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- JO 2024 : LES CHANTIERS BATTENT LEUR PLEIN
ALORS QUE LA PLUPART DES ÉQUIPEMENTS DES JEUX OLYMPIQUES ET PARALYMPIQUES DE PARIS 2024 DOIVENT ÊTRE LIVRÉS FIN 2023, LES CHANTIERS, QUI N’ONT PAS RENCONTRÉ D’OBSTACLES MAJEURS, SONT MONTÉS EN PUISSANCE COURANT 2022. PAR RAPHAËL RICHARD. De 3 500 personnes impliquées dans les travaux début 2022, elles seront 8 000 à l’automne ; 58 « objets » sous maîtrise d’ouvrage de la Solideo seront en travaux fin 2022. Au cours des derniers mois, l’activité est montée en puissance pour être prêts avant l’été 2024. « Nous sommes dans les temps, sans besoin d’accélérer le rythme », estime Nicolas Ferrand, directeur général de la Solideo. Les constructions réalisées dans les temps sont la preuve, pour lui, que « la France est toujours un grand pays de bâtisseurs, encore capable de mobiliser ingénierie publique et financière ». Les craintes de retards consécutifs à la pandémie et à la disponibilité des matériaux, accentuées par la guerre en Ukraine et le nouveau confinement en Chine, ont en effet été levées. Si « de vraies difficultés » avaient été exprimées par les entreprises en mars dernier, les choses sont rentrées dans l’ordre. « Les opérateurs de la construction ont recréé d’autres chaînes d’approvisionnement et nous ont assuré avoir la garantie de disposer des matériaux nécessaires jusqu’à fin 2022 », a indiqué le directeur général de la Solideo, prévenant toutefois qu’il restait à résoudre la question des surcoûts liés à l’envolée de l’inflation, même si l’enveloppe budgétaire globale attribuée aux ouvrages des JOP, soit 4,3 milliards d’euros, établie en 2016, « sera tenue ». « Plus grand chantier de France » Avec 330 000 mètres carrés en construction, le Village des athlètes, à Saint-Denis, Saint-Ouen et L’Île-Saint-Denis, est le « plus grand chantier de France ». Quelque 3 500 compagnons sont à pied d’œuvre depuis cet été. Une première étape pour ce site qui accueillera 15 000 athlètes lors de l’événement, avant l’arrivée « d’un bloc » de 12 000 habitants à partir de l’été 2025. Les travaux battent également leur plein autour de l’aéroport du Bourget (Seine-Saint-Denis) transformé en centre principal des médias, où le hall 3 est en reconstruction et un certain nombre d’équipements en cours d’amélioration, mais aussi où le Village des médias sort de terre. 2 500 journalistes y seront logés. Idem pour le stade départemental Yves-du-Manoir à Colombes (Hauts-de-Seine) qui va être intégralement reconstruit pour accueillir les épreuves de hockey sur gazon. Cérémonie d’ouverture sur la Seine Paris 2024 avance de son côté sur la cérémonie d’ouverture qui doit se dérouler sur la Seine avec, d’Austerlitz au pont de l’Alma, une féerie de 160 bateaux, de barges, de spectacles et de musiques, le tout retransmis sur 80 écrans géants. Les bateaux, au moins pour partie à moteurs électriques, transporteront 206 délégations et quelque 10 500 athlètes. 600 000 spectateurs sont attendus sur le trajet de 6 km qui sera ponctué d’animations. LES JO 2024 EN QUELQUES CHIFFRES : 51 hectares Soit la superficie totale du village olympique. Des travaux qui vont redynamiser les villes de Saint-Ouen, Saint-Denis et de L’Île-Saint-Denis. 4,3 milliards d’euros C’est l’enveloppe budgétaire globale attribuée, en 2016, aux ouvrages liés aux JOP. 15 000 C’est le nombre d’athlètes et officiels attendus. 330 000 mètres carrés Soit la superficie du chantier du futur Village des athlètes, à Saint-Denis, Saint-Ouen et L’Île-Saint-Denis.
- PLUS RAPIDE LA VIE : STEPHANIE BENSIMON
ENTHOUSIASMÉE PAR LES ÉVOLUTIONS ÉCONOMIQUES ET SOCIALES ACTUELLES, STÉPHANIE BENSIMON, RESPONSABLE D’ARDIAN REAL ESTATE, DÉVELOPPE AVEC PASSION L’INVESTISSEMENT IMMOBILIER DANS LES GRANDES CAPITALES EUROPÉENNES. « J’AI CE BESOIN DE DÉCOUVRIR ET DE COMPRENDRE DE NOUVEAUX ENVIRONNEMENTS », DÉCLARE CETTE FEMME D’ACTION BRILLANTE AU PARCOURS SANS ACCROC, DEVENUE MEMBRE DES ACTEURS DU GRAND PARIS EN 2021. PROPOS RECUEILLIS PAR ELENA JEUDY BALLINI. D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, Stéphanie Bensimon a toujours su que sa vie professionnelle devait être trépidante, jalonnée de challenges : « Plus jeune, je n’avais pas d’idée précise sur ce que je voulais faire, mais je savais que je voulais agir dans le concret. Instinctivement, j’avais envie d’être au cœur de l’écosystème. » Petite dernière d’une famille de huit enfants, Stéphanie Bensimon naît et grandit à Casablanca. « J’ai eu une enfance heureuse, entourée de tous mes frères et sœurs, avec un sens de la famille très fort. Mes parents étaient d’une gentillesse peu commune mais, forcément, j’avais du mal à ne les avoir qu’à moi ! Je crois que, d’une certaine façon, cela m’a rapidement poussée à rechercher mon indépendance », raconte-t-elle. La découverte d’un monde passionnant La famille quitte le Maroc pour le 18e arrondissement de Paris, entre Anvers et le Sacré-Cœur. Un déménagement qui revêt des allures d’aventure inédite dans les grands yeux verts de Stéphanie Bensimon, six ans à l’époque. Galvanisée par la bienveillance de ses parents et leur sens du travail, elle poursuit une scolarité fluide, ponctuée d’excellents résultats. Discrète et bonne élève, elle décroche son baccalauréat avec un an d’avance et intègre l’université Paris Dauphine où elle étudie l’économie et la finance. À l’issue de son master et âgée seulement de 22 ans, elle devient gestionnaire des risques pour une filiale de General Electric qui fédère les services financiers du groupe américain. « Je voulais entrer rapidement dans le monde de l’entreprise, dès l’obtention de mon diplôme. GE développait son équipe fusion/acquisition en immobilier. Je suis arrivée au bon moment ! » Très vite, le poste lui ouvre de nombreuses perspectives. Pour Stéphanie Bensimon, c’est la révélation : « J’ai découvert un monde passionnant, très structurant pour la suite de ma carrière. Développer des équipes, créer du business un peu partout en Europe, voyager et découvrir de nouveaux environnements… C’est une expérience déterminante, j’ai eu envie de retrouver cette adrénaline dans la suite de ma carrière », explique-t-elle. Aujourd’hui membre du directoire d’Ardian France et responsable d’Ardian Real Estate, Stéphanie Bensimon réalise de l’investissement immobilier à travers des fonds dédiés dans de grands pôles européens comme Paris, Berlin, Munich, Milan ou Madrid. « J’aime cette idée de repositionner les immeubles pour les convertir et les mettre ainsi au meilleur standard pour les meilleurs usages, confie-t-elle. Nous traversons en ce moment des évolutions très intéressantes sur la façon de penser la ville. Vivre ces transformations et y participer est excitant. On pense souvent que l’immobilier est quelque chose de figé. En réalité tout s’accélère ! J’ai le sentiment d’apprendre sans cesse ! » Devenue membre du club des Acteurs du Grand Paris depuis le dernier cocktail estival où elle intervenait en tant que présidente du Cercle de l’immobilier en présence d’Élisabeth Moreno, alors ministre déléguée à l’Égalité femmes-hommes, à la Diversité et à l’Égalité des chances, Stéphanie Bensimon apprécie l’aspect fédérateur du Grand Paris, alliant sphères publique et privée : « Ce projet est d’une importance capitale pour l’avenir, car il détermine la manière dont la ville existe en elle-même. Le plus important selon moi est la manière dont les acteurs coexistent autour du Grand Paris et comment ils le construisent ensemble. » On pourrait croire qu’une fois les bureaux du leader de l’investissement privé quittés, place Vendôme, cette femme d’action goûte enfin au calme et au repos. C’est sans compter les réunions familiales, aux allures de joyeux bazar : « Dans la famille, nous sommes amateurs de musique ! On chante, on joue, on rit… Nous nous retrouvons toujours, tous ensemble. Cela fait partie de notre équilibre. » Avec le Maroc, où elle passe régulièrement ses vacances, Stéphanie Bensimon garde un lien indéfectible assorti d’une affection viscérale. Si elle se sent profondément Parisienne, ce goût de l’ailleurs lui confère une véritable capacité d’adaptation, tout comme son sens des découvertes et des nouveaux horizons. « Le rapport à la famille et à son histoire est aussi ce qui structure le rapport au monde. Finalement, la vie c’est cela ! »
- L’HÉRITAGE DES JO DOIT ÊTRE NOTRE GRAND PROJET COMMUN : EMMANUEL GRÉGOIRE
« PLUS D’UNE CENTAINE DE MAIRES, D’ÉLUS LOCAUX ET D’INSTITUTIONS S’ACCORDENT ET TRAVAILLENT ENSEMBLE POUR QUE CE MOMENT EXCEPTIONNEL QUE SONT LES JEUX PUISSE ACCÉLÉRER LES TRANSFORMATIONS DONT LE TERRITOIRE MÉTROPOLITAIN A BESOIN », SE FÉLICITE EMMANUEL GRÉGOIRE, DANS UNE INTERVIEW AU MAGAZINE D’ACTEURS DU GRAND PARIS. LE PREMIER ADJOINT À LA MAIRE DE PARIS JUGE QU’UNE SIMPLIFICATION ADMINISTRATIVE S’IMPOSE PAR AILLEURS ET QUE LES COMPÉTENCES DE LA MÉTROPOLE DOIVENT ÊTRE RENFORCÉES, NOTAMMENT EN MATIÈRE DE TRANSPORT. PROPOS RECUEILLIS PAR JACQUES PAQUIER. Quel bilan dressez-vous des 6 premières années de la Métropole du Grand Paris ? La création de la Métropole du Grand Paris (MGP) en tant qu’institution en 2016 a été l’aboutissement d’un long processus de débats et de travail pour faire émerger un début de culture commune. Vous savez, nous partons de très loin. Suite au démantèlement du département de la Seine en 1968, Paris et ses voisins n’avaient pas de culture commune du faire-ensemble et le dialogue était quasiment inexistant. C’est à l’initiative de Bertrand Delanoë, en 2001, que les liens ont été rétablis avec les premières réunions métropolitaines. De la création de Paris Métropole en 2009 jusqu’aux lois Maptam et NOTRe en 2014 et 2015, nous avons réussi à faire émerger une institution, certes imparfaite, mais qui traduit notre ambition et notre volonté communes. À titre personnel, je m’en félicite. Au cours des dernières années, et particulièrement durant la crise sanitaire, la Métropole a su être efficace. Nous avons voté un plan de relance de 110 millions d’euros en mai 2020 pour soutenir le tissu économique local sans oublier d’agir pour la transition écologique du territoire grâce au développement des mobilités douces et le déploiement du plan vélo métropolitain. L’héritage des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 doit être notre grand projet commun pour les prochaines années. Plus d’une centaine de maires, d’élus locaux et d’institutions s’accordent et travaillent ensemble pour que ce moment exceptionnel que sont les Jeux puisse accélérer les transformations dont le territoire métropolitain a besoin. La Métropole du Grand Paris est d’ailleurs maître d’ouvrage du Centre aquatique olympique et de la ZAC Plaine Saulnier. Ces deux sites seront reconvertis après les Jeux pour offrir un équipement sportif d’ampleur à Saint-Denis ainsi qu’un nouveau quartier au bord du canal et aux portes de Paris. Certes, nous ne sommes pas d’accord sur tout. Mais nous avons réussi à créer un cadre de travail commun avec la gouvernance partagée. Des élus de tous les groupes politiques sont présents