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  • VERS UN GRAND PARIS DE PLUS EN PLUS BIOSOURCÉ

    BOIS, CHANVRE, PAILLE, BRIQUES DE TERRE CRUE : L’UTILISATION DES MATÉRIAUX BIOSOURCÉS N’EST PLUS RÉSERVÉE À QUELQUES PRÉCURSEURS. L’ENGAGEMENT ACCRU DES GRANDS MAÎTRES D’OUVRAGE, COMME LA SOCIÉTÉ DU GRAND PARIS ET LA SOLIDEO, DONNE UNE VISIBILITÉ NOUVELLE À CES FILIÈRES. PAR CATHERINE BERNARD ET EMMANUELLE CHAUDIEU La SociĂ©tĂ© du Grand Paris, l’Epfif (Établissement public foncier d’Île-de-France), 6 collectivitĂ©s, 11 amĂ©nageurs, 5 bailleurs sociaux et 15 promoteurs : 39 acteurs ont dĂ©sormais signĂ© le pacte Bois BiosourcĂ©s portĂ© par l’interprofession FIBois Île-de-France, prĂ©sentĂ© le 5 novembre 2020. Tous se sont engagĂ©s Ă  utiliser le bois ou d’autres matĂ©riaux biosourcĂ©s pour la construction ou la rĂ©habilitation Ă  hauteur de 10 % (niveau bronze), 20 % (niveau argent) ou 40 % (niveau or) des surfaces de plancher qu’ils amĂ©nageront ou construiront au cours des quatre prochaines annĂ©es. Certains sont allĂ©s encore plus loin : telle la SociĂ©tĂ© du Grand Paris, qui a promis d’utiliser au moins 50 % de bois et 70 % de matĂ©riaux biosourcĂ©s sur les fonciers qu’elle possĂšde autour des gares du Grand Paris Express. Car l’usage des matĂ©riaux biosourcĂ©s sort de sa niche : les utilisateurs du pĂ©riphĂ©rique peuvent ainsi admirer plusieurs immeubles de grande hauteur en structure bois dans le quartier de Bruneseau (Paris 13e). Dans la petite ville de Trilport, en Seine-et-Marne, 45 logements se construisent en bĂ©ton de chanvre. Les matĂ©riaux biosourcĂ©s s’invitent Ă©galement dans le domaine de la rĂ©novation : ainsi, le Collect’IF Paille a rĂ©alisĂ© en 2020 l’isolation thermique par l’extĂ©rieur d’une rĂ©sidence de 14 logements sociaux de Paris Habitat, dans le 15e arrondissement. Et ce, avec de simples bottes de paille 100 % franciliennes. Le bois est Ă©galement trĂšs prisĂ© pour rĂ©aliser des surĂ©lĂ©vations d’immeubles, comme dans la citĂ© GlaciĂšre, dans le 13e arrondissement : sa lĂ©gĂšretĂ© nĂ©cessite moins de reprises sur les fondations et il permet Ă©galement des chantiers « propres », compatibles avec la poursuite de l’occupation de l’immeuble. Cycle Terre, l’économie 100 % circulaire À Sevran (Seine-Saint-Denis), la dĂ©marche d’économie circulaire va encore plus loin : dĂšs septembre, la fabrique Cycle Terre devrait produire ses premiĂšres briques et enduits en terre crue Ă  partir de terres excavĂ©es Ă  proximitĂ©. ConstituĂ©e sous forme de sociĂ©tĂ© coopĂ©rative, elle est le fruit d’un projet europĂ©en Ă©ponyme, portĂ© par 13 partenaires et, notamment, la ville de Sevran, Grand Paris AmĂ©nagement, la SociĂ©tĂ© du Grand Paris et le spĂ©cialiste des terres excavĂ©es ECT. « Cette usine urbaine fabriquera chaque annĂ©e environ 10 000 tonnes de produits locaux », explique Magali Castex, pilote du dĂ©monstrateur Ă  Grand Paris AmĂ©nagement. Les premiĂšres commandes fermes sont dĂ©jĂ  engrangĂ©es et, en particulier, la construction d’un groupe scolaire dans la ville voisine de Rosny-sous-Bois.

  • JOP PARIS 2024 : LA SOLIDEO ENTRE DANS LA PHASE TRAVAUX

    L’ANNÉE 2021 MARQUE LE DÉBUT DES TRAVAUX POUR LES GRANDS CHANTIERS PILOTÉS PAR LA SOLIDEO POUR LES JEUX OLYMPIQUES ET PARALYMPIQUES DE 2024, NOTAMMENT LE VILLAGE DES ATHLÈTES. La SociĂ©tĂ© de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), dirigĂ©e par Nicolas Ferrand, est chargĂ©e de financer 62 ouvrages de dimensions variĂ©es, grĂące Ă  un budget de 1,386 milliard d’euros HT de financements publics (en valeur octobre 2016). Dans ce cadre, elle supervise 29 maĂźtres d’ouvrage publics et privĂ©s et assure l’amĂ©nagement du Village des athlĂštes – Ă  Saint-Denis, Saint-Ouen et L’Île-Saint-Denis – et du Village des mĂ©dias – Ă  Dugny, La Courneuve et au Bourget. « Deux projets emblĂ©matiques qui deviendront, aprĂšs les Jeux, de vĂ©ritables quartiers de ville durables et accessibles, avec des logements, des Ă©coles, des commerces et des bureaux », indique l’Institution. Pour rĂ©pondre Ă  l’ambition de faire des JOP « bas carbone », c’est-Ă -dire alignĂ©s sur l’Accord de Paris, la Solideo impose un modĂšle de construction durable et responsable, en s’appuyant sur l’innovation et le savoir-faire français. « L’idĂ©e est non seulement de rĂ©pondre aux engagements internationaux de la France, d’opĂ©rer un changement radical des maniĂšres d’amĂ©nager, de construire et de gĂ©rer la ville pour limiter notre empreinte carbone, mais aussi de proposer des projets adaptĂ©s aux grands enjeux auxquels nos villes vont devoir faire face en 2050 », dĂ©taille l’établissement public. « Ces enjeux sont en particulier le rĂ©chauffement climatique et la prĂ©servation de la biodiversitĂ©. » Le « plus grand chantier mono-site de France » AprĂšs trois ans de conception, l’annĂ©e 2021 marque le lancement de la construction des ouvrages. Sur le Village des athlĂštes, les 26 permis de construire ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©s par les groupements laurĂ©ats des diffĂ©rents lots, les opĂ©rations de dĂ©construction se terminent et les premiĂšres constructions se prĂ©parent. Depuis le dĂ©but de l’étĂ©, quelque 4 000 ouvriers y sont mobilisĂ©s, ce qui en fait « le plus grand chantier mono-site de France », selon la Solideo. L’amĂ©nagement des espaces publics est, lui, encore en phase de conception. Ce projet, qui s’étend sur 52 ha, a la particularitĂ© d’ĂȘtre conçu pour ĂȘtre rĂ©versible : une fois les Jeux terminĂ©s, les logements des 14 000 athlĂštes seront transformĂ©s afin de crĂ©er un quartier vivant, ouvert Ă  tous et offrant une mixitĂ© d’usages. Celui-ci accueillera des logements familiaux, Ă©tudiants, des activitĂ©s Ă©conomiques ainsi qu’une offre de commerces et de services. Sur le Village des mĂ©dias, second projet d’amĂ©nagement d’ampleur de la Solideo, les promesses de vente ont Ă©tĂ© signĂ©es en fin d’annĂ©e et les travaux de viabilisation des terrains ont commencĂ©. Ce site sera aussi amĂ©nagĂ© en deux temps, avec la construction de 700 logements pour les Jeux et 600 logements supplĂ©mentaires ensuite. Des commerces, une crĂšche, deux gymnases (un Ă  Dugny, un autre au Bourget), deux groupes scolaires, un nouvel espace vert de 13 ha sont aussi programmĂ©s. Une dĂ©cision de la Cour administrative d’appel en avril dernier a toutefois conduit Ă  la suspension d’une partie des travaux – en attendant un jugement sur le fond – qui retarde l’opĂ©ration. RĂ©novation de plusieurs Ă©quipements Le troisiĂšme chantier d’importance concerne le Centre aquatique olympique, qui verra le jour Ă  proximitĂ© du Stade de France Ă  Saint-Denis, au sein d’un quartier dont l’amĂ©nagement est gĂ©rĂ© par la MĂ©tropole du Grand Paris. Les travaux, menĂ©s par Bouygues bĂątiment Île-de-France, ont dĂ©butĂ© cet Ă©tĂ©. Parmi les autres ouvrages, l’Arena 2, situĂ©e porte de la Chapelle Ă  Paris, constituera une nouvelle salle culturelle et sportive pour le nord parisien. Le programme de la Solideo comprend Ă©galement la rĂ©novation ou la construction de plusieurs Ă©quipements sportifs qui accueilleront, Ă  l’étĂ© 2024, des Ă©preuves ou des entraĂźnements des dĂ©lĂ©gations olympiques et qui bĂ©nĂ©ficieront ensuite au territoire et aux futurs usagers. Parmi ceux-ci, le stade Yves-du-Manoir Ă  Colombes revĂȘt « une dimension particuliĂšrement symbolique » puisqu’il Ă©tait le site principal des Jeux de 1924. Il accueillera, pour les prochains JO, les Ă©preuves de hockey sur gazon.

