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- Commissaire de justice : une nouvelle profession de juriste de proximité au service des collectivités
Benoît Santoire, président de la Chambre nationale des commissaires de Justice. Comment résumer ce qui caractérise le plus votre nouvelle profession de commissaire de justice ? Je dirais que c’est la nouvelle profession qui prouve et protège. C’est ce qui nous résume le mieux je pense. Les commissaires de justice peuvent protéger efficacement les intérêts des ayants droit en procédant à des inventaires précis, à l’accomplissement des mesures conservatoires dans le cadre d’une succession ou à l’organisation de ventes aux enchères et prisées judiciaires. Protecteurs des propriétaires qui ont parfois besoin de percevoir des loyers pour vivre ou des trésoreries des entreprises parfois menacées par les impayés, tout en préservant les droits de toutes les parties, les commissaires de justice peuvent procéder également au recouvrement amiable, encadrer une médiation judiciaire et conventionnelle, mais aussi, en dernier recours, après décision de justice, effectuer des actions de recouvrement judiciaire. Nous excellons également dans la matérialisation de la preuve. Contrairement aux offres trompeuses de certaines plateformes, le constat par commissaire de justice bénéficie d’une force probante singulière : il « fait foi jusqu’à preuve du contraire ». La preuve par commissaire de justice qui peut prendre la forme d’un constat serait donc supérieure aux autres ? C’est la preuve la plus sûre devant les tribunaux, car provenant d’un officier public et ministériel, neutre et impartial, et surtout qui est obtenue par le déplacement physique du professionnel. Ce déplacement est essentiel pour constater par soi-même et donner tous les conseils utiles au justiciable. Le commissaire de justice peut dresser désormais des constats sur tous types de supports numériques, tels que le constat sur internet, le constat de sms, ou réseaux sociaux. Il dispose également de différents moyens tech- niques de plus en plus innovants et peut ainsi effectuer des constats par drones ou des constats immersifs à 360 degrés, s’appuyant sur un dispositif de caméras adaptées. Les commissaires de justice peuvent-ils aussi accompagner les collectivités dans la gestion de leur patrimoine immobilier ? Tout à fait. Premiers relais de l’État et de la justice sur le terrain, juristes de proximité, les 3 700 commissaires de justice sont présents sur l’ensemble du territoire. Cette proximité se double d’une grande réactivité, ce qui contribue à crédibiliser notre rôle de tiers de confiance et de protection. Nous sommes autorisés à assurer la gérance et l’encaissement des revenus tirés des immeubles, ce qui dispense également la collectivité d’avoir à créer une régie de recettes. Concrètement, le commissaire de justice va apprécier la conformité du bien aux obligations légales, faire la publicité du bien à louer, sélectionner les locataires (en fonction des besoins exprimés par les collectivités, qui gardent ainsi, si elles le souhaitent, la maîtrise de leur politique du logement), vérifier leur solvabilité, rédiger le contrat de bail, dresser les constats d’état des lieux d’entrée et de sortie, procéder au recouvrement des loyers, des charges et des impayés le cas échéant. En tant qu’expert de la gestion locative, mais aussi en raison de sa grande connaissance du terrain, le commissaire de justice est à même d’apporter aux collectivités un service sur mesure au plus près de leurs besoins. Pour plus d’informations et trouver un commissaire de justice dans l’annuaire officiel de la profession : commissaire-justice.fr
- "Notre ambition pour le Grand Paris Express est de marquer un saut qualitatif dans le niveau de service"
Youenn Dupuis, directeur général adjoint de Keolis en charge de l’Île-de-France, acteur incontournable de la mobilité partagée, détaille les enjeux du groupe dans la région. Que recouvre le domaine d’expertise du groupe Keolis aujourd’hui ? Nous avons développé une expertise dans tous les domaines de la mobilité partagée : bus, tramway, métro, train... Avec ses filiales EFFIA et Cykleo, Keolis est même présent sur le stationnement et le vélo. Nous avons deux domaines où nous sommes les leaders mondiaux : le métro automatique et le tramway. Nous avons lancé, en 1983 à Lille, la première ligne de métro sans conducteur du monde. Ce projet pionnier a essaimé depuis : à Londres, pour les Jeux olympiques de 2012, ou à Doha, pour la Coupe du monde de football de 2022. En Île-de- France, Keolis a une forte empreinte industrielle et nous opérons dans les huit départements franciliens, en couvrant tous les compartiments de la mobilité : le bus, le tramway, le tram-train, bientôt le métro avec le Grand Paris Express et le train avec CDG Express ou encore le transport à la demande (TAD). Keolis compte parmi les exploitants du nouveau métro Grand Paris Express. En quoi consiste ce rôle ? Nous sommes heureux d’accompagner Île-de-France Mobilités et tous les territoires concernés dans cette formidable aventure qu’est le Grand Paris Express. Keolis met son expertise mondiale dans le métro automatique au service des lignes 16, 17 et 18, soit les trois quarts du nouveau réseau. En tant qu’exploitant, Keolis fait en sorte que les trains soient ponctuels, que les gares soient propres, sûres et accueillantes... Notre ambition, pour ce métro du XXIe siècle, est de marquer un saut qualitatif dans la performance et le niveau de service. Par exemple, depuis le 24 juin 2024, Keolis s’est vu transférer la gestion de la gare Saint-Denis Pleyel, la plus grande du réseau duGrand Paris Express. Pour recevoir tous les voyageurs avec leurs spécificités, nos Ambassadeurs ont été formés à Londres, dont le réseau est réputé pour la qualité de son accueil client. Quelle a été la contribution de Keolis auxJeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ? Pour transporter 15 000 athlètes ainsi que l’ensemble des spectateurs à mobilité réduite, Keolis a mobilisé 1 000 conducteurs en provenance de toute la France et même de Belgique. 180 lignes de bus ont été créées, avec un départ toutes les 50 secondes. C’est le plus gros service de transport événementiel de ces dernières décennies. Entre 2024 et 2026, le réseau de bus RATP à Paris et en petite couronne va progressivement être ouvert à la concurrence. Keolis étant candidat, en quoi consiste votre offre ? L’idée n’est pas uniquement de prendre des parts de marché. Fort de son savoir-faire déployé dans de grandes métropoles, Keolis veut apporter un second souffle à ce réseau dont l’attractivité s’est érodée. Pour pallier la baisse de fréquentation, nous proposons une méthode nouvelle, fondée sur la proximité, le dialogue et la réactivité. Le principe est de faire évoluer le service en fonction des besoins et des dynamiques de chaque territoire pour rendre le réseau plus attractif, avec des ambitions d’amélioration de la régularité, de la vitesse des bus et de l’information voyageurs.