dans l’exécutif métropolitain et œuvrent au service du même projet. C’est assez rare pour être souligné et la récente adoption du Schéma de cohérence territoriale (SCoT) est l’illustration que ce travail paye. La Métropole est une institution très jeune, qui doit encore monter en compétence. Il est essentiel de se fixer collectivement de nouveaux objectifs pour la construction métropolitaine. « L’INSTABILITÉ ÉCONOMIQUE ACTUELLE CONCERNANT LA MÉTROPOLE ET LES EPT REPRÉSENTE UN FREIN POUR METTRE EN ŒUVRE DE VÉRITABLES POLITIQUES PUBLIQUES AMBITIEUSES. » Quel est votre scénario de réforme institutionnelle idéal ? L’enchevêtrement actuel en Île-de-France est une parfaire illustration du « millefeuille administratif français ». Je ne crois pas au grand soir de la révolution institutionnelle, mais une clarification est indispensable. La MGP doit être pleinement reconnue comme notre maison commune, le lieu où les maires agissent ensemble, en laissant au vestiaire les effets de posture. La Métropole n’a que 6 ans, elle est jeune mais elle avance. Comme toutes les autres grandes métropoles françaises, il faut qu’elle gagne en capacité d’action et en visibilité. Je ne pense pas qu’il y ait un scénario magique mais l’évolution institutionnelle devra se faire. S’il doit avoir une réforme, il faut que les élus locaux soient impliqués dans cette évolution, capable de s’adapter à la réalité du terrain et de répondre aux attentes des Grandes Parisiennes et des Grands Parisiens. Un point essentiel devra être abordé : c’est la question financière. Aujourd’hui, la situation n’est satisfaisante pour personne. L’instabilité économique actuelle concernant la Métropole et les EPT représente un frein pour mettre en œuvre de véritables politiques publiques ambitieuses face aux défis auxquels nous sommes déjà confrontés : la transition écologique et la crise du logement. « CHAQUE JOUR, 1 MILLION DE FRANCILIENS VIENNENT TRAVAILLER DANS PARIS ET 300 000 PARISIENS FONT LE CHEMIN DANS L’AUTRE SENS. » Selon vous, quelles compétences exercer au niveau métropolitain ? La répartition des compétences entre les collectivités territoriales et la Métropole doit être le fruit d’une concertation avec les élus locaux. Pour ce qui est des compétences que la Métropole exerce, elles répondent à des enjeux dont le traitement fait sens à l’échelle du territoire métropolitain. Il n’est plus possible d’agir efficacement si on le fait tout seul. La transition écologique et l’adaptation au dérèglement climatique doivent nous guider. Un grand nombre de communes du Grand Paris agissent à leur échelle, comme Paris le fait déjà beaucoup. Je suis convaincu que la Métropole doit jouer un rôle d’accompagnement et de coordination plus fort. Le SCoT va dans ce sens en matière d’aménagement et de santé environnementale, le plan biodiversité également. Il y a encore beaucoup de travail à faire sur la question de l’énergie et évidemment des transports. Je suis convaincu que la Métropole devra voir ses compétences considérablement renforcées en matière de mobilités. Soit en devenant autorité organisatrice des transports de second rang, soit en siégeant au Conseil de surveillance de la Société du Grand Paris au même titre que les départements et la Région. La question du logement est cruciale. Les enjeux sont immenses et ne peuvent pas se régler à l’échelle des communes. Si la Métropole est fondée à exercer la compétence logement, elle ne l’exerce pas encore de manière effective en l’absence de Plan métropolitain de l’Habitat et de l’Hébergement (PMHH). Comme pour le SCoT, c’est un document qui mérite un important travail de fond et de concertation, qui a été engagé et que je soutiens. Nous ne parviendrons pas à résoudre seuls les défis qui sont face à nous : le besoin de nouveaux logements, le rééquilibrage territorial de l’offre sociale, le développement d’une offre de logement abordable et la nécessaire rénovation énergétique des bâtiments demandent un effort massif et collectif. Quelles seraient, pour vous, les priorités de l’agenda métropolitain au cours des prochains mois, des prochaines années ? Il faut travailler à la construction d’une identité métropolitaine. Combien d’habitants de la Métropole se revendiquent comme tels ? Pourtant la Métropole est un espace vécu au quotidien. Chaque jour, 1 million de Franciliens viennent travailler dans Paris et 300 000 Parisiens font le chemin dans l’autre sens. Le Grand Paris, dans la vie des gens, il est déjà là. Il nous faut accompagner cette prise de conscience. C’est sur le champ de la culture que l’identité métropolitaine émergera. La culture doit être au cœur de notre action. La culture illustre le potentiel du Grand Paris : ce foisonnement fabuleux de créations, d’architecture nouvelle, de patrimoine protégé et d’histoire commune. Le Grand Paris grandit Paris. Aujourd’hui, le potentiel culturel de la Métropole est sous-exploité. Combien de Parisiens ont visité le Mac Val ? Ou la Basilique de Saint-Denis ? Il y a un sujet auquel je tiens particulièrement : l’esthétique de la ville. Le Grand Paris, ça ne peut pas être Paris en plus grand. Il faut inventer la couleur propre du Grand Paris, construire une grammaire urbaine commune aux territoires de la Métropole. Les transformations viennent d’en bas, à nous d’appuyer la scène culturelle émergente, qui se joue des frontières, qui révèle les nouveaux territoires. Ensuite, il y a des occasions à ne pas perdre. Il faut que nous nous saisissions, avec les élus et les acteurs associatifs, de la mise en œuvre du plan vélo métropolitain pour inventer une identité métropolitaine. « IL FAUT INVENTER LA COULEUR PROPRE DU GRAND PARIS, CONSTRUIRE UNE GRAMMAIRE URBAINE COMMUNE AUX TERRITOIRES DE LA MÉTROPOLE. » Quel rôle doit jouer la Métropole en matière de logement, d’urbanisme, d’aménagement ? La Métropole ne s’est pas encore dotée de PMHH, alors que nous sommes au-devant d’une crise du logement sans précédent dans le Grand Paris et en France. Nous avons besoin de construire vite et bien. C’est-à-dire qu’il faut répartir l’offre de manière plus équilibrée qu’aujourd’hui sur le territoire métropolitain. C’est pour moi l’autre priorité métropolitaine. La Métropole joue un rôle de coordination en termes d’aménagement grâce au SCoT et va bientôt se saisir de l’enjeu du logement. Certaines opérations d’urbanisme, déclarées d’intérêt métropolitain, sont également sous maîtrise d’ouvrage de la Métropole du Grand Paris, à l’instar de Livry-Gargan ou de Villeneuve-la-Garenne. Ces premières opérations devront en amener d’autres car de nombreux projets urbains ont vocation à constituer de nouveaux quartiers d’envergure métropolitaine. À Paris, nous regardons l’opportunité d’un transfert de maîtrise d’ouvrage sur certaines de nos opérations d’aménagement situées à proximité du périphérique. Il faut que ces futurs aménagements soient à la hauteur des défis sociaux et environnementaux actuels, les citoyens nous le demandent. La dernière édition de l’appel à projets « Inventons la Métropole du Grand Paris 3 » incite à la transformation de bureaux en logements et à la reconversion des friches. Ces dynamiques doivent se poursuivre pour construire la Métropole sur elle-même afin de lutter contre l’étalement urbain et les inégalités.
- CO-CONSTRUIRE ET DÉVELOPPER LA VILLE DE DEMAIN
AU NOMBRE DE SIX EN ÎLE-DE-FRANCE, LES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS D’AMÉNAGEMENT PRÉSENTENT DES CARACTÉRISTIQUES PARTICULIÈRES SELON LEUR LOCALISATION, LEURS ENJEUX ET LEURS AMBITIONS PROPRES. ZOOM SUR CES VÉRITABLES BRAS ARMÉS DE L’ÉTAT QUI IMPULSENT LES STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT DES TERRITOIRES D’INTÉRÊT NATIONAL. PAR ELENA JEUDY-BALLINI Depuis leur apparition dans les années 1960 pour bâtir les fameuses villes nouvelles, les établissements publics d’aménagement (EPA) ont vu leurs missions se diversifier et inclure notamment le renouvellement urbain. Pour leur compte, celui de l’État, des collectivités territoriales ou d’un autre établissement public, les six opérateurs et Grand Paris Aménagement peuvent réaliser des opérations d’aménagement ainsi que des acquisitions foncières et immobilières, mais également proposer une stratégie de développement économique de leur territoire et en assurer la coordination. De fait, les EPA sont des acteurs à part entière de la stratégie logement du gouvernement et contribuent, en outre, à l’accueil d’activités économiques. Leurs compétences se révèlent ainsi particulièrement précieuses en zones tendues. En Île-de-France, où l’État a toujours voulu garder la main sur l’aménagement, leur rôle est donc stratégique et les enjeux nombreux : une démographie croissante, l’évolution des usages, la nécessité d’une meilleure prise en compte des facteurs environnementaux et la sobriété foncière. Le tout en étant attentif au tissu local. EPA Sénart Les riches potentiels du sud-est parisien Situé au sud-est de la métropole du Grand Paris, sur le territoire de Grand Paris Sud, l’EPA Sénart pilote l’aménagement et le développement de l’opération d’intérêt national de Sénart, composée des communes de Cesson, Combs-la-Ville, Lieusaint, Moissy- Cramayel, Nandy, Réau, Savigny-le-Temple, Vert-Saint-Denis (Seine-et-Marne), Tigery et Saint-Pierre-du-Perray (Essonne). « Le modèle historique de l’EPA était de polariser le développement de la frange sud-est de l’Île-de-France par un développement urbain organisé sur les terres agricoles acquises par l’État, qui a constitué au fil des années de très importantes réserves foncières », rappelle Aude Debreil, directrice générale de l’EPA Sénart. « Celles-ci s’élèvent encore aujourd’hui à 1 300 hectares. C’est un patrimoine unique qui recèle un important potentiel de développement. » Profitant de son excellente desserte autoroutière, le territoire s’est longtemps spécialisé dans la logistique. Ces dernières années et à la demande des élus, l’EPA a toutefois repositionné la stratégie économique en faveur de l’accueil d’industries et de la supply chain, et mis en place un ambitieux plan d’actions commerciales et de marketing territorial. « L’EPA crée de 800 à 1000 emplois nouveaux par an », indique Aude Debreil. À Savigny-le-Temple, La restructuration du Miroir d’eau s’articule autour du repositionnement des bâtiments, la création d’une continuité commerciale et l’implantation du marché. Le Carré Sénart est une polarité forte du territoire qui héberge 116 000 m² de commerces et 40 000 m² de bureaux. Figurant au nombre des opérations les plus emblématiques de l’EPA, Le Carré Sénart constitue une polarité forte du territoire qui héberge 116 000 mètres carrés de commerces et 40 000 mètres carrés de bureaux, des services, un important pôle de loisirs et culture ainsi que des établissements d’enseignement. Une réalisation que l’établissement public entend bien accélérer. En matière de développement économique, le parc de l’A5, dédié à l’accueil de logistique XXL, représente également une réalisation d’envergure avec ses 500 000 mètres carrés de surface de plancher. À