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- JOP PARIS 2024 : LA SOLIDEO ENTRE DANS LA PHASE TRAVAUX
L’ANNÉE 2021 MARQUE LE DÉBUT DES TRAVAUX POUR LES GRANDS CHANTIERS PILOTÉS PAR LA SOLIDEO POUR LES JEUX OLYMPIQUES ET PARALYMPIQUES DE 2024, NOTAMMENT LE VILLAGE DES ATHLÈTES. La Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), dirigée par Nicolas Ferrand, est chargée de financer 62 ouvrages de dimensions variées, grâce à un budget de 1,386 milliard d’euros HT de financements publics (en valeur octobre 2016). Dans ce cadre, elle supervise 29 maîtres d’ouvrage publics et privés et assure l’aménagement du Village des athlètes – à Saint-Denis, Saint-Ouen et L’Île-Saint-Denis – et du Village des médias – à Dugny, La Courneuve et au Bourget. « Deux projets emblématiques qui deviendront, après les Jeux, de véritables quartiers de ville durables et accessibles, avec des logements, des écoles, des commerces et des bureaux », indique l’Institution. Pour répondre à l’ambition de faire des JOP « bas carbone », c’est-à-dire alignés sur l’Accord de Paris, la Solideo impose un modèle de construction durable et responsable, en s’appuyant sur l’innovation et le savoir-faire français. « L’idée est non seulement de répondre aux engagements internationaux de la France, d’opérer un changement radical des manières d’aménager, de construire et de gérer la ville pour limiter notre empreinte carbone, mais aussi de proposer des projets adaptés aux grands enjeux auxquels nos villes vont devoir faire face en 2050 », détaille l’établissement public. « Ces enjeux sont en particulier le réchauffement climatique et la préservation de la biodiversité. » Le « plus grand chantier mono-site de France » Après trois ans de conception, l’année 2021 marque le lancement de la construction des ouvrages. Sur le Village des athlètes, les 26 permis de construire ont été déposés par les groupements lauréats des différents lots, les opérations de déconstruction se terminent et les premières constructions se préparent. Depuis le début de l’été, quelque 4 000 ouvriers y sont mobilisés, ce qui en fait « le plus grand chantier mono-site de France », selon la Solideo. L’aménagement des espaces publics est, lui, encore en phase de conception. Ce projet, qui s’étend sur 52 ha, a la particularité d’être conçu pour être réversible : une fois les Jeux terminés, les logements des 14 000 athlètes seront transformés afin de créer un quartier vivant, ouvert à tous et offrant une mixité d’usages. Celui-ci accueillera des logements familiaux, étudiants, des activités économiques ainsi qu’une offre de commerces et de services. Sur le Village des médias, second projet d’aménagement d’ampleur de la Solideo, les promesses de vente ont été signées en fin d’année et les travaux de viabilisation des terrains ont commencé. Ce site sera aussi aménagé en deux temps, avec la construction de 700 logements pour les Jeux et 600 logements supplémentaires ensuite. Des commerces, une crèche, deux gymnases (un à Dugny, un autre au Bourget), deux groupes scolaires, un nouvel espace vert de 13 ha sont aussi programmés. Une décision de la Cour administrative d’appel en avril dernier a toutefois conduit à la suspension d’une partie des travaux – en attendant un jugement sur le fond – qui retarde l’opération. Rénovation de plusieurs équipements Le troisième chantier d’importance concerne le Centre aquatique olympique, qui verra le jour à proximité du Stade de France à Saint-Denis, au sein d’un quartier dont l’aménagement est géré par la Métropole du Grand Paris. Les travaux, menés par Bouygues bâtiment Île-de-France, ont débuté cet été. Parmi les autres ouvrages, l’Arena 2, située porte de la Chapelle à Paris, constituera une nouvelle salle culturelle et sportive pour le nord parisien. Le programme de la Solideo comprend également la rénovation ou la construction de plusieurs équipements sportifs qui accueilleront, à l’été 2024, des épreuves ou des entraînements des délégations olympiques et qui bénéficieront ensuite au territoire et aux futurs usagers. Parmi ceux-ci, le stade Yves-du-Manoir à Colombes revêt « une dimension particulièrement symbolique » puisqu’il était le site principal des Jeux de 1924. Il accueillera, pour les prochains JO, les épreuves de hockey sur gazon.
- NOUS ŒUVRONS POUR RENDRE LA MÉTROPOLE VISIBLE ET LISIBLE : PATRICK OLLIER
PLAN DE RELANCE, AMÉNAGEMENT, DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE,TRANSITION ÉCOLOGIQUE, ZONE À FAIBLES ÉMISSIONS OU GESTION DES MILIEUX AQUATIQUES : LE PRÉSIDENT DE LA MÉTROPOLE DU GRAND PARIS, PATRICK OLLIER, DÉCRIT LA MONTÉE EN PUISSANCE DES ACTIONS DE LA JEUNE COLLECTIVITÉ QUI VIENT DE LANCER LA TROISIÈME ÉDITION D’INVENTONS LA MÉTROPOLE DU GRAND PARIS ET ENTEND BIEN DÉMONTRER SON INDISPENSABILITÉ. PROPOS RECUEILLIS PAR JACQUES PAQUIER Comment la Métropole a-t-elle pris part à la relance post-Covid ? La Métropole du Grand Paris s’est fortement investie dans le soutien au tissu économique. Nous avons mis en place un plan de relance de 110 millions d’euros. Il comporte 5 axes et 50 actions, que nous sommes en train de décliner, dans différents domaines, l’économie, la culture, la santé, la transition écologique, l’aménagement du territoire ou la transition numérique. En même temps, nous avons souhaité participer au plan de résilience que la Région a lancé, et qui s’est élevé à 140 millions d’euros, pour soutenir déjà quelque 3 000 entreprises. La Métropole y a consacré 21 millions d’euros. Quelles sont vos actions dans le domaine de l’aménagement ? Nous avons lancé un ensemble d’activités économiques autour des ZAC métropolitaines et engagé un travail dans cinq opérations d’aménagement. Je pense, par exemple, à celle des Docks à Saint-Ouen, à celle de la Plaine-Saulnier à Saint-Denis, sur laquelle se construira le Centre Aquatique Olympique sur 22 000 m2 et dont la Métropole est maître d’ouvrage. En phase héritage, la gestion de cet équipement incombera à la Métropole, ce qui nous permettra, avec la passerelle qui le reliera au Stade de France, d’imaginer des synergies avec le Stade pour créer un lieu événementiel unique en France. Nous pilotons également la ZAC de Villeneuve-la-Garenne, qui s’étend sur 21 ha, celle de Noisy-le-Sec ou de Livry-Gargan. Pour rendre la Métropole visible et lisible, nous avons engagé déjà trois éditions d’Inventons la Métropole du Grand Paris, de 2017 à aujourd’hui. Les trois thématiques de la 3e édition de ce concours sont la transformation des bureaux en logements, la requalification des friches urbaines et l’aménagement des quartiers de gare. Ce dernier volet constitue naturellement un enjeu très important pour la Métropole du Grand Paris. Je rappelle que nous avons signé récemment une convention de coopération avec la Société du Grand Paris à ce sujet. En quoi consiste le contrat récemment signé avec l’État ? Avec le gouvernement, nous avons signé, le 18 mars dernier, un Contrat de relance et de transition écologique (CRTE), qui va nous permettre d’engager avec l’État, dans le cadre de nos compétences, une série d’actions. Il s’agira notamment du deuxième volet de l’opération « Centres-villes vivants », de soutien aux entreprises, mais aussi de mener des actions en faveur du numérique, de l’alimentation durable et de l’agriculture urbaine, de reconquête des friches urbaines, du développement des quartiers de gare ou de mobilité durable. Quel est votre bilan en matière de mobilité durable ? Je suis très fier de ce que l’on a engagé avec la Zone à faibles émissions (ZFE) métropolitaine, qui est la plus vaste d’Europe et permettra aux 5,6 millions d’habitants concernés par cette zone, encerclée par l’autoroute A86, de mieux respirer. Rappelons que l’on dénombre, au sein de la Métropole, 6 600 morts prématurées chaque année dues à la pollution de l’air par les particules fines. Et, au passage, nous aidons la France, accusée par l’Union Européenne de ne pas suffisamment agir contre la pollution de l’air. Nous avons mis en place, dans ce cadre, une série d’aides qui permettent de proposer jusqu’à 19 000 euros pour l’achat d’un véhicule propre neuf et 12 000 euros pour l’achat d’un véhicule propre d’occasion. J’ai obtenu en outre du gouvernement, et j’en remercie Jean-Baptiste Djebbari, le ministre en charge des Transports, la mise en place d’un micro-crédit pour les plus modestes qui peut aller jusqu’à 5 000 euros en fonction des ressources. À la suite d’un dialogue constructif et permanent avec les Chambres consulaires et différentes fédérations, la Métropole prévoit des dérogations en faveur des professionnels notamment impactés par la crise sanitaire. Il s’agit de dérogations de l’application des règles de la ZFE, jusqu’au 30 juin 2022. Nous avons mis en place également Métropolis