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  • "La France et l'État ont démontré la capacité de notre pays à organiser de très grands événements sportifs"

    Marc Guillaume revient sur le bilan des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, soulignant la mobilisation couronnée de succès des services de l’État déconcentré, engagée il y a quatre ans. Le préfet de la région Île-de-France, préfet de Paris, détaille l’héritage exceptionnel des JOP, pour les infrastructures, la qualité de vie, l’emploi et le sport. Quel premier bilan faites-vous des Jeux olympiques et paralympiques ? Les Jeux olympiques de Paris ont été à la fois un grand succès sportif et un grand succès d’organi- sation. Et comme l’État a beaucoup travaillé pour gérer l’événement, avec le Comité d’organisationdes jeux olympiques (Cojo), bien évidemment,nous en sommes heureux. Les services déconcentrés de l’État sous l’égide de la préfecture de la région Île-de-France ont œuvré sur tous les champs, hormis la sécurité, qui relève de la préfecture de police. Depuis l’organisation de la parade d’ouverture jusqu’à la dépollution de la Seine pour les épreuves en eau libre, depuis les dossiers de recrutementet de formation des personnels de sécurité privée jusqu’à l’organisation des sites de célébration. Sans oublier le plan vélo ou les questions de mise à l’abri des personnes en situation de rue aux abords des sites d’épreuves, etc. Chaque direction s’est mobilisée. Pour prendre un exemple qui montre la variété de nos actions, la direction régionale de l’Agriculture avait en charge les 350 chevaux qui ont participé aux épreuves olympiques, assurant le contrôle vétérinaire depuis leur entrée sur le territoire jusqu’aux épreuves, ou la lutte contre le dopage. C’est une variété d’actions très grande que chacun des services de l’État a dû mener à bien avec le Cojo. Quels enseignements en tirez-vous ? Les services de l’État ont fait preuve, sous l’autorité du président de la République et du gouvernement, d’une intense mobilisation, initiée il y a plusieurs années. Je pense au plan baignade, engagé depuis quatre ans pour arriver à concrétiser toutes ces actions qui aboutissent aujourd’hui à la possibilité de se baigner dans la Seine. Sauf bien sûr lorsque des pluies intenses s’abattent sur la région, comme ce fut le cas au début des Jeux. La France et l’État ont démontré la capacité de notre pays à organiser de très grandes manifestations sportives. Rappelons que les JO sont le plus grand événement sportif au monde. La hausse de la fréquentation touristique durantles Jeux a-t-elle compensé la baisse de recettes enregistrée par les commerçants la semaine précédant la cérémonie d’ouverture ? Il est encore sans doute un peu tôt pour faire la balance des deux. Il est vrai qu’une semaine avant la cérémonie d’ouverture, une zone de sécurité, rendue nécessaire par cette extraordinaire idée d’organiser les festivités surla Seine, a pénalisé les commerces. Ces mesures ont montré qu’elles étaient adaptées à l’enjeu. Rappelonsau passage que le contrôle des bateaux, l’autorisation des décors, tout cela a été remarquablement exécuté, puisqu’aucune avarie, aucun incident n’a eu lieu. Ensuite, durant les Jeux, les chiffres semblent montrer que la tendance est bonne. La fréquentation à la fois des hôtels, des cafés, des restaurants, des commerces est orientée à la hausse. Il faudra faire un bilan complet sur la période. Quel bilan tirez-vous des transports en commun,qui ont été également à la hauteur de l’événement ? Je souhaiterai évoquer à ce sujet le succès du plan vélo. Nous avons investi 24 millions d’euros dansla création d’un réseau de 400 kilomètres de pistes cyclables pour permettre de se rendre sur tous les sites olympiques. Sur ces 400 kilomètres de pistes,150 kilomètres seront pérennes laissant là aussi un bel héritage. D’autre part, nous avons construit près de 27 000 places de parking vélo, 20 000 aux abords des sites, dont 10 000 places sont pérennes. Et aussi3 500 places créées à proximité des gares. Tout cela a permis à ce que 10 000 personnes se rendent chaque jour en deux-roues sur les lieux des épreuves.Avec une part modale importante, parfois proche de 5 % sur certains sites de grande couronne, comme Élancourt ou Vaires-sur-Marne. Dans Paris, le véloa très bien fonctionné sur le site de la Concorde ou sur celui de la Chapelle. Concernant l’héritage, sur quoi allez-vous être particulièrement vigilant ? L’héritage est à nos yeux de quadruple nature. Il y a un héritage d’infrastructures, très important. Je citerai les 4 000 logements du Village des athlètes et du Village des médias, bien sûr, les deux grands équipements nouveaux que sont l’Aréna porte de la Chapelle et le Centre aquatique olympique de la Plaine-Saulnier, à Saint-Denis. Il faut souligner que 80 % des investissements d’infrastructures ont été réalisés en Seine-Saint-Denis et sans aucun éléphant blanc, puisque tout cela a été conçu pour éviter de se retrouver avec de grands équipements dont le coût de fonctionnement serait excessif. Ensuite, il y a un héritage en termes de qualité de vie. On le voit bien avec la baignade. Des sites de baignade pérennes dans la Seine seront ouverts, à Paris, l’été prochain. La maire de Paris est en train de travailler avec ses équipes et les nôtres sur ce sujet. Et puis, dans cet héritage lié à la qualité de vie, il y a beaucoup de choses. On comprend bien par exemple que les cinq ou six franchissements urbains construits au-dessus des voies ferrées ou des autoroutes vont renouveler le cadre de vie de nos concitoyens.Pour une politique de la ville différente demain.Je citerai aussi un héritage en termes d’emploi.Nous avons formé 25 000 personnes en Île-de-France aux métiers de la sécurité privée, 20 000 ont été embauchées et vont garder ces emplois. Soit 20 000 chômeurs de moins. On peut se féliciter aussi de tout ce qui a été fait sur le terrain de l’insertion. Le quatrième héritage est comportemental, ce qui est très important aussi. On voit bien que la France est en train de devenir un pays davantage sportif. La demi-heure de sport à l’école s’est inscrite dans la durée. Tout ce qui a été fait dans le domaine du sport va encore plus ancrer les pratiques sportives sous toutes leurs formes dans notre société.Et puis l’autre aspect comportemental, c’est bien sûr les Jeux paralympiques qui ont changé notre regard et l’insertion des intéressés dans la société. Beaucoup de choses ont été faites là encore, notamment en faveur de l’accessibilité.

  • « Les Franciliens doivent réaliser qu’ils bénéficient d’un service public d’assainissement extraordinairement performant »

    Quelles sont vos priorités stratégiques à la présidence du Siaap ? Nous dépolluons, chaque jour, 2,5 milliards de litres d’eaux usées de 10 millions de personnes. Notre priorité est donc de maintenir et même d’améliorer la performance de notre outil industriel. Les métiers de l’assainissement sont des métiers de l’ombre et méconnus. Nous avons pourtant, en Île-de-France, l’un des meilleurs systèmes d’assainissement du monde. Pour être performant, il faut évidemment investir, tout en maintenant une trajectoire de dette acceptable pour notre institution et la facture des usagers. Quel bilan tirez-vous de votre investissement dans le plan baignade, couronné de succès lors des JOP ? Le plan baignade est une réussite collective. En seulement quelques années, nous avons réalisé des investissements et des travaux colossaux. Le Siaap est le premier contributeur financier, après l’État, avec 500 millions d’euros investis, c’est le système d’assainissement des 50 prochaines années qui est mis en œuvre grâce à ce plan. À ce titre, je remercie l’ensemble des partenaires qui ont œuvré à cette réussite et tout particulièrement le préfet de Région, Marc Guillaume, un grand préfet de la Seine. Quels sont vos autres motifs de satisfaction ? Depuis 3 ans, j’ai souhaité restaurer le dialogue et la confiance avec les élus des communes riveraines de nos usines, notamment des Yvelines et du Val-d’Oise. Je suis également particulièrement fier de la qualité du dialogue social mené au Siaap qui a permis de prendre de grandes décisions pour nos 1 800 agents au cours de ces derniers mois, tant sur le pouvoir d’achat que sur la qualité de vie au travail. Enfin, nous avons mis en place un partenariat financier avec la Banque des Territoires l’an dernier, le plus important investissement en matière d’eau en France, près de 500 millions d’euros pour financer des chantiers de nos usines de Clichy (92) et Seine Aval (78). Pourquoi avez-vous souhaité donner un nouvel élan à l’entente entre les grands syndicats d’Île-de-France ? Ces grands syndicats, dits « techniques », c’est l’histoire de l’Île-de-France. Je suis très attaché à l’histoire, notamment celle du Second empire, qui a vu Paris et le Grand Paris se transformer sous l’impulsion du préfet Haussmann, d’Eugène Belgrand, des frères Pereire et de tant d’autres. J’ai aussi un immense respect pour ces grands présidents comme André Santini ou Jean-Jacques Guillet, qui ont fait et font ces syndicats. J’ai donc voulu relancer des collaborations directes entre le Siaap et ces grands syndicats, pour renforcer nos coopérations, innover ensemble. Au sein des Services publics urbains du Grand Paris, créés en 2017, nous avons d’ailleurs accueilli dernièrement Sénéo et sa présidente Josiane Fischer.