  • NOUS ƒUVRONS POUR RENDRE LA MÉTROPOLE VISIBLE ET LISIBLE : PATRICK OLLIER

    PLAN DE RELANCE, AMÉNAGEMENT, DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE,TRANSITION ÉCOLOGIQUE, ZONE À FAIBLES ÉMISSIONS OU GESTION DES MILIEUX AQUATIQUES : LE PRÉSIDENT DE LA MÉTROPOLE DU GRAND PARIS, PATRICK OLLIER, DÉCRIT LA MONTÉE EN PUISSANCE DES ACTIONS DE LA JEUNE COLLECTIVITÉ QUI VIENT DE LANCER LA TROISIÈME ÉDITION D’INVENTONS LA MÉTROPOLE DU GRAND PARIS ET ENTEND BIEN DÉMONTRER SON INDISPENSABILITÉ. PROPOS RECUEILLIS PAR JACQUES PAQUIER Comment la MĂ©tropole a-t-elle pris part Ă  la relance post-Covid ? La MĂ©tropole du Grand Paris s’est fortement investie dans le soutien au tissu Ă©conomique. Nous avons mis en place un plan de relance de 110 millions d’euros. Il comporte 5 axes et 50 actions, que nous sommes en train de dĂ©cliner, dans diffĂ©rents domaines, l’économie, la culture, la santĂ©, la transition Ă©cologique, l’amĂ©nagement du territoire ou la transition numĂ©rique. En mĂȘme temps, nous avons souhaitĂ© participer au plan de rĂ©silience que la RĂ©gion a lancĂ©, et qui s’est Ă©levĂ© Ă  140 millions d’euros, pour soutenir dĂ©jĂ  quelque 3 000 entreprises. La MĂ©tropole y a consacrĂ© 21 millions d’euros. Quelles sont vos actions dans le domaine de l’amĂ©nagement ? Nous avons lancĂ© un ensemble d’activitĂ©s Ă©conomiques autour des ZAC mĂ©tropolitaines et engagĂ© un travail dans cinq opĂ©rations d’amĂ©nagement. Je pense, par exemple, Ă  celle des Docks Ă  Saint-Ouen, Ă  celle de la Plaine-Saulnier Ă  Saint-Denis, sur laquelle se construira le Centre Aquatique Olympique sur 22 000 m2 et dont la MĂ©tropole est maĂźtre d’ouvrage. En phase hĂ©ritage, la gestion de cet Ă©quipement incombera Ă  la MĂ©tropole, ce qui nous permettra, avec la passerelle qui le reliera au Stade de France, d’imaginer des synergies avec le Stade pour crĂ©er un lieu Ă©vĂ©nementiel unique en France. Nous pilotons Ă©galement la ZAC de Villeneuve-la-Garenne, qui s’étend sur 21 ha, celle de Noisy-le-Sec ou de Livry-Gargan. Pour rendre la MĂ©tropole visible et lisible, nous avons engagĂ© dĂ©jĂ  trois Ă©ditions d’Inventons la MĂ©tropole du Grand Paris, de 2017 Ă  aujourd’hui. Les trois thĂ©matiques de la 3e Ă©dition de ce concours sont la transformation des bureaux en logements, la requalification des friches urbaines et l’amĂ©nagement des quartiers de gare. Ce dernier volet constitue naturellement un enjeu trĂšs important pour la MĂ©tropole du Grand Paris. Je rappelle que nous avons signĂ© rĂ©cemment une convention de coopĂ©ration avec la SociĂ©tĂ© du Grand Paris Ă  ce sujet. En quoi consiste le contrat rĂ©cemment signĂ© avec l’État ? Avec le gouvernement, nous avons signĂ©, le 18 mars dernier, un Contrat de relance et de transition Ă©cologique (CRTE), qui va nous permettre d’engager avec l’État, dans le cadre de nos compĂ©tences, une sĂ©rie d’actions. Il s’agira notamment du deuxiĂšme volet de l’opĂ©ration « Centres-villes vivants », de soutien aux entreprises, mais aussi de mener des actions en faveur du numĂ©rique, de l’alimentation durable et de l’agriculture urbaine, de reconquĂȘte des friches urbaines, du dĂ©veloppement des quartiers de gare ou de mobilitĂ© durable. Quel est votre bilan en matiĂšre de mobilitĂ© durable ? Je suis trĂšs fier de ce que l’on a engagĂ© avec la Zone Ă  faibles Ă©missions (ZFE) mĂ©tropolitaine, qui est la plus vaste d’Europe et permettra aux 5,6 millions d’habitants concernĂ©s par cette zone, encerclĂ©e par l’autoroute A86, de mieux respirer. Rappelons que l’on dĂ©nombre, au sein de la MĂ©tropole, 6 600 morts prĂ©maturĂ©es chaque annĂ©e dues Ă  la pollution de l’air par les particules fines. Et, au passage, nous aidons la France, accusĂ©e par l’Union EuropĂ©enne de ne pas suffisamment agir contre la pollution de l’air. Nous avons mis en place, dans ce cadre, une sĂ©rie d’aides qui permettent de proposer jusqu’à 19 000 euros pour l’achat d’un vĂ©hicule propre neuf et 12 000 euros pour l’achat d’un vĂ©hicule propre d’occasion. J’ai obtenu en outre du gouvernement, et j’en remercie Jean-Baptiste Djebbari, le ministre en charge des Transports, la mise en place d’un micro-crĂ©dit pour les plus modestes qui peut aller jusqu’à 5 000 euros en fonction des ressources. À la suite d’un dialogue constructif et permanent avec les Chambres consulaires et diffĂ©rentes fĂ©dĂ©rations, la MĂ©tropole prĂ©voit des dĂ©rogations en faveur des professionnels notamment impactĂ©s par la crise sanitaire. Il s’agit de dĂ©rogations de l’application des rĂšgles de la ZFE, jusqu’au 30 juin 2022. Nous avons mis en place Ă©galement MĂ©tropolis avec un objectif de 5 000 bornes de recharge pour vĂ©hicules Ă©lectriques d’ici 2022, que nous allons installer dans l’aire mĂ©tropolitaine. MĂ©tropolis, il faut le souligner, verse 5 000 euros aux communes pour chaque borne installĂ©e. Nous avons lancĂ© VĂ©lib’ MĂ©tropole, avec l’engagement de crĂ©er 100 stations nouvelles, hors Paris. Nous lançons Ă©galement un plan vĂ©lo pour crĂ©er un rĂ©seau mĂ©tropolitain de pistes cyclables est-ouest et nord-sud. Sur quelles autres thĂ©matiques intervenez-vous ? Nous sommes en train de mettre en place des circuits courts avec des agriculteurs de la MĂ©tropole et de la RĂ©gion. Nous sommes engagĂ©s dans des opĂ©rations de rĂ©novation Ă©nergĂ©tique extrĂȘmement importantes. L’État, et j’en remercie Emmanuelle Wargon, ministre alors en charge de ces questions, nous a apportĂ© des moyens financiers substantiels pour faire face Ă  nos engagements dans ce domaine, dans le cadre du programme SARE (Service d’accompagnement Ă  la rĂ©novation Ă©nergĂ©tique). Nous avons mis en place, dans ce cadre, le PREP, le Parcours de rĂ©novation Ă©nergĂ©tique performante, qui permet Ă  chacun d’accĂ©der Ă  une rĂ©novation Ă©nergĂ©tique globale et performante de son logement ; 53 communes de la MĂ©tropole y sont d’ores et dĂ©jĂ  engagĂ©es. Quelles sont vos actions au titre de la Gestion des milieux aquatiques et de la prĂ©vention des inondations (GEMAPI) ? Cette compĂ©tence est passionnante. Nous allons crĂ©er un rĂ©seau de 100 km de digues et menons une sĂ©rie de travaux pour la rĂ©ouverture des rus et des petites riviĂšres qui Ă©taient jusqu’à prĂ©sent recouverts ou embusĂ©s. Je pense Ă  la BiĂšvre, entre Arcueil et Gentilly, Ă  la renaturation du vallon du Sausset, Ă  Villepinte ou Tremblay, oĂč l’on investit plus de 5,2 millions d’euros, je pense Ă  la Vieille Mer (4 millions d’euros), qui prend sa source Ă  Dugny. Nous offrons par ailleurs, avec le Fonds inondation, une aide aux communes touchĂ©es par les crues. Et en mĂȘme temps, nous travaillons sur le casier-pilote de La BassĂ©e, oĂč la MĂ©tropole investit 35 millions d’euros, qui doit ĂȘtre achevĂ© pour les JOP de 2024, de telle sorte qu’il puisse sĂ©curiser au mieux la ville de Paris, en Ă©tant en capacitĂ© de rĂ©duire la hauteur de l’eau de 8 Ă  10 cm. D’ores et dĂ©jĂ , la vanne-Ă©cluse de Joinville-le-Pont, dont nous avons financĂ© les travaux, est en capacitĂ© de rĂ©duire l’étiage de la Seine en cas de crue. Quelles sont vos actions de stratĂ©gie Ă  plus long terme ? J’ai relancĂ© le travail sur le SchĂ©ma de cohĂ©rence territorial (SCoT), achevĂ© Ă  75 %. Je souhaite qu’il soit votĂ© d’ici la fin de l’annĂ©e. Ce sera la colonne vertĂ©brale de la MĂ©tropole pour les 10 Ă  15 prochaines annĂ©es, en fixant les grands objectifs d’amĂ©nagement et de dĂ©veloppement. Dans un second temps, nous retravaillerons sur le Plan mĂ©tropolitain de l’habitat et de l’hĂ©bergement (PMHH). Quelles sont vos actions en faveur du rééquilibrage territorial ? Tout ce que l’on a fait jusqu’à prĂ©sent est fondĂ© sur cet objectif. Ainsi, deux tiers des projets financĂ©s par la MĂ©tropole, soit au travers du Fonds d’investissement mĂ©tropolitain (FIM), sont situĂ©s au nord et Ă  l’est, tandis qu’un tiers est situĂ© Ă  l’ouest. Ce rééquilibrage est essentiel. Il montre que la MĂ©tropole n’entend en rien prĂ©server des situations acquises sans penser au vivre ensemble des 7,2 millions d’habitants et 131 communes qui la composent. Nous venons de conclure un accord avec la rĂ©gion Île-de-France, dans le cadre d’une convention de partenariat. Elle rejoint les prĂ©occupations du Contrat de Plan État RĂ©gion (CPER). Pourquoi vous intĂ©ressez-vous Ă©galement Ă  l’axe Seine ? Nous avons entrepris Ă  ce sujet des discussions avec le prĂ©sident et le directeur d’Haropa. Le port commun au Havre, Ă  Rouen et Paris est pour nous une base d’action importante, qui doit nous permettre de rĂ©flĂ©chir Ă  la structuration du dĂ©veloppement Ă©conomique de ces territoires. J’ai rencontrĂ© rĂ©cemment les maires du Havre et de Rouen. J’ai Ă©crit Ă  l’ensemble des EPCI le long de la Seine, pour structurer nos actions communes. J’aime rappeler cette citation de NapolĂ©on Ier, prononcĂ©e le 7 novembre 1802 : « Paris, Rouen, Le Havre, une seule ville dont la Seine est la grande rue. »

