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- QU’EST-CE QUE L’AXE SEINE ?
PARIS-ROUEN-LE HAVRE, UNE CONSTRUCTION POLITIQUE ? UNE UTOPIE ÉCONOMIQUE ? ET SI C’ÉTAIT UN PEU TOUT CELA À LA FOIS… PAR CÉSAR ARMAND « La Seine est le fleuve sur le bord duquel j’aurai passé l’essentiel de ma vie. Je me suis aperçu très tard que cette mince coulée grise et verte formait le centre d’un territoire mi-parti, réel et imaginaire, dont je n’avais cessé de vouloir déchiffrer le secret. » Cette déclaration d’amour mi-ironique, mi-sérieuse est signée François Sureau en ouverture de L’Or du Temps (Gallimard, 2020). Dans ce récit consacré au fleuve, le dernier académicien entré sous la Coupole écrit encore que « la Seine n’est rien, un fleuve assez provincial auquel ses berges, ses villes, ses écrivains et ses peintres tournent souvent le dos et qui n’apporte rien d’autre que l’occasion de rêver à de grands voyages ultramarins ». Car oui, l’axe Seine, avant d’être un axe de transport de marchandises et de personnes, est un fleuve. Un fleuve long de 775 kilomètres qui prend sa source à… Source-Seine, village de 62 habitants en Côte-d’Or (Bourgogne-Franche-Comté) et qui traverse quatre régions avant se jeter dans la Manche au niveau de la cité balnéaire normande d’Honfleur (Calvados). Tout au long de sa route, il aura arrosé des capitales départementales – Troyes (Aube) ou Melun (Seine-et-Marne) – et surtout des ports majeurs : Paris, Rouen et Le Havre. « Paris, Rouen, Le Havre ne forment qu’une seule ville dont la Seine est la grande rue », aurait d’ailleurs déclaré un certain… Napoléon Bonaparte, premier consul, en 1802. Paris, Rouen et Le Havre sont encore trois communes différentes mais, depuis le retour d’Édouard Philippe à la mairie du Havre et les réélections d’Anne Hidalgo et de Nicolas Mayer-Rossignol aux mairies de Paris et de Rouen, les villes retravaillent ensemble en ce sens. Les trois édiles ne font que reprendre le flambeau porté, en leur temps, par Bertrand Delanoë, Laurent Fabius et Antoine Rufenacht, mais ils ont au moins le mérite d’illustrer ce concept de « Grand Paris jusqu’au Havre », théorisé par l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy, il y a presque quinze ans. « Nous avons lancé Paris ville-monde avec l’évidence que la porte d’entrée essentielle du Grand Paris ne pouvait être que Le Havre », se souvient Christian Blanc, l’ancien secrétaire d’État chargé du développement de la Région Capitale. Depuis la loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris, le fleuve a effectivement continué de couler sous les ponts. Par exemple, en 2014, l’État a créé une délégation interministérielle au développement de la Vallée de la Seine. Force est de constater qu’en sept ans, « une conscience collective et une vision partagée s’incarnent dans la réalité », comme le relève l’ex-délégué interministériel François Philizot. Deux contrats de plan inter-régions Île-de-France-Normandie ont effectivement été signés depuis. Ils portent aussi bien sur la performance industrielle et logistique que sur les infrastructures ferroviaires et portuaires. L’illustration la plus emblématique est le programme d’investissement de 1,45 milliard d’euros sur la période 2020-2027 au bénéfice d’Haropa, l’établissement public portuaire unique né le 1er juin dernier. Haropa, le « Grand port fluvio-maritime » Fort de 1 800 collaborateurs, cet ex-groupement d’intérêt économique concentre tous les moyens qui financeront les projets de l’axe Seine en s’appuyant sur les trois directions territoriales de Paris, Rouen et Le Havre. Ces dernières gèrent tout l’opérationnel : les travaux, le dialogue social local, les relations avec les manutentionnaires. Le directoire qui siège au Havre est chargé des finances, du développement, de la multi-modalité et des transitions numériques et écologiques. Son président, Stéphane Raison, s’est fixé deux objectifs : d’un côté, renforcer cette toile industrielle en préparant mieux les terrains et en créant de la synergie entre les acteurs historiques et les nouveaux dans le sens de l’écologie ; de l’autre, accélérer le processus d’implantation sur le foncier portuaire. « Je ne peux pas passer dix ans à faire autoriser une zone de 150 hectares face à des prospects industriels qui souhaitent s’installer dans les deux ans, qui ont l’Europe pour horizon », confie-t-il. 80 % des marchandises, qui quittent Le Havre ou y arrivent, transitent en outre par la route, contre moins de 50 % à Anvers. Soit autant de camions sur les routes françaises au détriment des économies climatiques et financières. « Notre idée est de mettre le paquet sur le fluvial », réplique le président du directoire, qui fait remarquer que, dans le décret paru au Journal Officiel fin mai, Haropa ne s’appelle plus « Grand port maritime et fluvial » mais « Grand port fluvio-maritime ». Privilégier le mode de transport fluvial Pour Stéphane Raison, « rien que cette sémantique est un signal ». Il ne croit pas si bien dire. Toutes sources confondues, un convoi fluvial moyen de 4 500 tonnes représente 220 camions évités et donc autant de pollution atmosphérique. Soit entre 8,8 et 37,4 grammes de dioxyde de carbone par tonne et par kilomètre en moins. Sur l’axe Seine, le cousin d’Haropa, Voies navigables de France (VNF), entretient, exploite et développe au quotidien 1 400 kilomètres de voie d’eau, dont 700 à grand gabarit partagés. Le rôle de cet autre établissement public, dont les missions consistent à créer les conditions du développement du transport de fret, à concourir à l’aménagement du territoire et au développement touristique, et à assurer la gestion hydraulique en garantissant la sécurité des ouvrages, est crucial pour la réussite logistique de l’axe Paris-Rouen-Le Havre. Le directeur général de VNF, Thierry Guimbaud, et l’État ont signé, en mai, un contrat d’objectif et de performance (COP) sur dix ans pour améliorer les services rendus aux usagers des fleuves, à commencer par les chargeurs, transporteurs ou encore les compagnies touristiques. Et surtout pour faire du fluvial « le premier mode de transport devant la route et le rail », souligne Thierry Guimbaud. Après avoir subi le développement du réseau routier et autoroutier à grande capacité, puis la désindustrialisation du pays qui a fait que l’acheminement de matières premières lourdes a privilégié d’autres modes de livraison, le fleuve serait en train de prendre sa revanche. Selon les données de Voies navigables de France, 2019 a connu une croissance du trafic commercial de 10 % par rapport à 2018 et 2020, malgré le cataclysme de la pandémie, a atteint le niveau de 2018. D’autant que si les céréaliers, les BTPistes, les transporteurs de déchets ou encore les industriels de l’aéronautique sont des habitués, d’autres acteurs économiques pourraient redécouvrir les voies d’eau. « On pourrait faire passer quatre fois plus de bateaux qu’aujourd’hui. On est très loin de la limite de saturation à la différence de la route et du rail », assure encore le directeur général de VNF. Autre sujet et non des moindres à l’agenda de VNF : le canal Seine-Nord-Europe, prévu fin 2028 entre la Seine et l’Escaut pour connecter les bassins de la Seine et de l’Oise à tout le réseau fluvial nord-européen. Si ce chantier est enfin lancé après une dizaine d’années d’hésitations, il est encore parfois considéré comme une voie royale du port d’Anvers vers Paris. Pour Haropa, qui gère les ports de Paris, Rouen et Le Havre, il sera, au contraire, très utile au développement de la vallée de la Seine, selon Stéphane Raison. « Le fait de pouvoir récupérer dusucre ou des céréales qui vont descendre depuis le nord de la Picardie jusqu’aux terminaux de Rouen constituera un sacré avantage en termes de massification », explique-t-il. Normandie, Île-de-France, Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté et demain les Hauts-de-France. L’axe Seine, ce sera bientôt cinq régions administratives sur les treize que compte la France métropolitaine. La moitié de notre pays. Rien de moins.