  • L'énergie au service d'Argenteuil

    Proche du maire d’Argenteuil Georges Mothron, auquel elle doit son entrée en politique, Camille Gicquel s’investit éperdument pour sa commune et son territoire. Avec la même énergie que celle déployée dans le développement des partenariats et la communication, son job dans le secteur privé, où elle effectua une première carrière fulgurante. Camille Gicquel retient immédiatement l’attention de ceux qui la croisent, par son large sourire, son énergie et sa faconde. Repérée pour la pertinence de ses interventions dans des réunions de quartier par l’équipe municipale d’Argenteuil, adjointe à l’Urbanisme ainsi que vice-présidente du territoire de Boucle Nord de Seine, elle est intarissable sur la transformation de sa commune. Elle cite les grands projets en cours, Urban Valley ou Argenteuil Littoral, menés dans le cadre d’« Inventons la Métropole du Grand Paris », les programmes de réaménagement de l’avenue Gabriel-Péri ou de renouvellement urbain Porte Saint-Germain – Berges de Seine, qui incarnent le renouveau d’Argenteuil. Sa boussole ? « Faire », répond-elle simplement, mais aussi « fair », juste, équitable. Cette mère de famille a quitté le monde du salariat pour pouvoir se consacrer pleinement à son mandat. Enfin pas complètement, puisqu’elle vient de cofonder Axelearn, une start-up de formation professionnelle en ligne, qui a recours à l’IA pour découper des programmes de formation en petits modules à consommer quotidiennement par ses stagiaires. Un tournoi de poker en ligne avec Fun Radio La curiosité constitue son moteur et fut le carburant d’une carrière ascensionnelle. Après des études à l’École Atlantique de Commerce de Nantes – Saint- Nazaire, qu’elle choisit notamment parce qu’elle comporte des sessions à l’étranger (elle se souvient avec émotion de son stage au service marketing du Dayton Daily News , où elle découvre le monde de l’entreprise en côtoyant les grands éditorialistes du journal), elle entame sa carrière professionnelle à lafourchette.com . Elle excelle dans la mise en place des partenariats qui participeront à l’essor de la plate- forme. Deux ans plus tard, RTL qui cherche son nouveau responsable des partenariats digitaux la débauche, via un chasseur de têtes. « J’étais trop cu- rieuse pour refuser », résume-t-elle. Elle monte des opérations spéciales avec les antennes, comme un tournoi de poker en ligne avec Fun Radio , développe toutes sortes de nouveaux formats web. Si bien que L’Express la débauche à son tour. Quand l’hebdo est racheté par SFR , Camille Gicquel décide de rejoindre Habiteo , spécialiste de la 3D pour l’immobilier, créé par un des cofondateurs de lafourchette.com , avec lequel elle a débuté sa vie professionnelle et qui la poursuit depuis sans relâche pour qu’elle le rejoigne. Mais cette carrière à 200 km/h n’empêche pas cette Bretonne d’origine, toujours très attachée à son terroir, de cultiver son jardin : photographe amateur, motarde et cavalière à ses heures perdues (comme son conjoint, champion du monde des jockeys amateurs en 2023), apicultrice, fan de musique (elle cite Cypress Hill, Lady Gaga, les Red Hot Chili Peppers ou John Coltrane), elle se passionne également pour l’art et le design, la mode en particulier, précise-t-elle, avant de citer des créateurs inspirants pour elle, comme Claude Montana ou Jean-Charles de Castelbajac.

  • Un acteur majeur de l'immobilier

    Après un parcours professionnel riche en expériences et en rencontres, le président de la SOGEPROM et directeur immobilier SG Réseaux France Eric Groven est aujourd'hui une figure emblématique de sa profession. Par Jacques Paquier. Ses déjeuners réunissent régulièrement les plus grands noms de la profession. En tant que promoteur et distributeur de produits immobiliers pour les clients de Société Générale, Éric Groven apporte un soutien financier crucial aux promoteurs et aux investisseurs dans cette période complexe. Il est également broker avec la filiale Société Générale Real Estate Advisory et gestionnaire du parc immobilier de la banque SG en France. Avec Béatrice Lièvre-Théry, directrice générale de Sogeprom, il a su également faire de ce grand promoteur une référence en matière de transition énergétique et écologique. Assis derrière son bureau, situé au 26e étage de la tour Granite de La Défense, il décrit avec truculence un parcours universitaire et professionnel étincelant. « Pour mes deux parents enseignants à Rouen, père normalien agrégé de philosophie en classe préparatoire, mère certifiée d’anglais en collège, les diplômes figuraient en première place parmi les critères de réussite », raconte-t-il. Il ne les décevra pas : titulaire de son bac scientifique à 16 ans (mention bien), puis d’un bac scientifique décroché avec mention très bien alors qu’il est en prépa-HEC à Louis Le Grand, il fréquente successivement HEC, Sciences Po et enfin l’ENA, dont il sort inspecteur des Finances. Éric Groven commence ainsi sa carrière à Bercy. Puis, jugeant l’État difficilement réformable, il re- joint le groupe Crédit du Nord, dont il devient di- recteur financier. Il effectue son début de carrière dans cette banque de détail, cédée quelques années plus tard par Paribas à la Société Générale, à l’exception de son passage entre 2000 et 2002 chez Capgemini. Au milieu des années 2010, c’est à Frédéric Oudéa, qui a succédé à Daniel Bouton à la tête de la « Sogé », qu’Éric Groven propose de regrouper les activités immobilières de la banque de détail sur le modèle de BNP Paribas Real Estate, dont il s’est largement inspiré et qui demeure sa référence. « Trois crises en quatre ans » Pianiste à ses heures, Éric Groven est aussi féru de théâtre, cinéma et d’opéra. « Je fais partie de ces Parisiens très privilégiés qui profitent des événements offerts par la Capitale », confie-t-il. Mais il ne cache pas aujourd’hui son inquiétude face à la conjoncture, alors que l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale a plongé les marchés dans une incertitude durable, compromettant le lent retour à la normale des taux d’intérêt après l’inflation inédite et brutale provoquée par la guerre en Ukraine. « Nous aurons finalement subi tour à tour trois crises en quatre ans, décrit-il. Celle du Covid, la guerre en Ukraine, puis la crise politique née de la dissolution. » Mais l’on sent chez cet homme enjoué et alerte, joueur chevronné de squash, de golf et de badminton, que rien ne pourra jamais altérer un fondamental optimisme et un humanisme chevillé au corps.