avec un objectif de 5 000 bornes de recharge pour véhicules électriques d’ici 2022, que nous allons installer dans l’aire métropolitaine. Métropolis, il faut le souligner, verse 5 000 euros aux communes pour chaque borne installée. Nous avons lancé Vélib’ Métropole, avec l’engagement de créer 100 stations nouvelles, hors Paris. Nous lançons également un plan vélo pour créer un réseau métropolitain de pistes cyclables est-ouest et nord-sud. Sur quelles autres thématiques intervenez-vous ? Nous sommes en train de mettre en place des circuits courts avec des agriculteurs de la Métropole et de la Région. Nous sommes engagés dans des opérations de rénovation énergétique extrêmement importantes. L’État, et j’en remercie Emmanuelle Wargon, ministre alors en charge de ces questions, nous a apporté des moyens financiers substantiels pour faire face à nos engagements dans ce domaine, dans le cadre du programme SARE (Service d’accompagnement à la rénovation énergétique). Nous avons mis en place, dans ce cadre, le PREP, le Parcours de rénovation énergétique performante, qui permet à chacun d’accéder à une rénovation énergétique globale et performante de son logement ; 53 communes de la Métropole y sont d’ores et déjà engagées. Quelles sont vos actions au titre de la Gestion des milieux aquatiques et de la prévention des inondations (GEMAPI) ? Cette compétence est passionnante. Nous allons créer un réseau de 100 km de digues et menons une série de travaux pour la réouverture des rus et des petites rivières qui étaient jusqu’à présent recouverts ou embusés. Je pense à la Bièvre, entre Arcueil et Gentilly, à la renaturation du vallon du Sausset, à Villepinte ou Tremblay, où l’on investit plus de 5,2 millions d’euros, je pense à la Vieille Mer (4 millions d’euros), qui prend sa source à Dugny. Nous offrons par ailleurs, avec le Fonds inondation, une aide aux communes touchées par les crues. Et en même temps, nous travaillons sur le casier-pilote de La Bassée, où la Métropole investit 35 millions d’euros, qui doit être achevé pour les JOP de 2024, de telle sorte qu’il puisse sécuriser au mieux la ville de Paris, en étant en capacité de réduire la hauteur de l’eau de 8 à 10 cm. D’ores et déjà, la vanne-écluse de Joinville-le-Pont, dont nous avons financé les travaux, est en capacité de réduire l’étiage de la Seine en cas de crue. Quelles sont vos actions de stratégie à plus long terme ? J’ai relancé le travail sur le Schéma de cohérence territorial (SCoT), achevé à 75 %. Je souhaite qu’il soit voté d’ici la fin de l’année. Ce sera la colonne vertébrale de la Métropole pour les 10 à 15 prochaines années, en fixant les grands objectifs d’aménagement et de développement. Dans un second temps, nous retravaillerons sur le Plan métropolitain de l’habitat et de l’hébergement (PMHH). Quelles sont vos actions en faveur du rééquilibrage territorial ? Tout ce que l’on a fait jusqu’à présent est fondé sur cet objectif. Ainsi, deux tiers des projets financés par la Métropole, soit au travers du Fonds d’investissement métropolitain (FIM), sont situés au nord et à l’est, tandis qu’un tiers est situé à l’ouest. Ce rééquilibrage est essentiel. Il montre que la Métropole n’entend en rien préserver des situations acquises sans penser au vivre ensemble des 7,2 millions d’habitants et 131 communes qui la composent. Nous venons de conclure un accord avec la région Île-de-France, dans le cadre d’une convention de partenariat. Elle rejoint les préoccupations du Contrat de Plan État Région (CPER). Pourquoi vous intéressez-vous également à l’axe Seine ? Nous avons entrepris à ce sujet des discussions avec le président et le directeur d’Haropa. Le port commun au Havre, à Rouen et Paris est pour nous une base d’action importante, qui doit nous permettre de réfléchir à la structuration du développement économique de ces territoires. J’ai rencontré récemment les maires du Havre et de Rouen. J’ai écrit à l’ensemble des EPCI le long de la Seine, pour structurer nos actions communes. J’aime rappeler cette citation de Napoléon Ier, prononcée le 7 novembre 1802 : « Paris, Rouen, Le Havre, une seule ville dont la Seine est la grande rue. »
- LA PROXIMITÉ AVEC LES TERRITOIRES, C’EST NOTRE ADN : CHRISTOPHE AFONSO
FONDATEUR DE YUMAN, PROMOTEUR IMMOBILIER EN CROISSANCE RAPIDE, CHRISTOPHE AFONSO DÉCRIT L’HISTOIRE ET L’ADN DE SON GROUPE, BASÉS SUR UNE CULTURE DE LA PROXIMITÉ ET DE L’ÉCOLOGIE. Comment définiriez-vous l’ADN de Yuman ? L’ADN de Yuman, c’est la proximité avec les territoires, avec les élus et avec l’ensemble de nos clients. Être humain au sens vrai du terme, s’emparer des enjeux des villes, comprendre la volonté et les besoins des élus et transformer les souhaits des clients en projets immobiliers, c’est cela notre ADN. Nous en sommes conscients, chez Yuman, c’est nous qui avons besoin des élus, et non l’inverse. Nous défendons, par ailleurs, l’idée que protéger l’environnement, c’est protéger les hommes. Notre engagement est clair : nous compensons écologiquement 100 % de nos créations immobilières grâce à un partenariat exemplaire avec Reforest’Action. Comment est né Yuman ? Notre histoire commence il y a presque 15 ans. J’ai personnellement débuté ma carrière en tant qu’agent immobilier. Ce métier m’a notamment appris que ce n’était pas nous qui décidions ce que nous vendions, mais le marché qui décidait largement pour nous. Cela nous a permis de développer une approche un peu différente de la promotion immobilière. Nous sommes très à l’écoute de nos clients, en particulier du souhait des élus, propre à chaque commune. Nous nous investissons durablement sur les territoires en travaillant avec des entreprises locales pour que chaque projet soit créateur de valeur au profit de la commune qui l’accueille. De plus, pour chaque projet immobilier développé, nous proposons à l’équipe municipale d’identifier un jeune lycéen méritant issu d’une famille défavorisée afin de financer ses études supérieures et de l’accompagner jusqu’à son premier emploi. « Toutes nos opérations sont 100 % compensées carbone » « Nous avons une approche d’éco-conception pour les projets que nous réalisons. Nous nous fixons aussi comme priorité de réduire les émissions carbone des activités liées à l’immobilier. Et pour pallier l’urgence climatique, nous compensons d’ores et déjà toutes les émissions carbone de nos projets. Cela représente plus de 70 000 arbres plantés à ce jour. » Quelles sont vos spécialités ? Nos réalisations vont de l’immeuble collectif en ossature bois à des résidences étudiantes, des résidences services seniors, des hôtels d’entreprises, comme celui qui accueille nos bureaux à Romainville, des zones artisanales, en passant par des lotissements de maisons en bois, des immeubles de bureaux, des maisons d’architecte. Mais notre cœur de métier reste le logement collectif, qu’il soit social ou en accession. Nous venons de bâtir 7 000 m2 d’entrepôts, également à Romainville. Nous avons eu la chance d’avoir des élus qui ont cru en nous il y a 10 ou 15 ans, en Seine-Saint-Denis. Mais nous intervenons également en Seine-et-Marne, dans les Yvelines, en Essonne, dans le Val-de-Marne ou le Val-d’Oise. Priorité à l’emploi local « Nous mettons en place des chantiers qui favorisent l’insertion des habitants des territoires sur lesquels nous intervenons », souligne Christophe Afonso, fondateur de Yuman. « Ainsi, nous privilégions chaque fois que c’est possible un partenariat avec une entreprises locale. Objectif : faire de nos projets, dès leur construction, des éléments d’inclusion sociale au bénéfice de la collectivité. » Quel regard portez-vous sur la période actuelle ? Toutes nos créations immobilières sont dorénavant dotées d’espaces extérieurs, en roof-top, en jardins partagés ou en espaces privatifs. Il est désormais inconcevable de penser l’immobilier sans ces espaces, mais à l’évidence, le sujet sur lequel nous sommes tous attendus et sur lequel nous devons être à la hauteur de l’enjeu concerne l’écologie, le combat pour réduire l’empreinte carbone d’une activité qui figure parmi les plus polluantes. Et le Grand Paris ? Le Grand Paris, mais surtout le très Grand Paris, sont l’occasion pour toute la filière immobilière de se réapproprier les territoires, de s’affranchir des notions de petite et grande couronnes, de révolutionner notre approche sur les questions environnementales, tout simplement de proposer à nos clients un logement plus responsable, plus fidèle à leur demande. Il y a quelques années encore, les gens souhaitaient vivre à l’intérieur de Paris, puis ne pas dépasser l’A86. Aujourd’hui, ils demandent à ne pas franchir l’A104. Le cercle ne cesse de s’agrandir. Et les gares du Grand Paris vont réduire encore la frontière entre grande et petite couronnes.
