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301 résultats trouvés avec une recherche vide

  • "Notre implication dans le fonctionnement de la ville revêt de multiples dimensions"

    Créée en 2021, RATP Solutions Ville rassemble les expertises du groupe RATP en matière de gestion immobilière, télécommunications, infrastructures souterraines, énergie, logistique et mobilités. Céline Mazières, directrice stratégie, marketing, communication et RSE de RATP Solutions Ville,en présente le bilan d’activité et les perspectives de développement. Quel bilan tirez-vous de la création de RATP Solutions Ville ? La création de RATP Solutions Ville a permis de réunir toutes les expertises du groupe RATP dans une seule structure, ce qui apporte une synergie et une force de frappe plus importantes pour se positionner sur de plus grands projets de ville en Île-de-France sur lesquels nous sommes légitimes. Par exemple, cette nouvelle organisation a permis de remporter l’appel d’offres « Connect Grand Paris » pour déployer la fibre optique sur tout le réseau ferroviaire du Grand Paris. Alors que nous entrons dans une période de concurrence, avoir des services connexes plus performants montre que le groupe peut offrir des métiers divers et se mettre au service des territoires et de la transition écologique des villes. De quelle manière étiez-vous investis dans les Jeux Olympiques et Paralympiques ? Les JOP 2024 ont été un accélérateur pour RATP Solutions Ville, dans la mesure où notre filiale RATP Connect a dû tenir les délais de livraison des prolongements des lignes 11 et 14 en apportant les connectivités 3G/4G/5G.Notre filiale immobilière RATP Real Estate a assuré, avec RATP Cap Île-de-France, la gestion du centre bus provisoire d’Aulnay-sous-Bois, pour Île-de-France Mobilités, lors des Jeux de Paris 2024 permettant le transport des accrédités.Tous ces services associés se sont mobilisés et les projets ont avancé à marche forcée afin d’être prêts pour la partie « Exploitation » à l’été 2024. Mais notre implication dans le fonctionnement de la ville revêt plusieurs dimensions. Quelles sont-elles ? Outre les transports en commun, nous contribuons à la production de logements sociaux pour loger notamment nos salariés et des travailleurs essentiels, sans oublier les énergies renouvelables avec notre prise de participation dans Fraîcheur de Paris, opérateur du réseau de froid urbain dont la concession a été attribuée aux groupes Engie et RATP. En 2023, la RATP a recruté plus de 5 300 personnes en Île-de-France. Au total, 6 600 collaborateurs ont rejoint le groupe l’an dernier. Enfin, avec un parc de plus de 9 000 logements, notre bailleur social RATP Habitat pèse de tout son poids dans ce dispositif. C’est à la fois un poumon économique et un facteur d’attractivité pour le groupe, sachant que 40 % du parc permettent de loger des agents de la RATP et participent ainsi à leur qualité de vie. Comment contribuez-vous à l’accroissement de l’offre de locatif social ? RATP Habitat agit tant sur les leviers de la construction que de l’acquisition en Vefa (Vente en l’état futur d’achèvement) auprès de promoteurs. L’ambition est d’accroître le parc de plus de 2 000 logements d’ici 4 à 5 ans. Pour ce faire, nous lançons un appel aux villes et mettons en avant le fait que RATP Habitat est respectueux des villes dans lesquelles il intervient en s’adaptant à leurs besoins. Nous proposons aussi des services associés plébiscités comme l’autopartage ou des bornes de recharge électrique en pied d’immeubles grâce à nos participations dans les startups Communauto et Electra. L’offre de RATP Habitat comprend-elle également le logement locatif intermédiaire (LLI) ? Tout à fait, nous faisons le pari du LLI pour disposer d’une multitude de typologies de logement et accompagner le parcours résidentiel des salariés. Dans le 12e arrondissement de Paris, avenue du Docteur-Arnold-Netter, sur un foncier occupé auparavant par des locaux sportifs du comité d’entreprise de la RATP, nous avons réalisé un ensemble de quatre immeubles comptant 48 logements sociaux, 43 logements intermédiaires et une crèche de 96 berceaux pour la Ville de Paris. En matière d’immobilier, la promotion fait-elle partie des activités de RATP Solutions Ville ? Oui, RATP Solutions Ville fait notamment partie, avec BNP Paribas Real Estate (mandataire) et Apsys, du groupement sélectionné pour réhabiliter l’ancien siège de l’AP-HP à Paris, dans le cadre de « Réinventer Paris 3 ». Le projet Hospitalités Citoyennes associera, sur près de 30 000 mètres carrés, mixité sociale, avec la création de logements sociaux dont une partie sera destinée au personnel de l’AP-HP, et fonctionnelle, avec des bureaux conçus pour s’adapter aux nouveaux modes de travail et, en rez-de-chaussée, des commerces et des services, dont une Centrale des mobilités dédiée aux vélos, pilotée par RATP Solutions Ville. Nous profitons de la période d’occupation transitoire en cours depuis octobre 2023 pour tester ce concept qui regroupe tous les services liés à la mobilité cycliste (réparation, borne de recharge électrique...) et que nous souhaitons développer. La logistique urbaine fait également partie des axes de développement de RATP Solutions Ville. Qu’avez-vous mis en place ? Nous expérimentons une formule inédite qui consiste à louer à des logisticiens les dépôts de bus qui sont vides dans la journée puisque les bus circulent. Cela leur permet de centraliser les livraisons par camions sur ces centres puis d’assurer la livraison du dernier kilomètre par vélos cargos. La formule très vertueuse rencontre beaucoup de succès et a été testée par Chronopost et Amazon qui la plébiscitent.

  • "Renforcer l'attractivité de l'Île-de-France est un travail quotidien"

    Classée première région du futur par le Financial Times en 2024, l’Île-de-France confirme l’attractivité de sa destination pour les investisseurs étrangers et les touristes. Alexandra Dublanche, présidente de Choose Paris Region et Vice-présidente de la région, explique la stratégie politique engagée en matière d’attractivité. Quel bilan faites-vous de l’attractivité de l’Île-de-France ? En 2023, les retombées économiques sur le territoire confirment l’influence de la destination, avec 410 investissements directs internationaux (IDE) créant plus de 32 000 emplois (+ 4 %), 47,5 millions de touristes accueillis (+ 8 %), dont 21,6 millions internationaux (+ 11 %), et 10 745 jours de tournage recensés. Ces performances sont d’autant plus remarquables que l’on observe globalement un repli marqué de l’investissement international dans les pays européens, selon le dernier rapport de la CNUCED de janvier 2024. Au-delà du rayonnement de Paris, c’est toute l’Île-de-France qui bénéficie de cette attractivité avec près de 40 % des flux d’investissement et de tourisme qui se situent hors Paris. À signaler également la part significative (43 % en 2023) de « primo-arrivants » qui met en lumière l’attractivité et le rôle essentiel de la région en tant que point d’entrée majeur pour les touristes et les entreprises. Comment concilier attractivité économique et touristique, et développement durable ? En matière de transition environnementaleet énergétique, Choose Paris Region met l’impact au cœur de sa stratégie et est précurseur depuis près de 3 ans dans la notation des projets d’investissement au regard des Objectifs de développement durable de l’ONU. Ainsi, la région dénombre près d’un tiers d’IDE à impact positif en 2023 dans les domaines de la transition environnementale et sociale (+ 5 points en un an). Sur le plan touristique, Choose Paris Region participe à l’accompagnement de 89 sites labellisés Tourisme et Handicap. La filière Image francilienne est également soutenue dans sa transition environnementale avec la mise à disposition d’outils dédiés, tels qu’un annuaire de prestataires éco-responsables. À quels enjeux devez-vous faire face ? Nous sommes très fiers de ces excellents résultats qui font de nous la première région attractive d’Europe et la première région du futur sur notre capacité d’innovation dans des domaines stratégiques comme l’intelligence artificielle, le quantique ou encore la deeptech. Mais il nous faut poursuivre le travail pour conserver les talents en Île-de-France et renforcer notre capacité à accueillir des projets industriels structurants. Le Sdrif-e (Schéma de développement de la région Île-de-France environnemental) en est un des éléments qui assume de prévoir des territoires pour accueillir de l’activité économique et de production, car on ne peut pas être souverain, produire en local et refuser des activités industrielles en cohérence bien évidemment avec la poursuite des objectifs du ZAN à 2050.