  • LA PROXIMITÉ AVEC LES TERRITOIRES, C’EST NOTRE ADN : CHRISTOPHE AFONSO

    FONDATEUR DE YUMAN, PROMOTEUR IMMOBILIER EN CROISSANCE RAPIDE, CHRISTOPHE AFONSO DÉCRIT L’HISTOIRE ET L’ADN DE SON GROUPE, BASÉS SUR UNE CULTURE DE LA PROXIMITÉ ET DE L’ÉCOLOGIE. Comment dĂ©finiriez-vous l’ADN de Yuman ? L’ADN de Yuman, c’est la proximitĂ© avec les territoires, avec les Ă©lus et avec l’ensemble de nos clients. Être humain au sens vrai du terme, s’emparer des enjeux des villes, comprendre la volontĂ© et les besoins des Ă©lus et transformer les souhaits des clients en projets immobiliers, c’est cela notre ADN. Nous en sommes conscients, chez Yuman, c’est nous qui avons besoin des Ă©lus, et non l’inverse. Nous dĂ©fendons, par ailleurs, l’idĂ©e que protĂ©ger l’environnement, c’est protĂ©ger les hommes. Notre engagement est clair : nous compensons Ă©cologiquement 100 % de nos crĂ©ations immobiliĂšres grĂące Ă  un partenariat exemplaire avec Reforest’Action. Comment est nĂ© Yuman ? Notre histoire commence il y a presque 15 ans. J’ai personnellement dĂ©butĂ© ma carriĂšre en tant qu’agent immobilier. Ce mĂ©tier m’a notamment appris que ce n’était pas nous qui dĂ©cidions ce que nous vendions, mais le marchĂ© qui dĂ©cidait largement pour nous. Cela nous a permis de dĂ©velopper une approche un peu diffĂ©rente de la promotion immobiliĂšre. Nous sommes trĂšs Ă  l’écoute de nos clients, en particulier du souhait des Ă©lus, propre Ă  chaque commune. Nous nous investissons durablement sur les territoires en travaillant avec des entreprises locales pour que chaque projet soit crĂ©ateur de valeur au profit de la commune qui l’accueille. De plus, pour chaque projet immobilier dĂ©veloppĂ©, nous proposons Ă  l’équipe municipale d’identifier un jeune lycĂ©en mĂ©ritant issu d’une famille dĂ©favorisĂ©e afin de financer ses Ă©tudes supĂ©rieures et de l’accompagner jusqu’à son premier emploi. « Toutes nos opĂ©rations sont 100 % compensĂ©es carbone » « Nous avons une approche d’éco-conception pour les projets que nous rĂ©alisons. Nous nous fixons aussi comme prioritĂ© de rĂ©duire les Ă©missions carbone des activitĂ©s liĂ©es Ă  l’immobilier. Et pour pallier l’urgence climatique, nous compensons d’ores et dĂ©jĂ  toutes les Ă©missions carbone de nos projets. Cela reprĂ©sente plus de 70 000 arbres plantĂ©s Ă  ce jour. » Quelles sont vos spĂ©cialitĂ©s ? Nos rĂ©alisations vont de l’immeuble collectif en ossature bois Ă  des rĂ©sidences Ă©tudiantes, des rĂ©sidences services seniors, des hĂŽtels d’entreprises, comme celui qui accueille nos bureaux Ă  Romainville, des zones artisanales, en passant par des lotissements de maisons en bois, des immeubles de bureaux, des maisons d’architecte. Mais notre cƓur de mĂ©tier reste le logement collectif, qu’il soit social ou en accession. Nous venons de bĂątir 7 000 m2 d’entrepĂŽts, Ă©galement Ă  Romainville. Nous avons eu la chance d’avoir des Ă©lus qui ont cru en nous il y a 10 ou 15 ans, en Seine-Saint-Denis. Mais nous intervenons Ă©galement en Seine-et-Marne, dans les Yvelines, en Essonne, dans le Val-de-Marne ou le Val-d’Oise. PrioritĂ© Ă  l’emploi local « Nous mettons en place des chantiers qui favorisent l’insertion des habitants des territoires sur lesquels nous intervenons », souligne Christophe Afonso, fondateur de Yuman. « Ainsi, nous privilĂ©gions chaque fois que c’est possible un partenariat avec une entreprises locale. Objectif : faire de nos projets, dĂšs leur construction, des Ă©lĂ©ments d’inclusion sociale au bĂ©nĂ©fice de la collectivitĂ©. » Quel regard portez-vous sur la pĂ©riode actuelle ? Toutes nos crĂ©ations immobiliĂšres sont dorĂ©navant dotĂ©es d’espaces extĂ©rieurs, en roof-top, en jardins partagĂ©s ou en espaces privatifs. Il est dĂ©sormais inconcevable de penser l’immobilier sans ces espaces, mais Ă  l’évidence, le sujet sur lequel nous sommes tous attendus et sur lequel nous devons ĂȘtre Ă  la hauteur de l’enjeu concerne l’écologie, le combat pour rĂ©duire l’empreinte carbone d’une activitĂ© qui figure parmi les plus polluantes. Et le Grand Paris ? Le Grand Paris, mais surtout le trĂšs Grand Paris, sont l’occasion pour toute la filiĂšre immobiliĂšre de se rĂ©approprier les territoires, de s’affranchir des notions de petite et grande couronnes, de rĂ©volutionner notre approche sur les questions environnementales, tout simplement de proposer Ă  nos clients un logement plus responsable, plus fidĂšle Ă  leur demande. Il y a quelques annĂ©es encore, les gens souhaitaient vivre Ă  l’intĂ©rieur de Paris, puis ne pas dĂ©passer l’A86. Aujourd’hui, ils demandent Ă  ne pas franchir l’A104. Le cercle ne cesse de s’agrandir. Et les gares du Grand Paris vont rĂ©duire encore la frontiĂšre entre grande et petite couronnes.

  • INTERVIEW DE STÉPHANE CORDOBES, PHILOSOPHE, GÉOGRAPHE ET PHOTOGRAPHE

    « VIVRE À L’ANTHROPOCÈNE, C’EST INVENTER UN MODÈLE DE VIE QUI NOUS PERMETTE D’HABITER AVEC DIGNITÉ LE MONDE QUI VIENT » DU GREC ANTHROPOS (« HUMAIN ») ET KAINOS (« RÉCENT »), L’ANTHROPOCÈNE DÉSIGNE L’ÉPOQUE GÉOLOGIQUE ACTUELLE, DOMINÉE PAR DES HUMAINS QUI SERAIENT DEVENUS LA PRINCIPALE FORCE DE CHANGEMENT SUR TERRE, AU TRAVERS DE LEUR IMPACT SUR LES SOLS, LES AIRS ET LES MERS. SI CE TERME EST L’OBJET DE DISPUTES ACADÉMIQUES ET MÉDIATIQUES, IL EST DE PLUS EN PLUS FRÉQUEMMENT UTILISÉ POUR CARACTÉRISER LES PROFONDES MUTATIONS EN COURS. STÉPHANE CORDOBES NOUS EN EXPLIQUE LES DÉFIS ET LES ENJEUX. PROPOS RECUEILLIS PAR VIANNEY DELOURME D’ENLARGE YOUR PARIS Comment dĂ©finiriez-vous le moment anthropocĂšne que nous traversons ? Il s’agit d’un moment de basculement et de dĂ©voilement. Basculement parce qu’en passant de l’holocĂšneĂ  l’anthropocĂšne, mais aussi de la modernitĂ© Ă  l’anthropocĂšne, nous assistons tant gĂ©ologiquement qu’historiquement Ă  une bifurcation majeure et Ă  l’émergence d’un nouveau monde encore largement Ă  Ă©difier. DĂ©voilement parce que le soubassement Ă©conomique, social, politique et culturel sur lequel nous avons bĂąti notre sociĂ©tĂ© et que nous avons longtemps cru indĂ©passable – la fameuse fin de l’histoire – se craquelle et expose ses limites. On ne peut plus dissimuler que le projet moderne n’est plus tenable sur le plan environnemental Ă©videmment mais aussi sur le plan social et Ă©conomique. Et qu’il ne peut pas ĂȘtre Ă©tendu sans fin puisqu’il suppose une consommation des ressources qui est incompatible avec la capacitĂ© de la planĂšte Ă  se rĂ©gĂ©nĂ©rer et Ă  produire des conditions de vie dignes pour les humains et non humains qui y cohabitent. Sans compter les inĂ©galitĂ©s et injustices qu’il entretient. Notre modĂšle ne tient plus et il faut d’urgence le rĂ©inventer. Est-ce que selon vous les acteurs publics, les collectivitĂ©s ont pris la mesure de cette urgence ? Il me semble que la prise de conscience de l’empreinte des activitĂ©s humaines sur les Ă©cosystĂšmes terrestres et des dĂ©rĂšglements qu’elles entraĂźnent du climat, de l’environnement, de la biodiversitĂ©, des sols, de tout cette « nature » qui nous permet de subsister devient commune. Les acteurs publics, et privĂ©s d’ailleurs, assistent comme tout un chacun avec stupeur aux manifestations les plus catastrophiques du basculement anthropocĂšne qui se multiplient sur la planĂšte. Pour autant, tous les territoires et toutes leurs populations ne sont pas exposĂ©s donc marquĂ©s de la mĂȘme façon. Ce grand rendez-vous avec la gĂ©ologie et l’histoire est loin d’avoir supplantĂ© celui plus courant de la gestion politique du prĂ©sent et des problĂšmes du quotidien. Il y a lĂ  trĂšs clairement un dĂ©calage Ă  combler rapidement. Il faut affirmer haut et fort que l’anthropocĂšne est non seulement une consĂ©quence de l’industrialisation et de l’urbanisation du monde, mais aussi une crise globale et actuelle de l’habitabilitĂ© de la planĂšte Ă  laquelle tous les territoires et leurs acteurs sont confrontĂ©s. Dans beaucoup d’endroits, ces changements restent encore abstraits et secondaires par rapport aux difficultĂ©s Ă©conomiques et sociales que l’on a plus l’habitude d’aborder et de traiter. Comme si l’on pouvait encore distinguer et traiter sĂ©parĂ©ment ces problĂšmes
 Cette crise de l’habitabilitĂ© du monde, peut-on la dĂ©crire plus prĂ©cisĂ©ment, notamment dans nos territoires ? C’est « pour quand » et sous quelles formes ? On ne manque pas d’exemples : tempĂȘtes plus fortes et plus frĂ©quentes, Ă©rosion et Ă©volution rapide du trait de cĂŽte des territoires littoraux densĂ©ment habitĂ©s avec des risques majeurs de submersion, mĂ©gafeux dans les massifs forestiers assĂ©chĂ©s, vagues de chaleur plus fortes et frĂ©quentes avec des Ăźlots dĂ©lĂ©tĂšres dans les villes, communs nĂ©gatifs suite Ă  des pollutions industrielles et agricoles qui ont altĂ©rĂ© en profondeur les conditions de vie des populations comme aux Antilles avec le chlordĂ©cone, extinction massive des espĂšces vivantes
 Le projet moderne et ses logiques d’extraction, de production et de consommation promĂ©thĂ©ennes nous lĂšgue un certain nombre de monstres avec lesquels nous allons devoir composer. La Covid est un de ses monstres les plus emblĂ©matiques et « pĂ©dagogique » parce que, contrairement Ă  beaucoup d’autres, sa portĂ©e globale et locale s’impose Ă  nous autant que son impact en profondeur, partout, dans nos chairs autant que dans nos organisations. La Covid donne la mesure de cette crise de l’habitabilitĂ© et de la vulnĂ©rabilitĂ© de nos territoires de vie qui caractĂ©risent l’anthropocĂšne. Qu’est-ce qui pourrait encourager les acteurs publics Ă  mieux s’emparer des enjeux de l’anthropocĂšne ? Par dĂ©finition, les acteurs publics sont sensibles au public justement, Ă  ses opinions et attentes, Ă  ses craintes et manifestations d’humeur. De ce point de vue, on ne peut que constater l’accroissement de la prĂ©sence des questions Ă©cologiques et sociales dans la sphĂšre mĂ©diatique, dans la sensibilitĂ© des gens, dans les reprĂ©sentations collectives. Si on regarde cela sous le prisme gĂ©nĂ©rationnel, les faits sont encore plus manifestes : les jeunes ont un discours et une sensibilitĂ© qui vont rapidement rattraper et bouleverser les sphĂšres publique et politique. Le sujet n’est peut-ĂȘtre dĂ©jĂ  plus de savoir comment les acteurs publics vont s’emparer de l’anthropocĂšne et des enjeux Ă©cologiques mais plutĂŽt comment les enjeux Ă©cologiques vont s’emparer des acteurs publics et des institutions dĂ©mocratiques, et ainsi devenir centraux et incontournables. La Covid est encore un bon exemple de ce point de vue, car c’est bien elle qui s’est emparĂ©e de nos institutions au point de les faire sortir de leur fonctionnement ordinaire, de montrer leur vulnĂ©rabilitĂ© mais aussi la capacitĂ© rĂ©elle Ă  abandonner notre carcan mental, Ă©conomique, politique moderne quand la situation l’exigeait, avec plus ou moins de rĂ©ussite. C’est peut-ĂȘtre toute la boĂźte Ă  outils des acteurs publics qui va se retrouver bouleversĂ©e par la crise de l’habitabilitĂ© de la Terre. Quelles Ă©volutions vous semblent les plus nĂ©cessaires ou les plus probables ? Les acteurs publics – avec tous les habitants que nous sommes – doivent nous prĂ©parer Ă  entamer un long processus de transformation. Pas simplement une transition qui, avec un peu de gĂ©nie, de technique et d’effort, permettra de s’adapter sans vĂ©ritablement changer de monde. PlutĂŽt une rĂ©volution si tant est que l’on accepte d’utiliser un terme adaptĂ© aux circonstances mais par trop connotĂ© par la modernitĂ© justement et certains de ces autres monstres. L’ampleur de la tĂąche et sa complexitĂ© peuvent donner le vertige et paralyser. Que l’on y entre par la question de la production ou de la consommation, des transports, de la gestion des dĂ©chets ou de l’énergie, de l’alimentation, de la culture et de l’éducation, de l’artificialisation importe finalement peu. L’important est de se lancer et de ne plus arrĂȘter. Sans oublier, pour les acteurs publics, que l’anthropocĂšne oblige Ă©videmment Ă  repenser aussi la maniĂšre de construire les politiques publiques et de faire vivre la dĂ©mocratie. Dans ce contexte, le modĂšle mĂ©tropolitain n’est-il pas rendu particuliĂšrement vulnĂ©rable ? On a raison de considĂ©rer que l’urbanisation du monde, la mĂ©tropolisation sont des facteurs explicatifs de l’anthropocĂšne et on peut en effet s’interroger sur la fragilitĂ© de ces grands espaces mĂ©tropolitains extrĂȘmement technicisĂ©s, extrĂȘmement dĂ©pendants du reste du monde. On peut aussi s’inquiĂ©ter de la fuite en avant qu’ils semblent suivre par exemple avec le marchĂ© de la smart city qui poursuit la trajectoire moderne, accroĂźt leur vulnĂ©rabilitĂ© et renforce encore les situations de dĂ©pendance et de dĂ©responsabilisation de leur public habitant. Pour autant, le procĂšs intentĂ© aux mĂ©tropoles – j’ai en tĂȘte un journal qui titrait rĂ©cemment La revanche des villes moyennes – et cette idĂ©e selon laquelle on vivrait mieux l’anthropocĂšne dans des petites villes ou Ă  la campagne me semblent sans intĂ©rĂȘt, voire dangereux. Non pas qu’à titre individuel on n’ait pas le droit de se poser ces questions, d’avoir des prĂ©fĂ©rences. Mais Ă  l’échelle du politique, une telle approche est fortement prĂ©judiciable : les « guĂ©guerres » entre territoires ont dĂ©jĂ  nui au dĂ©veloppement moderne et Ă  l’espoir qu’il portait de progrĂšs et d’égalitĂ© ; dans l’anthropocĂšne, leur poursuite s’avĂ©rerait catastrophique et nous oblige Ă  changer tant l’esprit que les rĂšgles du jeu. On ne va pas mĂ©tamorphoser la gĂ©ographie du pays en quelques annĂ©es : nul n’a intĂ©rĂȘt Ă  ce que les mĂ©tropoles deviennent invivables et les petites villes et campagnes surpeuplĂ©es. Dans l’anthropocĂšne, l’interdĂ©pendance des territoires et la nĂ©cessitĂ© pour ceux-ci de coopĂ©rer afin de relever les enjeux qui s’annoncent n’ont jamais Ă©tĂ© aussi impĂ©rieuses et vitales. Les fameux objectifs de compĂ©titivitĂ© et d’attractivitĂ© des territoires et de leur amĂ©nagement sont condamnĂ©s Ă  ĂȘtre rĂ©interrogĂ©s. Comment les territoires, ensemble, en repensant leur interdĂ©pendance, en coopĂ©rant, en Ă©tant solidaires, en rĂ©inventant leur rapport aux ressources et Ă  leur partage, inventent de nouvelles conditions de vie qui renforcent la vitalitĂ© de leur socio-Ă©cosystĂšme, rĂ©duisent les injustices et participent Ă  la rĂ©gĂ©nĂ©ration de la planĂšte ? VoilĂ  la question Ă  laquelle il faut aujourd’hui rĂ©pondre. Quid du monde Ă©conomique ? Prendre conscience de l’anthropocĂšne, est-ce nĂ©cessairement contester la nĂ©cessitĂ© de la vie Ă©conomique et le rĂŽle des entreprises ? Il me semble que tous les territoires et tous les acteurs publics et privĂ©s sont aujourd’hui d’ores et dĂ©jĂ  concernĂ©s par le changement climatique, avec certes plus ou moins d’intensitĂ©. Je n’adhĂšre pas Ă  l’opposition entre petits gestes et grandes transformations, industrielles par exemple. Les deux sont indispensables : le simple habitant va devoir changer sa maniĂšre de voir le monde, de vivre avec les entitĂ©s non humaines, de consommer
 Les grandes entreprises vont devoir inventer une autre maniĂšre de produire et de trouver une rentabilitĂ©. Vivre Ă  l’anthropocĂšne, c’est inventer un modĂšle qui nous permette d’habiter avec dignitĂ© le monde qui vient, et non pas revenir Ă  l’ñge des cavernes, tous adhĂ©rer au survivalisme.Et savoir comment les grandes entreprises vont se transformer pour ne plus ĂȘtre dans une logique qui dĂ©truit la planĂšte mais dans un processus d’engendrement, qui contribue Ă  la restauration des environnements naturels viables pour tous, voilĂ  une autre question Ă  la hauteur de l’enjeu anthropocĂšne. StĂ©phane Cordobes exerce aujourd’hui les fonctions de conseiller Ă  l’Agence nationale de cohĂ©sion des territoires (ANCT) et de chercheur associĂ© Ă  l’École urbaine de Lyon (EUL). Ses travaux portent sur la prospective, les territoires et leur bifurcation Ă©cologique dans le monde anthropocĂšne. Il s’intĂ©resse notamment aux dimensions sensibles et culturelles de ce processus de transformation et intĂšgre la photographie dans ses enquĂȘtes.

