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  • QUEL AVENIR POUR LE BUREAU ET LE LOGEMENT POST-COVID ?

    LES CONFINEMENTS SUCCESSIFS ET LE TÉLÉTRAVAIL ONT BOUSCULÉ LES CODES DU BUREAU TRADITIONNEL COMME CEUX DE L’HABITAT. TOUCHÉES MAIS PAS COULÉES, CES DEUX CLASSES D’ACTIFS ÉVOLUENT À MARCHE FORCÉE. TOUR D’HORIZON DES GRANDES TENDANCES POST-CORONAVIRUS QUI SE DESSINENT DANS LE GRAND PARIS. PROPOS RECUEILLIS PAR AURÉLIEN JOUHANNEAU Qui aurait parié que 2020 – année où a surgi la Covid-19 avec son lot de confinements – bouscule autant les mœurs en matière de consommation d’immobilier de bureau ? « Le corona­virus a été accélérateur de tendances, à commencer par la massification du télétravail, une pratique qui, avant, suscitait de fortes oppositions en France », souligne Virginie Houzé, directrice du département études et recherche de JLL France. Selon une récente étude publiée par le conseil en immobilier professionnel, 48 % des salariés interrogés souhaitent adopter le travail hydride et être présents 2 à 3 jours par semaine au bureau. « Nous relevons un consensus autour de 2 jours de télétravail par semaine, poursuit Virginie Houzé. En contrepartie, les salariés aspirent à venir au bureau pour retrouver du lien social et produire dans des lieux plus humains qui préservent leur bien-être et leur santé. » De facto, les usages évoluent à vitesse grand V… « Le flex office tend à se généra­liser quand les espaces plus confidentiels et salles de réunions sont très demandés », indique Bertrand Gaboriau, directeur du pôle Grands Projets chez CBRE France. « Sans oublier les fortes demandes d’espaces extérieurs végétalisés et une offre de restauration plus saine, en écho au développement durable. » À ce titre, des projets de bureaux post-Covid intègrent ces nouvelles composantes. Citons, entre autres, Home à Villejuif, Symbiose à Bagneux, Stories à Saint-Ouen, Odyssey à La Défense ou Black à Clichy-la-Garenne. Le projet Home à Villejuif, un lieu dédié à “la performance collective”. « LES QUARTIERS CENTRAUX (...) SONT LES VRAIS GAGNANTS POST-CRISE SANITAIRE. » BERTRAND GABORIAU (CBRE FRANCE) Moins de mètres carrés et centralité Face à ces (r)évolutions héritées de la crise sanitaire, deux tendances de fond s’installent durablement dans le paysage du bureau. D’abord, les entreprises pren­nent à bail moins de mètres carrés, pour « mieux » de mètres carrés. « Le panier moyen des grandes trans­actions s’est réduit en 2021 », selon Virginie Houzé. Même son de cloche chez son confrère Bertrand Gaboriau : « Pour louer un actif de 25 000 m2 en dehors de Paris intra-muros, il peut s’écouler entre 18 et 24 mois. Globalement, les réductions de surfaces de bureaux observées sont de l’ordre de 15 à 25 %. » En contrepartie, les états-majors des sociétés sont prêts à louer des immeubles plus chers – car offrant des services dernière génération. Dans le quartier central des affaires (QCA) parisien, le loyer « prime » se fixe à 960 e/m2/an, contre 550 e/m2/an pour des bureaux neufs à La Défense. Ensuite, la Covid-19 a remis sur le devant de la scène le désir de centralité. « Les quartiers centraux, à l’instar de Paris QCA, sont les vrais gagnants post-crise sanitaire », estime Bertrand Gaboriau. Un phénomène en partie dû à l’« éparpillement des lieux de résidence des collaborateurs », note la directrice du département études et recherche de JLL France. À titre d’exemple, EY a fait le choix de ne pas renouveler son bail dans la tour First à La Défense pour mieux revenir dans le centre de la Capitale. Par ricochet, les marchés locatifs des première et deuxième couronnes parisien­nes pourraient souffrir. À moins que le futur déménagement de GRDF du 9e arrondissement de Paris pour la Plaine Saint-Denis redonne du baume au cœur aux investisseurs. « Cet immeuble de 25 000 mètres carrés a séduit l’énergéticien pour son empreinte bas carbone », explique le directeur du pôle Grands Projets chez CBRE France. « APRÈS LA CRISE, L’HABITAT REPREND UNE PLACE CENTRALE DANS LA VIE DES FRANCILIENS, QUI ASPIRENT À DAVANTAGE DE CONFORT, DE NATURE ET PLUS D’ESPACES INTÉRIEURS ET EXTÉRIEURS. » VIRGINIE HOUZÉ, DIRECTRICE DU DÉPARTEMENT ÉTUDES ET RECHERCHE DE JLL FRANCE Environnement, sécurité et qualité de vie Et le logement dans tout ça ? Quelles tendances se dessinent pour cette classe d’actif post-Covid ? « Tout comme pour le bureau, la pandémie a accentué des phénomènes déjà observés dans le résidentiel », constate Virginie Houzé. En 2019, dans son étude « Habiter le Grand Paris en 2030 », JLL rapportait que les attentes et les insatisfactions les plus fortes des Franciliens concernaient la qualité de l’environnement, la sécurité et la qualité de vie avant l’immobilier. « Les confinements successifs n’ont fait que renforcer ces perceptions », poursuit la directrice du département études et recherche de JLL France. De plus, le télétravail a mis l’accent sur les nuisances sonores et le manque de lumière naturelle dans les logements. « Après la crise, l’habitat reprend une place centrale dans la vie des Franciliens, qui aspirent à davantage de confort, de nature et plus d’espaces inté­rieurs et extérieurs. » Une tendance qui a entraîné une forte demande en première et deuxième couronnes parisiennes. En 2021, les prix ont grimpé de 5 % dans les départements de Seine-et-Marne, de l’Essonne et du Val-d’Oise ; quant à Paris, le prix au mètre carré a fléchi de 1,6 %. « Il faut le souligner : c’est une inversion entre le début et l’après crise sanitaire », reconnaît Virginie Houzé. Densification La Covid-19 a aussi révélé des défis de développement durable – avec, en premier lieu, la lutte contre l’artificialisation des sols. « Sur ce sujet, on relève une prise de conscience profonde de la part des professionnels de l’immobilier », remarque Virginie Houzé. Mais, dans une métropole qui compte 8 700 hab/km2, allier enjeux climatiques et production de logements peut être synonyme d’une densification encore plus accrue… « Dans cet environnement urbain très contraint, il faudra trouver un juste équili­bre entre les aspirations des habitants et les décisions prises par les collectivités locales. » À moins que l’hybridation des modes de travail altère la forte pression de la demande pour se loger dans le Grand Paris. « Le télétravail contrebalance le schéma hérité du XIXe siècle, celui où il fallait vivre à côté de son lieu de travail. Néanmoins, cette pratique a ses limi­tes : toutes les catégories sociaux-professionnelles ne peuvent prétendre à travailler de chez elles et déménager à une ou deux heures en TGV de Paris », conclut Virginie Houzé. Le projet Black à Clichy-la-Garenne par AXA IM Alts et Redman.

  • RECHERCHE : L’ÎLE-DE-FRANCE AMÉLIORE SA LISIBILITÉ À L’INTERNATIONAL

    SI L’ÎLE-DE-FRANCE EST DEPUIS LONGTEMPS L’UNE DES RÉGIONS EUROPÉENNES LES PLUS ATTRACTIVES EN MATIÈRE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT, ELLE A, CES DERNIÈRES ANNÉES, RATIONALISÉ SON ORGANISATION, LA RENDANT AINSI PLUS LISIBLE À L’INTERNATIONAL. PAR CATHERINE BERNARD La Région représente 18 % de la population française, 31 % du PIB de l’Hexagone mais environ 40 % de la recherche française, qu’il s’agisse du nombre de chercheurs ou des dépenses de R&D : l’Île-de-France est sans conteste le creuset hexagonal de l’innovation. En 2021, plus de 63 % des demandes de brevet françaises adressées à l’Office européen des brevets (OEB) avaient ainsi pour origine la Région Capitale ! Elle était aussi, en 2018, deuxième déposante auprès de l’OEB derrière la Bavière (Allemagne). Et, selon l’Insee, elle reste l’une des cinq régions européennes à consacrer plus de 3 % de son PIB à la R&D. Les investisseurs étrangers ne s’y trom­pent pas : en 2021, 12 % des investissements internationaux dans la Région concernaient la recherche et le développement, soit 50 projets réalisés, et le nombre d’emplois associés - 1 367 - a progressé de 72 %, selon Choose Paris Region. L’automobile, premier investisseur en R&D Mais quels sont les pôles et secteurs principaux de cette recherche ? La recherche est, tout d’abord, et en particulier, le fait d’acteurs privés. La R&D publique représente ainsi 30 % des investissements, le reste venant donc des entreprises. Pour l’Hexagone dans son entier, la proportion est de 35-65. Sectoriellement, cinq branches sont parti­culière­ment intensives en R&D. Il s’agit de l’industrie automobile qui, indique l’Insee, pèse à elle seule 18 % du total des dépenses. L’industrie pharmaceutique arrive en deuxième position (environ 11 % de ces dépenses), suivie par les activités informa­tiques et de services d’information (10 %), les activités spécialisées, scientifiques et techniques (7,5 %) et la construction aéronautique et spatiale (6,8 %). Une recherche concentrée à l’ouest et au sud L’analyse géographique permet de dessiner quel­ques pôles d’intérêt particuliers, « distincts selon qu’il s’agit de la recherche publique ou de la recherche privée », remarque Odile Soulard, économiste et urbaniste à l’Institut Paris Region. Ainsi, les grandes entreprises préfèrent l’ouest parisien : les Hauts-de-Seine et les Yvelines concentrent à eux seuls la moitié des dépenses de R&D privées, comme celles de PSA ou de Dassault Systèmes. La communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, avec le technocentre de Renault à Guyancourt, en constitue une illustration. « La recherche publique est, quant à elle, plus présente à Paris intra-muros et dans le campus de Paris-Saclay. Elle est également importante à l’est (Marne-la-Vallée), au sud (Évry-Courcouronnes, Villejuif), à l’ouest (Cergy-Pontoise) et dans les franges nord de la Capitale avec le campus Condor­cet en pleine construction », poursuit l’experte de l’Institut Paris Region. Saclay, dans l’Essonne, est, justement, un lieu où les deux mondes se rejoignent de plus en plus. Selon l’Établissement public d’aménagement, le campus regroupe désormais environ 15 % de la recherche publique mais aussi 15 % de la R&D privée en France. Énergie, santé, mobilité, défen­se, cybersécurité et alimentation sont ses six plus importants domaines de compétence. Longtemps, le lieu a été prisé par la recherche académique. Le CEA et l’École polytechnique sont ainsi présents depuis plusieurs décennies. Mais ils ont été rejoints, entre autres, par l’école des Mines ParisTech, CentraleSupélec, AgroParisTech, l’École normale supérieure de Paris-Saclay (ex-Cachan)… Un grand effort de concentration et de lisibilité a par ailleurs été réalisé : ainsi, l’Université Paris-Saclay – qui représente à elle seule 13 % de la recherche publique française ! – regroupe dorénavant quatre grandes écoles (CentraleSupélec, AgroParisTech, École normale supérieure Paris-Saclay, Institut d’Optique Graduate School) mais aussi l’IHES (Institut des hautes études scientifiques) et des laboratoires partagés avec le CEA, le CNRS, l’IRA, l’INRIA, l’INSERM et l’ONERA. Parallèlement, l’Insti­tut polytechnique regroupe l’École polytechni­que, l’ENSTA Paris, l’ENSAE Paris, Télécom Paris et Télécom SudParis. Parallèlement, Saclay a attiré des grands centres de R&D privés. Ici sont présents la recherche de Thales, de Danone, d’EDF, d’Horiba (entreprise japonaise de fabrication d’instruments de mesure et de matériel optique) et, bientôt, de Servier, LVMH, TotalEnergies et, peut-être, Intel. Sans compter les multiples jeunes pousses implantées sur le plateau. En effet, « l’accent a été mis sur la création de structures d’accueil et de transfert comme les incubateurs », note Odile Soulard. Sense-City, mini-ville intégrée au campus de la Cité Descartes à Champs-sur-Marne. À l’est, la ville durable est reine Cet effort de structuration et de lisibilité est égale­ment flagrant à la Cité Descartes, dans l’est parisien. Ici, l’université Gustave Eiffel a fédéré l’ex-université de Paris Est Marne-la-Vallée, mais aussi le prestigieux IFSTTAR (Institut français des sciences et technologies des transports, de l’amé­nagement et des réseaux) et plusieurs gran­des écoles (l’ESIEE Paris, l’ENSG géomatique, l’École des ingénieurs de la ville de Paris et l’École d’architecture de la ville et des territoires de Paris Est). La Cité compte également des laboratoires publics importants, tels que le CSTB (centre scientifique et technique du bâtiment), le FCBA (centre technique industriel chargé des secteurs de la forêt, du bois-construction et de l’ameublement) et Efficacity, institut de la transition énergétique de la ville. Sans oublier les 545 entreprises - et leurs 7 300 salariés - dont certaines sont accueillies à Maison de l’entreprise innovante, qui héberge, notamment, un incubateur et un fablab. Ici se concentre environ un quart de la recherche française sur le sujet. À proximité de la sortie de la gare du RER A (qui sera bientôt rejointe par la ligne 15 du Grand Paris Express), se trouve du reste l’un des équipements les plus emblématiques du Grand Paris : Sense-City. Il s’agit d’une immense chambre cli­matique, capable de simuler une large variété de climats et destinée à tester les matériaux, les équipements et les infrastructures de la cité du futur. Et donc d’aider à concevoir les matériaux les plus à même de prévenir le changement clima­tique et de s’y adapter. Au sud, le Genopole change d’échelle Un autre grand lieu de la R&D francilien est en plein changement d’échelle : il s’agit de Genopo­le, à Évry-Courcouronnes (Essonne). Créé en 1998, le biocluster regroupe 77 entreprises, 18 laboratoires académiques et 25 plateformes technologiques. Spécialisé à l’origine dans la médecine génomique, il accueille également un nombre croissant de start-up actives dans les biotechnologies de l’environnement. Au total, plus de 2 350 personnes y travaillent directement. L’ambition de Genopole est, désormais, de ne plus se cantonner à la recherche pour se lancer dans la bioproduction. Autrement dit, dans la production à grande échelle de médicaments, d’aliments et d’autres innovations mises au point sur place. Pour y parvenir, le cluster se prépare à de gros investis­sements et revoit sa gouvernance : d’ores et déjà, Stéphane Beaudet, maire d’Évry-Courcouronnes, est président tant du GIP Genopole – qui gère les activités de Genopole – que de la SEM Genopole, la société d’économie mixte qui s’occupe de l’immobilier dédié. Cela doit permettre de mieux harmoniser les stratégies et d’investir en temps et en heure dans un immobilier d’entreprise adapté aux besoins des entreprises du Genopole. Devrait ainsi voir le jour une biofonderie : cette mini-usine permettrait de tester la conception de molécules avant de lancer la production à plus grande échelle. Pour ce faire, une augmentation de capital de 8,394 millions d’euros de la SEM Genopole est en cours afin de porter son capital à 27,445 millions d’ici à 2025. Elle a été souscrite par les principaux actionnaires (le Conseil régional, Grand Paris Sud, la Caisse des Dépôts et le Département) ainsi que par le GIP Genopole, qui rentre ainsi au capital de la SEM. Quelques chiffres... 128 000 C’est le nombre approximatif de chercheurs, publics et privés, que compte l’Île-de-France. 21 milliards d’euros C’est le montant approximatif des dépenses de R&D dans la Région Capitale. 3e rang En 2016, l’Île-de-France arrivait au 3e rang mondial en termes de publications scientifiques selon Elsevier. « L’enjeu réside désormais dans une meilleure intégration des sciences humaines et sociales dans la recherche dite “dure” » « L’Île-de-France présente un écosystème très complet en matière de R&D. C’est une force, mais aussi une complexité supplémentaire, car il peut être difficile de mettre en exergue un domaine plus qu’un autre ou de mettre en musique tous ces éléments. Cependant, on peut noter, ces dernières années, une volonté d’articulation très forte des équipes universitaires, notamment pour améliorer leur visibilité au niveau international. Un autre enjeu est celui de la pluridisciplinarité : la recherche n’est pas que technologique et il s’agit de mieux intégrer les sciences humaines et sociales aux technologies. Enfin, l’attrac­tivité internationale de la Région en matière de R&D dépend des conditions d’accueil très concrètes qu’elle peut proposer aux doctorants et chercheurs étrangers. De grands efforts ont été faits qu’il convient de poursuivre. » ODILE SOULARD, ÉCONOMISTE ET URBANISTE À L’INSTITUT PARIS REGION.