- Le Grand Paris vu par ceux qui l'aménagent
Engagés de longue date dans l’aventure du Grand Paris, les acteurs de l’aménagement francilien tiennent le cap d’un développement respectueux de l’environnement et répondant aux besoins des territoires comme de leurs habitants. Grand Paris Express, crise de l’immobilier, zéro artificialisation nette, transition écologique... les réflexions foisonnent dans la région capitale. Le paysage grand-parisien se redessine et les acteurs relèvent le défi. « Le Grand Paris peut compter sur ses fondamentaux » Laurent Girometti, Directeur général d'EpaMarne-EpaFrance « Nous sommes à la veille d’un grand événement : la livraison du Grand Paris Express. Cela fait 15 ans que cette aventure a été lancée et nous touchons du doigt l’arrivée effective de ce transport ! Beaucoup de choses vont donc se concrétiser dans les quartiers concernés, par exemple sur le site de Noisy-Champs (Seine-Saint-Denis/Seine-et-Marne), qui a été retenu comme « territoire engagé pour le logement », dont les programmes entrent dans des phases opérationnelles avec les premières commercialisations de lots. Marqueur de notre secteur d’intervention : la question du logement et des tensions qui ne peuvent que s’exprimer quand un marché est largement bloqué. Ce contexte impacte également les bureaux et des locaux d’activité de manière générale, mais dans une moindre mesure notre territoire. Il y a des parcours résidentiels à l’intérieur du territoire, mais aussi des entreprises qui viennent d’ailleurs, en particulier de la première couronne. Néanmoins, le contexte immobilier, en posture délicate depuis deux ans, amène des défis supplémentaires avec des besoins importants. Ce contexte complexifie la sortie des opérations, notamment résidentielles. Cela nous engage à travailler de manière fine, à la recherche d’équilibre, entre exigences environnemen- tales et réalité économique, avec les acteurs de la promotion immobilière.Le Grand Paris peut Compter sur ses fondamentaux et demeure très attractif en dépit des difficultés. Il y a un vrai enjeu collectif en matière de logement pour faire en sorte de permettre à la demande de s’exprimer de nouveau. » « Une période prometteuse pour le Grand Paris » PASCAL POPELIN, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE SEQUANO « Depuis deux ans, j’observe une véritable accélération des projets, pour partie liée au lancement du nou- veau programme national de renouvellement urbain (NPNRU). En effet, de beaux projets ont été lancés ou sont en phase d’étude avancée, à l’initiative des élus. Un grand nombre d’entre eux ne sont d’ailleurs pas effrayés par le terme « maire bâtisseur » et ont une véritable ambition pour quelques grandes emprises foncières qui appellent l’intervention des aménageurs. Je pense au périmètre d’étude d’intérêt métropolitain de La Molette au Blanc-Mesnil (60 hectares) ou au secteur Val Francilia à Aulnay-sous-Bois (300 hecta- res). En dépit d’un contexte morose et incertain, j’estime que des perspectives prometteuses en Termes de développement de nouveaux projets dans le Grand Paris se présentent devant nous. » « Le Grand Paris est une chance ! » OLIVIER PAGEZY, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA SEM ÎLE-DE-FRANCE INVESTISSEMENTS ET TERRITOIRES « Le Grand Paris, qui est une chance pour attirer des nouvelles entreprises sur son territoire et pour main- tenir des emplois qualifiés, doit avoir une ambition économique forte en plus d’être un grand projet d’infrastructures, avec une vision qui dépasse l’organi- sation institutionnelle actuelle. La compétition entre territoires n’a jamais été aussi forte pour implanter des grands projets industriels et nous savons que la réindustrialisation de l’Île-de-France reste un défi. Les bons résultats en matière d’attractivité globale ne doivent pas masquer des difficultés à attirer des projets industriels, qu’ils soient français ou étrangers, y compris de taille moyenne. IDF Investissements et Territoires dispose d’un positionnement unique pour contribuer aux objectifs fixés par la Région en matière de réindustrialisation et de décarbonation. Elle intervient dans trois domaines clés pour la réussite de ces objectifs : l’immobilier d’entreprise, avec un recentrage de nos investisse- ments pour des projets industriels, le conseil en efficacité énergétique, qui a été réorienté sur le ter- tiaire public, et les énergies renouvelables. Mais nous savons que l’attractivité économique du Grand Paris commence par la disponibilité de fonciers adaptés aux besoins des entreprises et à des prix abordables. La mobilisation de tous les acteurs est nécessaire pour mieux identifier les fonciers disponibles, recycler plus rapidement des friches et avoir des outils de régula- tion pour éviter la spéculation, notamment pour les fonciers à proximité des nouvelles gares du Grand Paris Express. La SEM de la Région est très engagée dans ce domaine avec la publication d’une liste de 70 sites disponibles à court terme. » « Le Grand Paris est une énorme opportunité » MAURICE SISSOKO DIRECTEUR GÉNÉRAL DE CITALLIOS « Le Grand Paris recouvre plusieurs réalités, plusieurs concepts et plusieurs ambitions. Entre la vision ini- tiale portée par Nicolas Sarkozy et les différentes lois intervenues et interventions toutes légitimes, la coordination de l’action publique est devenue com- plexe pour les maires. Malgré cela, le Grand Paris est une énorme opportunité avec un maillage en trans- ports qui s’améliore au profit de zones plus éloignées de l’hypercentre, par exemple avec le prolongement d’Eole. C’est en conséquence des énormes investis- sements publics destinés à améliorer le quotidien de millions de Franciliens, mais aussi de milliers d’en- treprises. Ces investissements doivent donc être créateurs de valeur (financière comme en termes de bien-être) pour les territoires où ils se situent. Il nous faut passer au-dessus de la complexité administrative très parti- culière en France. Nous sommes donc en situation d’essayer de concilier les enjeux nationaux voulus par la loi sur le Grand Paris et les contraintes et enjeux locaux, notamment la contraction forte des ressources financières des collectivités. Notre feuille de route d’aménageur est de transformer les territoires pour permettre aux stratégies de développement des villes de se concrétiser, tout en maîtrisant les impacts envi- ronnementaux et sociétaux de ces politiques. Notre ambition est de travailler au rapprochement des enjeux de chacun à chaque fois qu’ils divergent, de concilier les ambitions des territoires locaux avec les politiques supra-locales. » « Nous sommes dans un virage ! » MARTIN GUESPEREAU DIRECTEUR GÉNÉRAL DE PARIS-SACLAY « Nous venons d’achever les inaugurations de la programmation initiale de Paris-Saclay (Essonne) en termes de bâtiments académiques. Ces derniers ont été livrés dans les temps et 30 000 étudiants ont fait leur rentrée sur le campus en septembre 2023. Le projet de rayonnement de la science française, initié par Nicolas Sarkozy et poursuivi par ses successeurs, a donc été tenu. À l’heure où l’intelligence artificielle explose, les sciences fondamentales revêtent une importance sans commune mesure. Nous sommes donc sur un projet porteur qui participe au rayonnement du Grand Paris. En matière d’aménagement, nous prenons actuellement un virage, celui qui conduit ce cluster scientifique à devenir aussi une ville universitaire avec des logements et de l’immobilier d’entreprise pour la recherche privée. Nous développons aujourd’hui du techtiaire, un produit très souple et tout nouveau en France, avec des bâtiments mutables entre bureaux et labos ! Le zéro artificialisation nette nous touche également, de même que la cadence des réglementations énergétiques et les questions de biodiversité. Les nouvelles ZAC créées prennent place sur des anciennes friches, à l’endroit où le métro arrive. Elles constituent ainsi la promesse d’un rapprochement domicile-travail. En deuxième couronne parisienne, où les gens se déplacent majoritairement en voiture, le nouveau métro change la carte et transforme radicalement le paysage. Paris-Saclay a été créé par la loi du Grand Paris. De par son histoire et sa gouvernance, Paris-Saclay a transcendé les conflits institutionnels et construit un des plus beaux succès du Grand Paris. En retour, le Grand Paris se grandit quand il se fédère autour des grands projets, et c’est nécessaire, parce que nos compétiteurs américains ou chinois, eux, n’attendent pas. Ce qui a été gagné reste à regagner tous les jours dans cette compétition scientifique et technologique, et cela passe par des moyens financiers, un alignement des élus autour des projets... C’est un travail de tous les jours. Les projets unissent. Le Grand Paris, pour moi, est notre aire naturelle de rayonnement. » LES QUATRE UNIVERSITÉS FRANCILIENNES DU TOP 100 DU CLASSEMENT DE SHANGHAI MARQUENT DES POINTS Les quatre établissements déjà référencés parmi les 100 premiers mondiaux par le classement de Shanghai (Academic ranking of world universities) marquent des points dans la dernière édition du classement, dévoilée mi août. L’université Paris-Saclay grimpe de trois places dans le top 15 et accède pour la première fois au 12e rang mondial. L’UPS est ainsi la mieux classée du continent européen. Paris Sciences et Lettres (PSL) gagne huit places (classée 33e), Sorbonne Université grimpe de cinq rangs (au 41e). Enfin, classée 60e mondiale, l’université Paris Cité , fruit de la fusion, en 2019, des universités Paris-Descartes et Paris-Diderot et du rattachement de l’Institut de physique du globe de Paris, affiche la plus forte progression des établissements français (+9 places). L’université atteint donc son meilleur niveau depuis sa création et sa première apparition dans le classement en 2020. Trois universités américaines, celles de Harvard, de Stanford, suivies par l’Institut de technologie du Massachussets, figurent en tête du classement.« En classant douze des seize établissements issus de la politique de regroupe- ment, le palmarès de Shanghai confirme ainsi le succès des nouveaux modèles d’universités françaises en leur apportant une visibilité internationale », s’est félicitée Sylvie Retailleau, alors ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et elle-même ancienne présidente de l’Université Paris-Saclay.
- De nouveaux lieux Grands-Parisiens pour tous les goûts
Du projet du groupe Ducasse à Clichy aux Halles dédiées à l'alimentation à Paris, Saint-Ouen ou Issy, de nouveaux lieux voient le jour à destination de différents publics. Par Raphaël Richard avec Elena Jeudy-Ballini. R achetée par le groupe Ducasse après des années d’incertitude autour de son devenir, la Maison du Peuple de Clichy-la-Garenne entame une profonde rénovation visant à en faire un haut lieu de la gastronomie, vivant et ouvert sur la ville. Alain Ducasse qui, de son propre aveu, se serait « bien vu architecte ou designer » ne cache pas son ambition : « Je veux en faire la Villa Médicis de la gastronomie ! » Cet espace de plus de 4 000 mètres carrés va ainsi être transformé en un lieu foisonnant qui accueillera les manufactures de chocolat, de glace, de café et de biscuit du groupe Ducasse, un « bouillon » contemporain ainsi qu’une cuisine, véritable laboratoire international permettant aux chefs venus du monde entier d’échanger sur leurs savoir-faire. Pour le promoteur Apsys, les architectes Perrot & Richard et les designers Jouin Manku, il s’agira de combiner rénovation et respect impérieux de l’architecture originelle. Les travaux ont été officiellement lancés en janvier dernier pour une livraison du projet à l’été 2025. Plusieurs anciennes halles de la petite couronne ont également été revisitées pour proposer une offre alimentaire. Inaugurée en début d’année, Communale, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), a par exemple muté d’un site industriel en un lieu ouvert, gastronomique et culturel, avec pour objectif de devenir « la halle du nord de Paris ». Portée par le groupe Frey, en partenariat avec la Lune Rousse, Communale propose 8 kiosques en bois qui accueillent des spécialités culinaires locales et internationales ainsi qu’un marché de 10 étals de produits frais et autant d’artisans : primeur, fromager, boucher, fleuriste... Même logique aux Halles d’Issy (Hauts-de-Seine), où la société Biltoki fait revivre, depuis fin 2022, des halles d’antan, avec un côté marché et un côté traiteur dans un bâtiment de 1 600 mètres carrés disposant d’une structure Eiffel de plus de deux siècles. Une vingtaine de commerçants indépendants s’y côtoient, dont quelques meilleurs ouvriers de France. Environ 2 500 personnes les fréquenteraient chaque jour. À noter également le projet Boom Boom Villette, qui a remplacé depuis le début de l’année le centre commercial Vill’up à la Villette à Paris (19e) et propo- se un espace loisirs indoor de 21 000 mètres carrés et un food hall de 4 000 mètres carrés. Ce dernier regroupe plus de 20 kiosques, 3 bars thématiques et 2 restaurants offrant une sélection de cuisines du monde grâce à des chefs de renom et des spécialistes de la street food. Le Grand Paris a de l’appétit !