  • Architecture, botanique et sens du contexte

    Guillaume Dujon, le cofondateur de l'agence Architectes Singuliers, passionné de botanique, d'architecture nippone et de cyclisme dans les cols alpins, cite la minutie, l'attention au contexte et l'effacement des égos au nombre de ses fondamentaux. Avec une sincérité désarmante. Par Jacques Paquier. Au lendemain de notre entretien, passionnant comme d’habitude, dans une des bonnes brasseries du centre de Paris où ce fin gour-met a ses habitudes, Guillaume Dujon renvoie un long mail pour préciser le lien entre sa conception de l’architecture et sa passion pour la botanique ou encore les grands paysages auxquels il aime se confronter lors d’intenses road trips à vélo. Le souci de la précision, l’hyper sensibilité à l’environnement et une vision holistique de son métier, déclinée de la petite échelle jusqu’aux projets de reconversion urbaine, sont l’ADN du cofondateur d’Architectes Singuliers. « Notre fil conducteur est l’insertion urbaine par le paysage, qui nous permet révéler et de ré-enchanter certains sites délaissés », explique t-il. Les raffinements de l’architecture nippone Tout chez cet artiste sensible semble relever de la passion, qu’il s’agisse d’architecture japonaise, de petite reine ou de gastronomie. Il évoque à demi-mot le drame personnel qu’a représenté la perte de l’être aimé, victime du Covid, « qui était ma raison d’être ». Mais plus que de sa vie personnelle, c’est bien d’architecture dont il préfère parler. Il se souvient avoir réalisé vers l’âge de 8 ans ses premiers crobars, « un peu ambitieux », admet-il en souriant, par-dessus les propositions publiées dans Var-Matin par les candidats aux élections municipales, pour panser la fermeture des chantiers navals. Au collège, ses parents sont convoqués par la professeure d’arts plastiques qui les exhorte à considérer la fibre artistique de leur fils, autant que ses capacités en mathématiques vers lesquelles ils trouvent plus sérieux de l’orienter. Lui-même prendra du temps avant de se consacrer à l’architecture, après des premières études en école de commerce et une hyperactivité créatrice pas encore canalisée. À l’école d’architecture de La Villette, il se souvient d’avoir fui les cours d’un premier professeur jugé trop désinvolte pour celui d’un théoricien autrement exigeant, Yann Nussaume, qui l’ouvre notamment aux raffinements de l’architecture nippone. Il passera deux ans au Japon, dont un an de fin d’études, suivi d’un an de stage chez les plus grands, comme l’architecte de la gare Saint-Denis Pleyel Kengo Kuma. Le principe de densité maîtrisée De retour au Japon au printemps dernier pour un voyage d’études, il profite de son périple de 1 500 kilo- mètres à vélo pour faire un détour par la ville d’Ise et admirer le sanctuaire le plus sacré de la religion shintō, « un modèle de pureté et d’élégance par la sobriété », puis revoir avec nostalgie un vaste bâti- ment du quartier de Shibuya, projet hyper imbriqué si caractéristique de Tokyo et doté d’un jardin sus- pendu, dont il avait participé à la conception il y a 15 ans. Dans ses créations, Guillaume Dujon s’inspire du rapport intime qu’entretient l’architecture japonaise avec son environnement naturel et de la sagesse des modes constructifs traditionnels, autant que de son aisance à combiner de multiples usages.Première réalisation significative d’Architectes Singuliers, le projet de 420 logements sur la ZAC de la Cartoucherie à Toulouse, conçus en 2015, joue l’imbrication de trois émergences sur la place, complétées par des percées végétalisées, pour insuffler une perception favorable à l’échelle du piéton. « La ville de Toulouse nous fait régulièrement l’honneur de citer cette réalisation pour illustrer le principe de densité maîtrisée », confie t-il. Une architecture vertueuse et post-carbone « Le projet de logements actuellement en chantier dans le 12e arrondissement de Paris pour in’li me tient également très à cœur, car c’est un projet en pierre semi-porteuse extraite des carrières d’Île-de- France. Ce mode constructif illustre la méticulosité que nous consacrons aux projets ainsi que notre engagement aux côtés de nos maîtres d’ouvrage, au service d’une architecture vertueuse et post-carbone », poursuit-t-il. Celui qui a œuvré notamment au sein de l’agence Brenac & Gonzalez a créé sa propre agence en 2014 avec son associé Matthieu Hackenheimer, dont il cite à plusieurs reprises les qualités ainsi que leur parfaite symbiose. Cette complémentarité leur permet de porter un engagement écologique apaisé, « compa- tible avec les contraintes globales, en pesant le juste rapport effort-effet des techniques que nous mettons en œuvre dans nos projets ». Dans leur atelier de Paris Centre, à deux pas de la Bourse de Commerce, aux grands panneaux boisés, les mots reviennent comme des leitmotivs : humilité, minutie, agilité, attention au contexte. Il s’agit d’atteindre un objectif sans cesse réaffirmé : la qualité d’usage, l’intégration visuelle et le bonheur d’habiter.

  • Les chantiers du Grand Paris, un "accélérateur" et une "vitrine" pour les entreprises de la construction et du transport