Savigny-le-Temple, le Miroir d’eau est la première opération de reprise complète d’un des plus anciens quartiers de la ville nouvelle. Cette réhabilitation de grande ampleur, à forte dimension environnementale, combine la reconstitution de commerces en pied d’immeuble avec la création de près de 400 logements. Fruit d’un solide partenariat entre l’EPA Sénart et la commune de Lieusaint, l’écoquartier de l’Eau Vive a été lauréat de l’appel à projets régional « Nouveaux quartiers urbains » et a reçu, en 2017, le label national du ministère de la Cohésion des territoires. « À l’heure de la loi climat et résilience et du ZAN, l’EPA Sénart prend le virage d’une densification raisonnée, de la recomposition de tissus existants et de la densification des quartiers de gare, tout en sachant qu’il ne dispose quasiment pas de friches sur son territoire », explique Aude Debreil. L’établissement public a pour cela missionné équipes d’urbanistes et paysagistes de renom qui l’accompagnent désormais : l’agence Devilliers et Associés, TGTFP et Sosson, l’agence TER et Architecture Studio avec l’agence de paysage Babylone. Par ailleurs, l’EPA Sénart aspire à contractualiser une nouvelle ambition avec l’État et les élus du territoire : celle de projets partenariaux d’aménagement. « L’EPA crée de 800 à 1 000 emplois nouveaux par an » Aude Debreil, directrice générale de l’EPA Sénart. EPA Paris-Saclay Paris-Saclay, écosystème de l’innovation À l’issue du projet de développement d’un cluster technologique au sud de Paris en 2006 et du lancement du Plan Campus en 2008, l’EPA Paris-Saclay est créé par la loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris et chargé de superviser les travaux d’aménagement et le développement économique du cluster. Vingt membres le composent dont trois représentant l’État et dix les collectivités territoriales ainsi que sept personnalités qualifiées, nommées notamment par le premier ministre. Valérie Pécresse, présidente du Conseil régional d’Île-de-France, préside le conseil d’administration tandis que Philippe Van de Maele assure la direction générale. « L’État conduit à Paris-Saclay un projet global, qui s’étend sur trois agglomérations, Versailles Grand Parc, Saint-Quentin-en-Yvelines ainsi que Paris-Saclay, dans le département de l’Essonne », précise Philippe Van de Maele. La majorité des grandes opérations menées par l’EPA Paris-Saclay ont lieu sur les campus urbains qui font sa renommée. Celui de Palaiseau, par exemple, a été marqué par le développement de la ZAC du quartier de l’École polytechnique en 2013 qui a elle-même accueilli par la suite bon nombre de projets comme le Digihall, centre de recherche et d’innovation autour des nanotechnologies, l’Institut photovoltaïque d’Île-de-France, l’ENSTA ParisTech, l’EDF Lab, le Centre de nanosciences et nanotechnologies, etc. Sur le campus urbain d’Orsay ont été établis l’Institut des Sciences moléculaires, le Conservatoire à Rayonnement départemental mais aussi plusieurs résidences étudiantes et l’Hôpital Paris-Saclay, qui ouvrira mi-2024. D’une surface de 45 000 mètres carrés, l’établissement disposera d’une dizaine de salles de bloc opératoire, de services de médecine, de chirurgie mais aussi d’une unité dédiée aux maladies infectieuses, d’une unité de crise, d’un service d’urgences et d’une maternité. Le campus urbain de Gif-sur-Yvette accueillera, dès le dernier trimestre 2022, le nouveau centre international de recherche et d’innovation de Danone ainsi que le projet In’Cube, qui visera à accompagner la transformation des métiers de la recherche en alimentation. Philippe Van de Maele, directeur général de l’EPA Paris-Saclay. EPA Orly Rungis - Seine Amont Dans le Val-de-Marne, on mise sur le recyclage urbain Aux portes de Paris, l’opération d’intérêt national Orly Rungis - Seine Amont réunit 11 communes, des bords de Seine d’Ivry jusqu’à Orly. Créé en 2007, l’EPA ORSA poursuit les objectifs stratégiques identifiés par l’État : améliorer la lisibilité du territoire, renforcer l’économie, mieux loger la population et accueillir de nouveaux habitants, ou encore organiser le développement urbain autour d’une nouvelle offre de transports. Depuis 2017, l’établissement public est fédéré à Grand Paris Aménagement, une particularité lui permettant de mobiliser l’ensemble des expertises techniques de l’aménageur public francilien de référence. Autre spécificité de l’EPA ORSA : la majorité de ses opérations sont réalisées en recyclage urbain. Une volonté incarnée dans le projet des Ardoines, à Vitry-sur-Seine. « Il s’agit de l’une des plus importantes opérations d’aménagement en France », déclare Frédéric Moulin, directeur général de l’EPA ORSA. Actuellement desservi par le RER C, le site de 300 hectares accueillera, à horizon 2025, une gare du Grand Paris Express de la ligne 15 sud, le bus en site propre à haut niveau de service, TZen 5 et un nouveau franchissement des voies ferrées. Un quartier métropolitain sera développé dans une première ZAC établie autour de la gare des Ardoines, avec l’installation d’un pôle tertiaire et commercial. La ZAC Seine Gare Vitry accueillera, quant à elle, un tout nouveau collège ainsi qu’une programmation future à dominante résidentielle. « Cette opération étant en bord de Seine, la résilience aux inondations du quartier de la ZAC Gare Ardoines sera assurée et tous les espaces publics accessibles hors d’eau en cas de crue », assure Frédéric Moulin. S’étendant sur les villes de Thiais et d’Orly, la ZAC du Sénia prévoit la requalification d’environ 40 hectares de zone logistique en logements, équipements publics, bureaux, commerces et espaces verts. L’EPA prévoit aussi la création d’un réseau de rues et voies de circulation avec la mise en place de nouvelles continuités piétonnes et d’itinéraires cyclables. « Cette zone logistique à proximité du MIN de Rungis se développera sous la forme d’un nouveau quartier. L’opération Sénia crée un morceau de ville dans un secteur qui n’est pas urbain à l’origine. Il s’agira d’un quartier mixte avec des équipements d’envergure métropolitaine, desservi par la ligne 14 du métro dès 2024 », souligne le directeur de l’établissement public. En outre, plusieurs fermes urbaines voient le jour sur le territoire val-de-marnais. À Ivry-sur-Seine, la première pierre de l’agro-cité Gagarine a été posée. « Près de 1 500 logements en renouvellement urbain y sont prévus », indique Frédéric Moulin. Trois hectares seront ainsi consacrés à l’agriculture urbaine en pleine terre, sur dalle et en toitures. « Notre volonté d’exemplarité sur la déconstruction témoigne de notre ambition environnementale », affirme le directeur général de l’aménagement de GPA. Un projet de renaturation des berges de l’Yerres à Villeneuve-Saint-Georges est également porté par l’EPA qui souhaite transformer cette zone inondable, aujourd’hui habitée, en une zone entièrement naturelle. Une partie sera accessible à la population tandis que l’autre constituera un espace naturel sensible. Un projet notamment subventionné par l’Agence de l’eau, la Métropole, le Département, la Ville, le Territoire, le SyAGE et la Région. Nature en ville, lutte contre l’étalement urbain, renforcement économique, gestion d’inondations potentielles : « Notre action répond à de vrais besoins », conclut Frédéric Moulin. EPA Mantois Seine Aval Équilibrer le développement du territoire yvelinois Le long de la Seine, depuis la confluence avec l’Oise à l’est, au niveau de Conflans-Sainte-Honorine jusqu’aux portes de la Normandie à l’ouest, après Bonnières-sur-Seine, le périmètre de l’opération d’intérêt national Seine Aval couvre une cinquantaine de communes yvelinoises. Si L’EPA Mantois Seine Aval intervient surtout autour de trois polarités importantes (Mantes-la-Jolie, Les Mureaux et Carrières-sous-Poissy), il est aussi présent sur tout le département ; un territoire bénéficiant d’un cadre naturel assez riche (bords de Seine, coteaux, zones préservées, forêts, etc.) mais aussi désindustrialisé. « L’objectif premier de la création de l’OIN était la re-création d’emplois », veut rappeler Emmanuel Mercenier, directeur général de l’EPAMSA. « Notre action se focalise sur les friches industrielles où sont créés à la fois des quartiers d’activités et de l’habitat. » Un axe fort que l’opération Mantes Université (qui a bénéficié du fonds friches en 2021) symbolise de fait : la Halle Sulzer recevait les entreprises du même nom qui travaillaient sur des moteurs de bateaux transatlantiques. Pour l’EPAMSA, il s’agit de préserver l’ouvrage, véritable marqueur du territoire, et de le réhabiliter en y installant un certain nombre d’équipements dont un pôle universitaire. « Cette opération est en plein essor, il y a encore beaucoup à faire en création de logements, commerces de proximité et d’équipements associés, du type école, souligne Emmanuel Mercenier, d’autant que la gare Eole se trouvera à proximité immédiate des installations. En termes d’attractivité, cette ligne est fondamentale et irriguera tout notre secteur. » Plus à l’est, la Boucle de Chanteloup s’articule autour des quartiers mixtes. L’EPAMSA vient d’ailleurs de lancer un lot en consultation promoteur : un démonstrateur bois pour lequel l’opérateur a demandé aux différents concurrents de proposer l’utilisation de hêtre normand, cheminant par le fleuve, et qui alimentera la future construction de ce lot d’environ 90 logements. « Nous souhaitons fortement déployer les éco-matériaux, la construction bio-sourcée et le bois », confirme Emmanuel Mercenier. Une aspiration illustrée notamment par l’Écopôle Seine Aval qui favorise le développement des éco-activités. La Halle Sulzer sera réhabilitée par l’EPAMSA. « Notre réflexion actuelle sur ce secteur élargi porte sur la renaturation, la compensation environnementale et l’exploitation d’une filière bois. Ce travail inclut également le fleuve et la volonté de rendre plus vertueux les moyens de transport et d’alimentation de nos quartiers. » Mixer une densification raisonnable et l’utilisation des friches pour bâtir afin de préserver les espaces agricoles et forestiers : telle est l’ambition de l’EPAMSA. Une démarche que le Conseil d’administration a souhaité renforcer en adoptant une charte de développement durable. « Nous jouons pleinement notre rôle, conclut le directeur général. L’EPA est un rouage essentiel de l’aménagement pour porter les orientations générales de l’État en les confrontant au prisme local porté par l’élu de terrain. Nous devons faire en sorte, à travers une large concertation, de rendre nos opérations acceptables pour les populations en axant fortement notre action sur le cadre de vie des espaces avoisinants, autour d’habitats de qualité, et en favorisant le déploiement d’activités créatrices d’emplois. » « L’EPA est un rouage essentiel de l’aménagement pour porter les orientations générales de l’État... » Emmanuel Mercenier, directeur général de l’EPAMSA. EPA Marne/France Dessiner les grandes lignes de l’urbanisation de l’est parisien En dépit de leur appellation et de leur logotype commun, EpaMarne et