  • ON N'A PLUS L'AIR D'UN PLOUC NULLE PART : JEAN VIARD

    ALORS QUE LA STANDARDISATION DE LA SOCIÉTÉ A RÉDUIT L’ÉCART CULTUREL ENTRE PARIS ET LA PROVINCE, ET QUE LE NUMÉRIQUE MAINTIENT LE LIEN ENTRE LES GENS OÙ QU’ILS SOIENT, QUITTER PARIS POUR S’INSTALLER DANS UNE MÉTROPOLE RÉGIONALE EST DE PLUS EN PLUS SÉDUISANT. SI L’ÎLE-DE-FRANCE TIRE NÉANMOINS SON ÉPINGLE DU JEU ET DEVIENT « LE NEW YORK DE L’EUROPE », SELON LE SOCIOLOGUE JEAN VIARD, LA RÉGION CAPITALE DOIT RÉINTERROGER SON MODÈLE POUR RÉSOUDRE SES PROBLÈMES INTRINSÈQUES. PROPOS RECUEILLIS PAR FABIENNE PROUX « L’IDÉE QU’UN MAIRE DE PARIS SOIT LE MAIRE DE CE TOUT PETIT CENTRE DE 2 MILLIONS D’HABITANTS DANS UNE CONURBATION DE 11 MILLIONS D’HABITANTS, AVEC EN PLUS UNE POPULATION BCBG ET ÂGÉE, EST TOTALEMENT ABSURDE. » Quelles sont les conséquences de la pandémie sur les relations Paris/province ? La pandémie a en effet changé un certain nombre de choses. Une partie de la population a compris qu’avoir un pied à Paris est indispensable, mais y habiter n’est pas utile. Nous allons vers un modèle de villes plus secondaires. Au début de la pandémie, environ le quart des Parisiens ont quitté la Capitale. Si une partie est revenue, une autre passe désormais davantage de temps dans sa résidence secondaire grâce au télétravail. Mais ce phénomène qui existait déjà s’est accentué puisque Paris perdait 3 000 enfants à chaque rentrée scolaire avant la pandémie et en a perdu 6 000 en septembre 2021. Si les jeunes ménages quittent Paris lorsqu’ils ont leur premier enfant, c’est parce qu’ils savent qu’ils vivront de la même manière à Nantes, Bordeaux, Marseille ou Nice. On n’a plus l’air d’un plouc nulle part. Cela me semble le phénomène le plus intéressant, d’autant plus qu’il progresse. Pour quelles raisons ? Les Français dans leur vision territoriale jacobine, hiérarchique, arrogante ont du mal à voir que les grandes métropoles sont devenues des hubs sur la toile. En 15 ans, depuis la création de Twitter, on a créé une deuxième peau du monde, celle des contacts, des échanges, du lien, sur laquelle on circule à l’échelle planétaire. La pandémie a accéléré cette tension de la toile, c’est là que la jeunesse consomme de la culture. Que devient une métropole ? Le lieu où la toile croise les lieux de pouvoir : l’université, le politique, le financier et les entreprises. Il y a sur la planète 200 hubs où la toile est accrochée, à l’image d’une tente suspendue par des poteaux. C’est cela qui restructure les liens avec les territoires. Est-ce le cas de la métropole parisienne ? Je parlerais plutôt de métropole francilienne dont la particularité est d’être la première conurbation mondiale en matière scientifique qui monte en puissance en Europe. L’Île-de-France devient le New York de l’Europe avec le même ordre de fonctions, auxquelles il faut ajouter toutefois le poids politique de l’Etat centralisé. Même s’il l’est de moins en moins, beaucoup de hauts fonctionnaires continuent d’habiter à Paris. Ce problème français de reproduction des élites sociales de manière endogamique pose un problème démocratique absolument majeur. Donc, coexistent à la fois la vieille capitale française qui s’est enkystée de fonctions fonctionnaires y compris avec la décentralisation et la grande métropole de l’Europe scientifique, artistique, touristique qui monte. La plupart des pays ont deux capitales,une politique et une économique. Est-ce une faiblesse de la France d’avoir une seule capitale qui concentre tous les pouvoirs ? Probablement, mais il me semble que la faiblesse de la France est d’avoir une capitale qui n’est pas un port, car le commerce est maritime. Les pays puissants du monde ont des capitales portuaires. Paris tente désespérément de se rattacher à Rouen et de faire un canal qui rejoint les ports du Nord. Nous avons bien Marseille, mais son port a été tellement brimé par l’État central qu’il n’a pas pris sa pleine puissance. Toutefois, Marseille reprend de l’envergure notamment depuis qu’Emmanuel Macron a lancé Marseille en grand. La ville est agréable, festive, au bord de la Méditerranée et pas normatée par les élites parisiennes. Marseille en grand est pour moi un laboratoire de Paris en grand. Comment cela ? Avec Marseille en grand, le président de la République a très habilement créé le laboratoire de la transformation d’une mégapole où régnait un grand bazar et il s’est trouvé face à deux élus locaux affaiblis. Aucun des deux n’étant vraiment légitime, l’État a pu reprendre la main. La logique serait qu’il s’attaque à Paris en grand pour les mêmes raisons : les deux principales élues locales sont affaiblies depuis leur échec à l’élection présidentielle, un ensemble de 11 millions d’habitants dans une crise foncière épouvantable avec des mairies de riches et de pauvres, une absurdité d’aménagement du territoire avec des endroits vides où on ne construit pas et d’autres où on empile les gens. Si Emmanuel Macron avait une vision stratégique du Grand Paris, c’est maintenant qu’il doit le faire. Quelle est votre vision d’un Paris en grand ? Comme à Londres, nous aurions dû fusionner depuis longtemps Paris et l’Île-de-France. L’idée qu’un maire de Paris soit le maire de ce tout petit centre de 2 millions d’habitants dans une conurbation de 11 millions d’habitants, avec en plus une population BCBG et âgée, est totalement absurde. L’élément central est de supprimer la mairie de Paris qui ne sert à rien et donner du pouvoir municipal complet aux mairies d’arrondissement. Il ne s’agit pas non plus de tout casser, mais de garder le maillage territorial actuel avec des entités de 600 000 à 800 000 habitants. Il faut faire monter le pouvoir au niveau des intercommunalités et la gestion du foncier au niveau de la métropole régionale de façon à ce qu’il y ait une politique foncière métropolitaine, car le cœur de la crise sociale française se trouve autour de Paris et de Marseille, parce qu’on ne maîtrise pas le foncier. Pourquoi liez-vous maîtrise foncière et crise sociale ? Parce que cela permet une politique du logement et une stratégie résidentielle qui soit habitable. Il n’y a pas de pouvoir foncier rationnel sur l’ensemble de l’Île-de-France et, du coup, on le grignote par petits bouts. À l’intérieur de l’Île-de-France, il faut densifier les petites communes et peut-être en créer de nouvelles, car quand un grand ensemble pose problème, il faut lui rajouter les pouvoirs d’une commune. En densifiant, on peut développer les transports publics par l’apport d’une nouvelle population. Le Grand Paris Express imaginé par Nicolas Sarkozy sera l’outil technique de la construction de cette métropole régionale.

  • CONSTRUCTION DE LOGEMENTS NEUFS ET TRANSITION ÉCOLOGIQUE : EST-CE CONTRADICTOIRE ?

    ALORS QUE LA CRISE SANITAIRE A MONTRÉ L’IMPORTANCE DE DISPOSER D’UN LOGEMENT DÉCENT ET, RAPPELONS-LE, QUE LA LOI RELATIVE AU GRAND PARIS DE 2010 FIXE UN OBJECTIF DE CRÉATION DE 70 000 LOGEMENTS SUPPLÉMENTAIRES PAR AN, LES ACTEURS DE LA FILIÈRE DE LA CONSTRUCTION SUBISSENT DES REFUS DE PERMIS FRÉQUENTS AU TITRE DE LA SOBRIÉTÉ CLIMATIQUE. PAR PHILIPPE ROCHEREAU, FONDATEUR DE LIMMEDIA, LE MÉDIA DES PROFESSIONNELS DE L’IMMOBILIER D’INVESTISSEMENT, ET PRÉSIDENT D’HONNEUR DE L’AFIL, L’ASSOCIATION FRANÇAISE DE L’IMMOBILIER LOCATIF La production de logements neufs peut-elle s’ins­­crire dans une relation juste, intelligente et équi­librée avec la nature ? Rappelons quelques chiffres : 30 % des GES de la France proviennent du logement (construction, utilisation du logement, transport domicile-travail). Les logements neufs représentent 20 % de ce bilan. La phase de construction et la période d’utilisation d’un bâtiment pèsent le même poids dans la facture finale. Quels sont donc les leviers à disposition des professionnels du bâtiment pour rendre le bâtiment plus frugal ? Le premier est la réduction de la consommation énergétique et de matériaux. Parmi eux, les matériaux biosourcés, c’est-à-dire d’origine organique et renouvelable, sont très appréciés pour leur performance thermique. Aujourd’hui, ces matériaux sont utilisés pour la structure (le bois principalement), la peinture (aux algues par exemple), les isolants (à base de vêtements recyclés) et les bétons nouvelle génération. Le second pilier repose sur l’économie circulaire. Le principe ? Réutiliser des matériaux. Autre volet, l’utilisation des énergies renouvelables comme la géothermie, la biomasse et les pompes à chaleur pour la partie climatique, le solaire et le photovoltaïque pour la partie électrique ou encore la récupération des eaux. Compenser le carbone émis par le bâtiment Enfin, comme le niveau de connaissance ne permet pas de construire un bâtiment neutre en carbone, les acteurs de la filière ont recours aux puits de carbone. Ce sont des réservoirs absorbant le CO2. Il s’agit de planter des arbres, des cultures d’algues marines ou de mener d’autres actions qui permettent de stocker du CO2 plus longtemps que l’atmosphère et de ce fait compenser le carbone émis par le bâtiment. Ainsi, meilleure utilisation et choix des matériaux, nouvelles techniques et technologies peuvent décarboner un bâtiment jusqu’à 30 %. Les techniques de demain, les innovations et la mise en commun des compétences et savoir-faire permettront d’augmenter ce pourcentage. Cependant, la difficulté principale qui apparaît au­jour­d’hui pour rendre les bâtiments verts sont les plans locaux d’urbanisme avec la limitation de la verticalité des structures. Enfin, avec un besoin vital de se loger qui est évalué aujourd’hui à la construction de 500 000 logements par an, il est donc nécessaire de sortir des postures et d’œuvrer pour plus et mieux de logements.

  • DE QUOI LE GRAND PARIS A-T-IL BESOIN ?

    PASCAL BONNEFILLE, DIRECTEUR D’IMMOWEEK « QU’AURAIT PU CONSTRUIRE LE PRÉFET HAUSSMANN SANS LE SOUTIEN DE NAPOLÉON III ? » DE QUOI LE GRAND PARIS A-T-IL BESOIN ? Tous ceux qui, comme le signataire de ces lignes, ont eu la chance d’écouter le président Nicolas Sarkozy aux Pierres d’Or 2018 se souviennent de son discours enthousiasmant à propos du Grand Paris. Pourquoi avions-nous alors décidé de rendre un très grand « coup de chapeau » à l’ancien président de la République ? Car, sans lui, disons-le tout net, ce projet se serait perdu, englué entre les commissions X et autres comités Z. Car, en France, qu’on le déplore ou qu’on s’en réjouisse, des projets de cette envergure doivent être portés au sommet de l’État. Pour s’en souvenir, posons-nous une question très simple : qu’aurait pu construire le préfet Haussmann sans le soutien de Napoléon III ? L’immense mérite de Nicolas Sarkozy aura été, à cet égard, de penser bien au-delà de son quinquennat. En affectant des recettes propres à la Société du Grand Paris, il évitait les rabotages, voire les coupes franches, qui signifient parfois l’abandon des projets les plus ambitieux ou leur report aux calendes… grecques. « D’abord de liberté » Dans cette construction aujourd’hui en cours, il est donc bien normal de remercier son initiateur. Mais on se permettra un regret : que l’actuel président de la République, si anticipateur ailleurs, ne se soit pas emparé de la question « Grand Paris ». Cette absence (ou disons cette abstention d’intervention) ne remet certes pas en cause les grandes lignes du projet. Cependant, notamment en matière de gouvernance et donc de prise de décision, on n’a pas entendu la parole du chef de l’État. On n’ignore pas qu’il a été accaparé par quelques autres sujets - c’est une litote - à traiter. Mais on osera souhaiter qu’un jour le président de la République prononce quelques paroles fortes sur le sujet. Dans son discours précédemment cité, le président Sarkozy affirmait : « De quoi le Grand Paris a-t-il besoin ? D’abord de liberté. » Qui doit aussi, très utilement, s’accompagner d’une volonté politi­que forte.

  • L’ABÉCÉDAIRE DES MÉTIERS DE LA FABRIQUE DE LA VILLE

    ACTEURS DU GRAND PARIS VOUS PROPOSE UN ABÉCÉDAIRE NON EXHAUSTIF POUR MIEUX COMPRENDRE LES DIFFÉRENTS MÉTIERS LIÉS À L’INDUSTRIE IMMOBILIÈRE ET DE LA FABRIQUE DE LA VILLE. Administrateur de biens Mandaté par des sociétés foncières, des compagnies d’assurances ou des particuliers, son rôle consiste à gérer des biens locatifs – bureaux, logements, commerces – au quotidien. Son mandat de gestion se limite à une durée d’un an, renouvelable par entente tacite. L’administrateur de biens prévoit la surveillance de l’état général du bien, sa location ou encore la réalisation et le suivi de travaux de rénovation. Bon connaisseur du droit immobilier, il peut également assurer la gestion des syndicats de copropriétaires. Agent immobilier Mettre en relation un vendeur et un acheteur ou un bailleur et un locataire, c’est la mission de l’agent immobilier qui réalise donc des transactions (achat, location, échange…) pour tout type de bien : du logement au fonds de commerce en passant par un local industriel… Son agence peut être franchisée ou indépendante. Doté d’indispensables qualités commer­ciales et humaines, il devra sa réussite égale­ment à une bonne maîtrise des règles juridiques, environnementales ou fiscales liées à l’immobilier. Aménageur Le métier d’aménageur foncier consiste à imaginer le meilleur scénario d’aménagement possible d’un terrain en vue de le céder ensuite par lots. Son rôle consiste notamment à respecter les règles d’urbanisme, mais aussi à concevoir un projet cohérent avec les enjeux de la collectivité d’implantation et répondant aux besoins de ses futurs usagers. Il se différencie généralement du promoteur immobilier par son approche moins ponctuelle et sa vision plus globale de l’insertion de chaque projet dans son territoire. Architecte Si la profession d’architecte requiert une certaine créativité, elle nécessite également une grande maîtrise des sujets techniques mais aussi une capacité à trouver le bon équilibre entre les besoins des futurs usagers, le budget du client et les contraintes des prestataires (entreprises du BTP, bureaux d’études…). Exercé en indépendant ou en agence, ce métier vise la construction d’un bâtiment mais aussi de plus en plus sa réhabilitation dans le respect des nouvelles réglementations (performance énergétique, non- artificialisation des sols…). L’architecte est présent à toutes les étapes du projet, de sa signature à sa livraison. En résumé, il coiffe la casquette de maître d’œuvre. Asset manager L’asset manager – gestionnaire d’actifs dans la langue de Molière – est chargé de l’optimisation financière d’un parc immobilier qui lui a été confié par des personnes physiques ou morales. Autrement dit : il doit assurer la gestion locative, technique et financière de ce portefeuille d’actifs immobiliers. En se basant sur l’ensemble des datas disponibles (techniques, juridiques, financières…), il conçoit et veille à la stricte tenue d’un business plan pour chaque bien de son portefeuille. L’asset manager doit également être à l’écoute des opportunités de cession ou d’investissement sur son marché. Broker Expert de l’immobilier d’entreprise, le broker sélectionne et présente à son client des actifs qui doivent correspondre à ses besoins de recherche de locaux. Il s’agit notamment d’étudier des critères comme l’emplacement, la taille, le budget ou encore l’adaptabilité. Il supervise également les phases de négocia­tion (contrat, montant…) afin d’établir la meilleure proposition commerciale possible. De quoi permettre à son donneur d’ordre d’économiser du temps, de l’argent, mais aussi des efforts. En échange de son travail de recherche et de ses conseils, le broker perçoit des honoraires lors de la signature du contrat. Conseil en immobilier d’entreprise Même une fois le contrat signé et les clés récupérées, le nouvel occupant peut continuer d’avoir besoin de conseils dans son projet immobilier. En s’appuyant sur les connaissances et l’expérience d’un conseil en immobilier entreprise, le client pourra ainsi bénéficier de services d’accompagnement en matière de déménagement, d’aménagement ou encore d’animation de ses nouveaux espaces de travail. Son objectif : proposer une ambiance de travail agréable et stimulante aux entreprises et à leurs collaborateurs. Diagnostiqueur immobilier Avant un projet d’achat ou de location, le diagnostiqueur immobilier est chargé d’examiner un bien à la loupe afin de juger de son état général. Équipé d’une caméra infrarouge, d’un capteur d’humidité ou encore d’un multimètre, il examine et teste l’ensemble des équipements (électricité, gaz…) du bien. Il s’assure également de sa conformité avec les réglementations en vigueur. Directeur immobilier Si un métier s’est révélé ô combien crucial pendant la crise sanitaire, c’est bien celui de directeur immobilier. Ce dernier a pour principales missions de gérer, d’optimiser et de valoriser le patrimoine immobilier d’une société. En lien direct avec la direction générale, il pilote les acquisitions ou cessions en fonction des besoins, contrôle le coût financier de l’immobilier, veille au respect des règles de sécurité et gère les besoins de maintenance pour les immeubles. Facility manager Le facility manager a pour objectif de proposer un cadre et une ambiance de travail de qualité aux colla­borateurs (et à la direction) d’une entreprise. Pour cela, il supervise – au quotidien – ses services généraux. Il doit donc veiller au bon fonctionnement à la fois des infrastructures physiques (chauffage, mobilier, protection incendie…) et des services internes (nettoyage, sécurité, courrier, traiteur…). Il joue également un rôle crucial en cas d’urgence pour s’assurer que la résolution de crise soit la plus rapide possible afin de ne pas trop impacter l’activité de l’entreprise. Family office Un family office a pour principale mission de gérer le patrimoine d’une ou de plusieurs familles (multi­family office). Selon l’Association française du fami­ly office (AFFO), « le family office est mandaté et rémunéré par une famille, en pratique souvent par le chef de famille ou, à son décès, par son conjoint survivant, pour assister la famille dans la gestion de ses biens de toutes natures : les avoirs financiers, l’immobilier, les collections d’art et les différents types de financement ». Foncière cotée Une foncière cotée ou une société d’investissement immobilier cotée (SIIC) détient un patrimoine immobilier pour le compte de tiers. Depuis 2003, ce type de société dispose de son propre régime fiscal en France. Son objectif : détenir des actifs, les louer, les valoriser ou les céder en fonction du cycle de marché. En France, certaines foncières cotées sont exposées à plusieurs classes d’actifs ou demeurent mono- produit. En outre, une foncière cotée reste dans l’obligation de reverser des dividendes à ses actionnaires chaque année. À noter : une foncière peut être également privée et non cotée à la Bourse. Investisseur immobilier Un investisseur immobilier injecte des capitaux en direct ou en indirect dans la pierre en vue d’obtenir, en contrepartie, un rendement financier. Ce dernier peut être particulier ou professionnel. Pour qu’il puisse investir dans toutes les classes d’actifs, il existe une pléiade de structures ou véhicules à destination de ce dernier : des fonds gérés par des gestionnaires d’actifs pour le compte d’investisseurs institutionnels, souverains ou privés, SCPI, OPCI, OPPCI, ou encore des foncières cotées. Juriste immobilier En fin connaisseur du droit immobilier – notamment pour les aspects fiscaux, juridiques et administratifs –, le juriste immobilier distille ses conseils aux professionnels dans le cadre de différents types de dossiers immobiliers (acquisition, cession, bail…). En outre, il se doit de maîtriser le droit de l’urbanisme, de la construction et des baux commerciaux. Il lui est demandé de se tenir informé des nouvelles lois en vigueur et de la jurisprudence publiée qui concerne le droit immobilier. Promoteur Le promoteur, en qualité de maître d’ouvrage, n’est autre que le chef d’orchestre dans la réalisation d’un projet immobilier (bureaux, logements, commerces…). De l’acquisition du foncier à la commercialisation de l’immeuble en passant par sa conception et sa livraison, il endosse le rôle de responsable du projet de A à Z. C’est à lui que revient aussi de faire la demande de permis de construire et de trouver les financements bancaires nécessaires pour faire sortir de terre un ou plusieurs édifices. En règle générale, le promoteur d’un projet immobilier est désigné par l’aménageur d’un quartier lors d’un appel d’offres public. Urbaniste Plan local d’urbanisme (PLU), qualité de vie, vie éco­nomique, architecture, environnement, simulation de projets immobiliers,… l’urbaniste apporte des solutions à la fois techniques et juridiques aux élus locaux, mais aussi auprès des promoteurs. Sa mission : accompagner l’aménagement d’un quartier – neuf ou réhabilité – en milieu urbanisé. Ce métier peut s’exercer dans la fonction publique, en libéral ou dans un bureau d’études privé. Un urbaniste peut-être égale­ment architecte et/ou paysagiste de formation.