    Les chantiers du Grand Paris, et notamment du Grand Paris Express, ont permis aux entreprises impliquées de développer des innovations et des compétences singulières qu'elles peuvent réutiliser partout en France. La transformation de la métropole du Grand Paris s’accélère avec l’inauguration des prolongements des lignes 11 et 14 du métro en juin 2024. Ces premiers événements traduisent concrètement les changements à l’œuvre dans la Région Capitale sous l’effet notamment du Grand Paris Express. D’ici 2030, les 200 kilomètres de lignes et les 68 nouvelles gares et leurs quartiers devraient être opérationnels, laissant derrière eux une dizaine d’années de chantiers et de défis pour les bâtisseurs. Nicolas et Anne Prunières ont repris l'entreprise familiale Prunières TP en 2012. Celle-ci dispose de 120 camions en Île-de-France, répartis dans 3 dépôts situés en Seine-et-Marne, en Essonne et dans le Val-d'Oise. Ces multiples travaux titanesques ont été menés par différents acteurs de la construction en lien avec la Société des Grands Projets, nommée jusqu’en 2023 Société du Grand Paris (SGP). « Il y a une dynamique jamais vue avec les sujets portés par la SGP », s’enthousiasme Jérôme Martres, directeur développement et commercial chez Eiffage Génie Civil, qui qualifie même le projet du Grand Paris Express de « monstrueux », que l’on ne « voit pas ailleurs en France ». C’est pour participer à ces projets que Anne et Nicolas Prunières ont ouvert une agence en Île-de- France et créé une nouvelle marque de leur entre- prise Prunières baptisée « Paname », en partenariat avec des marques françaises comme Michelin et Renault Trucks. Au moment où ils reprennent l’entreprise familiale en 2016, Prunières est basée à Poussan (Hérault), à 30 kilomètres de Montpellier. « Nous souhaitions devenir un pur player de la loca- tion de camions et d’engins avec chauffeur au service des majors, ETI et PME des travaux publics en France. Il fallait trouver des relais de croissance et des projets à fort impact. Construire le Grand Paris représentait des opportunités uniques pour les entre- prises de toute la France », explique Nicolas Prunières depuis son bureau d’Issy-les-Moulineaux (Hauts- de-Seine). Innovation stimulée Une chance, mais aussi une « vitrine » de son savoir- faire, comme l’explique Hervé Di Rosa, directeur du développement chez VINCI Construction. « Construire 200 kilomètres de tunnels dans une aire urbaine comme le Grand Paris, c’est unique. Ça s’est fait dans un temps record et ça a permis de pousser énormément d’innovations », se réjouit-il. Chacun des acteurs impliqués sur les chantiers grands- parisiens a développé de nouvelles méthodes de tra- vail et de nouveaux produits. VINCI Construction a, notamment, lancé Exegy, une marque de béton bas carbone et ultra bas carbone qui a été mise en œuvre dans la fabrication des voussoirs pour les tunnels du Grand Paris Express. Ces chantiers souterrains ont également permis à Eiffage de breveter un procédé permettant de limiter le temps passé à caractériser les matériaux extraits via les tunneliers. « Grâce au travail de notre laboratoire et de notre service innovations, nous allons trois fois plus vite pour caractériser les matériaux », note Jérôme Martres. Une pratique qui permet de régler la question du stockage de ces matériaux puisqu’à « Paris, nous n’avons pas de capacité de stockage » et qui limite les flux logistiques. « Pour nous, le Grand Paris est un laboratoire. L’expérience de gestion de ces chantiers en milieux urbains nous permet de diffuser notre savoir-faire au niveau national », confirme le directeur développement et commercial. Sur le plan opérationnel, Prunières a aussi beaucoup appris sur les chantiers du Grand Paris Express. S’il devait n’en retenir qu’un exemple, son dirigeant citerait « les bennes étanches pour éviter de salir les routes ». Une pratique essentielle pour transporter les matériaux (boue de marinage) extraits des sous- sols dans un environnement urbain exigeant. Globa- lement, les marchés passés par la Société du Grand Paris ont permis « aux entreprises de se sublimer », assure Hervé Di Rosa. « La SGP est l’un des premiers maîtres d’ouvrage en France à inclure une incitation financière symbolique en cas d’amélioration du bilan carbone des chantiers. C’est exceptionnel et essentiel pour pousser l’innovation et permettre aux entreprises de sortir de leurs habitudes et s’améliorer », loue-t-il. Opératon de Vinci Construction à Drancy. "Je pense aux associations que nous avons pu accompagner et à l'aide au retour à l'emploi grâce en particulier à l'insertion sociale sur les chantiers" Hervé di Rosa, directeur du développement chez VINCI Construction. Retombées sociétales Au-delà des retombées technologiques pour les entreprises, les acteurs interrogés soulignent aussi « les retombées sociétales ». « Je pense aux associations que nous avons pu accompagner et à l’aide au retour à l’emploi grâce en particulier à l’insertion sociale sur les chantiers. Si, à la fin, nous avons participé pour certaines personnes au retour vers l’emploi durable et que l’on en a fait des ouvriers qualifiés capables de travailler sur d’autres opérations, c’est un succès », affirme Hervé Di Rosa. Chez Prunières, qui compte aujourd’hui 120 camions en Île-de-France, les chauffeurs ne sont pas tous Fran- ciliens. « Nous avions lancé un recrutement en Lozère, en Aveyron et dans le Cantal », précise Nicolas Prunières. Ce schéma a permis « à pas mal de jeunes des régions rurales d’avoir des revenus supérieurs à ce qu’ils auraient pu prétendre dans leur région, tout en continuant à avoir leur vie sur place puisqu’ils étaient en déplacement », explique-t-il. Le recrutement chez Prunières s’est également adressé à des gens issus de quartiers franciliens, mais aussi, à travers l’association Emmaüs Défi, à une personne qui était sans domicile fixe. « Venant nous-mêmes d’une région rurale, nous voulions faire participer toutes les régions de France à la construction du Grand Paris », poursuit le Lozérien d’origine. Les chantiers du Grand Paris ont été l’occasion pour les bâtisseurs de développer d’autres compétences qui dépassent leur cœur de métier. « Il faut prendre en compte le cadre des chantiers pour s’assurer qu’il y ait le moins de nuisances possibles pour les riverains et les piétons », indique Jérôme Martres. Ainsi, Eiffage explique avoir déployé des responsables communication et concertation pour accompagner les chantiers. « Il faut vraiment travailler sur l’acceptabilité des chantiers », appuie Jérôme Martres, qui observe que « le bénéfice de l’infrastructure est mal appréhendé par les citoyens et [qu’]il faut qu’on arrive à s’insérer ». Urbaniser de manière cohérente et durable Bâtir le Grand Paris ne se résume pas au Grand Paris Express pour les entreprises de construction. D’autant que le projet de transport déploie avec ses 68 nouvelles gares autant de quartiers et de futurs lieux d’habitation. « Avec le GPE, nous avons créé un squelette formidable, maintenant il faut y créer la vie », déclare Hervé Di Rosa, pour qui « des travaux d’infra- structure de cette ampleur en Île-de-France, ça ne se fera plus ». Pour le directeur du développement de VINCI Construction, « ce qu’il reste à faire, c’est urbaniser de manière cohérente et durable les nouveaux territoires desservis ». Concernant les trans- ports des déblais issus de ces travaux gigantesques, Prunières estime encore avoir cinq années d’activité importante sur le Grand Paris. Selon son dirigeant, le GPE a été « un accélérateur » et « a initié une dynamique chez Prunières qui nous a permis ensuite un développement national ». Les effectifs seront redéployés sur d’autres chantiers en France. Eiffage et Prunières TP sont notamment engagés sur le chantier du prolongement du métro de Toulouse. VINCI Construction travaille également dans l’industrie et en particulier sur la construction d’usines de fabrication de batteries comme le projet En vision à Dunkerque et mise, tout comme Eiffage, sur la construction de réacteurs nucléaires. « On est très actif sur le GPE, mais il y aura toujours d’énormes chantiers dans le Grand Paris », nuance Jérôme Martres. Eiffage est par exemple positionné sur le projet de la Ville de Paris concernant la Compagnie de chauffage urbain. Les normes environnementales et l’objectif de zéro artificialisation nette des sols sont aussi des défis pour les bâtisseurs de la Région Capitale. Après de grands projets de logement, « on rentre dans le temps de la dentelle », explique Alexis Joly, président de l’entreprise spécialisée en réhabilitation et en surélévation SNERCT Construction.Avec ses 30 conducteurs de travaux, elle mène chaque année 15 chan-tiers de réhabilitation et de 3 à 6 projets de surélévation. Une solution pour permettre aux co-propriétés à Paris et en petite couronne d’isoler leurs logements tout en construisant des logements neufs. Alexis Joly, président de SNERCT Construction. La société réalise ses surélévations par exemple sur le patrimoine du bailleur social HSF. Des chantiers qui prennent entre 6 et 18 mois pour des réalisations avec des structures mixtes bois et métal. « Des micro- projets » par rapport au Grand Paris, comme l’admet Alexis Joly, mais tout autant essentiels au développement de la Région Capitale. Sur l'avenue d'Ivry, SNERCT surélève de deux étages un immeuble du bailleur social parisien HSF.

