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UN GRAND PARIS FEDERATEUR AU PROFIT DU DEVELOPPEMENT : VIRGINIE GROUSELLE

Virginie Grouselle, directrice des Entreprises au Crédit Agricole d’Ile-de-France décrit l’intérêt que représentent aux yeux du Crédit Agricole d’Ile-de-France les projets du Grand Paris pour renforcer l’attractivité régionale, après la pandémie, et accélérer les transitions en cours. La directrice du marché des entreprises du Crédit Agricole d’Ile-de-France fait le point sur le contexte actuel, notamment l’impact de la remontée des taux sur l’activité des acteurs de l’immobilier au sein de la Région Capitale.

PROPOS RECUEILLIS PAR LE MAG



Quel est le périmètre du marché des entreprises du Crédit Agricole d’Ile-de-France ?

Au Crédit Agricole d’Ile-de-France, le marché des entreprises couvre les sociétés qui réalisent un chiffre d’affaires supérieur à 15 millions d’euros. Les plus petites entreprises sont suivies par nos directions régionales. Nous sommes organisés en trois direc­tions de marché et nous adressons à toutes les entreprises, quel que soit leur secteur. Par l’intermédiaire d’une direction de la clientèle spécialisée, nous couvrons les investisseurs insti­tutionnels, les collectivités locales et le logement social, de même que les professionnels de l’immobilier, incluant les foncières, les promoteurs et les administrateurs de biens, qui constituent une clientèle très spécifique. Je pense en particulier à la gestion immobilière par les syndics, que traitent peu d’acteurs bancaires. Tout cela sur le périmètre de l’Île-de-France, avec la volonté d’accompagner nos clients dans leur développement, dans leur croissance organique ou externe, sur le territoire francilien mais aussi en France et à l’étranger. À ce titre, nous exerçons une activité importante de sécurisation des opérations, de trade finance à l’export, pour des entreprises que nous accompagnons également sur leurs couvertures de change grâce à notre salle des marchés. Nous disposons par ailleurs d’une direction des financements structurés, qui aide à la mise en place de financements adaptés à chacun de nos clients. Notre salle des marchés traite également des couvertures de taux, sujet qui redevient d’actualité avec la forte hausse enregistrée ces derniers temps.


Quel impact a eu la pandémie sur votre activité ?

Nous avons été au plus proche de nos clients fran­ciliens pendant la pandémie. Mais nous avons constaté qu’elle avait généré une certaine désaffection de l’Île-de-France. Le recrutement et la fidélisation des collaborateurs sont cruciaux pour nos clients entreprises, comme pour nous. Nous devons donc travailler ensemble pour conser­ver l’attractivité de l’Île-de-France. Les projets du Grand Paris, notamment liés aux projets d’infrastructure, qui vont améliorer considéra­ble­­ment les mobilités, sont très importants pour accroître la qualité du cadre de vie de l’ensemble des collaborateurs des entreprises implantées en Île-de-France. Le Grand Paris a, entre autres vertus, celle de fédérer l’ensemble des acteurs qui souhaitent œuvrer pour le développement de cette région. Pour attirer de nouveaux collaborateurs, la qualité de la desserte ainsi que le logement sont des conditions d’attractivité importantes. Nous avons ainsi financé la construction de 11 000 logements neufs au cours des trois dernières années auprès des promoteurs sur l’Île-de-France. Nous travaillons également avec les acteurs du logement social pour la construction mais aussi la réhabilitation du parc existant. Enfin, nous mettrons prochainement en place, avec les offices fonciers solidaires (OFS), les baux réels solidaires (accord tripartite entre le bailleur social, la banque et le particulier) afin de faciliter l’accession à la propriété de leurs locataires.


Quelles sont pour vous les autres dimensions des projets du Grand Paris ?

Au Crédit Agricole d’Ile-de-France, le Grand Paris est aussi un projet d’accompagnement des transitions en cours : transitions démographique, énergétique, révolution des mobilités, etc. Nous finançons donc en priorité des projets qui ont du sens au regard de ces évolutions, en nous inscrivant dans le long terme et en adéquation avec nos engagements RSE. Je citerai en exemple le financement de la géothermie ou du traitement des eaux usées, qui représente des montants conséquents. En ce qui concerne la géothermie, nous sommes intervenus récemment pour financer le réseau des communes de Champigny et Chennevières-sur-Marne. Nous avons, par ailleurs, financé le Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (Siaap), qui traite les eaux usées de neuf millions de Franciliens.


