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- AVEC LA REPRISE, SCHNEIDER ELECTRIC S’ENGAGE POUR LE GRAND PARIS : MARC FROMAGER
INTERVIEW DE MARC FROMAGER, DIRECTEUR DE L’ACTIVITÉ INDUSTRIAL AUTOMATION ET END USERS, SCHNEIDER ELECTRIC FRANCE Comment voyez-vous le redémarrage de l’activité pour le projet du Grand Paris ? Dans le contexte de la sortie de la crise liée à la Covid-19, la Métropole du Grand Paris – et nous pouvons même dire la France – doit retrouver une dynamique de croissance. Il s’agit d’un enjeu tant régional que national. Le Grand Paris s’inscrit dans la durée. C’est par l’énergie de chacun d’entre nous, Amis du Grand Paris, que ce projet collectif pourra accomplir sa mission. Chez Schneider Electric France, nous œuvrons pour soutenir l’activité française et celle de nos partenaires dans cette période où le redémarrage de notre outil industriel national est essentiel. Schneider Electric dispose de nombreuses implantations en France, nous mettons tout en œuvre pour qu’elles participent à ce succès. Nous sommes très engagés sur de nombreux projets du Grand Paris, en contact permanent avec les entreprises sélectionnées pour exécuter les travaux. Que mettez-vous en œuvre pour y parvenir ? Le digital apporte beaucoup : efficacité, résilience et flexibilité. Dans le monde post-Covid-19, nos clients et nos partenaires cherchent à développer ou à renforcer leurs compétences numériques car ils ont compris qu’il s’agit d’une opportunité offerte aux entreprises pour construire leur croissance sur le long terme. Aujourd’hui, la majorité des décisions d’investissements s’inscrivent dans ce contexte. Nous disposons des technologies, des savoir-faire et des écosystèmes industriels pour les accompagner. Deux axes majeurs pour le projet Grand Paris sont ainsi développés par Schneider Electric : - l’innovation dans nos projets et produits : nous mettons à disposition des solutions digitales, connectées et faciles à déployer permettant le pilotage de l’énergie (Systèmes, Gares et Ouvrages annexes), la sécurisation et le contrôle des infrastructures, et la gestion du bâtiment dans une perspective d’efficacité et de développement durable ; - la capacité de réalisation ensuite : le Grand Paris Express constitue un projet très exigeant au regard de sa complexité et du niveau de qualité attendu. Très concrètement, Schneider Electric relève ce challenge de réalisation en collaboration avec un écosystème de partenaires capable d’innover localement avec des solutions convenant au mieux pour le projet du Grand Paris. C’est par l’exigence et la collaboration que les acteurs du Grand Paris parviendront ensemble à relever ce défi.
- POUR UNE MÉTROPOLE POLYCENTRIQUE, PLUS DURABLE : JEAN-FRANCOIS MONTEILS ET STÉPHAN DE FAY
JEAN-FRANCOIS MONTEILS, PRÉSIDENT DU DIRECTOIRE DE LA SOCIÉTÉ DU GRAND PARIS, ET STÉPHAN DE FAY, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE GRAND PARIS AMÉNAGEMENT, ÉCHANGENT LEURS POINTS DE VUE SUR LES ENJEUX DU GRAND PARIS ET LES OBJECTIFS ENCORE À ATTEINDRE POUR PLEINEMENT RÉUSSIR « LE CHANTIER DU SIÈCLE ». PROPOS RECUEILLIS PAR LE MAG Quels sont les enjeux de la fonction urbaine du réseau Grand Paris Express ? Jean-François Monteils : Le Grand Paris Express est un acte de structuration de l’aire métropolitaine. Il s’agit de construire un réseau de transport public, reliant, en rocades, les territoires de la métropole entre eux sans passer par le centre de la Capitale. Ce nouveau réseau va offrir à des millions de Franciliens la possibilité de pouvoir circuler librement d’un point à l’autre de la métropole sans utiliser leur voiture. Mais le Grand Paris ne se limite évidemment pas à la réalisation d’un réseau de transport profondément ancré dans l’ambition environnementale. Ce qu’il prévoit, notamment autour des 68 futures gares, c’est le développement d’une métropole polycentrique, plus durable, équitable et pourvoyeuse d’innombrables potentialités pour chacun de ses habitants. Stéphan de Faÿ : Il faut en effet toujours rappeler que le Grand Paris Express est bien plus qu’un réseau de transport car il dessine une véritable révolution – au sens premier du terme – du rapport des territoires desservis avec la Capitale. Pour l’heure, personne n’est à même de réellement appréhender à quel point cette révolution va transformer notre manière de vivre nos territoires. Peu de projets dans le monde ont une telle puissance transformatrice. Il est de notre responsabilité collective d’accompagner ces évolutions en préparant les territoires à en tirer pleinement parti, les futurs quartiers de gare dessinant les nouvelles portes d’entrée de territoires souvent inconnus de la plupart des Franciliens. Dans le contexte de crise actuel, quelles sont les capacités de rebond de la métropole parisienne en matière de transformations urbaines ? SdF : La métropole parisienne, tout à la fois, fascine et fait fuir. Elle est l’écrin de la Ville Lumière, mais certains de ses cadres, année après année, rêvent de la quitter pour des métropoles de province jugées plus vivables et surtout plus désirables. Pour nous tous, qui travaillons à accompagner ou provoquer les transformations urbaines de notre temps, ce constat est une puissante invitation à agir afin de recréer un « désir » qui s’enracine dans une réalité : celle d’une métropole au sein de laquelle chacune et chacun puissent véritablement s’épanouir. À ce titre, la revitalisation des centres-villes de première ou seconde couronne ou des centralités de l’espace rural francilien doit constituer une ligne directrice de l’action publique. JFM : Il va falloir un immense effort collectif, qui ne se fera que sous l’impulsion des élus locaux et en lien permanent avec eux, pour réussir la transformation de la ville et donc pour améliorer la qualité de vie des habitants. Bien sûr, le nouveau métro va offrir des opportunités inouïes aux habitants et aux visiteurs en matière d’accès à l’emploi, aux infrastructures de soins, de loisirs et de culture. Mais ce n’est pas suffisant ! L’enjeu, c’est de refonder la ville, de la bâtir autour des 68 futures gares où le potentiel est gigantesque [ndlr : 30 millions de m2 pour 80 Mde d’investissement]. L’objectif est donc clair et nous pouvons y arriver si nous travaillons avec méthode et esprit de partenariat, comme la Société du Grand Paris le fait, par exemple, au sein des comités de pôles qui visent à faire émerger les 68 pôles intermodaux des places du Grand Paris Express. Comment réussir, enfin, le Grand Paris du logement ? SdF : Si vous relisez la loi du 3 juin 2010, dite du « Grand Paris », vous verrez qu’elle fixe un objectif, terriblement ambitieux pour l’époque, de construire 70 000 nouveaux logements par an. Avant la crise sanitaire, nous dépassions les 80 000 logements par an, et même sur une année hors norme comme l’a été 2020, le niveau de construction de logements (60 000) dépasse – et de loin – le niveau moyen constaté entre 2000 et 2010 (37 000 par an). Pour autant, ce seul regard quantitatif est trompeur, car il reste tellement à faire, à la fois pour loger les habitants d’une région toujours en croissance démographique, mais surtout pour permettre de créer des quartiers équilibrés et désirables, qui puissent réellement être des lieux d’épanouissement pour celles et ceux qui les habiteront. JFM : Faire le Grand Paris du logement, c’est réussir à bâtir la métropole la plus écologique d’Europe. Ici, en effet, développement, logement et écologie se conjuguent. Reconstruire la ville sur elle-même, c’est limiter l’étalement urbain et participer à la lutte contre l’artificialisation des sols. L’urbanisme raisonné, planifié, organisé, c’est profondément écologique ; à l’inverse, l’urbanisme au fil de l’eau, qui advient sans vision