  • LA FABRIQUE DE LA VILLE À LA CROISÉE DES CHEMINS

    ENJEUX CLIMATIQUES, LEÇONS DE LA CRISE SANITAIRE, FRILOSITÉ DES MAIRES À DENSIFIER LEUR COMMUNE, ZÉRO ARTIFICIALISATION DES SOLS, RECONSTRUCTION DE LA VILLE SUR ELLE-MÊME, PLU BIOCLIMATIQUE
 L’AMÉNAGEMENT URBAIN VIT UNE PÉRIODE DE TRANSITION AUSSI BRUTALE QUE TOTALE. PAR FABIENNE PROUX Certes, les prĂ©mices des Ă©volutions Ă©taient dĂ©jĂ  engagĂ©es avant l’arrivĂ©e de la Covid-19, mais la pandĂ©mie et ses consĂ©quences sur la vie des urbains ont accru la prise de conscience que le modĂšle mĂ©tropolitain actuel Ă©tait loin d’ĂȘtre parfait et ont donc accĂ©lĂ©rĂ© lacadence du changement. MĂȘme la mixitĂ© des usages, star Ă©phĂ©mĂšre des appels Ă  projets urbains innovants, est abandonnĂ©e au profit de la flexibilitĂ© des bĂątiments favorisant les mutualisations et le partage des locaux. Sous la pression de leurs administrĂ©s de plus en plus rĂ©ticents face Ă  l’arrivĂ©e de nouveaux programmes immobiliers, les majoritĂ©s Ă©lues en 2020 ont dĂ©jĂ  engagĂ© un virage consistant soit Ă  annuler des projets, soit Ă  les revoir Ă  la baisse, au grand dam des promoteurs. Si leur modĂšle Ă©conomique s’en trouve fragilisĂ©, puisqu’une opĂ©ration avec moins de logements est forcĂ©ment moins rentable et d’autant moins en Île-de-France oĂč le foncier est particuliĂšrement onĂ©reux, ces derniers mettent aussi en avant le risque de pĂ©nurie de logements, alors que la demande reste trĂšs soutenue. Quelles rĂ©ponses apporter Ă  ces injonctions contradictoires ? Comment tirer profit de l’existant pour limiter l’empreinte carbone du secteur du bĂątiment, l’un des plus Ă©metteurs de CO2 ? Quel modĂšle trouver pour loger les Franciliens Ă  des conditions financiĂšres acceptables tout en rĂ©duisant l’étalement urbain et en permettant Ă  la rĂ©gion de rester attractive ? Les pistes de rĂ©flexion ne manquent pas et les initiatives commencent mĂȘme Ă  ĂȘtre lancĂ©es pour tester de nouvelles façons de faire la ville. L’ordre des architectes d’Île-de-France (Croaif) a ainsi constituĂ© dĂšs 2020 une Alliance des professionnels de l’urbanisme et de l’immobilier du Grand Paris*, pour « concevoir ensemble et avec les pouvoirs publics des solutions inĂ©dites qui mobilisent les savoir-faire de chacune de nos professions en faveur de la transition Ă©cologique et de la relance sur le territoire », rappelle Fabien Gantois, nouveau prĂ©sident du Croaif. 353 projets d’amĂ©nagement autour des gares du GPE Mais l’une des ruptures les plus radicales est probablement la dĂ©marche engagĂ©e par la ville deParis pour se doter d’un PLU bioclimatique d’ici Ă  2024, le document actuel ne permettant pas d’atteindre la neutralitĂ© carbone en 2050. Il faudra bien la durĂ©e du mandat pour atteindre cet objectif visant Ă  inscrire la Capitale dans une « trajectoire de transition Ă©cologique ». Inclusive, durable, vertueuse, rĂ©siliente, dĂ©carbonĂ©e, attractive, productive et actrice de la mĂ©tropole, la ville se met au vert dans toutes ses dimensions. En matiĂšre de bĂąti, les orientations visent Ă  privilĂ©gier la rĂ©habilitation de l’existant, telle la transformation de locaux d’activitĂ© en logements (thĂšme de « RĂ©inventer Paris 3 »), intĂ©grer dans les programmes des « externalitĂ©s positives » ou encore utiliser les matĂ©riaux biosourcĂ©s. « Ce positionnement est trĂšs novateur », convient Madeleine Masse, architecte urbaniste, directrice dĂ©lĂ©guĂ©e territoires et clients publics- privĂ©s Île-de-France chez Arep. « Il n’est plus seulement question de rĂ©glementation du bĂąti ou de volumĂ©trie, mais aussi de savoir comment on intĂšgre dans cette rĂ©glementation la question de la matiĂšre, de l’énergie, en bref tous les leviers Ă  utiliser pour rĂ©pondre Ă  l’acceptabilitĂ© de vivre dans une mĂ©tropole trĂšs dense, trĂšs mobile et vivante. » C’est tout l’enjeu, Ă  Paris bien sĂ»r, mais aussi en petite et moyenne couronnes oĂč l’arrivĂ©e des 68 gares du Grand Paris Express (GPE) ajoute encore une donnĂ©e supplĂ©mentaire Ă  l’équation. Plus de 353 projets d’amĂ©nagement sont recensĂ©s dans ces 68 secteurs dont le pĂ©rimĂštre est fixĂ© Ă  800 mĂštres autour des futures gares. « Cela reprĂ©sente plus de 32 millions de mĂštres carrĂ©s programmĂ©s, dont environ 20 millions restent Ă  bĂątir », prĂ©cise l’Apur (Atelier parisien d’urbanisme). Vers le zĂ©ro artificialisation brute Des projets Ă  manier toutefois avec prĂ©caution et surtout anticipation, car « ces gares vont crĂ©er de l’affluence, de l’inflation fonciĂšre, de la construction et donc des coĂ»ts pour la collectivitĂ© en termes d’équipements publics Ă  construire (Ă©coles, crĂšches, etc) », alerte Maurice Sissoko, directeur gĂ©nĂ©ral de Citallios. Aussi, plusieurs amĂ©nageurs publics prĂ©conisent de mettre en place des pĂ©rimĂštres d’amĂ©nagement suffisamment larges autour de ces gares pour maĂźtriser la qualitĂ© et la cohĂ©rence des constructions mais aussi les problĂ©matiques de stationnement. L’amĂ©nagement du quartier Atlantis Ă  Massy est, selon Willem Pauwels, « la prĂ©figuration » de ce que vivront les quartiers de gare du GPE. « Nous avons su esquisser un montage de façon Ă  transformer un quartier d’une centaine d’hectares en autre chose qu’un parc d’activitĂ©s », fait valoir le directeur de Paris Sud AmĂ©nagement, « et ainsi rĂ©ussi Ă  crĂ©er un lieu de vie assez intense, hybride et multiple (palais des congrĂšs, cinĂ©ma, commerces). » VĂ©ritables nƓuds intermodaux, ces nouveaux quartiers sont en effet « au cƓur de la mobilitĂ© et de la desserte des territoires, c’est donc lĂ  oĂč il faut construire, car ils sont une rĂ©ponse Ă  la dĂ©carbonation des mobilitĂ©s », confirme Madeleine Masse, prĂ©conisant par ailleurs d’aller au-delĂ  du ZAN (zĂ©ro artificialisation nette) et d’abandonner le principe de compensation pour tendre vers le zĂ©ro artificialisation brute, c’est-Ă -dire de « sanctuariser » les terres non encore artificialisĂ©es. * L’APUI-GP a Ă©tĂ© créée avec la FĂ©dĂ©ration des promoteurs d’Île-de-France, la Chambre des Notaires de Paris et la FNAIM Grand Paris.