- INTERVIEW DE STÉPHANE CORDOBES, PHILOSOPHE, GÉOGRAPHE ET PHOTOGRAPHE
« VIVRE À L’ANTHROPOCÈNE, C’EST INVENTER UN MODÈLE DE VIE QUI NOUS PERMETTE D’HABITER AVEC DIGNITÉ LE MONDE QUI VIENT » DU GREC ANTHROPOS (« HUMAIN ») ET KAINOS (« RÉCENT »), L’ANTHROPOCÈNE DÉSIGNE L’ÉPOQUE GÉOLOGIQUE ACTUELLE, DOMINÉE PAR DES HUMAINS QUI SERAIENT DEVENUS LA PRINCIPALE FORCE DE CHANGEMENT SUR TERRE, AU TRAVERS DE LEUR IMPACT SUR LES SOLS, LES AIRS ET LES MERS. SI CE TERME EST L’OBJET DE DISPUTES ACADÉMIQUES ET MÉDIATIQUES, IL EST DE PLUS EN PLUS FRÉQUEMMENT UTILISÉ POUR CARACTÉRISER LES PROFONDES MUTATIONS EN COURS. STÉPHANE CORDOBES NOUS EN EXPLIQUE LES DÉFIS ET LES ENJEUX. PROPOS RECUEILLIS PAR VIANNEY DELOURME D’ENLARGE YOUR PARIS Comment définiriez-vous le moment anthropocène que nous traversons ? Il s’agit d’un moment de basculement et de dévoilement. Basculement parce qu’en passant de l’holocèneà l’anthropocène, mais aussi de la modernité à l’anthropocène, nous assistons tant géologiquement qu’historiquement à une bifurcation majeure et à l’émergence d’un nouveau monde encore largement à édifier. Dévoilement parce que le soubassement économique, social, politique et culturel sur lequel nous avons bâti notre société et que nous avons longtemps cru indépassable – la fameuse fin de l’histoire – se craquelle et expose ses limites. On ne peut plus dissimuler que le projet moderne n’est plus tenable sur le plan environnemental évidemment mais aussi sur le plan social et économique. Et qu’il ne peut pas être étendu sans fin puisqu’il suppose une consommation des ressources qui est incompatible avec la capacité de la planète à se régénérer et à produire des conditions de vie dignes pour les humains et non humains qui y cohabitent. Sans compter les inégalités et injustices qu’il entretient. Notre modèle ne tient plus et il faut d’urgence le réinventer. Est-ce que selon vous les acteurs publics, les collectivités ont pris la mesure de cette urgence ? Il me semble que la prise de conscience de l’empreinte des activités humaines sur les écosystèmes terrestres et des dérèglements qu’elles entraînent du climat, de l’environnement, de la biodiversité, des sols, de tout cette « nature » qui nous permet de subsister devient commune. Les acteurs publics, et privés d’ailleurs, assistent comme tout un chacun avec stupeur aux manifestations les plus catastrophiques du basculement anthropocène qui se multiplient sur la planète. Pour autant, tous les territoires et toutes leurs populations ne sont pas exposés donc marqués de la même façon. Ce grand rendez-vous avec la géologie et l’histoire est loin d’avoir supplanté celui plus courant de la gestion politique du présent et des problèmes du quotidien. Il y a là très clairement un décalage à combler rapidement. Il faut affirmer haut et fort que l’anthropocène est non seulement une conséquence de l’industrialisation et de l’urbanisation du monde, mais aussi une crise globale et actuelle de l’habitabilité de la planète à laquelle tous les territoires et leurs acteurs sont confrontés. Dans beaucoup d’endroits, ces changements restent encore abstraits et secondaires par rapport aux difficultés économiques et sociales que l’on a plus l’habitude d’aborder et de traiter. Comme si l’on pouvait encore distinguer et traiter séparément ces problèmes… Cette crise de l’habitabilité du monde, peut-on la décrire plus précisément, notamment dans nos territoires ? C’est « pour quand » et sous quelles formes ? On ne manque pas d’exemples : tempêtes plus fortes et plus fréquentes, érosion et évolution rapide du trait de côte des territoires littoraux densément habités avec des risques majeurs de submersion, mégafeux dans les massifs forestiers asséchés, vagues de chaleur plus fortes et fréquentes avec des îlots délétères dans les villes, communs négatifs suite à des pollutions industrielles et agricoles qui ont altéré en profondeur les conditions de vie des populations comme aux Antilles avec le chlordécone, extinction massive des espèces vivantes… Le projet moderne et ses logiques d’extraction, de production et de consommation prométhéennes nous lègue un certain nombre de monstres avec lesquels nous allons devoir composer. La Covid est un de ses monstres les plus emblématiques et « pédagogique » parce que, contrairement à beaucoup d’autres, sa portée globale et locale s’impose à nous autant que son impact en profondeur, partout, dans nos chairs autant que dans nos organisations. La Covid donne la mesure de cette crise de l’habitabilité et de la vulnérabilité de nos territoires de vie qui caractérisent l’anthropocène. Qu’est-ce qui pourrait encourager les acteurs publics à mieux s’emparer des enjeux de l’anthropocène ? Par définition, les acteurs publics sont sensibles au public justement, à ses opinions et attentes, à ses craintes et manifestations d’humeur. De ce point de vue, on ne peut que constater l’accroissement de la présence des questions écologiques et sociales dans la sphère médiatique, dans la sensibilité des gens, dans les représentations collectives. Si on regarde cela sous le prisme générationnel, les faits sont encore plus manifestes : les jeunes ont un discours et une sensibilité qui vont rapidement rattraper et bouleverser les sphères publique et politique. Le sujet n’est peut-être déjà plus de savoir comment les acteurs publics vont s’emparer de l’anthropocène et des enjeux écologiques mais plutôt comment les enjeux écologiques vont s’emparer des acteurs publics et des institutions démocratiques, et ainsi devenir centraux et incontournables. La Covid est encore un bon exemple de ce point de vue, car c’est bien elle qui s’est emparée de nos institutions au point de les faire sortir de leur fonctionnement ordinaire, de montrer leur vulnérabilité mais aussi la capacité réelle à abandonner notre carcan mental, économique, politique moderne quand la situation l’exigeait, avec plus ou moins de réussite. C’est peut-être toute la boîte à outils des acteurs publics qui va se retrouver bouleversée par la crise de l’habitabilité de la Terre. Quelles évolutions vous semblent les plus nécessaires ou les plus probables ? Les acteurs publics – avec tous les habitants que nous sommes – doivent nous préparer à entamer un long processus de transformation. Pas simplement une transition qui, avec un peu de génie, de technique et d’effort, permettra de s’adapter sans véritablement changer de monde. Plutôt une révolution si tant est que l’on accepte d’utiliser un terme adapté aux circonstances mais par trop connoté par la modernité justement et certains de ces autres monstres. L’ampleur de la tâche et sa complexité peuvent donner le vertige et paralyser. Que l’on y entre par la question de la production ou de la consommation, des transports, de la gestion des déchets ou de l’énergie, de l’alimentation, de la culture et de l’éducation, de l’artificialisation importe finalement peu. L’important est de se lancer et de ne plus arrêter. Sans oublier, pour les acteurs publics, que l’anthropocène oblige évidemment à repenser aussi la manière de construire les politiques publiques et de faire vivre la démocratie. Dans ce contexte, le modèle métropolitain n’est-il pas rendu particulièrement vulnérable ? On a raison de considérer que l’urbanisation du monde, la métropolisation sont des facteurs explicatifs de l’anthropocène et on peut en effet s’interroger sur la fragilité de ces grands espaces métropolitains extrêmement technicisés, extrêmement dépendants du reste du monde. On peut aussi s’inquiéter de la fuite en avant qu’ils semblent suivre par exemple avec le marché de la smart city qui poursuit la trajectoire moderne, accroît leur vulnérabilité et renforce encore les situations de dépendance et de déresponsabilisation de leur public habitant. Pour autant, le procès intenté aux métropoles – j’ai en tête un journal qui titrait récemment La revanche des villes moyennes – et cette idée selon laquelle on vivrait mieux l’anthropocène dans des petites villes ou à la campagne me semblent sans intérêt, voire dangereux. Non pas qu’à titre individuel on n’ait pas le droit de se poser ces questions, d’avoir des préférences. Mais à l’échelle du politique, une telle approche est fortement préjudiciable : les « guéguerres » entre territoires ont déjà nui au développement moderne et à l’espoir qu’il portait de progrès et d’égalité ; dans l’anthropocène, leur poursuite s’avérerait catastrophique et nous oblige à changer tant l’esprit que les règles du jeu. On ne va pas métamorphoser la géographie du pays en quelques années : nul n’a intérêt à ce que les métropoles deviennent invivables et les petites villes et campagnes surpeuplées. Dans l’anthropocène, l’interdépendance des territoires et la nécessité pour ceux-ci de coopérer afin de relever les enjeux qui s’annoncent n’ont jamais été aussi impérieuses et vitales. Les fameux objectifs de compétitivité et d’attractivité des territoires et de leur aménagement sont condamnés à être réinterrogés. Comment les territoires, ensemble, en repensant leur interdépendance, en coopérant, en étant solidaires, en réinventant leur rapport aux ressources et à leur partage, inventent de nouvelles conditions de vie qui renforcent la vitalité de leur socio-écosystème, réduisent les injustices et participent à la régénération de la planète ? Voilà la question à laquelle il faut aujourd’hui répondre. Quid du monde économique ? Prendre conscience de l’anthropocène, est-ce nécessairement contester la nécessité de la vie économique et le rôle des entreprises ? Il me semble que tous les territoires et tous les acteurs publics et privés sont aujourd’hui d’ores et déjà concernés par le changement climatique, avec certes plus ou moins d’intensité. Je n’adhère pas à l’opposition entre petits gestes et grandes transformations, industrielles par exemple. Les deux sont indispensables : le simple habitant va devoir changer sa manière de voir le monde, de vivre avec les entités non humaines, de consommer… Les grandes entreprises vont devoir inventer une autre manière de produire et de trouver une rentabilité. Vivre à l’anthropocène, c’est inventer un modèle qui nous permette d’habiter avec dignité le monde qui vient, et non pas revenir à l’âge des cavernes, tous adhérer au survivalisme.Et savoir comment les grandes entreprises vont se transformer pour ne plus être dans une logique qui détruit la planète mais dans un processus d’engendrement, qui contribue à la restauration des environnements naturels viables pour tous, voilà une autre question à la hauteur de l’enjeu anthropocène. Stéphane Cordobes exerce aujourd’hui les fonctions de conseiller à l’Agence nationale de cohésion des territoires (ANCT) et de chercheur associé à l’École urbaine de Lyon (EUL). Ses travaux portent sur la prospective, les territoires et leur bifurcation écologique dans le monde anthropocène. Il s’intéresse notamment aux dimensions sensibles et culturelles de ce processus de transformation et intègre la photographie dans ses enquêtes.