  • "Le Cercle francilien des nouveaux gaz verts va contribuer à accélérer la décarbonation régionale"

    Lancé sur les fonts baptismaux lors du dernier salon de l’Amif, le Cercle francilien des nouveaux gaz verts « vise à accélérer la décarbonation de l’Île-de-France par le soutien au développement des gaz verts », selon Florence Mourey, directrice adjointe Clients Territoires Île-de-France de GRDF. Pourquoi avoir lancé lors du salon de l’Amif,en mai dernier, le Cercle francilien des nouveaux gaz verts ? Les études menées par GRTgaz, GRDF et l’ADEME Île-de-France ont permis de déterminer le potentiel de la région en matière de production de gaz verts, notamment par des techniques innovantes, telles que la pyrogazéification et la gazéification hydrothermale, utilisant des déchets jusqu’alors sous-utilisés ou non valorisés, offrant un potentielen Île-de-France pour atteindre les objectifs fixés. Pourquoi avoir pris cette initiative avec GRTgaz ? Le souhait de créer un Cercle francilien des nouveaux gaz verts reflète l’engagement partagé de GRTgaz et GRDF à intensifier la production de gaz verts, avec l’objectif d’intégrer 100 % de ces énergies dans le réseau français d’ici 2050.Cette initiative s’inspire aussi d’une vision partagée par tous les acteurs réunis au sein du Cercle, qui souligne les défis énergétiques actuels et l’ambition d’un mix énergétique national décarboné. Ce nouveau Cercle vient compléter l’action de PROMÉTHA, qui soutient le développement de la méthanisation en Île-de-France. Qui sont les autres acteurs de ce Cercle ? À travers lui, plusieurs acteurs* s’engagent à unir leurs forces pour favoriser l’émergence de projets prometteurs, accompagner leur concrétisation sur les plans financier, réglementaire et territorial, et sensibiliser sur les enjeux cruciaux des nouvelles filières énergétiques. Comment fonctionnera-t-il concrètement ? Le Cercle francilien des nouveaux gaz verts mettra les ressources de ses membres au service de la promotion de la production des gaz verts, en levant les obstacles locaux à son développement, réalisant des études, organisant des visites de terrain. Il permettra de mettre en lumière les défis techniques, économiques et réglementaires à surmonter pour atteindre les objectifs de la région en matière de transition énergétique et d’identifier les projets franciliens susceptibles de répondre à de futurs appels à projets nationaux ou régionaux. * Signataires du Cercle des nouveaux gaz verts : GRDF, GRTgaz, IPR AREC, IPR ORDIF, Banque des Territoires, Sigeif, SDESM, SDESM Énergies, ATEE IDF, France Gaz, groupe ADP, Suez, Semardel, Syctom, Veolia. De gauche à droite : Roger Molkou (Suez), Nicolas Bauquet (Institut Paris Region), Frédéric Moulin (GRTgaz), Florence Mourey (GRDF), Denis Penouel (Syctom), Alexandre Guyon (Veolia), Denis Duplessier (Semardel), Anthony Mazzenga (GRTgaz), Christophe Provot (Sigeif), Ivan Chetaille (Banque des Territoires) et Jacques Delporte (SDESM).

  • "Un pacte de confiance doit être rétabli entre l'État et les collectivités"

    Vice-président du conseil régional d’Île-de-France chargé du logement et de l’aménagement durable du territoire, membre d’Acteurs du Grand Paris, Jean-Philippe Dugoin-Clément partage son analyse sur la conjoncture, alors que la révision du schéma directeur environnemental (SDRIF-E) de la région est toujours en cours. Propos recueillis par Jacques Paquier. Quel diagnostic général en matière d’aménagement dressez-vous pour le territoire francilien ? L’Île-de-France est une région dont les dynamiques sont poussées mécaniquement par un développe- ment économique qui reste fort et une croissance démographique qui se poursuit. Le besoin d’aména- gement et de construction perdure. Or, depuis les municipales de 2020, et encore plus depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine en 2022, un retard se creuse. Au sein de la majorité régionale, nous considérons qu’il faut des mesures structurelles pour permettre une relance. Depuis la parution en 2023 de votre livre, L’habitat fait le citoyen : le logement, entre crise sociale et crise environnementale (éditions de l’Aube), comment la situation du logement en Île-de-France a-t-elle évolué ? Je suis inquiet avec ce qui a été fait sur le plan législatif et réglementaire. Je ne vois pas ce qui pourra permettre de relancer la production de logements d’ici à 2027. Un pacte de confiancedoit être rétabli entre l’État et les collectivités. Premièrement, il faut aider les maires bâtisseurs en corrélant les recettes de fonctionnement des communes et leur évolution démographique. Deuxièmement, il faut permettre aux maires de diriger la politique d’attribution des logements sociaux. La nouvelle réglementation de gestion« en flux » des contingents de réservation de logements sociaux [en application de la loi de 2018 portant sur l’évolution du logement, de l’aménage- ment et du numérique (ELAN)] est une réforme malvenue qui fait l’exact inverse... C’est une quasi- spoliation du peu d’attributions que les communes avaient encore pour le logement social. L’État impose aux communes de porter une politique de logement pour atteindre un pourcentage minimum de logements sociaux, au travers de la loi « Solidarité et Renouvellement Urbain » (SRU), tout en leur refusant la possibilité de piloter la politique du peuplement. Quand on est maire, cela peut revenir dans certains cas à voir construire des logements qui bénéficient à des personnes qui n’habitent pas la commune, alors même que des demandes de ses habitants ne sont pas traitées. Troisièmement, là où il y a des maires bâtisseurs, l’État doit faire plus concernant ses politiques régaliennes, c’est-à-dire dans l’enseignement, la santé et la sécurité. En zones d’éducation prioritaire par exemple, l’État a fait en sorte qu’il n’y ait pas plus de 12 élèves par classe. Pourtant, en zones rurales ou rurbaines, alors qu’il y a parfois plus de 30 élèves par classe, que les habitants ne trouvent plus de médecin traitant et que les forces de l’ordre sont en effectif insuffisant, il est difficile à un maire d’expliquer à ses administrés qu’il faut construire davantage. C’est incompréhensible. Une « charge foncière verte » intégrée dans le budget des opérations d’aménagement est évoquée pour financer une renaturation des espaces. Qu’en pensez-vous ? La loi Climat et Résilience de 2021, qui prévoit le ZAN, a été faite dans la précipitation et sans aucune étude d’impact préalable. Depuis, on assiste à une sorte de foire aux idées pour essayer de rattraper ce péché originel. Alors que la raréfaction du foncier va contribuer à son renchérissement, je me bats pour que son prix soit plafonné au moins en zones tendues. De même se pose la question de la mise en place de fiscalités différenciées en fonction des modes de construction, qu’ils soient vertueux ou non. Par exemple, la fiscalité est la même qu’une construction se fasse sur des champs en extension urbaine totale ou sur une friche industrielle polluée. C’est un non-sens. Pourquoi le bail réel solidaire (BRS) a-t-il du malà trouver son public ? Le BRS est un bon produit, mais c’est un produit de segment. Il est adapté aux zones très tendues, plutôt de petite couronne en Île-de-France. Il cible une tranche de ménages située juste en dessous de celle pouvant accéder à la propriété classique. Il y a aussi un enjeu de compréhension et d’appropriation, car ce dispositif est nouveau. Concernant les banques, certaines sont favorables aux BRS et d’autres sont beaucoup plus prudentes. Pour moi, ce dispositif ne résoudra pas à lui seul la crise du logement, qui implique de déployer tout un panel de solutions (BRS, logement locatif intermédiaire, logement classique...). Quel est le calendrier du nouveau Sdrif-e et quelles en sont les grandes orientations ? En raison de la situation politique nationale, le vote définitif du Sdrif-e a été décalé au 11 septembre 2024. Le document sera ensuite transmis par le préfet de région au Conseil d’État qui le validera pour qu’il puisse être signé par le ministre de tutelle. Le Sdrif-e devrait être opérationnel en janvier ou février 2025. Sur le fond, le Sdrif-e, c’est une Île-de-France qui marche sur ses deux jambes.Une jambe de la transition environnementale avec la décarbonation de l’économie, la mise en place du ZAN et le développement de l’économie circulaire. Une jambe du développement économique et social. Avec Valérie Pécresse, nous souhaitons que l’Île- de-France reste le moteur économique de l’Union européenne en sanctuarisant des zones dédiées à cet effet et en développant 800 hectares de nouveaux espaces industriels. Dans le même temps, il faut réparer les inégalités sociales. C’est pourquoi un objectif de 70 000 nouveaux logements par an, dont – ce qui n’avait jamais été fait – deux tiers de logements abordables, est créé.Plus globalement enfin, le Sdrif-e répond à une logique polycentrique. Nous travaillons pour affirmer et développer 27 centralités qui contribueront à l’attractivité et au rayonnement de la région métropole.

