« Nous devons massifier la transformation de bureaux en logements »
- timotheedulud
- 14 sept.
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Richard Curnier, directeur régional Île-de-France de la Banque des Territoires, détaille les leviers d’action de son institution pour répondre à l’urgence écologique et sociale : décarbonation énergétique, reconversion de bureaux vacants, soutien massif au logement social. Il revient aussi sur le partenariat renforcé avec la Métropole du Grand Paris.

Quel est le rôle de la Banque des Territoires en Île-de-France ?
Nous sommes un acteur de long terme, au service des collectivités, des bailleurs et de l’intérêt général. En 2024, nous avons mobilisé 8,2 milliards d’euros de prêts, dont plus de 7 milliards pour le logement social et intermédiaire. Cela représente près de 23 000 logements sociaux neufs, plus de 8 500 logements intermédiaires et la réhabilitation de 30 000 logements. Nous intervenons aussi auprès des collectivités locales, avec 1 milliard d’euros prêtés pour leurs projets structurants.
Vous insistez sur l’importance de transformer les bureaux vacants. Pourquoi ce choix ?
Parce que la vacance tertiaire explose : 6 millions de mètres carrés aujourd’hui et peut-être 10 millions en 2030. Dans le même temps, 800 000 personnes attendent un logement social en Île-de-France. Transformer des bureaux en logements, c’est du bon sens. Depuis 2022, nous avons financé 16 opérations de reconversion, représentant plus de 2 000 logements. Le potentiel est considérable, mais il faut encore lever les freins techniques, réglementaires et économiques.
Quels outils avez-vous mis en place pour encourager ces transformations ?
Nous avons créé un prêt haut de bilan spécifique, à taux zéro, pendant 20 ans, d’un montant de 25 000 euros par logement, sur une durée de 40 ans. Transformer un bureau en logement coûte en moyenne 15 % de plus qu’une construction neuve. Ce prêt rééquilibre les opérations, notamment pour les bailleurs sociaux. C’est un levier essentiel pour massifier.
Quels projets emblématiques illustrent cette politique ?
À Paris, l’îlot Saint-Germain a permis la création de 253 logements sociaux dans un ancien bâtiment du ministère des Armées. À Pantin, l’opération Délizy a transformé d’anciens bureaux en 48 logements sociaux. À Orsay, la résidence Athéna proposera 312 logements en coliving. À chaque fois, nous finançons via des prêts longs et accompagnons des montages innovants, souvent en VEFA.
La transition énergétique est l’autre axe fort de votre stratégie. Où en êtes-vous ?
Nous soutenons la structuration d’un mix énergétique décarboné. En 2024, nous avons contribué à alimenter l’équivalent de 82 000 logements en géothermie. Nous intervenons aussi via des prêts longs (Malakoff, Plaine Commune) et en fonds propres dans des SEM locales comme Essonne Énergies.
Vous êtes également actifs dans la rénovation des bâtiments scolaires. Quel est votre rôle ?
Avec la Métropole du Grand Paris, nous portons le programme ÉduRénov. Une nouvelle convention a été signée pour rénover 500 écoles en cinq ans. La Métropole bonifie nos prêts de 0,5 % et nous finançons 100 % des études préalables. L’objectif est un gain énergétique d’au moins 40 % par établissement.
Quelle est la nature de votre partenariat avec la Métropole du Grand Paris ?
Il est ancien, structurant et renforcé chaque année. Nous avons cofinancé des projets de redynamisation des centres-villes, soutenu la Gemapi et des projets d’innovation métropolitaine. Une nouvelle convention intégrera le Plan métropolitain de l’habitat, avec un objectif clair : agir plus vite et plus fort sur le logement, l’énergie et la cohésion des territoires.
Dans un contexte de crise, comment maintenir cette dynamique ?
Notre modèle est résilient. Nous sommes un investisseur contracyclique. En 2024, nous avons doublé nos engagements malgré la baisse du nombre de projets. Le groupe Caisse des Dépôts affiche un bilan consolidé de 1 388 milliards d’euros et un résultat net de 5 milliards. Cela nous donne la capacité d’investir massivement pour l’avenir des territoires.



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