  • LES PROJETS SONT LES SOLUTIONS ! EDITION 2021.

    CHAQUE ÉLU, PROFESSIONNEL ET EXPERT QUI S’EXPRIME DANS CE DOSSIER EST UN MEMBRE ACTIF DE L’ASSOCIATION ACTEURS DU GRAND PARIS. À EUX TOUS, ILS PARTAGENT LA MÊME CONVICTION POUR LA RELANCE ET L’AMÉLIORATION DE LA QUALITÉ DE VIE. LES PROJETS SONT LES SOLUTIONS ! Crise sanitaire : le SEDIF a su rebondir et continue d’investir André Santini, ancien ministre, président du SEDIF, maire d’Issy-les-Moulineaux, vice-président de la Métropole du Grand Paris Dès le début de la crise sanitaire, le SEDIF a su rassurer ses usagers sur la qualité de son eau, alimenter les hôpitaux et délivrer un service indispensable en adaptant son organisation. L’eau potable à domicile est un service essentiel, encore plus lorsque les populations sont confinées. Se laver les mains régulièrement a été le premier des gestes barrières et un des meilleurs remparts contre la maladie. Le Syndicat a rappelé à cette occasion la qualité de ses traitements qui ont permis d’assurer une qualité sanitaire irréprochable, avec plus de 400 000 tests effectués chaque année. Le SEDIF va poursuivre sa politique d’investissement et d’innovation pour répondre aux défis climatiques et numériques de la décennie. Nous finalisons cette année le 16e Plan sur 10 ans pour intégrer l’Osmose Inverse Basse Pression. L’OIBP est un procédé de traitement de l’eau par filtration extrêmement fine, qui permettra, à terme, d’obtenir une qualité de l’eau inédite. Cela représente un investissement conséquent mais très utile d’un peu plus de 800 millions d’euros. Préparé en cohérence avec la nouvelle concession, qui démarrera en 2024, il concrétisera le projet « Vers une eau pure, sans calcaire et sans chlore », sans perturbateurs endocriniens et toujours sans déchets plastiques. En Île-de-France, la compétence eau potable est partagée par plusieurs autorités organisatrices (Aquavesc, Sénéo - ex Syndicat des eaux de la presqu’île de Gennevilliers, SEDIF), qui puisent dans la Seine, la Marne et l’Oise. Dans un contexte de changement climatique, d’inondations plus fréquentes, de sécheresses plus longues, il est primordial de mieux se coordonner. Une approche collective pour sécuriser la ressource et partager la production est à rechercher, au-delà des moyens de sécurisation propres à chacun, et déjà d’un niveau élevé. D’où l’idée que je défends d’un « Ring de l’eau » au sein du Grand Paris. Une usine de secours délocalisée, par exemple, au bord d’un des réservoirs des Grands Lacs de Seine, constituerait une sécurité supplémentaire. D’autres métropoles étrangères l’ont déjà fait. La relance devra être à la hauteur des enjeux écologiques et de cohésion sociale de notre région Marianne Louradour, directrice régionale Île-de-France de la Banque des Territoires Il ne faut pas le nier, la crise a frappé très durement la région Île-de-France qui est plus que les autres connectée au monde entier et qui a davantage souffert que les autres de la mise sous cloche exigée par la pandémie mondiale. Mais le rebond sera à la hauteur de la dépression car les forces de rappel sont immenses en Île-de-France, portées par le premier événement international post-Covid que sont les JO 2024 et par le plus grand projet d’infrastructure européen que constitue le Grand Paris Express. Les compétences et l’énergie de l’Île-de-France sont présentes et mobilisables, et les besoins sont forts pour rendre la région plus durable et plus inclusive. Et c’est bien là que se situe toute la responsabilité du plan de relance pour qu’il réponde de manière pertinente et efficace aux enjeux de demain de l’Île-de-France : améliorer le cadre de vie des Franciliens, dynamiser la construction de logements bas carbone, rénover massivement les bâtiments anciens, faciliter les déplacements et les reporter vers des modes de déplacement décarbonés, produire et consommer localement en respectant la trajectoire climatique des accords de Paris et en préservant la biosphère. Le recyclage urbain, la revitalisation des friches industrielles, l’urbanisme transitoire et les mécanismes de compensation ouvrent des pistes intéressantes pour répondre à l’injonction paradoxale de produire plus (et notamment des logements mais des actifs mixtes répondant aux nouvelles formes hybrides de travail) sans artificialiser les sols et sans réchauffement climatique. Cet aggiornamento, créateur d’emplois et de cohésion, pourra également intégrer toutes les nouvelles possibilités du digital pour faire de l’Île-de-France une smart région innovante et exemplaire. Enfin, il ne faudra pas rater l’occasion d’intégrer complètement la grande couronne dans la dynamique francilienne et de répondre à la crise de la péri-urbanité qui a été révélée bien avant la crise Covid. La Banque des Territoires de l’Île-de-France prendra sa responsabilité dans ses enjeux en priorisant son ingénierie financière, ses financements et ses investissements sur les objets présentant le plus fort taux d’externalités positives. RATP : vers une flotte de bus 100 % responsable pour une relance résolument écologique Julien Laurent, directeur des relations institutionnelles, groupe RATP Avec le plan Bus 2025, Île-de-France Mobilités et la RATP se sont engagés dans une évolution technologique et écologique majeure : convertir l’ensemble de la flotte francilienne de bus opérée par la RATP pour IDFM en une flotte 100 % propre. Cet engagement, très ambitieux et unique en Europe, est en passe d’être tenu. Plus de 500 bus électriques et bioGNV ont été mis en service : 210 électriques, qui ont déjà parcouru 7 millions de kilomètres et transporté 50 millions de voyageurs, et 311 bus bioGNV, qui ont transporté 210 millions de voyageurs et parcouru 22,4 millions de kilomètres. Au total, ces nouveaux bus propres ont permis d’économiser l’équivalent de 45 700 tonnes de CO2. Ce programme a d’ores et déjà bénéficié de 50 millions d’euros de subventions européennes dans le cadre de son plan de relance (Connecting Europe Facility). Au cours des quatre prochaines années, la RATP intégrera jusqu’à 600 nouveaux véhicules électriques et bioGNV par an. Ainsi, en 2025, la flotte sera composée de 2 000 véhicules biogaz, 1 400 bus électriques et 1 000 hybrides. Des expérimentations sur l’hydrogène sont également en cours. L’atteinte des objectifs de Bus 2025 nécessite non seulement l’achat de matériel roulant mais aussi la conversion des 25 centres bus, situés au cœur du Grand Paris, à ces nouvelles énergies. Dans seulement quatre ans, le plan Bus 2025 permettra de diminuer de 50 % le bilan carbone de la RATP, pour une relance résolument écologique au service d’Île-de-France Mobilités et des Franciliens. Mettre les rez-de-chaussée au service de la qualité urbaine et du lien social Sylvie Borst, directrice générale de Paris & Métropole Aménagement L’implantation de commerces en rez-de-chaussée a toujours été une tâche délicate pour l’aménageur. Outre que les opérations n’offrent pas toujours la taille critique et la commercialité nécessaires, il lui est difficile de maîtriser la nature des activités dans la durée. Laisser faire le marché ne garantit pas l’adéquation entre l’offre et les besoins des populations concernées d’autant que, en frappant durement le commerce physique, la crise sanitaire laisse entrevoir des difficultés croissantes de commercialisation. Mais la crise réaffirme aussi l’importance du commerce de proximité et donne tout leur sens aux efforts déjà engagés par Paris & Métropole Aménagement, la Ville de Paris et ses partenaires pour remédier à ces limitations. C’est le cas en particulier de l’opération Saint-Vincent-de-Paul, dans le 14e arrondissement, dans une stratégie largement inspirée par l’expérience des Grands Voisins. En complément du commerce, le projet ouvre généreusement les socles des immeubles à des acteurs de l’économie sociale et solidaire ou de l’artisanat ainsi qu’à des pépinières d’entreprises, dont la présence apporte une réelle valeur ajoutée d’animation et de lien social. Outre le soutien à ces activités, l’encadrement des charges foncières témoigne de la volonté d’investissement public dans la qualité d’usage. Au-delà de cet effort, nous mettons en œuvre un dispositif spécifique pour assurer la gestion et l’animation du quartier. D’une part, tous les socles seront acquis par une entreprise publique locale, la RIVP, qui garantira dans le temps la vocation de ces rez-de-chaussée et la pérennité des loyers progressifs pour accompagner la montée en puissance des entreprises. D’autre part, cet investisseur unique et de long terme sera assisté dans la commercialisation et la gestion de cet actif par un gestionnaire spécialisé, chargé en outre d’animer l’écosystème des occupants. Enfin, ce même gestionnaire gérera et animera la vie de quartier et l’ensemble des communs – espaces et locaux partagés – dans le cadre d’une mission autofinancée facilitant la bonne appropriation du quartier par tous ses usagers. La gouvernance ainsi instituée à l’échelle du quartier modifie le statut des rez-de-chaussée en les rapprochant de la notion de bien commun, au bénéfice de la qualité urbaine et du lien social. Sortir de la crise en accompagnant les territoires dans la transition écologique Jean-Jacques Guillet, président du Sigeif, maire de Chaville La crise actuelle éprouve les agents et les finances des collectivités locales, en même temps qu’elle démontre – s’il était nécessaire – la pertinence de leur action de proximité, du quotidien. Acteurs de premier plan de la gestion de cette crise, elles le seront, aussi, de la sortie de crise. C’est la conviction forte que le Syndicat Intercommunal pour le Gaz et l’Électricité en Île-de-France partage avec ses 188 villes adhérentes (5,6 millions d’habitants). Pour les y aider, le Sigeif a adopté, fin 2020, un plan d’aide exceptionnel de 4 millions d’euros, permettant la prise en charge intégrale des travaux d’enfouissement des réseaux électriques et se traduisant par la multiplication par dix des subventions visant à améliorer la performance énergétique des bâtiments. Car nous portons cette autre conviction : la crise offre des opportunités pour accompagner les communes dans une optique de résilience et de respect de l’environnement. Elle valide, en ce sens, la politique déjà ancienne du Sigeif comme en attestent les orientations prises par les contrats de concession pour la distribution publique d’énergie (gaz et électricité) dont il a la charge ou l’accompagnement qu’il assure auprès de ses adhérents dans leur politique d’efficacité énergétique. Elle doit ensuite être un accélérateur de conscience et nous inviter à passer à la vitesse supérieure ainsi que nous le faisons en portant des projets emblématiques de production d’énergies renouvelables : fermes photovoltaïques au sol à Marcoussis (91), la plus importante d’Île-de-France, à Luzarches (95) ou en toiture, ou encore installation de méthanisation, à l’image du projet porté avec le Syctom à Gennevilliers (92). La même ambition nous porte à développer la mobilité durable en Île-de-France : 4 ans seulement après sa création, notre Sem, Sigeif Mobilités, exploite 4 stations multi-énergies propres (bio/Gnv, électrique, hydrogène) ; 3 autres sont en construction et beaucoup d’autres en projet. Un exemple par la preuve que verdir la logistique urbaine est possible. Il en va de même pour la mobilité électrique à l’intention des particuliers ou des artisans. Le réseau de bornes du Sigeif, le premier de la Région (hors Paris), se déploie déjà sur 62 villes : 700 points de charge seront opérationnels d’ici fin 2021 ! La relance passera par la transition énergétique. Le Sigeif le sait. Ses audaces d’aujourd’hui seront des évidences demain. Notre ADN : accomplir notre mission de service public en toutes circonstances et accompagner le dynamisme économique de la Région Nathalie Lemaitre, déléguée régionale RTE Île-de-France et Normandie RTE, le réseau de transport d’électricité, remplit une mission de service public : développer et maintenir l’infrastructure de transport d’électricité et assurer à chaque instant l’équilibre des flux pour alimenter les territoires. Gestionnaire d’une infrastructure d’importance vitale, nous avons, dès les premiers temps de la crise sanitaire, activé notre plan de continuité d’activité. Faire face à la crise, c’était aussi, pour RTE, soutenir l’emploi et nos fournisseurs : lors du premier confinement, 78 % de nos chantiers sur le réseau en Île-de-France ont été maintenus, nous avons accéléré le paiement de nos fournisseurs et fait aboutir nos recrutements prévus en CDI et en alternance. Avec la sortie de crise, plusieurs mots résonnent déjà – transition, relocalisation, résilience – qui font écho à nos missions. Nous nous préparons à la sortie des énergies fossiles et à l’électrification des usages, à l’accueil sur le territoire de nouvelles industries comme les datacenters ou de nouveaux moyens de production renouvelables. Soutenir la reprise économique, c’est aussi maintenir nos investissements sur le réseau, sources de contrats pour des entreprises locales tout autant qu’assurance de la qualité du service rendu. Ainsi, nous avons engagé le renouvellement, d’ici 2035, de 300 km de lignes électriques souterraines d’ancienne génération en Île-de-France, en profitant de cette opportunité pour redessiner notre réseau, l’adapter aux nouveaux besoins de consommation et minimiser son empreinte sur le territoire. Enfin, nous ne pouvons parler du Grand Paris sans évoquer les projets de mise en souterrain de lignes électriques comme ceux que nous menons à Clamart et au Plessis-Robinson ou à Saint-Denis, L’Île Saint-Denis et Villeneuve-la-Garenne d’ici 2024. En accompagnant les projets d’aménagement urbain de ces communes, dont celui du futur Village des athlètes, le réseau de transport d’électricité accompagne les enjeux, ambitions et mutations des territoires du Grand Paris. Société Générale, partenaire engagé du Grand Paris de la relance Éric Groven, directeur immobilier des Réseaux France de la Société Générale et président de Sogeprom L’accélération de la campagne de vaccination et son efficacité contre les variants aujourd’hui connus laissent entrevoir un retour de l’activité à la normale dès septembre 2021. Pour autant, les stigmates de 18 mois de pandémie produiront durablement leurs effets, le temps que les circuits économiques se remettent définitivement en place et qu’une confiance durable revienne chez tous les acteurs. Dans ce contexte, le Grand Paris exerce un rôle d’entraînement majeur dans le Plan de relance sous deux effets principaux qui battent la mesure : les infrastructures ferroviaires du Grand Paris Express et les Jeux de Paris 2024 pour lesquels des calendriers précis doivent être tenus. Leurs promoteurs mettent tout en œuvre pour combler le retard pris pendant l’arrêt des chantiers : le temps perdu ne se rattrape pas mais les échéances qui se rapprochent sont autant de stimulants pour accélérer la sortie de crise. Société Générale est un partenaire majeur du Grand Paris jouant pleinement son rôle de banque, fidèle à sa raison d’être : « Construire ensemble, avec nos clients, un avenir meilleur et durable en apportant des solutions financières responsables et innovantes. » Cet engagement se traduit pour le Grand Paris par la mise place depuis 2018 d’une enveloppe de crédits bancaires, portée à près de 6 milliards d’euros, d’ici aux Jeux de Paris 2024, à destination des acteurs publics et privés qui concourent à la réalisation du « projet du siècle » pour l’Île-de-France. La banque aide aussi ses clients à structurer leurs opérations financières et intervient en conseil stratégique urbain au travers de sa start-up LaVilleE+. La contribution de Société Générale ne s’arrête pas là puisque Sogeprom, filiale de promotion immobilière du Groupe, nourrit de grandes ambitions sur l’Île-de-France. Pour preuve, l’édification à Dugny (93) du Village des médias, destiné pendant les Jeux de Paris 2024 à accueillir journalistes et techniciens du monde entier, puis à se transformer, en phase « Héritage », en une cité-jardin exemplaire en matière environnementale et sociale. Les logements doivent s’adapter à nos vies et pas l’inverse Thierry Bièvre, président-fondateur du groupe immobilier Elithis Il est indispensable d’élargir la question de la bienveillance énergétique et environnementale à celle de la segmentation (résidentiel/bureau/commerce/fonctionnel/etc.) observée dans le secteur de la construction avec son corollaire : l’obsolescence de l’usage. Les bâtiments neufs sont dans leur grande masse généralement à destination mono-usage : une fois que la destination est déterminée, celle-ci demeure invariable et bloque la mutation fluide et peu onéreuse de l’actif vers une autre destination. Les causes sont nombreuses, normes, réglementations, règles techniques, encadrement administratif et juridique, fiscalité, le tout fonctionnant par silos experts, fermant la porte des espaces bâtis aux évolutions de ces derniers, en même temps et dans le temps. Démultiplier les espaces en fonction de leur mono-destination est un luxe que nous empruntons aux générations futures. La sobriété des bâtiments sur le plan carbone et énergie doit s’accompagner d’une réflexion plus approfondie sur la conception d’espaces multi-usages, mutables, réversibles et qui favorisent la naissance d’autres fonctionnalités, une économie plus responsable, un lien social accru généré par une interaction entre résidents, entre usagers et leur quartier. Un bâtiment aux capacités multiples, une frugalité positive sans restriction, nous pensons le bâtiment non plus comme un réceptacle ségrégant mais comme la matrice vivante et organique de la ville durable, une démarche que nous appelons chez Elithis : l’Habitat Bio. Un service « augmenté » par l’économie numérique qui modifiera en profondeur notre appréhension des fonctionnalités et, si nous prenons soin d’en faire bon usage, elle sera profitable au plus grand nombre en étant l’outil favorisant le partage et les changements. C’est ensemble, tous les acteurs de l’aménagement et de la construction, que nous pourrons créer un choc de l’offre, re-proposer le logement autrement en s’interrogeant sur le « pourquoi ? », le « pour qui ? » et le « comment ? » Le Grand Paris, un engagement pour La Poste, devenue entreprise à mission Valérie Cathely, déléguée territoriale du groupe La Poste de Paris Au service de tous, utile à chacun, La Poste, entreprise de proximité, humaine et territoriale, développe les échanges et tisse des liens essentiels en contribuant aux biens communs de la société. C’est ainsi qu’elle vient de redéfinir sa raison d’être en tant qu’entreprise à mission. Elle accompagne les transitions majeures de la société, territoriale, démographique, écologique et numérique. Ce sont des enjeux partagés avec le Grand Paris, ce qui fait de La Poste un partenaire naturel et privilégié de ce grand projet métropolitain. Grâce à sa collaboration étroite avec les pouvoirs publics, elle entend participer au maintien des équilibres, en investissant notamment dans les quartiers Politique de la Ville, et développe des solutions en matière d’inclusion numérique, de logistique urbaine, de mobilité, de services de proximité, de digitalisation des commerces, de transition énergétique et de financement. En matière de logistique urbaine, les opérateurs du Groupe (Urby, Chronopost, Colissimo, Pickup et Stuart, DPD) déploient leurs implantations et chacun se prépare à la mise en place de la ZFE par la transformation de leur flotte au tout électrique et l’investissement en cyclogistique. En matière de services, il s’agira de répondre aux nouveaux usages de ceux qui emprunteront chaque jour les nouvelles lignes du Grand Paris Express, au sein des gares et des quartiers alentour, et d’accompagner ces nouvelles mobilités. Aussi, les entreprises repensent leurs activités tertiaires et les commerces se dotent d’approches physique et digitale pour maintenir l’attractivité des centres-villes, et La Poste relève chaque jour ces défis aux côtés des pouvoirs publics. Ces sujets majeurs seront aussi couverts par la nouvelle édition d’« Inventons la Métropole du Grand Paris », à laquelle La Poste sera partie prenante. Au-delà d’un projet d’urbanisme, le Grand Paris est avant tout un projet de société et de développement territorial et c’est pourquoi La Poste, en tant qu’entreprise à mission, entend y contribuer et jouer pleinement son rôle. IDF Investissements et Territoires, une foncière au service de la relance Olivier Pagezy, directeur général, IDF Investissements et Territoires La région Île-de-France aura payé un lourd tribut à cette crise sanitaire dont nous voyons enfin le bout. Tourisme, culture, aéronautique, automobile : ses filières d’excellence n’auront pas été épargnées, mais elles sont aujourd’hui prêtes à rebondir. Si les conditions d’une reprise durable sont désormais réunies, sa vigueur sera étroitement liée à plusieurs facteurs : la mise en œuvre effective des différents plans de relance, l’accompagnement ciblé de certains secteurs en retard dans leur transition digitale et environnementale, la relocalisation d’activités industrielles et le soutien à des filières stratégiques pour l’économie francilienne. Cette reprise pourra aussi s’appuyer sur la dynamique du Grand Paris. Les grands projets n’ont pas été remis en cause et leur réalisation est une chance pour tous les acteurs économiques. On pense bien sûr au Grand Paris Express, mais il ne faut pas oublier l’importance des investissements du contrat État-Région, des grands projets d’aménagement comme Saclay ou de la réalisation des infrastructures pour les JOP 2024. En tant que nouvelle foncière parapublique, IDF Investissements et Territoires compte prendre toute sa place dans la relance de l’économie francilienne. Créée au cœur du premier confinement au printemps 2020, elle joue son rôle de foncière contracyclique en complément du marché. L’environnement économique actuel l’incite à redoubler d’efforts sur quelques priorités : la réduction des inégalités territoriales, la réindustrialisation, l’implantation de nouvelles entreprises et la reconquête de friches. La création d’une filiale tourisme d’ici la fin de l’année lui permettra d’accompagner la reprise de ce secteur essentiel. Cette nouvelle foncière compte se rapprocher encore plus des grands opérateurs