  • "Icade est la première entreprise française à avoir déposé des résolutions climat et biodiversité"

    Véronique Mercier, membre du Comité exécutif d’Icade en charge des Relations institutionnelles et de la Communication, présente les nombreuses perspectives du groupe en cette année olympique. 2024 est une année importante pour Icade... Oui, avec plusieurs éléments marquants. Nos 70 ans tout d’abord, puis qu’Icade a été créée en 1954, à la suite à l’appel de l’abbé Pierre, par le directeur général de la Caisse des Dépôts de l’époque, François Bloch- Lainé. Une nouvelle feuille de route stratégique ensuite. En février dernier, notre directeur général, Nicolas Joly, a présenté le nouveau plan stratégique 2024-2028, intitulé ReShapE. Il fait suite à la cession de notre activité Icade Santé, qui suit son cours. L’objectif est de devenir un acteur intégré de la ville autour de nos deux métiers historiques, à savoir la promotion et la Foncière, et de maintenir et renforcer nos engagements RSE pour bâtir, dès aujourd’hui, la ville de 2050. Enfin, le 27 décembre prochain, nous déménagerons notre siège à La Défense, dans un immeuble dont nous sommes propriétaires, la tour Hyfive (ex-tour SCOR). Cette actualité me permet de rappeler l’ancrage d’Icade dans le Grand Paris, avec les parcs d’affaires Paris-Orly-Rungis (Rungis), Pont de Flandre (Paris 19e) et Portes de Paris (Aubervilliers et Saint-Denis), ainsi qu’une forte présence autour de La Défense (Nanterre, Rueil- Malmaison). Que prévoit le nouveau plan stratégique ReShapE 2024-2028 ? À court terme, un premier axe consiste à prendre en compte les évolutions du marché, en engageant la reconversion de 14 % de nos actifs de bureaux détenus par la Foncière tertiaire. Cela représente 32 immeubles. Une fois transformés, ces bâtiments peuvent prendre la forme d’un hôtel, comme sur le parc d’affaires de Rungis, ou bien d’un établissement d’enseignement supérieur, comme à La Défense.Un deuxième axe est la diversification de nos actifs en lien avec les besoins actuels que sont la réindustrialisation, les data centers et les résidences étudian- tes. Le troisième axe du plan stratégique, et qui en est l’ambition centrale, c’est d’être l’acteur qui bâtit « la ville de 2050 ». Il s’agit d’une ville plus mixte dans ses fonctions et plus durable. Nous sommes très fiers qu’Icade soit la première entreprise française à avoir fait adopter en assemblée générale cette année à la fois une résolution climat et une résolution biodiversité. Icade a été l’une des parties prenantes des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, et non des moindres, avec la construction du Village des athlètes. En quoi ce projet est-il emblématique du savoir-faire du groupe ? Avec 13 immeubles entourant une forêt urbaine, le secteur des Quinconces du Village des athlètes, co-investi par la Caisse des Dépôts, CDC Habitat et Icade, est un démonstrateur à la taille du quartier de ce que peut être la ville de 2050. Par rapport à un chantier classique, l’impact carbone a été divisé par deux. Six appréciations techniques d’expérimentation (ATEx) sont venues souligner le caractère innovant du projet. Je parlerais même d’innovation de rupture à propos d’un immeuble de 26 logements qui recycle à 60 % les eaux usées. Cette réalisation pourrait conduire à faire évoluer la réglementation. Nous sommes en train d’y travailler avec l’Agence régionale de santé Île-de-France.

  • "Notre manifeste en faveur de la construction hors-site"

    Cédric Loret, directeur adjoint stratégie et développement durtable, membre du comité exécutif du groupe Polylogis et membre du directoire de Logirep. Hors-site : de quoi parle-t-on ? Ce mode de construction consiste à réaliser les éléments d’un bâtiment en usine afin de les assembler plus rapidement sur un chantier. Au sein du groupe Polylogis - opérateur global de l’habitat et acteur du logement social depuis près de 60 ans –, nous sommes convaincus des vertus d’une telle technique. Grâce à la maîtrise fine des process de fabrication industriels, la construction hors-site est qualitative et bas carbone. C’est un levier puissant pour concrétiser une politique RSE. Les conditions de travail des équipes sont améliorées, car les opérations d’assemblage limitent le port de charges et l’exposition aux intempéries. La féminisation des postes s’en trouve favorisée. Le hors-site contribue à la réindustrialisation des territoires en impulsant la création d’emplois locaux. Du fait d’une phase chantier raccourcie et d’une diminution des nuisances, l’acceptabilité des opérations par les riverains est optimisée. Le dialogue avec les élus et la procédure de permis de construire gagnent en fluidité. Autrement dit, la construction hors-site permet à tout le monde d’économiser du temps. Pour nous, acteurs de l’immobilier, c’est la garantie de bénéficier plus rapidement de loyers dans l’exploitation de notre patrimoine. On entend parfois parler d’un risque d’uniformisation des constructions. Ce biais est mineur, car une marge de manœuvre est conservée sur les revêtements et les façades, c’est-à-dire sur tout ce qui fait l’apparence d’un bâtiment. Avec la construction hors-site, il ne s’agit pas de se restreindre à une seule solution. Rien n’empêche de garder une dose de construction traditionnelle afin de s’adapter au contexte. Surtout, la construction hors-site recouvre une riche palette de techniques. La production en atelier de modules 3D, prêts à être assemblés, en est une. Mais il existe d’autres options, comme les poteaux-poutres ou les façades en ossature bois pour les éléments structurels. Un mix 2D/3D est parfaitement envisageable. En définitive, la diversité des formes possibles est équivalente à ce que propose la construction classique. Un agenda dédié À horizon 2030, l’objectif du groupe Polylogis est que 50 % des opérations en maîtrise d’ouvrage directe relèvent, en intégralité ou en partie, de la construction hors-site. À cette fin, nous avons mis en place un agenda dédié. Notre plan d’action comprend un dispositif de formation interne certifiant. Nous allons nous doter d’un indicateur de faisabilité des opérations qui sera utilisé en comité d’investissement. Nous prévoyons la conception d’un outil de sourcing pour comparer les options existantes sur le marché. La solution hors-site sera d’autant plus attractive financièrement qu’elle sera massifiée. C’est pourquoi, au travers d’accords-cadres, nous souhaitons nous engager sur du volume auprès d’industriels. À l’heure d’une conjoncture dégradée, la construction hors-site apparaît comme une piste sérieuse de sortie de crise. En serez-vous ?