- LA FABRIQUE DE LA VILLE À LA CROISÉE DES CHEMINS
ENJEUX CLIMATIQUES, LEÇONS DE LA CRISE SANITAIRE, FRILOSITÉ DES MAIRES À DENSIFIER LEUR COMMUNE, ZÉRO ARTIFICIALISATION DES SOLS, RECONSTRUCTION DE LA VILLE SUR ELLE-MÊME, PLU BIOCLIMATIQUE… L’AMÉNAGEMENT URBAIN VIT UNE PÉRIODE DE TRANSITION AUSSI BRUTALE QUE TOTALE. PAR FABIENNE PROUX Certes, les prémices des évolutions étaient déjà engagées avant l’arrivée de la Covid-19, mais la pandémie et ses conséquences sur la vie des urbains ont accru la prise de conscience que le modèle métropolitain actuel était loin d’être parfait et ont donc accéléré lacadence du changement. Même la mixité des usages, star éphémère des appels à projets urbains innovants, est abandonnée au profit de la flexibilité des bâtiments favorisant les mutualisations et le partage des locaux. Sous la pression de leurs administrés de plus en plus réticents face à l’arrivée de nouveaux programmes immobiliers, les majorités élues en 2020 ont déjà engagé un virage consistant soit à annuler des projets, soit à les revoir à la baisse, au grand dam des promoteurs. Si leur modèle économique s’en trouve fragilisé, puisqu’une opération avec moins de logements est forcément moins rentable et d’autant moins en Île-de-France où le foncier est particulièrement onéreux, ces derniers mettent aussi en avant le risque de pénurie de logements, alors que la demande reste très soutenue. Quelles réponses apporter à ces injonctions contradictoires ? Comment tirer profit de l’existant pour limiter l’empreinte carbone du secteur du bâtiment, l’un des plus émetteurs de CO2 ? Quel modèle trouver pour loger les Franciliens à des conditions financières acceptables tout en réduisant l’étalement urbain et en permettant à la région de rester attractive ? Les pistes de réflexion ne manquent pas et les initiatives commencent même à être lancées pour tester de nouvelles façons de faire la ville. L’ordre des architectes d’Île-de-France (Croaif) a ainsi constitué dès 2020 une Alliance des professionnels de l’urbanisme et de l’immobilier du Grand Paris*, pour « concevoir ensemble et avec les pouvoirs publics des solutions inédites qui mobilisent les savoir-faire de chacune de nos professions en faveur de la transition écologique et de la relance sur le territoire », rappelle Fabien Gantois, nouveau président du Croaif. 353 projets d’aménagement autour des gares du GPE Mais l’une des ruptures les plus radicales est probablement la démarche engagée par la ville deParis pour se doter d’un PLU bioclimatique d’ici à 2024, le document actuel ne permettant pas d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Il faudra bien la durée du mandat pour atteindre cet objectif visant à inscrire la Capitale dans une « trajectoire de transition écologique ». Inclusive, durable, vertueuse, résiliente, décarbonée, attractive, productive et actrice de la métropole, la ville se met au vert dans toutes ses dimensions. En matière de bâti, les orientations visent à privilégier la réhabilitation de l’existant, telle la transformation de locaux d’activité en logements (thème de « Réinventer Paris 3 »), intégrer dans les programmes des « externalités positives » ou encore utiliser les matériaux biosourcés. « Ce positionnement est très novateur », convient Madeleine Masse, architecte urbaniste, directrice déléguée territoires et clients publics- privés Île-de-France chez Arep. « Il n’est plus seulement question de réglementation du bâti ou de volumétrie, mais aussi de savoir comment on intègre dans cette réglementation la question de la matière, de l’énergie, en bref tous les leviers à utiliser pour répondre à l’acceptabilité de vivre dans une métropole très dense, très mobile et vivante. » C’est tout l’enjeu, à Paris bien sûr, mais aussi en petite et moyenne couronnes où l’arrivée des 68 gares du Grand Paris Express (GPE) ajoute encore une donnée supplémentaire à l’équation. Plus de 353 projets d’aménagement sont recensés dans ces 68 secteurs dont le périmètre est fixé à 800 mètres autour des futures gares. « Cela représente plus de 32 millions de mètres carrés programmés, dont environ 20 millions restent à bâtir », précise l’Apur (Atelier parisien d’urbanisme). Vers le zéro artificialisation brute Des projets à manier toutefois avec précaution et surtout anticipation, car « ces gares vont créer de l’affluence, de l’inflation foncière, de la construction et donc des coûts pour la collectivité en termes d’équipements publics à construire (écoles, crèches, etc) », alerte Maurice Sissoko, directeur général de Citallios. Aussi, plusieurs aménageurs publics préconisent de mettre en place des périmètres d’aménagement suffisamment larges autour de ces gares pour maîtriser la qualité et la cohérence des constructions mais aussi les problématiques de stationnement. L’aménagement du quartier Atlantis à Massy est, selon Willem Pauwels, « la préfiguration » de ce que vivront les quartiers de gare du GPE. « Nous avons su esquisser un montage de façon à transformer un quartier d’une centaine d’hectares en autre chose qu’un parc d’activités », fait valoir le directeur de Paris Sud Aménagement, « et ainsi réussi à créer un lieu de vie assez intense, hybride et multiple (palais des congrès, cinéma, commerces). » Véritables nœuds intermodaux, ces nouveaux quartiers sont en effet « au cœur de la mobilité et de la desserte des territoires, c’est donc là où il faut construire, car ils sont une réponse à la décarbonation des mobilités », confirme Madeleine Masse, préconisant par ailleurs d’aller au-delà du ZAN (zéro artificialisation nette) et d’abandonner le principe de compensation pour tendre vers le zéro artificialisation brute, c’est-à-dire de « sanctuariser » les terres non encore artificialisées. * L’APUI-GP a été créée avec la Fédération des promoteurs d’Île-de-France, la Chambre des Notaires de Paris et la FNAIM Grand Paris.
- FRANCE RELANCE : L’ÉTAT FINANCE DES MESURES CONCRÈTES ET À DESTINATION DE TOUTES LES FRANCILIENS
LA TRIBUNE DE MYRIAM ABASSI, SOUS-PRÉFÈTE À LA RELANCE AUPRÈS DU PRÉFET DE RÉGION MARC GUILLAUME La crise sanitaire a soumis l’économie francilienne à une épreuve inédite, d’autant que les secteurs les plus touchés par la crise – l’hôtellerie-restauration, la culture ou le tourisme – sont particulièrement bien représentés dans notre région. Pour y faire face, l’État a mis en œuvre des dispositifs de soutien exceptionnels, qui ont permis de limiter le nombre de défaillances d’entreprises mais aussi de préserver les compétences et les emplois. Près de 11 M de ont ainsi été mobilisés en Île-de-France pour permettre aux chefs d’entreprise de placer leurs salariés en activité partielle tandis que 7 M de ont été alloués par le fonds de solidarité aux PME et TPE de notre région pour leur permettre de traverser cette période difficile. Au-delà de ces mesures d’accompagnement immédiates et inédites, le Gouvernement entend également préparer l’avenir. Depuis près d’un an, la mobilisation de tous les services de l’État et de ses opérateurs a permis à France Relance de soutenir plusieurs centaines de milliers de Franciliennes et de Franciliens. C’est ainsi que plus de 280 000 jeunes ont été accompagnés grâce au plan « 1 jeune, 1 solution », plus de 15 000 ménages aidés grâce à MaPrimeRénov, plus de 150 entreprises subventionnées grâce aux fonds industriels, sans compter les 143 000 TPE/PME qui bénéficieront de la baisse des impôts de production en 2021, les 446 collectivités territoriales soutenues dans leurs investissements et la centaine de projets associatifs financés dans le domaine de l’économie circulaire ou de l’accompagnement des plus démunis. France Relance en Île-de-France, c’est déjà plus de 5 Mde attribués en faveur de la cohésion sociale, de l’écologie et de la compétitivité. Et ces chiffres évoluent bien sûr chaque jour, à mesure que les dispositifs du plan de relance poursuivent leur déclinaison dans les huit départements franciliens. Le chantier de la conversion écologique de l’économie francilienne est déjà bien engagé. Grâce à France Relance, plusieurs milliers de bâtiments publics et privés bénéficient de financements importants pour des travaux de rénovation thermique. Avec France Relance, l’État investit aussi dans les infrastructures de transport afin de faciliter le recours par les Franciliens aux mobilités vertes, grâce à la prime à la conversion et le bonus écologique. L’État investit aussi sur les filières de l’économie verte et notamment sur l’économie circulaire et la filière hydrogène qui constitueront de véritables gisements de croissance et d’emplois. Favoriser la formation et l’embauche des jeunes France Relance va également permettre à l’économie francilienne d’être plus indépendante, compétitive et attractive. 151 projets industriels, en majorité portés par des PME et des ETI, ont ainsi déjà été soutenus en Île-de-France, dans des domaines aussi variés que la santé, la 5G, l’automobile, l’aéronautique ou le numérique. Dès cette année, les entreprises industrielles franciliennes bénéficieront également de près de 2,88 Mde de baisse des impôts de production, ce qui facilitera leurs projets d’embauche et d’investissement. L’économie francilienne doit également pouvoir compter sur des femmes et des hommes bien formés. L’État est au rendez-vous de cette crise inédite : avec France Relance, nous nous donnons les moyens de revenir plus forts qu’avant la pandémie.