- ATTRACTIVITÉ DU GRAND PARIS : LES TRANSPORTS AU CŒUR DES PRÉOCCUPATIONS DES SALARIÉS
AVANT LA CRISE SANITAIRE, TRANSILIEN SNCF TRANSPORTAIT 3,4 MILLIONS DE VOYAGEURS, AVEC UNE CROISSANCE DE 3 % PAR AN EN MOYENNE. EN CONSÉQUENCE, DES TRANSPORTS SOUVENT SATURÉS AUX HEURES DE POINTE ET UN INCONFORT DES VOYAGEURS SUR LEUR TRAJET DOMICILE-TRAVAIL. À L’HEURE OÙ LES SALARIÉS REVIENNENT AU BUREAU, TRANSILIEN SNCF ACCOMPAGNE LES ENTREPRISES AFIN D’AMÉLIORER LA QUALITÉ DE VIE AU TRAVAIL ET LEUR BILAN CARBONE, EN LES INCITANT NOTAMMENT À SE DÉPLACER EN DEHORS DES HEURES DE POINTE. EXPLICATIONS. Selon une enquête de Forum Vies mobiles publiée en mai 2021, 60 % des Franciliens rêvent de déménager dont 22 % hors Île-de-France et 71 % aspirent à passer moins de temps dans les transports. Les grands projets de transport comme le Grand Paris Express ou le prolongement du RER E à l’ouest pourront à terme y remédier en partie, offrant aux habitants un maillage du territoire toujours plus dense, notamment en petite et grande couronnes. Pour autant, la problématique reste entière alors qu’aujourd’hui 68 % des emplois sont concentrés sur seulement 6 % de la région, essentiellement à Paris, en petite couronne et quelques bassins d’emploi en grande couronne. Les besoins de déplacement sont donc toujours plus forts. Avant 2020, Transilien transportait 3,4 millions de voyageurs avec une croissance de 3 % par an. Cela produit une saturation des transports en heures de pointe, avec inconfort et stress des salariés sur leur trajet. Qu’en sera-t-il demain ? Les nouvelles organisations du travail observées durant la crise impacteront-elles positivement les heures de pointe ? Les projections sur le télétravail, 1 ou 2 jours par semaine, donneraient des hypothèses médianes de baisse de trafic entre 5 et 10 % aux heures de pointe sur le réseau et, pour des axes majeurs vers les grands pôles d’emploi, une diminution de 6 à 13 % aux heures de pointe (étude de l’Institut Paris Région et Kisio - sept. 2020). Les effets seront inégaux en fonction des lignes et de la typologie des bassins d’emploi qu’elles desservent. En terme de volumes de déplacement, cela n’aurait que peu d’impact sur le confort des voyageurs aux heures de pointe. C’est pourquoi, Transilien SNCF avec la région Île-de-France et Île-de-France Mobilités se sont engagés collectivement en impliquant les entreprises à travers des chartes dédiées aux pôles d’emploi comme La Défense ou Plaine Commune. Accompagner le retour des salariés : le transport comme levier de la qualité de vie au travail Transilien accompagne les entreprises sur une série d’actions parmi lesquelles le décalage des heures d’arrivée et de sortie des bureaux. Cette démarche poursuit 3 objectifs : désaturer les heures de pointe pour rassurer les salariés en période de pandémie ; rendre plus confortable le trajet du salarié dans les transports et ainsi améliorer sa qualité de vie au travail (et son bilan carbone) ; gagner 1,5 à 3 points de ponctualité (sur une estimation de 10 % de voyageurs décalant ses horaires). Il suffit parfois de décaler de 15 ou 30 minutes son arrivée pour retrouver des trains moins fréquentés. Au moment où les salariés reprennent le chemin des bureaux, les entreprises ont donc un véritable rôle à jouer en matière de qualité de vie au travail de leurs salariés. Transilien est à leur côté pour y parvenir. Tous les conseils de Transilien SNCF sur : www.transilien.com/fr/page-deplacements/affluence
- LE GRAND PARIS VU PAR LES MAIRES QUI L’ENTOURENT
MICHAËL DAMIATI, MAIRE DE CROSNE (ESSONNE), RAPHAËL COGNET ET KARL OLIVE, RESPECTIVEMENT MAIRES DE MANTES-LA-JOLIE ET DE POISSY (YVELINES), OU JEAN-FRANÇOIS VIGIER, MAIRE DE BURES-SUR-YVETTE (ESSONNE), ENTENDENT TOUS, CHACUN AVEC LEUR VISION, PRENDRE PLEINEMENT PART AU DÉVELOPPEMENT D’UNE MÉTROPOLE DES PROJETS. PAR JACQUES PAQUIER, DIRECTEUR DE LA RÉDACTION DU JOURNAL DU GRAND PARIS Michaël Damiati “Conserver sa souveraineté et ses prérogatives” « Nous aurions pu choisir d’intégrer la Métropole, lors de sa création en 2016, mais nous ne l’avons pas souhaité », rappelle Michaël Damiati, maire de Crosne et vice-président de la communauté d’agglomération Val d’Yerre Val de Seine (Cavyvs). Un refus motivé par la crainte de voir sa souveraineté érodée et ses prérogatives en partie transférées à la Métropole. Au 1er janvier 2016, dans le cadre de la mise en œuvre du Schéma régional de coopération intercommunale (SRCI), les EPCI à fiscalité propre de grande couronne, dont le siège se situe dans l’unité urbaine de Paris, ont été regroupés en ensembles d’au moins 200 000 habitants, sauf dérogation. Les communautés d’agglomération du Val d’Yerre et du Val de Seine, qui rassemblaient 130 000 habitants pour la première et 100 000 pour la seconde, ont donc fusionné. Un moindre mal pour Michaël Damiati, qui assure qu’il a conservé l’ensemble de ses compétences d’urbanisme, au premier rang desquelles figure la définition de son plan local d’urbanisme. « Cette prérogative est essentielle, elle doit demeurer de proximité », indique-t-il. « Si vous enlevez cela aux maires, il ne leur reste plus rien », ajoute l’élu. Le maire de Crosnes souligne la forte attractivité de sa commune, capable d’offrir à la fois un cadre de vie vert et préservé, une taille humaine et la proximité avec des pôles économiques majeurs (Rungis, Orly, Évry, Créteil). Il note, néanmoins, des problèmes importants de circulation liés en grande partie à l’existence d’un unique pont pour traverser la Seine, qui aboutit à des embouteillages monstres matin et soir. Il se félicite, à ce sujet, de la mise en service prochaine du Téléval, téléphérique urbain qui reliera Villeneuve-Saint-Georges à la Pointe du Lac, à Créteil. Michaël Damiati regrette, toutefois, un manque de dialogue entre les institutions, qui crée des frontières étanches entre départements par exemple, au mépris de la réalité des bassins de vie. Il rêve de la poursuite, par Crosne, du réseau de pistes cyclables mis en place dans le Val-de-Marne et qui pourrait, estime-t-il, se poursuivre pour constituer un parcours touristique en Essonne dont sa ville serait le point de départ. Raphaël Cognet “L’arrivée d’Eole va comprimer l’espace” « Le Grand Paris est un concept extrêmement lointain pour moi », indique Raphaël Cognet. « Et je ne crois pas que la Métropole constitue une réalité tangible pour les habitants. À Mantes, la Région est notre partenaire naturel. En revanche, l’arrivée d’Eole va nous connecter avec l’ensemble des territoires du Grand Paris », se félicite le maire de Mantes. Pour ce jeune élu, qui place le développement économique et l’emploi au cœur de ses priorités, l’arrivée d’Eole va permettre à ses administrés « de gagner du temps, en comprimant l’espace ». L’élu y voit l’opportunité de valoriser un territoire au foncier encore très largement disponible. « Aujourd’hui, nous sommes une poche de pauvreté dans un département et une région riches », note le président de Grand Paris Seine & Oise. L’arrivée du RER E « permettra en outre à nos habitants d’aller consommer dans le Grand Paris, poursuit Raphaël Cognet, au sens large, commercial certes, mais aussi culturel ». Karl Olive “Le Grand Paris, c’est une tournure d’esprit” « Comme Le Corbusier affirmait que l’architecture n’est pas un métier mais une tournure d’esprit, je dirais volontiers que le Grand Paris est un état d’esprit », résume Karl Olive. « Je me considère personnellement au