  • Le bureau francilien fait cap sur demain

    Entre suroffre, fragmentation, obsolescence et mutation de la valeur travail, l'immobilier de bureau entre dans une intense période de transition. Un défi qui inquiète autant qu'il inspire les acteurs franciliens. Par Elena Jeudy-Ballini. Les spécialistes l’assurent, on a toujours besoin du bureau. Mais de quel bureau parle-t-on ? Alors que l’immobilier tertiaire accuse d’importantes disparités géographiques (les locaux situés à Paris intra-muros et dans l’ouest parisien demeurant les plus plébiscités), on assiste également à une fragmentation entre les immeubles de première et de seconde mains, les vertueux et les passoires thermiques, ceux adaptés ou non au télétravail... Dans le même temps, le stock de bureaux obsolètes commence à peser lourd dans la Région Capitale. Le volume de bureaux concernés par une vacance durable d’au moins deux années consécutives avoisinerait en effet 1,1 million de mètres carrés. « Sur cette offre, 39 % se situent en deuxième couronne, 25 % dans le secteur péri-Défense et 13 % en première couronne nord (Clichy, Saint-Ouen, Aubervilliers, etc.). Le reste se répartit entre les différents secteurs tertiaires franciliens », constate David Bourla, directeur des études chez Knight Frank France. En cause, notamment, le retour à la centralité parisienne, l’obsolescence du bâti, la généralisation du télétravail et celle du flex office, que de nombreuses entreprises franciliennes perçoivent comme une occasion d’optimiser leur immobilier. Le nouveau siège européen de Covivio implanté dans le 8ème arrondissement. Transformer les actifs obsolètes Alors, face à ce constat, que faire du bâti inutilisable ? « La demande des entreprises faiblit dans de nombreuses villes et les valeurs vénales plongent. Un rétrécissement assez net du marché des bureaux est à prévoir et les réflexions deviennent donc de plus en plus marquées sur la nécessité de transformer les actifs », poursuit David Bourla. Des transformations qui, pour certaines, impliquent une reconversion du bureau vers d’autres usages. En Île-de-France, cette démarche avance lentement, mais sûrement. Sans grande surprise, Paris intra- muros concentre une part plutôt modeste des opérations menées depuis 2019 (18 %) du fait d’une très faible vacance, tandis que La Défense et le croissant ouest en représentent plus du quart (28 %) et le reste de la première couronne près du tiers (29 %). À l’heure où l’artificialisation de nouveaux sols et l’étalement urbain sont autant d’éléments que les nouvelles réglementations visent à réduire, le contexte semble donc particulièrement favorable à l’essor de la reconversion des bureaux vides, qui présente aussi de nombreux avantages en faveur du verdissement du parc immobilier (amélioration du bilan carbone, mise à niveau en matière énergétique...). Le nouveau siège européen de Covivio, L’Atelier, implanté dans le 8e arrondissement, est à ce titre exemplaire. Cet ancien central téléphonique, occupé par Orange jusqu’en 2021, a été intégralement réhabilité par Studios Architecture et adapté au nouvel usage du bureau qui reprend les codes de l’hôtellerie et du résidentiel, avec salles de sport, restaurant et de généreux accès extérieurs. Ce nouveau siège n’est toutefois pas considéré uniquement comme un lieu de travail : « L’Atelier représente aussi la vitrine de nos savoir-faire et de nos expertises », fait valoir Christophe Kullmann, directeur général de Covivio. Absorber les bureaux en trop,adapter les autres « La mutualisation des espaces de bureau est acquise », considère par ailleurs Astrid Weill, directrice générale de Groupama Immobilier. « Aujourd’hui, on partage l’espace avec les autres collaborateurs, chacun s’organise. Mais quand les commerciaux sont en clientèle, les collaborateurs en RTT ou en réunion, les bureaux restent inutilisés. 20 % des 56 millions de mètres carrés de bureaux en Île-de-France seraient en trop, soit 11 millions de mètres carrés. Il faut faire de l’asset management sur les bons bureaux. Les mauvais sont beaucoup trop nombreux. »Dans ce contexte, La Défense semble continuer à tirer son épingle du jeu.« Le quartier d’affaires est si bien localisé qu’il finit toujours par se remplir, observe la directrice générale de Groupama Immobilier. On a construit La Défense en 10 ans, aussi tout est forcément obsolète 40 ans après. Nous nous trouvons donc dans une phase de reconstruction, mais je ne suis pas inquiète. » En revanche, il faudrait se résigner à laisser d’autres bâtiments « mourir », faute d’un intérêt en matière de reconversion. Ou, à défaut, accepter des pertes : certains édifices de grande couronne peu attractifs et au faible potentiel de valorisation devraient ainsi voir leur valeur annulée pour garantir un équilibre finan- cier à leur opération de transformation. « L’équation économique est très difficile à faire fonctionner sans passer par zéro », souligne Astrid Weill. Travailler, mais pas seulement Cependant, la conception des espaces de demain, répondant aux besoins de leurs occupants actuels et futurs, ne devra pas se faire au détriment de l’esthétique. Pour l’architecte Corinne Vezzoni, « cette dimension participe de la concurrence des grandes métropoles. Aseptiser la ville n’est pas une solution et les bâtiments doivent garder des caractéristiques propres ». Un challenge particulier est donc à relever, d’autant que l’immeuble de bureaux ne constitue plus seulement un outil de transmission, mais est aussi un instrument d’attractivité des parties prenantes. « L’employé doit être fier de son immeuble », estime le directeur général d’OFI Invest Real Estate Sébastien Chemouny. Les caractéristiques de l’espace de travail entreraient en effet de plus en plus dans le processus de décision des employés quant au choix de travailler pour telle ou telle entreprise. Le dernier baromètre Paris Workplace, réalisé par la Société foncière lyonnaise et l’Ifop, révèle que, pour 39 % des salariés franciliens interrogés, le bureau du futur offrira une accessibilité 24 h/24 toute la semaine et permettra de suspendre sa journée de travail pour réaliser une activité d’ordre personnel. Dans le même temps, pour près de 80 % des sondés, la possibilité de télétravailler constitue un critère au moment de choisir un poste. « S’en sortiront les bureaux qui auront pris le virage de l’acceptation de différents flux économiques, seront en mesure d’embarquer beaucoup de services dans leurs immeubles et se montreront capables d’offrir une flexibilité de contrats à des entreprises », conclut Matthieu Nicoletti, directeur du développement à Comet Meetings. L'espace de travail devient un critère de décision quant au choix de travailler pour telle ou telle entreprise.

  • "J'ai un pied à Paris et un pied en région avec 1000 fournisseurs"

    Le chef Guy Savoy explique l'intérêt d'être installé dans la capitale et les connexions qu'il a développées avec des producteurs franciliens pour s'approvisionner. Un dîner à Paris, son restaurant installé à la Monnaie de Paris, a été couronné, pour la septième fois en 2024, "meilleur restaurant du monde". Propos recueillis par Raphaël Richard. Pourquoi avoir implanté votre restaurant à Paris ? J’ai grandi à Bourgoin-Jallieu, mais je ne me suis pas installé là-bas car il n’y a pas deux millions d’habitants et des touristes. L’expression monter à la Capitale prend tout son sens ! La Monnaie de Paris m’a choisi via un appel d’offres en mai 2010. Ce quartier et ses galeries d’art correspondent à ma zone de flânerie du samedi matin et je me suis souvent demandé ce qu’il y avait à l’intérieur de ce bâtiment. J’ai ressenti une joie intense car, quand je l’ai visité, j’ai eu un coup de foudre. J’ai pris possession des lieux dès les premières secondes avec des images précises sur l’aménagement des espaces. C’était une évidence, la distribution des pièces correspondait à un restaurant. C’est important pour moi d’être installé dans le Paris historique. D’ici, la vue – même dans la cuisine dotée de fenêtres – ne porte que sur des choses merveilleuses : la Seine, le Louvre, les bouquinistes, etc. On nepeut pas être davantage dans un lieu unique. Quelle place occupe la gastronomie dans le Grand Paris ? C’est notre ADN et elle doit être un paramètre de choix de la destination. C’est historique. Cette multitude de produits, dans leur diversité, a généré au travers des siècles une kyrielle de savoir-faire. Nous avons les meilleurs savoir-faire dans tout ce qui se mange et se met sur la table. Nous sommes les champions du monde des arts de la table. La gastronomie, c’est tout cela. L’Unesco a bien saisi cette singularité. Paris est organisée pour être le lieu de concentration de tout ce que la France produit, au travers notamment de Rungis. En Île-de-France, il y a une ceinture de maraîchers et des éleveurs qui ont développé des appellations spécifiques à la région, ce qui permet d’avoir une profusion de produits de grande qualité aux portes de Paris. Quel est votre lien avec ces producteurs ? Je m’approvisionne en légumes et petits fruits auprès de maraîchers de la région parisienne. Nous avons des producteurs capables de cueillir le matin et de nous livrer l’après-midi. J’ai un pied à Paris et un pied en région avec environ 1000 fournisseurs issus de tous nos territoirs et des centaines de partenaires pour le reste : volaille de Brest, huile de Provence, etc. C’est tout un réseau qui s’est construit durant mes 55 ans de carrière, mais il n’est pas figé. Il y a de jeunes générations qui s’installent et qui font avancer les choses. On est à l’écoute, la gastronomie française n’est pas un musée, elle est en évolution permanente. On habite un pays de cocagne, il suffit de se balader sur le territoire pour découvrir la qualité des produits. Comment voyez-vous le développement de l’agriculture urbaine et rurale en Île-de-France ? Je suis favorable à toutes les actions faites dans ce sens, cela apporte de la diversité dans la qualité. Quand je vois un jardin sur les toits, j’applaudis. Certaines herbes de mon restaurant viennent de la porte de la Chapelle et le miel des toits parisiens. Que pensez-vous des projets autour de la gastronomie en Île-de-France ? J’ai participé à la commission pour l’inscription de la gastronomie au Patrimoine mondial de l’Unesco. La Cité de la Gastronomie Paris- Rungis est un projet qui a beaucoup de sens. Cette diversité est notre singularité, il faut attirer l’attention dessus pour créer l’intérêt. Il y a les curieux qui découvriront par eux-mêmes et d’autres que nous devons attirer. En montrant notamment le travail des producteurs et tout ce qui fait la gastronomie française, qui a besoin d’être soutenue et promue.