  • "Le PLU Bioclimatique de Paris permettra à la capitale de conserver sa mixité sociale"

    Lamia El Aaraje, adjointe de la maire de Paris en charge de l’urbanisme, de l’architecture, du Grand Paris, de l’accessibilité universelle et des personnes en situation de handicap, première secrétaire fédérale du Parti Socialiste à Paris, et membre d’Acteurs du Grand Paris, détaille les objectifs de mixité et de durabilité du nouveau plan local d’urbanisme bioclimatique de la ville. Elle revient également sur l’engouement suscité par les Jeux olympiques et paralympiques de Paris. Propos recueillis par Jacques Paquier. Quel bilan tirez-vous des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 ? Ce que j’ai trouvé très intéressant dans ce qui s’est passé à l’occasion des Jeux, c’est que j’ai senti que les Français renouaient avec leur capitale. C’est extrêmement agréable, tant l’histoire des relations entre Paris et le reste de la France est parfois complexe. Les Français ont été fiers de ce que leur capitale donnait à voir au monde. Et je crois que c’est aussi valable pour les Franciliens. Je relie cela à tout le travail que l’on a effectué depuis des années, à la fois de réaménagement des grandes places pour avoir des espaces de continuité entre la banlieue et Paris, je pense aussi à notre programme de réaménagement du périphérique et de ses abords, qui est aujourd’hui légitimé par ce qui s’est passé durant ces jeux. Autant de projets pour lesquels nous essayons vraiment de travailler en lien avec les communes voisines. Je pense à la porte de Montreuil, à Python Duvernois, qui vont constituer une vraie révolution urbaine, ou au projet autour de l’Arena porte de la Chapelle, qui marque aussi cette continuité entre Paris et ses communes voisines. Quel regard portez-vous sur vos relations avec la Métropole du Grand Paris ? La Métropole du Grand Paris est un bel exemple institutionnel de fonctionnement intelligent entre maires, entre présidents d’exécutifs, de tendances politiques différentes, où l’on parvient à mener ensemble de très beaux projets dans la recherche du consensus, et c’est une excellente chose. Nos collectivités sont interconnectées. Elles partagent des territoires, l’air que l’on respire, les grands projets... et nos habitants circulent entre nos territoires. Nous devons, nous leur devons de faire ensemble. Estimez-vous qu’il conviendrait de transférer davantage de compétences à l’échelon métropolitain ? Pour la Ville de Paris, la construction de la Métropole relève autant de la construction de la Métropole du Grand Paris que des relations bilatérales nouées avec les collectivités voisines, notamment dans le cadre des EPT. À ce stade et en l’état, je ne crois pas que la Métropole soit prête à davantage de compétences sans ressources et moyens complémentaires, et sans vision intercommunale en lien avec le projet politique pour lequel nous avons été élus et auquel nous sommes attachés.Par exemple, en matière de transformation écologique et de conception urbanistique, avec notamment le nouveau plan local d’urbanisme bioclimatique (PLUb), qui porte une ambition unique en France, Paris se dote d’un outil innovant et exigeant.Est-on prêt, au niveau de la Métropole, à aller vers une vision telle que celle-ci ? Personnellement, j’espère qu’on y viendra et j’y prendrai toute ma part. Les particulesfines, responsables de nombreuses maladies et de décès en Île-de-France, ne connaissent pas les frontières de nos communes.Prenons l’exemple très concret de la portede Bagnolet, avec le souhait poussé par les communes limitrophes d’enfouir la bretelle autoroutière. Nous y sommes favorables à partir du moment où la faisabilité de ce projet est démontrée. Des études ont été lancées à ce sujet. J’espère que la Métropole sera à l’initiative d’une implication plus importante à nos côtés pour imaginer comment diminuer la pollution dans les quartiers populaires, historiquement moins protégés, et résorber la frontière du périphérique. Paris sera toujours volontaire pour travailler aux côtés de l’ensemble des collectivités de la Métropole à l’amélioration de notre cadre de vie commun. La commission d’enquête publique sur le PLUb de Paris vient de rendre un avis favorable à l’unanimité de ses membres, assorti de certaines réserves, notamment sur le pastillage. Est-ce pour vous un signal positif ? Tout à fait, car le PLUb a été approuvé parla commission, avec un avis favorable unanime, alors qu’il aurait pu être simplement validé. Concernant les critiques sur le pastillage*, j’estime que la commission sort quelque peu des prérogatives réglementaires qui sont les siennes pour aller sur le terrain politique. Or, la compétence, la légitimité politique, c’est nous qui l’avons. Rappelons que cette enquête a recueilli 16 000 contributions, c’est énorme. J’ajouterai que nous avons organisé quelque 120 réunions publiques. Au final, c’est un texte de concertation, qui tient compte des observations des Parisiennes et des Parisiens. Pourquoi estimez-vous que ce PLUb est un outil pour préserver la mixité sociale dans Paris ? Notre objectif est de permettre aux Parisiensde continuer à vivre dans la Capitale, loin de la baisse démographique que connaissent les villes, et plus globalement le pays. Je rappellerai que le président de la République lui-même a parlé de réarmement démographique. Or, la spéculation économique sur l’immobilier empêche un certain nombre de Parisiens de pouvoir rester dans la Capitale, compte tenu de l’élévation des prix et de la disparition d’une partie du parc, désormais dédiée aux plateformes de location touristique saisonnière, qui viennent écraser littéralement le marché du quotidien qui est celui du marché locatif. Une autre réalité économique est celle des grandes surfaces de bureaux aujourd’hui peu ou pas occupées, avec aussi un rapport au travail qui a changé. Nous sommes en train de concevoir une ville à hauteur d’enfants, une ville qui accueille toutes les forces, mais aussi toutes les vulnérabilités. Ce que je souhaite demain, c’est qu’il y ait de plus en plus d’enfants à Paris, que les seniors, les personnes en situation de handicap, en particulier, aient le sentiment que la ville est aussi faite pour eux. Cela passe par le réaménagement urbain auquel nous procédons actuellement, mais cela suppose également de donner la possibilité aux aides-soignants, aux enseignants, aux infirmiers, aux éboueurs, aux agents du service public de pouvoir se loger dans la Capitale. Cela passe par la création de logements sociaux. C’est ce qui explique pourquoi le PLUb encourage la transformation de bureaux en logements. Je crois que si les politiques veulent pouvoir continuer de changer la vie des gens, ils doivent se doter d’outils réglementaires qui viennent conforter leur vision politique et redonner le pouvoir aux Parisiennes et aux Parisiens. C’est ce que l’on fait. Selon vous, ceux qui estiment que le PLUb compromet les équilibres économiques des investisseurs et des foncières exagèrent ? Exactement. Tout ça est de l’ordre de l’exagération. Je comprends tout à fait qu’il y ait des craintes. Je ne balaie pas ces arguments d’un revers de la main. Je dis simplement qu’ils ne me semblent pas justifiés. Au Medef, aux promoteurs, aux investisseurs, je pose la question : pensez- vous que Paris peut continuer d’exister demain si nous en faisons une ville musée dépourvue d’habitants ? Pensez-vous que nos enfants ne méritent pas d’avoir une ville où ils peuvent respirer, une ville plus verte, moins polluée, une ville où l’on essaye de penser sa durabilité dans un monde où le réchauffement climatique est une réalité ? * Le pastillage oblige les propriétaires des immeubles concernés, en cas de restructuration lourde, de changement de destination ou de surélévation, à réserver une part de leurs immeubles à des logements, notamment sociaux.