régionaux comme Grand Paris Aménagement, l’EPFIF, Choose Paris Region ou les SEM locales. Dans le contexte actuel, sa stratégie de co-investissement et de partenariat public-privé est l’une des clés de la reprise. Une sortie de crise bien entamée pour le groupe Legendre Alain Girard, directeur général, groupe Legendre Depuis plus d’un an, la vie économique est rythmée par la crise sanitaire. Au sein du Groupe, nous avons pu constater que les choix stratégiques opérés en amont de cette période si particulière se sont avérés être les bons. Les efforts menés pour surmonter cette situation inédite nous ont permis de nous relever rapidement et de nous projeter sur la suite. Malgré un arrêt total de nos chantiers en mars dernier pendant près de 5 semaines, nos trois activités sont très vite reparties. Finalement, cette période d’incertitude n’a révélé aucune faiblesse dans notre modèle. Côté construction, nos carnets de commandes sont pleins pour l’année 2021 et déjà bien remplis pour 2022. Sur le marché de l’immobilier, notre positionnement d’ensemblier urbain, centré sur les usages et prônant la mixité dans la conception des programmes, pour lequel nous avons opté depuis déjà plusieurs années, correspond tout à fait aux attentes nées de la crise : les Français veulent des lieux de vie fonctionnels, associés à des services de proximité, plus adaptés à leur mode de vie et qui consomment peu. Enfin, côté énergie, nous avions pris le virage de l’autoconsommation dès 2017. Notre expérience dans ce domaine fait de nous un acteur de référence, à l’heure où les entreprises se tournent de plus en plus vers des solutions pour réduire leurs dépenses énergétiques mais aussi leur impact carbone. Forts de ces constats, nous nous sommes mobilisés aux côtés de nos partenaires et de nos clients, et avons pu nous appuyer sur la dynamique de développement urbain des grandes métropoles pour mettre le cap sur 2021. Pour un groupe comme le nôtre, la variété et la richesse des projets d’aménagement, orchestrés par la Société du Grand Paris, constituent de belles opportunités. Qu’il s’agisse d’opérations de très grande envergure comme le Village des athlètes sur L’Île Saint-Denis ou d’ouvrages très techniques comme le SMI (Site de Maintenance des Infrastructures) de Vitry, ce sont autant de possibilités, pour nos équipes, de montrer que nous sommes un groupe expert et solide, en plus d’être humain. Repenser les cultures d’entreprise ? Une obligation pour la relance Corinne Simoni, directrice de la communication et des relations publiques, EpaMarne-EpaFrance À l’heure où les signaux semblent au vert pour engager la sortie de crise, alors que les entreprises ne peuvent encore accueillir toutes leurs équipes sur site, se pose la question de l’engagement pour demain, soit repenser les fondamentaux, renforcer les marques des acteurs du Grand Paris. Sans le vouloir, les équipes sont entrées dans un univers fictionnel devenu cauchemardesque qui a frappé le « travailler et vivre ensemble ». Comment les entreprises ont-elles pu apporter réassurance, sécurité et réponses à leurs collaborateurs ? Comment les uns et les autres ont-ils maintenu le lien social indispensable au désir de se retrouver pour œuvrer à la relance ? Les « stop and go » ont épuisé les salariés, la pédagogie, le partage d’informations n’ont pas toujours suffi à convaincre le collaborateur parfois isolé de rebâtir le lien. Certains ont souhaité se sécuriser en se réunissant à nouveau avec leurs collègues, même de façon virtuelle, alors que d’autres se sont repliés. Outre un sentiment de découragement, un certain phénomène d’assèchement a pu se propager et laisser des traces chez les salariés, surtout quand l’entreprise ne dispose pas d’une forte culture partagée, d’un socle identitaire fort et responsable. Des salariés, même non affectés par le chômage partiel, ont le sentiment d’avoir été lésés, de ne plus pouvoir accorder leur confiance. Le « travailler ensemble » à une mission partagée a été entaché. Certains ont développé le sentiment de ne plus pouvoir avoir confiance dans ce qui est dit. Selon Médiamétrie, un tiers des Franciliens ont connu une période de chômage contraint et la plupart d’entre nous a vécu avec plus ou moins de bonheur le télétravail et le confinement. Le retour à l’activité et la nécessaire reprise du développement pour les entreprises franciliennes pourront-ils suffire à mobiliser les équipes ? La perte de lien social va-t-elle se résorber dans un retour quasi identique aux pratiques d’avant ? Qui peut désormais ignorer les préoccupations environnementales et sociales de nos choix collectifs qui fonderont le Grand Paris que l’on souhaite ? À cette heure, on peut croire qu’une vision conjuguant éthique, performance sociale et environnementale sera indispensable pour réactiver le corps social. L’entreprise responsable gagnerait davantage en attractivité et acceptabilité. Certaines, comme EpaMarne, ont vu la justesse de leurs choix stratégiques confirmée par la pandémie. Une voie à suivre pour se retrouver demain ? La rentrée nous le dira. On a hâte ! Concevoir un avenir urbain bas carbone autour de « 5 P » Charles-Édouard Delpierre, directeur urban, groupe Tractebel 2020 a été une année de crise inédite, les maîtres d’ouvrage et les entreprises ont un rôle clé à jouer pour assurer la sortie de crise, avec une politique dynamique autour des grands chantiers. La Société du Grand Paris a d’ailleurs pleinement rempli son rôle en relançant rapidement les chantiers du Grand Paris Express. Tractebel, en tant qu’ingénierie et acteur dans ce projet, a répondu présent dès le redémarrage des activités. Suite à cette crise, nos ingénieurs partagent désormais une double conviction : la nécessité de maintenir et renforcer le lien social, et le besoin d’un lien plus équilibré entre la nature et la ville. Ainsi, les projets devront désormais être conçus au service des personnes et de la planète, tout en s’appuyant sur les partenariats entre les publics et les privés (PPP), les 5 P ! Cette nouvelle forme de gouvernance est au cœur de la vision de sortie de crise de nos équipes, au service des donneurs d’ordre publics, privés et des institutions financières dans la réalisation de leurs projets de bâtiment, d’infrastructure et d’offre territoriale intégrée. Les projets en matière de transition urbaine bas carbone se multiplient avec des objectifs très ambitieux. Au-delà de notre propre raison d’être autour de la conception d’un avenir neutre en carbone, notre groupe travaille sur 3 axes techniques majeurs pour y contribuer : l’éco-conception,notamment des ouvrages, structures et fondations, l’analyse des bétons et les préconisations techniques en matière de bétons bas carbone, les approches intégrées : depuis la programmation, la pré-conception, le pré-dimensionnement, les études d’impact et les études socio-économiques, jusqu’au design plus détaillé et à la supervision de travaux. Un exemple concret, Tractebel a accompagné la ville de Springfield en Australie afin qu’elle devienne « Net-Zero emissions » d’ici 2038 (audit à 360° du territoire, propositions de différentes solutions techniques). Notre force est notre capacité à mettre en œuvre ce type de projet à n’importe quelle échelle comme en Île-de-France, l’un des territoires les plus dynamiques d’Europe en matière d’aménagement. Un besoin accru d’une logistique urbaine maîtrisée Marie Le Vern, directrice RSE, communication et relations publiques, Sogaris Les années Covid marquent sans aucun doute possible l’installation de la logistique dans notre quotidien avec une accélération sans précédent dans la transformation déjà à l’œuvre des pratiques de consommation. C’est l’explosion du commerce électronique bien entendu, mais également la valorisation de l’omnicanalité pour les grandes enseignes ou la généralisation de la livraison à domicile, y compris pour le commerce de proximité et la restauration, qui en sont les moteurs. Le résultat, c’est un besoin accru d’une logistique urbaine maîtrisée pour répondre à l’augmentation des flux, à l’émergence de nouveaux acteurs, à la décarbonation et à la généralisation de pratiques vertueuses sur le plan environnemental et social. Nous assistons aussi à une responsabilisation du consommateur, tant l’approvisionnement, la livraison et la dimension de proximité sont devenus des paramètres essentiels de l’acte d’achat. Le développement d’un réseau capable de répondre à ces défis dans le Grand Paris est alors plus nécessaire encore. Il passe par la construction de nouveaux espaces et par la transformation de bâtiments déjà existants vers une utilisation dédiée au dernier kilomètre et à la réduction de son empreinte carbone. C’est tout l’enjeu du développement de Sogaris et de ses dernières créations à l’image de son site porte de Pantin, avec 1 000 m2 mixant logistique urbaine sous le boulevard périphérique, ou avec la transformation, symbole fort, d’une ancienne station-service porte de Champerret ou encore la reconversion d’un ancien parking souterrain dans le 3e arrondissement de Paris. Nous y dépassons notre rôle de foncière en adossant à la location de ces espaces des obligations environnementales. Se positionner ainsi en investisseur engagé, au service de la ville et de ses habitants, c’est cela le Grand Paris des entreprises de demain ! Redonner confiance dans le transport public, pilier de la relance verte Youenn Dupuis, directeur général adjoint en charge de l’Île-de-France, Keolis Depuis le début de l’année 2020, le monde est confronté à une crise sanitaire majeure qui a bouleversé l’ensemble de nos habitudes de vie, professionnelles et personnelles, impactant les rythmes et modes de déplacement. En Île-de-France, la fréquentation des bus, trams, trains et métro a ainsi fortement baissé (entre -30 % et -50 % selon les périodes) et le retour de l’« autosolisme » est observé depuis la fin du premier confinement. Pour que la crise sanitaire ne se double pas d’une accélération de la crise écologique et climatique, il est primordial de redonner confiance dans le transport public et d’en faire un pilier de la relance verte. Le Grand Paris Express est un projet qui s’inscrit parfaitement dans cette dynamique : un système de transport en commun moderne, fonctionnel et accueillant pour désenclaver les territoires franciliens, faciliter l’accès aux zones d’emplois et aux grands équipements, et accroître l’attractivité de la Région Capitale. Avec l’arrivée de ces nouvelles lignes de métro automatique, l’augmentation de la fréquence des bus en grande couronne répondra aux demandes de confort et d’hygiène faites dorénavant par les voyageurs. Plus local et plus flexible, le transport à la demande répond également à ces exigences. Pour relever ce défi, Keolis accompagne depuis des années Île-de-France Mobilités et les collectivités dans la mise en place de solutions de mobilité performantes et adaptées. Afin de fiabiliser nos diagnostics et recommandations, nous utilisons une technologie innovante d’observation des flux basée sur les traces GPS. Notre objectif : comprendre les nouvelles dynamiques de mobilité et rythmes de vie des habitants pour proposer des offres de déplacement en phase avec les attentes d’aujourd’hui et mieux répondre aux défis de demain ! Le Grand Paris, vitrine d’une relance attendue pour l’immobilier de bureaux Bertrand Gaboriau, directeur au sein du pôle Grands Projets, CBRE France Le Grand Paris se révèle source d’opportunités et met en lumière de nouveaux territoires qui séduisent déjà les grandes entreprises. La localisation est un facteur déterminant de rétention et d’attraction des talents. Avec l’hybridation du travail, l’heure est aux quartiers mixtes où l’on travaille mais aussi où l’on vit. Une ville moderne et vertueuse, la fameuse ville du quart d’heure, celle où tout est possible en 15 minutes. La proximité des hubs de transports est un enjeu crucial, critère de bien-être des salariés pour réduire le temps de trajet entre le domicile et le bureau. Le Grand Paris apporte de nouvelles réponses à travers une offre améliorée répondant à ces besoins. L’ouverture de nouvelles lignes, la modernisation et l’extension de celles déjà existantes permettent cette mixité des usages, d’effacer progressivement la distinction entre Paris et la banlieue pour réduire les déséquilibres sociaux et territoriaux. Nanterre, Villejuif, Clichy ou encore Saint-Ouen, … ces territoires aux portes de Paris profitent du Grand Paris Express et sont une carte à jouer pour les entreprises. Ils offrent un cadre de travail agréable avec des immeubles modernes, accueillants et écologiques. La ville de Saint-Ouen, désormais dotée de deux lignes de métro et d’un accès au centre de Paris en 15 minutes, est l’exemple parfait d’une ville qui se reconstruit, en créant une nouvelle identité à quelques kilomètres des très prestigieux QCA et La Défense. En témoigne le déplacement de la Région Île-de-France, qui a installé son siège dans le nouvel écoquartier des Docks, en quittant une dizaine de sites à Paris. Premier quartier d’affaires européen, La Défense offre un rapport qualité/prix incomparable avec des tours neuves ou restructurées répondant aux dernières normes environnementales comme notamment la prestigieuse tour Hekla livrée mi-2022. Plusieurs belles signatures en 2021 ont déjà été recensées confirmant cet attrait croissant des entreprises pour Paris La Défense. Pour des grands projets ambitieux, inclusifs, innovants et à l’empreinte carbone réduite Hélène El Aiba, directrice générale adjointe Île-de-France Résidentiel du pôle Promotion chez Icade La crise sanitaire a accéléré de nombreuses tendances : mix présentiel-télétravail, changement des aspirations vis-à-vis du logement, rôle central de la santé… S’ajoutent à cela les préoccupations de plus en plus fortes des Français face aux enjeux climatiques, comme en témoigne la vague verte des dernières élections municipales, qui contribuent à transformer profondément la façon dont les promoteurs co-construisent avec les collectivités les grands projets urbains de demain. C’est au cœur des métropoles, et notamment celle du Grand Paris, que sont concentrés nos principaux challenges et opportunités pour sortir de cette crise. Chez Icade, parce que notre raison d’être est de concevoir, construire, gérer et investir dans des lieux où il fait bon vivre, habiter et travailler, nous sommes convaincus que la dynamique du Grand Paris doit être, plus que jamais, celle des grands projets ambitieux, inclusifs, innovants et à l’empreinte carbone réduite. La mixité, d’abord, sera un moteur pour accélérer la relance : c’est en construisant des quartiers mixtes et inclusifs que nous pourrons répondre à la demande très forte de logements au sein du Grand Paris. Cet engagement est le fil rouge de nos opérations d’envergure, comme le futur Village des athlètes de Saint-Ouen. Logements pour tous, espaces ouverts au public et au tissu associatif local, bureaux… La mixité et la réversibilité du projet seront de véritables facteurs de dynamisme pour le territoire ! La question du logement nous conduit aussi à accélérer la réflexion sur la transformation et la réhabilitation des immeubles de bureaux obsolètes : c’est une réponse à laquelle nous croyons fortement chez Icade. Notre enjeu est également de construire des villes qui intègrent davantage la nature, à l’image de notre nouvelle offre résidentielle « Naturellement chez soi » et à l’instar du futur Quartier de Gally à Versailles qui accueillera, en 2027, des logements et de nombreux équipements au sein d’une cité-jardin luxuriante. Le Grand Paris offre un terrain de jeu formidable pour réinventer nos villes : soyons à la hauteur ! La ville, pilier du monde post-Covid Matthieu Baille, directeur commercial, SUEZ Smart et Solutions Environnementales Après 18 mois face à la Covid, nous voyons enfin s’ouvrir l’horizon. De cette période difficile, nous sortons différents, marqués par les confinements. Pour les équipes de SUEZ, cette période fut un temps d’implication fort pour assurer au quotidien les services essentiels de l’eau et des déchets. Les débats sur le monde d’après ont pour nous un sens particulier. L’idée d’une refonte de nos modes de vie sur des bases plus saines et durables fait sens avec l’ADN de SUEZ : gérer les ressources et opérer des services urbains. Dans un sondage pour le Programme des Nations unies pour le développement, 64 % des personnes interrogées estimaient que le changement climatique est une « urgence mondiale » et une économie « verte » nécessaire. Face à ces enjeux, la ville post-Covid doit être une cité-ressource capable de puiser en elle-même les atouts dont elle dispose pour se développer et renforcer son autonomie face aux défis climatiques. Elle doit être circulaire, capable de ré-générer les ressources essentielles à son fonctionnement et à son avenir. Résiliente, elle s’adapte aux événements pour protéger les habitants et retrouver vite un fonctionnement optimal. Collaborative et inclusive, elle sollicite directement citoyens, élus et parties prenantes pour concevoir de nouveaux services urbains. Nous portons une vision intégrée du modèle urbain : l’environnement, la mobilité, la santé, l’énergie... sont interdépendants ; une action sur chacun de ces éléments peut impacter l’ensemble de la ville. Mais l’intelligence des villes est avant tout celle de ses habitants. La data urbaine en est un des leviers. Le recours aux objets connectés, aux plateformes et à la data doit être au service du mieux-vivre ensemble. Mais ce sont les usages qui priment non les technologies en tant que telles. Tous les acteurs d’une ville, urbanistes, prospectivistes, usagers… doivent être impliqués pour concevoir un modèle urbain intelligent. Le prêt à impact : un dispositif novateur et vertueux Sébastien de Vanssay, directeur des clientèles Institutionnelles, Caisse d’Épargne Île-de-France Au travers du prêt à impact, la Caisse d’Épargne Île-de-France bonifie les actions vertueuses de ses clients et les accompagne pour accélérer encore l’évolution des logements et de l’immobilier tertiaire en IDF. #VousEtreUtile : notre slogan inspiré de notre histoire mutualiste longue de 200 ans trouve tout son sens aujourd’hui pour nos clients qui font face à des défis sans précédent. Les phases de reprise après crises sont toujours des périodes délicates nécessitant d’importants investissements. Si la relance actuelle n’échappe pas à cette réalité, les acteurs économiques ont désormais conscience de devoir repenser leurs activités à l’aune des impacts sociaux et environnementaux qu’elles auront sur la société. En Île-de-France, région la plus peuplée, le secteur du bâtiment illustre parfaitement les enjeux des transitions énergétiques – il pèse pour 60 % dans la consommation d’énergie et pour 50 % des émissions de gaz à effet de serre – et générationnelles – la décennie 2020-2030 sera celle de l’explosion des seniors de +75 ans issus de la génération des baby-boomers. Le prêt à impact est une solution de financement destinée aux professionnels du secteur de l’immobilier et du logement social. Le principe est simple : notre client s’engage à atteindre des indicateurs de performance extra-financiers, et ce, pendant toute la vie du prêt. Il définit une thématique sociale – vieillissement, handicap, inclusion et mixité urbaine – ou environnementale – performance énergétique, conduite bio-responsable des opérations ou mobilité décarbonée. Chaque année, le taux d’intérêt payé est indexé sur l’atteinte ou non de l’objectif fixé : s’il est atteint, la Caisse d’Épargne bonifie le taux effectif, en revanche, si l’objectif n’est pas atteint, le client paye le taux initial défini au contrat de prêt. La Caisse d’Épargne Île-de-France et l’emprunteur vont d’ailleurs plus loin, puisqu’ils prennent un engagement commun, celui de reverser tout ou partie de la bonification à une association en lien avec la thématique, qu’elle soit inclusive ou environnementale. Nos métiers ont un rôle majeur à jouer aux côtés des territoires pour sortir de la crise et relever le défi des transitions environnementales et sociales Alexandra Mathiolon, directrice générale de SERFIM Ma vision de la sortie de crise s’appuie sur une conviction profonde : nos métiers sont indispensables au bon fonctionnement de notre pays. Car nous œuvrons au quotidien pour le développement durable des territoires et la qualité de vie de leurs habitants. Aujourd’hui, les résultats sont là : après avoir été impactées par le premier confinement, nos commandes se renforcent chaque jour davantage. C’est une évidence, les collectivités ont besoin de nos services. Encore plus à l’heure de relever le double défi de la transition environnementale et sociale. Les entreprises comme SERFIM ont un rôle majeur à jouer pour aider à la sortie de crise et réussir ces transitions. Elles sont à même de proposer aux territoires des prestations concrètes, à la fois génératrices d’emplois locaux et pourvoyeuses de solutions pour réduire leur empreinte environnementale. Chez SERFIM, plus que jamais, nous faisons le choix de proposer aux collectivités des solutions sur mesure. À la fois adaptées à leurs attentes et fortement empreintes d’innovation, pour anticiper leurs enjeux à venir. Nos projets en cours sur le Grand Paris dans des domaines très variés en témoignent : réhabilitations de grande ampleur de conduites d’eau à Paris et en Seine-Saint-Denis, installation électrique de l’extension du centre hospitalier de Poissy/Saint-Germain, travaux en « hyperbarie sèche » pour enterrer 4 lignes électriques en préparation du futur village olympique… L’une des clés de notre résilience chez SERFIM, c’est notre capacité à faire bénéficier nos clients, sur un même chantier, des compétences complémentaires de nos différentes sociétés. C’est ce qu’illustrent des travaux récents pour Eau de Paris, où trois de nos sociétés sont intervenues conjointement pour réhabiliter 3 km de réseau (désamiantage, dépose de canalisation et remplacement). Ce dernier exemple illustre bien ce en quoi je crois : qu’il s’agisse de sortir de la crise ou encore de relever les grands défis environnementaux et sociaux de notre époque, nous ne réussirons que par l’intelligence collective. Métropole : la communication extérieure, au cœur de la reprise économique Gary Blumenfeld, président, Métropole La crise a