  • Entre tradition et adaptation

    Notaire associé dans une étude du 8e arrondissement de Paris, Pierre Tarrade, 51 ans, a été élu, en mai dernier, président de la Chambre des notaires de Paris pour un mandat de deux ans. Il se présente comme le garant de l’ADN de la profession, tout en la préparant aux évolutions tant techniques que sociétales. Par Fabienne Proux. Pierre Tarrade a succédé le 31 mai 2024 à Marc Cagniart à la présidence de la Chambre des notaires de Paris avec le souhait de « s’inscrire dans la continuité » de son prédécesseur, tout en mettant en avant les spécificités de son programme dont le fil rouge consiste à «renforcer l’ADN du 74 notariat, préparer l’avenir, s’affirmer comme un acteur de la cité ». Alors que 66 % des membres de la Compagnie n’étaient pas notaires il y a 6 ans et que les règles de la profession ont changé, il est crucial pour le nouveau président « d’accueillir ces nouveautés sans perdre notre identité de notaires et en s’ancrant dans un temps long », fait valoir ce passionné par l’Histoire, notamment celle du notariat, « le temps qui fait de nous les successeurs des 60 notaires que saint Louis installa au Châtelet en 1270, il y a un peu plus de 750 ans ». Si bien évidemment l’exercice du métier a évolué depuis, il convient toutefois, selon lui, « d’assumer la fonction essentielle à notre société qu’est celle du notaire, agent du service public de la preuve authentique » en sachant s’adapter à l’époque et anticiper les évolutions tant techniques que sociétales. Au cours de ses deux années de mandat, il ambitionne de « continuer à participer à tous les niveaux à la vie de la cité en France ou à l’international, de repositionner la Compagnie de Paris sur ses fondamentaux, de poursuivre l’évolution de la Chambre et de Paris Notaires Services pour en faire des outils toujours plus utiles aux notaires de la Compagnie ». Amoureux de Rome Titulaire d’un DESS en droit notarial de l’Université Panthéon-Assas, Pierre Tarrade est également ancien élève de l’Institut d’Études politiques de Paris. Il collabore depuis le début de son exercice au Comité de consultation du Cridon de Paris et aux travaux de l’Institut d’Études juridiques du Conseil supérieur du notariat. Très investi dans les instances nationales, il a participé à deux Congrès des notaires. Membre de la Chambre de 2008 à 2011, il en a animé la Commission internationale, puis a exercé la fonction de premier vice-président de 2022 à 2024. Au cours de ce mandat, il a été à l’initiative et a porté une matinée sur l’Intelligence artificielle (IA) générative qu’il compte développer à l’occasion de sa présidence. Membre actif de l’Institut international d’Histoire du notariat, Pierre Tarrade préside depuis 2021 la Commission des Archives notariales et fait, à ce titre, partie du Conseil supérieur des Archives de France. Amoureux de Rome, « de ses bâtiments, de son passé, de son ambiance culturelle et gastronomique », il y passe au minimum un séjour chaque année pour y exercer notamment son autre passion, la photographie.