  • FRANCE RELANCE : L’ÉTAT FINANCE DES MESURES CONCRÈTES ET À DESTINATION DE TOUTES LES FRANCILIENS

    LA TRIBUNE DE MYRIAM ABASSI, SOUS-PRÉFÈTE À LA RELANCE AUPRÈS DU PRÉFET DE RÉGION MARC GUILLAUME La crise sanitaire a soumis l’économie francilienne Ă  une Ă©preuve inĂ©dite, d’autant que les secteurs les plus touchĂ©s par la crise – l’hĂŽtellerie-restauration, la culture ou le tourisme – sont particuliĂšrement bien reprĂ©sentĂ©s dans notre rĂ©gion. Pour y faire face, l’État a mis en Ɠuvre des dispositifs de soutien exceptionnels, qui ont permis de limiter le nombre de dĂ©faillances d’entreprises mais aussi de prĂ©server les compĂ©tences et les emplois. PrĂšs de 11 M de ont ainsi Ă©tĂ© mobilisĂ©s en Île-de-France pour permettre aux chefs d’entreprise de placer leurs salariĂ©s en activitĂ© partielle tandis que 7 M de ont Ă©tĂ© allouĂ©s par le fonds de solidaritĂ© aux PME et TPE de notre rĂ©gion pour leur permettre de traverser cette pĂ©riode difficile. Au-delĂ  de ces mesures d’accompagnement immĂ©diates et inĂ©dites, le Gouvernement entend Ă©galement prĂ©parer l’avenir. Depuis prĂšs d’un an, la mobilisation de tous les services de l’État et de ses opĂ©rateurs a permis Ă  France Relance de soutenir plusieurs centaines de milliers de Franciliennes et de Franciliens. C’est ainsi que plus de 280 000 jeunes ont Ă©tĂ© accompagnĂ©s grĂące au plan « 1 jeune, 1 solution », plus de 15 000 mĂ©nages aidĂ©s grĂące Ă  MaPrimeRĂ©nov, plus de 150 entreprises subventionnĂ©es grĂące aux fonds industriels, sans compter les 143 000 TPE/PME qui bĂ©nĂ©ficieront de la baisse des impĂŽts de production en 2021, les 446 collectivitĂ©s territoriales soutenues dans leurs investissements et la centaine de projets associatifs financĂ©s dans le domaine de l’économie circulaire ou de l’accompagnement des plus dĂ©munis. France Relance en Île-de-France, c’est dĂ©jĂ  plus de 5 Mde attribuĂ©s en faveur de la cohĂ©sion sociale, de l’écologie et de la compĂ©titivitĂ©. Et ces chiffres Ă©voluent bien sĂ»r chaque jour, Ă  mesure que les dispositifs du plan de relance poursuivent leur dĂ©clinaison dans les huit dĂ©partements franciliens. Le chantier de la conversion Ă©cologique de l’économie francilienne est dĂ©jĂ  bien engagĂ©. GrĂące Ă  France Relance, plusieurs milliers de bĂątiments publics et privĂ©s bĂ©nĂ©ficient de financements importants pour des travaux de rĂ©novation thermique. Avec France Relance, l’État investit aussi dans les infrastructures de transport afin de faciliter le recours par les Franciliens aux mobilitĂ©s vertes, grĂące Ă  la prime Ă  la conversion et le bonus Ă©cologique. L’État investit aussi sur les filiĂšres de l’économie verte et notamment sur l’économie circulaire et la filiĂšre hydrogĂšne qui constitueront de vĂ©ritables gisements de croissance et d’emplois. Favoriser la formation et l’embauche des jeunes France Relance va Ă©galement permettre Ă  l’économie francilienne d’ĂȘtre plus indĂ©pendante, compĂ©titive et attractive. 151 projets industriels, en majoritĂ© portĂ©s par des PME et des ETI, ont ainsi dĂ©jĂ  Ă©tĂ© soutenus en Île-de-France, dans des domaines aussi variĂ©s que la santĂ©, la 5G, l’automobile, l’aĂ©ronautique ou le numĂ©rique. DĂšs cette annĂ©e, les entreprises industrielles franciliennes bĂ©nĂ©ficieront Ă©galement de prĂšs de 2,88 Mde de baisse des impĂŽts de production, ce qui facilitera leurs projets d’embauche et d’investissement. L’économie francilienne doit Ă©galement pouvoir compter sur des femmes et des hommes bien formĂ©s. L’État est au rendez-vous de cette crise inĂ©dite : avec France Relance, nous nous donnons les moyens de revenir plus forts qu’avant la pandĂ©mie.

  • LE QUARTIER PLEYEL, DU GÉNÉRAL DE GAULLE AU GRAND PARIS

    LE QUARTIER D’AFFAIRES, IMAGINÉ À PLEYEL PAR LE GÉNÉRAL DE GAULLE, EST RESTÉ EN SOMMEIL DURANT PLUS DE 50 ANS. EN 2030, LE GRAND PARIS VA RESSUSCITER LE PROJET GAULLIEN. PAR PHILIPPE-ENRICO ATTAL En juillet 1967, les lecteurs de Paris Match dĂ©couvrent avec stupĂ©faction Ă  quoi ressemblera Paris dans les 20 prochaines annĂ©es. Des vues d’artistes offrent une vision rĂ©aliste des projets voulus par le prĂ©sident de la RĂ©publique, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle en personne. Bien sĂ»r, il y a le nouveau quartier de La DĂ©fense qui focalise les esprits. Depuis la construction du CNIT, cet Ă©tonnant centre d’expositions Ă  l’architecture audacieuse, le public a eu un avant-goĂ»t du saut dans la modernitĂ© entrepris par les pouvoirs publics. Dans cette France qui roule encore en 4L, oĂč la deuxiĂšme chaĂźne vient tout juste d’ouvrir son antenne et oĂč il faut attendre 5 ans pour avoir le tĂ©lĂ©phone, le pari est audacieux. Les images publiĂ©es par le magazine mettent la Capitale au mĂȘme plan que les grandes citĂ©s nord-amĂ©ricaines. Les Parisiens vivront et travailleront dans des tours et se dĂ©placeront largement en voiture grĂące Ă  l’impressionnant rĂ©seau « d’autostrades » dĂ©ployĂ© autour de la ville. Et tant pis si le canal Saint-Martin ou les boulevards parisiens sont devenus des voies rapides dĂ©volues Ă  l’automobile. Si le projet phare reste bien La DĂ©fense, d’autres quartiers seront pareillement modifiĂ©s par les urbanistes. Au fil des pages, on dĂ©couvre ainsi le Front de Seine et son Île aux Cygnes transformĂ©e en hĂ©liport, Montparnasse avec sa tour, sa nouvelle gare et ses autoroutes dĂ©bouchant au cƓur du quartier ou encore l’étonnant MinistĂšre de l’éducation nationale qui Ă©crase le dĂŽme des Invalides tout proche. Sans doute le prix Ă  payer pour entrer dĂ©finitivement dans l’ùre moderne. Au nord de Paris, le GĂ©nĂ©ral entend dĂ©velopper un nouveau quartier d’affaires qui sera le pendant de La DĂ©fense. Cette zone anciennement industrielle est appelĂ©e Ă  se reconvertir Ă  plus ou moins long terme. Les pouvoirs publics misent largement sur le tertiaire en prĂ©voyant d’y Ă©tablir un ensemble de bureaux oĂč 10 000 employĂ©s viendront travailler chaque jour. Une importante friche Ă  exploiter À l’origine, c’est la fameuse manufacture de pianos Pleyel qui occupait le site. Au dĂ©but des annĂ©es 60, les usines quittent Saint-Denis laissant une importante friche industrielle. Les promoteurs pensent un temps y Ă©tablir des logements, mais les pouvoirs publics veulent des bureaux. Plusieurs amĂ©nagements sont envisagĂ©s avant qu’un projet plus Ă©laborĂ© ne soit retenu. Il prĂ©voit l’édification de quatre tours hautes de 125 mĂštres, de forme trapĂ©zoĂŻdale, articulĂ©es autour d’un bassin au cƓur d’un jardin de 3 hectares. Sont ainsi programmĂ©s 140 000 mĂštres carrĂ©s de bureaux rĂ©partis dans les plus hautes tours d’Europe, dotĂ©es de 48 ascenseurs. La culture n’est pas en reste puisqu’un auditorium de 1 000 places sera Ă©galement construit. Les moyens de transport n’ont pas Ă©tĂ© oubliĂ©s, mĂȘme si le mĂ©tro dessert Carrefour-Pleyel depuis 1952. Beaucoup plus moderne – et dans l’air du temps –, les promoteurs prĂ©voient d’établir, sous une dalle, un parking de 3 000 places. Deux ans Ă  peine aprĂšs cette publication prometteuse, le contexte a dĂ©jĂ  changĂ©. De Gaulle a dĂ©missionnĂ© et les projets d’urbanisme sont rĂ©orientĂ©s au profit des villes nouvelles. Le quartier d’affaires pharaonique de Pleyel a fait long feu. Seule une tour est Ă©difiĂ©e, inaugurĂ©e en 1973, au lieu des quatre prĂ©vues. Une construction comme tombĂ©e lĂ  par hasard qui ne connaĂźtra pas le succĂšs de ses grandes sƓurs de La DĂ©fense. Cet ensemble de bureaux, mal situĂ©, est progressivement dĂ©laissĂ© alors que la tour, finalement vidĂ©e, commence Ă  rouiller. Et pourtant, le rĂȘve des bĂątisseurs des annĂ©es 60 va bien devenir rĂ©alitĂ©. Avec ses quatre lignes de mĂ©tro, 14, 15, 16 et 17, la gare de Pleyel du Grand Paris Express sera en 2030 le nouveau cƓur de la rĂ©gion. Les amĂ©nageurs, dĂ©jĂ , construisent les immeubles de logements et de bureaux qui seront au pied de cet ensemble de transports exceptionnel. Les entreprises bientĂŽt vont se battre pour s’établir dans ce nouveau quartier appelĂ© Ă  devenir « The place to be ». La tour se refait dĂ©jĂ  une nouvelle jeunesse. Et mĂȘme si Paris Match avait un peu extrapolĂ©, 60 ans plus tard, le rĂȘve du GĂ©nĂ©ral sera devenu une rĂ©alitĂ©.