centre du Grand Paris », souligne le maire de Poissy. L’élu s’inscrit dans une logique « gagnant-gagnant », partenariale, et non en opposition ou en concurrence, que ce soit vis-à-vis des autres territoires ou niveaux d’administration. « Quand l’État, la Région ou le Département investissent des millions pour financer de nouvelles lignes de tramway ou de RER, il me semble logique qu’en échange, les élus locaux s’engagent pour densifier les quartiers de gare », estime cet apôtre « de la communication par la solution ». « Le Grand Paris doit constituer un catalyseur pour le développement du bien vivre ensemble », poursuit-il. Aujourd’hui, Karl Olive se réjouit de voir que toutes demeures mises en vente à Poissy ont trouvé preneur en moins de 15 jours, ce qui n’a pas toujours été le cas. Alors ne lui parlez pas d’une métropole du Grand Paris qui concentrerait les moyens, les regards et les dotations au mépris des territoires plus périphériques : « J’ai toujours dit qu’il fallait être acteur de sa ville et pas spectateur de celle des autres. » Jean-François Vigier “Pour une Métropole-Région” « La Métropole, c’est la Région », déclare d’emblée Jean-François Vigier. Pour le maire de Bures-sur-Yvette, président du groupe UDI à la Région, la MGP « a complexifié l’organisation institutionnelle francilienne ». « Les enjeux clé d’une ville-monde sont le développement économique, le tourisme et la mobilité, trois compétences exercées par la Région », poursuit celui qui présida le Forum métropolitain du GrandParis en 2017. Année au cours de laquelle une réforme du millefeuille francilien était attendue dans le sillage de l’élection d’Emmanuel Macron. « Mais le président a ouvert des débats sur les compétences et la gouvernance, et rien ne s’est passé », constate-t-il. Jean-François Vigier rappelle qu’en 2016, la communauté d’agglomération refusa à l’unanimité d’intégrer la MGP, notamment pour ne pas perdre son autonomie fiscale. Et ne l’a jamais regretté depuis.
- MODERNISER ET VÉGÉTALISER LE PREMIER QUARTIER D’AFFAIRES EUROPÉEN : PIERRE-YVES GUICE
DIX-HUIT MOIS APRÈS LE DÉBUT DE LA CRISE SANITAIRE, LE QUARTIER D’AFFAIRES S’EST ADAPTÉ AUX NOUVEAUX RYTHMES DE TRAVAIL ET NOUVELLES HABITUDES DES SALARIÉS. PROJETS DE VÉGÉTALISATION, MODERNISATION DES ESPACES PUBLICS, DIVERSIFICATION DE L’OFFRE TERRITORIALE… PIERRE-YVES GUICE, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE PARIS LA DÉFENSE, FAIT LE POINT SUR L’AVENIR DU PREMIER QUARTIER D’AFFAIRES EUROPÉEN. PROPOS RECUEILLIS PAR LE MAG Quel est l’impact de la crise sanitaire sur le quartier d’affaires ? Le quartier est très résilient. La crise sanitaire n’a eu que peu d’incidence sur les projets urbains et immobiliers engagés. En revanche, l’impact sur l’économie locale est réel. Les trois confinements successifs et les décisions du gouvernement en matière de télétravail ont durement impacté La Défense. Restaurants, centres commerciaux et hôtels ont fortement souffert de la baisse de fréquentation du quartier d’affaires. Cependant, contrairement aux prévisions faites au début de la crise, le tout télétravail ne pourra pas devenir la norme. En témoigne le retour massif des salariés dès que les mesures gouvernementales s’assouplissent. Le bureau reste essentiel. Il n’est pas qu’un lieu de production, il est aussi et surtout un lieu de socialisation. Nous continuons d’échanger avec des investisseurs et de nouveaux projets immobiliers vont être dévoilés dans les mois qui viennent. Leur confiance en La Défense n’a pas faibli. Le lancement du projet The Link en est le plus bel exemple. La plus haute tour de France, futur siège social de Total Energies, a été engagée en 2020, au cœur de la crise sanitaire. Dans le contexte de crise que nous traversons, comment le quartier peut-il continuer de séduire et répondre aux nouvelles attentes des entreprises et de leurs salariés ? La crise sanitaire a fait monter le niveau d’exigence des entreprises et de leurs salariés en matière d’offre immobilière. Il ne suffit plus de proposer des mètres carrés au juste prix. Il faut aussi proposer davantage de services pour attirer les entreprises et donner envie de retourner au bureau. Pour cela, Paris La Défense dispose de solides fondamentaux : un hub de transports en commun majeur qui sera renforcé en 2023 avec l’arrivée du RER E, une offre immobilière de très haute qualité et un écosystème business unique en France. Depuis plusieurs années, l’établissement a engagé une stratégie de diversification du quartier d’affaires pour en faire un véritable quartier de vie. La mixité est un enjeu clé de l’attractivité de La Défense. En plus des bureaux, le site doit continuer de proposer davantage de commerces et de restaurants, une offre culturelle et de loisirs importante et enrichir son offre résidentielle. La livraison de Paris La Défense Arena, plus grande salle de spectacles d’Europe, et l’ouverture de 15 nouveaux restaurants sont un signal fort du renouveau du quartier. Quels sont les grands enjeux urbains du quartier ? Quels sont les grands projets à venir ? L’établissement poursuit son action de modernisation et de végétalisation du quartier. De nombreux projets nourrissent cette démarche. Nous avons engagé un ambitieux projet de transformation de l’Esplanade de La Défense en un parc urbain de 7 ha d’ici 2026. C’est un projet qui relève véritablement du challenge dans un contexte urbain de dalle et dans un site aussi densément occupé. Toujours sur l’axe historique, au cœur du quartier d’affaires, Paris La Défense a lancé un projet de transformation totale de la place de La Défense. Site emblématique et lieu de passage quotidien de dizaines de milliers de personnes, la place va être totalement modernisée grâce à des espaces publics plus confortables et plus esthétiques, qui accueilleront davantage de végétation. À l’Ouest de La Grande Arche, à Nanterre, le quartier des Groues est également en train de sortir de terre. Sur cette ancienne friche ferroviaire va naître un quartier éco-conçu qui accueillera, à terme, 10 500 habitants et 12 000 salariés. Il s’agit de l’une des plus grandes ZAC d’Île-de-France. Quels sont les défis du quartier d’affaires ? Comment imaginez-vous son avenir ? L’une de nos priorités est d’opérer la transition écologique du quartier. De nombreuses actions sont déjà mises en œuvre par notre établissement et par les acteurs du territoire, que ce soit en matière de construction ou d’exploitation. En revanche, il faut donner corps et lisibilité à ces actions. Pour ce faire, nous nous sommes engagés dans une démarche de formalisation de notre raison d’être, au sens de la loi PACTE. Cette démarche nous oblige à nous interroger et à nous projeter dans un développement encore plus durable du quartier d’affaires.Nous serons en mesure de présenter les fruits de ce travail et notre plan d’action au début de l’année 2022. Propos recueillis par le mag Nommé directeur général de l’établissement public en charge de l’aménagement, de la gestion, de l’animation et de la promotion de La Défense, Pierre-Yves Guice était auparavant directeur général adjoint des services du département des Hauts-de-Seine. Diplômé de l’école Polytechnique, ingénieur en chef des Ponts, des Eaux et des Forêts, il a débuté sa carrière en administration centrale et occupé plusieurs postes dans des Forêts, il a débuté sa carrière en administration centrale et occupé plusieurs postes dans des établissements publics d’aménagement.