  • Les élus toujours plus engagés au sein des Acteurs du Grand Paris

    De l'avis des membres du Bureau des Acteurs du Grand paris, la montée en puissance des élus au sein de l'association constitue un des éléments les plus marquants de l'évolution du club au cours des derniers mois. De même que la structuration accrue de son bureau, qui renforce l'agilité de l'association, au service de ses membres. Par Jacques Paquier. Acteurs du Grand Paris, ce sont les membres du bureau de l’association qui en parlent le mieux. Tous constatent une même montée en gamme du club au cours des derniers mois, accélérée par la structuration de son bureau et une distribution plus claire des responsabilités et des missions entre ses membres. Tous évoquent également la présence de plus en plus nombreuse d’élus toujours plus désireux d’échanger avec les opérateurs privés du Grand Paris. Un partenariat stratégique avec Sciences Po Pour Nathalie Lemaitre , le développement de leur présence au sein du club « démontre que les élus comme les entreprises trouvent un intérêt sans cesse renouvelé dans le dialogue entre acteurs publics et privés ». La déléguée régionale RTE pour l’Île-de- France et la Normandie souligne la réussite du dernier dîner des maires de la Métropole du Grand Paris, « où des questions fondamentales sur ce qui fait l’essence même, la raison d’être du Grand Paris sont revenues sur le devant de la scène ». Tout comme le nouveau rendez-vous récurrent, baptisé « Bonjour Monsieur le Maire ! », au cours duquel un maire reçoit le club au sein de sa mairie. Jean-Christophe Fromantin, le maire DVD de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), et Zartoshte Bakhtiari, le maire LR de Neuilly-sur- Marne (Seine-Saint-Denis), ont été les premiers à se prêter à cet exercice, avec une passion communicative pour le développement de leur commune. Nathalie Lemaitre se félicite, par ailleurs, d’une clarification intervenue récemment dans la distribution des responsabilités au sein du bureau de l’association des Acteurs, facteur d’efficacité accrue. Chargée de développer la prospective et les partenariats, elle cite notamment la convention de partenariat stratégique signée avec l’école urbaine de Sciences Po au printemps dernier. « Plusieurs membres du club ont manifesté à cette occasion leur enthousiasme pour rencontrer des étudiants, plancher avec eux sur les sujets identifiés, notamment autour de la transition numérique, thème qui a été choisi au terme d’une vaste concertation menée en interne à l’association », précise Nathalie Lemaitre, pour qui la vocation des Acteurs du Grand Paris est bien de permettre à des acteurs publics et privés de travailler ensemble sur des sujets structurants. La déléguée régionale cite également la localisation des data centers en Île-de-France parmi ses sujets clés, qui interrogent à la fois les opérateurs de l’énergie, les acteurs économiques, les responsables de l’aménagement et les élus. « Intensifier nos relations avec le monde universitaire et scientifique » Maria Breidy , secrétaire générale de l’association, directrice de la communication du ministère des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, mentionne, elle aussi, spontanément le dîner-débat avec l’école urbaine de Sciences Po comme un des temps forts des mois derniers, symbole de la qualité des débats qui animent l’association. « Ce dîner a donné à tous ses participants une bouffée d’oxygène. Nous souhaitons intensifier encore nos relations avec le monde universitaire et scientifique, pour des débats de fond tou- jours plus pertinents », assure-t-elle. Maria Breidy désigne à son tour le dernier dîner des maires de la Métropole comme un autre temps fort, « démontrant que le club a de plus en plus de sens aux yeux de tous ceux qui concourent à la construction du Grand Paris ». La directrice de la communication se félicite par ailleurs de la mise en place, au club, d’une charte d’accueil, garantissant à chaque nouvel adhérent un parrainage, un chaperonnage bienvenu pour accompagner ses premiers pas au sein de la structure. « Prendre le pouls du territoire » En tant que géomètre-expert, Éric Malenfer, président Gexpertise, MRICS, CHEDE 12 - Associé Team For The Planet, travaille avec des aménageurs et les entreprises impliqués dans le cadre de la trans- formation de la Région et de la Métropole du Grand Paris. « Cette transformation passe bien sûr par les travaux publics, mais aussi par les acteurs économiques qui font ce nouvel écosystème. Avec Acteurs du Grand Paris, le contact de la mixité politique et économique m’a permis de prendre le pouls du territoire », explique-t-il. C’est un club efficace, selon lui, qui donne des clés de compréhension sur les zones de grandes transformations. C’est ce qui l’a amené à imaginer une nouvelle implantation d’agence dans le nord-est de l’Île-de-France. « Je me retrouve dans les valeurs, la pluridisciplinarité du club et dans la bienveillance qui règne entre les membres, dont il faut reconnaître la grande qualité, poursuit-il. Sans passe-droit, chacun sait qu’il sera contacté et amené à échanger avec des personnalités qui sont d’ordinaire très sollicitées. C’est un atout de taille pour le Grand Paris, où tout reste à construire. » Se professionnaliser davantage Pour Olivier Frard , trésorier de l’association, et par ailleurs président de la Sifae*, les Acteurs du Grand Paris ont désormais atteint une taille telle qu’elle obligeait à se professionnaliser encore davantage. « Nous ne pouvons nous permettre de décevoir », résume- t-il, ne cachant pas que l’ampleur prise aujourd’hui par l’association suppose un investissement de tous ses membres pour maintenir le niveau de qualité atteint au fil des années. Olivier Frard cite également la 3e édition du dîner des maires de la Métropole, en présence de quelque 70 élus, dont la maire de Paris Anne Hidalgo ou le président de la Métropole du Grand Paris Patrick Ollier, comme un récent point d’orgue de cette montée en puissance. * Société immobilière et foncière d’Action Logement et de l’Epfif. Une précieuse « respiration démocratique » Pour Jean-Baptiste Corteel , directeur de cabinet de Stéphan de Faÿ, directeur général de Grand Paris Aménagement, le club des Acteurs du Grand Paris offre une précieuse « respiration démocratique » : « Il a su s’affirmer comme un espace de dialogue et d’échange apolitique, entre acteurs publics et privés, dans une atmosphère à la fois professionnelle et détendue. Un espace particulièrement bienvenu, alors que l’on n’a peut-être jamais eu autant besoin de rechercher des compromis », résume-t-il. Jean- Baptiste Corteel confirme à son tour le professionnalisme accru avec lequel les dîners-débats sont désormais préparés, afin d’en fluidifier les échanges. « Face à la tentation du repli, le club, qui est devenu un lieu de production autant que de réflexion sur le Grand Paris, espace itératif qui doit s’adapter en permanence, n’a jamais eu autant de pertinence », conclut-il. « À chacun de venir comme il est » Selon Dieunor Excellent , maire DVG de Villetaneuse (Seine-Saint-Denis), à propos d’Acteurs du Grand Paris, « un des éléments qui me semble essentiel, c’est qu’il s’agit d’un club ouvert à tous. Chacun vient de quelque part, idéologiquement, politiquement, socio- logiquement, philosophiquement. Mais une fois que l’on évolue au sein du club, qui est un espace très ouvert, ces différences n’importent plus ». Que ce soit lors des dîners-débats, des apéritifs ou des rencontres diverses, pour l’élu, « l’envie de se retrouver prime. On aborde certes ensemble des sujets complexes, mais dans une ambiance de grande convivialité ». Et au-delà, l’association offre « l’opportunité aux élus de rencontrer des personnalités que nous n’aurions jamais eu l’occasion de croiser. Nous autres maires, nous ne côtoyons pas forcément dans notre quotidien des chefs d’entreprise, des promoteurs, des architectes. Le club permet cette rencontre informelle entre acteurs publics et privés. J’ai ainsi pu rencontrer, notamment, le maire de Sceaux ou la maire de Puteaux. L’occasion de se rendre compte que la gestion d’une collectivité recouvre souvent les mêmes réalités ». Une opportunité pour confronter leurs expériences respectives et parfois envisager des actions communes, comme le souligne le maire de Villetaneuse : « C’est très intéressant. Le club s’est bâti pour permettre à ceux qui aménagent le Grand Paris, ceux qui construisent ses infrastructures, ceux qui gèrent les collectivités d’agir ensemble. Je citerai le cocktail d’été des Acteurs du Grand Paris, désormais organisé chaque année dans les jardins de la Maison de l’Amérique latine, parmi les événements qui reflètent parfaitement l’esprit du club. J’apprécie aussi la capacité qu’ont les dirigeants de l’association d’inviter des personnalités de haut niveau, ministres, leaders économiques, grands chefs parisiens. Tout cela en permettant, pour paraphraser un slogan publicitaire connu, à chacun de venir comme il est. » « Un catalyseur indispensable pour assurer le succès durable du Grand Paris » Vice-présidente d’Acteurs du Grand Paris et BD & Strategic Partnerships - Europe chez Binance France, Christelle Tang considère que l’association desActeurs du Grand Paris joue un rôle crucial dans la réalisation et la pérennisation du projet de structuration territoriale du Grand Paris : « Ce projet ambitieux, destiné à transformer la région parisienne en un territoire plus cohérent et connecté, a déjà vu l’achèvement de plusieurs grands projets. Cependant, dans un contexte économique et social complexe, il est impératif de maintenir un engagement constant et de promouvoir activement ces réalisations. » Pour la vice-présidente, « l’association, en réunissant acteurs publics et privés, facilite les rencontres et les échanges essentiels pour le succès de cette transformation. La continuité de ces efforts est vitale pour surmonter les défis actuels et futurs. En encourageant la collaboration et le dialogue entre les différents acteurs, elle contribue à renforcer la synergie nécessaire pour l’avancement du Grand Paris ». Les grands projets livrés témoignent de l’impact positif du projet, mais la persévérance est clé, comme le confirme Christelle Tang. Il est essentiel, à ses yeux, de continuer à promouvoir ces initiatives, à soutenir les acteurs impliqués et à adapter les stratégies en fonction des évolutions du contexte. « L’Association des Acteurs du Grand Paris est le catalyseur indispensable pour assurer le succès durable de ce projet ambitieux, garantissant ainsi une région plus harmonieuse et prospère pour les générations futures », conclut-elle.