  • VOYAGE AU CƒUR DES GRANDS SYNDICATS FRANCILIENS

    ILS CONSTITUENT UNE SINGULARITÉ FRANCILIENNE, PARFOIS SÉCULAIRE, ET SONT AUSSI INDISPENSABLES QUE DISCRETS ET MÉCONNUS DU GRAND PUBLIC. SANS EUX, NI EAU, NI GAZ, NI ÉLECTRICITÉ. ET TOUS PLACENT LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE AU CƒUR DE LEUR ACTION. Sigeif : dĂ©velopper entre autres la part du biogaz sur le rĂ©seau de distribution Le Sigeif (Syndicat intercommunal pour le gaz et l’électricitĂ© en Île-de-France) est une des structures publiques, renforcĂ©es par « la crise qui a dĂ©montrĂ© le caractĂšre robuste, fiable et rĂ©silient de notre modĂšle », estime Jean-Jacques Guillet, son prĂ©sident. « Dans notre mĂ©tier historique, nous avons renĂ©gociĂ© le contrat de concession d’électricitĂ© avec Enedis et nous sommes dĂ©sormais les copilotes des plans d’investissement. Nous travaillons avec la mĂȘme ambition Ă  un nouveau contrat de concession de la distribution publique du gaz, qui arrive Ă  Ă©chĂ©ance en 2024. S’agissant de la plus grande concession de France, il sera exemplaire. L’un des enjeux forts est de dĂ©velopper la part du biogaz sur le rĂ©seau de distribution. » Le Sigeif fĂ©dĂšre 189 collectivitĂ©s soit 5,6 millions d’habitants pour l’organisation et le contrĂŽle de l’énergie en Île-de-France et s’implique dans les Ă©nergies renouvelables et de rĂ©cupĂ©ration : il inaugurera cet automne la ferme solaire de Marcoussis (Essonne), la plus importante de la rĂ©gion, et porte un autre projet de ferme solaire Ă  Luzarches (Val-d’Oise). « Par ailleurs, via la SEM Sigeif MobilitĂ©s, nous sommes Ă©galement actifs dans la crĂ©ation de stations GNV/bioGNV et, plus largement, multi-Ă©nergies propres, poursuit le maire de Chaville. De plus, suite Ă  la fin du service Autolib’, nous proposons aux municipalitĂ©s qui le souhaitent de financer Ă  100 % les bornes de recharge pour vĂ©hicules Ă©lectriques sur leur territoire. Ainsi, d’ici fin 2021, seront installĂ©s 700 points de recharge en Île-de-France. » Les quatre chantiers du Sipperec NĂ© en 1924, le Sipperec (Syndicat intercommunal de la pĂ©riphĂ©rie de Paris pour l’électricitĂ© et les rĂ©seaux de communication) s’affirme aujourd’hui comme un outil de mutualisation au service des collectivitĂ©s, un « vĂ©ritable couteau suisse », selon les termes de son prĂ©sident Jacques JP Martin. Il contribue notamment Ă  mettre en Ɠuvre au niveau rĂ©gional les transitions Ă©nergĂ©tique et numĂ©rique. En matiĂšre de haut dĂ©bit, il nĂ©gocie ainsi avec des opĂ©rateurs pour amĂ©liorer la qualitĂ© de service et offre, par le biais de sa centrale d’achat, d’autres services numĂ©riques, comme les tableaux numĂ©riques pour les Ă©coles ou la cybersĂ©curitĂ©. « Nous proposons aux collectivitĂ©s, depuis de nombreuses annĂ©es, d’installer sur les toits des Ă©quipements municipaux des panneaux photovoltaĂŻques », explique Arnaud Brunel, son directeur gĂ©nĂ©ral, « ce qui nous permet de gĂ©rer une centaine de petites centrales produisant plus de 4 GWh par an. » Le Sipperec propose Ă©galement aux collectivitĂ©s l’installation – gratuite – de bornes de recharge pour vĂ©hicules Ă©lectriques. Il investit dans plusieurs rĂ©seaux de gĂ©othermie en Île-de-France et a constituĂ© une filiale, Sipenr, spĂ©cialisĂ©e dans les grands parcs d’énergies renouvelables. Sedif : un plan d’investissement sur 10 ans et une nouvelle concession Le Syndicat des eaux d’Île-de-France (Sedif) a arrĂȘtĂ©, le 27 mai, une dĂ©cision importante pour son avenir : le choix de maintenir une dĂ©lĂ©gation de service public pour la gestion de l’eau de ses quelque 135 communes membres, alors que la concession accordĂ©e Ă  Veolia Eau Île-de-France en 2011 s’achĂšve fin 2023. Une concession considĂ©rĂ©e comme la plus grande d’Europe et Ă©valuĂ©e Ă  4,3 milliards d’euros pour les 12 ans Ă  venir. En parallĂšle, un plan d’investissement (2022-2031), qui prĂ©voit en particulier la mise en Ɠuvre de son projet pionnier en France « Vers une eau pure, sans calcaire et sans chlore », a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©, avec notamment le dĂ©ploiement d’un procĂ©dĂ© de filtration – l’osmose inverse basse pression – pour fournir une eau dĂ©barrassĂ©e des perturbateurs endocriniens et des micropolluants, comme les rĂ©sidus mĂ©dicamenteux par exemple, et sans dĂ©chets plastiques. Le syndicat dĂ©ploie aussi des technologies qui permettent d’augmenter le rendement de ses installations et de nouveaux outils pour amĂ©liorer sa qualitĂ© de service et mieux prĂ©server ses Ă©quipements. Syctom : mettre un terme Ă  l’enfouissement des dĂ©chets « L’ambition que je souhaite partager est de faire du Syctom le “champion de la valorisation” », affirme Éric Cesari, le prĂ©sident du Syctom, l’agence mĂ©tropolitaine des dĂ©chets mĂ©nagers. « Atteindre cet objectif demandera du temps, beaucoup, et de l’énergie, encore plus, pour dĂ©velopper et rendre efficace les diffĂ©rentes filiĂšres alternatives Ă  l’enfouissement et l’incinĂ©ration. » Le Syctom traite prĂšs de 2,4 millions de tonnes par an et l’enfouissement reprĂ©sente un peu moins de 7 %. « Mais ce sont encore 7 % de trop ! », poursuit Éric Cesari. Autre dĂ©fi, d’ici Ă  2024, le tri Ă  la source des biodĂ©chets doit ĂȘtre gĂ©nĂ©ralisĂ© pour l’ensemble des producteurs : les plus gros (restaurants, cantines, marchĂ©s, etc.) comme les plus petits, Ă  savoir les mĂ©nages. Pour y rĂ©pondre, le Syctom a la co-maĂźtrise d’ouvrage d’un projet de construction d’une unitĂ© de bio-mĂ©thanisation au port de Gennevilliers. Siaap : une expertise qui dĂ©passe le traitement des eaux usĂ©es Chaque jour, le Siaap (Syndicat interdĂ©partemental pour l’assainissement de l’agglomĂ©ration parisienne), prĂ©sidĂ© par l’élu montreuillois BelaĂŻde Bedreddine, dĂ©pollue les eaux usĂ©es de prĂšs de 9 millions de Franciliens ainsi que les eaux pluviales et industrielles. Ses 1 928 agents Ɠuvrent Ă  l’assainissement de prĂšs de 2,5 millions de m3 d’eau, transportĂ©s par 440 km d’émissaires et traitĂ©s par ses six usines d’épuration. Son expertise dĂ©passe le traitement des eaux usĂ©es : valorisation Ă©nergĂ©tique des dĂ©chets produits, protection des milieux naturels, anticipation des Ă©volutions aussi bien climatiques que dĂ©mographiques.

  • RÉDUIRE LA FRACTURE NUMÉRIQUE : UN ENJEU SOCIAL ET TERRITORIAL

    ASSURER UN ÉGAL ACCÈS À TOUS EN TOUS POINTS DU TERRITOIRE, ACCOMPAGNER LES COLLECTIVITÉS DANS L’AMÉNAGEMENT NUMÉRIQUE DE LEUR TERRITOIRE, DÉVELOPPER DES ACTIONS DE SENSIBILISATION ET DE FORMATION POUR RÉDUIRE L’ILLECTRONISME : LA LUTTE CONTRE LA FRACTURE NUMÉRIQUE PASSE PAR DE NOMBREUX LEVIERS. UN DOMAINE DANS LEQUEL LA MÉTROPOLE DU GRAND PARIS ET LA BANQUE DES TERRITOIRES SONT PARTICULIÈREMENT ENGAGÉES. Aubervilliers, Cachan, Colombes, CrĂ©teil, Drancy, Le Kremlin-BicĂȘtre, Montrouge, Nanterre, Neuilly-Plaisance, Paris 13e, Paris 15e, Puteaux, Rueil-Malmaison, Saint-Denis, Saint-Maur-des-FossĂ©s, Vincennes : c’est sur ces 16 territoires que la MĂ©tropole du Grand Paris (MGP), en partenariat avec le Hub Francil’IN (voir encadrĂ©), a lancĂ© en 2021, Ă  titre expĂ©rimental, le dĂ©ploiement du pass numĂ©rique. 155 000 pass numĂ©riques L’objectif de cette action phare du SchĂ©ma mĂ©tropolitain d’amĂ©nagement numĂ©rique (SMAN) est Ă  la fois de structurer les rĂ©seaux d’inclusion numĂ©rique sur le pĂ©rimĂštre mĂ©tropolitain et de rĂ©pondre aux besoins des personnes en difficultĂ© face au numĂ©rique. ConcrĂštement, les pass numĂ©riques prennent la forme de chĂšques, sur le modĂšle des titres restaurants, et donnent accĂšs Ă  des services d’accompagnement numĂ©rique dans des lieux labellisĂ©s. Ils s’adressent en prioritĂ© aux jeunes non diplĂŽmĂ©s, aux personnes ĂągĂ©es, aux bĂ©nĂ©ficiaires de minima sociaux
 Au total, en 2021, 15 500 chĂ©quiers – soit 155 000 pass numĂ©riques – seront distribuĂ©s par la MGP. D’un montant de 1,8 million d’euros, l’opĂ©ration est co-financĂ©e par la MĂ©tropole (1 million d’euros) et l’État (800 000 euros). Une deuxiĂšme phase, dotĂ©e d’un budget de 2 millions d’euros (rĂ©partis de façon Ă©quivalente entre la MGP et l’État), est prĂ©vue pour poursuivre ce dĂ©ploiement Ă  l’échelle d’autres territoires mĂ©tropolitains. Sur deux ans, l’objectif est de dĂ©livrer 100 000 heures de formations gratuites qui bĂ©nĂ©ficieront Ă  34 000 personnes et de compter 150 lieux de mĂ©diation numĂ©rique engagĂ©s. Le projet pass numĂ©rique est l’une des quatre actions menĂ©es au titre du cinquiĂšme objectif de la feuille de route « Innovation et numĂ©rique » de la MGP, qui vise Ă  « renforcer l’inclusion numĂ©rique et la sobriĂ©tĂ© numĂ©rique ». Sont Ă©galement prĂ©vus le dĂ©ploiement d’un maillage mĂ©tropolitain de ressourceries de recyclage de matĂ©riel informatique ou encore la mise en place d’un programme, en partenariat avec les bailleurs sociaux, pour favoriser l’inclusion numĂ©rique de leurs locataires. Équiper les territoires en infrastructures Autre acteur de poids Ă  s’investir dans l’amĂ©nagement du numĂ©rique et la rĂ©duction des inĂ©galitĂ©s territoriales et sociales en la matiĂšre : la Banque des Territoires, qui intervient Ă  la fois sur les infrastructures, les services et les usages. Elle s’est notamment ainsi positionnĂ©e depuis 2004 en tant qu’investisseur aux cĂŽtĂ©s d’opĂ©rateurs d’infrastructures de fibre optique pour Ă©quiper les territoires en infrastructures numĂ©riques lĂ  oĂč le marchĂ© n’était pas prĂ©sent. « En Île-de-France, nous avons investi dans le dĂ©ploiement et l’exploitation de rĂ©seaux de fibre optique lancĂ©s Ă  l’initiative des dĂ©partements : par exemple en Seine-et-Marne, dans le but d’installer plus de 300 000 prises, dans le Val-d’Oise pour Ă©quiper plus de 85 000 foyers, en Essonne pour exploiter plus de 100 000 prises dĂ©ployĂ©es par le Syndicat Essonne NumĂ©rique », dĂ©taille Ludovic Valadier, directeur rĂ©gional adjoint de la Banque des Territoires en Île-de-France. La Banque des Territoires opĂšre Ă©galement en investissant dans des entreprises du digital qui proposent un service aux collectivitĂ©s territoriales, Ă  l’image de la sociĂ©tĂ© Manty qui fournit Ă  ces derniĂšres un outil de pilotage de leur politique publique. Enfin, « nous intervenons Ă©galement sur les datacenters, poursuit Ludovic Valadier. Nous avons par exemple posĂ© l’annĂ©e derniĂšre la premiĂšre pierre du datacenter ThĂ©sĂ©e Ă  Aubergenville (Yvelines), financĂ© par 100 % de capitaux français, puisque nous avons co-investi dans ce projet avec le Groupe Idec Invest ».InaugurĂ© le 17 juin 2021, ce datacenter Tier IV a en outre une exigence environnementale trĂšs forte avec une rĂ©duction d’environ 30 % de la dĂ©pense Ă©nergĂ©tique par rapport aux prĂ©cĂ©dents. Francil’IN, le hub francilien qui Ɠuvre pour l’inclusion numĂ©rique Le Hub Francil’IN en rĂ©gion Île-de-France fait partie des 11 projets laurĂ©ats annoncĂ©s en juillet 2019, dans le cadre de l’appel Ă  projets « Hubs territoriaux pour un numĂ©rique inclusif », mis en Ɠuvre et financĂ© par la Banque des Territoires en partenariat avec la Mission sociĂ©tĂ© numĂ©rique de l’Agence du numĂ©rique. Ce GIE (groupement d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique) impulse et mutualise les stratĂ©gies d’inclusion numĂ©rique afin de rĂ©duire la fracture numĂ©rique dans les territoires d’Île-de-France. Ses missions vont de l’accompagnement d’un rĂ©seau d’acteurs d’inclusion numĂ©rique, en passant par la formation des professionnels et des aidants numĂ©riques, jusqu’à l’évaluation des dispositifs d’inclusion numĂ©rique comme le pass numĂ©rique.