- À L’ÉCHELLE DE L’EUROPE ET DU MONDE, LA RÉGION CAPITALE RAYONNE : PASCAL CAGNI
PASCAL CAGNI RAPPELLE LES MULTIPLES ATOUTS DE LA RÉGION CAPITALE, DOPÉE PAR LE GRAND PARIS, QUI BÉNÉFICIE D’UNE IMAGE FORTE AUPRÈS DES INVESTISSEURS ÉTRANGERS. LE PRÉSIDENT DE BUSINESS FRANCE SOULIGNE NOTAMMENT LA FORCE DE LA R&D FRANCILIENNE, VECTEUR DES EMPLOIS DE DEMAIN. IL APPELLE, ÉGALEMENT, À UNE SIMPLIFICATION ADMINISTRATIVE ET À UN DÉCLOISONNEMENT PUBLIC/PRIVÉ. PROPOS RECUEILLIS PAR JACQUES PAQUIER Quels sont aujourd’hui, selon vous, les atouts de l’Île-de-France, notamment en lien avec le Grand Paris, dont on a souvent dit qu’il était un game changer pour l’image de la France telle qu’on l’aimait à l’étranger ? Atteindre une masse critique est à mon sens un gage de réussite. C’est la première des raisons pour lesquelles je pense que le Grand Paris est une très bonne chose. Et je crois que la présidente de la Région Île-de-France, Valérie Pécresse, mais aussi Lionel Grotto, en charge de Choose Paris Region, font des choses remarquables en faveur de l’attractivité francilienne. Il faut tout mettre en œuvre pour définir un message qui soit cohérent entre le Grand Paris d’une part et ce que l’on dit au niveau de la France ou des autres régions françaises d’autre part. Cette cohérence a été l’une de mes grandes batailles menées tout au long de mon mandat à la présidence de Business France. Nous avons créé, avec les différentes équipes qui m’entourent, les Team France Export & Invest. Désormais, nous allons faire en sorte que le Grand Paris tire pleinement parti d’un plan de relance qui s’articule, rappelons-le, autour de trois grandes idées : la cohésion sociale, l’innovation et la transition écologique. Je constate d’ailleurs que la création d’entreprise est en train d’exploser en Île-de-France. À l’échelle de l’Europe et du monde, la Région Capitale rayonne : ce sont plus de 18 universités et une recherche et développement au plus haut niveau qui précèdent très souvent les implantations industrielles. Rappelons que l’Université Paris Saclay (UPS) vient d’être reconnue comme étant la première université en mathématiques par le classement de Shanghai et la 14e université du monde toutes matières confondues. Il faut s’en réjouir. Nous pourrions également citer les 46 millions d’euros mobilisés sur les 9 territoires d’industrie franciliens. J’estime que les industries situées dans le Grand Paris bénéficient à hauteur de 28 % des 10 milliards d’euros de baisse d’impôts de production. C’est important pour que l’on puisse fixer les emplois. Tout cela nécessite un effort de pédagogie. Les investisseurs étrangers avec qui je parle quasiment tous les jours depuis maintenant quatre ans sont extrêmement sensibles à ces arguments. Pourquoi estimez-vous que le sport est également un vecteur d’attractivité ? Alors que nous allons organiser les Jeux olympiques et paralympiques de 2024, que nous accueillerons à nouveau une coupe du monde de rugby en 2023 et que nous venons d’organiser celle de football féminin, si la France n’a pas de grands projets, qui en a ? J’ai vécu à Londres où j’ai pu voir comment l’Angleterre, au moment des Jeux olympiques, a réussi à développer une image de marque très forte avec une campagne adaptée baptisée « Great Britain » et qui a attiré les emplois en nombre. Aujourd’hui, à la faveur d’un jeune président, qui mène de vraies réformes, et d’une génération montante qui aspire souvent à créer sa propre boîte, il faut encore une fois que l’on se rende compte que le monde entier envie notre attractivité. Il faut se défier des discours populistes et montrer les faits et les chiffres. Il faut parler des gens qui réussissent, s’assurer de ne pas les condamner lorsqu’ils ne réussissent pas. Si l’on fait cela, je pense que ce pays a un potentiel qu’il ignore. Pourquoi insistez-vous sur la recherche et le développement ? Parce que c’est la seule vraie bataille du XXIe siècle. Nous sommes en train de quitter l’âge de bronze de la Tech et on n’a encore rien vu venir… Ce qui est devant nous, c’est le développement de l’intelligence artificielle et du cloud, autant de nouvelles opportunités de créer des entreprises qui tirent parti des technologies ou des plateformes offertes par les GAFA afin de créer nous-mêmes nos emplois. Il faut positionner le Grand Paris comme un leader au sein de l’Europe et dire qu’en France, nous avons des métropoles qui complètent cette position de manière forte. Il est incontestable que Lyon, par exemple, possède un savoir-faire très fort sur la santé, que Toulouse est incontestablement un leader européen sur l’aérospatial, que nous avons évidemment en matière d’œnologie mais aussi de matières premières des savoir-faire à Bordeaux, que Lille, grâce à son positionnement au milieu du croissant européen qui va de Londres à Milan, occupe une place centrale en matière de logistique avec une main-d’œuvre très bien formée. Nous exerçons un leadership mondial, sur des secteurs qui vont de la cybersécurité à la physique quantique, mais aussi dans le domaine des maladies dégénératives ou encore des industries culturelles. Si l’on reste bienveillants en souhaitant la bienvenue aux investisseurs étrangers, on va continuer à créer de la valeur et du bien-être partout. Pas seulement dans le centre de Paris mais aussi dans les banlieues, ce qui est fondamental ! C’est simple, malheureusement dans un monde qui est pollué par une multitude d’images et d’informations, il faut se concentrer sur un petit nombre de messages et donc pouvoir vanter le Grand Paris leader européen en matière d’immobilier, d’attractivité, de siège sociaux, de recherche, de développement, de talents… Acteurs du Grand Paris a vocation de favoriser les coopérations publiques-privées. Vous qui parcourez le monde, pensez-vous qu’il y ait matière en France à abattre certaines frontières à l’heure où l’on va réformer l’ENA et la haute fonction publique ? À titre personnel, je suis pour un état fort car comme l’a prouvé la crise de la Covid, l’état a joué un rôle décisif pour préserver l’économie. Pour autant, il est essentiel de continuer à réformer l’état parce que je pense qu’aujourd’hui, le segment des emplois non commerciaux occupe une place trop importante. La prochaine réforme de l’état devra s’inspirer de la convention managériale de l’état, où un travail d’identification des faiblesses, des dysfonctionnements, des difficultés a été réalisé suite à la crise et aura pour objectifde trouver enfin le juste équilibre après des multiples lois de décentralisation et de déconcentration qui se sont succédé dans notre pays au cours des dernières décennies. En tant que président de l’Établissement public industriel et commercial (Epic) qu’est Business France, j’ai eu une vrai préoccupation à la faveur de la Loi Pacte qui est celle de rééquilibrer au sein du conseil d’administration la représentation des entreprises à parité avec nos nombreuses tutelles.