d’ensemble ni organisation, conduit à un étalement urbain mortifère. J’insiste sur l’écologie car agir avec l’obsession de la protection de l’environnement conduit nécessairement à améliorer la qualité de vie et la cohésion sociale. Répondre à la fois à l’urgence climatique et à l’urgence sociale, c’est la vocation originelle du Grand Paris ! L’écologie passe ainsi du slogan à la réalité. Quelles sont les composantes concrètes des zones d’aménagement du XXIe siècle ? SdF : Pour répondre à cette question, regardons ce dont nous ne voulons plus : zones monofonctionnelles, incapables de s’adapter aux changements (d’usages, d’habitudes, climatiques…) de notre temps, qui font fi de l’histoire du lieu sous prétexte de « modernité », qui collectionnent les architectures plutôt que de susciter un esprit de quartier... Mixité, adaptabilité ou résilience, enracinement, harmonie des bâtiments et des espaces publics, place de la nature, capacité à aller à pied jusqu’à l’école de ses enfants, à la boulangerie, à un lieu de culture, à des espaces sportifs et, bien sûr, à une gare ou station permettant de se déplacer efficacement dans la région, voilà quelques-uns des ingrédients indispensables. JFM : C’est une vision que je partage absolument. Pour élaborer, avec les élus, les futurs quartiers de gare, il faudra conjuguer mixités sociale et fonctionnelle, et travailler une intermodalité soignée qui fasse place à tous les usages en matière de mobilité et notamment les modes doux. Nous serons exigeants pour ce qui concerne les pieds d’immeuble, la proximité et la diversité des commerces, des services aux personnes. Nous serons à la hauteur de cette ambition si la ville que nous réalisons collectivement devient plus respirable et fluide, mais aussi plus chaleureuse et humaine. La construction d’infrastructures ou de logements est une industrie très polluante. Croyez-vous à la construction bas carbone ? JFM : Construire une infrastructure lourde et souterraine n’empêche pas le volontarisme écologique. La Société du Grand Paris est déjà particulièrement exigeante sur ce point, notamment en étant le premier maître d’ouvrage de France à avoir eu recours au béton fibré, moins énergivore, mais aussi, pour un certain nombre d’usages, à des bétons bas carbone. Au fond, ce que nous voulons démontrer, c’est que la construction peut être durable et que c’est grâce aux innovations de ce type qu’une écologie des solutions plus que des contraintes permettra de répondre aux grands défis du XXIe siècle. C’est d’ailleurs un tout qui concerne la construction mais aussi la gestion des déblais et leur valorisation. Je partage l’idée que nous, maîtres d’ouvrage public, devons contribuer au développement de filières comme la terre crue ou le bois. En matière de développement urbain, aussi, les projets de la SGP seront volontaristes avec 40 % de bois ou matériaux biosourcés en surface de plancher et 70 % pour les intérieurs. SdF : Je partage complètement ces convictions. Aujourd’hui – dans le domaine de la construction –, le premier défi est de convertir massivement l’industrie à la construction hors site, qui est la seule qui permette de piloter et contrôler efficacement tant la qualité de ce qui est produit que son empreinte environnementale en ouvrant la porte à l’usage maîtrisé de matériaux plus vertueux. Ce qui est intéressant, c’est qu’une telle transformation est une source d’économies. Pensons que le secteur de la construction voit sa productivité se détériorer de manière constante depuis plus de 20 ans et que la situation était à peine meilleure les décennies précédentes. En quelques mots, quel regard portez-vous sur l’association Acteurs du Grand Paris ? JFM : L’ancienneté de son existence et le fait que cette association fasse la synthèse des volontés publiques et privées engagées dans la réalisation du projet en font un lieu précieux pour la réussite du Grand Paris. SdF : Le Grand Paris est une œuvre collective, par le dialogue qu’il permet entre des acteurs privés et publics qui s’y investissent ; l’association joue un rôle essentiel dans sa construction.
- COMMENT BIEN VIVRE EN ÎLE-DE-FRANCE ? DOMINIQUE ALBA ET FOUAD AWADA
LA DIRECTRICE GÉNÉRALE DE L’ATELIER PARISIEN D’URBANISME (APUR), DOMINIQUE ALBA, ET SON HOMOLOGUE DE L’INSTITUT PARIS REGION, FOUAD AWADA, CROISENT LEURS REGARDS SUR L’AMÉNAGEMENT DE LA RÉGION CAPITALE, MARQUÉE PAR LA CRISE PANDÉMIQUE ET LES MULTIPLES TRANSFORMATIONS À L’ŒUVRE. Comment bien vivre en Île-de-France, alors que la pandémie semble s’éloigner ? Dominique Alba : Tous les chiffres indiquent que l’Île-de-France a été plus impactée que le reste de la France par la pandémie, et Paris dans des proportions encore supérieures. Logique, puisque des secteurs d’activité à très fort taux d’emploi dans le cœur de l’agglomération parisienne ont été les premiers impactés, le commerce, la culture ou le tourisme. Au cœur de l’agglomération, des situations de sur-occupation ont provoqué une mortalité accrue. Mais hors Covid, on peut dire que l’on vit bien en Île-de-France, y compris en matière de santé et d’espérance de vie, grâce à un très bon réseau de soins, de santé, d’éducation. Dans ce contexte, l’Apur a continué à jouer son rôle, à documenter le réel et à partager cette documentation avant de poser des jalons qui vont permettre de réorienter des politiques publiques, pour répondre aux questions que cette crise a posées. Fouad Awada : Au cours des deux ou trois années qui viennent, nous serons confrontés autant aux effets positifs que négatifs de cette crise. Avec une prise de conscience des bienfaits de la nature et des méfaits d’une densité parfois mal pensée par le passé. Nous sommes face à une vraie crise urbaine, dans les grands pôles d’emploi, dont l’hyper-centre de Paris. Nous allons devoir faire avec plus de précarité et d’instabilité. Mais il faut également prendre en compte les effets positifs que nous offre le développement fulgurant du distantiel. Même s’il est probable que, d’ici trois à cinq ans, Paris recouvre sa splendeur et que les gens souhaitent retrouver leurs bureaux... Comment anticipez-vous les effets de l’essor du télétravail ? DA : Nous avons mis en place un observatoire de l’économie parisienne, en trois volets dont un volet prospectif, avec comme questions principales : Le financement de la ville à l’horizon de 2040 ? Comment vont évoluer les notions de travail et d’emploi ? Quelles relations entre l’attractivité et les inégalités ? Notre fonction n’est pas tant de réaliser des prévisions que d’étudier, dans l’espace qui s’est ouvert en 2020, les tendances marquantes, dont les élus pourront ensuite se saisir. Par exemple, l’essor du télétravail peut réduire la pression sur les transports, faisant diminuer l’importance des heures de pointe, et donc le coût des infrastructures. Il faut ainsi se demander, à l’aune de ce que cette crise nous a appris, quelles politiques publiques il est possible de mettre en place pour aller vers un système urbain plus durable et où il fait bon vivre. FA : L’Institut Paris Region mène un travail pour localiser les lieux d’habitat des actifs télétravaillant. Nous faisons l’hypothèse que les lieux de résidence des télétravailleurs, des gens qui téléconsultent, qui achètent, enseignent, ou apprennent à distance, vont bénéficier d’une opportunité unique, nouvelle, qui est celle d’un développement local qui commencera peut-être d’une manière modeste, avec quelques nouveaux commerces puis des équipements correspondant à une aspiration profonde de « vivre local ». Cela contribuera au développement en petite couronne de la ville du quart d’heure qui suppose la présence, durant la journée, d’une population de résidents suffisamment nombreuse. DA : À propos de ville du quart d’heure, il