  • DES OPPORTUNITÉS DE CHANTIERS HORS NORME

    DE NOMBREUX ACTEURS DE LA CONSTRUCTION ET DES TRAVAUX PUBLICS SONT MOBILISÉS SUR LES CHANTIERS DU GRAND PARIS QUI SE DÉMARQUENT, OUTRE PAR LEUR TAILLE ET LEUR NOMBRE, PAR D’IMPORTANTS ENJEUX EN TERMES ENVIRONNEMENTAUX. Avec 200 km de lignes automatiques, soit autant que le mĂ©tro actuel, et 68 gares, le Grand Paris Express est « le plus grand projet urbain en Europe », fait valoir la SociĂ©tĂ© du Grand Paris. Tandis que les quelque 4 000 ouvriers mobilisĂ©s sur le Village des athlĂštes des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 en font « le plus grand chantier mono-site de France », affirme la Solideo. En marge de ces deux chantiers gĂ©ants, de nombreuses autres opĂ©rations de plus ou moins grande taille se dĂ©roulent dans le Grand Paris, impliquant une mobilisation exceptionnelle des acteurs de la construction et des travaux publics. Pour Nicolas Rat de Cocquard, directeur adjoint du dĂ©veloppement Grand Paris & Île-de-France de Razel-Bec, « le Grand Paris Express est un projet pharaonique, pour lequel nous avons rĂ©pondu prĂ©sent, notamment avec nos directions spĂ©cialisĂ©es souterrains et grands chantiers et ouvrages d’art ». L’entreprise est en effet impliquĂ©e dans les chantiers de la ligne 14 sud dont des gares, ceux d’Eole porte Maillot, de la ligne 15 est, de la ligne 18 et en groupement 100 % Fayat sur la ligne 16 lot 3. « Nous rĂ©alisons pratiquement la moitiĂ© de notre activitĂ© en Île-de-France tous mĂ©tiers confondus », observe Philippe Coffineau, directeur du dĂ©veloppement et des relations institutionnelles de GCC, qui intervient en promotion immobiliĂšre, construction d’équipements publics, de rĂ©novation Ă©nergĂ©tique, rĂ©habilitations lourdes et bĂątiments fonctionnels. « Il n’y a pas de comparaison possible ailleurs en France en termes de dynamique », ajoute-t-il. « TrĂšs belles opportunitĂ©s » Pour BenoĂźt Lange, directeur commercial de Bouygues TP, « ce sont des chantiers qui sont d’une taille extraordinaire au sens propre du terme en France », qui offrent de « trĂšs belles opportunitĂ©s pour les entreprises et les salariĂ©s car il fallait auparavant s’expatrier pour faire un chantier de cette ampleur en matiĂšre de souterrain ». Son entreprise a notamment rĂ©alisĂ© un des lots de l’extension de la ligne 14 du mĂ©tro au nord, creuse le tunnel d’Eole entre La DĂ©fense et Saint-Lazare et deux sections de la ligne 15 sud du Grand Paris Express. « Tous ces projets, c’est une belle opportunitĂ©, ils nous permettent de dĂ©velopper notre business », relĂšve Nabil El Khedri, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de Loxam. « Quand il y a des besoins d’engins, on parle de dizaines pour certains chantiers. » Participer au Grand Paris Express « s’est imposĂ© comme une Ă©vidence », dĂ©clare Diane MĂ©rand, directrice des relations institutionnelles du groupe Demathieu Bard, impliquĂ© sur plusieurs lignes et ouvrages du grand projet et dont le mĂ©tier historique est le gĂ©nie civil. « En termes Ă©conomiques, ce sont des volumes consĂ©quents pour les entreprises de TP », poursuit-elle.Organisations spĂ©cifiques au Grand Paris La crĂ©ation de Paname TP, qui loue des engins et des camions de travaux publics avec chauffeur, illustre l’opportunitĂ© que le dĂ©veloppement de l’Île-de-France reprĂ©sente. Originaire du Massif Central, ses crĂ©ateurs gĂ©raient une entreprise de location Ă  Montpellier. « En 2017, on a vu l’accĂ©lĂ©ration des projets et nous avons donc dĂ©cidĂ© de la crĂ©ation d’une entreprise pour rĂ©pondre aux besoins des chantiers du Grand Paris Express », raconte Nicolas PruniĂšres, l’un des fondateurs de Paname TP. Aujourd’hui, l’activitĂ© reprĂ©sente 100 camions avec 100 emplois temps plein et une activitĂ© qui s’est Ă©largie Ă  d’autres chantiers que le futur mĂ©tro. D’autres acteurs ont mis en place des organisations spĂ©cifiques, notamment parmi les majors. Ainsi Bouygues TP a lancĂ© un dispositif dĂ©diĂ© qui a permis de rĂ©pondre Ă  quelques dizaines d’appels d’offres de la SociĂ©tĂ© du Grand Paris depuis quatre Ă  cinq ans. « Nous avons formĂ© des gens et mis en place une Ă©quipe adaptĂ©e car il n’y a jamais eu autant de travaux souterrains en France », remarque BenoĂźt Lange. HervĂ© Di Rosa, directeur du dĂ©veloppement commercial de Vinci Construction France, indique pour sa part que les projets emblĂ©matiques de type Grand Paris Express ou les JOP sont « des dossiers tellement gros qu’ils nĂ©cessitent une organisation ad hoc ». Pour le futur mĂ©tro, l’entreprise a donc Ă©galement mis en place une Ă©quipe dĂ©diĂ©e pour les Ă©tudes, le design et les travaux. Le dĂ©fi de l’emploi La rĂ©ponse Ă  ces chantiers prĂ©sente donc un dĂ©fi important en termes d’emploi. « Les enjeux sont essentiellement humains car le Grand Paris est gĂ©nĂ©rateur d’emplois », explique Nicolas Rat de Cocquard. Razel Bec, qui regroupe diffĂ©rents mĂ©tiers, s’est organisĂ© pour sourcer et faire venir les talents. « En parallĂšle, des passerelles ont Ă©tĂ© mises en place pour dĂ©velopper la mobilitĂ©, fidĂ©liser et rĂ©pondre Ă  la demande de postes parfois trĂšs spĂ©cifiques », ajoute-t-il. Pour Alain Girard, directeur gĂ©nĂ©ral du groupe Legendre, « l’enjeu le plus prĂ©gnant est l’insertion », pour laquelle l’entreprise choisie pour un des lots du Village olympique « mobilise beaucoup d’énergie pour ĂȘtre au rendez-vous ». De forts enjeux environnementaux C’est toutefois plus souvent la question environnementale qui revient dans les Ă©changes avec les acteurs de la construction et des TP comme le sujet central. AprĂšs la sĂ©curitĂ© et l’intĂ©gritĂ© physique des Ă©quipes et de l’ensemble des intervenants, HervĂ© Di Rosa place en effet le sujet climatique comme un enjeu central : « RĂ©duction des Ă©missions de CO2, utilisation de matĂ©riaux vertueux, optimisation de l’utilisation des ressources naturelles, Ă©conomie circulaire, prĂ©servation de la biodiversitĂ©... Nous devons construire des objets exemplaires et durables. » La commande publique, avec des exigences de performance Ă©nergĂ©tique et le recours aux marchĂ©s globaux de performance, dispose d’un « levier environnemental important, associĂ© Ă  des demandes de garanties exigeantes, le niveau de jeu est trĂšs Ă©levĂ© », poursuit le directeur. Les objectifs de rĂ©emploi et d’économie circulaire deviennent aussi des normes de plus en plus courantes. « Les acteurs demandent des solutions moins Ă©mettrices de CO2 et qui font moins de bruit, prĂ©cise le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de Loxam. Nous avons eu plus d’écho auprĂšs de nos clients en apportant des machines alternatives rĂ©pondant Ă  ces besoins. » Paname TP a, pour sa part, pris la dĂ©cision d’avoir 100 % de son parc qui rĂ©pond au critĂšre Euro 6, « un choix qui a un impact direct sur l’environnement », note Nicolas PruniĂšres. L’entreprise a aussi montĂ© un partenariat avec Eiffage GĂ©nie civil pour investir dans la construction d’un camion au gaz fabriquĂ© par Volvo Trucks ; 15 vĂ©hicules de ce type sont aujourd’hui dĂ©ployĂ©s sur un macro-lot de la ligne 16. Innover pour rĂ©duire l’impact Ces demandes environnementales conduisent en effet les acteurs du secteur Ă  innover. GCC dĂ©veloppe par exemple, en lien avec la sociĂ©tĂ© Hoffmann, un ciment dĂ©carbonĂ© qui commence Ă  ĂȘtre dĂ©ployĂ©. L’entreprise est trĂšs impliquĂ©e aussi dans la construction bois avec la livraison de l’immeuble « Curve » pour BNP Ă  Saint-Denis et l’opĂ©ration « Arboretum » Ă  Nanterre. « Nous travaillons beaucoup sur le bĂ©ton bas carbone produit sur les chantiers pour avoir un bilan carbone plus intĂ©ressant et un impact sur l’environnement plus faible », rapporte aussi Alain Girard. « Ces grands projets sont une opportunitĂ© d’avancer plus rapidement vers des innovations et la transition Ă©cologique », considĂšre Nabil El Khedri, dont la sociĂ©tĂ© rĂ©flĂ©chit Ă  l’usage de « matĂ©riels innovants pour offrir des alternatives aux moteurs thermiques ». Une dynamique fragile La question est dĂ©sormais de savoir si la « trĂšs forte dynamique sur ce territoire », constatĂ©e par Philippe Coffineau, va se maintenir avec la crise sanitaire. Le directeur du dĂ©veloppement et des relations institutionnelles de GCC ne semble pas inquiet, notamment avec le dĂ©veloppement des quartiers autour des gares du Grand Paris Express et la dynamique des JOP de 2024. BenoĂźt Lange de Bouygues TP pointe, lui, les quatre mĂ©ga contrats Ă  venir des tronçons ouest et est de la ligne 15, dont chacun constituera « un morceau consistant Ă  avaler et occupera entre cinq et dix ans ». Des inquiĂ©tudes Ă©mergent toutefois : « Nous sentons une pĂ©riode de flottement pour nos clients collectivitĂ©s. Élections Ă  rallonge, crise sanitaire, incertitudes budgĂ©taires
 des problĂ©matiques auxquelles s’ajoutent les questions justifiĂ©es et fondamentales de rĂ©chauffement climatique, d’économie circulaire, de nouveaux usages de l’espace public, de nouvelles technologies, de sĂ©curitĂ© et de renouvellement des infrastructures
, remarque Nicolas Rat de Cocquard. Dans ce contexte, les collectivitĂ©s n’hĂ©sitent plus Ă  rĂ©flĂ©chir ou mĂȘme faire autrement ! » « Il y a des beaux projets Ă  venir sur la rĂ©gion, mĂȘme si la dynamique a Ă©tĂ© ralentie par la crise sanitaire et les Ă©lections, et que les dĂ©lais d’obtention de permis de construire ont pour partie Ă©tĂ© allongĂ©s », confirme Diane MĂ©rand. Nabil El Khedri fait part de « craintes pour l’an prochain et l’annĂ©e suivante », avec les retards enregistrĂ©s sur les permis de construire et les programmes en 2020, la crise ayant finalement peu impactĂ© les projets dĂ©jĂ  avancĂ©s. Il estime toutefois que la dynamique va reprendre au-delĂ . L’effet Covid se fait plutĂŽt ressentir sur le prix des matĂ©riaux et les dĂ©lais d’approvisionnement, signale le directeur gĂ©nĂ©ral du groupe Legendre qui n’anticipe pas non plus de baisse de la demande. « Nous allons cumuler un problĂšme de surcoĂ»t des fournitures et une pĂ©nurie, ce qui aura un impact sur le coĂ»t des chantiers pour les entreprises, insiste-t-il. Il va falloir que tout le monde se mobilise pour prendre en charge ces coĂ»ts, avec un risque d’impact sur les dĂ©lais. » Enfin, quel sera « l’effet de la crise sanitaire sur le comportement des salariĂ©s avec le tĂ©lĂ©travail ? » est la question que pose HervĂ© Di Rosa, qui observe que « plusieurs projets de bureaux sont en lĂ©vitation » actuellement. Le responsable de Vinci Construction France n’est toutefois « pas trĂšs inquiet sur l’avenir, le plan de relance va certainement impulser une trĂšs bonne dynamique sur le marchĂ©, autant d’opportunitĂ©s pour crĂ©er de la valeur collectivement ».