- PARIS-SACLAY, UNE SOURCE D’INSPIRATION FACE AUX ENJEUX URBAINS ACTUELS ? : PHILIPPE VAN DE MAELE
LA TRIBUNE DE PHILIPPE VAN DE MAELE, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’EPA PARIS-SACLAY Créé par la loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris, l’Établissement public d’aménagement Paris-Saclay développe depuis maintenant plus de dix ans, avec l’ensemble de ses partenaires, l’un des principaux clusters scientifiques et technologiques au monde, dotant la France de capacités à répondre aux grands défis de la planète en matière de santé, de transition énergétique, de mobilité, d’économie…. Structuration d’un pôle académique et de recherche de renommée internationale autour de l’Université Paris-Saclay et de l’Institut Polytechnique de Paris, développement et animation d’un écosystème d’innovation identifié dès 2013 par la MIT Technology Review, aménagement de nouveaux quartiers de ville dans une logique de développement durable,… telles sont les ambitions qui rythment cet exceptionnel projet, unique en Europe. Aux portes de la capitale française et autour d’une zone de protection naturelle, agricole et forestière de plus de 4 000 hectares qui le magnifie, ce territoire accueille, de Massy à Versailles en passant par Saint-Quentin-en-Yvelines, une exceptionnelle concentration d’établissements d’enseignement supérieur, de laboratoires de recherche publics, de centres de R&D privés et d’entreprises innovantes de toutes tailles et de grande réputation. Une vision polycentrique assumée Avec une nouvelle approche de l’aménagement du territoire dans une région aussi dense que celle de l’Île-de-France, Paris-Saclay est le fruit d’une vision polycentrique assumée autour de nouveaux quartiers de gare et d’une réflexion collective initiée par l’État mêlant, à la fois, l’intelligence du territoire et celle de ses élus, de ses usagers et citoyens. C’est la conjugaison apparemment improbable des enjeux urbains, environnementaux et sociaux que l’EPA tend aujourd’hui à réaffirmer dans une stratégie de développement durable et de responsabilité sociétale. Des enjeux que viendra renforcer la ligne 18 du Grand Paris Express dès son arrivée en 2026. Infrastructure majeure du développement de Paris-Saclay avec 10 gares programmées, ce métro automatique reliera le cluster aux hubs stratégiques du Grand Paris et répondra d’autant plus aux problématiques d’accessibilité et de déplacement des habitants et des usagers, tout en favorisant les synergies et la création de véritables lieux de vie. Paris-Saclay s’appuie sur un bassin d’emplois solide qui présente déjà une des parts les plus importantes de la région où les résidents travaillent sur place. Cette Opération d’intérêt national entend conforter la voie d’un changement de paradigme selon lequel il peut y avoir d’autres cœurs puissants permettant à un organisme central de vivre mieux. Cette organisation en polycentrisme, assurant l’ensemble des fonctions nécessaires à un écosystème équilibré (économique, habitat et environnementale), que les confinements de ces derniers mois ont pu renforcer dans le débat, constitue un des modèles pour les grandes agglomérations durables du XXIe siècle.
- L’INVESTISSEMENT PUBLIC LOCAL, CLÉ DE VOÛTE D’UNE RELANCE ÉCONOMIQUE VIGOUREUSE : STÉPHANE MOUTY
APRÈS CHAQUE CRISE MAJEURE, LA DYNAMIQUE DE RELANCE EST SOURCE D’OPPORTUNITÉS POUR DES CHANGEMENTS ÉCONOMIQUES ET SOCIÉTAUX POSITIFS ET UNE AMÉLIORATION DE NOS CADRES DE VIE. LA CRISE SANITAIRE ACTUELLE NE SAURAIT FAIRE EXCEPTION. ET LE GRAND PARIS PEUT EN PROFITER POUR SON DÉVELOPPEMENT À VENIR. RENCONTRE AVEC STÉPHANE MOUTY, DIRECTEUR DU SECTEUR PUBLIC LOCAL ÎLE-DE-FRANCE DE LA BANQUE POSTALE. Quels sont, selon vous, les enjeux de la sortie de crise pour le Grand Paris ? Le Grand Paris est engagé dans la compétition des « villes-mondes ». La métropole est en concurrence avec New York, Tokyo ou Londres. Son enjeu principal est dès lors celui de l’attractivité. Cela vis-à-vis des investisseurs mais aussi des citoyens. Paris a perdu 53 000 habitants entre 2012 et 2017 (1) et le mouvement s’est accéléré avec la crise sanitaire. Dans cette compétition, l’ossature offerte par le Grand Paris Express est un atout maître. Le Grand Paris représente huit fois la superficie de Paris mais il reste quasiment deux fois plus petit que le Grand Londres Quel rôle l’investissement public local doit-il jouer dans le processus de relance ? Il est central. Dans l’histoire contemporaine, toutes les grandes sorties de crise ont été impulsées par le secteur public. L’investissement public – dont 55 % dépendent des acteurs publics locaux – forme la clé de voûte d’une relance à la française. La capacité de rebond des collectivités territoriales est d’autant plus forte qu’elles sont les acteurs publics ayant le mieux résisté à la crise, avec un solde budgétaire à quasi équilibre fin 2020 et une capacité d’auto-financement largement préservée. La transition écologique est au cœur du plan France Relance. Que met en œuvre La Banque Postale pour accompagner ce mouvement ? Conjuguer relance économique et transition énergétique, c’est dans notre ADN. Un exemple emblématique en est le financement par La Banque Postale de l’unité de valorisation énergétique du Syctom, via un prêt vert de 75 Me. Mais nous savons aussi mettre le financement vert à la portée de tous, particuliers compris. En témoigne notre récent engagement auprès du Grand Paris dans le soutien apporté aux propriétaires de maison, porteurs d’un projet de rénovation énergétique performante. Cela dans les 53 communes engagées dans le dispositif du parcours de rénovation énergétique performante du pavillonnaire (PREP) (2). Ce partenariat illustre notre modèle de co-construction des solutions avec nos clients : notre marque de fabrique. (1) Source : INSEE Flash Île-de-France n°45 – décembre 2019. (2) Le programme PREP s’inscrit dans le cadre du SARE (Service d’accompagnement à la rénovation énergétique) piloté par l’ADEME. 7,1 milliards d’euros C’est le montant total des financements à court, moyen et long termes accordés par La Banque Postale aux acteurs du Grand Paris (collectivités territoriales, établissements publics et EPL, aménagement, logement, santé, médico-social, associatif), pour 2019 et 2020.