EpaFrance demeurent deux entités propres répondant à des objectifs et à des périmètres d’intervention distincts. Créé par décret en 1972 dans le cadre du développement des villes nouvelles, en particulier celui de Marne-la-Vallée, EpaMarne couvrait à l’origine 21 communes de Seine-Saint-Denis et de Seine-et-Marne divisées en trois secteurs : Portes de Paris, Val Maubuée et Val de Bussy. « EpaMarne est né d’une volonté de l’État de développer la région parisienne vers l’est. Il s’agissait à la fois d’équilibrer la répartition de l’activité économique sur le territoire et de proposer des logements de qualité à proximité de cette activité, dans un cadre à la fois accueillant, agréable, et parfaitement connecté au cœur de ce qu’on n’appelait pas encore la métropole », explique Laurent Girometti, directeur général des EPA. En mars 1987, le projet prend un nouvel élan avec la création d’EpaFrance, spécifiquement chargé de l’aménagement du Val d’Europe autour du projet de Disneyland Paris. En décembre 2016, le territoire d’intervention d’EpaMarne s’est élargi à 17 communes supplémentaires. Le plan stratégique opérationnel adopté en 2019 par les deux conseils d’administration a identifié 6 défis : climat, nature, santé, cohésion sociale et territoriale, mobilité et innovation. Les établissements publics réunissent promoteurs et investisseurs en vue de réaliser les programmes nécessaires au développement du territoire sur des fonciers sécurisés. Leur action contribue également à attirer de nouvelles entreprises et à animer un écosystème favorable à l’innovation. « Notre métier est de construire la ville, la développer et la transformer de plus en plus (…), de répondre aux besoins d’aujourd’hui ou de demain, de penser le temps long et de chercher une âme dans l’aménagement », déclare Laurent Girometti. Le projet The Link hébergera le futur siège social de Total à Paris La Défense. De fait, à Villiers dans le Val-de-Marne, la ZAC Marne Europe amorce sa sortie de terre. « L’anti-Défense », comme aime à la nommer Philippe Hermet, directeur opérationnel d’EpaMarne, accueillera à terme près de 1 250 logements, 80 000 mètres carrés de bureaux, 17 000 mètres carrés de commerces ainsi que des locaux d’activité, équipements publics, lieux culturels, etc. EpaMarne réalisera en 2023 l’ensemble des voiries, des espaces publics, mais aussi l’esplanade des gares. Une poignée de kilomètres plus loin, à cheval entre Marne-la-Vallée, Champs-sur-Marne et Noisy-le-Grand, la Cité Descartes vise à devenir un quartier à part entière. Ce projet urbain prévoit la construction de logements, de bureaux, de commerces, de services et d’équipements publics reliant davantage le campus à la ville. À cette fin sera lancée la redynamisation de la ZAC de la Haute Maison, générant une mixité d’usages entre les habitants de Champs-sur-Marne et les acteurs du monde économique présents sur le secteur. Le 5 septembre, les EPA rejoindront ce véritable cluster de la ville durable. « Nous sommes à la fois très fiers des résultats obtenus et très “challengés” par ceux qui restent à obtenir, à un moment où la planification revient en force dans le discours et l’action publics. Il ne s’agit plus seulement de faire sortir de terre la ville nouvelle, mais de la réinventer », conclut Laurent Girometti. « EpaMarne est né d’une volonté de l’État de développer la région parisienne vers l’est. Il s’agissait à la fois d’équilibrer la répartition de l’activité économique sur le territoire et de proposer des logements de qualité à proximité de cette activité... » Laurent Girometti, directeur général des EPA EPAMARNE ET EPAFRANCE. Établissement public foncier d’Île-de-France : 40 000 logements générés depuis sa création Créé en 2006, l’EPF Île-de-France est devenu au fil des années l’opérateur foncier de plus de 350 collectivités franciliennes. Pour la seule année 2021, il a initié pour près d’un milliard de nouveaux engagements d’investissement au service du renouvellement urbain en Île-de-France, représentant un potentiel de 20 000 logements et 500 000 mètres carrés d’activités, pour un portefeuille d’investissement global qui s’élève à 6,8 milliards d’euros. Il est notamment l’opérateur foncier des villages olympiques pour les JOP 2024. Il est présent dans le périmètre de 68 gares du Grand Paris Express et a acquis, sur les 14 dernières années, 2,3 milliards d’euros de foncier et en a cédé pour plus d’un milliard d’euros. Depuis sa création, ses cessions de fonciers prêts à l’emploi ont généré la production de quelque 40 000 logements et l’établissement est à l’origine d’un logement commencé sur dix, dont 42 % de logements sociaux. Par ailleurs, il recycle les déchets de démolition et dépollue si nécessaire les terrains qu’il requalifie. Présidé par Jean-Philippe Dugoin-Clément, vice-président du Conseil régional, et dirigé par Gilles Bouvelot, sa feuille de route stratégique 2021-2025 s’articule sur cinq axes : produire jusqu’à 12 000 logements par an en 2025, soit une hausse de 30 % ; contribuer à la relance économique et à la réindustrialisation ; être un levier de la transformation écologique de l’Île-de-France ; réduire les fractures sociales et territoriales ; accompagner les collectivités dans la définition de leurs stratégies foncières. « Près de 1 500 logements en renouvellement urbain sont prévus à l’agro-cité Gagarine » Frédéric Moulin, directeur général de EPA ORSA. EP Paris La Défense Transformer le plus grand quartier d’affaires d’Europe L’établissement public Paris La Défense n’est pas un opérateur comme les autres. Il est né au 1er janvier 2018 de la fusion de l’Epadesa et de Defacto, alors respectivement aménageur et gestionnaire du quartier d’affaires. Il réunit les missions d’aménagement, de gestion, de promotion et d’animation de Paris La Défense. « Nous sommes un établissement public local, notre conseil d’administration est composé pour majorité d’élus du département des Hauts- de-Seine et des collectivités locales concernées », précise Pierre-Yves Guice, directeur général de Paris La Défense. L’État demeure, bien entendu, présent au conseil d’administration, mais ce sont les élus locaux qui sont au cœur de la gouvernance. « Notre périmètre est plus vaste qu’on ne l’imagine, depuis Puteaux et Courbevoie jusqu’à La Garenne- Colombes et Nanterre. La Grande Arche n’est pas à l’extrémité du quartier, mais en est le cœur ! Notre territoire est unique, tant par sa physionomie urbaine et architecturale que par les enjeux économiques et d’attractivité qu’il représente, poursuit le directeur général. Il n’y a pas d’équivalent en France d’une telle concentration d’entreprises et de lieux de décisions. » Plus de 500 entreprises, 180 000 salariés, 42 000 habitants et autant d’étudiants, le tout sur plus de 500 hectares : pour l’établissement public, il s’agit de conserver ce leadership. « Nous ambitionnons de devenir le premier quartier post-carbone de dimension mondiale, affirme Pierre-Yves Guice. Cette stratégie vise à faire de notre territoire un modèle de résilience face aux défis environnementaux et sociaux que nous devons relever. » Objectif : diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Plusieurs actions emblématiques ont été mises en œuvre, dont le lancement d’Empreintes, un appel à projets urbains innovants qui vise à faire émerger de nouveaux modes constructifs et à donner naissance à des bâtiments bas carbone. Par ailleurs, un espace vert de 5 hectares se déploiera sur l’esplanade de La Défense d’ici 2026. Enfin, la mixité et la transformation du territoire en véritable quartier de vie sont également à l’œuvre. Ainsi, le quartier des Groues à Nanterre, une ancienne friche ferroviaire, accueillera, à terme, 10 500 habitants et 12 000 salariés. « Ce quartier a une vocation complètement mixte. Il sera moins vertical, fera la part belle aux circulations douces et accueillera une véritable diversité d’usages », souligne Pierre-Yves Guice. Avec la livraison prochaine de la tour Hekla, le lancement, entre autres, des projets The Link ou Odyssey, qui comprendra le premier immeuble réversible de La Défense, le plus grand quartier d’affaires européen tourne la page des années 1960 et amorce une mutation avérée, avec un établissement public déterminé aux commandes. « Nous ambitionnons de devenir le premier quartier post-carbone de dimension mondiale. » Pierre-Yves Guice, directeur général de Paris La Défense. Grand Paris Aménagement : des villes nouvelles à la ville recyclée « On est passé d’un rapport à la terre, où l’on avait tous l’impression que le foncier était abondant, constituait une ressource sans limite, à un nouveau paradigme, où l’on considère qu’elle est devenue une ressource rare », résume Stéphan de Faÿ, directeur général de Grand Paris Aménagement. De même, l’ex-Agence foncière et technique de la région parisienne (AFTRP), devenue Grand Paris Aménagement (GPA) en 2018, qui fête des 60 ans cette année, a vu ses missions évoluer au fil du temps. Acquéreur de fonciers pour le compte de l’État à l’origine, notamment pour constituer les réserves foncières des villes nouvelles, il a été également l’opérateur des grandes bases de loisirs d’Île-de-France, de ses grands centres commerciaux mais aussi de plusieurs de ses grands ensembles. Puis, son rôle s’est tourné de plus en plus vers les collectivités locales, soutenant à leur demande leur stratégie d’aménagement. Au fil du temps, sa mission a évolué aussi avec la transposition en 2005 de la directive communautaire soumettant au droit de la concurrence les opérations d’aménagement. Aujourd’hui, 85 % de son activité est réalisée dans le cadre de traités de concession, après mise en concurrence pour le compte de collectivités locales. Grand Paris Aménagement intervient sur tout le territoire francilien au service des maires et des collectivités – petites et grandes – dans la réalisation de leurs projets urbains, de l’étude à la conception et à l’exécution. « Dans près de 80 opérations d’aménagement menées actuellement, nos 200 collaborateurs s’attachent à créer pour tous une ville attractive et productive, dans des quartiers où il fait bon vivre, mêlant qualité et respect de l’environnement », indique l’aménageur. L’organisme, qui a fusionné avec l’EPA Plaine de France et s’est fédéré avec l’EPA Orly Rugis -Seine Amont en 2017, ne perçoit aucune subvention au titre de son fonctionnement. Grand Paris Aménagement est d’abord un opérateur foncier. C’est aussi un opérateur de l’habitat : l’établissement gère 8 programmes de rénovation urbaine (PRU) et requalifie de grandes copropriétés dégradées. Acteur de l’aménagement urbain, GPA « fait » enfin de la ville, aménage des quartiers mixtes et des parcs d’activités, créateurs de développement pour les collectivités. GPA a lancé, en début d’année, un appel à manifestation d’intérêt auprès des promoteurs afin de constituer un pré-référencement. Il s’agit pour l’établissement de mieux connaître les opérateurs, d’effectuer une pré-sélection et de définir un socle d’exigences commun à l’ensemble de ses projets.
