Dans cette grande année qui célèbre les 400 ans de Versailles, il est intéressant de revenir sur celui qui fut le pionnier dans la création d’un Grand Paris… Le Roi Soleil, annonciateur d’une encore modeste révolution alimentaire – en marche plus ou moins constante depuis le XVIIe siècle –, qui prend de plus en plus d’ampleur aujourd’hui.
Par Nicolas Kenedi
Le 6 mai 1682, Louis XIV annonce sa volonté de faire du château de Versailles le centre politique et administratif de l’État. La décision ne signifie pas qu’il se transforme brusquement en monarque sédentaire. Louis XIV voyage beaucoup. Indépendamment des impératifs en temps de guerre, la Cour demeure itinérante, même si son installation à Versailles limite la fréquence des déplacements vers les autres résidences royales. Fontainebleau et Saint-Germain-en-Laye comptent parmi les plus prisées. Ces trois demeures sont aujourd’hui des terres du Grand Paris !
Un peu d’histoire…
Le cérémonial du Grand Couvert pose implicitement la question des goûts culinaires du roi et l’entrée de ces derniers dans le monde moderne. Plusieurs témoignages confirment qu’il raffolait des petits pois, introduits à la Cour en 1660. De fait, la révolution gastronomique à l’œuvre dans la France du milieu du XVIIe siècle passe par les légumes dont il importe de retrouver la véritable saveur. En 1670, Louis XIV nomme Jean-Baptiste de La Quintinie à la tête des jardins fruitiers et des potagers de toutes les résidences royales. Aménagé entre 1678 et 1683, le Potager du roi, à Versailles, a coûté un million de livres et nécessité le concours de plusieurs milliers d’hommes. Il est vrai qu’il compte seize carrés de légumes et vingt-neuf jardins clos, parmi lesquels onze vergers, une figuerie, une melonnière, une prunelaie, etc. Pour satisfaire le goût – et l’appétit gargantuesque – du roi, La Quintinie produit fruits et légumes hors saison – ce qui relève alors de la gageure. Ainsi, la table royale est-elle approvisionnée en fraises dès le tout début du printemps, en petits pois en avril, en figues en juin, en asperges en décembre… et même en ananas, à partir de 1734, à la demande de Louis XV. La révolution était lancée qui est aujourd’hui plus que jamais au cœur des préoccupations des citoyens du Grand Paris…
Les « ventres de Paris » à l’heure contemporaine
Le Ventre de Paris est un roman d’Émile Zola, publié en 1873. Il se déroule essentiellement dans le quartier des Halles de Paris, qui était alors le principal marché alimentaire de la ville. Il décrit la vie des commerçants, des ouvriers et des vagabonds qui peuplaient ce quartier animé. Ainsi, depuis cette époque jusqu’à nos jours, l’organisation de la distribution alimentaire a évolué avec la création du marché de Rungis, qui est devenu un acteur majeur dans la chaîne d’approvisionnement de la région parisienne. Inauguré en 1969, il remplaçait ainsi les anciennes Halles de Paris devenues trop exiguës pour répondre aux besoins croissants de la Capitale.
Depuis lors, le marché de Rungis joue un rôle essentiel dans l’approvisionnement en produits alimentaires frais pour la région parisienne et au-delà. Il procure aujourd’hui aux restaurateurs de France et de Navarre ce que les jardins de Versailles offraient au château…
Le terme « ventre du Grand Paris » n’a plus une signification précise dans le contexte actuel. Cependant, si nous faisons référence à l’approvisionnement alimentaire dans le Grand Paris en 2023, il est important de noter que la région parisienne dispose d’un réseau diversifié de marchés, de supermarchés, de producteurs locaux et d’autres acteurs qui contribuent à la chaîne d’approvisionnement.
En ce qui concerne l’éthique alimentaire, il existe une prise de conscience croissante de l’importance de faire des choix respectueux de l’environnement, de la santé et du bien-être animal. Les consommateurs sont de plus en plus intéressés par l’origine des aliments, leur mode de production, les pratiques agricoles durables et équitables ainsi que les considérations liées à la santé et à la nutrition.
De nombreuses initiatives sont en cours pour promouvoir une alimentation plus éthique et durable dans la région parisienne. Cela inclut notamment le développement de circuits courts, où les aliments sont directement achetés aux producteurs locaux, réduisant ainsi les distances parcourues et soutenant les agriculteurs locaux. De plus, les initiatives de sensibilisation et d’éducation se multiplient pour encourager, dans ce domaine, des choix responsables.
En résumé, le ventre du Grand Paris, en 2023, est un écosystème alimentaire diversifié, avec une prise de conscience croissante de l’éthique, favorisant des choix plus durables, locaux et responsables.
Des producteurs éthiques
Trois exemples de producteurs alimentaires locaux qui méritent d’être (re)connus…
Les Fermes de Gally : coopérative agricole qui propose des produits issus de l'agriculture biologique et de proximité. Il existe plusieurs fermes dans la région où les visiteurs peuvent acheter des fruits, des légumes et des produits laitiers.
Les Jardins de Cocagne : réseau de jardins maraîchers en agriculture biologique qui emploie des personnes en difficulté sociale. On y trouve des légumes de saison et leurs paniers sont vendus dans plusieurs points de distribution de la région.
Les Vergers de la Silve : ferme maraîchère située en Seine-et-Marne qui produit des fruits et légumes bio, et organise des ventes directes sur place. Leurs produits sont cultivés dans le respect de l'environnement et des saisons.
Comments