- LES SEM DU GRAND PARIS SE RÉINVENTENT
TRADITIONNELLEMENT CONCESSIONNAIRES D’OPÉRATIONS D’AMÉNAGEMENT, LES PRINCIPALES SOCIÉTÉS D’ÉCONOMIE MIXTE FRANCILIENNES, CRÉÉES À L’INITIATIVE DE COLLECTIVITÉS TERRITORIALES, ÉLARGISSENT LEUR PALETTE D’OUTILS AFIN DE FAIRE FACE AU NOUVEL ENVIRONNEMENT BEAUCOUP PLUS CONCURRENTIEL. TOUT L’ENJEU CONSISTE À LIER RENTABILITÉ ÉCONOMIQUE ET INTÉRÊT GÉNÉRAL. PAR FABIENNE PROUX Le constat est unanime : depuis 3 à 4 ans, l’aménagement historiquement réservé aux acteurs publics, souvent par le biais de sociétés d’économie mixte (SEM), est devenu un secteur extrêmement concurrentiel sous le double effet de la réduction de la taille des opérations et de la rareté du foncier. Conséquence : les opérateurs privés disposant d’importants moyens financiers se positionnent aux endroits les plus créateurs de valeur, autour des gares par exemple, laissant aux aménageurs publics les endroits où il est difficile de sortir des opérations, car le prix des logements reste peu élevé et les valeurs créées ne permettent pas de faire des équipements publics. Tout l’enjeu pour ces SEM consiste à « réussir à développer la ville mixte socialement et fonctionnellement », explique Christophe Richard, directeur de Sadev 94, l’opérateur de plusieurs collectivités val-de-marnaises. Une gageure face à « l’étirement du Grand Paris » qui contribue à survaloriser les terrains notamment autour et aux alentours des gares du Grand Paris Express (GPE), rendant encore problématique la production de logements sociaux et en accession. « Il est légitime que les promoteurs gagnent de l’argent. Il est anormal que l’aménageur en perde », résume Maurice Sissoko, directeur général de Citallios. Face à ce nouveau paradigme, et pour rester « attractives », les SEM d’aménagement franciliennes ont dû repenser leur modèle économique et s’adapter en élargissant leurs activités, et parfois même leur territoire de base. « Une entreprise comme la nôtre ne doit plus être dédiée à une collectivité locale, mais agir comme un acteur économique dont ont besoin les territoires », convient Willem Pauwels, directeur de Paris Sud Aménagement, dont l’actionnaire majoritaire est la ville de Massy (Essonne). « Notre objectif est d’être présents sur l’ensemble de la chaîne de valeurs des métiers de la production de la ville, sans vouloir tout faire, mais en apportant des réponses. » D’autant que « lorsqu’un élu lance une concession d’aménagement, il a des idées sur ce qu’il veut, mais il attend d’un aménageur que celui-ci lui propose un projet global », souligne Maurice Sissoko. « Influencer les promoteurs vers des nouvelles formes » Tout le défi qui se pose aux SEM est, selon Pascal Popelin, directeur de Sequano, outil d’aménagement de la Seine-Saint-Denis, de savoir comment être capables de résoudre à la fois les sujets d’innovation (flux de circulation, îlots de fraîcheur, assainissement plus vertueux), de qualité des constructions (quel bilan carbone, quelle insertion dans l’environnement, quel travail pour dépolluer ?), de maîtrise des coûts, de densité et de respect des délais. « On attend de nous une hyper-professionnalisation avec une grande technicité liée à l’agilité que l’on peut trouver dans le secteur privé tout en demeurant au service de l’intérêt général », énonce ce dernier. Pour Christophe Richard, le rôle de la SEM est aussi « d’influencer les promoteurs vers des nouvelles formes », plus flexibles pour être en phase avec les attentes du marché. Sur la ZAC d’Ivry Confluences, à Ivry-sur-Seine, Sadev 94 incite les opérateurs privés à imaginer des unités tertiaires de plus petite taille (moins de 5 000 m2) permettant aux grands groupes de faire travailler des salariés sans qu’ils aient besoin de venir au siège et ainsi « éviter ces immenses mouvements pendulaires de l’est à l’ouest de Paris ». Pour relever tous ces enjeux, il faut pouvoir disposer d’un panel d’outils de manière à adapter la réponse à chaque circonstance. La première réponse de ces sociétés d’économie mixte a consisté à créer des filiales de promotion immobilière : Sequano résidentiel en 2019, Citallios et SEM Grand Paris Sud Aménagement en 2020. Tout l’intérêt est de capter une partie de la valeur ajoutée des opérations qu’elles portent. « Plutôt que de socialiser les pertes et de privatiser les produits, nous faisons les deux », explique Maurice Sissoko. La stratégie de Citallios consiste à investir en fonds propres à hauteur de 20 à 30 %dans des opérations de promotion immobilière « en fonction des risques pris pour avoir du foncier et le rendre constructible ». « Cela a été bien accepté par les promoteurs parce que nous menons cette activité dans une filiale dédiée et en pratiquant leurs propres règles », prévient le dirigeant de Citallios qui interviendra toujours en co-promotion et restera minoritaire. En juin dernier, Citallios annonçait trois opérations réalisées pour 300 logements (18 000 m2 de surfaces). Co-promoteur « d’utilité publique » De plus, « ce co-promoteur “d’utilité publique” se pose en garant pour ses collectivités locales actionnaires d’un programme en phase avec leurs attentes et avec ce qui a été convenu initialement », ajoute Pascal Popelin. Sequano, qui a 11 projets en cours, livrera en 2021 une première opération de ce type portée avec Vinci Immobilier à Drancy (Seine-Saint-Denis). Face à la difficulté de maîtriser un foncier devenu de plus en plus rare et donc cher, plusieurs SEM envisagent de se doter de foncière dédiée. Citallios a déjà franchi le pas. Une opération a ainsi été conclue avec le rachat d’un montant de 175 millions d’euros en février 2021 du siège de Bic (3,8 ha) à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) dans le cadre d’un groupement avec BNP Paribas Real Estate. Chez Sequano, la décision fait l’objet d’une réflexion. Pour faciliter le parcours résidentiel, les SEM s’inscrivent dans la démarche en plein développement initiée par les Organismes de fonciers solidaires (OFS). Mise en œuvre par des collectivités locales, celle-ci consiste à désolidariser la propriété du foncier de celle du bâti de manière à permettre à des classes moyennes d’acquérir leur logement, en général intermédiaire, en zone tendue à un coût inférieur à celui du marché. Ainsi, Citallios est monté à hauteur de 20 % au capital de l’OFS des Yvelines créé en avril 2021 qui a vocation à réaliser 450 logements en BRS (bail réel solidaire) par an. Sequano étudie les modalités de la procédure. Enfin, ces SEM se positionnent, également par le biais de foncières, sur la gestion active des rez-de-chaussée des immeubles pour réduire la part de logement et y implanter des activités (commerces, services, artisanat). L’idée consiste à acquérir les locaux le temps que le porteur du projet rentabilise son activité. Île-de-France Investissements et Territoires : une foncière régionale pour compenser le retrait des investisseurs privés Créée par la région Île-de-France au printemps 2020 avec quatre partenaires*, la SEM patrimoniale Île-de-France Investissements et Territoires est une foncière qui a vocation à construire, réhabiliter ou acheter des actifs existants et atypiques (locaux d’activités et industriels, friches, tiers lieux, maison de santé) dans un objectif de maintenir l’emploi, relocaliser des activités ou encore contribuer à la réindustrialisation de la région. « Nous apportons une réponse à des entreprises mises en difficulté par la crise qui souhaitent vendre leurs murs pour retrouver des marges financières », souligne Olivier Pagezy, directeur général de la foncière régionale qui intervient en co-investissement avec divers partenaires publics ou privés, dont des SEM patrimoniales locales. Ainsi, le cas de la première opération d’IDF Investissements et Territoires, réalisée en mars dernier à Nemours (Seine-et-Marne) avec la SEM du Pays de Fontainebleau pour racheter les murs de la société Lewis Industrie, en redressement judiciaire, et lui permettre de poursuivre son activité. Dotée de 10 millions d’euros de fonds propres, IDF Investissements et Territoires dispose d’une capacité d’intervention entre 80 et 100 millions d’euros qui pourrait être portée à 150 millions tant la demande est forte. « La crise ayant renforcé les inégalités territoriales, nous compensons depuis son apparition le retrait des investisseurs privés en intervenant là où le marché intervient peu ou plus », explique Olivier Pagezy. La région Île-de-France (55,4 % du capital), la Caisse des dépôts (26,1 %), la Caisse d’Épargne (7,7 %) et le Crédit mutuel Arkéa (3,1 %).