faut dire que 75 % des Métropolitains ont d’ores et déjà accès, aujourd’hui, à un commerce de proximité à 5 minutes à pied de leur domicile. Depuis 15 ans, un grand nombre d’élus ont rénové leur centre-ville et de nouveaux dispositifs de requalification des centres-urbains sont apparus récemment. La crise pandémique a révélé des quartiers d’habitat très vivants et le drame des quartiers de bureaux, qui sont devenus des quartiers d’obsolescence programmée. Avec de vraies questions pour les collectivités, qui se demandent comment les réinvestir. L’Apur a réalisé une étude sur le taux d’usage des bâtiments à travers leur consommation d’eau potable. Beaucoup de bâtiments avaient, durant le confinement, un taux d’occupation égal à zéro. On peut donc se demander quelle est la valeur d’un actif dans une ville dense, qui voit chuter son taux d’occupation dans ces proportions en cas de crise. La transformation de bureaux en logements est-elle la solution ? FA : Le principal handicap des transformations de bureaux en logements réside dans l’existence d’une fiscalité différenciée, qui n’incite guère leurs gestionnaires à renoncer aux bureaux. Mais un actif tertiaire durablement vacant oblige les propriétaires à rechercher des solutions. Dès lors, la mixité des fonctions, mêlant hôtels, habitations et bureaux, peut être une solution, même si elle ne peut s’appliquer partout, par exemple pas dans des zones d’activités sans autres aménités. Je pense que le bureau n’a néanmoins pas dit son dernier mot, car les gens ressentent aussi le besoin d’y venir travailler.Les impératifs de la transition écologique rebattent-ils profondément les cartes ? FA : Désormais, l’urbanisme et l’aménagement du territoire ne peuvent plus se concevoir sans prendre en compte cette dimension. C’en est même devenu le principal déterminant, d’où cette trilogie lancée par la Région pour un schéma directeur révisé, le Sdrif-e, qui soit ZAN (zéro artificialisation nette), ZEN (zéro émission nette) et circulaire. Le ZAN constitue une trajectoire, il faut y arriver, même si elle provoque d’ores et déjà des levées de bouclier. Il faut reconstruire la ville sur la ville, tout en recyclant au maximum les gravats et matériaux déconstruits. Construire ainsi n’entraîne pas nécessairement une montée des prix. Si les coûts de la construction devaient monter, les charges foncières devraient s’équilibrer pour avoir des prix de sortie acceptables. Nous allons néanmoins être confrontés à une compétition extrêmement forte sur l’usage du foncier existant : une partie croissante devra être laissée en pleine terre, tandis que l’essor du e-commerce, par exemple, engendre une pression de plus en plus forte sur des zones dédiées à la logistique. Et les exigences d’un Sdrif-e ZAN, ZEN et circulaire ne doivent pas faire oublier que les départements limitrophes pourraient être un terrain de jeu beaucoup plus libre pour les différents opérateurs. DA : Une solution réside dans le fait d’entrer sur ces questions par les usages. Car il existe un stock de mètres carrés considérable dont personne n’a aujourd’hui la connaissance précise. Le foncier, ce n’est plus une terre nue, c’est un tout. À Paris, c’est un toit et un mur, qui peuvent constituer une ressource solaire pour le premier et végétale pour le second. La programmation ne doit plus s’effectuer sur la base de surfaces exprimées en mètres carrés mais à partir de situations dont on va essayer de tirer le plus de profit, dans le sens de l’intérêt général. Le monde de l’immobilier, qui raisonne toujours avec des ratios de rentabilité au mètre carré, va en effet devoir s’adapter. Tous les acteurs sont conscients de la nécessité de changer de système à l’instar de l’exemple de la construction bois, que les majors du BTP sont en train d’intégrer parmi leurs offres. Pourquoi faut-il, selon vous, relativiser la crise du logement ? DA : Entre 2015 et 2019, 45 000 logements par an ont été produits au sein de la Métropole du Grand Paris, qui a connu véritablement une période de surchauffe. Et en même temps, 10 % des logements, soit 360 000 unités, sont vides ou inoccupés, soit 10 ans de production. Il y aurait donc une utilité collective à remettre sur le marché un bâti qui n’est pas utilisé comme il faudrait. FA : Cela est vrai pour l’ensemble de l’Île-de-France. En 2018 et 2019, jusqu’à 85 000 logements par an ont été mis en chantier. La question n’est pas tant quantitative que qualitative, ainsi pour les logements sociaux que l’on ne parvient plus à financer dans des proportions suffisantes ou encore la question de la ségrégation sociale qui demeure irrésolue. Une aspiration très forte se fait également jour, suite à la crise sanitaire, pour des jardins ou du moins des balcons et des espaces végétalisés. Cela peut modifier considérablement l’offre des promoteurs. Quel est le sens de la démarche « Vitalisation des quartiers de gare » ? DA : « Vitalisation des quartiers de gare », démarche initiée par le préfet de la région Île-de-France, poursuit un objectif relativement simple : le Grand Paris Express n’a pas été précédé d’un document de planification dédié. Or, nous devons tirer le maximum de bénéfices collectifs de l’avènement de ce réseau de réseaux. Il faut aboutir, par capillarité, à diffuser, le plus loin possible, les bienfaits de son arrivée sur le territoire le plus vaste possible. Alors qu’un nombre croissant de personnes vont au moins partiellement télétravailler, la question des rabattements vers les gares en mode doux prend une acuité particulière, pour rendre attractif le plus large territoire. « Vitalisation des quartiers de gare » est un des outils qui pourraient permettre de le faire, en attirant l’attention sur la mobilité la plus fine : donner la possibilité à l’usager de marcher. Demain, 95 % des personnes seront à moins de 2 kilomètres à bicyclette d’un mode de transport lourd. Au GPE, il faut ajouter les tramways, les extensions de métro, les bus à haute qualité de service ou les voies de bus sur les autoroutes. La révolution des transports, en train de s’installer en Île-de-France, est colossale. FA : La mise en service du GPE en 2025 signera réellement la naissance du Grand Paris. Demain, on vivra à la parisienne en petite couronne. Quant à la grande couronne, une étude récente de l’Institut Paris Region a montré que 22 % de ses habitants seront à moins de 30 minutes d’une gare du GPE et auront accès en moins de 30 minutes au tiers des emplois de toute l’Île-de-France. C’est dire si la portée de cette infrastructure circulaire va dépasser les limites de la MGP. DA : Il semble important d’avoir une vision généreuse de ce qui est en train de se passer et d’installer de nouvelles échelles de valeur différentes de celles qui trop souvent de fait ne concernent qu’un tout petit nombre de personnes. Si l’on dit que la promotion immobilière ou les acteurs de l’immobilier sont malheureux dans le Grand Paris, je ne vois pas pourquoi ils tiennent à y rester aussi présents. Aujourd’hui, on construit en moyenne 7 millions de mètres carrés au sein de la Métropole du Grand Paris. C’est sans doute le marché français le plus attractif. À des prix de vente, quel que soit l’endroit où l’on se situe, qui permettent de couvrir les frais. Un marché, somme toute jusqu’à présent assez confortable, est en train de se modifier. La question à se poser, dans le contexte actuel, est la suivante : lorsque l’on agit, que l’on aménage ou construit, qu’apporte-t-on à ce qui est déjà là ? Mais aussi : quelle est ma valeur ajoutée au-delà de mon bilan d’opération ? Qui va payer la transformation des quartiers d’affaires qui ne fonctionnent plus et qui ont largement enrichi ceux qui les ont bâtis ? C’est la collectivité, et donc chacun d’entre nous.