montré notre besoin d’être dans la rue, d’interagir, de communiquer. La vie normale commence à reprendre son cours, avec le retour des flux, du trafic, engendrant naturellement une reprise forte de la communication extérieure. Sur ce marché, Métropole habille la ville, les chantiers, les lieux de vie et accompagne des clients prestigieux depuis plus de 20 ans avec une offre de services complète au cœur du Grand Paris, intégrant l’impression et la pose. Cette crise nous a permis de prendre le temps de revoir notre stratégie pour mieux anticiper la reprise. Nous l’avons construite autour de 4 axes. Le commerce : maintenir un lien fort avec nos clients historiques et nous positionner sur de nouveaux marchés. Pour ce faire, nous avons renforcé les équipes commerciales et notre atelier de production a été maintenu en activité pour continuer à honorer les commandes de nos clients. L’organisation : nous avons su gérer la période de crise en consolidant notre organisation et en mettant à profit le temps disponible pour mettre à plat nos process. Il était nécessaire, après une croissance continue depuis notre création, d’optimiser notre organisation interne, pour être toujours plus réactifs, efficaces et en cohérence avec les besoins de nos clients. L’innovation : nous avons développé des bornes automatiques de distribution de solution virucide, afin de proposer à nos clients un mobilier personnalisable pour les grands lieux de vie. Le développement durable : notre recherche de matières éco-responsables est au cœur de notre stratégie ainsi que le recyclage des dispositifs, pour proposer à nos partenaires des solutions plus écologiques. Le marché du Grand Paris est pour nous un axe fort de reprise, qui ne s’est jamais totalement arrêté pendant la crise, et qui a, sans aucun doute, participé au maintien de notre activité. Nous avons d’ores et déjà intégré le retour au volume d’activité d’avant crise dans nos prévisions à partir de septembre 2021. Maison de l’architecture : pensées croisées Dominique Boré, présidente d’honneur, Maison de l’architecture IDF La pandémie de Covid-19 a été le laboratoire qui a rendu réalisables les possibles espérés, le monde d’après étant en germe dans le monde d’avant. En effet, nombreux étaient ceux qui prônaient déjà la qualité plutôt que la quantité, qui privilégiaient la durabilité et l’utilisateur… La crise sanitaire les a mis au-devant de la scène politique. La Maison de l’architecture Île-de-France, avec ses partenaires, réfléchit sur ces sujets depuis des mois dans le cadre de ses conférences, ses tables rondes, ses prix et ses webinaires. Elle porte le prix de transformation de bureaux en logements ; milite pour la construction hors site afin de réduire l’empreinte carbone des bâtiments ; préconise un habitat adapté aux seniors dans le cadre de l’étude du Printemps de l’hiver ; réfléchit au genre dans l’espace pour un urbanisme praticable en toute sûreté ; analyse le retour des activités de production en ville. Avec les Voix In(é)dites, ce sont les solutions des acteurs du cadre qui sont partagées sur la chaîne youtube de la Maison de l’architecture. Pour mémoire, et non exhaustivement, Vianney Delourme a fait part de sa conviction que le projet urbain doit conduire au projet humain, Simon Ronai a décortiqué les conséquences désastreuses de l’imbroglio administratif territorial, Ingrid Nappi a dévoilé les nouveaux usages du bureau, Tom Benoit a informé des apports de l’Intelligence artificielle, Matthias Navarro a imaginé des montages pour que le foncier ne soit plus le maillon faible de notre urbanité, Fadia Karam a exposé ses fabriques innovantes de la ville. La résilience a concerné tous les acteurs de la société. Les Acteurs du Grand Paris en font la preuve avec ce Magazine 2021. Nous avons besoin d’une nouvelle génération de designers urbains ! Razzy Hammadi, directeur général de News Tank Cities et directeur du MBA, management des transitions urbaines de L’Institut Léonard de Vinci Perspectives claires, stables et de long terme, dépendantes pour beaucoup des pouvoirs publics. Agilité, réactivité, plasticité nouvelle des cadres d’analyse et de réflexion dans un environnement en constante évolution pour ce qui concerne les opérateurs. Ce sont des conditions nécessaires de la relance qui passe par l’aboutissement de nos transitions urbaines. Réussir la transition urbaine nécessite tout à la fois une posture nouvelle et des expertises adaptées. La posture nouvelle octroie le recul nécessaire vis-à-vis des injonctions contradictoires afin de formuler des alternatives réalisables et désirables. L’expertise adaptée passe par une nouvelle génération de « designers urbains ». L’injonction contradictoire, c’est la volonté répétée de simplifier tout en édictant toujours plus de normes, l’insuffisante production chronique et le rationnement des permis, le besoin d’aménager et le « zéro artificialisation », moins de voitures à certains endroits mais plus de pollution reportée sur certains autres… Face à ces immédiates contraintes que portent ces contradictions, la perspective des usages permet le dépassement. Ces derniers doivent permettre d’appréhender le projet urbain, non pas tel qu’on le veut mais tel qu’il « pourrait être vécu ». Nous avons de formidables architectes, de brillants économistes, des aménageurs géniaux, des logisticiens d’excellence et des promoteurs audacieux et j’en oublie… Il faut être capable d’emprunter à chacun d’eux, de rompre avec les silos. Ici apparaît le « designer urbain », offrant une vision à 360°, permettant un dialogue sur la base d’une vision globale avec les élus et décideurs tout en mettant au cœur du projet les contraintes et les fonctions, relativisant ainsi le poids de la contradiction incapacitante.Reconnaître comme ailleurs le rôle du « designer urbain », en le plaçant au cœur de nos équipes, permettrait de confronter aux usages l’ensemble des défis et des transitions, et inversement. StatioNord : pour une nouvelle Gare du Nord éco-citoyenne Thomas Cadoul, président du directoire de la SA Gare du Nord 2024 La Gare du Nord, qui voit passer chaque jour quelque 700 000 voyageurs et en accueillera 900 000 d’ici 2030, débute sa plus grande transformation. Un projet lancé il y a 4 ans, bien avant la crise sanitaire, et qui prend aujourd’hui tout son sens. La Covid a accéléré les grandes mutations de notre époque : un besoin grandissant d’espace et de nature, un rapport différent et responsable aux déplacements avec plus de mobilités actives et décarbonnées. StatioNord est un projet majeur d’infrastructure répondant à ces attentes. Dans le contexte de l’urgence écologique et de la sortie de crise sanitaire tant attendue, il permettra d’agrandir la gare pour renforcer sa fonction transport mais aussi pour la transformer en un véritable lieu de vie. Ce partenariat entre SNCF Gares & Connexions et Foncière Ceetrus donnera vie à une gare où la mixité des usages est la règle : mobilités, culture, sport, service public, commerces, activités économiques… La Gare du Nord s’inscrira pleinement dans la « ville du quart d’heure », portée par Carlos Moreno ; elle tendra vers le « zéro gaspillage » et elle sera solidaire en développant des partenariats associatifs innovants ; le projet, écologique et sobre, prévoit la réalisation d’un parc d’1,2 hectare, véritable îlot de fraîcheur propice au retour de la biodiversité en ville. Avec un investissement total de 900 Me, la valorisation de ce patrimoine historique contribuera au dynamisme de Paris, du Grand Paris et plus largement de l’Île-de-France. 450 emplois seront créés en phase chantier et 1 700 le seront au moment de la mise en service des nouveaux espaces. La priorité sera donnée aux personnes résidant dans le bassin du nord-est parisien. Avec StatioNord, la Gare du Nord, hub régional et international, s’inscrit résolument dans la relance économique et ambitionne de devenir une vitrine du savoir-faire français. Il faut renforcer la Métropole du Grand Paris dans la loi Geoffroy Boulard, vice-président de la Métropole du Grand Paris chargé de la communication et de l’innovation numérique, maire (LR) du 17e arrondissement Il a toujours existé beaucoup de débats autour de la Métropole du Grand Paris. Depuis sa naissance, et même avant qu’elle soit née. Mais on a un peu tendance à oublier qu’il y a eu aussi, tout au long des deux dernières décennies, un important et long travail pour obtenir cette métropole. Aujourd’hui, son enjeu principal consiste à mes yeux à renforcer l’attractivité de la zone dense continue. Soit 131 communes et 25 % du PIB français. Ce n’est pas rien ! Cela non pas avec une métropole de gestion mais de mission, stratégique, s’appuyant sur ses maires. Car la Métropole, ne l’oublions pas, est au service des maires, des communes, des arrondissements, des quartiers et des habitants. Elle doit permettre un rééquilibrage territorial au sein d’une agglomération marquée par des déséquilibres importants. Une de ses forces réside justement dans le fait qu’elle regroupe l’ensemble des maires qui la composent plus des représentants des communes fléchés par les électeurs, pour la première fois en 2020. Elle doit démontrer aujourd’hui toute sa pertinence dans un enchevêtrement de strates politico-administratives et avec des circuits financiers incompréhensibles, pour les élus, comme pour les entreprises et l’État. En réalité, la Métropole agit déjà, sur de nombreux sujets, au regard des compétences qu’elle exerce en propre. Mais il est sans doute nécessaire, pour cela, de préciser cette répartition des compétences, encore exercées souvent par plusieurs niveaux, sans clarté suffisante dans les lignes de partage. Il me semble, ainsi, que les maires fédérés sont les plus à même de piloter les politiques publiques en matière de logement, d’aménagement, de transition écologique ou numérique, mais aussi en matière d’innovation. Le quinquennat d’Emmanuel Macron s’était ouvert avec beaucoup d’espoir sur la réforme institutionnelle en Île-de-France, pour finalement ne rien faire. L’élection présidentielle de 2022 ne doit pas être une occasion manquée ! Je forme le vœu que le débat d’idées qui s’ouvre nous permette de transformer l’essai pour renforcer, dans la loi, les compétences et le budget de la Métropole du Grand Paris. La France ne peut pas se situer en dehors de la métropolisation ! Être moteur dans la régénération d’une fabrique urbaine résiliente Fadia Karam, directrice générale d’Espaces Ferroviaires, directrice du développement SNCF Immobilier La crise sanitaire a mis en évidence le virage à effectuer dans la fabrique urbaine et nous pousse à revenir aux fondamentaux : bien-être, santé, qualité de vie, lien social, place de la nature, générosité des espaces… Elle invite aussi à sortir des certitudes pour requestionner les méthodes de production des acteurs de la ville. Il s’agit de prendre en compte les interactions entre attentes des habitants, métiers et objets architecturaux, d’appréhender l’articulation des échelles : immeuble – quartier – Grand Paris. C’est ainsi que l’on crée une ville cohérente, mieux structurée, plus apaisée, généreuse et ouverte pour tous. Une ville capable d’éviter l’étalement urbain en donnant envie d’habiter l’intensification de la métropole. Espaces Ferroviaires, acteur de la transformation urbaine, avait déjà défini quatre priorités : la fabrique de quartiers bas-carbone face au réchauffement climatique, la généralisation de l’économie circulaire, la place de la nature et l’essor de la biodiversité, une offre de services et d’usages pour répondre notamment aux enjeux de santé et de cohésion sociale. Cette fabrique urbaine s’inscrit dans une trajectoire écologique métropolitaine. À l’aune de la relance urbaine post-Covid, plus que jamais, je suis convaincue que ces priorités sont à conforter. Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, nous déployons un Plan d’action bas-carbone ambitieux, avec des partenariats d’innovation qui facilitent le déploiement et le suivi de nos engagements. Par exemple, avec le CSTB sur le BIM et le bilan carbone, Certivéa sur les bâtiments et quartiers E+C-, la plateforme « Booster du réemploi » sur l’économie circulaire, l’ADEME et l’ARS sur les enjeux santé. Au cœur de nos préoccupations figure le sujet du commun pour plus de lien social : les échanges de services se créent dans des lieux fédérateurs, les rez-de-chaussée, l’espace public, les espaces partagés dans l’immeuble, un environnement riche de biodiversité. Ces espaces qui anticipent l’évolution des modes de vie sont des fondamentaux de nos futurs quartiers. Saisissons le momentum. L’envie sociétale et politique est là, le décloisonnement et l’innovation sont au cœur de l’épreuve opérationnelle. Reconfigurées, les portes du Grand Paris retrouvent de la respiration. Portes de la Chapelle, de la Villette, Ordener, Hébert, Les Messageries Gare de Lyon… Plus de 22 hectares sur lesquels Espaces Ferroviaires intervient pour créer de nouvelles urbanités. Notre vocation est le recyclage urbain de ces friches ferroviaires. Autant dire que sobriété, réversibilité et évolutivité sont dans notre ADN ! Mais, surtout, nous travaillons avec les collectivités et les riverains dans une démarche holistique d’intelligence collective et de concertation. Car la ville résiliente et durable s’inscrit forcément au service de l’intérêt général et des usagers. Comment les entreprises tierces parties de confiance peuvent-elles aider à la reprise économique ? Jacques Pommeraud, directeur général Afrique, France, Services aux gouvernements, Bureau Veritas Quel que soit le secteur, le temps des bonnes intentions sur l’environnement est révolu. La société civile attend des résultats tangibles. Preuve en est, la décision du gouvernement de mettre en place un plan de relance dans lequel 30 des 100 milliards d’euros sont consacrés à la préservation de l’environnement. Place à l’action donc, avec la tâche immense de mettre en œuvre de nouveaux modèles résilients, moteurs d’une croissance durable. Les entreprises, les institutions, les industries doivent initier des changements drastiques, réinventer les modèles existants. Aujourd’hui, au sortir de la crise, bon nombre d’entreprises font de la RSE une priorité mais force est de constater qu’elles ne peuvent pas agir seules. Elles ont besoin d’un tiers de confiance indépendant et expert technique qui les aide dans l’identification des dossiers, crédibilise leurs appels à financement et qui, en mesurant l’impact de leurs politiques RSE, les aide dans leur volonté de transparence. À ce titre, Bureau Veritas œuvre chaque jour aux côtés de ses clients pour les accompagner dans la démonstration de leur performance et faire rempart au « greenwashing ». Les engagements doivent maintenant être tenus, justifiés. Nous venons de lancer la « Ligne Verte », une suite de solutions et de services dédiés au développement durable. La #LigneVerte BV doit aider les acteurs à piloter leur performance en maîtrisant la qualité des indicateurs de suivi, piliers d’une transition réussie. Utilisation des ressources naturelles, construction, chaînes d’approvisionnement, consommation énergétique, origine des énergies, transport,… nous passons au crible chaque étape du processus économique pour évaluer les impacts, identifier les opportunités de gain. Véritable acteur Business to Business to Society depuis près de 200 ans, notre rôle est de générer de la confiance entre les entreprises, publiques et privées, les autorités, les représentants de la société civile, les usagers, les consommateurs. Nous sommes là pour réussir ensemble à franchir un cap historique et à transformer cette crise profonde en une opportunité au service des citoyens, de l’emploi, des territoires et de notre planète. La crise a donné un coup d’accélérateur aux transports verts et innovants Christelle Tang, présidente de Clément Bayard La transition énergétique et numérique des transports de personnes et de marchandises est au cœur de la relance économique car, au-delà de sa nécessité, elle sera un des vecteurs de la croissance de demain. L’année 2020 a vu une augmentation massive de la demande de mobilité électrique. Cette dynamique continuera à se développer grâce au soutien des politiques publiques volontaristes des collectivités et de l’État : extension des subventions à l’achat de véhicules légers, accompagnement du déploiement des infrastructures de bornes de recharge, structuration de la filière de l’électrique à un niveau européen. Chez Clément Bayard, nous avons la volonté de contribuer à la construction d’une France et d’une Europe vertes en accompagnant les entreprises et les territoires dans la transition énergétique, technologique et numérique de leurs flottes de véhicules collectifs et de véhicules utilitaires. Nous offrons une solution clé en main avec des gammes complètes de véhicules électriques (bus et véhicules légers). Nous proposons également des transformations de véhicule à moteur thermique en véhicule électrique (rétrofit électrique). Aujourd’hui, les plans de relance de tous les états membres de l’Union européenne orientent activement les investissements et les subventions vers l’innovation dans la filière de l’électrique mais aussi vers l’émergence de nouvelles formes d’énergie comme l’hydrogène. De même, tout un volet est également consacré au développement des véhicules autonomes et de leur intégration dans la mobilité du quotidien. Conscient de l’enjeu majeur que représentent la maîtrise et le déploiement des véhicules autonomes pour les transports de demain, Clément Bayard développe aussi, avec la RATP, une solution innovante et pionnière de bus autonome, actuellement en phase de tests sur la ligne 393. Cette expérimentation approfondit les connaissances à travers une double perspective : l’une industrielle avec l’utilisation d’un bus de 12 mètres, l’autre d’évaluation du marché avec l’insertion progressive d’un véhicule autonome dans une exploitation classique. Les enjeux d’hier restent ceux d’aujourd’hui Gilles Patrosso, directeur général, Razel-Bec Le Grand Paris, porté par le plus grand projet urbain d’Europe baptisé « Grand Paris Express », consistant à doubler le réseau métropolitain parisien pour offrir aux Franciliens 200 km de voies nouvelles entièrement automatisées, s’est avéré une opportunité unique pour les entreprises de construction françaises et franciliennes, et particulièrement dans notre domaine des travaux publics. Razel-Bec intervient notamment sur les projets de prolongement des lignes 11, 14 et du RER E mais aussi sur les projets de création de nouvelles lignes (15, 16 et 18) ou encore sur la construction d’infrastructures au service de la mobilité urbaine, à l’instar de nombreuses passerelles construites par l’entreprise, la plus significative étant celle en cours du Franchissement Urbain de Pleyel. En parallèle des grands projets, le Grand Paris draine aussi toute une série de travaux d’aménagement public ou de modernisation d’infrastructures de transport plus modestes (tramway, mise aux normes PMR…), qui occupent tout autant nos équipes. Plus d’une année après l’apparition du virus de la Covid-19, devenue aujourd’hui une crise à la fois sanitaire, sociale et économique, le Grand Paris reste dans notre métier des travaux publics comme à son commencement une opportunité unique pour nos entreprises. Unique car il représente à lui seul, en Île-de-France, la voie de sortie évidente de cette crise, l’opportunité d’être épargné et de garder la tête hors de l’eau. Grâce à ce projet, le niveau d’activité en Île-de-France en matière de construction reste incomparable aujourd’hui en Europe. La région parisienne s’impose donc comme le levier de croissance pour nos entreprises de travaux publics en France métropolitaine. Ainsi, localement, les enjeux restent ceux d’avant la crise : la compétitivité commerciale ardue entre les acteurs, notre capacité à répondre aux enjeux de nos clients en matières environnementale et sociétale notamment et enfin notre pouvoir d’attraction sur le marché de l’emploi afin de recruter les jeunes talents très convoités par ailleurs. Et plus globalement, l’enjeu principal aussi est identique, il est plus que jamais d’actualité et d’importance : il s’agit de trouver les relais de croissance qui nous permettront d’entrevoir l’« après Grand Paris » et d’absorber ainsi, d’une pierre deux coups, la crise et la fin de ce projet hors norme. L’innovation, la réponse à une relance résiliente Jérôme Chiaramonti, conseiller auprès du directeur général, Établissement public d’aménagement Paris-Saclay « La relance permet de renforcer et de développernos capacités d’innovation, nos capacités industrielles et nos compétences », a déclaré Bruno Le Maire. Le Grand Paris détient ce que d’autres pourraient envier tant il est fédérateur et apporteur de réponses aux grands défis sociétaux de notre ère : l’écosystème d’innovation Paris-Saclay. Avec une université classée parmi les 15 meilleures au monde (classement de Shanghai, dont une première place mondiale en mathématiques), les plus grandes écoles d’ingénieurs françaises, 15 % de la recherche publique et privée nationale ou encore 40 % des emplois R&D en Île-de-France, Paris-Saclay démontre que l’open innovation constitue une réponse face à la crise que nous traversons et en constitue une potentielle porte de sortie. Si le télétravail a été le maître mot en 2020, la recherche et l’innovation, elles, se nourrissent des rencontres et échanges qui demeurent essentiels et qui à distance, comme a pu démontrer le confinement, restent encore trop limités. Faire en sorte que les différentes communautés (habitants, usagers, étudiants, enseignants-chercheurs, salariés, entrepreneurs, industriels…) se croisent et se rencontrent, c’est en ce sens que l’EPA Paris-Saclay déploie et coordonne, au sein de nouveaux quartiers de ville, un cluster scientifique et technologique de rang mondial (oui, maintenons ce mot « cluster », tant il est illustratif de toute la dynamique qui prend place ici et de la façon dont elle se propage). Immense territoire d’expérimentations traitant de la santé, des mobilités, de l’environnement, de l’énergie, des technologies numériques, de l’aérospatial, de la sécurité ou encore de la défense, Paris-Saclay est un fabuleux atout pour que la France demeure parmi les grandes puissances économiques.