- LE GRAND PARIS A BESOIN D’INITIATIVES FORTES : PIERRE VELTZ, ECONOMISTE
L’ÉCONOMISTE DE RENOM ET SPÉCIALISTE DES DYNAMIQUES TERRITORIALES PIERRE VELTZ ASPIRE À UN NOUVEL ÉLAN DE LA RÉGION CAPITALE ET INTERROGE LA GOUVERNANCE DU GRAND PARIS. DANS SON DERNIER OUVRAGE, L’ANCIEN PRÉSIDENT DE PARIS-SACLAY MISE ÉGALEMENT SUR L’ÉCONOMIE « HUMANO-CENTRÉE », TYPIQUEMENT MÉTROPOLITAINE ET COMPATIBLE AVEC LES PROBLÉMATIQUES ENVIRONNEMENTALES. PROPOS RECUEILLIS PAR JACQUES PAQUIER. Quel regard portez-vous sur le Grand Paris et sa gouvernance ? Le Grand Paris est en attente d’un deuxième souffle. Il y a maintenant plus d’une décennie, Bertrand Delanoë et Pierre Mansat ont lancé une approche métropolitaine, franchissant la frontière (le mot n’est hélas pas trop fort) du périphérique. Nicolas Sarkozy et Christian Blanc ont enchaîné, avec le lancement de grands projets comme le Grand Paris Express ou Saclay. Ces projets se réalisent, plutôt bien, mais la dynamique d’ensemble s’est largement perdue. Aujourd’hui, nous avons la grande chance d’avoir une première ministre et un directeur de cabinet à Matignon qui connaissent très bien le sujet. Nous sommes donc très nombreux à compter sur eux pour remettre le Grand Paris sur les rails. C’est essentiel pour les millions de Franciliens qui vivent souvent difficilement la condition métropolitaine. Mais aussi pour la France, compte tenu du poids de la Région Capitale. Or les problèmes s’accumulent. Les inégalités sont croissantes, inquiétantes, les conditions de logement et de transport sont difficiles pour beaucoup, les questions écologiques restent ouvertes pour une agglomération très dépendante des énergies fossiles. Comment répondre à ces problèmes ? Nicolas Sarkozy avait esquivé le problème de la gouvernance. Une décennie plus tard, la question reste béante ! Or, elle est décisive. Nous avons toujours le même déséquilibre entre la ville centre, beaucoup trop introvertie, et le reste du territoire francilien : une coupure rare dans les grandes métropoles mondiales. Quant aux acteurs de première et de seconde couronnes, ils restent émiettés, en concurrence les uns avec les autres. Il n’existe pas de pilotage d’ensemble. La Métropole du Grand Paris n’est pas à l’échelle, ni par ses fonctions, ni par son périmètre. Séparer la zone dense de la deuxième couronne avait du sens à l’époque de de Gaulle, mais plus aujourd’hui. Le seul périmètre pertinent pour le Grand Paris, à mon sens, est celui de la région. Certains s’interrogent sur le fait que ce périmètre inclut de vastes zones rurales. Mais c’est au contraire un grand atout. Car une métropole moderne doit être urbaine et rurale, pour des raisons écologiques, énergétiques, alimentaires, hydrologiques… Au-delà des questions de périmètres et de compétences, le sujet-clé est celui de la démocratie et de la citoyenneté. Faire de la région Île-de-France le pilote métropolitain nécessitera des ajustements institutionnels, par exemple dans le mode d’élection. « NOUS AVONS TOUJOURS LE MÊME DÉSÉQUILIBRE ENTRE LA VILLE CENTRE, BEAUCOUP TROP INTROVERTIE, ET LE RESTE DU TERRITOIRE FRANCILIEN : UNE COUPURE RARE DANS LES GRANDES MÉTROPOLES MONDIALES. » Une des ambitions portées par l’ensemble des acteurs du Grand Paris est de faire rayonner la métropole au-delà même de ses frontières. Selon vous, quels secteurs devraient être particulièrement valorisés ? On ne peut pas séparer l’économie de la qualité de vie. Adaptation au changement climatique, pollutions, emplois, déplacements, logements (une grande priorité), hospitalité vis-à-vis des migrants et des visiteurs, formation : tous ces grands défis ne peuvent plus être traités à l’échelle communale, y compris celle de Paris-centre. Ils ont tous une dimension métropolitaine. S’ils ne sont pas traités, une partie des habitants continuera à quitter la ville. Vous m’interrogez sur les perspectives économiques. La métropole garde de très beaux atouts. Le capital d’image est considérable. L’industrie du luxe, désormais une des premières industries françaises, a fait de Paris sa vitrine. Ceci dit, il ne faudrait pas qu’elle colonise tous les projets nouveaux des quartiers centraux. Le tourisme devra éviter la thrombose de Paris-centre. Les sites formidables et méconnus foisonnent en Île-de-France, en dehors de Paris-centre et de Versailles. Le Grand Paris est aussi et surtout un foyer extraordinaire de création scientifique, technologique, industrielle et culturelle. On ignore souvent que le potentiel universitaire met le Grand Paris au tout premier rang mondial, avant Londres ou New York. C’est à mon sens une carte maîtresse. Il y a enfin, et peut-être surtout, l’immense potentiel d’énergie et de créativité de la jeunesse francilienne, avec ses multiples nationalités, cultures et connexions dans le monde. « ON NE PEUT PAS SÉPARER L’ÉCONOMIE DE LA QUALITÉ DE VIE. » Ces constats rejoignent les enseignements de votre dernier ouvrage, « L’économie désirable - Sortir du monde thermo-fossile ». Qu’entendez-vous par cette notion d’économie désirable ? En quoi vous semble-t-elle particulièrement intéressante pour la métropole du Grand Paris ? Des évolutions très profondes sont en cours dans notre économie. De nouveaux secteurs se développent, qui nous font sortir progressivement, pas assez vite peut-être, de l’économie d’accumulation d’objets qui pèse si lourd sur les ressources de la planète. La santé, l’éducation, la formation, le divertissement, la culture : ce sont aujourd’hui ces secteurs qui ont la plus forte croissance. Je parle à leur propos d’une économie « humano-centrée ». Ce sont des activités dont l’empreinte carbone est bien moins lourde que celle des secteurs traditionnels. Prenons la santé. On la considère comme un secteur de dépense, de coût, alors que c’est d’abord un formidable moteur de création de valeur. Il y a dans ce champ des perspectives de développement magnifiques, qui pourraient faire du Grand Paris un centre mondial d’innovation, comme Boston par exemple, mais aussi d’expérimentation de nouvelles approches en termes de soins, de prévention, de services. À cet égard, je suis interpellé par la sur-concentration des CHU dans Paris intra-muros, qui valorise très mal les ressources du reste du territoire. Un Grand Paris de la santé, au sens le plus large du terme, voilà un projet mobilisateur pour la métropole du futur. « LA SANTÉ, L’ÉDUCATION, LA FORMATION, LE DIVERTISSEMENT, LA CULTURE : CE SONT AUJOURD’HUI CES SECTEURS QUI ONT LA PLUS FORTE CROISSANCE. JE PARLE À LEUR PROPOS D’UNE ÉCONOMIE “HUMANO-CENTRÉE”. » Quelle place occupe le Grand Paris en France ? Le Grand Paris est un sujet national. Si la Région Capitale va mal, c’est l’ensemble du pays qui souffre. De ce point de vue-là, il y a les images et la réalité : une idée encore répandue voudrait que Paris se nourrisse en parasite du reste de la France. « Paris et le désert français » reste dans la tête de beaucoup d’élus. Il est vrai que l’hyper-concentration de certains secteurs comme les médias, l’édition, etc. dans le microcosme de Paris-centre pose problème. Mais la réalité des chiffres est que l’Île-de-France redistribue en fait énormément vers les autres régions. Nous avons cette chance d’avoir un système urbain très équilibré avec une métropole mondiale, ce qui n’est pas le cas de l’Allemagne par exemple, et cette superbe couronne de grandes villes dynamiques à deux ou trois heures de TGV. Je parle à ce propos de la « métropole France », car il s’agit d’économies urbaines étroitement interconnectées. L’ouverture maritime, par la vallée de la Seine, est aussi un grand enjeu. On pourrait imaginer une sorte de conférence nationale regroupant Paris et les grandes villes françaises pour valoriser ce modèle. Les Chinois sont d’ailleurs en train de s’organiser sur ce mode qu’ils qualifient de « super clusters urbains ». Il y a un potentiel de synergies absolument considérable. Contrairement à ce qu’un discours anti-métropolitain actuel veut faire croire, cette valorisation ne serait en rien préjudiciable aux villes moyennes et petites. Mais, pour commencer, nous espérons que le quinquennat Macron 2 sera celui de la relance vigoureuse du Grand Paris.
- LA MÉTROPOLE DU GRAND PARIS A GAGNÉ EN CRÉDIBILITÉ : JEAN-PHILIPPE DUGOIN-CLEMENT
SELON JEAN-PHILIPPE DUGOIN-CLÉMENT, PRÉSIDENT DE GRAND PARIS AMÉNAGEMENT, SI LA MÉTROPOLE A SU INVESTIR SUR DES SUJETS IMPORTANTS, IL LUI RESTE CEPENDANT À PALLIER CERTAINES DIFFICULTÉS INSTITUTIONNELLES SUSCEPTIBLES DE RALENTIR SON TRAVAIL DE RECOMPOSITION URBAINE. Quel bilan tirez-vous des six premières années de la Métropole ? Les premières années d’un objet institutionnel nouveau ne sont jamais évidentes. La Métropole du Grand Paris a rencontré deux difficultés majeures : la multiplication des strates institutionnelles, plus nombreuses que nulle part ailleurs en France, et la question de sa dénomination. Métropole du Grand Paris, Société du Grand Paris, Grand Paris Aménagement, Grand Paris Express, sans compter les agglomérations et établissements publics territoriaux qui comptent cette expression dans leur appellation. Difficile de s’y retrouver ! Néanmoins, la Métropole est parvenue à asseoir sa place à travers quelques dossiers lui ayant conféré une certaine visibilité : le concours « Inventons la Métropole » et la Zone à faibles émissions constituent deux sujets sur lesquels la structure a su investir. La Gemapi présente également un potentiel très fort. La Métropole a survécu au big bang des collectivités annoncé par le Président de la République fin 2017, ce qui n’était pas évident. Elle a de ce fait gagné en crédibilité. Quel serait, selon vous, le scénario de réforme idéal pour un tel millefeuille ? J’admets ne pas réussir à concevoir comment le gouvernement pourra engager des réformes qui ne soient pas absolument consensuelles pour tous au niveau local en l’absence totale de cohérence et de majorité nationale. Un problème de fond va se poser. Le gouvernement doit réussir à faire passer ses budgets et sa loi sur le pouvoir d’achat. Aller sur des questions lourdes, comme une réforme institutionnelle où il n’y a que des coups à prendre et à peu près autant d’avis que d’acteurs, j’avoue ne pas y croire sous cette législature. Je reste fondamentalement persuadé que l’Île-de-France présente trop d’échelons et que nous payons un manque de visibilité. La dualité entre les intercommunalités en petite couronne, les établissements publics territoriaux et la Métropole du Grand Paris est un véritable sujet. La question de la rationalisation se posera à un moment ou à un autre. Quelles compétences vous apparaissent comme légitimement métropolitaines ? La question qu’on peut se poser est très probablement celle de l’articulation et des transferts de compétences entre ce qui relève du bloc communal, une curiosité institutionnelle en soi, et la Métropole qui n’a pas vocation à aller sur des compétences de nature régionale comme le transport, le développement économique ou la structuration territoriale à l’échelon macro. Il y a des compétences qui n’ont pas de cohérence à la même strate. Vous êtes à la fois président de Grand Paris Aménagement et de l’Établissement public foncier d’Île-de-France. Quel regard portez-vous sur les enjeux métropolitains comme la construction et le logement ? Avoir beaucoup de niveaux sur des compétences totalement