- LIÉS À L’AVENIR DE NOTRE TERRITOIRE : OLIVIER GAVALDA
NOMBRE DE SECTEURS ÉCONOMIQUES IMPLANTÉS DANS NOTRE RÉGION ONT ÉTÉ FRAPPÉS DE PLEIN FOUET PAR LE RALENTISSEMENT DE L’ACTIVITÉ LIÉ À LA COVID-19. MAIS NE PERDONS PAS ESPOIR. NOTRE RÉGION PEUT COMPTER SUR DES FONDAMENTAUX ET ATOUTS EXTRÊMEMENT SOLIDES POUR REPARTIR DE L’AVANT ET, GRÂCE À LA DYNAMIQUE DE LA CAMPAGNE DE VACCINATION, « LA REPRISE EST LÀ », SELON OLIVIER GAVALDA, DIRECTEUR GÉNÉRAL CRÉDIT AGRICOLE ÎLE-DE-FRANCE, QUI NOUS LIVRE ICI SON REGARD SUR LA PÉRIODE ÉCOULÉE À TRAVERS LE PRISME DE LA CRISE SANITAIRE… Quels enseignements pouvons-nous tirer de cette crise ? La confirmation de la puissance et de la pertinence de notre modèle 100 % humain/100 % digital. Maintenir une présence physique a rassuré nos clients et la complémentarité apportée par nos services digitaux a permis de maintenir un fort taux de réponse et de satisfaction. La crise sanitaire a accéléré la transformation digitale, la nôtre comme celle de nos clients, sans remettre en cause l’importance d’un réseau physique. C’est la confirmation des orientations prises par notre Caisse régionale. Comment l’Île-de-France a-t-elle fait face ? Certains secteurs comme le tourisme, l’hôtellerie ou encore la restauration ont été profondément touchés par la crise sanitaire. Ce sont des secteurs clés pour notre territoire et des indicateurs de sa bonne santé. Grâce aux Prêts garantis par l’État, mis en place par les pouvoirs publics, et à la mobilisation de nos équipes pour les distribuer, on a pu soutenir ces secteurs pour les aider à passer le cap.Par ailleurs, nous avons consacré une enveloppe de 20 millions d’euros pour soutenir les fonds propres des entreprises du secteur touristique. L’année 2020 a-t-elle bousculé la mise en œuvre de votre stratégie à long terme ? Bien au contraire, elle a confirmé la pertinence de nos objectifs et de nos chantiers autour de trois piliers : clients, humain, mutualiste et sociétal. Nous sommes intimement liés à l’avenir de notre territoire. Il y va de notre utilité et de notre responsabilité de mobiliser nos métiers et nos actions pour permettre un développement économique durable de l’Île-de-France. Cela est d’autant plus vrai en temps de crise où nous devons apporter des réponses rapides pour soutenir l’économie francilienne. Nous sommes une banque régionale qui vit par et pour son territoire. C’est un cercle vertueux qui nous unit tous dans un même objectif. Quelles sont vos intentions vis-à-vis des questions de responsabilité ? Nous avons des engagements forts en matière de responsabilité sociétale depuis des années. Pour passer à la vitesse supérieure, nous avons structuré ces engagements pour leur donner plus de force et établir une véritable feuille de route stratégique. Désormais, notre politique RSE est pleinement intégrée à notre stratégie. Cela revient à se poser la question de ce qu’est un banquier responsable, de comment nos métiers peuvent avoir un impact positif dans les transformations sociétales de notre temps et dans la lutte contre le réchauffement climatique.
- NOUS SOMMES UN ACTEUR DU GRAND PARIS DANS TOUTES SES DIVERSITÉS : MAURICE SISSOKO
MAURICE SISSOKO, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE CITALLIOS DEPUIS 2 ANS, PRÉCISE L’AMBITION DE LA SOCIÉTÉ D’ÉCONOMIE MIXTE (SEM) NÉE EN 2016 DE LA FUSION DE QUATRE SEM D’AMÉNAGEMENT DES HAUTS-DE-SEINE ET DES YVELINES, ET QUI EST LA PREMIÈRE SEM À S’ÊTRE DOTÉE, MI-2020, D’UNE RAISON D’ÊTRE. Comment l’activité de Citallios s’articule-t-elle avec la construction du Grand Paris ? Si l’établissement public interdépartemental Yvelines/Hauts-de-Seine est l’actionnaire majoritaire (63,45 %), Citallios est bien une SEM de dimension francilienne et, par essence, un acteur clé de la transformation du Grand Paris. La présence de la Région Île-de-France (4,2 %) et de la Caisse des dépôts (15,51 %) à son capital conforte ce périmètre naturel francilien. Notre action est en partie focalisée sur les axes d’infrastructures et les quartiers en transformation à l’échelle du Grand Paris : par exemple, autour des gares d’Eole, du tramway et des quartiers Anru. Nos expertises, en particulier en matière de rénovation urbaine, font que Citallios est très sollicitée dans le cadre des transformations à l’œuvre dans l’ensemble de la région. Pour autant, notre logique francilienne n’a pas de volonté hégémonique. Nous offrons ainsi une qualité de service à des élus, mais peu importe leur implantation. En témoignent les partenariats que nous tissons régulièrement avec d’autres SEM franciliennes. Ce sont des alliances de compétences avec d’autres aménageurs, à l’instar de celle que nous venons de réaliser avec Sadev 94 (Val-de-Marne) pour porter une opération de co-aménagement du quartier de la Pierre plate à Bagneux (Hauts-de-Seine). En quoi le modèle de Citallios est-il pertinent pour répondre aux enjeux de l’aménagement du territoire francilien ? Notre spécificité tient à notre capacité à proposer des solutions au cas par cas sur les trois couches qui structurent l’Île-de-France : du très urbain avec des travaux de dentelle au rural en passant par le péri-urbain avec une expertise sur le cœur de ville. Ainsi, Citallios se présente comme l’une des rares sem à disposer d’un savoir-faire en matière d’habitat privé, portant autant sur l’accompagnement des copropriétés pour rénover les habitats dégradés et/ou insalubres. Citallios a adopté sa raison d’être en 2020. Quels en sont ses principaux axes ? Notre raison d’être vise notamment à développer des quartiers et du logement accessibles pour le plus grand nombre, grâce à des montages performants fédérant les bonnes compétences parmi les acteurs de l’immobilier francilien. Notre implication dans l’OFS (Organisme de foncier solidaire) nouvellement créé dans les Yvelines, notre engagement dans l’organe de compensation Seine & Yvelines Environnement, notre action pour des chantiers sans nuisances… en sont de multiples illustrations. Pour réaliser notre mission d’intérêt général, notre stratégie générale consiste dès lors à créer des éco-systèmes vertueux, par exemple en tant que co-promoteur pour agir directement sur la qualité des logements. Plusieurs partenariats sont en cours avec des acteurs qui construisent la ville. C’est la raison pour laquelle nous estimons être un acteur du Grand Paris dans toutes ses diversités et composantes.
- POUR LE GRAND PARIS, NOUS NE FAISONS PAS DE GRANDS PARIS : LAURENT GIROMETTI
LAURENT GIROMETTI, DIRECTEUR GÉNÉRAL D’EPAMARNE-EPAFRANCE Vous dirigez EpaMarne-EpaFrance, l’aménageur au plus vaste territoire d’intervention de France. Quels sont vos enjeux stratégiques ? 44 communes avec un territoire d’intervention grand comme trois fois Paris, en effet, c’est un très beau challenge pour un aménageur ! D’autant plus que ce périmètre recouvre des enjeux urbains très diversifiés. à Ormesson-sur-Marne, à Bussy-Saint-Georges ou à Coupvray, la démarche d’aménagement n’est pas la même. D’un côté, il y a un travail de redynamisation et de densification, de l’autre un maillage urbain à différentes échelles avec une multiplicité de services et d’équipements au bénéfice des usagers. Selon l’INSEE, notre territoire devrait accueillir d’ici une trentaine d’années 100 000 habitants supplémentaires. Cette croissance doit s’accompagner d’une véritable transition écologique des territoires. Nous y contribuons par une action qui décline nos six axes stratégiques : le climat, la mobilité, la cohésion sociale et territoriale, la santé, la nature et bien sûr l’innovation. Le Grand Paris se déploie tout au long de l’axe Seine. Dans le cadre de cette dynamique, comment concevez-vous l’ancrage des territoires sur lesquels vous intervenez ? Aussi paradoxal que cela puisse être, nous sommes l’un des plus importants aménageurs de France et donc de la région parisienne. Pourtant, un de nos axes structurants est la Marne et non la Seine. Nos territoires d’intervention sont un peu comme ce qu’est la Marne à la Seine, un affluent principal. Le développement de l’est parisien est vital pour le Grand Paris. Nous le voyons avec la forte attractivité qu’exercent nos territoires. Le pôle d’excellence de la ville durable est implanté à la Cité Descartes. Peut-on parler d’un modèle de ville durable à la française et quels en seraient les marqueurs ? La Cité Descartes est reconnue comme pôle d’excellence du Grand Paris et concentre 25 % de la R&D française dédiée à la ville durable. Par ce niveau d’excellence, oui, c’est un modèle, car c’est ici que s’invente la ville durable. C’est aussi un démonstrateur avec des réalisations quasi inédites telles que le Treed It, tour de 11 étages en structure bois, ou encore le programme mixte Serenis, où innovations acoustiques et aérauliques permettront de vivre sans nuisance à toute proximité des voies du RERet de la gare. Ensuite, toutes ces innovations essaiment dans nos opérations, faisant des territoires de l’est parisien des modèles de villes durables. Quels sont, selon vous, les principaux enseignements de la crise que nous traversons, notamment en matière de développement urbain ? Je le disais déjà dans vos pages l’année dernière, cette crise peut se révéler un accélérateur de solutions. Nos axes stratégiques relatifs à la transition écologique et à la cohésion sociale et territoriale sont justes. Cette crise et l’année singulière que nous venons de passer démontrent l’urgence de les articuler ensemble et d’accélérer sur une relance de l’activité résolument orientée vers un urbanisme durable et résilient. Parmi les projets que vous développez, quels sont ceux qui symbolisent le mieux « la relance » post-Covid ? La crise a confirmé la justesse de nos choix stratégiques. Au budget 2021, nous avons concentré nos efforts pour que la commande publique – à notre échelle – ait un véritable effet de relance. Nous avons prévu d’engager plus de 1 200 logements, 35 000 m² de bureaux, commerces et hôtels, 10 ha d’activités ou encore 90 Me de travaux. C’est un investissement important, tant financier qu’humain. Sur le plan des opérations, les exemples de relance se voient partout sur le territoire. Parmi eux, la ZAC de Lamirault en cours de viabilisation pour accueillir 230 000 m² d’activités, Marne Europe où nous poursuivons la dépollution du site pour laisser place à une nouvelle centralité du Grand Paris, Bussy-Saint-Georges où plus de 700 logements sont en cours de chantier… Pour le futur, le pôle de l’Image, du Son et de la Photographie à Bry-sur-Marne est un exemple de pluralité partenariale et préfigure les méthodologies de montage et de pilotage opérationnel de demain. Quel regard portez-vous sur l’association Acteurs du Grand Paris, sa philosophie, ses actions, ses résultats ? La crise a montré, encore plus que jamais, que c’est ensemble que l’on va plus loin. Et c’est bien le sens de l’association. Hybrider, phosphorer, partager, collaborer… ensemble… pour que le Grand Paris ne soit pas qu’un pari.