Quels sont vos engagements en matière de transition écologique ?

Le Crédit Agricole d’Ile-de-France s’est engagé à atteindre la neutralité carbone dès 2040 (2050 pour l’ensemble du groupe) ; 63 % de notre impact carbone est lié à notre Scope 3 (intrants) et c’est sans inclure les financements que nous accordons, particuliers ou entreprises. Nous sommes donc engagés dans l’accompagnement de la transition de nos clients. Nous conduisons des entretiens avec eux, de sorte d’évaluer leur maturité en matière environnementale, sociale et de gouvernance (ESG) afin de caler notre offre de financement sur leurs besoins. Pour nos clients entreprises, nous avons ainsi créé, par exemple, un écosystème de partenaires afin de les aider à mesurer leur bilan carbone, définir leur plan d’actions de réduction énergétique ou leur proposer des solutions d’ingénierie salariale et sociale visant à fidéliser leurs collaborateurs. Nous avons, par ailleurs, mis en place dans nos financements des critères extra-financiers qui nous permettent de nous positionner par rapport à la trajectoire de nos clients, de les challenger et de leur permettre de bonifier leur marge s’ils respectent la trajectoire qu’ils se sont fixée. En 2021, 700 millions d’euros de crédits ont été assortis de la mise en place de critères extra-financiers, soit 40 % de notre production de financements structurés. À terme, il sera probablement exigé des banques qu’elles disposent de davantage de fonds propres en face de financements classiques que pour des financements verts. Nous devons donc avertir nos clients que les conditions de leur crédit seront fonction de leur trajectoire en matière d’émission de gaz à effet de serre et qu’ils risquent même de rencontrer des difficultés à se financer s’ils ne se mobilisent pas suffisamment.


Quelle est votre action en faveur des professionnels de la santé ?

Nous sommes particulièrement attentifs aux questions d’accompagnement de la santé et notam­ment la lutte contre la désertification médicale. Nous avons créé un label « Santé by Crédit Agricole IDF » qui aide les professionnels de santé à s’installer en Île-de-France. Nous finançons aussi des maisons de la santé afin d’aider les profes­sionnels à réduire leur coût en mutualisant certaines fonctions. Cela montre notre attachement aux questions sociales, essentielles pour une banque mutualiste.


Vos clients promoteurs ont-ils subi une contraction de leur activité au cours des deux dernières années ?

Oui. Les permis de construire étaient difficiles à obtenir, notamment durant les différents confi­nements. Aujourd’hui, ils sont confrontés à la hausse du coût des matières premières, liée à la guerre en Ukraine, qui rend difficile la tenue des prix initialement fixés. Il est probable que certains projets auront plus de difficultés à assurer leur rentabilité si la hausse des prix se poursuit, celle-ci ne pouvant être répercutée indéfiniment sur les clients finaux. Ce risque plane davantage sur les nouveaux projets que sur ceux déjà lancés, qui suivent leur cours.


Quel impact sur l’immobilier tertiaire constatez-vous ?

Beaucoup d’entreprises se posent la question de savoir si elles vont conserver l’intégralité de leur parc immobilier ou le réorganiser pour le rendre attractif. Pour que les salariés reviennent au bureau, il faut que ces derniers soient agréables, permettent de fédérer un esprit d’équipe et bénéficient d’une bonne desserte. L’immobilier de bureaux va connaître des modifications.


Comment appréhendez-vous la hausse des taux actuels ?

Les acteurs économiques avaient perdu l’habitude de constater une hausse des taux aussi rapide, principalement provoquée par l’inflation. L’investissement va coûter plus cher, alors même que les entreprises ayant contracté des Prêts Garantis par l’État (PGE) vont devoir commencer à les rembourser. Ils représentent parfois des montants importants, sur des durées d’amortissement relativement réduites. À cela s’ajoute la hausse du prix des matières premières et du coût de l’énergie, qui pèse sur les marges des entreprises. L’ensemble de ces phénomènes pourrait freiner les investissements. L’incertitude réside dans la durée de ces tendances. Les prévisions sont difficiles à établir et dépendront fortement de l’évolution du contexte géopolitique et de la façon dont les banques centrales interviendront.


« Pour que les salariés reviennent au bureau, il faut que ces derniers soient agréables, permettent de fédérer un esprit d’équipe et bénéficient d’une bonne desserte. L’immobilier de bureaux va connaître des modifications »

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