- LE QUARTIER PLEYEL, DU GÉNÉRAL DE GAULLE AU GRAND PARIS
LE QUARTIER D’AFFAIRES, IMAGINÉ À PLEYEL PAR LE GÉNÉRAL DE GAULLE, EST RESTÉ EN SOMMEIL DURANT PLUS DE 50 ANS. EN 2030, LE GRAND PARIS VA RESSUSCITER LE PROJET GAULLIEN. PAR PHILIPPE-ENRICO ATTAL En juillet 1967, les lecteurs de Paris Match découvrent avec stupéfaction à quoi ressemblera Paris dans les 20 prochaines années. Des vues d’artistes offrent une vision réaliste des projets voulus par le président de la République, le général de Gaulle en personne. Bien sûr, il y a le nouveau quartier de La Défense qui focalise les esprits. Depuis la construction du CNIT, cet étonnant centre d’expositions à l’architecture audacieuse, le public a eu un avant-goût du saut dans la modernité entrepris par les pouvoirs publics. Dans cette France qui roule encore en 4L, où la deuxième chaîne vient tout juste d’ouvrir son antenne et où il faut attendre 5 ans pour avoir le téléphone, le pari est audacieux. Les images publiées par le magazine mettent la Capitale au même plan que les grandes cités nord-américaines. Les Parisiens vivront et travailleront dans des tours et se déplaceront largement en voiture grâce à l’impressionnant réseau « d’autostrades » déployé autour de la ville. Et tant pis si le canal Saint-Martin ou les boulevards parisiens sont devenus des voies rapides dévolues à l’automobile. Si le projet phare reste bien La Défense, d’autres quartiers seront pareillement modifiés par les urbanistes. Au fil des pages, on découvre ainsi le Front de Seine et son Île aux Cygnes transformée en héliport, Montparnasse avec sa tour, sa nouvelle gare et ses autoroutes débouchant au cœur du quartier ou encore l’étonnant Ministère de l’éducation nationale qui écrase le dôme des Invalides tout proche. Sans doute le prix à payer pour entrer définitivement dans l’ère moderne. Au nord de Paris, le Général entend développer un nouveau quartier d’affaires qui sera le pendant de La Défense. Cette zone anciennement industrielle est appelée à se reconvertir à plus ou moins long terme. Les pouvoirs publics misent largement sur le tertiaire en prévoyant d’y établir un ensemble de bureaux où 10 000 employés viendront travailler chaque jour. Une importante friche à exploiter À l’origine, c’est la fameuse manufacture de pianos Pleyel qui occupait le site. Au début des années 60, les usines quittent Saint-Denis laissant une importante friche industrielle. Les promoteurs pensent un temps y établir des logements, mais les pouvoirs publics veulent des bureaux. Plusieurs aménagements sont envisagés avant qu’un projet plus élaboré ne soit retenu. Il prévoit l’édification de quatre tours hautes de 125 mètres, de forme trapézoïdale, articulées autour d’un bassin au cœur d’un jardin de 3 hectares. Sont ainsi programmés 140 000 mètres carrés de bureaux répartis dans les plus hautes tours d’Europe, dotées de 48 ascenseurs. La culture n’est pas en reste puisqu’un auditorium de 1 000 places sera également construit. Les moyens de transport n’ont pas été oubliés, même si le métro dessert Carrefour-Pleyel depuis 1952. Beaucoup plus moderne – et dans l’air du temps –, les promoteurs prévoient d’établir, sous une dalle, un parking de 3 000 places. Deux ans à peine après cette publication prometteuse, le contexte a déjà changé. De Gaulle a démissionné et les projets d’urbanisme sont réorientés au profit des villes nouvelles. Le quartier d’affaires pharaonique de Pleyel a fait long feu. Seule une tour est édifiée, inaugurée en 1973, au lieu des quatre prévues. Une construction comme tombée là par hasard qui ne connaîtra pas le succès de ses grandes sœurs de La Défense. Cet ensemble de bureaux, mal situé, est progressivement délaissé alors que la tour, finalement vidée, commence à rouiller. Et pourtant, le rêve des bâtisseurs des années 60 va bien devenir réalité. Avec ses quatre lignes de métro, 14, 15, 16 et 17, la gare de Pleyel du Grand Paris Express sera en 2030 le nouveau cœur de la région. Les aménageurs, déjà, construisent les immeubles de logements et de bureaux qui seront au pied de cet ensemble de transports exceptionnel. Les entreprises bientôt vont se battre pour s’établir dans ce nouveau quartier appelé à devenir « The place to be ». La tour se refait déjà une nouvelle jeunesse. Et même si Paris Match avait un peu extrapolé, 60 ans plus tard, le rêve du Général sera devenu une réalité.
- VOYAGE AU CŒUR DES GRANDS SYNDICATS FRANCILIENS
ILS CONSTITUENT UNE SINGULARITÉ FRANCILIENNE, PARFOIS SÉCULAIRE, ET SONT AUSSI INDISPENSABLES QUE DISCRETS ET MÉCONNUS DU GRAND PUBLIC. SANS EUX, NI EAU, NI GAZ, NI ÉLECTRICITÉ. ET TOUS PLACENT LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE AU CŒUR DE LEUR ACTION. Sigeif : développer entre autres la part du biogaz sur le réseau de distribution Le Sigeif (Syndicat intercommunal pour le gaz et l’électricité en Île-de-France) est une des structures publiques, renforcées par « la crise qui a démontré le caractère robuste, fiable et résilient de notre modèle », estime Jean-Jacques Guillet, son président. « Dans notre métier historique, nous avons renégocié le contrat de concession d’électricité avec Enedis et nous sommes désormais les copilotes des plans d’investissement. Nous travaillons avec la même ambition à un nouveau contrat de concession de la distribution publique du gaz, qui arrive à échéance en 2024. S’agissant de la plus grande concession de France, il sera exemplaire. L’un des enjeux forts est de développer la part du biogaz sur le réseau de distribution. » Le Sigeif fédère 189 collectivités soit 5,6 millions d’habitants pour l’organisation et le contrôle de l’énergie en Île-de-France et s’implique dans les énergies renouvelables et de récupération : il inaugurera cet automne la ferme solaire de Marcoussis (Essonne), la plus importante de la région, et porte un autre projet de ferme solaire à Luzarches (Val-d’Oise). « Par ailleurs, via la SEM Sigeif Mobilités, nous sommes également actifs dans la création de stations GNV/bioGNV et, plus largement, multi-énergies propres, poursuit le maire de Chaville. De plus, suite à la fin du service Autolib’, nous proposons aux municipalités qui le souhaitent de financer à 100 % les bornes de recharge pour véhicules électriques sur leur territoire. Ainsi, d’ici fin 2021, seront installés 700 points de recharge en Île-de-France. » Les quatre chantiers du Sipperec Né en 1924, le Sipperec (Syndicat intercommunal de la périphérie de Paris pour l’électricité et les réseaux de communication) s’affirme aujourd’hui comme un outil de mutualisation au service des collectivités, un « véritable couteau suisse », selon les termes de son président Jacques JP Martin. Il contribue notamment à mettre en œuvre au niveau régional les transitions énergétique et numérique. En matière de haut débit, il négocie ainsi avec des opérateurs pour améliorer la qualité de service et offre, par le biais de sa centrale d’achat, d’autres services numériques, comme les tableaux numériques pour les écoles ou la cybersécurité. « Nous proposons aux collectivités, depuis de nombreuses années, d’installer sur les toits des équipements municipaux des panneaux photovoltaïques », explique Arnaud Brunel, son directeur général, « ce qui nous permet de gérer une centaine de petites centrales produisant plus de 4 GWh par an. » Le Sipperec propose également aux collectivités l’installation – gratuite – de bornes de recharge pour véhicules électriques. Il investit dans plusieurs réseaux de géothermie en Île-de-France et a constitué une filiale, Sipenr, spécialisée dans les grands parcs d’énergies renouvelables. Sedif : un plan d’investissement sur 10 ans et une nouvelle concession Le Syndicat des eaux d’Île-de-France (Sedif) a arrêté, le 27 mai, une décision importante pour son avenir : le choix de maintenir une délégation de service public pour la gestion de l’eau de ses quelque 135 communes membres, alors que la concession accordée à Veolia Eau Île-de-France en 2011 s’achève fin 2023. Une concession considérée comme la plus grande d’Europe et évaluée à 4,3 milliards d’euros pour les 12 ans à venir. En parallèle, un plan d’investissement (2022-2031), qui prévoit en particulier la mise en œuvre de son projet pionnier en France « Vers une eau pure, sans calcaire et sans chlore », a été arrêté, avec notamment le déploiement d’un procédé de filtration – l’osmose inverse basse pression – pour fournir une eau débarrassée des perturbateurs endocriniens et des micropolluants, comme les résidus médicamenteux par exemple, et sans déchets plastiques. Le syndicat déploie aussi des technologies qui permettent d’augmenter le rendement de ses installations et de nouveaux outils pour améliorer sa qualité de service et mieux préserver ses équipements. Syctom : mettre un terme à l’enfouissement des déchets « L’ambition que je souhaite partager est de faire du Syctom le “champion de la valorisation” », affirme Éric Cesari, le président du Syctom, l’agence métropolitaine des déchets ménagers. « Atteindre cet objectif demandera du temps, beaucoup, et de l’énergie, encore plus, pour développer et rendre efficace les différentes filières alternatives à l’enfouissement et l’incinération. » Le Syctom traite près de 2,4 millions de tonnes par an et l’enfouissement représente un peu moins de 7 %. « Mais ce sont encore 7 % de trop ! », poursuit Éric Cesari. Autre défi, d’ici à 2024, le tri à la source des biodéchets doit être généralisé pour l’ensemble des producteurs : les plus gros (restaurants, cantines, marchés, etc.) comme les plus petits, à savoir les ménages. Pour y répondre, le Syctom a la co-maîtrise d’ouvrage d’un projet de construction d’une unité de bio-méthanisation au port de Gennevilliers. Siaap : une expertise qui dépasse le traitement des eaux usées Chaque jour, le Siaap (Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne), présidé par l’élu montreuillois Belaïde Bedreddine, dépollue les eaux usées de près de 9 millions de Franciliens ainsi que les eaux pluviales et industrielles. Ses 1 928 agents œuvrent à l’assainissement de près de 2,5 millions de m3 d’eau, transportés par 440 km d’émissaires et traités par ses six usines d’épuration. Son expertise dépasse le traitement des eaux usées : valorisation énergétique des déchets produits, protection des milieux naturels, anticipation des évolutions aussi bien climatiques que démographiques.