  • "Nous aimons aller sur des opérations innovantes, tout en garantissant leur maîtrise"

    Florence Bruyère, directrice générale du groupe éCo.urbain, présente les ambitions de ce nouvel acteur de l’aménagement dans la Boucle Nord de Seine. L'équipe d'éCo.urbain lors de son voyage d'étude à Rennes en juin dernier. Que recouvre la nouvelle marque « éCo.urbain » ? Le groupe éCo.urbain est né en 2022 entre la société d’économie mixte (SEM) CODÉVAM et la société publique locale (SPL) ASCODEV, deux opérateurs historiques de Colombes (Hauts-de-Seine). Il rassemble 15 collaborateurs. Notre nouveau nom« éCo.urbain » traduit tout d’abord nos valeurs autour de la concertation et de l’environnement. Notre adage « Aménageur responsable » signifie notre engagement dans la fabrication de la ville en termes sociétal, environnemental et financier. éCo.urbain travaille avec de l’argent public. J’insiste là-dessus, parce que souvent nos partenaires privés l’oublient. éCo.urbain est un aménageur qui intervient sur de grandes opérations d’aménagement et de construction (passerelle, équipements publics), mais aussi sur d’autres éléments et processus qui font l’urbanité, comme les rez-de-chaussée, les commerces, la concertation et l’urbanisme transitoire ou de préfiguration. Comment vous projetez-vous à l’échelle du Grand Paris ? Les acteurs qui ont présidé à la création d’éCo.urbain ont beaucoup façonné la ville de Colombes dansle passé. Or, au bout de 30 ans, les opérations se font plus rares. Dans le même temps, notre savoir-faire a évolué. Nous sommes désormais capables de mener des opérations ambitieuses dans des délais contraints et avec une maîtrise des budgets. Cette expertise intéresse beaucoup les élus des villes voisines. La vocation d’éCo.urbain est de rester un outil local, hyper agile, au service des territoires de Boucle Nord de Seine,qui comprend également le sud du Val-d’Oise avec la commune d’Argenteuil. Nous voulons maîtriser notre développement grâce une équipe bien identifiée qui connaît parfaitement les projets et modes opératoires. Notre objectif est de garder des relations directes et efficaces avec nos commanditaires. Ce dimensionnement n’empêche pas d’évoluer et de nous challenger : nous avons été le premier aménageur à établir notre bilan carbone et nous avons très tôt intégré des critères RSE dans nos marchés. Nous avons envie d’être un aménageur démonstrateur, en anticipant des logiques qui deviendront incontournables pour transformer la ville de demain. Comment se concrétise votre positionnement ? éCo.urbain est un aménageur grâce à l’outil ZAC notamment où nous produisons du logement, des équipements à forte qualité environnementale et des espaces publics adaptés au changement climatique.Nous n’avons pas peur d’aller sur des projets ou des montages complexes et nous sommes capables de pousser la démarche de concertation à un degré avancé. Ainsi, sur une de nos ZAC, nous avons entrepris une démarche d’urbanisme de préfiguration avec un programme complet élaboré avec les habitants en testant des futurs usages.

  • Paroles d'investisseurs

    Ils ont choisi de s’implanter en Île-de-France et, parfois même, d’y réinvestir. Venus d’univers très différents, quatre grands investisseurs étrangers expliquent les raisons qui ont présidé à leur ancrage dans la région capitale. « Nous pouvons collaborer avec des doctorants de classe internationale » CONOR O’RIAIN, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’ENTREPRISE IRLANDAISE ECOCEM MATÉRIAUX Ecocem est une entreprise irlandaise spécialiste du ciment bas carbone. Et pourtant, c’est en Île-de-France que vous avez décidé d’ouvrir un centre de R&D. Pour quelles raisons ? Le béton est le matériau de construction le plus utilisé dans le monde, mais pour le fabriquer, il faut du ciment. Or, à elle seule, la fabrication de ce dernier représente 7 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, plus que tous les avions, camions et bateaux de la planète réunis ! Nous avons donc décidé d’utiliser un co-produit de l’industrie sidérurgique : le laitier de haut fourneau. Cela réduit jusqu’à 80 % les émissions de GES du ciment tout en augmentant la performance du produit ! Toutefois, même en utilisant tout le laitier produit dans le monde, il ne serait possible que de décarboner 10 % du ciment mondial. Il fallait donc trouver d’autres solutions. Et c’est là qu’intervient l’Île-de-France ? Effectivement. Nous avons initié des recherches avec l’INSA Toulouse et l’ENS Paris-Saclay. Cela nous permet de travailler avec des doctorants de classe internationale. Ces collaborations sont si fructueuses que nous avons, en 2021, créé un centre de R&D à Champlan (Essonne). Mais il arrive déjà à capacité et nous allons, début 2025, le déménager dans des locaux quatre fois plus grands, à Chilly-Mazarin (Essonne), augmenter nos effectifs et investir, en tout, 8,5 millions d’euros. « Aucun de nos projets d’investissement n’aurait vu le jour sans le Grand Paris Express » STEIJN RIBBENS, CIO (CHIEF INVESTMENT OFFICER) DE KADANS SCIENCE PARTNER, SPÉCIALISTE NÉERLANDAIS DE L’IMMOBILIER DÉDIÉ AUX SCIENCES DE LA VIE (DÉSORMAIS INTÉGRÉ AU GROUPE AXA IM) Vous avez récemment annoncé votre troisième investissement en trois ans en Île-de-France. Pourquoi cet intérêt pour la Région Capitale ? Nous sommes un acteur de l’immobilier de niche et investissons dans des écosystèmes scientifiques où existent une forte création de valeur. Typiquement à proximité d’universités et de centres de recherche où nous hébergeons des spin-off issues des laboratoires et leur proposons des espaces techniques spécialisés. Or l’Île-de- France est un espace à haute intensité scientifique ! En outre, en 2023, les investissements de capital-risque dans les deeptech ont augmenté en France, alors que le marché était morose partout ailleurs ! Enfin, la puissance publique française soutient la dynamique des écosystèmes. Notons aussi l’importance des grands projets : aucun de nos trois projets actuels d’investissement n’au- rait vu le jour sans la création du Grand Paris Express. Quels sont vos projets franciliens ? Le premier est un bâtiment de 25 000 mètres carrés en cours de construction sur le quartier Campus Grand Parc à Villejuif (Val-de-Marne), aménagé par Sadev 94. Nous y travaillerons en partenariat avec le PSCC (Paris-Saclay Cancer Campus) et accueillerons en priorité des structures dédiées à l’oncologie. Nous avons également annoncé deux investissements à Paris-Saclay : le premier, de 15 000 mètres carrés, dans le quartier de Moulon, à côté de l’ENS Paris-Saclay ; le second, de 9 000 mètres carrés, dans la ZAC de l’École polytechnique, sur une parcelle proche du lycée international. Nous nous ouvrirons tant à la medtech (technologies médicales) qu’aux matériaux, à l’énergie ou l’alimentation. Ces bâtiments seront prêts en 2026 et 2027. « Le Brexit n’est pas la seule explication à notre changement d’échelle » EMMANUEL GOLDSTEIN, DG DE MORGAN STANLEY FRANCE Les activités parisiennes de Morgan Stanley sont, depuis 2021, en pleine croissance.Quelle est l’ampleur de cette dernière ? Le bureau de Paris ne comptait, en 2021, que 150 salariés. Mais, depuis, nous avons considérablement élargi nos activités et nos besoins. Désormais, nous avons trois grands piliers : la banque d’affaires, les métiers liés au trading sur actions, obligations, devises, matières premières et la gestion d’actifs. De Paris, nous couvrons d’autres capitales en Europe continentale, notamment pour nos activités sur les bons du trésor, les devises et certaines matières premières. Nous avons également ouvert, en 2022, un centre de R&D, qui compte près de 100 personnes et devrait atteindre les 130 collaborateurs à terme. Ce centre travaille sur le développement des algorithmes de trading notamment. Il a une portée mondiale et couvre toutes les classes d’actifs. Pour l’ensemble de ses activités, Morgan Stanley compte aujourd’hui 400 personnes à Paris et nous en visons entre 500 et 550 d’ici à 2025. Est-ce une conséquence du Brexit ? Le Brexit a un peu rebattu les cartes, puisque certaines activités financières ne peuvent être exercées que depuis la zone euro. C’est pourquoi nous avons déplacé les fonctions correspondantes pour partie à Franc- fort et pour partie à Paris. Mais ce n’est pas la seule explication. L’Île-de-France est également un vivier de talents dont certains, naguère, s’expatriaient pour trouver un travail à leur mesure. Ce n’est plus toujours le cas. Le Covid a lui aussi contribué à rebattre les cartes. En outre, l’élargissement de nos activités fait qu’il est dorénavant possible de travailler à Paris et de continuer à évoluer au sein du groupe. Ainsi, une partie de notre centre de R&D est dirigée par une personne, formée dans une grande école française, qui exerçait des fonctions de direction à New York. Et ce n’est pas le seul exemple. Enfin, Paris est une ville-monde et, partant, un endroit très attractif pour les meilleurs talents. « Un data center est une sorte d’aéroport, et Paris est le plus dense de France » RÉGIS CASTAGNÉ, DIRECTEUR GÉNÉRAL D’EQUINIX FRANCE, CONSTRUCTEUR ET GESTIONNAIRE DE DATA CENTERS Vous avez annoncé, à l’occasion de Choose France, de nouveaux investissements en Île-de-France alors que vous y compterez bientôt, déjà, 11 data centers. Quels atouts a selon vous la région parisienne ? Nous avons investi en région parisienne 750 millions d’euros depuis 2022 et allons investir 630 millions d’euros supplémentaires d’ici à 5 ans. Car Paris fait partie, avec Londres, Francfort et Amsterdam, des quatre grandes capitales européennes les plus actives en matière de data centers. Nous constatons notam- ment en Île-de-France un fort dynamisme autour des startups et de l’intelligence artificielle. Mais pourquoi construire des centres de données en Île-de-France et non dans des endroits où le foncier est meilleur marché ? Notre marché est celui du détail : nous servons un grand nombre de clients, environ 1 400. Il est important, pour assurer une bonne connectivité, d’être à leur proximité immédiate. Le centre de données est en effet une sorte d’aéroport où se côtoient tous les écosystèmes, et Paris est le plus dense de France. Nous avons aussi besoin d’un bassin d’emplois important car, même si l’on affirme souvent que notre métier nécessite peu de salariés, nous en comptons actuellement environ 400. Enfin, notre responsabilité sociétale nous incite à nous établir dans des endroits où nous pouvons faire bénéficier d’autres acteurs de la chaleur fatale que nous dégageons, ce qui exclut de s’implanter sur un site isolé. En quoi le Grand Paris se distingue-t-il des autres capitales européennes ? La France – et tout particulièrement l’Île-de-France – est desservie par des réseaux de télécommunications de très bonne qualité. Nous pouvons également béné- ficier du courant le moins carboné d’Europe avec la Suède : l’électricité y est sept fois moins carbonée qu’en Grande-Bretagne et onze fois moins qu’en Allemagne. Enfin, nous profitons d’une très bonne situation géographique, avec des temps de latence équivalents, qu’il s’agisse de liaisons avec Madrid, Milan, Amsterdam, Londres ou Francfort.