ciblées, comme cela est le cas avec les grands syndicats gérant l’assainissement, les déchets et l’eau, n’apparaît pas forcément gênant. Il n’y a pas d’émiettement desdites compétences. Le problème aujourd’hui tient à ce que plusieurs acteurs interviennent de manière croisée et successive sur un même dossier : forcément, les process s’en retrouvent ralentis. L’Île-de-France fait face à des enjeux majeurs en termes d’aménagement et d’offre de logements. Nous traversons une crise sans précédent qui frappe en premier les populations fragiles : plus d’un million de personnes sont mal-logées aujourd’hui sur le territoire francilien ! Les enjeux que nous portons collectivement, avec des complexités profondément différentes entre la petite et la grande couronne, sont d’assurer le devoir moral et social de loger chacun dignement et de maintenir une région dont le niveau de développement économique tire le pays vers le haut. Patrick Ollier en parle très justement : l’Île-de-France représente 31 % du PIB national. La Métropole est une locomotive ! Nous avons l’obligation de continuer à avancer en réinventant les modes d’aménagement de la ville. Ce travail de recomposition urbaine n’est pas le même en Seine-et-Marne ou au sud de l’Essonne que dans le secteur dense, mais il nous appartient. La ville constitue un objet mouvant, vivant. Le jour où elle n’évolue plus, elle tombe. Que pensez-vous des récentes propositions des promoteurs du Grand Paris, qui visaient notamment un PLU capable de s’imposer face aux maires et une trajectoire plus lisible vers le zéro artificialisation nette ? Accélérer les procédures face au refus d’un maire quant à un permis est une chose. Augmenter les pénalisations financières devant un recours abusif ne me choque pas. Mais quand un maire s’oppose totalement à un projet, c’est en général parce que les habitants de sa commune en font autant. « Si le peuple vote mal, il faut dissoudre le peuple. » Cette première proposition revient à dire cela. Étant profondément attaché à la démocratie, j’y suis donc fermement opposé. D’un point de vue pratique, cela conduirait en outre les élus à verrouiller leur PLU. Concernant le ZAN, les règles ne sont pas les mêmes en Île-de-France qu’ailleurs. Flécher davantage permet de travailler sur les droits à construire. La question de la densification est un sujet sur lequel on doit s’engager politiquement. En parler n’est acceptable que si cela apporte en qualité de vie et en services publics. Promouvoir de la densification quand les services publics reculent depuis des années est incompatible pour les citoyens. En dehors de cela, les zones d’activités économiques constituent, selon moi, un chantier colossal. Ces ZAE représentent 32 000 hectares en Île-de-France dont 70 % sont dégradés, obsolètes ou condamnés à l’être d’ici vingt ans. Ce potentiel d’espaces, souvent bien raccordés aux transports, est aujourd’hui totalement artificialisé et sous-utilisé en termes de densification. Il s’agit, à mon avis, du plus gros sujet de recomposition urbaine de ces prochaines années. « LA MÉTROPOLE A SURVÉCU AU BIG BANG DES COLLECTIVITÉS ANNONCÉ PAR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FIN 2017... » « LES ENJEUX QUE NOUS PORTONS COLLECTIVEMENT (...) SONT D’ASSURER LE DEVOIR MORAL ET SOCIAL DE LOGER CHACUN DIGNEMENT ET DE MAINTENIR UNE RÉGION DONT LE NIVEAU DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE TIRE LE PAYS VERS LE HAUT. »
- POUR UNE RECONQUETE DE LA BIODIVERSITE D’ICI 2030 : ANTOINETTE GUHL
ANTOINETTE GUHL, VICE-PRÉSIDENTE DÉLÉGUÉE À LA NATURE EN VILLE, À LA BIODIVERSITÉ ET À L’AGRICULTURE MÉTROPOLITAINE, MÉTROPOLE DU GRAND PARIS L’érosion de la biodiversité, tant à l’échelle mondiale que métropolitaine, constitue un constat partagé par toutes et tous. Les causes de cette érosion sont multiples : changement d’usages des terres, exploitation des ressources, changement climatique, espèces exotiques envahissantes, pollution, etc. Au sein de la Métropole du Grand Paris, cette perte de biodiversité est notamment due à la grande artificialisation des sols et à la densité d’activité et d’urbanisation, offrant moins d’habitats aux espèces animales et végétales. À titre d’exemple, le moineau domestique a perdu 73 % de ses effectifs sur la période 2003-2016, les populations de papillons et d’oiseaux ont diminué respectivement de 20 % et 40 % au cours des deux dernières décennies (La biodiversité en Île-de-France : chiffres clés. Agence régionale de la biodiversité en Île-de-France, février 2019). Or, la biodiversité présente de nombreux bénéfices pour les Métropolitains. Elle fournit notamment de nombreuses ressources, favorise la résistance de la biosphère face aux perturbations (atténuation du changement climatique, par exemple) et participe également à la qualité du cadre de vie (beauté des paysages, ateliers pédagogiques, appréciation de la nature en général…). C’est pourquoi, la Métropole du Grand Paris s’est engagée par des actions concrètes de préservation et de valorisation de sa biodiversité. Depuis 2016, plus de 25 millions d’euros ont ainsi été consacrés à la mise en œuvre de 135 projets des communes métropolitaines en faveur de la nature et de l’agriculture en ville, à la création d’un réseau d’échanges sur la thématique de la biodiversité, à l’élaboration de partenariats avec des acteurs essentiels de la biodiversité ou encore au financement de projets de renaturation dans le cadre de l’appel à projets « Nature 2050 - Métropole du Grand Paris », en lien avec CDC Biodiversité. Afin de mieux connaitre la biodiversité de ses communes et ajuster ses actions au plus près des besoins, la Métropole a initié une démarche ambitieuse de diagnostic avec la réalisation d’un Atlas de la biodiversité métropolitaine. C’est sur la base de ce diagnostic méthodique que des mesures de protection ont ensuite pu être formulées dans son Plan Biodiversité métropolitain adopté à l’unanimité du Conseil métropolitain le 4 avril 2022, afin de rechercher une synergie entre acteurs et secteurs d’intervention, pour une véritable reconquête de la biodiversité d’ici 2030 et un accès de tous les habitants à un espace vert. Ce plan traduit notamment les ambitions et objectifs portés par le Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) de la Métropole du Grand Paris, permettant de décliner des actions fortes et ambitieuses en matière de nature en ville.
- CERCLE DES FEMMES DU GRAND PARIS « PLUS DE MIXITÉ POUR UNE MÉTROPOLE PLUS ATTRACTIVE »
RASSEMBLANT UNE QUARANTAINE DE DIRIGEANTES, CE CERCLE INFORMEL A DÉJÀ LANCÉ DEUX INITIATIVES : LE BAROMÈTRE DE LA MIXITÉ DU GRAND PARIS ET LE PRIX DU CERCLE DES FEMMES DU GRAND PARIS, QUI RÉCOMPENSE DES CRÉATRICES D’ENTREPRISES INNOVANTES INSTALLÉES EN QUARTIERS POLITIQUE DE LA VILLE. PAR NATHALIE MOUTARDE, CHEF DU SERVICE GRAND PARIS AU MONITEUR Créé en 2016 à l’initiative de Chiara Corazza, alors directrice générale de Paris Île-de-France Capitale Économique, le Cercle des femmes du Grand Paris rassemble une quarantaine de dirigeantes. Présidentes, directrices générales d’entreprises, membres de directoires ou de Comex, titulaires d’autres postes à responsabilités ou encore élues locales, toutes sont convaincues que l’attractivité de la Région Capitale passe aussi par le renforcement de la mixité. « Ces femmes, décisionnaires et engagées, ont accepté de donner un peu de leur temps pour contribuer personnellement et au travers de l’action de leur entreprise au développement de la parité dans la métropole du Grand Paris », se félicite Marianne de Battisti, membre du Comex d’Icade et du Cercle des femmes du Grand Paris. « Hébergées par Paris Île-de-France Capitale Économique, nous ne sommes ni une association ni une fondation mais un cercle informel où les énergies féminines se rejoignent et qui fonctionne au projet », précise Marianne Louradour, directrice régionale Île-de-France de la Banque des Territoires, autre membre du Cercle. « Le compte n’y est pas » Première initiative prise par le Cercle des femmes : la réalisation d’un baromètre de la mixité du Grand Paris, publié tous les ans depuis 2018. « Avec cet indicateur, nous disposons désormais d’un outil de mesure très objectif du taux de féminisation des “grands” emplois et ainsi d’un instrument de prise de conscience collective, d’autant plus indispensable que le compte n’y est pas », déplore Marianne Louradour. L’édition 2020 du baromètre prend désormais en compte le domaine de la santé et montre ainsi que si 60 % des médecins hospitaliers sont des femmes, seules 39 % sont des cheffes de service. De même, la Métropole du Grand Paris ne compte que 22 % de femmes maires, aucune présidente d’établissement public territorial. Dans les entreprises, seuls 25 % des postes à responsabilités sont occupés par des femmes. Un prix organisé avec l’incubateur de start-up Willa La mobilisation reste donc plus que jamais d’actualité. C’est pourquoi, le Cercle a lancé cette année un deuxième projet, sous la forme d’un prix, afin de valoriser la mixité dans l’entrepreneuriat « en mettant sous les projecteurs des trajectoires de succès féminins », souligne Marianne Louradour. Pour sa première édition, le Prix du Cercle des femmes du Grand Paris, organisé en partenariat avec l’incubateur de start-up Willa, a récompenséquatre femmes créatrices d’entreprises innovantes, toutes implantées en quartiers prioritaires de la politique de la ville. « La réduction des fractures territoriales constitue l’un des enjeux du Grand Paris, explique Marianne de Battisti. Ces entrepreneuses sont peut-être moins visibles mais tout aussi utiles à l’attractivité de la Région Capitale. » « Repérer des talents et les accompagner » Désignées le 19 avril par un jury présidé par Marianne Louradour et composé de six autres membres*, les lauréates se sont vu remettre leur prix le 10 septembre, à Épinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), en présence deux marraines : Nadia Hai, ministre déléguée en charge de la politique de la ville, et Karine Franclet, maire d’Aubervilliers. « On m’a appris qu’il n’y a pas de grands ou de petits projets mais seulement de bons projets. Avec le Cercle des femmes, nous voulons repérer des talents et les accompagner. Ce prix nous permet de promouvoir des femmes créatrices d’entreprise et de leur donner un coup de pouce », fait valoir Borina Andrieu, directrice générale de l’agence d’architecture Wilmotte & Associés. Un bilan dans six mois Pour l’instant, les organisatrices du prix ne se prononcent pas sur la tenue d’une deuxième édition. « Nous dresserons un bilan dans quelques mois. Si ce prix démontre son efficacité, nous aurons probablement envie de lancer la saison 2 », indique Marianne de Battisti. Peut-être aussi qu’entre-temps, d’autres idées jailliront. « Nous n’avons pas de théorie en la matière. Actuellement, nous espérons juste avoir réalisé quelque chose d’utile », concluent Borina Andrieu, Marianne de Battisti et Marianne Louradour. * Borina Andrieu, Marianne de Battisti, Sophie Iborra, directrice des relations institutionnelles de La Tribune, Alexandra Meder représentant Pénélope Komitès, adjointe à la maire de Paris en charge de l’innovation et de l’attractivité, Catherine Lescure, directrice de la communication et RSE d’Enedis, et Alexandre Missoffe, directeur général de Paris Île-de-France Capitale Économique.