- LE CHÂTEAU OUBLIÉ DU VAL-DE-MARNE
LE MAGNIFIQUE CHÂTEAU DE CHOISY, RÉSIDENCE FAVORITE DE LOUIS XV, N’A PAS SURVÉCU AUX TOURMENTS DE L’HISTOIRE. L’ARRIVÉE DU TRAMWAY T9 S’ACCOMPAGNE D’UNE MISE EN VALEUR DE SES ULTIMES VESTIGES. PAR PHILIPPE-ENRICO ATTAL Peu d’habitations modernes peuvent se vanter de disposer d’une entrée majestueuse dotée de pavillons du XVIIe siècle. C’est pourtant le lot du quartier de la mairie, à Choisy-le-Roi. On pense d’abord à une bonne copie moderne, façon Ricardo Bofill, du bon gros béton aux allures de pierre de taille, mais c’est à tort. Les deux constructions qui marquent l’entrée du parc de la mairie sont classées monuments historiques depuis 1927. Imaginons un peu... Le site s’ouvre sur un château dont la façade arrière donne sur un vaste parc qui s’achève sur les bords de la Seine. Quelle belle promenade, à seulement 15 minutes de Paris !Fontainebleau et Vaux-le-Vicomte n’ont qu’à bien se tenir... Mademoiselle de Montpensier, cousine de Louis XIV, a du goût. À la fin du XVIIe siècle, elle fait l’acquisition à Choisy-le-Roi, pour 40 000 livres, d’une propriété sur laquelle elle fait édifier un château. À la mort de la Grande Mademoiselle, la bâtisse change plusieurs fois de propriétaire, avant de devenir finalement demeure royale. Louis XV aime la chasse et la forêt de Sénart est encore assez proche de Paris. Choisy est merveilleusement situé. Le roi ne se lassera pas de l’embellir sous la direction de Ange-Jacques Gabriel. Le Nôtre, pour sa part, déjà consulté par la Grande Mademoiselle, avait trouvé le site détestable. Les aménagements qu’il avait suggérés étaient restés sans suite. Choisy est sans aucun doute la résidence « intime » du roi, celle dans laquelle il se sent le plus à l’aise. Aussi, il ne cessera de l’agrandir, doublant la surface du corps central, ajoutant de nouveaux bâtiments : une « maison particulière » dédiée à sa majesté, une salle de bal, une orangerie, des écuries voient peu à peu le jour. Le tout, comme il se doit, est richement meublé, les plus grandes signatures de l’époque s’honorant des commandes royales. Du déclin à la destruction Malheureusement, Louis XVI ne partagera pas l’enthousiasme de son grand-père. Dès 1787, il commence à vider le château de son mobilier. Et la disgrâce ne fait que commencer. Vendue comme bien national durant la Révolution, la bâtisse est peu à peu démembrée, puis laissée à l’abandon. Sa ruine se confirme au XIXe siècle. Le chemin de fer d’Orléans, en 1839, fait passer le faisceau des voies et installe sa gare le long de la Seine, sur les emprises du parc. À mesure que le quartier s’urbanise, le terrain est progressivement investi et on voit peu à peu disparaître toute référence à l’ancien domaine. Toute ? Non. Étonnamment, les abords de la route nationale sont restés à peu près intacts. À la place du château, trône aujourd’hui la mairie de Choisy, dans un style bien plus modeste. Les immeubles ont poussé, les tours sont apparues et l’ensemble du quartier a été très fortement modifié par l’urbanisme. L’arrivée au printemps dernier du tramway T9 a tout de même permis une mise en valeur des anciens pavillons qui, désormais, ne s’ouvrent que sur un modeste parc.
- POUR EN FINIR AVEC L’URBANOPHOBIE : ÉRIC GROVEN
LA TRIBUNE D’ÉRIC GROVEN, DIRECTEUR IMMOBILIER DES RÉSEAUX FRANCE SOCIÉTÉ GÉNÉRALE ET PRÉSIDENT DE SOGEPROM La France vit-elle la tête à l’envers ? Avec 4 millions de mal logés en 2021, selon la Fondation Abbé Pierre, la production des logements neufs connaît un effondrement inquiétant nous ramenant au niveau des autorisations de construire des années 90. Pour couronner le tout, un objectif de « zéro artificialisation nette » des terres d’ici 2030… Cherchez l’erreur !Cette schizophrénie procède d’une situation paradoxale dans laquelle tout le monde a raison mais où chacun poursuit des objectifs contradictoires avec les autres parties prenantes, au détriment des habitants de notre pays : collectivement, donc, nous avons tort. L’État a raison de s’inquiéter des effets pervers des dispositifs de défiscalisation du type Pinel, accusés d’entretenir une tension artificielle sur le prix des fonciers puis des logements, et préfère miser sur la rénovation énergétique des bâtiments. Les maires ont raison d’écouter leurs administrés qui rechignent à des constructions de grande hauteur à proximité de chez eux, tout en luttant contre l’étalement urbain et ses effets néfastes notoires. La filière immobilière, construction et promotion, a raison de stigmatiser la timidité des mesures gouvernementales de soutien au logement neuf, la réduction malthusienne des autorisations de construire par les élus, la complexité et la lenteur des process d’octroi de permis. Et la population dans tout ça ? C’est là que le bât blesse : celle qui demeure la principale bénéficiaire de l’amélioration de la ville et de l’habitat forme une majorité silencieuse qui ne s’exprime qu’au moment des élections, auxquelles elle s’abstient d’ailleurs massivement. Sortir de ce dilemme réclame du courage politique. Celui d’affirmer que le mal-logement constitue une forme d’inégalité sociale inacceptable de nos jours. Celui d’affirmer que les principes écologiques qui protègent notre planète et l’avenir de nos enfants doivent être ardemment défendus tout en se conjuguant avec la réalité sociale : rénover, rebâtir, transformer et construire sont les actes essentiels du renouvellement urbain pour le bien-être de la population. Une question toute simple résume le débat en cours : qui a envie aujourd’hui en France de faire preuve de bon sens sur la question du logement ? L’urbanophobie est une idéologie ancienne qui opposait la noirceur des villes à la blancheur des campagnes ; dans ce débat totalement daté, l’anti-urbanisme n’a plus aucun sens aujourd’hui puisque la très grande majorité de la population mondiale vit ou vivra dans des métropoles. Le Grand Paris illustre de façon emblématique l’ensemble des méandres politico-administratifs qui freinent la construction de logements de qualité, abordables pour le plus grand nombre. Le problème est donc clairement posé, mais qui s’en charge ?