  • L'attractivité de la place financière de Paris au Zénith

    Si le Brexit a donné une nouvelle impulsion aux activités financières parisiennes, la capitale française a également su tirer son épingle du jeu et répondre aux attentes des acteurs de la finance. Mais attention au risque d’une réduction de l’offre de bureaux dans Paris intra-muros que ne compensera pas la forte vacance sur le reste de l’Île-de-France. Par Fabienne Proux. Sans nul doute, la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne en janvier 2020 a conforté la place financière de Paris. Entre fin 2017 et fin 2022, toutes activités financières confondues, plus de 20 000 emplois y ont été créés dont plus de 6 000 directement liés au Brexit. Depuis, « la conjoncture reste très favorable à Paris », convient Jean-Charles Simon, délégué général de l’association Paris Europlace, qui compte désormais 650 adhérents d’origine géographique et de métiers de plus en plus différents. Jean-Charles Simon, délégué général de l'association Paris Europlace « Paris a été choisie plus que d’autres villes de l’Union européenne », confirme-t-il. Certes, Francfort, Amsterdam, Dublin ou Luxembourg ont également renforcé leur position, mais Paris a su tirer son épingle du jeu en qualité de place généraliste. Ainsi, certains acteurs ont développé leurs effectifs de façon massive, à l’instar des cinq plus grandes banques américaines (JP Morgan, Goldman Sachs, Morgan Stanley, Citybank et Bank of America), tandis que des nouvelles institutions s’y sont implantées, parmi lesquelles des fonds souverains, dont le singapourien Temasek (264 milliards d’euros) qui a célébré en avril dernier l’ouverture de son antenne parisienne avenue de l’Opéra, son deuxième bureau après Londres, pour développer ses activités en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique. Privilégier « les quartiers d’affaires les plus prestigieux » Cette montée en puissance se traduit aussi par un excédent qui a augmenté de près de 3 milliards d’euros fin 2023 (pour atteindre environ 6 milliards d’euros) des échanges de services financiers entre la France et l’étranger. « C’est une très bonne nouvelle que cette balance soit devenue excédentaire, alors que la ba- lance commerciale en biens de la France est, elle, très déficitaire », note Jean-Charles Simon, insistant sur la bonne position de la France en matière d’investissements directs étrangers, notamment en provenance des États-Unis et d’Asie. Encore faut-il savoir satisfaire leurs attentes, notamment immobilières, sachant que 90 % des emplois créés dans la finance au cours des cinq dernières an- nées l’ont été à Paris intra-muros. « Il est important que les acteurs de la finance puissent trouver des locaux à de bonnes conditions et qu’ils puissent évoluer dans l’environnement le plus propice pour eux », rappelle le délégué général de Paris Europlace, « préoccupé » par le futur PLU bioclimatique que Paris doit adopter fin 2024. C’est surtout la disposition du document sur la mixité fonctionnelle qui nourrit cette inquiétude, car elle pourrait contribuer à réduire l’offre de bureaux dans des quartiers d’affaires pour y accroître la part de résidentiel. « Dans un contexte de tension, sachant que les usagers disent avoir des difficultés à trouver des bureaux et que les loyers sont élevés dans le quartier d’affaires de Paris, la perspective d’une contrainte supplémentaire sur le bureau dans la Capitale nous semble très problématique, souligne Jean-Charles Simon. Nous mettons en garde la Ville de Paris sur le fait que les emplois récemment créés par les acteurs de la finance peuvent être facilement délocalisés dans d’autres capitales européennes. » Car pas question pour ces derniers de se tourner vers la périphérie parisienne. « Les métiers de la finance recherchent des bureaux dans les quartiers d’affaires les plus prestigieux », assure Jean-Charles Simon, déplorant « l’absence d’écoute de la Ville de Paris ». Londres et Paris : les plus attractives Un manque de dialogue d’autant plus inquiétant que la situation du bureau en Île-de-France ne cesse de se complexifier. En effet, si le taux de vacance moyen y est de l’ordre de 8,8 %,il dépasse à peine les 4 % à Paris et atteint 15 % à La Défense, voire plus de 20 % en première couronne nord. « Avec près de 5 millions de mètres carrés vacants, l’écart entre l’offre immédiate et les transactions est le plus élevé observé en Île-de-France, y compris pendant la crise des années 90 », observe Christian de Kerangal, directeur général de l’IEIF (Institut de l’Épargne Immobilière et Foncière), estimant entre 10 et 12 millions de mètres carrés de bureaux qui pourraient se libérer d’ici 10 ans. Christian de Kerangal, directeur général de l'IEIF « On arrive au bout de la tertiarisation de l’économie », poursuit-il. Le phénomène est à la fois démographique, avec un ralentissement de la croissance de la population active avant une baisse à partir de 2040, et lié aux nouveaux usages dont le télétravail. Depuis la crise sanitaire, les entreprises se recentrent vers les quartiers les mieux connectés pour attirer les talents et faire revenir les collaborateurs au bureau. La tendance à la recentralisation s’observe aussi dans les principales capitales européennes, de même que la frilosité des investisseurs à placer leurs ressources dans les actifs immobiliers devenus beaucoup moins attractifs avec la hausse des taux. « Les investisseurs ne reviennent pas encore vers l’immobilier car la correction des prix n’est pas terminée et du fait qu’il existe d’autres alternatives, comme les placements monétaires ou les obligations », précise Christian de Kerangal. Toutefois, si la reprise est plus rapide dans les pays anglo-saxons, et notamment à Londres où la baisse des valeurs a été plus forte et plus rapide, Londres et Paris restent les deux villes les plus attractives.