- ARCHITECTES DU GRAND PARIS : ÊTRE À LA HAUTEUR DES NOUVELLES EXIGENCES
DEPUIS LA CRÉATION DU GRAND PARIS, LE PROJET TANT INSTITUTIONNEL QUE DE TRANSPORT EST DEVENU UNE SOURCE D’INSPIRATION ET DE REDIMENSIONNEMENT DU TERRAIN DE JEU POUR LES ARCHITECTES PARISIENS DE NAISSANCE OU D’ADOPTION. PAR FABIENNE PROUX, RÉDACTRICE EN CHEF DÉLÉGUÉE AU JOURNAL DU GRAND PARIS Métropolitaine, intermodale, ferroviaire, urbaine… Si l’idée duGrand Paris revêt des significations différentes selon lesarchitectes, elle a au moins unpoint commun qui est d’avoir donné un nouvel élan à leurs pratiques et à leur manière d’appréhender les projets parisiens. Pour l’agence Triptyque, créée au Brésil, le retour en France de deux de ses associés a été lié aux appels à projets urbains innovants, Réinventer Paris en 2015 et Inventons la Métropole du Grand Paris en 2016 pour leur première édition. Une « réflexion enthousiasmante » vue du Brésil qui a mis « tout le monde autour de la table de façon transversale (secteur public, promoteurs, architectes, urbaniste, etc.) pour réfléchir ensemble à des stratégies de projets », explique Guillaume Sibaud, associé de l’agence Triptyque. « Ces programmes très ambitieux ont apporté une vision concertée et holistique sur la problématique et la dynamique métropolitaines », précise-t-il, qui va au-delà des transports en « comprenant une réflexion globale sur l’ensemble des territoires et les multicentralités ». En créant « des points de rayonnement », ces appels à projets ont contribué à la lutte contre le « monocentralisme parisien ». Une notion relativement nouvelle qui a effectivement changé la donne et rompu avec un certain entre soi parisien néfaste. « évoquer uniquement Paris aujourd’hui a une connotation un peu négative », confirme Massimo Mattiussi, directeur du développement de Scau architecture. « Le Grand Paris ouvre. Tous les acteurs avaient besoin que Paris devienne le grand Paris, car la ville s’était sclérosée. » Une ouverture également sociale favorisant les échanges. Un Grand Paris générateur de projets inédits Dès lors, l’architecte du Grand Paris contribue « à l’accélération du rééquilibrage des grandes fonctions urbaines », ajoute de son côté Fabienne Couvert, directrice de l’architecture d’Arep, traditionnellement organisées avec à l’est le logement, au nord l’industrie, au sud l’agroalimentaire et à l’ouest les quartiers d’affaires. Il est aussi l’accélérateur de la transition vers une métropole neutre en carbone en rendant les gares attractives et interconnectées, de manière à faciliter les transports et l’intermodalité les plus décarbonés possibles. Et ce n’est pas rien pour un Grand Paris qui évoque à Marc Franco, directeur de l’agence parisienne de Coldefy basée à Lille, l’idée « d’embouteillage », ce qui requiert par conséquent de savoir développer des maillages. Mais pour une agence à la fois provinciale et internationale, être implantée dans le Grand Paris est aussi l’opportunité de pouvoir rayonner sur le territoire national. Et se rapprocher de la gouvernance, des maîtres d’ouvrage et des politiques dont les idées pour désengorger les axes parisiens et métropolitains, « nous nourrissent et alimentent notre réflexion sur la fabrication de la ville et de ces nouveaux usages, comment favoriser l’idée de désengorger cette urbanité à l’échelle d’un bâtiment mais également celle plus vaste de l’urbanisme avec la nécessité d’échapper à une vie frénétique, l’aspiration au calme et la soif de nature », développe Marc Franco. Le Grand Paris se présente dès lors comme un générateur de projets inédits, par exemple les bâtiments emblématiques prévus dans les programmes connexes autour des gares, et avec un plus un haut niveau d’exigence. « Cela impose d’être vertueux à tous les stades », constate Massimo Mattiussi. « Participer en tant qu’agence à construire le Grand Paris est une belle aventure, mais aussi une responsabilité. » En commentant cette notion d’exigence, Fabienne Couvert reconnaît que « le fait de participer à la réalisation du Grand Paris Express offre, comme dans tout projet de transports qui induisent des transformations urbaines, un “formidable terrain d’application” à ses équipes ». « Travailler avec des coachs et des conseillers en communication » Guillaume Sibaud a aussi vérifié ce surcroit d’exigence lors de la consultation pour l’écoquartier de la gare de Cachan à l’issue de laquelle son agence n’a pas été sélectionnée. « Le niveau de la compétition était vraiment élevé », témoigne-t-il. Au final, ce degré d’exigence et cette nouvelle façon d’aborder les projets permettent aux architectes grands-parisiens d’être plus pertinents sur d’autres territoires et de bénéficier du rayonnement du Grand Paris. Le fait d’avoir été lauréat d’IMGP 1 (Ecotone à Arcueil avec la Compagnie de Phalsbourg) et de Réinventer Paris 2 (Institut Eastman dans le 13e à Paris avec le même promoteur) mais surtout de C40/Reinventing Cities (MKNO avec CAAU, NODI, Promoval) a ainsi permis à Triptyque de travailler sur d’autres territoires dont Toulouse. « Nous avions l’impression de participer à certaines consultations comme représentants des architectes du Grand Paris », confie même Guillaume Sibaud. Mais pour être à la hauteur et s’adapter aux nouveaux modes de concours, il a fallu pour ces architectes s’entourer de compétences élargies (graphistes, designers, consultants en usages ou en approches environnementales) pour monter les dossiers et même travailler avec des coachs et des conseillers en communication pour arriver à présenter un projet en 20 minutes. Une autre prouesse des architectes du Grand Paris.
- LA TRIBUNE DE BUON TAN, DÉPUTÉ DE PARIS : FAIRE DE LA FRANCE UN CHAMPION À L’EXPORT
LE COMMERCE EXTÉRIEUR OCCUPE UNE PLACE À PART EN FRANCE : SOURCE DE CROISSANCE ET DE PROSPÉRITÉ, IL EST AUSSI LA VITRINE DE L’EXCELLENCE DE NOS SAVOIR-FAIRE. IL CONTRIBUE PAR LÀ AU RAYONNEMENT DE NOTRE PAYS À L’ÉTRANGER, À LA VALORISATION DE NOTRE CULTURE ET DE NOTRE MODE DE VIE. La richesse qui naît de ces échanges m’a toujours intéressée. Ancien entrepreneur dans l’import-export, conseiller au commerce extérieur depuis 2013, c’est naturellement que j’ai souhaité poursuivre cet engagement dans le cadre de mon mandat de député. Cet investissement s’est d’abord traduit par mon rôle de représentant de l’Assemblée nationale à l’OMC ainsi que par celui de rapporteur sur le volet Commerce extérieur du projet de loi finances, que j’ai exercé de 2017 à 2020. Je suis honoré que certaines des propositions alors formulées aient été reprises et mises en oeuvre par le Gouvernement. Je pense par exemple à la création de la Team France Export, à l’exploitation des opportunités offertes par les marchés asiatiques ainsi qu’à la création d’un ministère dédié à ces enjeux. Ces évolutions sont impératives au regard de la période de profondes mutations que nous traversons :alors que notre déficit commercial avait reflué à 59 milliards d’euros en 2019 et que le nombre de nos entreprises exportatrices dépassait début 2020 les 129 000, au plus haut depuis dix-neuf ans, la pandémie de Covid-19 est venue percuter de plein fouet cette dynamique. Et cette situation est d’autant plus préoccupante que le commerce mondial post-pandémie sera radicalement différent de celui d’avant : les États, conscients de l’impérieuse nécessité de renforcer leur autonomie stratégique, réorientent leurs échanges en conséquence. Si la France a su déployer les mesures indispensables à la protection des entreprises et du pouvoir d’achat de nos concitoyens, ce constat nous oblige cependant à nous dépasser, à nous réinventer. Je plaide notamment pour l’identification rapide des couples pays-secteurs les plus porteurs et pour la mise en œuvre d’une véritable stratégie française et européenne à l’export. Il est également impératif d’investir massivement dans les technologies d’avenir ainsi que de poursuivre les baisses d’impôts et de coûts de production. Ces défis, la France, pays le plus attractif d’Europe depuis deux ans, a tous les atouts pour les relever. J’y prends toute ma part, notamment en qualité d’administrateur de Business France. Mais plus que jamais, nous avons besoin de la mobilisation de nos acteurs économiques, au premier rang desquels ceux du Grand Paris, première métropole économique d’Europe et véritable moteur de notre pays. Il nous faut à présent penser stratégique, jouer collectif et tirer parti de la recomposition inédite que nous vivons. Ce n’est que grâce à cela que nous parviendrons à faire de la France un champion à l’export.
- LA CAISSE D'EPARGNE D'ILE DE FRANCE : UNE BANQUE REGIONALE AU SERVICE DE SON TERRITOIRE. INTERVIEW.
Pascal Chabot, membre du directoire en charge de la Banque du Développement Régional (BDR) à la Caisse d’Épargne Île-de-France répond aux questions du Mag. La Caisse d’Épargne Île-de-France accompagne le développement économique et social de son territoire. Quels constats faites-vous concernant le positionnement concurrentiel de la région Île-de-France et quelles actions menez-vous dans cette perspective ? La transformation actuelle du Grand Paris et de l’Île-de-France offre une dynamique nouvelle à cette région dans la compétition mondiale. Elle est forte de nombreux avantages concurrentiels, en termes sectoriels (tourisme, culture, luxe, informatique…) comme en termes de qualité de vie, en particulier grâce à son très dense réseau de transport. Elle se distingue aussi par une offre très riche en matière de formations, d’établissements d’enseignement, ce qui la rend très attractive pour les jeunes du monde entier. Dans ce contexte, la Caisse d’Épargne Île-de-France a un rôle majeur à jouer, en tant que banque régionale au service de son territoire. Nous misons sur le circuit court concernant le financement de l’économie : nos clients nous apportent des fonds que nous redéployons à 100 % au bénéfice des acteurs de la région. Nous souhaitons favoriser une approche locale du Grand Paris, ce qui est historiquement notre vocation, en apportant des solutions au territoire, à ses acteurs économiques et à ses habitants. Nous avons ainsi su démontrer, en particulier au plus fort de la crise sanitaire, notre bonne compréhension de leurs attentes. Quelles démarches avez-vous entreprises au cours de la période de la crise sanitaire ? Nous avons très vite pris des initiatives pour répondre aux besoins de trésorerie des acteurs de la santé, des transports en commun et des collectivités locales. Nous sommes allés bien au-delà des PGE (prêts garantis par l’État), qui ont représenté 1,8 milliard de financements octroyés, à travers des processus totalement numérisés. Nous avons mis en place le premier PPR (prêt participatif relance) en France et nous avons créé un nouvel instrument, un fonds de dette mezzanine à destination des entreprises qui se développement malgré la crise. Il complète deux autres instruments mis en place ces dernières années : un fonds de capital investissement, qui nous permet de réaliser des prises de participation dans des entreprises franciliennes, et une foncière, qui acquiert des locaux d’activités. Ces initiatives illustrent notre positionnement de banque capable d’apporter des solutions de financement du développement, grâce à de fortes expertises en structuration de dette (pour le financement d’actifs, d’infrastructures, de projets de transition énergétique, de LBO…), à travers une équipe d’ingénierie financière d’une vingtaine de personnes. Nous sommes ainsi le partenaire sur le long terme d’entreprises, mais aussi de structures publiques ou du secteur de l’économie sociale et solidaire. Dans la perspective des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, à quels besoins devez-vous répondre ? Ils sont de plusieurs ordres. Tout d’abord, la Caisse d’Épargne Île-de-France est l’un des principaux financeurs des infrastructures de Paris 2024. Nous avons été en particulier séduits par l’ambition de destiner 100 % des infrastructures, des constructions à l’usage des Franciliens après l’évènement, à l’image du Village olympique, dont nous finançons une partie, qui sera transformé en logements et bureaux. Cette dimension d’héritage nous motive. Nous accompagnons aussi la rénovation de la tour Eiffel et d’autres monuments historiques parisiens. Par ailleurs, nous devons répondre à de nouvelles problématiques en matière de paiement : contribuer à la sécurisation de la billetterie, fluidifier les paiements dans les transports en commun à travers une offre d’« open payment », de paiement universel, alors que nous accueillerons le monde entier et que nous ne pouvons pas nous limiter à imposer nos pratiques. La Caisse d’Épargne Île-de-France a résolument une démarche de banque responsable. Comment cela se traduit-il ? Notre conviction profonde est que nous irons tous plus loin en accompagnant nos 3 millions de clients, dont 700 000 sociétaires et 60 000 acteurs de l’économie, dans leur transition environnementale. La finance doit continuer à se structurer pour apporter son soutien aux acteurs engagés dans la transition énergétique. Nous finançons, par exemple, des projets photovoltaïques ou de géothermie (une spécificité de la région Île-de-France). Une dizaine de projets ont ainsi été financés. Nous avons aussi lancé un prêt à impact, qui repose sur des objectifs environnementaux et sociétaux, et dont le taux bonifié permet un versement à une association, choisie par l’emprunteur. En outre, nous apportons des conseils à nos clients entreprises afin de les initier aux démarches nécessaires pour optimiser la transition de leurs activités. Nous organisons de nombreuses conférences sur ces sujets. Nous pouvons les faire bénéficier de notre expérience, dans la mesure où la Caisse d’Épargne Île-de-France s’est elle-même engagée dans un processus de réduction de ses émissions, avec un objectif de -15 % en 2024 par rapport à 2019. Pour ce faire, nous agissons sur quatre grands piliers clés : le numérique, les achats, l’immobilier et la mobilité. « Nous avons été en particulier séduits par l’ambition de destiner 100 % des infrastructures, des constructions à l’usage des Franciliens après l’évènement, à l’image du Village olympique, dont nous finançons une partie, qui sera transformé en logements et bureaux »
- COMMENT REFONDER LA VILLE SUR ELLE-MÊME ?
