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POUR EN FINIR AVEC L’URBANOPHOBIE : ÉRIC GROVEN

LA TRIBUNE D’ÉRIC GROVEN, DIRECTEUR IMMOBILIER DES RÉSEAUX FRANCE SOCIÉTÉ GÉNÉRALE

ET PRÉSIDENT DE SOGEPROM



La France vit-elle la tête à l’envers ? Avec 4 millions de mal logés en 2021, selon la Fondation Abbé Pierre, la production des logements neufs connaît un effondrement inquiétant nous ramenant au niveau des autorisations de construire des années 90. Pour couronner le tout, un objectif de « zéro artificialisation nette » des terres d’ici 2030… Cherchez l’erreur !Cette schizophrénie procède d’une situation paradoxale dans laquelle tout le monde a raison mais où chacun poursuit des objectifs contradictoires avec les autres parties prenantes, au détriment des habitants de notre pays : collectivement, donc, nous avons tort.


L’État a raison de s’inquiéter des effets pervers des dispositifs de défiscalisation du type Pinel, accusés d’entretenir une tension artificielle sur le prix des fonciers puis des logements, et préfère miser sur la rénovation énergétique des bâtiments.

Les maires ont raison d’écouter leurs administrés qui rechignent à des constructions de grande hauteur à proximité de chez eux, tout en luttant contre l’étalement urbain et ses effets néfastes notoires. La filière immobilière, construction et promotion, a raison de stigmatiser la timidité des mesures gouvernementales de soutien au logement neuf, la réduction malthusienne des autorisations de construire par les élus, la complexité et la lenteur des process d’octroi de permis. Et la population dans tout ça ? C’est là que le bât blesse : celle qui demeure la principale bénéficiaire de l’amélioration de la ville et de l’habitat forme une majorité silencieuse qui ne s’exprime qu’au moment des élections, auxquelles elle s’abstient d’ailleurs massivement. Sortir de ce dilemme réclame du courage politique. Celui d’affirmer que le mal-logement constitue une forme d’inégalité sociale inacceptable de nos jours. Celui d’affirmer que les principes écologiques qui protègent notre planète et l’avenir de nos enfants doivent être ardemment défendus tout en se conjuguant avec la réalité sociale : rénover, rebâtir, transformer et construire sont les actes essentiels du renouvellement urbain pour le bien-être de la population. Une question toute simple résume le débat en cours : qui a envie aujourd’hui en France de faire preuve de bon sens sur la question du logement ? L’urbanophobie est une idéologie ancienne qui opposait la noirceur des villes à la blancheur des campagnes ; dans ce débat totalement daté, l’anti-urbanisme n’a plus aucun sens aujourd’hui puisque la très grande majorité de la population mondiale vit ou vivra dans des métropoles.


Le Grand Paris illustre de façon emblématique l’ensemble des méandres politico-administratifs qui freinent la construction de logements de qualité, abordables pour le plus grand nombre. Le problème est donc clairement posé, mais qui s’en charge ?


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