  • Le charme tranquille

    Alice Hénault, directrice prospective et développement de Loxam, exprime, avec humilité et douceur, son engagement total pour son groupe. Par Jacques Paquier. L’engagement, le travail et le mérite sont au cœur des valeurs du groupe. Alors peu importe qui vous êtes, dès lors que vous menez à bien les missions que l’on vous confie », résume Alice Hénault, si on lui demande ce que cela fait d’être la fille du président de l’entreprise.Avec un regard à la fois doux et franc, mâtiné d’une détermination que l’on perçoit sans faille, cette Pari- sienne de naissance est intarissable sur l’histoire de Loxam, sa structuration progressive, depuis sa création près de Lorient, il y a une soixantaine d’années. La Société armoricaine de matériel, c’est le premier nom de Loxam, loue depuis toujours du matériel pour les travaux publics. Mais, désormais internationale, l’entreprise, qui réalise un chiffre d’affaires de 2,6 milliards d’euros et emploie 12 000 collaborateurs dans une trentaine de pays, s’est diversifiée. À la fois par son activité et ses implantations. Fournisseur officiel des Jeux Paris 2024 Loxam, c’est 1 000 agences à travers le monde et plu- sieurs spécialités : matériel d’élévation, équipements modulaires, groupes électrogènes, engins de démolition. Toujours à destination des travaux publics, mais aussi dorénavant de l’industrie, des services et, plus récemment, de l’événementiel. La société a été l’un des fournisseurs officiels de Paris 2024 durant les Jeux. « Le Grand Paris constitue pour nous une terre propice à l’innovation, d’expérimentation, que nous dupliquons ensuite ailleurs », déclare cette jeune mère de trois enfants, qui confie consacrer autant de temps à sa vie professionnelle qu’à sa vie familiale. « Nous sommes heureux de commencer à pouvoir voyager avec nos enfants », poursuit cette passionnée de voyages, dont l’itinéraire est passé à plusieurs reprises par les États-Unis. Lors de ses études d’ingénieur dans les télécoms, elle part pour un premier long séjour outre-Atlantique en stage dans le New Jersey, où elle met à profit sa formation dans le département Système d’information d’une entreprise de construction de matériel. Après les États-Unis, direction la business school de Cambridge, en Angleterre. Elle y découvre l’es- prit club britannique, un système éducatif très codifié qu’elle apprécie grandement, avant de rentrer en France prendre son premier poste : analyste financier chez PricewaterhouseCoopers (PwC), à Neuilly-sur- Seine. Alice Hénault s’y passionne pour des dossiers de M&A, rédige les « due diligence » d’entreprises qui fusionnent. « Une très bonne école », résume- t-elle. Mais, après 4 ans de bons et loyaux services, l’appel de l’étranger se signale à nouveau : direction Harvard, à Boston (Massachussetts) cette fois, où elle suit le même MBA que son mari, rencontré lors de ses études. « Harvard constitue une vraie école pour se préparer à prendre des décisions rapides, en dis- posant d’un nombre d’informations limitées. Soit exactement le quotidien d’un dirigeant d’entreprise », explique-t-elle. De retour à Paris, elle entre chez Loxam, d’abord comme directrice de la filiale Loxam Access, la division chargée du matériel d’élévation. Soit 40 agences et 250 personnes. Elle y réussit l’intégration des activités de l’entreprise britannique Lavendon, récemment acquise par Loxam. C’est elle qui créera, quelques années plus tard, une direction Prospective et Développement. « Une direction transverse, rendue nécessaire par le développement continu du groupe, qui conjugue croissances organique et externe », indique- t-elle. Fusions et acquisitions, développement durable, transformation digitale y constituent son quotidien.

  • "La Garde Républicaine est avant tout une force opérationnelle"