FACE AU DÉFI CLIMATIQUE ET À LA RARETÉ DU FONCIER, LES ACTEURS DE L’INDUSTRIE IMMOBILIÈRE S’ORGANISENT POUR RECONSTRUIRE LA VILLE SUR ELLE-MÊME SUR LE TERRITOIRE DU GRAND PARIS. COUP DE PROJECTEUR SUR LES SOLUTIONS APPORTÉES EN MATIÈRE D’HABITAT ET D’IMMOBILIER DE BUREAUX. PAR AURÉLIEN JOUHANNEAU Avec 8 700 hab/km2 – et plus de 20 000 hab/km2 rien pour la Ville de Paris ! –, le Grand Paris demeure l’une des métropoles parmi les plus denses au monde. Reconstruire la ville sur elle-même devient, de facto, une nécessité absolue à l’heure où a sonné l’urgence climatique. Tant pour le logement que pour l’immobilier de bureaux. Pour embrasser ce nouveau paradigme de la fabrique de la ville, ses acteurs – investisseurs, promoteurs, aménageurs… – déploient des solutions pérennes, synonymes de création de valeur pour le territoire du Grand Paris. D’abord, tous les intervenants interrogés en conviennent : l’urbanisation des zones naturelles est une pratique de l’ancien monde. « Nous partageons pleinement l’objectif Zéro artificialisation nette des sols (ZAN) fixé par la loi Climat & Résilience », explique Loïc Madeline, directeur général délégué de Sogeprom. « Dans le Grand Paris, nous disposons d’un terrain de jeu exponentiel en matière de bâti à transformer ou à créer autour des gares du Grand Paris Express, sans pour autant venir grignoter du foncier inutilement. » À titre d’exemple, la filiale de promotion immobilière de la Société Générale réhabilite un site industriel à Cergy, pour y déployer pêle-mêle différentes typologies d’habitat, des services publics, des commerces, des bureaux et un parking en silo en bois. « Ce projet adopte les codes de la ville du quart d’heure par sa mixité d’usages et son ouverture sur son environnement urbain », poursuit Loïc Madeline. Bâtir bas carbone Refonder la ville sur elle-même passe donc inévitablement par la reconquête de friches urbaines. En la matière, Espaces Ferroviaires, la filiale aménagement urbain et promotion de la SNCF, dispose d’un patrimoine foncier non négligeable. « À Paris intra-muros, nous avons 20 hectares en projet de reconversion pour un total de 300 nouveaux logements couplés, entre autres, à de l’activité économique et une offre culturelle », précise Fadia Karam, directrice générale d’Espaces Ferroviaires. Ces nouveaux quartiers en devenir – Ordener-Poissonniers (Paris 18e) et Les Messageries (Paris 12e) – font aussi la part belle aux espaces verts, au réemploi des matériaux in situ et aux mobilités douces. « Grâce à l’intelligence collective, nous devons être les garants d’une ville inclusive et bas carbone », stipule Fadia Karam. Bien qu’en dehors du périmètre du Grand Paris, l’ex-caserne Pion à Versailles va-t-elle aussi plonger dans le XXIe siècle sous le prisme de la cité-jardin ? « D’un site ultra bétonné, nous recréons un quartier de ville mixte et bas carbone, tourné vers la nature avec 60 % du projet dédié aux espaces verts et l’utilisation de matériaux biosourcés pour le bâti », témoigne Hélène El Aiba, directrice générale adjointe Île-de-France du pôle promotion d’Icade. Emmanuel Hermsdorff, directeur général Crédit Mutuel Aménagement Foncier, ajoute : « Si le recyclage des friches urbaines permet de préserver des terres de l’urbanisation et de loger des habitants dans un marché résidentiel sous tension, il est nécessaire d’en maîtriser tous les risques (pollution, plan local d’urbanisme…). Dans le cas contraire, l’opération peut déraper d’un point de vue financier.» La ville à énergie positive Dépasser l’objectif zéro carbone, certains acteurs, comme d’Elithis, en font leur cheval de bataille. Comment ? Grâce à la construction de tours résidentielles à énergie positive à l’instar de celle érigée à Strasbourg en 2018. « Nos idées en la matière ne sont pas nouvelles, mais personne n’a réellement eu le cran de les appliquer », confie Claire Cauchetier, directrice de la marque et du développement chez Elithis. À la fois investisseur-concepteur et promoteur, son groupe porte un programme de 100 tours de logement en France et en Europe, synonyme d’une suppression quasi-totale des facteurs d’énergie pour les ménages. « On ne peut pas imaginer bâtir le Grand Paris sans un immeuble de ce genre », poursuit Claire Cauchetier. Toutefois, pour construire des logements neufs, tous les promoteurs du Grand Paris restent inquiets face à la pénurie de fonciers à bâtir. « Alors qu’il manque 700 000 logements en Île-de-France, nous faisons face à deux situations qui grippent la machine : des élus qui ne souhaitent pas de constructions nouvelles, d’une part, et les prix des terrains qui s’envolent, d’autre part », indique Olivier Frard, directeur du développement de Yuman Immobilier. Par ricochet, ce double phénomène entraîne une hausse des prix des appartements neufs. Parmi les promoteurs interrogés, tous se demandent jusqu’à quand cette situation va perdurer… « Sans compter avec l’entrée en vigueur de la RE2020 qui implique une hausse de 10 à 15 % pour produire un logement », précise Olivier Frard. Le projet de reconversion de l’hôtel Crowne Plaza en programme résidentiel à Neuilly-sur-Seine par Icade. Le projet d’immeuble 100 % réversible dans le quartier des Messageries à Paris 12e par Espaces Ferroviaires. « DANS LE GRAND PARIS, NOUS DISPOSONS D’UN TERRAIN DE JEU EXPONENTIEL EN MATIÈRE DE BÂTI À TRANSFORMER OU À CRÉER AUTOUR DES GARES DU GRAND PARIS EXPRESS. » LOIC MADELINE, DIRECTEUR GÉNÉRAL DÉLÉGUÉ DE SOGEPROM Réhabiliter plutôt que démolir Pour reconstruire la ville sur elle-même, la réhabilitation reste l’une des cartes maîtresses des professionnels de l’immobilier. Un crédo sur lequel est présent Histoire et Patrimoine depuis 25 ans. « Nous intervenons sur tout type de patrimoine à réhabiliter – qu’il soit militaire, religieux ou hospitalier – pour (re)créer des logements », explique Arnaud Baudel, directeur général au développement de la filiale du groupe Altarea. « Les élus locaux sont très sensibles à notre savoir-faire pour redonner une seconde vie à des bâtiments sans venir les démolir. » Opter pour cette pratique va permettre à Histoire et Patrimoine de réhabiliter et changer les usages de 6 des Tours Nuages imaginées par l’architecte Émile Aillaud dans les années 1970 à Nanterre. Sur le front du bureau, Covivio a fait de la restructuration/réhabilitation un de ses axes stratégiques. « Ce positionnement nous permet à la fois de prendre en compte les enjeux climatiques et de proposer des lieux de travail inspirés des codes de l’hôtellerie, en adéquation avec les attentes des utilisateurs », glisse Olivier Estève, directeur général délégué de la foncière. Sur le terrain, cela se traduit par des opérations de « régénération urbaine », à l’exemple de So Pop à Saint-Ouen. Tout en conservant l’enveloppe historique de l’ex-siège de Citroën (20 000 m2), Covivio a créé 12 500 m2 en superstructure et développé 4 000 m2 d’espaces extérieurs. Transformer les bureaux en logements Autre solution plébiscitée par les élus pour refonder la ville sur la ville : transformer l’usage d’un immeuble obsolète en logements. Un crédo où nombre d’investisseurs sont déjà présents à l’instar d’Icade avec AfterWork. « Cette offre développe toutes les compétences nécessaires à la transformation d’un actif, du sourcing à son financement en passant par son approche décarbonée », détaille Caroline Vaubourgoin, directrice générale adjointe tertiaire Île-de-France d’Icade Promotion. Avec cette démarche holistique et généraliste, la foncière porte un programme résidentiel en lieu et place de l’hôtel Crowne Plaza à Neuilly-sur-Seine. Avant de se lancer, Icade a d’ailleurs passé au crible les actifs de bureaux de plus de 5 000 m2 construits avant 2000, susceptibles d’être reconvertis en logements. Résultat ? « On a dénombré entre 7 et 8 millions de m2 à transformer en Île-de-France, dont 2,5 millions dans Paris intra-muros », relate Caroline Vaubourgoin. À titre de comparaison, « seulement » 590 000 m2 tertiaires sont devenus des logements dans la Capitale entre 2020 et 2021. Cet exercice – complexe d’un point technique et financier –, Covivio s’y emploie depuis plusieurs années. « Dans le Grand Paris, nous transformons d’anciens actifs de bureaux obsolètes pour y développer près de 500 logements comme à Bobigny ou à Saint Germain-en-Laye », précise Olivier Estève. Pour donner une « réelle » cohérence à ce type de reconversion, tous les spécialistes interrogés s’accordent pour demander une réflexion à l’échelle métropolitaine. Réversibilité dans le temps Au-delà de la transformation du bâti existant, les acteurs de la fabrique de la ville se penchent sur la… réversibilité des futurs édifices. « Aujourd’hui, c’est ni plus ni moins le principal défi à relever », estime Loïc Madeline. Si, dans sa phase héritage, le Village des athlètes des Jeux Olympiques de Paris montrera la voie en la matière post-2025, Espaces Ferroviaires s’y emploie déjà aux Messageries, avec un projet novateur. « Cet immeuble en ossature bois et en pierre, qui accueillera des bureaux en premier usage, sera 100 % réversible en logements grâce à sa conception architecturale », assure Fadia Karam. Selon la directrice générale d’Espaces Ferroviaires, il est primordial de sanctuariser cette « forme d’élasticité » pour un édifice afin « mieux » anticiper les futurs besoins sociétaux. « Grâce à cette approche, nous nous inscrivons dans les clous de l’économie foncière et de la sobriété écologique sans dogme », conclut-elle. Un discours qui devrait sans nul doute séduire plus d’un investisseur, dans le Grand Paris, en quête de valeurs financières pérennes et vertueuses. L’immeuble de bureaux So Pop à Saint-Ouen par Covivio. « ON A DÉNOMBRÉ ENTRE 7 ET 8 MILLIONS DE M2 À TRANSFORMER EN ÎLE-DE-FRANCE, DONT 2,5 MILLIONS À PARIS INTRA-MUROS. » CAROLINE VAUBOURGOIN, DIRECTRICE GÉNÉRALE ADJOINTE TERTIAIRE ÎLE-DE-FRANCE D’ICADE PROMOTION