- "De la logistique à l'industrie, le bâtiment multi-niveaux, ne doit plus être un problème"
Vincent Compagnet, directeur Île-de-France du spécialiste de l'immobilier d'entreprise GSE, expose ses solutions face à la raréfaction du foncier dans la région. Comment l’activité de GSE se déploie-t-elle en Île-de-France ? Depuis 48 ans, GSE construit de l’immobilier d’entreprise en France, en Europe et en Chine. L’entreprise réalise 875 millions d’euros de chiffre d’affaires et rassemble 650 collaborateurs. Dix chantiers sont en cours en Île-de-France, ce qui représente 35% de l’activité. Une équipe de 30 personnes est à la manœuvre au sein d’une agence située dans le 12e arrondissement de Paris. La logistique, c’est l’ADN de GSE. En réponse à un besoin croissant, l’entreprise propose des bâtiments de stockage toujours plus grands, toujours plus hauts. GSE conçoit également des bâtiments industriels et tertiaires, des parcs d’activités ou des parkings aériens. Notre métier est très impactant sur les territoires. C’est pourquoi, après avoir été labellisée EcoVadis au titre de sa politique RSE, GSE est devenue une société à mission. Cette démarche se concrétise au travers d’un LAB consacré au bâtiment durable. Le bien-être des salariés et l’ancrage territorial font aussi partie des thématiques abordées. À l’heure de la raréfaction du foncier, quelles sont les solutions développées par GSE ? Une première option, c’est le multi-niveaux.GSE a une dizaine de bâtiments à étages à son actif, plutôt dans la logistique, comme à Gennevilliers. Les poids lourds peuvent emprunter une rampe pour accéder aux niveaux supérieurs. C’est un vrai savoir-faire, très nouveau. En amortissant les coûts de foncier, c’est un moyen de disposer d’équipements au plus près de la ville. D’autres options possibles sont la mixité des activités et la réhabilitation de friches. Quelle est l’originalité de l’hôtel d’activités sur un étage qui vient d’être livré sur le parc d’affaires AéroliansParis, à Tremblay-en-France, en Seine-Saint-Denis ? La densification était le premier impératif formulé dans l’appel d’offres de Grand Paris Aménagement. Sur cette parcelle de 23 000 m2, située à proximité de l’aéroport Paris–Charles-de-Gaulle, nous avons construit 20 000 m2 de surface de plancher sur un rez-de-chaussée et un étage. Soit un coefficient d’occupation des sols de 0,9. Sur le modèle de nos produits développés pour la logistique, des camion- nettes d’entreprises artisanales ou de petite transformation industrielle peuvent circuler à l’étage. Cette performance technique casse les codes de l’immobilier d’entreprise. De la logistique à l’industrie, le bâtiment multi-niveaux ne doit plus être un problème. Une autre demande était la qualité architecturale. Même s’il est situé dans une zone d’activités, le bâtiment dessiné par le groupement d’architectes Auer Weber et DVVD est un bel objet. Il s’intègre dans le développement urbain autour de la nouvelle Arena Grand Paris. Un troisième critère était la performance environnementale. Avec des panneaux solaires disposés sur les toitures, le bâtiment produit son énergie notamment. Il a obtenu les labels Breeam, mention very good, et Biodivercity. Vincent Compagnet, directeur de la région Île-de-France - GSE - Tél. : 06 82 66 56 53
- Villes moyennes et territoires ruraux tendent la main au Grand Paris
Face aux multiples et récentes crises qui ont révélé les faiblesses de la France, unir ses forces est plus que jamais nécessaire, voire indispensable. Reste à savoir quels partenariats gagnants/gagnants peuvent être initiés entre la très attractive Île-de-France et des contrées peut-être moins attirantes, mais aux atouts indéniables. Plusieurs territoires ont des idées aussi séduisantes qu’inspirantes. D epuis quelque temps, lorsqu’on évoque les coopérations territoriales, le premier exemple cité est Saint-Dizier. Le jeune et particulièrement dynamique maire LR de cette commune de Haute-Marne a su faire d’une faiblesse un fer de lance pour la booster. Face à tous les maux qui s’abattaient sur sa ville moyenne (désindustrialisation, baisse de la démographie, enclavement géographique, fortes manifestations des Gilets jaunes, montée en puissance du vote RN aux derniers scrutins), Quentin Brière a décidé, en remportant la mairie en 2020, de « changer de regard et de méthode » pour « inventer un modèle de ville moyenne qui fonctionne » et « offrir des services de qualité aux Français qui veulent s’y installer ». Alors que Saint-Dizier dispose d’importantes disponibilités foncières, « aucun logement neuf n’y a été construit au cours des 40 dernières années, à l’exception de logements sociaux (43 %) », a-t-il rappelé le 31 mai au 4e Sommet de l’Université de la ville de demain (UVD) lors de la signature avec Aubervilliers en Seine-Saint-Denis d’un partenariat inédit. Tout l’enjeu pour l’ancien avocat est d’attirer des promoteurs. Quentin Brière, maire de Saint-Dizier, Karine Franclet, maire d'Aubervilliers, et Stéphan de Fay, directeur de Grand Paris Aménagement. La rencontre avec Stéphan de Faÿ, directeur de Grand Paris Aménagement (GPA), au Sommet de l’UVD de 2022, lui ouvre le champ des possibles, à commencer par cette alliance foncière. Le principe, imaginé par Stéphan de Faÿ, consiste à jumeler deux terrains pour lancer une consultation commune auprès de promoteurs qui devront répondre simultanément sur les deux lots. L’un se situe donc à Aubervilliers, dans le quartier Cœur de Fort aménagé par Grand Paris Aménagement, qui accueillera 88 nouveaux logements, et l’autre à Saint-Dizier, où seront réalisés 50 logements en centre-ville. Une initiative largement médiatisée et saluée par les élus locaux, à commencer par Karine Franclet, maire UDI d’Aubervilliers, qui met en avant un « partenariat qui va au-delà du logement ». « Il représente une opportunité de collaboration intercommunale dynamique », souligne-t-elle. Alors que sa commune souffre d’une image négative, Karine Franclet a été séduite par l’idée de devenir « une ville qui aide » et ne pas rester dans « la posture de ville aidée ». « Pour la première fois, Aubervilliers peut commencer à être un partenaire solide », fait valoir la maire, convaincue que « cette alliance ouvrira la voie à de nouveaux partenariats, notamment dans des domaines tels que la culture ou le sport ». Un « besoin de faire nation » Gil Avérous, maire sans étiquette de Châteauroux (Indre) et président de l’association Villes de France, y voit de son côté « une idée atypique, originale et inspirante », tandis que Caroline Cayeux (divers droite), présidente de la communauté d’agglomération du Beauvaisis, qualifie la démarche « d’extrême- ment intéressante », même si son territoire ne présente pas de problème d’attractivité. Bien que Quentin Brière mette en avant « la capacité d’attraction extraordinaire de Paris » et apprécie que « lorsqu’on les sollicite, les Parisiens trouvent des idées », la plupart des élus interrogés dans le cadre de cette enquête regrettent que « le Grand Paris et, plus largement, l’Île- de-France n’aient pas de relations plus construites et plus régulières avec les autres territoires et notamment ceux qui les entourent », comme l’exprime Caroline Cayeux. Et d’autant plus que les attentes sont fortes, qu’il s’agisse des transports, du tourisme, du développement économique, de la réindustrialisation ou encore de la culture. « Beauvais et le Beauvaisis sont à moins d’une heure de Paris, et il serait utile que dans différents domaines, en particulier celui des mobilités, il existe des liens plus constructifs », argue cette dernière. "Face au rejet des français pour le politique, nous avons besoin de faire Nation pour retrouver la confiance de nos habitants" Gil Averous, maire de Châteauroux Là où Frédérique Macarez, maire LR de Saint- Quentin et présidente de l’agglomération du Saint- Quentinois (Aisne), déplore une « France à deux vitesses », Gil Avérous est convaincu que « face au rejet des Français pour le politique, nous avons besoin de faire nation pour retrouver la confiance de nos habitants. Il ne doit pas y avoir la province d’un côté et l’Île-de-France de l’autre ». Et le président de Villes de France n’est pas le seul à souligner le besoin non seulement de se serrer les coudes, mais aussi de savoir compter avec les territoires péri-ruraux pour relever le défi du vivre ensemble et de la cohésion sociale. « On crée plus de valeur à plusieurs et en coopérant les uns avec les autres », insiste Florian Bercault, maire divers gauche de Laval (Mayenne), et d’autant plus que « les métropoles ne sont pas autonomes (alimentation, énergie), il faut prendre en compte leurs faiblesses ». En mesure de devenir « les bases arrière » des métropoles pleinement dédiées à leurs fonctions servicielles, les villes moyennes et leur hinterland pour- raient