  • Jacques Paquier, conteur du Grand Paris

    Après une première carrière dans la presse régionale, suivie de 18 années passées à la rédaction en chef de La Gazette des Communes , Jacques Paquier a cofondé, en 2014, Le Journal du Grand Paris , un média devenu incontournable pour qui s'intéresse au fait métropolitain. D ans son costume cravate, Jacques Paquier aurait presque une allure d’homme politique s’il n’avait l’œil curieux, l’appareil photo en bandoulière et une besace de reporter collée à la hanche pour trahir son véritable métier. « D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu être journaliste, au moins depuis mes sept ans. J’aurais voulu être un artiste aussi, comme dit la chanson. Un romancier, plus précisément. Mais j’avais un oncle journaliste qui rendait ce métier plus réel à mes yeux », nous explique celui qui a grandi dans la commune de Francheville, près de Lyon, et s’est formé à l’Institut de journalisme de Bordeaux. De la presse régionale à l’actualité des collectivités territoriales Comme son oncle, Jacques commence comme journaliste dans la presse quotidienne régionale ( Sud Ouest, Le Progrès, Ouest-France, Var Matin, Le Quotidien de La Réunion ) : « C’est une presse très vivante et utile à l’intérêt général. Elle permet de saisir au mieux et au plus près les enjeux territoriaux.On ne peut pas s’y moquer du monde, on parle de personnes avec lesquelles la proximité est directe. La communauté à laquelle on s’adresse est clairement identifiée. La dimension de service y est forte. J’y ai commencé un peu par hasard, mais ça m’a beaucoup servi pour la suite. » C’est dans les pages de La Gazette des Communes , le journal de référence des collectivités territoriales, qu’il écrit alors : « Ce que l’on peut sembler perdre en critique - on peut parfois nous reprocher un ton complaisant –, on le gagne en précision, en capacité de rendre compte de situations complexes grâce à la force de la proximité de ce type de presse professionnelle. Dans ce genre d’espace, on peut prendre le temps de s’intéresser au pourquoi du comment des trains qui arrivent à l’heure. » Pendant 18 ans au sein de ce titre national, relative- ment technocratique, il s’intéresse aussi bien au statut de la fonction publique qu’à l’organisation de finances locales ou encore à la montée en puissance de l’intercommunalité. En plus d’y développer la vidéo et d’aiguiser ses connaissances juridiques et économiques, il se construit un solide réseau. Il gravit bien des échelons, jusqu’à en devenir rédacteur en chef délégué. Mais l’ancrage régional commence à lui manquer, tandis que son amour pour Paris ne cesse de grandir. Le pari gagnant d’un journal sur le projet métropolitain qui valait 100 milliards Car, entre-temps, Jacques Paquier a vécu dans le 18e arrondissement avant de s’installer durablement dans le 20e. Ce féru de littérature, grand amateur d’Éric Hazan (auteur de L’Invention de Paris ), de Philippe Sollers et de Marcel Proust, se passionne pour la Capitale qu’il photographie dans ses moindres recoins, tout en s’intéressant à sa grande histoire et ses petites histoires cachées. « J’admirais chez Éric Hazan, qui nous a quittés en juin 2024, son immense érudition, sa fine connaissance de la géographie his- torique et sociale de la ville. C’est cette connaissance intime, littéraire et sociologique de Paris que je souhaite cultiver aussi », précise-t-il. Assez modéré politiquement, Jacques Paquier reconnaît à Anne Hidalgo d’avoir rendu Paris un peu plus piéton et cyclable, donc respirable : « Elle tente de mettre la ville à la hauteur du défi climatique. » Mais il a aussi un mot pour Nicolas Sarkozy, qui a fortement contribué à ce que le rêve du Grand Paris devienne réalité : « C’est un projet dont parlait déjà Victor Hugo en un sens et qui dépasse tous ceux qui l’entreprennent aujourd’hui. L’ancien président décrivait très bien comment la France était en train d’être déclassée, notamment par la Chine. Mais que l’effet métropolitain pouvait nous aider : quand vous agglomérez plusieurs communes ensemble, la croissance que vous générez est plus grande que leur simple somme. » Quand La Gazette des Communes change d’action- naire, Jacques Paquier fait valoir sa clause de cession en tant que journaliste, ce qui lui permet de partir avec un chèque lui donnant l’occasion de créer Le Journal du Grand Paris . « C’était en 2014, j’avais 46 ans et ne voulais pas passer toute ma vie dans le même canard, ni revenir à la précarité de la pige. Alors j’ai mis la moitié de mes indemnités dans ce projet entrepreneurial, qui n’est pas le choix de la faci- lité non plus. Mais je me suis dit que si des centaines de milliards étaient investis dans le Grand Paris, créer un journal qui ausculte cela serait une bonne idée. » En 10 ans, un média devenu communauté d’influence du Grand Paris Cela fait donc 10 ans que Jacques Paquier fait tourner Le Journal du Grand Paris , avec une équipe d’une dizaine de personnes, à travers une publication hebdomadaire (on frôle le 500e numéro), une newsletter quotidienne et de nombreux hors-séries papier (déjà 60 au compteur). « La presse est un sport collectif. Je suis infiniment reconnaissant envers tous ceux qui m’accompagnent depuis toutes ces années », souligne-t-il. Son modèle économique repose environ à 60 % sur les abonnements florissants, 15 % provenant de la publicité, 15 % du sponsoring et 10 % de la production de contenus en marque blanche : « J’ai beaucoup de plaisir à développer ce média qui a réussi à devenir incontournable sur le sujet et intéresse donc tous les professionnels du secteur comme outil de veille indispensable. C’est devenu une vraie communauté, comme en atteste le succès de nos événements récurrents que sont les Assises du Grand Paris et le Sommet de l’Axe Seine. On crée aussi de précieuses ressources, comme le Livre blanc de la décarbonation de l’Île-de-France et un observatoire dédié. » Thomas Hantz, président d’Acteurs du Grand Paris, dont Jacques Paquier est membre et contributeur, renchérit : « La fonction du Journal du Grand Paris est cruciale pour faire le lien entre tous les acteurs du projet. C’est un média qui, tous les jours, nous donne des nouvelles les uns des autres. » Fusion entre ses savoir-faire en presse quotidienne régionale et en presse nationale dans les collectivités territoriales, Le Journal du Grand Paris permet de fournir les outils pour décrypter les défis en cours et futurs de la Métropole. En toute logique, il fait aussi partie des membres de la première heure des Acteurs du Grand Paris et participe souvent à l’écriture de 69 certains articles du magazine : « J’apprécie beaucoup la convivialité, l’esprit de club et la volonté de nourrir les débats intellectuels portés par l’association. On partage des valeurs d’utilité sociale », souligne-t-il. De son côté, Thomas Hantz reconnaît et loue son expertise et son investissement sans faille : « L’engagement de Jacques Paquier est impressionnant au quotidien, son professionnalisme est salué par tous les élus et les professionnels. ».

  • Agir en éclaireuse et transmettre...

    Sur la scène francilienne, Anne-Katrin Le Doeuff, directrice de l'AORIF, est connue pour son engagement social, son expertise en matière de politique, du logement... et son tempérament, particulièrement pugnace. Par Elena Jeudy-Ballini. La directrice de l’Aorif se passionne pour sa mission à la tête de la représentation des bailleurs sociaux franciliens. « L’année a été marquée par de grandes incertitudes au niveau national, en termes institutionnels, économiques et réglementaires, qui ont impacté l’ensemble des acteurs de la chaîne du logement », souligne-t-elle d’emblée. « Cette situation de tension extrême sur le modèle économique HLM est parfois mal appréhendée par nos partenaires. Nous avons donc engagé des travaux pour l’objectiver et la faire mieux reconnaître, je pense en particulier à la modélisation économique d’un macro-organisme francilien avec la Banque des Territoires. » « Je suis quelqu’un qui a eu beaucoup de chance ! » estime-t-elle. Cette humilité, Anne-Katrin Le Doeuff la gardera tout au long de l’entretien. Avant de diriger l’Union sociale pour l’habitat d’Île-de-France, elle a d’abord été cette jeune étudiante effacée, bien que brillante. Ses résultats sont si excellents que toutes les prépas l’acceptent et qu’elle ne sait vers laquelle se diriger. Un questionnaire d’orientation rempli dans un centre d’information lui suggérera de se lancer dans l’architecture. C’est en intégrant par la suite une agence parisienne à la fin des années 1990 qu’Anne-Katrin Le Doeuff commence à développer la pugnacité qu’on lui connaît. « J’ai été formée rapidement à ces rapports de force, j’ai appris à ne pas me laisser impressionner par des personnalités bien trempées », explique-t-elle. Peu de temps après, elle délaisse l’architecture, pour entreprendre un master d’urbanisme à Sciences Po Paris. Elle s’oriente alors vers la décision publique. Car c’est bien cela qui l’anime : agir en éclaireuse et faire en sorte que ses travaux impactent les citoyens. Très vite, elle est repérée pour porter le développement d’une agence conseil toute neuve, spécialiste des politiques de l’habitat, de la ville et du renouvellement urbain : Espacité, où elle reste plus d’une vingtaine d’années. La dimension humaine au coeur du quotidien Il y a trois ans, elle prend la décision d’entrer dans le secteur HLM. « Cette progression faisait sens pour moi et je voulais prendre part à cette aventure. J’occupe aujourd’hui un poste plus politique, toujours dans l’intérêt général », précise-t-elle. Anne-Katrin Le Doeuff intervient en outre dans des cycles d’enseignement en politique du logement auprès des étudiants de l’Essec et de Sciences Po. « Cette qualité de l’interaction compte beaucoup pour moi. J’essaye de faire en sorte que la dimension humaine soit au cœur de mon quotidien. Il est impor - tant de prendre de la hauteur sur le sens de ce qu’on fait et de ne jamais oublier pourquoi on le fait, ni pour qui », déclare-t-elle. Un goût pour la transmission qu’elle tient de ses parents, tous deux professeurs. Quant à sa personnalité féministe assumée, nul doute que sa tante, l’éminente philosophe Michèle Le Doeuff, avec qui elle échange beaucoup, y est pour quelque chose. « Être une femme avec des responsabilités de bonne heure n’est pas chose aisée. Aujourd’hui, je me sens armée et ne me laisse pas déstabiliser », conclut Anne-Katrin Le Doeuff.

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