- ENGIE : ACCÉLÉRER LA TRANSITION VERS UNE ÉCONOMIE NEUTRE EN CARBONE : PIERRE-YVES DULAC
NOUVELLE STRATÉGIE POUR LE GROUPE ENGIE, RELANCE VERTE ET ENJEUX FRANCILIENS… ENTRETIEN AVEC PIERRE-YVES DULAC, DIRECTEUR DÉLÉGUÉ DE LA DÉLÉGATION RÉGIONALE ÎLE-DE-FRANCE CHEZ ENGIE. Pouvez-vous nous présenter le Groupe ENGIE ? ENGIE est un groupe mondial de référence dans l’énergie bas carbone et les services. Forts de 170 000 collaborateurs répartis dans le monde, nous sommes engagés chaque jour pour accélérer la transition vers un monde neutre en carbone, grâce à des solutions plus sobres en énergie et plus respectueuses de l’environnement. Nous concilions performance économique et impact positif sur les personnes et la planète en nous appuyant sur nos métiers clés (gaz, énergies renouvelables, services) pour proposer des solutions compétitives à nos clients. Les 22 000 salariés d’ENGIE en Île-de-France mettent en œuvre chaque jour leurs compétences pour réussir la transition écologique et énergétique. Votre Groupe a présenté récemment sa nouvelle stratégie. Quelle est-elle ? La nouvelle stratégie d’ENGIE est d’atteindre le Net Zéro Carbone d’ici 2045 sur l’ensemble de nos émissions directes et indirectes. ENGIE s’est doté d’une feuille de route stratégique : investir massivement dans les énergies renouvelables, les infrastructures décentralisées bas carbone et adapter ses infrastructures aux gaz renouvelables. ENGIE va donc se concentrer sur quatre cœurs de métier principaux : énergies renouvelables, energy solutions, infrastructures et production thermique. Quel est le rôle d’ENGIE dans la relance en Île-de-France ? La reprise économique post-Covid-19 est une véritable opportunité pour engager une relance verte. C’est pourquoi, dans la continuité du plan de relance de l’État, ENGIE s’engage pour les territoires franciliens en faisant évoluer ses propositions pour la transition énergétique. Avec notamment trois actions prioritaires : généraliser les marchés de performances globales de l’efficacité énergétique, proposer de nouveaux modèles juridiques pour les réseaux de chaleur et de froid, donner aux gaz verts et à l’hydrogène toute leur place dans le mix énergétique à venir. Quels sont les défis à relever pour réussir la transition énergétique en Île-de-France ? Il faut engager un aménagement durable du territoire grâce à des projets comme le Grand Paris Express par exemple. Il est nécessaire aussi de développer des réseaux de chaleur et de froid en particulier via la géothermie profonde puisque le sous-sol francilien est favorable. La transformation des réseaux d’éclairage public vieillissants en véritables outils de mobilité durable est également primordiale. Ce sont tous ces aménagements qui permettent de concilier à la fois le développement économique et les enjeux de la transition énergétique du Grand Paris. La réussite de cette transition réside dans une étroite coopération entre les acteurs publics et privés.
- NOUS VOULONS ÊTRE LA RÉGION DE L’ACTION CONCRÈTE : JEAN-PHILIPPE DUGOIN-CLÉMENT
JEAN-PHILIPPE DUGOIN-CLÉMENT DRESSE LE BILAN ET LES PERSPECTIVES DE L’ACTION DE VALÉRIE PÉCRESSE. LE VICE-PRÉSIDENT DE LA RÉGION ÎLE-DE-FRANCE CHARGÉ DU LOGEMENT, DE L’AMÉNAGEMENT DURABLE DU TERRITOIRE ET DU SDRIF ENVIRONNEMENTAL LIVRE ÉGALEMENT SES CONVICTIONS SUR L’AMÉNAGEMENT FRANCILIEN À L’HEURE DU ZÉRO ARTIFICIALISATION NETTE ET SUR LA DIFFÉRENCIATION TERRITORIALE QU’IL APPELLE DE SES VŒUX AU PLAN INSTITUTIONNEL. PROPOS RECUEILLIS PAR JACQUES PAQUIER Quel est, selon vous, le bilan de la mandature de Valérie Pécresse, qui vient de s’achever au conseil régional d’île-de-France ? Nous avons remis la Région en ordre de marche, en capacité de pouvoir investir et se développer. Rappelons que l’île-de-France est la seule région qui a réduit ses dépenses de fonctionnement, se redonnant des marges de manœuvre pour pouvoir investir. Nous avons d’ailleurs investi de manière extrêmement forte au cours des derniers mois dans le soutien à l’activité économique et en direction des personnes en situation de fragilité. Je pense notamment aux étudiants ou aux professionnels de santé. Citons également une mobilisation extrêmement soutenue dans le domaine des transports, avec un plan pluriannuel d’investissement colossal, que l’on a appelé « la révolution des transports ». Nous avons modernisé les rames, rénové les infrastructures. Pensez que certaines caténaires n’avaient pas été rénovées depuis 1920 ! Quels ont été les autres domaines dans lesquels vous avez investi ? Nous avons mené, par ailleurs, un plan pluriannuel d’investissement pour les lycées, d’ampleur inédite là aussi, et investi également massivement en faveur de la transition écologique. Un euro sur deux dépensé par la Région l’est en faveur de l’écologie, que ce soit dans le domaine des transports, de la rénovation énergétique des lycées, de notre politique en matière d’énergie, en faveur de la biodiversité, de l’économie circulaire ou de la gestion des déchets. Globalement, il s’est agi d’accompagner la transition d’une région métropole qui a des spécificités très fortes. L’Île-de-France est la seule région française qui comprend une métropole de taille mondiale, avec plus de 10 millions d’habitants. Nous avons à faire face à une croissance démographique permanente. Avec quelles conséquences ? Une telle croissance démographique suppose de conserver et développer de l’activité pour offrir des emplois, cela induit des problématiques d’aménagement et de logement extrêmement complexes. Tendre vers le Zéro artificialisation nette des sols, dans une région dont la population croît, conduit à repenser nos normes et nos stratégies en matière d’aménagement ou d’urbanisme, de travailler à la transformation de friches. Tout ce que nous avons enclenché lors de la précédente mandature, nous allons le pousser encore plus loin durant ce mandat. Avec un objectif : être la Région de l’action concrète, dans une logique de résultats plus que de proclamation d’objectifs inatteignables ou non tenus. Nous souhaitons, par ailleurs, nous inscrire toujours plus dans une logique de coopération plutôt que de contrainte. Avec les collectivités, les associations, toutes les institutions infra-régionales. C’est là une ligne de rupture très forte que l’on peut avoir avec un certain nombre de responsables politiques du passé. Quelles sont, selon vous, les grandes lignes du mandat qui s’ouvre ? Nous voulons une Région solidaire. Il faut garder à l’esprit que l’île-de-France est une région riche, mais aussi la région métropolitaine qui rassemble, aux deux extrémités de l’échelle, les quartiers les plus riches et les plus pauvres. Or la pandémie touche en priorité