliens d’un boîtier électronique, pendant une semaine, pour suivre leurs déplacements. Aujourd’hui, à l’issue du Covid, on ne sait pas réellement qui se déplace, pourquoi. De même, nous essayons de suivre, avec le Rectorat, l’évolution des effectifs scolaires dans toute l’Île-de-France. » Alexandre Labasse : « L’Apur est l’atelier de la réparation. » « Le plus important, dans notre nom, c’est le terme d’atelier. Il définit exactement ce que nous sommes. Alors que nous traversons une crise à la fois climatique, démographique, économique et sociale, l’Atelier parisien d’urbanisme est le lieu du travail en commun et celui de la réparation. Cela se traduit dans un modèle singulier de gouvernance partagée autour de la Ville de Paris, de la Métropole, de l’État et d’une vingtaine de partenaires, avec qui nous élaborons chaque année notre programme de travail. Ces institutions qui nous financent sont aussi nos administrateurs. Autrement dit, nos études sont proposées, votées par des représentants des grands syndicats techniques métropolitains, des entités publiques ou des collectivités. Cela se traduit dans un éventail de missions très large, porté par les spécialistes de l’Atelier sur des sujets très spécifiques et des études plus généralistes, avec toujours l’ambition de soulever dans le champ urbain les grands enjeux de société. » Signaux faibles et évolutions fortes Nicolas Bauquet : « Un risque d’aggravation des fractures. » « Nous étudions un modèle francilien qui envoie une série de signaux faibles, qui disent que des évolutions extrêmement puissantes sont à l’œuvre, notamment avec l’essor du télétravail, évolutions qui sont en train de complètement transformer les fondamentaux de ce modèle francilien. Avec, en filigrane, un risque de perdre de l’attractivité et des forces vives. Nous avons travaillé sur le Sdrif-e avec ce risque en tête. Celui d’un modèle à la fois démographique, économique, social qui se gripperait, avec un risque d’aggravation des fractures. » Alexandre Labasse : « Vieillissement de la population et mutation des mobilités. » « En ce moment, nous nous intéressons notamment aux dynamiques démographiques, derrière les grandes tendances de baisse de la population parisienne et de ralentissement de la hausse de la population métropolitaine. Ces analyses nous guident dans les enjeux d’aménagement d’habitat ou de mobilité, que ce soit la hausse du nombre de seniors ou la difficulté des jeunes pour s’installer au cœur de la métropole. Ces évolutions croisent l’accélération de la mutation des mobilités post-Covid que nous analysons avec la baisse des immatriculations automobiles, qui apparaît dans quasiment l’ensemble des communes du Grand Paris, corrélée à une très forte augmentation de l’usage du vélo (x 5). En parallèle, nous étudions l’émergence d’initiatives vertueuses, de signaux faibles en matière d’immobilier temporaire de santé, comme l’académie populaire de la santé en Seine-Saint-Denis, ou de lieux culturels, avec le dessin d’une nouvelle géographie métropolitaine symbolisée par l’ouverture d’Artagon à Pantin ou du Hangar Y à Meudon. » Logement Nicolas Bauquet : « La Région est vertueuse dans sa capacité à maîtriser sa consommation d’espaces naturels. » « Sur la question du logement, nos études ont montré la prégnance de la suroccupation en Île-de-France, qui concerne 1 personne sur 5, contre 1 personne sur 10 en France. Nous avons travaillé également sur la question de la rénovation énergétique de l’habitat, démontrant que 45 % des logements aujourd’hui, en Île-de-France, sont susceptibles de sortir du marché locatif du fait des régulations récentes, entraînant un risque d’aggravation de la crise du logement. Parallè-lement, nous avons réalisé récemment une étude rétrospective sur 20 ans de construction en Île-de-France, sur ce que l’on appelle la région bâtisseuse. Elle montre que l’on est parvenu à atteindre, au cours des années passées, le rythme de construction de 70 000 logements par an et que l’Île-de-France est d’ores et déjà très vertueuse dans sa capacité à maîtriser sa consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers, pour construire du logement. Dans un contexte où la suppression de la taxe d’habitation puis de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) coupe le lien fiscal entre les nouvelles implantations, d’habitants ou d’entreprises, et donc l’acte de construire, et les ressources propres des communes. » Alexandre Labasse : « Tout le monde souhaite vivre dans une ville mixte. » Le logement est l’outil dont disposent les pouvoirs publics pour créer de la mixité, pour éviter la ségrégation, en permettant l’arrivée de nouveaux ménages, en répondant aux demandeurs de logement social et en assurant une diversité de l’offre. Cette politique doit aujourd’hui tenir compte, d’une part, des évolutions que je citais précédemment, en proposant des logements à l’intention des étudiants, des jeunes actifs, mais aussi des seniors pour qu’ils puissent rester à domicile et, d’autre part, de la révolution en cours des transports, à l’image de celle des transports en commun, avec plus de 160 gares de métro et tramway créées dans la métropole entre 2020 et 2030. » Nicolas Bauquet « J’ai pris la tête de l’Institut Paris Region le 1er juillet 2022. Contrairement à mes prédécesseurs, je ne suis pas urbaniste mais historien. J’ai mené un parcours à l’international, aux États-Unis, à Rome et Taïwan, sur le réseau diplomatique, et j’ai été trois années durant directeur des études de l’Institut Montaigne. En septembre 2021, je suis devenu conseiller à la prospective au cabinet de la présidente de la Région Île-de-France. » Alexandre Labasse « Je suis directeur général de l’Apur depuis novembre 2022 et j’ai poursuivi, jusqu’en février dernier, en parallèle, mes précédentes fonctions de directeur général du Pavillon de l’Arsenal. C’est là que j’ai notamment développé le laboratoire « Faire », premier accélérateur dédié aux architectes, designers, paysagistes, et été commissaire de plusieurs expositions, dont Conserver Adapter Transmettre ou La beauté d’une ville. Architecte DPLG, je suis également membre de l’Académie d’architecture, président de l’École nationale supérieure d’architecture de Paris Versailles, membre du conseil d’administration de l’association Bâtiment bas carbone et de la Commission du Vieux Paris. »