- RÉDUIRE LA FRACTURE NUMÉRIQUE : UN ENJEU SOCIAL ET TERRITORIAL
ASSURER UN ÉGAL ACCÈS À TOUS EN TOUS POINTS DU TERRITOIRE, ACCOMPAGNER LES COLLECTIVITÉS DANS L’AMÉNAGEMENT NUMÉRIQUE DE LEUR TERRITOIRE, DÉVELOPPER DES ACTIONS DE SENSIBILISATION ET DE FORMATION POUR RÉDUIRE L’ILLECTRONISME : LA LUTTE CONTRE LA FRACTURE NUMÉRIQUE PASSE PAR DE NOMBREUX LEVIERS. UN DOMAINE DANS LEQUEL LA MÉTROPOLE DU GRAND PARIS ET LA BANQUE DES TERRITOIRES SONT PARTICULIÈREMENT ENGAGÉES. Aubervilliers, Cachan, Colombes, Créteil, Drancy, Le Kremlin-Bicêtre, Montrouge, Nanterre, Neuilly-Plaisance, Paris 13e, Paris 15e, Puteaux, Rueil-Malmaison, Saint-Denis, Saint-Maur-des-Fossés, Vincennes : c’est sur ces 16 territoires que la Métropole du Grand Paris (MGP), en partenariat avec le Hub Francil’IN (voir encadré), a lancé en 2021, à titre expérimental, le déploiement du pass numérique. 155 000 pass numériques L’objectif de cette action phare du Schéma métropolitain d’aménagement numérique (SMAN) est à la fois de structurer les réseaux d’inclusion numérique sur le périmètre métropolitain et de répondre aux besoins des personnes en difficulté face au numérique. Concrètement, les pass numériques prennent la forme de chèques, sur le modèle des titres restaurants, et donnent accès à des services d’accompagnement numérique dans des lieux labellisés. Ils s’adressent en priorité aux jeunes non diplômés, aux personnes âgées, aux bénéficiaires de minima sociaux… Au total, en 2021, 15 500 chéquiers – soit 155 000 pass numériques – seront distribués par la MGP. D’un montant de 1,8 million d’euros, l’opération est co-financée par la Métropole (1 million d’euros) et l’État (800 000 euros). Une deuxième phase, dotée d’un budget de 2 millions d’euros (répartis de façon équivalente entre la MGP et l’État), est prévue pour poursuivre ce déploiement à l’échelle d’autres territoires métropolitains. Sur deux ans, l’objectif est de délivrer 100 000 heures de formations gratuites qui bénéficieront à 34 000 personnes et de compter 150 lieux de médiation numérique engagés. Le projet pass numérique est l’une des quatre actions menées au titre du cinquième objectif de la feuille de route « Innovation et numérique » de la MGP, qui vise à « renforcer l’inclusion numérique et la sobriété numérique ». Sont également prévus le déploiement d’un maillage métropolitain de ressourceries de recyclage de matériel informatique ou encore la mise en place d’un programme, en partenariat avec les bailleurs sociaux, pour favoriser l’inclusion numérique de leurs locataires. Équiper les territoires en infrastructures Autre acteur de poids à s’investir dans l’aménagement du numérique et la réduction des inégalités territoriales et sociales en la matière : la Banque des Territoires, qui intervient à la fois sur les infrastructures, les services et les usages. Elle s’est notamment ainsi positionnée depuis 2004 en tant qu’investisseur aux côtés d’opérateurs d’infrastructures de fibre optique pour équiper les territoires en infrastructures numériques là où le marché n’était pas présent. « En Île-de-France, nous avons investi dans le déploiement et l’exploitation de réseaux de fibre optique lancés à l’initiative des départements : par exemple en Seine-et-Marne, dans le but d’installer plus de 300 000 prises, dans le Val-d’Oise pour équiper plus de 85 000 foyers, en Essonne pour exploiter plus de 100 000 prises déployées par le Syndicat Essonne Numérique », détaille Ludovic Valadier, directeur régional adjoint de la Banque des Territoires en Île-de-France. La Banque des Territoires opère également en investissant dans des entreprises du digital qui proposent un service aux collectivités territoriales, à l’image de la société Manty qui fournit à ces dernières un outil de pilotage de leur politique publique. Enfin, « nous intervenons également sur les datacenters, poursuit Ludovic Valadier. Nous avons par exemple posé l’année dernière la première pierre du datacenter Thésée à Aubergenville (Yvelines), financé par 100 % de capitaux français, puisque nous avons co-investi dans ce projet avec le Groupe Idec Invest ».Inauguré le 17 juin 2021, ce datacenter Tier IV a en outre une exigence environnementale très forte avec une réduction d’environ 30 % de la dépense énergétique par rapport aux précédents. Francil’IN, le hub francilien qui œuvre pour l’inclusion numérique Le Hub Francil’IN en région Île-de-France fait partie des 11 projets lauréats annoncés en juillet 2019, dans le cadre de l’appel à projets « Hubs territoriaux pour un numérique inclusif », mis en œuvre et financé par la Banque des Territoires en partenariat avec la Mission société numérique de l’Agence du numérique. Ce GIE (groupement d’intérêt économique) impulse et mutualise les stratégies d’inclusion numérique afin de réduire la fracture numérique dans les territoires d’Île-de-France. Ses missions vont de l’accompagnement d’un réseau d’acteurs d’inclusion numérique, en passant par la formation des professionnels et des aidants numériques, jusqu’à l’évaluation des dispositifs d’inclusion numérique comme le pass numérique.