ainsi accueillir les industries même polluantes et les projets consommateurs de foncier. Pour ces divers élus, les territoires denses limités par le ZAN (zéro artificialisation nette) peuvent redonner des hectares à construire à ceux qui ont des disponibilités foncières. « Nous sommes très demandeurs de droits à construire », prévient avec vigueur Frédérique Macarez, car sa priorité est de créer de 60 à 80 hectares de nouvelles zones d’activités pour répondre à la demande des industriels et procurer des emplois à sa population. « Mais le droit ne va pas nous le permettre », redoute cette dernière, en recherche d’alliance avec d’autres territoires. "Ils (les territoires) renaturent, nous construisons et nous partageons fiscalité et bénéfices économiques..." Florian Bercault, maire de Laval. Les engagements en faveur de la renaturation pour- raient par exemple s’opérer au bénéfice des territoires plus éloignés : « Ils renaturent, nous construisons et nous partageons fiscalité et bénéfices économiques ou la production d’énergies renouvelables », cite à titre d’exemple Florian Bercault. Offrant « des opportunités pour les villes moyennes de recapter des investissements », selon Gil Avérous, ces deals gagnants-gagnants, Alexandre Avril, maire LR de Salbris et président de la communauté de communes (CC) de la Sologne des Rivières (Loir-et- Cher), aimerait les faire monter en puissance pour lui aussi développer son offre résidentielle et attirer des cadres parisiens. Car si la « capitale française de la chasse » compte parmi ses habitués beaucoup d’acteurs du Grand Paris qui contribuent à nourrir une offre commerciale de qualité, ses friches, liées à l’indus- trie de l’armement, restent désespérément désertes faute de moyens et d’opérateurs pour les réhabiliter. Alexandre Avril forme le vœu pour sa commune de devenir non seulement membre de la Métropole du Grand Paris (MGP) afin de faciliter les accords de coopération, mais aussi un lieu de repli pour accueillir des familles qui travaillent à Paris, mais ne souhaitent pas y vivre. « La beauté sauvera le monde » Plus au nord, le maire de Châteaudun et président de la CC du Grand Châteaudun (sans étiquette) Fabien Verdier, souhaite plutôt attirer des investisseurs pour créer de la richesse localement. Ainsi, aux Alltricks, avec Safran et le groupe Vorwek, qui crée une seconde usine, l’élu compte ajouter des industriels spécialisés dans la décarbonation sur le « petit aéroport civil vert » qui doit être implanté sur une ancienne base aérienne militaire de 450 hectares. « Nous avons des prospects en matière d’aviation hybride, décarbonée, à hydrogène et, avec le producteur d’énergie renouvelable CVE, nous développons un projet de partenariat pour construire une usine de production d’hydrogène », explique Fabien Verdier. « Une centrale photovoltaïque de 83 hectares est en cours de construction, elle nous permettra rapidement avec d’autres projets d’être un territoire à énergie positive (TEP). » De quoi être source d’inspiration pour l’Île-de-France très engagée sur ces technologies en plein essor. "Beauvais et le Beauvaisis sont à moins d’une heure de Paris, et il serait utile que dans différents domaines, en particulier celui des mobilités, il existe des liens plus constructifs" Caroline Cayeux, présidente de la communauté d'agglomération du Beauvais Quant à elle, la Communauté d’agglomération du Beauvaisis travaille, par exemple, avec l’École des Ponts ParisTech « pour nouer un partenariat fort ». « La culture, les sports, l’économie sont autant de vecteurs de liens potentiels avec des acteurs implantés dans le Grand Paris », assure Caroline Cayeux. Châteauroux, ville olympique qui a accueilli les épreuves de tir sportif et Saint-Dizier ont profité des JOP 2024 pour inscrire leurs territoires dans des innovations urbaines liant sport et aménagement, à l’instar de la piste de sport conçue avec Paris 2024 et inaugurée avant l’été à Saint-Dizier. Laval engage de son côté un grand plan de développement artistique et culturel. Florian Bercault imagine « une déconcentration culturelle encore plus forte » que celle menée par Metz et Lens avec respective- ment le Centre Pompidou et Le Louvre. Dans le même ordre d’idée, Quentin Brière a initié une démarche originale qui consiste à exposer pendant trois semaines sur des panneaux publicitaires urbains des œuvres sélectionnées par Rmn-Grand Palais. Cette initiative, « La beauté sauvera le monde », selon la formule de Dostoïevski, a donné naissance à une alliance territoriale rejointe par 14 villes, parmi lesquelles Pontoise en Île-de-France, et fera l’objet d’une opération nationale lancée au Salon des Maires de 2024. Pour Gil Avérous, un véritable exemple de « l’esprit d’équipe pour faire gagner la France ». "Nous sommes très demandeurs du droit de construire" Frédérique Macarez, maire de Saint-Quentin
- Grand Paris : une organisation institutionnelle inaboutie
L’organisation institutionnelle du Grand Paris se caractérise par une complexité record, avec une intercommunalité à double niveau et cinq niveaux d’administration locale. Un meccano unanimement décrié, fruit de tensions mal résolues entre des intérêts contraires lors de sa gestation, que le législateur, malgré des engagements gouvernementaux successifs, n’a jamais tenté de réformer, faute de consensus. Par Jacques Paquier. C omme un animal domestique jugé trop encombrant à l’heure du départ en vacances, la réforme du Grand Paris, souvent annoncée, a finalement été abandonnée sur le bord de la route, laissant intacte l’organisation complexe issue des lois Maptam puis NOTRe*. Les rapports de la Chambre régionale et de la Cour des comptes se sont succédé, depuis plusieurs années, pour souligner l’impérieuse nécessité d’améliorer l’organisation administrative du Grand Paris. Mais, sans doute à la fois faute de consensus et compte tenu du poids politique des élus locaux grand-parisiens, aucun gouvernement ne s’est risqué, jusqu’à présent, à lancer la réforme du Grand Paris. Le 17 juillet 2017, peu après son accession à l’Élysée, Emmanuel Macron l’assure pourtant, lors d’une première conférence nationale des territoires organisée au Sénat : « L’idée du Grand Paris mérite mieux que ce que nous en avons collectivement fait – il faut bien le dire – de part et d’autre, pour des raisons politiques et pour des équilibres incertains. Mais si nous voulons que le Grand Paris réussisse à l’échelle de ce qu’est la compétition internationale, si nous voulons produire la richesse pour ensuite pouvoir la répartir harmonieusement sur le territoire, nous avons besoin de simplifier drastiquement les structures », déclare à cette occasion le président de la République, qui pro- met « d’aboutir à une organisation institutionnelle stabilisée et efficace ». Mais depuis... plus rien. La conférence territoriale dédiée au Grand Paris annoncée alors puis reportée à maintes reprises ne sera pas réunie. On ne connaîtra jamais, par ailleurs, les conclusions du rapport de Michel Cadot, alors préfet de Paris et de la région Île-de-France, remis au gouvernement sur la question, sans plus d’effet. Séance du Conseil de Paris. Cinq niveaux d’administration Aujourd’hui, l’organisation administrative du Grand Paris compte donc toujours cinq niveaux : commune, établissement public territorial (EPT), département, métropole, région. Et chacune des 131 communes du Grand Paris, au sein d’un périmètre lacunaire, qui n’englobe ni Roissy ni Saclay, est membre à la fois d’un EPT et de la MGP, comme l’organise une loi qui ne prévoit aucune relation institutionnelle entre ces deux échelons intercommunaux. Mieux, les textes fondateurs de l’intercommunalité dans le Grand Paris ont placé les deux strates en situation de concurrence, les Territoires et la Métropole se partageant la croissance de la Cotisation foncière des entreprises (CFE), une de leurs principales ressources fiscales. Selon des modalités qui devaient évoluer au fil du temps et de la montée en puissance des compétences de la Métropole, complexifiant encore une organisation financière déjà incompréhensible pour le commun des mortels. Les compétences de la MGP sont l’aménagement de l’espace métropolitain, la politique locale de l’habitat, le développement et l’aménagement économique, social et culturel, la protection et la mise en valeur de l’environnement, et la politique du cadre de vie. La création d’un nouvel EPCI à statut particulier aboutit à créer 5 niveaux de collectivités et d’établissements, allant de la commune à la région en passant par les ETP, les départements et la MGP, voire 6 niveaux selon que l’on y ajoute les divers et multiples syndicats techniques gérant l’eau, le gaz, l'électricité, les ordures ménagères...Le schéma ci-dessus donne une vision concentrique de l’empilement des strates administratives. Regroupant