les plus fragiles. La Région, dans le cadre du Fonds Résilience, que l’on a enclenché pour éviter les faillites d’entreprises qui n’étaient pas éligibles au prêt garanti par l’état, ne demandera pas à être remboursée par les bénéficiaires de cette aide. Nous allons par ailleurs multiplier les constructions de logements à l’intention des étudiants ou des jeunes travailleurs. Pourquoi insistez-vous sur l’écologie ? Nous allons poursuivre en effet l’effort que nous portons en matière de transition écologique, au travers de nos politiques environnementales et énergétiques, ou au travers de nos politiques en matière d’aménagement. Nous voulons bâtir, dans le cadre de sa révision, qui débute cet automne, un Schéma directeur de la région île-de-France environnemental, un Sdrif-E. Il s’agit d’un acte majeur, d’une co-construction entre l’état et la Région qui pose l’intégralité du cadre de l’aménagement au sein de la Région-Métropole. Notre objectif est que ce document ne soit plus seulement un document d’urbanisme, mais aussi un document qui prenne en compte l’ensemble des axes de protection du cadre de vie, de l’environnement des Franciliens. Comment le Sdrif-E va-t-il s’articuler avec les autres documents d’urbanisme programmatique ? Tous les plans locaux d’urbanisme intercommunal (PLUI), de même que les schémas de cohérence territoriale (SCoT) doivent se conformer au Sdrif-E. Il constitue la pointe de la pyramide. C’est le cadre général. Il va débuter par une phase de consultation, d’enquête. C’est pour moi un document de travail que l’on doit co-construire dans le cadre d’une concertation extrêmement large et poussée, avec l’ensemble des acteurs, institutionnels, associatifs ou économiques franciliens. Avec une double logique, qui constitue toute la gageure francilienne : permettre à 50 000 personnes supplémentaires de se loger chaque année, tout en procédant à la transition environnementale. Selon les projections, on estime que la population de l’Île-de-France va croître de 800 000 à 1 million d’habitants d’ici à 2030. Si nous n’agissons pas, c’est autant de personnes qui vivront dans des logements insalubres, dans des conditions effroyables de suroccupation, avec des prix de plus en plus élevés, compte tenu d’une surtension du marché. Comment comptez-vous atteindre le Zéro artificialisation nette des sols ? Le Sdrif de 2013 autorisait 1 300 ha de consommation de terres naturelles chaque année. Ces dernières années, moins de 600 ha ont été artificialisés en Île-de-France. Autrement dit, nous avons réussi à réduire par plus d’un facteur 2 cette consommation. L’objectif est désormais d’aller vers le Zéro artificialisation nette à l’horizon 2030. Cela ne signifie pas qu’il n’y aura plus de projets, mais que nous devons mener un travail majeur, porté avec l’ensemble des collectivités et des institutions franciliennes sur la réutilisation systématique des friches. Cela veut dire que nous devons accompagner un effort de densification, travailler sur la reconversion et la mutabilité d’un certain nombre de fonciers. Je pense notamment à certains immeubles tertiaires, qui ne correspondent plus aux besoins, à des fonciers commerciaux. Nous devons passer d’une logique d’extension urbaine à une logique de reconstruction de la ville sur elle-même. On ne pourra le faire sans les maires ou les présidents d’agglomération, autrement dit sans le bloc communal. Quel doit être selon vous un nouvel acte de décentralisation en Île-de-France ? L’Île-de-France est administrativement la Région la plus complexe de France. Avec un enchevêtrement de structures. Je pense qu’il faut aller vers une simplification, que l’on redonne de la lisibilité, que l’on réduise le nombre d’échelons. Cela ne peut être enclenché que durant le début du mandat présidentiel. Il faudrait que l’on arrive à un véritable régime de différenciation territoriale. Les besoins de l’Île-de-France ne sont pas forcément ceux de la Corse ou de la Bretagne. La réalité de la petite couronne n’est pas forcément celle de la grande. Il faut aboutir à une décentralisation potentiellement à la carte, avec une évolutivité des compétences des différents échelons. D’une manière générale, l’état doit se recentrer sur ses compétences régaliennes, sur ses missions de contrôle. Mais il doit lâcher la bride aux collectivités.
- LE TRAIN NE PERMET PAS JUSTE D’ALLER AU TRAVAIL. C’EST LE DÉBUT DU VOYAGE : AMANDINE MARTIN
INTERVIEW D’AMANDINE MARTIN, SECRÉTAIRE GÉNÉRALE ET DIRECTRICE DES RELATIONS EXTÉRIEURES DE SNCF TRANSILIEN PROPOS RECUEILLIS PAR VIANNEY DELOURME Qui sont les voyageurs qui empruntent les lignes Transilien aujourd’hui ? En Île-de-France, 83 % des déplacements sont réalisés par seulement 5 % de voyageurs fréquents. Le sujet des voyageurs occasionnels commençait à émerger du côté transporteur et la crise sanitaire a été un incroyable booster qui nous a permis d’élaborer une politique pour l’ensemble de nos lignes. Comment vous emparez-vous du sujet du tourisme local ? Cette thématique n’était jusque-là pas une priorité pour les grands acteurs du tourisme car la Région Capitale était avant tout tournée vers les voyageurs nationaux et internationaux. La crise sanitaire a indéniablement renforcé la tendance au « staycation ». De notre côté, après avoir rassuré nos voyageurs s’agissant des mesures sanitaires mises en œuvre pour les accueillir, nous avons essayé de valoriser le riche patrimoine de la région à travers son accès en train. Ce qui s’est traduit par la campagne CPasLoinEnTrain…Nous l’avons lancée très rapidement à l’été 2020 pour valoriser le patrimoine local. Le train met à la portée des Franciliens un grand nombre de lieux et d’espaces pour s’évader. Nous avons souhaité proposer à nos voyageurs des parcours qui mêlent aussi bien culture, nature et sport. Nous avons également partagé des circuits hors des sentiers battus, y compris pour des destinations comme Versailles, et mis en avant des partenariats comme à Poissy, où un parcours a été pensé entre la gare et la Villa Savoye [dessinée par Le Corbusier, ndlr] autour de l’architecture. En quoi le train est-il un levier du tourisme durable ? Remettre le train au cœur du tourisme, c’est participer à la construction d’un tourisme plus responsable. L’accès des sites en train est un levier de développement pour le tourisme durable ; c’est moins de voitures et donc de parkings, moins d’avions aussi. Pour autant, nous devons travailler avec les collectivités et les acteurs du tourisme aux derniers kilomètres, aux modes complémentaires au train pour penser le parcours du touriste de bout en bout. Car le train ne permet pas juste d’aller au travail. C’est le début du voyage.