  • LE TOURISME D’APRÈS N’AURA PAS LIEU : CHRISTELLE TANG

    LA TRIBUNE DE CHRISTELLE TANG, PRÉSIDENTE DE CLÉMENT-BAYARD, VICE-PRÉSIDENTE D’ACTEURS DU GRAND PARIS Si nous n’agissons pas dès aujourd’hui pour créer les conditions de compétitivité et d’attractivité de demain de la destination France, le tourisme d’après n’aura pas lieu. Profitons de cette crise mondiale pour repenser l’avenir d’un tourisme plus fort et plus durable. Le tourisme est un secteur économique important dans de nombreux pays. En France, l’industrie du tourisme représente 9 % du PIB français et environ 2 millions d’emplois directs et indirects. Le plan de sauvetage d’urgence a permis le maintien des entreprises sinistrées et la sauvegarde des emplois. Ainsi, 28 milliards d’euros d’aides auraient été apportées au tourisme à travers, entre autres, les mécanismes de prêts, de fonds de solidarité et d’activité partielle. Si l’impératif semble bien être celui d’une reprise immédiate de la consommation touristique, la crise que nous avons traversée doit aussi être l’occasion de repenser les conditions de croissance du tourisme de demain. 15 millions d’euros dédiés au tourisme Le plan de relance de sortie de crise doit avoir un volet conjoncturel pour permettre une reprise sereine pendant la période de soudure mais il doit aussi être adossé à un plan d’investissement plus structurel. La France ne doit pas rester dans le confort d’un tourisme qui « se ferait tout seul » si elle veut conserver sa place de première destination mondiale. Dans un contexte marqué par une concurrence de plus en plus accrue, la France ne fait pas exception et doit aussi se réinventer pour rester compétitive. Annoncé en septembre 2020, le plan de relance du gouvernement dédie 100 milliards d’euros au triptyque écologie-compétitivité-cohésion ; l’aide au développement d’une offre de tourisme durable, intégrée dans le volet de la cohésion territoriale, ne s’élève qu’à 50 millions d’euros. De son côté, la Région Île-de-France, première région touristique française, a annoncé un plan de relance économique, écologique et solidaire d’un montant de 1,3 milliard d’euros comprenant 15 millions d’euros consacrés au plan de relance du tourisme. Il y a donc une volonté de relancer l’activité touristique et de la transformer. Mais il faut alors établir un véritable plan global à la hauteur des enjeux et des ambitions du secteur et coordonné par l’ensemble des acteurs de la filière. Ce plan donnera la priorité à l’accompagnement des professionnels du secteur dans les défis du tourisme durable pour répondre à une demande de plus en plus forte, consciente de la nécessité écologique, de l’aménagement touristique du territoire pour diversifier et optimiser l’offre touristique, et du numérique pour s’adapter aux nouveaux modes de consommation et de communication des touristes.