autour de Paris la très grande majorité des communes de la zone dense, le périmètre actuel de la MGP, qui englobe 7,2 millions d’habitants dans une aire urbaine qui en compte 10,5 millions et 12,4 millions pour la région Île-de-France, fait toujours débat. Les 11 EPT disposent, quant à eux, de compétences propres dans cinq domaines : le plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi), la politique de la ville, l’assainissement et l’eau, la gestion des déchets ménagers et assimilés, le plan climat-air-énergie territorial (compatible avec le plan métropolitain). Pour complexifier encore un peu les choses, la répartition de certaines compétences entre la Métropole, les Territoires et les Communes dépend de la définition par leurs assemblées délibérantes d’un intérêt communautaire ou territorial. Ce qui signifie que cette répartition des dites compétences entre échelons est à la main des élus qui siègent au sein la MGP et des EPT, et qui doivent être majoritaires pour transférer la gestion des équipements concernés de l’échelon communal à l’échelon intercommunal. C’est le cas de la construction et la gestion des équipements culturels, socioéducatifs et sportifs, de l’action sociale pour les EPT et de l’aménagement pour la Métropole. « Il est paradoxal d’avoir donné un rôle prédominant aux maires dans la gouvernance de la MGP dont les compétences majeures concernent des domaines (aménagement, logement, développement économique) où, selon les textes, les EPT sont compétents et non plus les communes », remarque, cruelle, la Cour des comptes en 2023**, résumant le caractère ubuesque de l’organisation retenue. « Le problème est aggravé par le fait que les communes membres de la MGP forment une mosaïque formidablement hétéroclite par leurs populations respectives (de 1 800 habitants à Marnes-la-Coquette jusqu’à 2,2 millions d’habitants à Paris) », précisent les magistrats de la rue Cambon. Derrière les belles déclarations, la volonté des maires de ne rien céder de leurs prérogatives – ni de leurs res- sources, que l’État ne cesse par ailleurs de réduire, en baissant ses dotations aux collectivités – contribue à expliquer les ratés de la construction intercommunale francilienne. « Demander aux maires de construire le Grand Paris, c’est demander à des alligators de se rendre chez le maroquinier », résumait l’architecte Roland Castro. Une métropole « lisible et crédible » Certes, depuis sa création, la Métropole du Grand Paris s’est démenée, autant que faire se peut, dans cette architecture institutionnelle hostile, pour se rendre « lisible et crédible », selon l’expression chère à son président Patrick Ollier. Et si l’on regarde le verre à moitié plein, elle y est parvenue, en adoptant son Schéma de cohérence territoriale (SCoT), en organisant trois éditions de son concours d’urbanisme international « Inventons la Métropole du Grand Paris », en construisant le Centre aquatique olympique de la Plaine Saulnier, à Saint-Denis, dont la MGP a été le maître d’ouvrage, ou en créant une Zone à faibles émissions (ZFE) à l’intérieur de l’A86, dans le cadre de son plan climat. POUR COMPLEXIFIER ENCORE UN PEU LES CHOSES, LA RÉPARTITION DE CERTAINES COMPÉTENCES ENTRE LA MÉTROPOLE, LES TERRITOIRES ET LES COMMUNES DÉPEND DE LA DÉFINITION PAR LEURS ASSEMBLÉES DÉLIBÉRANTES D’UN INTÉRÊT COMMUNAUTAIRE OU TERRITORIAL. Mais il faudra un jour remettre l’ouvrage sur le métier et décider des modalités d’une indispensable simplification. Dans leur dernier rapport sur le sujet, en janvier 2023, les magistrats de la rue Cambon dessinaient trois scénarios : la suppression des EPT, avec le risque de renforcer une métropole des maires jugée insuffisamment intégrée ; une métropole des Territoires, dont la gouvernance serait composée des présidents des Territoires, avec le risque que les maires y soient viscéralement opposés ; une métropole composée des Départements, ces derniers absorbant les EPT... L’idée d’une fusion entre la Métropole et la Région, que ce rapport a semblé balayer d’un revers de la main, figure également parmi les scénarios du possible. Si le législateur s’empare un jour du sujet. Ce qui suppose, dit-on, une solide majorité... * La Métropole du Grand Paris résulte de la loi du 27 janvier 2014 de Modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles (Maptam) et de la loi portant sur la Nouvelle Organisation Territoriale de la République (NOTRe) du 7 août 2015. ** « L’organisation territoriale de la métropole du Grand Paris », rapport de la Chambre régionale des comptes et de la Cour des comptes, janvier 2023. Les élus réunis en conseil métropolitain.
- "La Métropole du Grand Paris a relevé l'immense défi de la construction du CAO dans les temps !"
Le président de la Métropole du Grand Paris, Patrick Ollier, également membre éminent d'Acteurs du Grand Paris, revient sur les principaux temps forts impactant la MGP en 2024, année olympique, rappelant notamment que cette dernière a été le maître d’ouvrage du seul équipement pérenne construit pour accueillir des compétitions sportives olympiques. Quels sont les faits marquants, en 2024, de l’actualité de la Métropole du Grand Paris ? Sans aucun doute, les Jeux olympiques et paralympiques, qui viennent de s’achever. Il fallait de l’audace pour se porter volontaire à la réalisation du Centre aquatique olympique (CAO), situé au cœur de la ZAC Plaine Saulnier, dont la Métropole a assuré la maîtrise d’ouvrage. Aujourd’hui, nous avons l’immense fierté d’avoir relevé ce formidable défi dans les temps, grâce au concours de l’État, de la Solideo, du groupement d’entreprises mené par Bouygues Bâtiment Île-de-France et de l’engagement sans faille des équipes de la Métropole du Grand Paris.Rappelons que, cofinancé par la Métropole, l’État, la région Île-de-France, la Ville de Paris,le département de la Seine-Saint-Denis et Plaine Commune, le CAO est le seul équipement sportif pérenne construit pour les JOP de Paris 2024. Je voudrais dire également un mot à propos du franchissement piéton, une véritable passerelle suspendue au-dessus de l’A1 et reliant le Stade de France au CAO, que nous avons inauguré en juin 2023 : partie intégrante du programme de réhabilitation de la ZAC Plaine Saulnier, il est un équipement emblématique du projet métropolitain que nous portons ! Et symbolise en effet à lui seul tous les efforts que nous déployons en matière d’attractivité, de rééquilibrage territorial et d’amélioration du cadre de vie des Métropolitains. Un mot également sur les Olympiades culturelles, qui ont été couronnées de succès avec, notamment, l’exposition « Empreintes 1924-2024, cent ans d’héritage olympique », présentée jusqu’à fin septembre au Jardin des Tuileries et dans 96 communes de la Métropole. Les multiples manifestations et événements organisés dans ce cadre ont constitué une opportunité unique de placer la culture et l’art au cœur du quotidien des Métropolitains et en particulier auprès de notre jeunesse.On oppose parfois le sport et la culture, mais je crois au contraire qu’ils ont beaucoup en commun :la performance, les émotions, la recherche de la beauté du geste, mais aussi et surtout leur capacité à proposer une diversité de disciplines qui sont autant de canaux d’expression uniques pour se construire, s’émanciper, trouver sa voie, se sentir bien... Patrick Ollier a accueilli, le 4 avril dernier, le présidentde la République au Centre aquatique olympique dela Plaine Saulnier, pour l’inauguration d’un des seuls sites de compétition construits pour les JOP, sous maîtrise d’ouvrage métropolitaine. Quel regard portez-vous sur le rapport d’Éric Woerth, présenté le 30 mai dernier, recommandant purement et simplement de supprimer la MGP ? Avec ce rapport, s’il était adopté, la ville de Paris serait la seule capitale européenne qui ne disposerait pas d’une aire métropolitaine. Or, nous avons besoin de coordonner nos actions pour rééquilibrer le territoire métropolitain et organiser la solidarité entre les 131 communes. La mise en œuvre de ce rapport, aujourd’hui écartée, serait un retour vers le passé, vers une multitude d’intercommunalités. Pourquoi vouloir mettre fin à ce qui marche ?En supprimant l’aire métropolitaine, on retrouverait 11, 12 entités avec la ville de Paris, dotées de la fiscalité directe, se livrant à un dumping fiscal pour attirer les entreprises sur leur territoire. Ce dont on a besoin, c’est de cohérence, c’est de faire du rééquilibrage territorial, un rééquilibrage nécessaire si l’on ne veut pas revoir les Gilets jaunes, si on ne veut pas que ces derniers se transforment en Gilets rouges... Pourquoi souhaitez-vous jumeler l’action de Seine Grands Lacs et celle de la MGP ? On fait en sorte que la crue centennale ne dévaste pas le métro et le RER. Depuis 30 ans, peu a été fait, je relance donc les actions de protection des