- DES OPPORTUNITÉS DE CHANTIERS HORS NORME
DE NOMBREUX ACTEURS DE LA CONSTRUCTION ET DES TRAVAUX PUBLICS SONT MOBILISÉS SUR LES CHANTIERS DU GRAND PARIS QUI SE DÉMARQUENT, OUTRE PAR LEUR TAILLE ET LEUR NOMBRE, PAR D’IMPORTANTS ENJEUX EN TERMES ENVIRONNEMENTAUX. Avec 200 km de lignes automatiques, soit autant que le métro actuel, et 68 gares, le Grand Paris Express est « le plus grand projet urbain en Europe », fait valoir la Société du Grand Paris. Tandis que les quelque 4 000 ouvriers mobilisés sur le Village des athlètes des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 en font « le plus grand chantier mono-site de France », affirme la Solideo. En marge de ces deux chantiers géants, de nombreuses autres opérations de plus ou moins grande taille se déroulent dans le Grand Paris, impliquant une mobilisation exceptionnelle des acteurs de la construction et des travaux publics. Pour Nicolas Rat de Cocquard, directeur adjoint du développement Grand Paris & Île-de-France de Razel-Bec, « le Grand Paris Express est un projet pharaonique, pour lequel nous avons répondu présent, notamment avec nos directions spécialisées souterrains et grands chantiers et ouvrages d’art ». L’entreprise est en effet impliquée dans les chantiers de la ligne 14 sud dont des gares, ceux d’Eole porte Maillot, de la ligne 15 est, de la ligne 18 et en groupement 100 % Fayat sur la ligne 16 lot 3. « Nous réalisons pratiquement la moitié de notre activité en Île-de-France tous métiers confondus », observe Philippe Coffineau, directeur du développement et des relations institutionnelles de GCC, qui intervient en promotion immobilière, construction d’équipements publics, de rénovation énergétique, réhabilitations lourdes et bâtiments fonctionnels. « Il n’y a pas de comparaison possible ailleurs en France en termes de dynamique », ajoute-t-il. « Très belles opportunités » Pour Benoît Lange, directeur commercial de Bouygues TP, « ce sont des chantiers qui sont d’une taille extraordinaire au sens propre du terme en France », qui offrent de « très belles opportunités pour les entreprises et les salariés car il fallait auparavant s’expatrier pour faire un chantier de cette ampleur en matière de souterrain ». Son entreprise a notamment réalisé un des lots de l’extension de la ligne 14 du métro au nord, creuse le tunnel d’Eole entre La Défense et Saint-Lazare et deux sections de la ligne 15 sud du Grand Paris Express. « Tous ces projets, c’est une belle opportunité, ils nous permettent de développer notre business », relève Nabil El Khedri, secrétaire général de Loxam. « Quand il y a des besoins d’engins, on parle de dizaines pour certains chantiers. » Participer au Grand Paris Express « s’est imposé comme une évidence », déclare Diane Mérand, directrice des relations institutionnelles du groupe Demathieu Bard, impliqué sur plusieurs lignes et ouvrages du grand projet et dont le métier historique est le génie civil. « En termes économiques, ce sont des volumes conséquents pour les entreprises de TP », poursuit-elle.Organisations spécifiques au Grand Paris La création de Paname TP, qui loue des engins et des camions de travaux publics avec chauffeur, illustre l’opportunité que le développement de l’Île-de-France représente. Originaire du Massif Central, ses créateurs géraient une entreprise de location à Montpellier. « En 2017, on a vu l’accélération des projets et nous avons donc décidé de la création d’une entreprise pour répondre aux besoins des chantiers du Grand Paris Express », raconte Nicolas Prunières, l’un des fondateurs de Paname TP. Aujourd’hui, l’activité représente 100 camions avec 100 emplois temps plein et une activité qui s’est élargie à d’autres chantiers que le futur métro. D’autres acteurs ont mis en place des organisations spécifiques, notamment parmi les majors. Ainsi Bouygues TP a lancé un dispositif dédié qui a permis de répondre à quelques dizaines d’appels d’offres de la Société du Grand Paris depuis quatre à cinq ans. « Nous avons formé des gens et mis en place une équipe adaptée car il n’y a jamais eu autant de travaux souterrains en France », remarque Benoît Lange. Hervé Di Rosa, directeur du développement commercial de Vinci Construction France, indique pour sa part que les projets emblématiques de type Grand Paris Express ou les JOP sont « des dossiers tellement gros qu’ils nécessitent une organisation ad hoc ». Pour le futur métro, l’entreprise a donc également mis en place une équipe dédiée pour les études, le design et les travaux. Le défi de l’emploi La réponse à ces chantiers présente donc un défi important en termes d’emploi. « Les enjeux sont essentiellement humains car le Grand Paris est générateur d’emplois », explique Nicolas Rat de Cocquard. Razel Bec, qui regroupe différents métiers, s’est organisé pour sourcer et faire venir les talents. « En parallèle, des passerelles ont été mises en place pour développer la mobilité, fidéliser et répondre à la demande de postes parfois très spécifiques », ajoute-t-il. Pour Alain Girard, directeur général du groupe Legendre, « l’enjeu le plus prégnant est l’insertion », pour laquelle l’entreprise choisie pour un des lots du Village olympique « mobilise beaucoup d’énergie pour être au rendez-vous ». De forts enjeux environnementaux C’est toutefois plus souvent la question environnementale qui revient dans les échanges avec les acteurs de la construction et des TP comme le sujet central. Après la sécurité et l’intégrité physique des équipes et de l’ensemble des intervenants, Hervé Di Rosa place en effet le sujet climatique comme un enjeu central : « Réduction des émissions de CO2, utilisation de matériaux vertueux, optimisation de l’utilisation des ressources naturelles, économie circulaire, préservation de la biodiversité... Nous devons construire des objets exemplaires et durables. » La commande publique, avec des exigences de performance énergétique et le recours aux marchés globaux de performance, dispose d’un « levier environnemental important, associé à des demandes de garanties exigeantes, le niveau de jeu est très élevé », poursuit le directeur. Les objectifs de réemploi et d’économie circulaire deviennent aussi des normes de plus en plus courantes. « Les acteurs demandent des solutions moins émettrices de CO2 et qui font moins de bruit, précise le secrétaire général de Loxam. Nous avons eu plus d’écho auprès de nos clients en apportant des machines alternatives répondant à ces besoins. » Paname TP a, pour sa part, pris la décision d’avoir 100 % de son parc qui répond au critère Euro 6, « un choix qui a un impact direct sur l’environnement », note Nicolas Prunières. L’entreprise a aussi monté un partenariat avec Eiffage Génie civil pour investir dans la construction d’un camion au gaz fabriqué par Volvo Trucks ; 15 véhicules de ce type sont aujourd’hui déployés sur un macro-lot de la ligne 16. Innover pour réduire l’impact Ces demandes environnementales conduisent en effet les acteurs du secteur à innover. GCC développe par exemple, en lien avec la société Hoffmann, un ciment décarboné qui commence à être déployé. L’entreprise est très impliquée aussi dans la construction bois avec la livraison de l’immeuble « Curve » pour BNP à Saint-Denis et l’opération « Arboretum » à Nanterre. « Nous travaillons beaucoup sur le béton bas carbone produit sur les chantiers pour avoir un bilan carbone plus intéressant et un impact sur l’environnement plus faible », rapporte aussi Alain Girard. « Ces grands projets sont une opportunité d’avancer plus rapidement vers des innovations et la transition écologique », considère Nabil El Khedri, dont la société réfléchit à l’usage de « matériels innovants pour offrir des alternatives aux moteurs thermiques ». Une dynamique fragile La question est désormais de savoir si la « très forte dynamique sur ce territoire », constatée par Philippe Coffineau, va se maintenir avec la crise sanitaire. Le directeur du développement et des relations institutionnelles de GCC ne semble pas inquiet, notamment avec le développement des quartiers autour des gares du Grand Paris Express et la dynamique des JOP de 2024. Benoît Lange de Bouygues TP pointe, lui, les quatre méga contrats à venir des tronçons ouest et est de la ligne 15, dont chacun constituera « un morceau consistant à avaler et occupera entre cinq et dix ans ». Des inquiétudes émergent toutefois : « Nous sentons une période de flottement pour nos clients collectivités. Élections à rallonge, crise sanitaire, incertitudes budgétaires… des problématiques auxquelles s’ajoutent les questions justifiées et fondamentales de réchauffement climatique, d’économie circulaire, de nouveaux usages de l’espace public, de nouvelles technologies, de sécurité et de renouvellement des infrastructures…, remarque Nicolas Rat de Cocquard. Dans ce contexte, les collectivités n’hésitent plus à réfléchir ou même faire autrement ! » « Il y a des beaux projets à venir sur la région, même si la dynamique a été ralentie par la crise sanitaire et les élections, et que les délais d’obtention de permis de construire ont pour partie été allongés », confirme Diane Mérand. Nabil El Khedri fait part de « craintes pour l’an prochain et l’année suivante », avec les retards enregistrés sur les permis de construire et les programmes en 2020, la crise ayant finalement peu impacté les projets déjà avancés. Il estime toutefois que la dynamique va reprendre au-delà. L’effet Covid se fait plutôt ressentir sur le prix des matériaux et les délais d’approvisionnement, signale le directeur général du groupe Legendre qui n’anticipe pas non plus de baisse de la demande. « Nous allons cumuler un problème de surcoût des fournitures et une pénurie, ce qui aura un impact sur le coût des chantiers pour les entreprises, insiste-t-il. Il va falloir que tout le monde se mobilise pour prendre en charge ces coûts, avec un risque d’impact sur les délais. » Enfin, quel sera « l’effet de la crise sanitaire sur le comportement des salariés avec le télétravail ? » est la question que pose Hervé Di Rosa, qui observe que « plusieurs projets de bureaux sont en lévitation » actuellement. Le responsable de Vinci Construction France n’est toutefois « pas très inquiet sur l’avenir, le plan de relance va certainement impulser une très bonne dynamique sur le marché, autant d’opportunités pour créer de la valeur collectivement ».
- COMMENT FAIRE LE GRAND PARIS DES PIÉTONS ?