- DE L’ART DE VOYAGER PRÈS DE CHEZ SOI
LA TENDANCE DU TOURISME LOCAL N’EST PAS QU’UN SIMPLE EFFET DE MODE INDUIT PAR LA CRISE SANITAIRE. LES PROFESSIONNELS L’ONT BIEN COMPRIS : LE « STAYCATION » S’EST INSTALLÉ POUR DURER. RÉSULTAT, LE SECTEUR S’ORGANISE EN CONSÉQUENCE POUR STRUCTURER L’OFFRE FRANCILIENNE. PAR MANON GAYET Souvenez-vous du printemps 2020. Le programme se résumait à un numéro de jonglage entre télétravail, enfants, courses et sorties d’une heure chrono. Pas franchement de quoi recharger les batteries. Alors pas étonnant qu’une fois le déconfinement venu, le 11 mai, les Franciliens – les Parisiens en tête – se soient précipités dans les espaces verts (la carte des forêts d’Île-de-France accessibles en train, réalisée pour l’occasion par Enlarge Your Paris, avait totalisé 45 000 clics en mai, plus de 150 000 depuis un an). « Ils ont clairement pris l’air et assouvi leur besoin de nature en particulier dans les départements de grande couronne », confirme Emmanuel Blum, responsable de la communication interne et institutionnelle du Comité régional du tourisme (CRT) d’Île‑de‑France. Voilà de quoi désorienter les professionnels du tourisme ! Désormais, il convient de faire rêver les Grands Parisiens en quête d’évasion avec des balades à Provins, Fontainebleau ou encore le long du canal de l’Ourcq. Pour cela, le tourisme local a trouvé un allié inattendu : le télétravail. « Il est maintenant généralisé et organisé, ce qui est porteur pour toute l’industrie touristique », assure Guy Raffour, fondateur du cabinet Raffour Interactif, dont la dernière étude sur le tourisme et le e-tourisme en France vient de paraître. Faire du « staycation », le nouveau réflexe des Grands Parisiens Alors, cette année, pas question de se laisser prendre de court. Les pros du tourisme veulent prouver que oui, faire du « staycation » (contraction de « stay » et « vacation » en anglais, soit « rester » et « vacances ») aux quatre coins du Grand Paris, c’est trendy. « J’ai dormi dans un container à Saintry-sur-Seine (Essonne) par curiosité et c’était incroyable. Votre lit donne sur un étang avec des canards, des écureuils… Un petit coin de paradis ! », raconte, enthousiaste, Sandrine Kocki, l’une de ces touristes locales. Recenser les meilleures adresses pour une évasion grand-parisienne, c’est la mission que s’est donnée Anaïs Lerma. La fondatrice du blog Parisianavores a lancé Les Escampettes en mars dernier, un site qui recense des idées de séjours à moins de deux heures de Paname. « Mes sélections les plus consultées sont celles sur les hôtels et chambres d’hôtes “kids-friendly”, les cabanes et hébergements insolites ainsi que les hôtels et chambres d’hôtes instagrammables », confie-t-elle. Mi-mai, la newsletter des Escampettes comptait déjà 4 000 voyageurs abonnés. Et Anaïs Lerma est sollicitée par des hôteliers pour promouvoir leur hébergement cet été auprès de cette clientèle tant convoitée. Prendre le train… du tourisme durable De leur côté, les transporteurs se positionnent également, à commencer par SNCF Transilien. « 40 % des 260 sites touristiques franciliens les plus importants sont à moins de 15 minutes à pied d’une gare Transilien. C’est ce patrimoine à portée de train que la campagne #CPasLoinEnTrain invite à explorer [en partenariat avec Enlarge Your Paris, ndlr] », explique Sylvie Lopez,cheffe de marché occasionnels et touristes pour SNCF Transilien. En limitant les déplacements et en favorisant l’usage des transports en commun, le tourisme local s’assure une place de choix dans le tourisme de demain, plus respectueux de la planète. « Le staycation démontre la résilience du tourisme quand il est localisé. En se réappropriant des espaces plus proches de chez soi, on contribue à cette notion d’éco-responsabilité », assure Frédéric Hocquard, adjoint à la maire de Paris chargé du tourisme. Qui voyage près de chez lui ménage sa planète…
- VERS UN CHOC DE LA DENSITÉ POUR LE GRAND PARIS : PHILIPPE ROCHEREAU
EN 2020, LES ÉLECTIONS MUNICIPALES ET LA CRISE SANITAIRE ONT FORTEMENT FRAGILISÉ LA PRODUCTION DE LOGEMENTS ALORS QUE LA DEMANDE CROÎT TOUJOURS. LES CONFINEMENTS SUCCESSIFS QUE NOUS AVONS VÉCUS ONT ÉTÉ UN RÉVÉLATEUR DE LA NÉCESSITÉ DE DISPOSER D’UN LOGEMENT DÉCENT POUR CHACUN. PAR PHILIPPE ROCHEREAU Avec 25 % de la population nationale, la région Île-de-France est particulièrement concernée par ces problématiques. 70 000 logements par an pendant 20 ans, soit 1,5 million de nouveaux logements d’ici 2030, c’est l’objectif du Grand Paris. Cet objectif n’a jamais été atteint entre 2010 et 2016 avec une production qui a oscillé entre 55 000 et 66 000 logements par an. C’est seulement à partir de 2017 que la construction passe la barre des 70 000 logements. En 2020, si la construction de logements reste dans les normes voulues, il faut savoir que les livraisons sont les mises en commercialisation d’il y a 3 ans. De plus, les fondamentaux de la construction connaissent une chute vertigineuse par rapport à 2019. D’après la FPI, l’autorisation de logements a baissé de 25 %, les réservations au détail de 44 % et la mise en commercialisation de 49 %. Cette réduction de l’offre immobilière est très préoccupante face à une demande toujours croissante. La demande en logements est alimentée par la croissance démographique et l’augmentation du nombre de ménages qui résultent de l’accroissement de l’espérance de vie, du recul de l’âge du mariage et du nombre de divorces qui a augmenté de 25 %. Toutefois, l’état des logements joue aussi un rôle avec 157 000 logements insalubres, soit 4 % du parc privé de la région. Vouloir se loger mieux constitue un important facteur de la demande. Enfin, ce serait une erreur de penser que le télétravail réduirait le niveau de tension du logement. En effet, même si ce dernier s’est imposé à tous et demeurera, il y aura toujours la nécessité d’aller sur son lieu d’activité, et donc d’habiter à proximité de celui-ci. Oser un choc de verticalité Face au logement et à l’artificialisation des sols, on oppose souvent l’environnement et l’écologie. Or, l’Île-de-France a la plus faible artificialisation de l’Hexagone au regard de l’activité accueillie. Ce sont 133 mètres carrés de sols artificialisés par habitant pour une moyenne nationale de 460 mètres carrés. Notons qu’en 2017, d’après l’Institut Paris Region, seulement 3 % des sols artificialisés étaient destinés à l’habitat collectif. Ainsi, comment conjuguer la sobriété foncière et le besoin considérable en logements, en Île-de-France, véritable locomotive économique et territoire le plus attractif de France, voire d’Europe ? La solution passe par une plus forte densification car c’est la densité qui fait la vie, la mixité et le partage. C’est la densité qui rapproche les lieux de travail, de culture et d’échange. Il faut donc, aujourd’hui, oser un choc de verticalité à la façon d’Haussmann en son temps. Philippe Rochereau est fondateur de Limmedia (le media des professionnels de l’immobilier d’investissement) et président de l’AFIL (Association française de l’immobilier locatif).