  • LE GRAND PARIS DEMEURE UNE AFFAIRE D’ÉTAT

    DEPUIS PLUS DE 200 ANS, PARIS ET SON IMAGE DANS LE MONDE SONT FAÇONNÉES PAR LES CHEFS D’ÉTAT. EUX SEULS PEUVENT RASSEMBLER LES ÉNERGIES NÉCESSAIRES POUR QUE LA CAPITALE ENTRAÎNE TOUT LE PAYS POUR RÉSISTER À LA CONCURRENCE MONDIALE. PAR DOMINIQUE MALÉCOT Lorsque, le 26 juin 2007, six semaines après son élection à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy inaugure le troisième satellite du Terminal 2 de l’aéroport de Roissy– Charles-de-Gaulle, il dépasse les discours de circonstance. Il explique ce qu’on peut faire de cette plateforme, des voies ferrées et des ports maritimes pour que la France demeure l’une des premières économies mondiales et le rôle moteur que l’Île-de-France doit retrouver dans cette perspective. Elle doit pour cela adopter sans tarder un schéma de développement ambitieux. Car la région parisienne vit encore largement sur l’élan des projets lancés quarante ans plus tôt par le général de Gaulle et le préfet Paul Delouvrier mais qui ne sont plus adaptés aux enjeux actuels. Georges Pompidou a certes poursuivi le mouvement avec les voies sur berge et Beaubourg mais les premiers chocs pétroliers ont contraint son successeur Valéry Giscard d’Estaing à adopter une démarche plus « conservatrice » avec le musée d’Orsay et plus écologique dans le schéma directeur de 1976. Maintenir une dynamique culturelle touristique Comme lui, François Mitterrand a imprimé sa marque sur Paris avec la Pyramide du Louvre ou encore la Très Grande Bibliothèque qui prendra son nom. Cela a permis de maintenir la Ville Lumière dans la dynamique culturelle et touristique qui demeure aujourd’hui l’un de ses grands atouts mais n’a pas suffi à remettre Paris dans la course que font les grandes villes mondiales qui tiennent les leviers de la mondialisation. Et Jacques Chirac s’est concentré sur son musée des Arts premiers… Dans un premier temps, l’appel de Nicolas Sarkozy, qui a nourri sa réflexion quand il était ministre de l’Aménagement du Territoire, passe inaperçu d’autant qu’il ne cadre pas avec l’image de président appréciant la « Jetset » qu’il a donnée les premiers jours de son mandat. Faute d’avoir été entendu par la région Île-de-France, il nomme en mars 2008 Christian Blanc secrétaire d’État chargé du Développement de la Région Capitale. En lien direct avec l’Élysée et doté de larges pouvoirs, il forme, au grand dam des grands corps de l’État, une petite équipe d’experts aguerris et de jeunes ingénieurs pour imaginer, en toute indépendance, le renouveau de la région parisienne. L’émergence de nouvelles « villes-mondes » Leurs travaux le confirment, Paris demeure l’une des quatre ou cinq « villes-mondes » identifiées par l’historien français Fernand Braudel en 1979 mais d’autres progressent et ses positions sont menacées. Réunissant industrie, recherche, enseignement supérieur, innovation, culture, finance et centres de décisions stratégiques pour les entreprises, ces villes-mondes jouent un rôle clé dans la mondialisation et permettent à leur pays d’en bénéficier au lieu de la subir. Parallèlement, Christian Blanc rencontre les élus locaux. Pour la première fois, ils disposent d’une « ligne directe » – informelle – au plus haut niveau de l’État et des liens se nouent, nourrissent un projet. La méthode fonctionne et débouche sur la « loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris », qui donne naissance à la Société du Grand Paris. Détenue à 100 % par l’État, elle doit lui donner les moyens financiers et humains de relancer le développement de la région parisienne avec, notamment, la construction d’un métro de rocade et de 70 000 logements par an. Elle doit aussi faire émerger des pôles de développement de technologies porteuses d’avenir. La mise en réseau de ces pôles, une vraie originalité, confère un potentiel considérable au projet. Mais c’est en fait le minimum pour rester dans la course mondiale dominée par les États-Unis, l’Asie et le Royaume-Uni. Dès le départ, des arbitrages rendus et les votes du parlement limitent, dans les faits, le champ de la SGP à la construction du métro, au développement du Plateau de Saclay et à quelques opérations ponctuelles d’aménagement autour des gares. Un projet attractif pour les investisseurs Cependant, l’essentiel est préservé et le projet qu’incarnent Nicolas Sarkozy et Christian Blanc puis Maurice Leroy suscite un vif intérêt des investisseurs. Les 200 kilomètres de lignes de métro à construire attisent la convoitise de fonds souverains, notamment du Moyen Orient. Ils présentent toutes les garanties que recherchent les « fonds pour les générations futures » que constituent ces pays pour préparer « l’après-pétrole et l’après-gaz naturel ». Certains se disent prêts à investir 1 milliard de dollars. Leur déception est grande d’apprendre que le nouveau métro n’est pas à vendre. Mais la confiance est là. Ils se rabattent aussi sur les projets immobiliers liés au métro. Souvent des opérations « modestes », d’une cinquantaine à une centaine de millions de dollars, et discrètes, plutôt en bordure des pôles de développement, pour ne pas payer trop cher et s’inscrire dans la durée. La suite est connue. Nicolas Sarkozy perd l’élection présidentielle de 2012 et le président François Hollande prend ses distances avec le projet. Il n’y a plus de pilote. Le Grand Paris tombe dans l’escarcelle du ministère du Logement et de l’Égalité des Territoires confié à l’écologiste Cécile Duflot qui l’a combattu avec acharnement au Conseil régional d’Île-de-France. Mais la cohésion de la nouvelle majorité à l’Assemblée nationale est à ce prix. Un projet phare : les JO 2024 Le premier ministre Jean-Marc Ayrault lance des études pour réduire les coûts du projet et engage la réforme territoriale à laquelle avait renoncé son prédécesseur. En région parisienne, elle doit déboucher sur la création de la Métropole du Grand Paris. Beaucoup d’élus sont contre et, entre métro et Métropole, l’image du projet du Grand Paris est brouillée et ce dernier patine sérieusement. En 2014, le nouveau premier ministre Manuel Valls amende la réforme territoriale de son prédécesseur pour lever les blocages et tenter de rattraper le temps perdu pour la construction du métro et la relance économique qu’elle doit induire. Il s’appuie alors sur la détermination des élus locaux qui siègent au conseil de surveillance de la Société du Grand Paris et sur deux projets phares que sont alors l’Exposition universelle de 2025 et les Jeux olympiques de 2024. La candidature de Paris est retenue pour le second… ce qui « tend » un peu plus le calendrier de réalisation du métro dont certaines lignes doivent contribuer à l’exemplarité écologique de l’événement. Le dynamisme de Manuel Valls a évité l’enlisement du Grand Paris. Centraliser les décisions L’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République, en 2017, a été saluée par les investisseurs et la plupart des élus impliqués dans le Grand Paris. Convaincu, selon une bonne source, de l’intérêt de confier le Grand Paris à un interlocuteur unique pour centraliser les décisions et aller vite, il a su éviter l’erreur qui aurait consisté à reconstituer le secrétariat d’État chargé du développement de la Région Capitale. La page avait été tournée et le fragile équilibre auquel il était parvenu entre la droite et la gauche n’y aurait pas résisté. D’autant que les tensions étaient déjà importantes en Île-de-France et qu’il ne fallait pas « provoquer » les écologistes qui, après avoir obtenu l’abandon du projet d’aéroport nantais de Notre-Dame-des-Landes, ont reçu d’autres gages avec la clôture des dossiers du Terminal 4 de Roissy–Charles-de-Gaulle et d’EuropaCity. Comme si Emmanuel Macron avait fait sien l’adage selon lequel il vaut mieux avoir « la moitié de quelque chose que 100 % de rien ». Résultat, le projet se poursuit et les chantiers du métro avancent. La Société du Grand Paris est toujours recherchée par les investisseurs et ses émissions obligataires attirent les Green Bonds. D’autant que le métro, réalisé à 90 % en souterrain, est de nature à limiter l’étalement urbain et la pollution automobile tout en desservant enfinles quartiers les plus défavorisés de la région parisienne. À se demander si, en ne nommant pas de responsable du Grand Paris à son arrivée aux affaires, il y a quatre ans, Emmanuel Macron n’a pas choisi de prendre directement et discrètement le dossier en main. La rapidité avec laquelle ont été prises certaines décisions majeures peut en tous cas le laisser supposer. Déjà, avant lui, Louis-Philippe et Napoléon III avaient décidé de maintenir le rang de la France dans un monde dominé alors par l’Angleterre en incarnant la modernisation de Paris.

  • L’ÎLE-DE-FRANCE, UNE RÉGION AUX MULTIPLES STRATES

    ALORS QU’UNE RÉFORME EST ANNONCÉE DEPUIS PLUSIEURS ANNÉES, L’ORGANISATION DES COLLECTIVITÉS LOCALES FRANCILIENNES, QUI COMPREND DE NOMBREUSES STRATES, A CONNU SA DERNIÈRE ÉVOLUTION MAJEURE AVEC LA CRÉATION DE LA MÉTROPOLE DU GRAND PARIS DÉBUT 2016. PETIT TOUR D’HORIZON POUR COMPRENDRE QUI FAIT QUOI. L’organisation territoriale en Île-de-France a connu ses dernières réformes avec les lois de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles (Maptam) de 2014, portant sur la nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe) de 2015 et sur le statut de Paris et l’aménagement métropolitain de 2017. Le schéma des collectivités locales et de leurs groupements est donc désormais stabilisé... mais pour combien de temps ? Une révision concernant notamment la Métropole du Grand Paris est en effet attendue par les acteurs locaux. Les communes L’échelon de base des collectivités locales est sans doute celui qui a connu le plus de stabilité ces dernières années. Les communes disposent notamment de compétences en matière d’urbanisme, de petite enfance, de social, etc. Le développement de l’intercommunalité a toutefois conduit peu à peu à des transferts de compétences, notamment sur les transports ou le développement économique. Seule évolution récente : la possibilité de fusionner qui rencontre un succès limité. Un exemple : Évry (Île-de-France) et Courcouronnes (Essonne) forment désormais la commune nouvelle d’Évry-Courcouronnes. Les conseils départementaux Depuis le changement de statut de Paris, les conseils départementaux sont au nombre de 7 en Île-de-France : Val-de-Marne, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Essonne, Yvelines, Val-d’Oise et Seine-et-Marne. La loi NOTRe a supprimé la clause générale de compétences des conseils départementaux et leurs prérogatives en matière de développement économique, réduisant leur envergure qui se concentre principalement sur les collèges, les transports et le social (avec la gestion des allocations individuelles de solidarité dont le RSA). La ville de Paris Parmi les communes franciliennes, la ville de Paris dispose de règles spécifiques qui ont été modifiées par une loi de 2017. La Capitale était auparavant à la fois une commune et un département, elle est désormais une collectivité à statut particulier, qui regroupe les compétences des deux échelons, avec plusieurs particularités. Le texte de 2017 a aussi fait évoluer les compétences du maire, notamment en matière de police, et conduit à la création de Paris Centre en mars 2020, qui réunit les quatre premiers arrondissements parisiens. Les établissements publics territoriaux Créés à l’occasion de la mise en place de la Métropole du Grand Paris au 1er janvier 2016, les 11 établissements publics territoriaux sont des intercommunalités à statut particulier. Seule zone française qui n’était pas encore totalement convertie à l’intercommunalité, la petite couronne francilienne a donc vu apparaître de nouveaux groupements (Grand Paris Grand Est ou Paris Est Marne & Bois notamment) ou se transformer des établissements publics de coopération intercommunale existants (Plaine Commune ou Grand Paris Seine Ouest par exemple). Ce niveau exerce des compétences obligatoires dites techniques (eau, assainissement, déchets) mais aussi relatives à l’urbanisme, la politique de la ville ou l’élaboration d’un plan climat air énergie. La Métropole du Grand Paris Créée au 1er janvier 2016, la Métropole du Grand Paris regroupe 131 communes, dont Paris, celles de petite couronne ainsi qu’Argenteuil dans le Val-d’Oise et quelques-unes du nord de l’Essonne. Présidée par Patrick Ollier depuis l’origine, elle dispose de différentes compétences en matière de planification sur le logement ou le numérique. Elle gère également l’aménagement de quelques ZAC d’intérêt métropolitain (et le Centre aquatique olympique), les milieux aquatiques et le risque inondation, un fonds de soutien aux investissements des communes. Elle a également pris des initiatives avec les concours « Inventons la Métropole du Grand Paris » ou la création de la zone à faibles émissions (ZFE). La Métropole, qui devait progressivement monter en puissance, notamment financièrement, a toutefois été stoppée dans sa progression telle que prévue par la loi. Les intercommunalités En grande couronne, les intercommunalités ont subi une importante réorganisation en 2016 et 2017 afin d’atteindre, pour celles de la zone urbaine, une taille plancher. Elles sont aujourd’hui de trois types, avec des compétences légèrement différentes : communautés de communes pour les secteurs ruraux, communautés d’agglomération pour les zones urbaines et une communauté urbaine – la plus grande de France – dans les Yvelines, Grand Paris Seine & Oise qui regroupe 73 communes et plus de 400 000 habitants. Ces groupements de communes gèrent notamment l’aménagement, le développement économique ou les questions environnementales. Le conseil régional Enfin, la collectivité qui a le périmètre le plus large est le conseil régional. Ce dernier dispose d’importantes compétences en matière de transport, de développement économique et gère les lycées. Il pilote aussi l’aménagement, en termes de planification avec le schéma directeur de la région, et distribue des aides aux collectivités. Très puissante financièrement, la Région est aussi devenue un acteur central en matière d’environnement.