LE TRIOMPHE DU VÉLO, OBSERVÉ AVEC LA PANDÉMIE ET LES CORONAPISTES, CACHE DE MOINS EN MOINS LE RETOUR EN GRÂCE D’UN AUTRE MOYEN DE DÉPLACEMENT UNIVERSEL, VIEUX COMME LE MONDE, MAIS PEU CONSIDÉRÉ : LA MARCHE. POURTANT, PREMIER MOYEN DE DÉPLACEMENT EN ÎLE-DE-FRANCE (ENQUÊTE GLOBALE TRANSPORT 2020), LA MARCHE À PIED A LONGTEMPS ÉTÉ INVISIBLE DANS LES STATISTIQUES OFFICIELLES. CEPENDANT, LÀ AUSSI, LES TEMPS CHANGENT, POUR NE PAS DIRE QUE LA ROUE TOURNE. PAR VIANNEY DELOURME ET RENAUD CHARLES D’ENLARGE YOUR PARIS Si les grèves grand-parisiennes de l’hiver 2019 ont marqué la consécration du vélo, elles ont aussi été le « 1995 » de la marche à pied dans le Grand Paris. Les images « d’embouteillages piétons » aux heures de pointe sur les grands axes de la Capitale, aux abords des grandes gares parisiennes et aux portes de Paris, symbolisent cette émergence. Depuis, dans le cadre du déconfinement post-Covid-19, le très officiel Cerema, centre d’études lié aux ministères des Transports et de l’Écologie, a appelé à « dimensionner plus généreusement les espaces dédiés aux piétons » et à « faire de la marche la nouvelle “petite reine” des déplacements ». On a aussi pu lire dans la presse des éditoriaux rappelant les vertus de la marche, présentée comme un moyen efficace de lutter contre les effets sanitaires de nos vies ultra-sédentaires ou encore de se déplacer sans produire de CO2. À ces différents aspects, il faut en ajouter un autre, plus social : la marche est gratuite et donc universelle, et démocratique. En ville, la signalétique a été pensée pour les voitures, pas pour les piétons Tout cela suffit-il à garantir à la marche un avenir radieux ? Ce n’est pas si simple : la signalétique urbaine a été pensée pour les voitures et l’espace public est dominé par les automobilistes, qui pourtant ne représentent que 35 % des déplacements quotidiens en Île-de-France (les marcheurs représentent, eux, 40 % des déplacements et les usagers des transports en commun 22 %). C’est la vitesse de la voiture qui continue de donner son rythme aux autres déplacements. Et tous les territoires ne sont pas égaux dans le Grand Paris. Si le cœur métropolitain reste relativement simple d’usage pour les piétons, ce n’est pas le cas de certains territoires marqués par l’héritage industriel du XIXe siècle et celui du tout automobile du XXe siècle. C’est en banlieue que se trouvent toutes les grandes servitudes nécessaires à la métropole parisienne : autoroutes, voies ferrées, aéroports, cimetières, zones logistiques et commerciales, ports, cimenteries, déchetteries, centres d’incinération et de traitement des eaux… coupent la vue, bloquent le passage, contraignent les piétons à parfois faire des kilomètres de détours, marchant dans un contexte souvent dominé par la circulation automobile et marqué par de nombreux désagréments (bruit, pollution, absence d’arbres pour se protéger de la chaleur, trottoirs étroits, signalétique urbaine exclusivement dédiée aux automobilistes…) Autant de situations qui favorisent le sentiment d’insécurité, particulièrement pour les femmes, et dans tous les cas rendent la marche pénible. En grande couronne, les trottoirs disparaissent parfois en sortie d’agglomération. Pourquoi si peu de départementales sont-elles bordées de trottoirs lorsqu’elles relient des zones denses distantes de peu de kilomètres ? Parcourir les routes du Grand Paris et d’Île-de-France avec Google Maps à la recherche d’itinéraires piétons est un exercice instructif. De là, on pourra se questionner pour savoir s’il n’y a pas de piétons à cause de l’absence d’aménagements dédiés ou si l’absence d’aménagements est justifiée par l’absence de piétons ? Les habitués de la randonnée connaissent la déception de voir bien souvent leurs chemins balisés coupés par deux ou quatre voies sans passage piéton… Or, la randonnée n’est-elle pas un outil précieux pour conserver le paysage « ouvert » et développer le tourisme ? Ce tour d’horizon serait incomplet s’il ne prenait pas en compte les chemins ruraux, héritage d’une région qui était, il y a deux générations, largement agricole. Aujourd’hui prisés le week-end par les joggeurs, les randonneurs et les familles, ils servent en semaine de pistes cyclables permettant aux habitants de rejoindre les commerces de la commune voisine ou la gare la plus proche sans prendre la voiture. Pourtant, il n’existe aucune carte régionale (ni nationale) de ces chemins ruraux et nombre d’entre eux disparaissent chaque année, avalés par des lotissements ou détruits par des exploitants agricoles qui ont le droit de les faire disparaître sur simple déclaration en mairie. Or, dans la perspective de la transition climatique et de la « décarbonation » de la mobilité, ces chemins « déjà-là » ne représentent-ils pas un atout important ? Promouvoir le déplacement des piétons, voire leur retour, et aussi rendre plus “urbains” certains lieuxPromouvoir le déplacement des piétons, voire leur retour, nécessite de regarder autrement l’espace urbainet périurbain en faisant baisser la pollution et le bruit, en améliorant la qualité des trottoirs et en les végétalisant pour rendre supportables ces étés, voire ces printemps, de plus en plus chauds. Il s’agirait aussi de rendre plus « urbains » certains lieux – avec de l’éclairage, de la signalétique – pour que tous et surtout toutes puissent s’y déplacer. Pour favoriser les mobilités piétonnes, les difficultés sont nombreuses mais les impératifs sociaux, économiques et écologiques associés à la marche sont eux aussi d’importance. Et les opportunités sont là ! Les années 2020 vont voir se développer dans le Grand Paris et en Île-de-France des projets urbains et de transport qui seront autant d’occasions de repenser la place des piétons : construction du réseau du Grand Paris Express et des 68 quartiers de gare, développement de la ligne E du RER vers Mantes-la-Jolie et modernisation du réseau des transports en commun régional. Sans oublier les JO qui se dérouleront partiellement dans des territoires marqués par ces fractures urbaines si défavorables aux piétons. Une partie de l’héritage des JOP 2024 réside peut-être dans les aménagements piétonniers qui seront engagés. En tout cas, reste une certitude à l’aune de la sortie de l’épisode pandémique de 2019-2021 : la révolution piétonne ne fait que commencer. Et elle pourrait même contribuer à rendre plus résilient le Grand Paris.
- MON OBSESSION, C’EST NOTRE QUALITÉ DE SERVICE ET L’AVENIR DE NOTRE JEUNESSE
DEPUIS 2002, SBG LUTÈCE EST AU SERVICE DE SES CLIENTS POUR LA RÉALISATION DE TRAVAUX DE CONSTRUCTION ET DE RÉHABILITATION. EN ENTREPRISE GÉNÉRALE OU EN LOTS SÉPARÉS, ELLE MET L’EXPERTISE DE SES 250 COLLABORATEURS AU SERVICE DES MAÎTRES D’OUVRAGE LES PLUS EXIGEANTS ET CONSTRUIT UNE MOYENNE DE 1500 LOGEMENTS CHAQUE ANNÉE. INTERVIEW DE SON PRÉSIDENT, L’ENGAGÉ MATHIEU GUNDUZ. Quelle est l’origine de SBG Lutèce ? Jeune bâtisseur chez Bouygues dans les années 90, j’ai toujours eu la ferme volonté de travailler à mon compte mais pas seul, en m’entourant d’un véritable collectif. Créer des emplois et de la valeur pour des dizaines de personnes, c’est le fondement de mon engagement entrepreneurial. Aujourd’hui, nous avons réussi à développer une entreprise qui compte 250 collaborateurs. Derrière chacun d’eux, il y a une famille et c’est vraiment cette idée qui m’anime, qui me fait me lever chaque matin. Sur quels projets travaillez-vous ? Nous plaçons la rigueur, l’amour du travail bien fait et la sécurité au premier plan de nos priorités. Nous voulons bâtir des projets utiles pour la vie des gens, des projets qui ont du sens. Pour nous, il est majeur de contribuer à la création de logements dont notre pays et en particulier l’Île-de-France ont tant besoin. Des logements donc, mais pas seulement. Par exemple, nous construisons des hôtels, des hôpitaux comme celui d’Esquirol sur 50 hectares et nous participons à la rénovation de monuments historiques et emblématiques comme celle du Musée de l’air et de l’espace du Bourget. Vous évoquez souvent votre amour de la France… La France est le pays qui m’a accueilli et tout donné. C’est un pays merveilleux et exemplaire pour moi qui suis d’origine kurde avec toutes les complexités historiques que vous connaissez. En ralliant la France à pied depuis le pays où je suis né, je savais que j’y trouverais des droits pour les humains, un espace de culture et d’éducation mais aussi un vaste champ des possibles pour construire sa vie et pour la réussir. Quels sont vos axes de développement ? Mon obsession, c’est la qualité de service que nous apportons aux maîtres d’ouvrage dont nous construisons les projets. Mais notre stratégie repose aussi sur le développement de la formation, de l’apprentissage, de l’alternance. Les besoins dans notre secteur sont immenses et nous voulons accompagner un maximum de jeunes vers ces emplois concrets, nobles, avec l’ambition de contribuer à une dynamique vertueuse pour soutenir ceux qui sont l’avenir de notre pays. Que représente le Grand Paris pour une entreprise comme la vôtre ? Ce projet du Grand Paris, qui vise à faire Paris au carré tout en bâtissant une ville du quart d’heure, de proximité, une ville humaine, fluide, accessible, est une formidable ambition pour améliorer la vie des habitants. Aujourd’hui, ce territoire constitue une part non négligeable de nos activités et j’entends bien accroître cette proportion dans les années à venir.