    Charles-Antoine Thomas, commandant de la Garde républicaine, décrit les grandes missions de cette institution qui regroupe quelque 3 500 femmes et hommes au service de la sécurité des palais nationaux, mais aussi du maintien de l’ordre dans différents théâtres d’intervention. Des missions opérationnelles qui la conduisent à se moderniser constamment pour rester à l’avant-garde des technologies de sécurité militaire, loin de la seule dimension protocolaire qui forge sa réputation. Propos recueillis par Jacques Paquier. Que retirez-vous de la participation remarquée de la Garde républicaine à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 ? Je me réjouis que la Garde ait été présente sur deux des quatre ou cinq tableaux de la cérémonie d’ouverture de ce grand événement populaire mondial qui resteront dans les mémoires. Permettez-moi de souligner au passage que, dans le cadre des Jeux olympiques, nous avons déployé chaque jour jusqu’à 1 200 gardes pour la sécurité des Parisiens, dont 200 à cheval. Pouvez-vous nous rappeler quelles sont les grandes missions de la Garde, que l’on réduit souvent, à tort, à ses apparitions protocolaires ? Rappelons que la Garde républicaine date de 1802. Nous avons été créés par Napoléon Bonaparte, qui n’était pas encore empereur, mais premier consul, dans la même vague de sénatus-consulte que la création des Sapeurs-Pompiers de Paris. À l’époque, Bonaparte crée les soldats du feu pour protéger Paris des incendies et la Garde municipale de Paris, qui deviendra la Garde impériale de Paris, pour maintenir l’ordre dans la Capitale et servir les armées. Ce qui explique que la Garde républicaine se soit illustrée sur tous les champs de bataille du XIXe siècle et du XXe siècle. Notre institution, qui compte aujourd’hui 3 500 hommes et femmes, est avant tout une force opérationnelle. Sa mission, telle qu’elle lui a été fixée dès sa création, est la protection, dans la Capitale, des institutions les plus sensibles de la République et de l’État, c’est-à-dire l’Assemblée nationale, le Sénat, l’Élysée, Matignon, le Conseil constitutionnel et certains ministères. Historiquement, la Garde républicaine est profondément liée à Paris. Au-delà de cela, notre rôle est non seulement de protéger 24 heures/24 et 7 jours/7 ces institutions très sensibles, mais c’est également d’incarner par les armes la réalité de la séparation des pouvoirs. Lorsque nous sommes dans l’enceinte de l’Assemblée nationale ou du Sénat, nous n’appartenons plus à l’exécutif. Enfin, nous venons de récupérer dernièrement la protection de l’autorité constitutionnelle que constituent le Palais de justice de Paris et l’autorité judiciaire. En résumé, nous protégeons tous les pouvoirs prévus par la constitution et les autorités qui leur sont attachées. Nous sommes à ce titre, comme je le dis souvent, le dernier rempart et le garant de la République, les seuls à être armés dans ces enceintes, les seuls à pouvoir les préserver. Les risques d’intrusion qui planent au-dessus de ces institutions se sont-ils accrus ces derniers temps ? Au regard des menaces actuelles, qui se sont aggravées en effet, nos missions sont excessivement sensibles, très précieuses à la vie même de l’État, de la République et de la démocratie. Je citerai les Gilets jaunes, les attaques cyber, les groupuscules radicalisés, qui représentent autant de menaces réelles. Face à elles, nous sommes forts de deux régiments d’infanterie, c’est-à-dire 1 600 hommes dédiés à la protection de ces sites, et de ce que l’on appelle les maisons militaires, structures permanentes implantées dans ces palais. La Garde républicaine, c’est également un régiment de cavalerie, un orchestre, des artisans, etc. Mais notre mission principale n’est pas d’ordre protocolaire et ne se résume pas à notre présence lors du défilé du 14 juillet ou devant les palais nationaux. Ces activités représentent seulement 11 % de notre profession. C’est dans la protection des sites sensibles de la République que réside l’essentiel de notre activité ainsi que, de plus en plus, dans la constitution d’une réserve stratégique destinée à être projetée sur des événements survenant parfois très loin de Paris. Comme à Mayotte, en Guyane ou à Sainte-Soline, là oùse manifestent les agissements de mouvements écologistes radicaux. Comment la Garde a-t-elle évolué au cours des dernières années ? L’adaptation à notre environnement est l’une de nos règles fondamentales. C’est le terrain qui commande. Nous avons développé, pour ne prendre que cet exemple, des moyens et des tactiques de lutte contre les drones. Nous sommes, au sein de la gendarmerie, les leaders dans ce domaine. C’est une de nos spécificités, qui s’explique par le fait que, chaque jour, les palais nationaux étaient survolés par ces engins, qui étaient utilisés essentiellement par des paparazzis. Ce sont désormais potentiellement des explosifs commandés.Nous disposons donc de brouilleurs anti-drones ainsi que de notre propre flotte de drones, afin de pouvoir réaliser des observations chez l’adversaire. Nous disposons également de chiens spécialistes de la détection d’explosifs, de tireurs d’élite, de capacités de tirs de nuit, etc. Nous avons par ailleurs contribué à renforcer la défense passive des sites dont nous avons la charge. Nous intervenons en l’occurrence comme conseil auprès des autorités sur la vidéo-protection, la sécurité périmétrique. La Garde républicaine a-t-elle évolué également vers une plus grande parité ? Les métiers dits d’autorité attirent de plus en plus les jeunes femmes, qui représentent aujourd’hui 30 % de nos effectifs, ce ratio s’élevant à 50 % au sein du régiment de cavalerie. Mais en réalité, la révolution des femmes en gendarmerie date d’il y a 25 ans. Quels types d’intervention effectuez-vous à l’étranger et en outre-mer ? Nos missions à l’étranger sont de deux ordres.Nous menons des missions de nature opérationnelle dans les zones de tension. Dans ce cadre, nos unités d’intervention appuient la force des unités de gendarmerie locales. C’est ce qui se fait en outre- mer, à Mayotte, à Saint-Martin, en Guyane, en Nouvelle-Calédonie. Nous conduisons aussi des missions de renforcement de la protection de nos ambassades, comme ce fut le cas au cours des dernières années en Irak ou en Libye.Des détachements de la Garde interviennent par ailleurs sur différents théâtres d’opération. Nous sommes en capacité de projeter 24 heures/24 et 7 jours/7, à l’instant T, 30 militaires dont des tireurs d’élite, en particulier pour des missions de protection de site ou d’opération de contre- insurrection. Et nous intervenons en partenariat avec de nombreuses gardes étrangères, pour des missions diplomatiques, protocolaires, de rayonnement. Nous sommes par exemple jumelés avec la garde britannique. Nous avons pris part, dans ce cadre, aux manifestations organisées pour les 120 ans de l’Entente cordiale. Nous sommes également jumelés avec la garde personnelle de l’émir du Qatar ou avec les unités de la gendarmerie jordanienne. Nous jouons donc aussi un rôle de diplomatie militaire, de diplomatie étatique, notamment au profit du président de la République et du ministère de l’Intérieur. Nous intervenons par ailleurs auprès de nos partenaires dans le cadre de missions d’instruction et de formation. Deux de nos sous- officiers, tireurs d’élite, viennent ainsi d’effectuer un stage très long dans le corps des marines américains, sur la notion de combat. Subissez-vous des restrictions budgétaires de la part de l’État et, si c’est le cas, comment y faites-vous face ? La Garde républicaine, ce sont quelque 250 millions d’euros de masse salariale et 7 millions d’euros de budget de fonctionnement, pour 3 500 personnes auxquelles s’ajoutent 500 réservistes, une quinzaine de casernes, 3 000 logements... Le seul régiment de cavalerie, qui compte 460 chevaux, nous coûte2 millions d’euros par an. Bien évidemment, les problèmes budgétaires de l’État, qui touchent toutes les administrations, ont une acuité particulière ici. La Garde républicaine est une structure chère, comme aiment à le souligner les magistrats de la Cour des comptes. Elle est chère parce que les chevaux coûtent cher, parce que les bâtiments à Paris, c’est cher, parce que les matériaux et les uniformes, c’est cher aussi...Quand Charles III séjourne dans la Capitale, c’est1 000 de nos gardes qui sont mobilisés. Il nous faut donc trouver de l’argent. C’est le rôle de notre pôle événementiel. Nous louons des surfaces à des tiers, pour l’organisation d’événements divers, par exemple à Hermès, lors de la Fashion Week.Nous réalisons également, avec notre orchestre symphonique de 150 musiciens ou les Chœurs de l’armée française, des prestations d’orchestre, qui ont représenté en 2023 des recettes d’un montant d’1,5 million d’euros. Mais cela ne suffit pas.C’est pourquoi nous nous tournons de plus en plus vers le mécénat, notamment pour tout ce qui est lié aux infrastructures équestres, qui sont excessivement lourdes. Je pense en particulier aux investissements liés au bien-être animal, mais aussi à l’entretien et à la rénovation de notre patrimoine immobilier. Nos donateurs savent ce que leur générosité finance. Nous bénéficions aussi de mécénat de compétence, notamment de la part de grands groupes de travaux publics. Quelles sont vos convictions en matière de sécurité intérieure ? La première de mes convictions en la matière, c’est que les forces de sécurité sont là pour tout le monde. Nous sommes au service de la population et la seule façon d’être au service de la population, c’est d’être au milieu de la population. Une force de police qui serait exogène, qui serait perçue dans certains quartiers populaires comme étant une force qui va et qui vient, mais qui ne vit pas avec les gens, ne peut pas fonctionner efficacement. La proximité avec les populations constitue l’ADN de la gendarmerie. Une police de proximité, pour moi, est une expression redondante. L’action de police est forcément de proximité. Comment voulez-vous obtenir des renseignements, connaître les gens si vous ne faites pas de la proximité, si tout repose sur l’intervention ? L’intervention, c’est la finalité de l’action de police pour aller interpeller un auteur. Mais tout le reste repose sur votre proximité, sur votre présence enchâssée dans la population. Mon autre conviction, c’est que l’État doit être respecté.Et pour être respecté, il faut que les gens se comportent de manière respectable. Nous en gendarmerie, par exemple, nous interdisons le tutoiement. Le comportemental, la dignité, c’est la clé de tout. À partir de là, on peut bâtir une force de police sérieuse, puissante, respectueuse et respectée. C’est tout l’enjeu. Mais j’ai la conviction que dès lors que l’on occupe le terrain, que l’on est présent partout, tout le temps, que l’on a un comportement irréprochable, l’action de police est positive. Au passage, d’ailleurs, n’oublions pas de parler des victimes, alors que l’on parle le plus souvent des auteurs. Nous devons aussi cultiver notre capacité à accueillir les victimes. UN PARCOURS MIXTE Général Charles-Antoine Thomas « Ma carrière a deux piliers, dont un premier très opérationnel. J’ai commencé dans l’armée de terre, dans les équipes de montagne, avant de rentrer en gendarmerie. Mon parcours opérationnel est assez conséquent en France, comme à l’étranger et en outre-mer, principale- ment orienté dans un premier temps sur le maintien de l’ordre et les interventions sur des lieux de tension. J’ai exercé aussi au sein de la gendarmerie départementale territoriale, dans des départements relativement compliqués, comme le Val-d’Oise. J’étais aux commandes lors des émeutes qui ont suivi le décès d’Adama Traoré. J’ai donc dirigé des interventions assez toniques, avec un aspect très opérationnel. Et de l’autre côté, j’ai exercé des responsabilités dans les ressources humaines, en œuvrant de nombreuses années en administration centrale, jusqu’à être adjoint au directeur des ressources humaines. Je me suis aussi occupé de la mission des hauts potentiels, qui avait pour but de déterminer les futurs grands chefs. J’ai également été détaché pendant un an pour travailler sur la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur »

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