  • DES INTERCOMMUNALITÉS À DIMENSIONS ET AMBITIONS VARIABLES

    LA RÉFORME DE L’INTERCOMMUNALITÉ A CONDUIT EN 2016 À LA CRÉATION DE QUELQUES GROUPEMENTS DE TAILLE IMPORTANTE EN GRANDE COURONNE QUI S’ORGANISENT POUR PESER ET SE DÉMARQUER DANS LE PAYSAGE FRANCILIEN. Seine-et-Marne Un géant aux multiples visages Ce département, dont la superficie représente la moitié de l’Île-de-France, regroupe 21 des 63 intercommunalités franciliennes, avec des ensembles aux profils très différents. La Seine-et-Marne se caractérise par des petits groupements en périphérie de la Métropole et d’autres bien plus vastes couvrant surtout des secteurs ruraux autour parfois d’une ville-centre d’envergure. Dans la première catégorie, Paris Vallée de la Marne, Marne et Gondoire, Val d’Europe suivent le RER A pour mener jusqu’à Disneyland Paris, atout touristique majeur du territoire et moteur de développement économique. Au sud, Melun Val de Seine se démarque par ses pôles d’enseignement supérieur et industriel aéronautique. Composée de 12 à 20 communes, elle présente des enjeux généralement similaires aux intercommunalités de la zone dense, avec des problématiques de logement et de mobilité pour rejoindre les bassins d’emploi, même en offrant une densité moindre. Dans la seconde catégorie figurent le Pays de Fontainebleau, le Provinois (Provins), Coulommiers Pays de Brie ou le Pays de Meaux. Plus éloignées de Paris, ces intercommunalités disposent d’un environnement plus naturel Et souvent d’atouts patrimoniaux – et donc un potentiel de loisirs et touristique à proximité de Paris –, avec un périmètre couvrant de 26 à 54 communes. Yvelines 4 grandes intercommunalités tournées vers le développement économique Dans les Yvelines, quatre grandes intercommunalités se démarquent par leur taille. Tout d’abord, la communauté urbaine – la plus grande de France – Grand Paris Seine & Oise, qui regroupe 73 communes et plus de 400 000 habitants le long de la Seine autour des pôles urbains de Mantes-la-Jolie, Les Mureaux, Poissy et Conflans-Sainte-Honorine/Achères. Née début 2016, elle abrite d’importants projets d’aménagement pilotés par l’Epamsa et s’appuie sur une activité économique diversifiée : aéronautique, automobile, éco-industrie notamment. Versailles Grand Parc (18 communes), dont une partie du périmètre fait aussi l’objet de projets d’ampleur sous maîtrise d’ouvrage de l’EPA Paris-Saclay, cherche également à attirer les entreprises au sein notamment des écosystèmes présents dans les domaines de l’écologie urbaine et de la mobilité. Autre communauté d’agglomération très tournée vers ledéveloppement économique, Saint-Quentin-en-Yvelines (12 communes), qui met en avant un parc de 4,6 millions de mètres carrés d’immobilier d’entreprise. Outre une « vie économique dense », le territoire dispose également de quartiers pavillonnaires et des espaces naturels propices aux loisirs. Enfin, Saint-Germain Boucles de Seine regroupe 19 communes autour de Saint-Germain-en-Laye et a pour ambition de valoriser ses atouts : cadre de vie de qualité, patrimoine historique, culturel et naturel, position géographique stratégique entre le cœur de la métropole et les territoires péri-urbains. Essonne Grand Paris Sud et Paris-Saclay, locomotives du territoire Au 1er janvier 2016, deux nouveaux ensembles de plus de 300 000 habitants ont vu le jour dans ce département : Grand Paris Sud et la Communauté Paris-Saclay. Le premier (23 communes), qui déborde sur la Seine-et-Marne pour inclure Sénart, s’organise autour de la ville d’Évry-Courcouronnes et regroupe quelque 140 000 emplois. Grand Paris Sud accueille plus de 21 000 entreprises, de nombreux sièges sociaux de grands groupes (Safran, Arianespace, Truffaut…) et des industries de pointe (high-tech, éco-activités, recherche médicale avec le Genopole…). La seconde grande intercommunalité essonnienne (27 communes) est portée par la dynamique de la création du Campus urbain en pleine construction par l’EPA Paris-Saclay (voir ci-contre). Plus modeste, Cœur d’Essonne Agglomération rassemble 203 000 habitants et 21 communes, et dispose d’un site en plein développement sur l’ancienne base aérienne 217 avec l’implantation d’entreprises dans les domaines du e-commerce et de l’industrie, des activités innovantes sur les drones civils et les véhicules électriques, des industries événementielles ou un projet agricole. Val-d’Oise Un département tiré par l’activité aéroport L’activité du Val-d’Oise est très fortement orientée autour du pôle de Roissy qui draine d’importants flux de passagers et de marchandises. Ce secteur est couvert par la communauté d’agglomération de Roissy Pays de France qui déborde sur la Seine-et-Marne, faisant le lien entre la zone dense métropolitaine et des secteurs plus ruraux (voir ci-contre). Deux autres intercommunalités d’une quinzaine de communes bordent la Métropole – Val Parisis (280 000 habitants) et Plaine Vallée (183 000 habitants) – dont elles hébergent une partie des salariés. À proximité se situe la communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise (212 000 habitants), qui tire son attractivité notamment de son pôle d’enseignement supérieur et fait figure de porte d’entrée vers le parc naturel régional du Vexin français. Ce territoire revendique aussi la présence de 11 000 entreprises, parmi lesquelles des grands groupes – 3M, Spie, Thales, Renault, ABB, Louis Vuitton, Clarins –, dont certaines sont installées au sein des 15 parcs d’activités. “Une grande qualité de vie qui passe aussi par une offre culturelle très dense. ” Grégoire de Lasteyrie, président de la Communauté Paris-Saclay « La Communauté Paris-Saclay est un écrin de verdure, avec 60 % du territoire en espaces naturels, une chance pour les 320 000 habitants du territoire car ils bénéficient d’une grande qualité de vie qui passe aussi par une offre culturelle très dense : opéra de Massy, théâtres et l’arrivée des réserves du Centre Georges Pompidou en 2025. La deuxième identité forte est le dynamisme économique : 25 000 entreprises y sont implantées avec des grands comptes comme EDF ou Safran et de nombreuses start-up. Le territoire est actif sur l’aérospatiale, l’énergie, la défense, la santé, l’informatique, etc., et accueille aussi le pôle académique et scientifique de Paris-Saclay avec l’université et l’Institut polytechnique. Paris-Saclay n’est pas en compétition avec d’autres territoires car il a des atouts uniques. Ce territoire nécessite toutefois de maintenir un équilibre subtil, en préservant la nature tout en renforçant l’attractivité économique. Il est important de préserver l’aspect ville à la campagne avec Massy très urbaine et Saint-Aubin plus rurale. Sur l’agglomération, nous avons quatre priorités : renforcer notre potentiel économique pour valoriser le territoire ; développer la desserte extérieure – avec notamment la ligne 18 du Grand Paris Express, cruciale pour les besoins du territoire, et le tram-train T12 Massy Évry – et interne avec un plan de développement du vélo ; la transition écologique avec notre plan climat adopté en 2019 qui regroupe 125 actions qui vont être déployées dans les prochaines années ; un focus particulier sur la jeunesse, car 40 % des habitants du territoire ont moins de 29 ans. » « Particularisme lié à notre géographie et notre territoire : la ville-centre est l’aéroport. » Pascal Doll, président de Roissy Pays de France « Roissy Pays de France regroupe 355 000 habitants, 42 communes (25 dans le Val-d’Oise, 17 en Seine-et-Marne), 72 zones industrielles et aux alentours de 200 000 emplois. Le territoire est desservi par deux aéroports – Roissy et une partie du Bourget –, deux RER (B et D) et différents grands axes routiers. Dans la partie sud, la densité est beaucoup plus importante qu’au nord avec des zones périurbaines et rurales. Les communes membres vont en effet de 80 à 65 000 habitants avec des maires de toutes tendances politiques, mais tout le monde travaille en commun sur un projet de territoire orienté vers le développement économique autour des zones industrielles et la sanctuarisation des terres agricoles (50 % du territoire sanctuarisé ainsi, soit 16 000 hectares). Particularisme lié à notre géographie et notre territoire : la ville-centre est l’aéroport, sans maire mais avec une activité considérable : 90 000 emplois. C’est un pôle d’activité qui a un effet d’entraînement important. Mais la crise nous a fait toucher du doigt notre fragilité, qui est aussi notre force : l’unicité de produit autour d’aéroportuaire et de tourisme, avec l’hôtellerie-restauration qui va avec. Donc, notre objectif est aujourd’hui de diversifier notre offre pour éviter cette fragilité. On veut faire venir des entreprises qui sont dans d’autres secteurs : pharmaceutique, informatique, etc. Notre énorme atout sur lequel nous essayons de travailler, c’est que certaines de nos villes sont considérées comme à la campagne, un avantage qui intéresse actuellement. »

  • DEMAIN, ENFIN !

    « S’ADAPTER », TEL POURRAIT ÊTRE LE MOT D’ORDRE DE L’ENSEMBLE DES ACTEURS DE L’IMMOBILIER, NOTAMMENT DE TOUS CEUX QUI CONSTRUISENT LE GRAND PARIS. FAISONS DONC, AVEC QUELQUES FIGURES DES MARCHÉS, UN TOUR D’HORIZON DE LEURS CRAINTES, ET SURTOUT DE LEURS ESPOIRS… POUR DEMAIN ! PAR PASCAL BONNEFILLE, DIRECTEUR D’IMMOWEEK Dans une chronique récente, parue dans Immoweek, le secrétaire général du groupe LVMH, président du Cercle Pierres d’Or, Marc-Antoine Jamet, introduisait la question de l’avenir du secteur avec le talent et l’humour qu’on lui connaît et se demandait : « “Oh ! que sera demain, le début ou la fin…” Telle était au siècle précédent – à moins que ce ne soit celui d’avant – la scie que serinait mélancoliquement Yves Simon, chanteur filiforme et germanopratin. Sans en changer un mot, le chœur injustement méconnu des professionnels de l’immobilier, de sa voix suave, pourrait psalmodier la rengaine. Le début ou la fin ? La question ne se pose peut-être pas aussi brutalement dans tous les secteurs de notre petite industrie. L’apocalypse ne frappe pas à notre porte. On verra encore des transactions, des baux et des chantiers. Mais une chose est sûre : il va falloir s’adapter. » Un point de vue partagé par nombre d’acteurs des marchés... Pour Thierry Laroue-Pont, président de BNP Paribas Real Estate : « Un premier enseignement qu’il est bon de rappeler quand tout semble morose : notre secteur ne s’est pas effondré. Il a connu son lot de difficultés, comme l’arrêt des chantiers, l’impossibilité d’organiser les visites physiques, les doutes aussi des investisseurs institutionnels comme particuliers qui ont parfois préféré reporter certains arbitrages… Malgré tout cela, nous sommes toujours debout. Ainsi, alors que nous aurions pu craindre son arrêt total, le marché de l’investissement en Europe a montré une forte résilience. Si les volumes investis en immobilier d’entreprise en 2020 ont diminué de 23 % par rapport à 2019 (contre un effondrement de 47 % en 2008 !), atteignant tout de même 222,4 milliards d’euros, il est important de relativiser la chute en rappelant que 2019 fut l’année de tous les records. » Et de poursuivre : « En 2020, nous avons fermé, contraints, la page d’une approche fonctionnelle de la ville. En 2021, nous écrivons la première page de la ville inclusive et résiliente. Loin d’être des “buzz words”, ces notions ont pris une épaisseur particulière à l’aune de la crise sanitaire. À nous d’en faire désormais une réalité tangible pour la société. » Fabrice Allouche, président de CBRE France, anticipe, de son côté, la reprise en phases : « Nous anticipons une reprise en trois actes : d’abord, les marchés logistique et résidentiel dès 2021, puis les bureaux autour de 2022 et, enfin, le commerce et l’hôtellerie, pas avant 2023. » Et souligne-t-il, « cette pandémie nous aura appris à travailler, à consommer, à produire ou encore à investir autrement. Faisons en sorte, collectivement, que cet “autrement” soit celui d’un développement plus durable et responsable ». Barabara Koreniouguine, présidente de Cushman & Wakefield France, affirme d’emblée : « Prenons acte des changements conjoncturels (qui n’auront par définition qu’un temps, révolu avec l’accélération de la vaccination anti-Covid-19), mais surtout de ceux structurels qui ont affecté et affecteront sur le long terme notre rapport individuel et collectif à l’immobilier, qu’il soit d’entreprise ou résidentiel. Repensons la matière immobilière comme un matériau agile, levier de croissance pour notre industrie et pour les entreprises du conseil. » Et pas de doute, « l’immobilier de bureau doit devenir une matière plus agile, source de développement pour les entreprises qui, passé le trauma de 2020, doivent se relancer dans une compétition économique toujours plus i ntense. Le constat vaut aussi pour d’autres formes d’immobilier que sont les commerces et les entrepôts logistiques du XXS au XXL : cet animal étrange qu’est le consommateur bouscule les codes et dicte sa loi, obligeant le monde de la distribution, dans une acceptation globale, à réinventer un modèle flexible où l’expérimentation tient une place importante… ». Côté commerces justement, pour Antoine Grignon, co-directeur du département investissement chez Knight Frank, « la baisse durable des nouveaux développements devrait profiter aux actifs existants qui, depuis plusieurs années, pouvaient à la fois souffrir des arbitrages des consommateurs et du développement soutenu de nouveaux mètres carrés de commerces. L’adaptation de l’existant aux nouvelles attentes des consommateurs n’en est pas moins indispensable, ce dont les foncières ont conscience puisqu’elles s’efforcent depuis des années de moderniser et de repositionner leur patrimoine. L’épidémie de Covid-19 accélérera cette tendance, contribuant à la montée en gamme et à l’adaptation du parc immobilier dans une logique de complémentarité avec les ventes en ligne. Amplifié par la crise sanitaire, l’essor du e-commerce est, en effet, un facteur déterminant, qui interroge de plus en plus le rôle même des points de vente, contribuant notamment à la multiplication des “drives piétons”, “dark kitchen” et autres points de retrait ou de préparation de commandes ». Pour Gontran Thüring, délégué général du Conseil national des Centres commerciaux, « le confinement a fait ressortir le rôle économique du commerce de détail lié à sa fonction d’approvisionnement en biens de consommation. Il a également mis en exergue son utilité sociale par la carence de contacts humains qu’il a provoquée. Lieux de distribution, les centres commerciaux et leurs magasins devront encore plus et mieux demain devenir des lieux d’expériences et de passions partagées ». D’où le constat : « Monolithiques et souvent isolés, âgés en moyenne de trente ans, les centres commerciaux et leurs magasins devront se rénover et s’étendre en proposant d’autres fonctions pour mieux s’intégrer, aux sens physique et sociétal, dans la cité et contribuer ainsi à son animation. » François Le Levier, managing director en charge de l’activité industrielle et logistique de CBRE France, introduit d’emblée : « Il y a fort à parier que la demande placée en France demeure soutenue cette année et cohérente avec la moyenne historique des plus de 3 millions de mètres carrés, notamment nourrie par une part importante de clés en main qui répond aux besoins de renouvellement du parc. Mais une demande placée pas exponentielle. Mais si le marché locatif nous invite à la prudence, le marché de l’investissement, quant à lui, surperforme. L’an dernier, CBRE présentait les résultats de son étude annuelle “Global investor intentions survey”, résultant de la synthèse des intentions de plus de 1 000 investisseurs du monde entier. Plébiscitée à 33 % en Europe et 50 % en Amérique, la classe d’actifs industriels et logistiques est la plus recherchée par les investisseurs, loin devant le bureau et le commerce. De fait, sur les trois dernières années, la moyenne du volume d’échanges en France a augmenté de 30 % pour atteindre 15 % des allocations. Les prix de vente ont été multipliés par deux en dix ans… » Toujours côté logistique, Laurence Giard, directrice générale de Segro France, plaide pour la requalification des friches industrielles, spécialité du groupe qu’elle manage : « Au cœur des bassins d’emploi et de consommation, dans un contexte de raréfaction du foncier, de sous-utilisation de l’espace urbain et des enjeux visant à limiter l’artificialisation des sols, il est essentiel de se tourner vers la requalification de sites industriels (…) qui représente un enjeu majeur : des friches bénéficiant d’emplacement “prime”, situées à proximité des grands axes de transport et de communication connaissent ainsi une seconde vie en accueillant des sites de logistique et de distribution urbaines de nouvelle génération intégrés au paysage urbain, générateurs d’emplois et permettant de servir la ville et les consommateurs. Il y a, bien évidemment, un autre argument en faveur de la requalification d’anciens sites industriels : le volet environnemental. Cette démarche implique notamment la dépollution des sols, le réemploi des matériaux et ressources existants… » Et concernant l’habitat ? Selon Olivier Wigniolle, le directeur général d’Icade : « Le marché résidentiel confirme sa résilience avec une demande toujours forte, mais une pénurie d’offres qui s’accentue. Les fondamentaux du secteur sont sains avec des conditions financières favorables et des banques moins fragiles qu’en 2008 ou en 2012. Les chantiers ont su s’adapter aux contraintes sanitaires et les lancements de programmes se sont poursuivis : ce sont les autorisations de construction qui peinent le plus à remonter la pente, avec un recul de 19 % depuis le premier confinement pour le logement collectif. Le financement des particuliers, lui, reste favorable, avec toutefois une évolution du profil des acquéreurs vers davantage de ménages aisés (l’apport a bondi de 10 % en 2020). » Et de préciser : « Nous constatons un regain d’intérêt des institutionnels pour le résidentiel, au-delà des acquisitions importantes de CDC Habitat et d’In’li. En 2020, leurs investissements ont bondi à 5,5 milliards d’euros selon ImmoStat. La multiplication des fonds dédiés et leur appétence pour des actifs gérés (résidences seniors, étudiantes, en coliving) nous offrent de belles perspectives d’activité. En 2021, nous accélérons le développement d’une offre bas carbone avec le lancement d’Urbain des Bois et en intégrant les enjeux de biodiversité avec Naturellement chez soi by Icade… » Pour Christophe Volle, cofondateur de Bridge Real Estate : « Les investisseurs, confortés par des fondamentaux démographiques solides, par l’émergence de nouveaux besoins (mobilité, flexibilité, communauté de vie) et par un déficit d’offres adaptées, ont accéléré leurs investissements dans l’immobilier géré au cours des dernières années. C’est, pour eux, un moyen de diversifier leur allocation d’actifs, de développer leurs investissements socialement responsables mais aussi de mettre en place une stratégie d’investissement globale en s’intéressant à l’ensemble du parcours résidentiel. L’immobilier résidentiel est engagé dans un cycle permettant de réinterpréter la façon avec laquelle nous occupons notre habitat et, par écho, la vision même de l’investissement évolue avec une volonté de couvrir l’ensemble des besoins et des usages avec un prisme générationnel. » Concluons ce – rapide – panorama avec l’analyse encourageante de Grégory Frapet, le président du directoire de Primonial Reim, qui reste « confiant sur les perspectives pour le secteur immobilier et pour Primonial Reim en particulier, au regard des choix stratégiques que nous avons faits dès l’origine : un positionnement “core”, une gestion de conviction, une diversification sectorielle et européenne. Pour nous, l’un des enjeux principaux sera, une nouvelle fois, de privilégier des relations de grande proximité avec nos clients locataires en surveillant de près le recouvrement des loyers et en défendant les valeurs d’expertise par un asset management actif. Enfin, nous adaptons nos stratégies d’investissement, d’arbitrage et de gestion à la “nouvelle normalité” du monde d’après pour intégrer l’évolution des usages, l’offre de services au sein de notre patrimoine et la digitalisation ». De ces témoignages, recueillis par les journalistes d’Immoweek, on tirera sans difficulté une conclusion : les acteurs des marchés, dans leurs différences, sont prêts à relever les défis, notamment dans le cadre du Grand Paris, toujours plus attractif. Et qui – soyons en sûrs – n’a pas dit son dernier mot.

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