populations ! Nous investissons dans des équipements utiles pour limiter les inondations (réservoirs d’eau à Villeneuve-la-Garenne pour protéger la partie commerçante en bord de Seine), nous avons réaménagé les méandres du Morbras à Sucy-en-Brie, nous renaturons les berges des rivières. Nous effectuons des travaux d’amélioration de la circulation de l’eau sur les cours d’eau du périmètre de la Métropole. Autre exemple, la MGP se réapproprie les berges de l’Yerres à Villeneuve- Saint-Georges et celles de la Bièvre jusqu’à Gentilly. On rouvre des tronçons de rivière qui avaient été enterrés dans les années 80. Nous remettons aussi à niveau le système d’endiguement ou menons des exercices en cas de crue pour améliorer la résilience de nos communes. Pour quelle raison avez-vous souhaité prendre la présidence de l’établissement public territorial de bassin Seine Grands Lacs ? L’eau qui s’écoule dans la Seine et dans la Marne ne vient pas uniquement de la Métropole. L’enjeu est donc de parvenir à jumeler, outre les investissements à l’intérieur de la Métropole, les investissementsen amont de Paris. C’est pourquoi, afin de pouvoir mener à bien cette politique, j’ai souhaité également être le président de l’EPTB Seine Grands Lacs. Où en est l’opération de la réserve naturelle nationale de la Bassée en Seine-et-Marne ? Cet équipement stratégique représente un investissement de 47 millions d’euros. Les essaisde mise en eau se feront en novembre 2024 et celase traduira par 15 centimètres d’eau en moins àParis et dans les villes voisines. Nous travaillons,en bonne intelligence, entre Seine Grands Lacs etla Métropole, pour que tous les projets des zones d’expansion de crues (ZEC) puissent être cofinancés, chaque fois que c’est possible, par la Métropole, pour aider l’EPTB à les réaliser ou les intercommunalités en amont maîtres d’ouvrage. Lorsque j’ai été élu à la présidence de Seine Grands Lacs en 2021, on dénombrait 6 ZEC... Aujourd’hui, on en compte 160 ! C’est colossal. Si on ajoute les 4 grands lacs de 830 millions de mètres cubes, la réserve naturelle nationale de la Bassée de 10 millions de mètres cubes, les 160 ZEC qui en représentent 6 millions, nous sommes capables de réduire considérablement les effets des crues importantes. Patrick Ollier, accompagné par le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Christophe Béchu, lors du lancement des travaux du casier pilote de la Bassée en 2022. Par exemple, à Troyes, grâce à la MGP, nous signons des conventions directes avec les chambres d’agriculture et les agriculteurs, lesquels acceptent la sur-inondation de leurs prairies. Avec une compensation, par exemple, de 1 000 euros l’hectare en cas de sur-inondation. Comment ces investissements sont-ils financés ? Les agriculteurs sont indemnisés pour réaliser les travaux grâce à la taxe Gemapi que les contribuables métropolitains acquittent. Et je veux lancer une véritable dynamique sur ce sujet ! La taxe Gemapi est destinée à financer des investissements liés à des équipements qui doivent réduire les effets des inondations sur les villes concernées de la Métropole. Elle est payée par les quelque 7 millions d’habitants de la MGP. Son originalité, c’est que l’on calcule son montant global et les services fiscaux fixent celui de la contribution par habitant. En 2023, son montant était de 20 millions d’euros, soit 3,3 euros par foyer fiscal assujetti à la taxe Gemapi. En 2024, il est fixé à 30 millions d’euros, soit 4 euros par foyer fiscal assujetti. Qui ne serait pas prêt à payer moins de 5 euros pour protéger sa ville des inondations ?
- La fondation Palladio éclaire la ville de demain
Devenue incontournable dans l’univers de la fabrique de la ville, cette instance aux nombreuses ramifications se veut source d’inspiration pour construire la ville du XXie siècle, soit une cité bas carbone pour tous. Propos recueillis par Fabienne Proux. Créée en 2008 sous l'égide de la Fondation de France et l'impulsion de Bertrand de Feydeau, la Fondation Palladio se présence comme un lieu de rencontres, d’échanges, de débats et de réflexion, apolitique et aconfessionnel, avec une mission d’intérêt général autour de l’enjeu de la construction de la ville au XXIe siècle. En pleine crise immobilière planétaire, des professionnels du secteur ont souhaité réfléchir et investir dans l’innovation, mais aussi impliquer les jeunes générations en mettant en place des bourses à l’intention des doctorants et post-doctorants sur l’ensemble des domaines de l’urbain. Des centaines de candidatures sont soumises chaque année au jury. Forte de sa centaine d’adhérents et de mécènes, dont les derniers à avoir rejoint « l’aventure Palladio » sont Action Logement, Espaces Ferroviaires ou encore l’agence du designer belge Ramy Fischler, la Fondation mobilise et rassemble tous les secteurs et métiers concernés par la problématique immobilière et urbaine (aménagement, architecture, assurance, banque, construction, énergie, environnement, immobilier, ingénierie, logistique, numérique, transport, urbanisme...), les pouvoirs publics, le monde associatif, la société civile, les chercheurs et les médias. Dans la foulée de la création de la Fondation, la structure s’est dotée d’un Institut pour s’occuper des talents et des cadres à fort potentiel, avec comme particularité de désigner, chaque année, comme parrain ou marraine un homme ou une femme politique. Se sont entre autres succédé à cette fonction Valérie Pécresse et Anne Hidalgo. La marraine du cycle 2024, qui traite du thème « prendre soin de la ville », est Catherine Vautrin, ex-ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités. Vigie et Connecteur innovation-recherche Une troisième instance, l’Université de la ville de demain, est venue en 2019 compléter l’édifice. Plusieurs outils d’accompagnement des acteurs de la ville ont également été créés, à commencer par la Vigie Palladio, présidée par Mathias Vicherat. Ce « pôle d’observation » regroupe des personnalités chargées d’identifier les tendances émergentes de la société, afin de nourrir l’ensemble des activités et des outils de la Fondation. Il s’agit également du Connecteur innovation-recherche Palladio qui s’adresse aux responsables innovations, R&D et prospective des entreprises de la fabrique de la ville ainsi qu’aux responsables et chercheurs des laboratoires de recherche. Sa mission consiste à « encourager le dialogue entre ces deux mondes, économique et académique, sur les enjeux de l’avenir des villes » Une communauté de plus de 100 mécènes Trois questions à Joachim Pflieger, Délégué général de la Fondation Palladio Dans le cadre de la refonte de la gouvernance de la fondation Palladion, Joachim Pflieger a été nommé Délégué général. Il a pris ses fonctions le 8 juillet dernier. Pouvez-vous nous retracer votre parcours ? Je me suis engagé depuis 2006 dans la culture, dans la fabrique de la ville et dans la philanthropie. J’ai débuté ma carrière à l’Opéra de Paris et à la Fondation du Teatro Realà Madrid. J’ai ensuite occupé les postes de directeur exécutif de la Galerie Thaddaeus Ropac à Paris et Pantin, puis de directeur général de la Fondation Fiminco et directeur des affaires culturelles et RSE du Groupe Fiminco de 2017 à 2021. À la demande de Mathieu Hanotin, maire de Saint-Denis, j’ai ensuite créé et dirigé le Fonds de dotation territorial Ambition Saint-Denis (Seine-Saint- Denis), avant de rejoindre la Fondation Palladio. En quoi consiste votre mission de délégué général de la Fondation Palladio ? Ma mission consiste à renforcer la capacité de la Fondation à transmettre et former, à susciter un débat d’intérêt général sur les mutations urbaines, sociales et environnementales, auxquelles nous faisons face, et à faciliter ainsi le passage à l’action. À la Fondation Palladio s’inventent chaque jour des nouvelles approches partenariales grâce à la mobilisation d’acteurs des secteurs public et privé, et à la société civile. Mon rôle est de pouvoir fédérer nos partenaires, d’une communauté de plus de 100 mécènes aujourd’hui. Nous travaillons également à une plus large diffusion des idées et de l’approche systémique qui est la nôtre, au service de la ville durable. Quelles sont les prochaines priorités et actualités de la Fondation pour cette fin d’année et pour 2025 ? Nous venons de lancer avec EY le nouveau baromètre d’Impact de l’industrie de la Ville, qui inclut désormais deux nouveaux volets, social et sociétal. Sur le volet du pôle académique de la Fondation, nous annoncerons à l’automne le nom des 12 chercheurs qui sont lauréats des bourses que nous octroyons et je peux dire que les thèmes de recherche sont passionnants, couvrant de larges pans de l’industrie de la ville. Avec l’Université de la ville de demain, nous nous déplaçons à Bordeaux et à Copenhague en septembre, et à Béthune en novembre, dans