  • COMMENT FAIRE LE GRAND PARIS DES PIÉTONS ?

    LE TRIOMPHE DU VÉLO, OBSERVÉ AVEC LA PANDÉMIE ET LES CORONAPISTES, CACHE DE MOINS EN MOINS LE RETOUR EN GRÂCE D’UN AUTRE MOYEN DE DÉPLACEMENT UNIVERSEL, VIEUX COMME LE MONDE, MAIS PEU CONSIDÉRÉ : LA MARCHE. POURTANT, PREMIER MOYEN DE DÉPLACEMENT EN ÎLE-DE-FRANCE (ENQUÊTE GLOBALE TRANSPORT 2020), LA MARCHE À PIED A LONGTEMPS ÉTÉ INVISIBLE DANS LES STATISTIQUES OFFICIELLES. CEPENDANT, LÀ AUSSI, LES TEMPS CHANGENT, POUR NE PAS DIRE QUE LA ROUE TOURNE. PAR VIANNEY DELOURME ET RENAUD CHARLES D’ENLARGE YOUR PARIS Si les grĂšves grand-parisiennes de l’hiver 2019 ont marquĂ© la consĂ©cration du vĂ©lo, elles ont aussi Ă©tĂ© le « 1995 » de la marche Ă  pied dans le Grand Paris. Les images « d’embouteillages piĂ©tons » aux heures de pointe sur les grands axes de la Capitale, aux abords des grandes gares parisiennes et aux portes de Paris, symbolisent cette Ă©mergence. Depuis, dans le cadre du dĂ©confinement post-Covid-19, le trĂšs officiel Cerema, centre d’études liĂ© aux ministĂšres des Transports et de l’Écologie, a appelĂ© Ă  « dimensionner plus gĂ©nĂ©reusement les espaces dĂ©diĂ©s aux piĂ©tons » et Ă  « faire de la marche la nouvelle “petite reine” des dĂ©placements ». On a aussi pu lire dans la presse des Ă©ditoriaux rappelant les vertus de la marche, prĂ©sentĂ©e comme un moyen efficace de lutter contre les effets sanitaires de nos vies ultra-sĂ©dentaires ou encore de se dĂ©placer sans produire de CO2. À ces diffĂ©rents aspects, il faut en ajouter un autre, plus social : la marche est gratuite et donc universelle, et dĂ©mocratique. En ville, la signalĂ©tique a Ă©tĂ© pensĂ©e pour les voitures, pas pour les piĂ©tons Tout cela suffit-il Ă  garantir Ă  la marche un avenir radieux ? Ce n’est pas si simple : la signalĂ©tique urbaine a Ă©tĂ© pensĂ©e pour les voitures et l’espace public est dominĂ© par les automobilistes, qui pourtant ne reprĂ©sentent que 35 % des dĂ©placements quotidiens en Île-de-France (les marcheurs reprĂ©sentent, eux, 40 % des dĂ©placements et les usagers des transports en commun 22 %). C’est la vitesse de la voiture qui continue de donner son rythme aux autres dĂ©placements. Et tous les territoires ne sont pas Ă©gaux dans le Grand Paris. Si le cƓur mĂ©tropolitain reste relativement simple d’usage pour les piĂ©tons, ce n’est pas le cas de certains territoires marquĂ©s par l’hĂ©ritage industriel du XIXe siĂšcle et celui du tout automobile du XXe siĂšcle. C’est en banlieue que se trouvent toutes les grandes servitudes nĂ©cessaires Ă  la mĂ©tropole parisienne : autoroutes, voies ferrĂ©es, aĂ©roports, cimetiĂšres, zones logistiques et commerciales, ports, cimenteries, dĂ©chetteries, centres d’incinĂ©ration et de traitement des eaux
 coupent la vue, bloquent le passage, contraignent les piĂ©tons Ă  parfois faire des kilomĂštres de dĂ©tours, marchant dans un contexte souvent dominĂ© par la circulation automobile et marquĂ© par de nombreux dĂ©sagrĂ©ments (bruit, pollution, absence d’arbres pour se protĂ©ger de la chaleur, trottoirs Ă©troits, signalĂ©tique urbaine exclusivement dĂ©diĂ©e aux automobilistes
) Autant de situations qui favorisent le sentiment d’insĂ©curitĂ©, particuliĂšrement pour les femmes, et dans tous les cas rendent la marche pĂ©nible. En grande couronne, les trottoirs disparaissent parfois en sortie d’agglomĂ©ration. Pourquoi si peu de dĂ©partementales sont-elles bordĂ©es de trottoirs lorsqu’elles relient des zones denses distantes de peu de kilomĂštres ? Parcourir les routes du Grand Paris et d’Île-de-France avec Google Maps Ă  la recherche d’itinĂ©raires piĂ©tons est un exercice instructif. De lĂ , on pourra se questionner pour savoir s’il n’y a pas de piĂ©tons Ă  cause de l’absence d’amĂ©nagements dĂ©diĂ©s ou si l’absence d’amĂ©nagements est justifiĂ©e par l’absence de piĂ©tons ? Les habituĂ©s de la randonnĂ©e connaissent la dĂ©ception de voir bien souvent leurs chemins balisĂ©s coupĂ©s par deux ou quatre voies sans passage piĂ©ton
 Or, la randonnĂ©e n’est-elle pas un outil prĂ©cieux pour conserver le paysage « ouvert » et dĂ©velopper le tourisme ? Ce tour d’horizon serait incomplet s’il ne prenait pas en compte les chemins ruraux, hĂ©ritage d’une rĂ©gion qui Ă©tait, il y a deux gĂ©nĂ©rations, largement agricole. Aujourd’hui prisĂ©s le week-end par les joggeurs, les randonneurs et les familles, ils servent en semaine de pistes cyclables permettant aux habitants de rejoindre les commerces de la commune voisine ou la gare la plus proche sans prendre la voiture. Pourtant, il n’existe aucune carte rĂ©gionale (ni nationale) de ces chemins ruraux et nombre d’entre eux disparaissent chaque annĂ©e, avalĂ©s par des lotissements ou dĂ©truits par des exploitants agricoles qui ont le droit de les faire disparaĂźtre sur simple dĂ©claration en mairie. Or, dans la perspective de la transition climatique et de la « dĂ©carbonation » de la mobilitĂ©, ces chemins « dĂ©jĂ -lĂ  » ne reprĂ©sentent-ils pas un atout important ? Promouvoir le dĂ©placement des piĂ©tons, voire leur retour, et aussi rendre plus “urbains” certains lieuxPromouvoir le dĂ©placement des piĂ©tons, voire leur retour, nĂ©cessite de regarder autrement l’espace urbainet pĂ©riurbain en faisant baisser la pollution et le bruit, en amĂ©liorant la qualitĂ© des trottoirs et en les vĂ©gĂ©talisant pour rendre supportables ces Ă©tĂ©s, voire ces printemps, de plus en plus chauds. Il s’agirait aussi de rendre plus « urbains » certains lieux – avec de l’éclairage, de la signalĂ©tique – pour que tous et surtout toutes puissent s’y dĂ©placer. Pour favoriser les mobilitĂ©s piĂ©tonnes, les difficultĂ©s sont nombreuses mais les impĂ©ratifs sociaux, Ă©conomiques et Ă©cologiques associĂ©s Ă  la marche sont eux aussi d’importance. Et les opportunitĂ©s sont lĂ  ! Les annĂ©es 2020 vont voir se dĂ©velopper dans le Grand Paris et en Île-de-France des projets urbains et de transport qui seront autant d’occasions de repenser la place des piĂ©tons : construction du rĂ©seau du Grand Paris Express et des 68 quartiers de gare, dĂ©veloppement de la ligne E du RER vers Mantes-la-Jolie et modernisation du rĂ©seau des transports en commun rĂ©gional. Sans oublier les JO qui se dĂ©rouleront partiellement dans des territoires marquĂ©s par ces fractures urbaines si dĂ©favorables aux piĂ©tons. Une partie de l’hĂ©ritage des JOP 2024 rĂ©side peut-ĂȘtre dans les amĂ©nagements piĂ©tonniers qui seront engagĂ©s. En tout cas, reste une certitude Ă  l’aune de la sortie de l’épisode pandĂ©mique de 2019-2021 : la rĂ©volution piĂ©tonne ne fait que commencer. Et elle pourrait mĂȘme contribuer Ă  rendre plus rĂ©silient le Grand Paris.

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