  • « ENGIE devient un “net zero carbon supplier” »

    Pierre-Yves Dulac, directeur régional délégué Île-de-France d’ENGIE, détaille la stratégie du groupe pour accompagner ses clients vers le zéro carbone. Quel est l’ADN d’ENGIE ? Engie est un des leaders mondiaux des services à l’énergie et connaît, depuis quelques années, une profonde mutation de sa stratégie pour devenir un « net zero carbon supplier ». Ce qui signifie que nous aidons nos clients à réduire leur empreinte carbone. Cette stratégie diffère-t-elle selon vos segments de clientèle ? Nous proposons des contrats d’énergie de plus en plus verts à notre clientèle individuelle. Mais les particuliers sont confrontés au montant parfois élevé que représentent la rénovation thermique de leur habitation, le raccordement à un réseau de chaleur, l’installation d’une pompe à chaleur ou de panneaux photovoltaïques. Avec les collectivités territoriales et les copropriétés, qui constituent la deuxième grande famille de nos clients, nous développons des projets de transition énergétique d’ampleur. Notamment grâce à des réseaux de chaleur vertueux. Un réseau de chaleur dans lequel le mix énergétique comprend pour 60 % au moins d’énergie renou­velable bénéficie d’une TVA réduite, qui passe de 20 à 5,5 %. En Île-de-France et dans le Grand Paris, l’installation de tels réseaux constitue le fer de lance de notre activité. Enfin, nous proposons aux industriels des contrats de fourniture en électricité verte, incluant des offres d’hydrogène vert. Quelle est votre présence dans le Grand Paris ? Nous opérons sur le réseau de la compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU), dont nous sommes concessionnaires depuis 99 ans et qui sera renouvelé l’an prochain, ainsi que sur « Fraîcheur de Paris », ex-Climespace, le réseau de froid de la Capitale, qui vient de nous être réattribué pour les prochaines 25 années. Nous exploitons une quarantaine de réseaux de chaleur dans le Grand Paris que nous transformons progressivement en réseaux verts, en particulier grâce à la géothermie, très adaptée en Île-de-France. La géothermie bénéficie d’une grande stabilité des prix, avec un gisement inépuisable de fluide géothermal. ENGIE est un acteur majeur de la mobilité électrique. Nous venons, par exemple, de remporter le marché d’installation des bornes de recharge sur les réseaux d’autoroutes Paris Nord, Paris Ouest et A6. Nous accompagnons par ailleurs le développement progressif de la mobilité hydrogène, qui demeure aujourd’hui limité compte tenu du prix de l’hydrogène vert et surtout du manque d’usages.

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