- LE GRAND PARIS EST UN FORMIDABLE LABORATOIRE POUR INVENTER LA VILLE DE DEMAIN : RÉMI VIAL-COLLET
À L’IMAGE D’UNIVERSEINE, OPÉRATION EMBLÉMATIQUE, RÉMI VIAL-COLLET REVIENT SUR LA DYNAMIQUE DU GRAND PARIS ET SON IMPORTANCE POUR VINCI IMMOBILIER. À L’HEURE POST-COVID, CE PROJET EST UN PRÉCIEUX RESSORT POUR RELANCER L’ACTIVITÉ ET QUESTIONNER L’IMMOBILIER DE DEMAIN. Quel est le cœur de métier de VINCI Immobilier ? VINCI Immobilier a pour ambition de rendre la ville de demain possible. Aujourd’hui, cela résonne tout particulièrement et nous « oblige » à accompagner les grandes mutations que la crise accélère. C’est vrai des usages en intégrant les nouvelles façons d’habiter, de travailler et de se déplacer, de l’attractivité des territoires en créant des quartiers équilibrés où chacun a sa place et est bien logé et, bien sûr, en s’engageant pleinement dans la transition environnementale. Cette ambition, VINCI Immobilier la réalise en s’appuyant sur ses trois grands métiers que sont la promotion, l’exploitation et les services. Dans ce contexte, quelles solutions mettez-vous en œuvre ? L’innovation est la seule réponse possible pour concevoir les logements de demain – modulables et dotés d’espaces extérieurs – et repenser notre façon d’accompagner les collectivités. Des collectivités qui veulent à la fois lutter contre l’artificialisation des sols et la densification. Comment innovons-nous ? Nous commençons par l’essentiel : la satisfaction des clients en tendant vers le zéro réserve à la livraison. C’est tout l’engagement de l’offre VINCI Immobilier 4You, une première en France. Nous créons des services comme Student Factory, un concept de résidence étudiants 100 % digitale ou avec BIKUBE, notre nouvelle offre de coliving. L’innovation est aussi programmatique avec des produits mixtes où l’on refait la ville sur la ville comme le projet O’Cœur à Bagnolet, réalisé dans le cadre d’une opération de renouvellement urbain avec des logements, une résidence Student Factory, un hôtel et des commerces. Dans ces grands projets, nous nous efforçons de donner vie à la ville du quart d’heure, cette ville à taille humaine, expression d’une nouvelle urbanité et contrepied à l’étalement urbain. Car l’innovation est aussi environnementale en concevant des bâtiments bas carbone et en intensifiant le recyclage urbain. Justement, quels sont vos engagements environnementaux ? Ils s’inscrivent dans la trajectoire du Groupe VINCI qui s’est engagé à réduire de 40 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, à développer l’économie circulaire et le réemploi pour économiser les ressources et à préserver les milieux naturels. Deux exemples l’illustrent. À Saint-Denis, Universeine est un laboratoire de solutions durables avec le réemploi des matériaux, la réversibilité des bâtiments ou la création d’un corridor écologique depuis la Seine pour reconstituer des écosystèmes. À Suresnes, nous allons créer 8 000 m2 d’espaces verts dont 3 500 m2 de pleine terre sur l’ancien site de Philips que nous allons réhabiliter en favorisant la biodiversité, en réduisant la densité et les impacts du chantier, et en conservant la structure du bâti existant. Quelle est votre participation au sein du Grand Paris ? Le Grand Paris est un booster d’innovations et de projets. Nous y réalisons des résidences gérées avec OVELIA, Student Factory et BIKUBE, qui connaissent une croissance soutenue et qui participent à l’équilibre des quartiers. Nous menons des opérations de renouvellement urbain comme à Taverny, Nanterreet Viry-Châtillon, trois sites industriels que nous dépolluons et aménageons. Nos actions les plus visibles concernent les grands projets d’aménagement dont Universeine est le plus emblématique par sa taille, sa réversibilité anticipée, son ambition environnementale et sa destination avec le Village des athlètes. VINCI Immobilier est aussi impliqué dans l’aménagement des gares où il conçoit des quartiers entiers comme à Bagnolet, Asnières-Sur-Seine ou Drancy. Sources de fierté, ces projets préfigurent la ville de demain. Une ville équilibrée, attractive et durable à laquelle nous aspirons tous, élus, promoteurs et, surtout, usagers.
- PARIS A TOUJOURS ÉTÉ UNE VILLE AUDACIEUSE : EMMANUEL GRÉGOIRE
CONSERVER L’ESTHÉTIQUE DE PARIS SANS EN FAIRE UNE VILLE MUSÉE, NE PAS OPPOSER TRANSITION ÉCOLOGIQUE DES VILLES ET QUESTION DU LOGEMENT… EMMANUEL GRÉGOIRE DÉCRIT LES LIGNES FORCES QUI GUIDENT L’ACTION MUNICIPALE, À LA RECHERCHE D’UN DIFFICILE ÉQUILIBRE. LE PREMIER ADJOINT D’ANNE HIDALGO REVIENT ÉGALEMENT SUR LE « BIG BANG » DE PROXIMITÉ, SOUHAITÉ PAR LA MAIRE DE PARIS, LES CONSÉQUENCES DE LA PANDÉMIE ET LA PLACE DE LA CAPITALE DANS LE GRAND PARIS. PROPOS RECUEILLIS PAR JACQUES PAQUIER Esthétique de Paris, plan local d’urbanisme bioclimatique, réaménagement des voiries, Paris a entrepris de multiples chantiers de transformation avec quelles lignes forces ? Inscrire Paris dans la transition écologique constitue la priorité de notre mandature. Nous allons passer d’un plan local d’urbanisme à un plan local d’urbanisme bioclimatique et c’est un gros changement. Après la phase d’information préalable réglementaire, nous avons ouvert, le 12 avril, la première étape de la concertation. Jusqu’au 16 juillet, les habitants et les usagers de la Capitale – les Métropolitains notamment – ainsi que l’ensemble des institutionnels, associations et professionnels qui le souhaitaient ont pu se prononcer sur le diagnostic territorial établi avec l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur). Il permettra d’assurer la construction d’une ville plus inclusive, plus solidaire et plus durable face aux effets du dérèglement climatique. Parallèlement, avec Marie-Christine Lemardeley, adjointe à la maire de Paris en charge de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la vie étudiante, nous avons lancé les controverses urbaines, des grands débats universitaires avec des écoles françaises et internationales d’architecture et d’urbanisme. Nous prévoyons d’organiser une controverse par semestre. La première a porté sur le thème de la densité, autour de la question « Existe-t-il une densité idéale ? » et elle a jalonné la première grande phase de concertation, qui s’est déroulée le 15 juin dernier. Cet évènement traduit aussi notre volonté de mettre en valeur les travaux des étudiants et des chercheurs qui sont durement touchés par la crise sanitaire, sociale et économique. Quant à l’esthétique du paysage parisien, il est un enjeu crucial pour le rayonnement de Paris et plus encore pour la qualité de vie des Parisiennes et des Parisiens. Il est essentiel de préserver l’esthétique parisienne ! Ce qui ne signifie pas pour autant verser dans un conservatisme qui pourrait, à terme, faire de Paris une ville musée alors qu’elle a toujours été, au contraire, une ville audacieuse sachant s’adapter aux défis contemporains. Le « Manifeste pour une nouvelle esthétique parisienne », que nous rendrons public à la fin de l’année, se composera de trois documents. Tout d’abord, nous publierons un ouvrage de référence sur l’esthétique parisienne, dans le cadre de l’exposition « La beauté d’une ville » au Pavillon de l’Arsenal (qui a ouvert ses portes le 27 mai). Ensuite, nous produirons deux documents : l’un sur la transposition de nos réflexions sur l’esthétique parisienne dans les documents réglementaires de la Ville – le PLU, le règlement étalages et terrasses, voirie, parcs et jardins ou encore le règlement local de publicité ; et l’autre proposera un référentiel d’actions pour notre administration dans tous nos domaines d’intervention : végétalisation, pistes cyclables, mobilier urbain…Plus concrètement, ce guide montrera à quoi devra ressembler un pied d’arbre, une bordure de trottoir, la végétalisation d’un îlot… Comment concilier les impératifs de la transition écologique et du verdissement avec ceux de la construction de logements ? Tout d’abord, je ne crois pas qu’il faille opposer d’une part la transition écologique des villes et la question du logement qui est en fait une question sociale. La lutte contre le dérèglement climatique nous oblige à une transformation radicale et nécessaire du paysage urbain qui est aussi en cours dans toutes les grandes métropoles mondiales. La végétalisation, la débitumisation et le développement des mobilités douces métamorphosent déjà le visage de nos villes. Finies les skylines composées uniquement de béton, de pierre et de verre. C’est tout notre imaginaire de la ville qui est en train de changer. Le Pacte pour la construction représente une première étape. Il préfigure les grandes orientations du futur Plan local d’urbanisme bioclimatique et constitue un référentiel commun pour tous les acteurs de l’immobilier en les incitant à une approche plus vertueuse et citoyenne de la construction de logements. C’est