le cadre de nos Universités In Situ. L’automne sera riche en débats publics, petits-déjeuners du Connecteur et rencontres à la Maison Palladio, rue Favart. L'Université de la Ville de demain change les codes de la fabrique urbaine Prolongement opérationnel de la Fondation Palladio, l’Université de la Ville de demain se présente comme un « do tank » au service de la fabrique urbaine, avec comme particularité de réunir acteurs privés, publics et issus de la société civile. Chaque année en juillet depuis 2021 (exceptionnellement fin mai en 2024, JOP obligent), environ 200 personnalités se retrouvent pour le Sommet de l’Université de la ville de demain (UVD), qui se déroule à Chantilly pendant 24 heures et à huis clos, pour débattre, réfléchir, s’inspirer d’expériences urbaines réussies, mais aussi agir dans le cadre d’ac- tions collectives. On y côtoie des dirigeants d’institutions publiques (élus locaux, ministres, patrons des grandes administrations) et privées, au départ issus du secteur de la construction de la ville, puis des acteurs de la ville au sens large (mobilité, énergie, logis- tique, services) et de la société civile, des responsables d’ONG, des représentants des grandes religions et du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ainsi que des journalistes, mais seulement « en qualité d’acteurs de la cité ». La particularité de ce mouvement atypique tient aussi à sa volonté d’agir à droit constant et sans solliciter d’argent public, « car il faut plutôt faire un meilleur usage de l’argent public ou privé », justifie Méka Brunel, actuelle présidente de la Fondation Palladio, qui présidait depuis l’origine l’UVD, jusqu’à ce qu’elle passe le flambeau en juillet dernier à Emmanuelle Cosse, l’ex-ministre du Logement et présidente de l’Union sociale pour l’habitat. La Nuit des « actions collectives » « Nous accompagnons l’accélération de la transformation en cherchant à casser encore plus de silos et créer encore davantage de cohésion de l’ensemble », poursuit Méka Brunel. Depuis 2021, des villes moyennes ont notamment été accompagnées dans le cadre de l’Université In Situ, à l’instar de Saint- Dizier (Haute-Marne), Val-de-Reuil (Eure), Lourdes (Hautes-Pyrénées), dont les maires souhaitaient accélérer la transformation de leur commune. Progressivement, l’Université de la ville de demain a été ouverte à d’autres univers que l’industrie de la construction de la ville, à savoir le transport, l’énergie, le luxe, la logistique, les services, la santé, « de façon à pouvoir aborder de manière systémique la ville bas carbone pour tous et pas uniquement à partir du prisme du bâti, d’autant plus que l’on va construire de moins en moins pour réparer, réadapter, restructurer, rénover », souligne l’ancienne directrice de Gecina. L’autre temps fort de l’UVD est, au printemps, « La Nuit de l’Action », au cours de laquelle l’avancée des « actions collectives », ces coalitions d’acteurs de tous bords qui coopèrent pour mettre à l’échelle de nouvelles pratiques urbaines vertueuses, validées lors du Sommet, est présentée devant plusieurs centaines de personnes. Création de la filière de la construction hors-site, intensification des usages des bâtiments, développement du recours à la géothermie de surface font partie des actions particulièrement innovantes mises en œuvre dans ce cadre.
- Réindustrialisation : mobilisation générale en Île-de-France
Réindustrialiser la France en général et l’Île-de-France en particulier part d’un double constat louable : retrouver une souveraineté dans certains secteurs d’activité et redonner de l’activité à des territoires qui ont subi de plein fouet les conséquences de la désindustrialisation menée dans les années 1980. Reste à trouver la bonne formule pour respecter à la fois les objectifs de décarbonation et du zéro artificialisation nette. Par Fabienne Proux. « La désindustrialisation qui nous frappe depuis 30 ans est une catastrophe sociale, car nous avons besoin d’emplois industriels, mais également environnementale, car un bien produit localement émet bien moins qu’un autre produit au charbon et transporté depuis l’autre bout du monde », a déclaré Valérie Pécresse lors du lancement de la COP Île-de-France le 3 avril 2024 au ministère de la Transition écologique. « Notre devoir est de réindustrialiser la région et de faire en sorte que cette industrie soit verte et vertueuse. Des sites autrefois très émetteurs se reconvertissent et nous devons encourager ce mouvement », a poursuivi la présidente de la région Île-de-France, très engagée dans ce domaine. Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, lors du lancement de la COP régionale en avril 2024. Si la Région Capitale compte montrer la voie du sursaut en la matière, elle entend le faire en misant sur une industrie choisie, innovante et décarbonée tout en restant compétitive. Alors que le Sdrif-e (Schéma directeur de la région Île-de-France environnemental) prévoit la sanctuarisation de 30 000 hectares dédiés à l’activité économique dont 54 % consacrés à l’industrie, 145 sites ont été identifiés dans la région pour un total de 1 500 hectares industrialisables, dont 550 disponibles avant 2025. Aussi, le Conseil régional a prévu d’investir 400 millions d’euros dans les cinq ans à venir et de créer un fonds souverain régional dédié au capital-investissement. Il allouera 65 millions d’euros au fonds « Île-de-France réindustrialisation » pour soutenir la pré-industrialisation de startups industrielles positionnées sur des technologies de rupture comme les nouvelles mobilités, le quantique ou la greentech, tandis que 150 millions d’euros seront accordés au fonds « Île-de-France décarbonation ». Les projets se multiplient dans les territoires Le premier prendra des participations minoritaires et investira entre 500 000 euros et 3 millions d’euros dans des entreprises œuvrant pour une industrie durable, décarbonée et/ou circulaire, et jusqu’à 9 millions d’euros pour les projets les plus stratégiques et ambitieux. Le deuxième vise à aider au développement des PME et des ETI de filières, telles que les mobilités, le bâtiment, la production ou le stockage d’énergies renouvelables. Enfin, 35 millions d’euros seront consacrés au fonds « Île-de-France InvESS », favorisant les entreprises à impact social ou environnemental qui se heurtent au manque d’investisseurs privés. Car pour se développer, la grande industrie a besoin de sous-traitants, d’où la nécessité de soutenir également la création de plus petites entreprises, voire d’artisanat industriel et productif, dont l’avantage est de pouvoir s’implanter au plus près des lieux d’habitation, parfois même au cœur des villes, de manière à rapprocher habitat et travail pour limiter les déplacements. Le secteur est plutôt porteur puisque, selon une récente étude de la CMA d’Île-de- France et de la Banque des Territoires, l’Île-de-France compte 100 000 emplois dans 47 000 entreprises artisanales industrielles et productives dont le nombre est en constante progression (+22 % en Seine-et-Marne et + 18 % dans le Val-d’Oise entre 2019 et 2021, + 10 % à Paris). Vue aérienne du site de Paris-Villaroche. L’impact de la stratégie française de réindustrialisation commence à porter ses fruits puisque le taïwanais ProLogium, qui construit à Dunkerque une gigafactory de batteries céramiques au lithium, une nouvelle génération de batteries plus performantes pour véhicules électriques, a annoncé en mai dernier l’implantation de son premier centre de R&D hors Taïwan à Paris-Saclay (Essonne). Dans les territoires, les projets se multiplient. Grand-Orly Seine Bièvre (Val-de-Marne et Essonne), lauréat pour la seconde fois de l’appel à projets national Territoires d’indus- trie, prévoit de réindustrialiser quatre sites suite au départ de leurs exploitants. L’agglomération Grand Paris Sud (Essonne et Seine-et-Marne) porte aussi une initiative similaire dans le cadre d’un projet partenarial d’aménagement (PPA), relatif à l’aménagement du site Paris-Villaroche (110 hectares), situé sur les communes de Montereau-sur-le-Jard et de Réau. « Il s’agit de renforcer la polarité existante autour de Safran pour constituer un site industriel stratégique de dimension nationale », précise Stéphane Raffalli, maire de Ris-Orangis et vice-président chargé notamment de l’Aménagement et des Grands projets. Au nord, le Val-d’Oise s’engage également dans la brèche. « Notre solution consiste à identifier des friches sur notre territoire susceptibles d’accueillir de nouvelles activités », a ainsi expliqué Jean-François Benon, directeur général du Comité d’expansion économique du Val-d’Oise (Ceevo), en mars dernier au Mipim. Des résultats sont déjà perceptibles puisque Dentressangle Immobilier Logistique crée un parc d’activités de 116 000 mètres carrés sur une friche de Renault à Éragny-sur-Oise.
- "Aucune autre métropole européenne que l'Île-de-France n'a la capacité de remplacer Londres en tant que place financière"
Directeur de Choose Paris Region, Lionel Grotto fait le point sur l’attractivité de la région Île-de-France, en tant que place financière, et souligne le regain d’intérêt des investisseurs étrangers en sa faveur, en particulier depuis le Brexit et la Coupe du monde de rugby. Tout en insistant sur la nécessité de rester vigilant et de miser sur d’autres secteurs compétitifs de la région capitale. Propos recueillis par Catherine Bernard. Comment l’attractivité de la Région Capitale évolue-t-elle ? En termes quantitatifs, le nombre de projets d’investissements internationaux est, depuis 6 ans, relativement stable, oscillant entre 330 et 430 par an. En matière d’emplois créés en revanche, nous notons une progression importante : en 2018,nous en dénombrions 6 300 ; nous franchissons désormais régulièrement la barre des 10 000 créations annuelles, avec un pic historique à 11 200 emplois promis en 2023. La dynamique se poursuit donc, démontrant une grande résilience de la région qui, pour la première fois en 2022, a dépassé Londres en nombre de projets d’investissement. Vous évoquez Londres. Paris a-t-elle réussi à se positionner en tant que place financière à l’issuedu Brexit ? Les effets du Brexit n’ont pas été immédiats et se sont produits lors de phases différentes. Dans un premier temps, Francfort a souvent été citée comme une alternative à Londres et un mouvement s’est initié dans cette direction. Mais certains salariés de grandes banques se sont montrés réticents et la France a, par ailleurs, mis en place un guichet unique et des mesures fiscales et sociales plus favorables. De notre côté, nous sommes intervenus à la fois pour fluidifier les aspects fonciers, accompagner les politiques de recrutement et pour que les nouveaux venus s’intègrent bien à leur écosystème local.Nous avons pour ce faire organisé entre autres des clubs, des événements, des mises en relation. Beaucoup d’acteurs avaient envie de venir à Paris, ces actions ont permis de répondre à ce désir.Au final, l’Île-de-France occupe la première place en Europe pour le nombre d’emplois relocalisés après le Brexit. Selon notre observatoire, au31 décembre 2023, 235 projets ont été gagnés pour l’Île-de-France, en lien avec le Brexit, représentant7 814 emplois : 77 % dans la banque, 12 % dans les activités de services et conseil. On peut citer les grandes banques américaines, mais aussi d’autres institutions financières du reste du monde, comme la britannique Barclays, sur un plan plus institutionnel l’Autorité bancaire européenne ainsi que des acteurs canadiens, australiens ou encore une banque nigériane. Quels effets ces investissements ont-ils sur la place financière francilienne ? En acquérant d’importants actifs immobiliers en plein cœur de la Capitale, ces institutions ont fait de Paris une vitrine. Elles continuent maintenant de grandir, procèdent à des recrutements importants et annoncent même, pour certaines, la constitution d’équipes de recherche. Existent cependant des sujets de vigilance : certes, aucune autre ville en Europe que Paris n’a la capacité de remplacer Londres, mais le régime des impatriés – d’une durée de 8 ans – mis en place à l’occasion du Brexit arrive, pour les premiers venus, à son terme. Nous avons aussi en France des contributions sociales sur les hauts revenus élevées, sans commune mesure avec ce que proposent, par exemple, l’Espagne ou l’Italie. Il convient donc de veiller à conserver des mesures en faveur de l’attractivité pour garder les salariés de ces banques. Plus largement, vous notez l’arrivée de nouveaux pays investisseurs. Lesquels ? Effectivement, l’attractivité francilienne a pris une dimension un peu différente ces dernières années. Paris a toujours été une grande capitale mondiale, mais nous notons depuis le Brexit, et plus encore depuis la récente Coupe du monde de rugby, une diversification des pays qui y investissent. Ainsi, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sudet l’Amérique latine, dont le Mexique, font partie des nouveaux investisseurs. Nous enregistrons également des projets venus du Japon, de Coréedu Sud et d’Inde : les investissements ne sont pas nécessairement nombreux, mais ils sont en général importants et issus de sociétés très solides. L’Europe du Nord – et notamment la Suède – compte aussi pour nous, car s’y trouvent des entreprises intéressantes dans les domaines des mobilités et de l’énergie par exemple. Comment expliquez-vous ce nouvel intérêt ? C’est une rencontre entre un besoin de leur partde venir en Europe et une action volontariste de notre côté. Ainsi, la National Australia Bank, la plus grande banque australienne, a choisi Paris comme hub européen, il y a deux ans, et ceci a engagé un cercle vertueux. Valérie Pécresse s’est rendue en 2023 en Australie et en Nouvelle-Zélande, et des partenariats noués au plus haut niveau ont joué un rôle d’accélérateur. Nous sommes ensuite, en tant que Choose Paris Region, retournés sur place pour poursuivre ce travail. Enfin, nous avons utilisé la Coupe du monde de rugby pour faire venir des entreprises. Un autre exemple est l’Inde, où nous venons d’ouvrir un bureau à Mumbai. Cela fait suite, également, à un déplacement des responsables politiques franciliens, sous l’impulsion de Valérie Pécresse, dans ce pays où beaucoup de secteurs – l’intelligence artificielle, le spatial, le médical, etc. – nous intéressent. Dans quels secteurs, outre la finance, cherchez-vous des projets internationaux ? Notre démarche est d’identifier les sujets essentiels qui permettront à la Région Capitale de faire face à ses défis. Parmi ceux-ci se trouve tout ce qui concerne la construction durable, par exemple la construction hors-site, ou les mobilités. Souvent, cela passe par la transformation de fonciers industriels existants ; nous sommes donc en veille active des évolutions de ces fonciers. Nous devons réfléchir aux industries sur lesquelles nous pouvons être compétitifs, comme l’aéronautique, l’aérospatial, la cosmétique, la santé. Bien entendu, nous sommes aussi très présents dans la deeptech, l’intelligence artificielle ou le quantique. Enfin, le tourisme reste une classe d’actifs attractive. Notons ainsi les implantations de H-Hotels.com à Saint-Denis Pleyel et d’EasyHotel à Aubervilliers (Seine-Saint- Denis) ou encore des plateformes de location comme Apartool (Espagne) ou Fairbnb.coop (Italie). La fusion récente entre le Comité régional du tourisme et Choose Paris Region nous permet désormais d’avoir toutes les cartes en main pour générer un impact maximal sur ce secteur du tourisme.
- "Il faut promouvoir ce métier vertueux qui consiste à décarboner les territoires"
Directeur général d’Idex, Thomas Le Beux présente les activités d’un groupe proactif en matière de transition énergétique et qui a fêté, en 2023, les 60 ans de sa création à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Qu’est-ce qui fait la singularité d’Idex sur le marché de l’énergie ? Pour des collectivités et des industriels, nous concevons et exploitons des infrastructures énergétiques locales et bas carbone. En France, nous sommes l’unique acteur présent sur toute la chaîne de valeur de l’énergie. En amont, nous sommes capables de choisir les bonnes sources d’énergies locales, comme la géothermie ou la biomasse. Puis nous assurons la distribution de cette énergie au travers, notamment, de réseaux de chaleur. Enfin, nous savons optimiser les bâtiments en les équipant de panneaux solaires, de pompes à chaleur ou encore de chaudières à géothermie peu profonde. Avec 6 100 salariés, Idex n’est pas une major de l’énergie. Cependant, rapportée à son dimensionnement, sa capacité investissement est forte. Notre actionnaire Antin Infrastructure Partners nous permet de financer entre 250 et300 millions d’euros par an d’infrastructures. On a la chance d’avoir en France des entreprises avec de l’envie et des moyens. Il faut promouvoir ce métier vertueux qui consiste à décarboner les territoires. Dans le Grand Paris, quel projet est emblématique de l’offre d’Idex ? Idex gère le réseau de chaleur et de froid de La Défense pour le syndicat mixte GENERIA. Pour verdir le mix énergétique du site et sortir totalement du fioul, deux chaudières ont été reconverties à la combustion d’« agropellets ». Ce matériau fait partie de la famille de la biomasse. Il s’agit de granules végétaux fabriqués à partir de matières premières agricoles, c’est-à-dire de déchets verts, de paille, de noyaux d’olives, etc. Ces agropellets sont acheminés en train depuis l’Eure-et-Loir. Dans ce projet, il y a de l’innovation, avec une nouvelle source d’énergie, mais aussi du réemploi infrastructures existantes. On a fait du neuf avec du vieux. Les brûleurs des chaudières ont été remplacés et un système de « décendrage » a été créé. Les cendres issues de l’incinération sont valorisées localement en étant épandues pour fertiliser les sols. Nous sommes fiers de ce projet qui contribue à l’objectif de 60 % d’énergies renouvelables dans le quartier de La Défense. Comment envisagez-vous l’avenir dans le Grand Paris ? Nous comptons bien faire essaimer la technologie développée pour La Défense. Des tests ont été effectués sur le réseau de chaleur urbain de la Capitale, avec la Compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU). Il y a aussi le défi de la rénovation énergétique des bâtiments. En Île-de-France, en 2021, le résidentiel et le tertiaire concentraient 67 % de la consommation énergétique et émettaient 46 %des émissions de gaz à effet de serre*. Sur ces sujets énergétiques, somme toute assez consensuels, la Métropole du Grand Paris a la capacité d’avoir de vraies ambitions. L’interconnexion entre les territoires et l’élaboration de schémas cohérents en constituent des enjeux clés. C’est à cette échelle qu’il est par exemple possible d’éviter les doublons en matière d’investissements. * Selon les données du tableau de bord du Réseau d’observation statistique de l’énergie et des GES (ROSE) en Île-de-France. https://www.roseidf.org/panorama-regional/tableau-de-bord-2024