une nouvelle façon de bâtir le Paris de demain autour de la végétalisation, de la sobriété énergétique et bas carbone. Paris a adopté un plan climat ambitieux. La rénovation du bâti – public et privé – doit répondre à notre objectif de trajectoire zéro carbone. Paris est à la pointe sur les sujets écologiques et nous devons nous montrer exemplaires en termes d’économie d’énergie. Comment la crise de la Covid a-t-elle confirmé et accéléré votre mobilisation pour faire de la Capitale une ville résiliente ? Cette crise aura été tellement dure et aura causé tellement de décès, de dégâts physiques et psychologiques sur le long terme ainsi qu’une telle explosion des inégalités qu’il est évident qu’il faudra saisir les opportunités qu’elle a générées. Nous avons tous vu collectivement émerger de nouvelles solidarités, de nouveaux usages, de nouvelles manières de travailler. La pandémie de la Covid-19 a aussi montré que la proximité était essentielle, que c’est à l’échelle de la ville du quart d’heure que nous devons penser nos politiques publiques. Nous devons penser dès maintenant le monde post-Covid et réfléchir au niveau mondial à la protection des écosystèmes et de la biodiversité, à la lutte contre les inégalités, à nos systèmes sanitaires. C’est d’ailleurs plus une nécessité qu’une opportunité. La crise sanitaire de cette année confirme l’importance d’outils d’urbanisme à même de rendre les villes résilientes et de répondre aux nouveaux usages urbains largement développés lors du confinement du printemps 2020. La densité doit être réinterrogée, les distances domicile-lieu de travail repensées, les services de proximité favorisés et les mobilités durables encouragées. Comment définiriez-vous la ville du quart d’heure ? La ville du quart d’heure offre la possibilité aux Parisiennes et aux Parisiens d’avoir à proximité tout ce dont ils ont besoin dans leur vie quotidienne, notamment en termes de services publics : espaces verts, accès aux soins, espaces culturels, infrastructures sportives... Nous avons déjà engagé une phase pilote d’ouverture des cours de récréation des établissements scolaires les week-ends afin d’offrir de nouveaux espaces de respiration et de jeux aux enfants et aux familles. La ville du quart d’heure, c’est aussi un changement d’échelle dans la décision publique. Anne Hidalgo a annoncé un big bang de la proximité. Il s’agit d’un déploiement simultané de plusieurs réformes qui concourent par leur ampleur à transformer radicalement l’organisation de la ville. Recentrer l’action publique parisienne à l’échelle des arrondissements, c’est faire de la politique publique de proximité. Quelle doit être selon vous, demain, la place de Paris au sein de la Métropole ? Depuis près de 20 ans, la participation de la Ville à la construction de la Métropole repose sur un triptyque : coopérations bilatérales, coopérations multi-acteurs et construction d’une institution métropolitaine spécifique à la zone dense qu’est l’agglomération parisienne. Ces trois pans complémentaires forment le socle d’une gouvernance partagée, de l’espace de discussion et de délibération indispensable au développement du projet métropolitain. Aujourd’hui comme demain, l’enjeu pour la Ville de Paris est de poursuivre et renforcer son action métropolitaine volontariste, en assumant son rôle de ville-centre ouverte sur le territoire métropolitain dans une optique de rééquilibrage. Afin d’améliorer et de recréer les liens entre nos territoires, nous engageons des politiques de coopération avec de très nombreuses collectivités métropolitaines. En avril dernier, nous avons ainsi adopté cinq nouvelles conventions de coopération avec Saint-Ouen, Saint-Denis, Plaine Commune et le département de Seine-Saint-Denis. L’une d’elles porte spécifiquement sur la transformation du linéaire des portes entre Paris et Plaine Commune. Notre but commun est de faire de ces lieux de nouvelles destinations métropolitaines, où la frontière du périphérique s’efface peu à peu pour devenir un lien entre nos territoires. Nous travaillons aussi au devenir du périphérique dans sa globalité, avec l’ensemble des collectivités métropolitaines, dans le cadre des Ateliers du Périphérique dont le Livre Blanc paraîtra à l’automne 2021, donnant ainsi des perspectives de transformation opérationnelle pour les années à venir. Un travail partenarial de transformation est d’ailleurs déjà largement engagé sur la porte de la Chapelle, notamment dans la perspective des Jeux olympiques et paralympiques de 2024. Au lendemain de la crise sanitaire qui a frappé notre pays et plus encore les grandes métropoles, le Grand Paris s’impose de plus en plus comme la juste échelle pour améliorer la vie quotidienne de ses habitants, que cela soit en termes d’apaisement des mobilités, de renaturation et de préservation de la biodiversité, de qualité de l’air ou de droit au logement pour toutes et tous. La création de la Zone à faibles émissions métropolitaine témoigne de ce changement d’échelle indispensable et d’une mobilisation collective inédite pour la lutte contre les pollutions. Paris est une ville qui se doit d’être accessible, ouverte et accueillante pour l’ensemble des habitantes et des habitants de la Métropole du Grand Paris. Nous avons une responsabilité métropolitaine indéniable que nous assumons par un rôle extrêmement proactif dans la construction du Grand Paris.
- PANAME, LOUEUR DE PRODUCTIVITÉ : NICOLAS PRUNIÈRES
CRÉÉE PAR ANNE ET NICOLAS PRUNIÈRES, PANAME REPENSE LE TRANSPORT TP DANS LE CADRE DE LA CONSTRUCTION DU GRAND PARIS. POUR RELEVER LE DÉFI, ILS MISENT SUR UN ÉQUILIBRE ENTRE 60 ANS D’EXPÉRIENCE ET DE MODERNITÉ, EN INJECTANT INNOVATIONS TECHNIQUES, DIGITALES ET ENVIRONNEMENTALES DANS UN SECTEUR TRADITIONNEL. Quel est l’ADN de Paname TP ? Nous voulons être un loueur de productivité pour nos clients, majors du BTP. Notre priorité est donc le service rendu que nous voulons performant en y apportant tout ce que la modernité permet en termes de traçabilité, d’efficience et de réduction de l’empreinte carbone du transport. Cela en utilisant à plein les innovations numériques. Nous avons ainsi développé, par exemple, une application qui permet une parfaite traçabilité de nos camions, une optimisation de nos itinéraires, une communication fluide avec nos chauffeurs et de la réactivité pour nos clients. L’application nous permet également une dématérialisation complète et instantanée des bons journaliers et bordereaux de suivi de déchets. Les conducteurs de travaux peuvent ainsi avoir une visualisation immédiate et numérique des flux : un véritable gain de temps. Quelles sont les spécificités de votre offre ? Nous disposons d’une flotte atypique de 100 moteurs avec des chauffeurs recrutés dans toute la France. Nous croyons fermement que le Grand Paris est un accélérateur et un catalyseur d’opportunités pour tous les Français. Notre baseline en dit long sur cette conviction : c’est la France toute entière qui est en train de construire sa capitale. Nous avons dans nos équipes des chauffeurs locaux, des quartiers que traversent le Grand Paris, mais aussi des chauffeurs de nos régions, en déplacement à la semaine. Nous disposons de chauffeurs expérimentés et des jeunes à qui nous avons fait passer les permis. C’est un projet sociétal fort que nous intégrons pleinement dans notre réalité opérationnelle. Il y a aussi le défi de la technologie, que nous relevons grâce aux partenariats noués avec Renault Trucks ou Michelin, pour lesquels nous sommes un laboratoire d’innovation. Notre flotte gasoil est équipée des dernières innovations Michelin et nos moteurs respectent l’exigeante norme Euro 6. Nous avons déployé par ailleurs, en lien direct avec nos clients, une flotte de véhicules au gaz pour les besoins des chantiers et des restrictions de circulation dans Paris intra-muros. Pour ces besoins particuliers, nous avons conçu, avec les constructeurs, des véhicules aux configurations spécifiques pour répondre précisément aux exigences de nos clients et de leurs donneurs d’ordre. Mais le vrai défi du Grand Paris dans notre secteur est de mener à bien tous les chantiers en ayant l’empreinte la plus faible possible sur notre environnement direct, et notamment en termes de nuisances pour les riverains. C’est pour cela que nous portons une attention particulière à la propreté des chantiers et de nos routes avec des rotations régulières de nos balayeuses haute pression. C’est aussi pour agir concrètement sur notre environnement que nous avons développé une offre de dépose et de collecte de déchets du bâtiment pour répondre aux obligations nécessaires et grandissantes de tri sur chantier et apporter une solution complète et concrète aux entreprises du BTP. Pour conclure, quel regard portez-vous sur le Grand Paris ? Le Grand Paris est une chance.











