top of page

THOMAS HANTZ, PRÉSIDENT D’ACTEURS DU GRAND PARIS

  • Photo du rédacteur: Valentin Waterlot
    Valentin Waterlot
  • 10 nov. 2021
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 7 janv. 2022

DIX ANS DE L’ASSOCIATION ET UNE TRANSFORMATION STRATÉGIQUE… LE PRÉSIDENT D’ACTEURS DU GRAND PARIS, THOMAS HANTZ, REVIENT SUR L’ANNÉE ÉCOULÉE ET MET EN PERSPECTIVE L’ENJEU PRIORITAIRE DU GRAND PARIS : CONJUGUER LOGEMENT ET ÉCOLOGIE.


PROPOS RECUEILLIS PAR LE MAG



MOBILISATATION GÉNÉRALE POUR LE GRAND PARIS DU LOGEMENT


Que retenez-vous de l’année écoulée pour ce qui concerne les Acteurs du Grand Paris ?


Notre association est un réseau qui réunit des professionnels issus des secteurs publics et privés avec l’objectif de contribuer au succès du projet du Grand Paris. Nous avons donc, autant que les circonstances l’autorisaient, continué à organiser des rencontres qui permettent de créer du lien, des échanges, des débats et des connaissances

interpersonnelles.


Le dernier grand rendez-vous de 2020 fut les « 24 heures du Grand Paris » que nous avons coorganisées avec Jean-Christophe Tortora, président de La Tribune, et Cédric Blanchet, président de la Chambre des notaires de Paris. Puis, dès le 9 juin 2021, nous avons reprisun rythme d’activités soutenu avec des dîners-débats qui ont rassemblé les présidents des grands syndicats franciliens mais aussi les professeurs Carlos Moreno et Patrick Le Galès puis le directeur général de Grand Paris Aménagement, Stéphan de Faÿ. La ministre Élisabeth Moreno nous a fait l’honneur d’être l’invitée de notre cocktail estival, le 20 juillet, sur le thème de l’égalité femmes-hommes et de l’égalité des chances en général. Des sujets majeurs pour l’avenir du Grand Paris !


Quelques mots sur la transformation de l’association et ses projets ?


Devant le succès grandissant de notre association et avec la date

anniversaire de ses dix ans qui se profilait [26 juin 2021], le Bureau d’Acteurs du Grand Paris a décidé d’engager une réforme en profondeur. Trois axes ont guidé notre action : vision, professionnalisation, transparence.


La vision, c’est de faire passer Acteurs du Grand Paris d’un réseau professionnel à une instance indépendante des parties engagées dans le projet mais travaillant en étroite collaboration avec chacune d’elles. Notre souhait est d’aller vers la production d’idées de manière transverse et multisectorielle car le Grand Paris est un projet complexe qui fait appel à toutes les ressources de ses territoires. La professionnalisation consiste à nous doter des moyens pour progresser, notamment des locaux et, je l’espère, l’embauche d’un ou plusieurs collaborateurs car, jusqu’ici, tout reposait sur le bénévolat et l’engagement des membres.


DEVANT LE SUCCÉS GRANDISSANT DE NOTRE ASSOCIATION ET SES DIX ANS D'EXISTENCE, LE BUREAU DU GRAND PARIS A DECIDÉ D'ENGAGER UNE RÉFORME EN PROFONDEUR.

Ce travail est en cours grâce, entre autres, au soutien précieux de nos partenaires : Yuman Immobilier, Crédit Agricole île-de-France, Vinci Immobilier, La Banque des Territoires, Rekeep France et Paname TP. La transparence, enfin, pour que chacun sache ce que font les Acteurs du Grand Paris, comment et avec quels moyens. Nous travaillons donc désormais avec un avocat, un expert-comptable et un commissaire aux comptes.


Quelle est votre vision de la relance ?

Dans ce magazine, nous avons voulu donner la parole à tous les membres qui le souhaitent pour partager leur vision de la sortie de crise et les projets qui permettront d’y parvenir. Et l’on voit que les réponses sont multiples, elles sont à l’image de l’énergie, des savoir-faire de toutes les structures. Collectivités, institutions et entreprises portent en effet des projets qui sont autant de solutions concrètes qui permettront de retrouver notre dynamisme économique, de favoriser la réduction des inégalités et de bâtir une métropole durable. L’enjeu maintenant, c’est de faciliter la mise en œuvre et le déploiement de ces solutions, de favoriser l’innovation. Des collectivités locales à l’État, les acteurs du Grand Paris au sens large ont besoin d’un souffle qui facilite la prise d’initiative.


Le Grand Paris du logement a été au cœur des travaux de l’association depuis un an…


C’est un excellent exemple pour illustrer ma réponse précédente. Je veux d’abord rappeler que l’État et les collectivités investissent massivement dans les transports publics. Le nouveau métro Grand Paris Express, mis en œuvre par la Société du Grand Paris, représente 35 milliards d’euros et la région Île-de-France, avec IDF Mobilités, investit 24 milliards d’euros pour moderniser les réseaux existants et pour les prolongements de lignes. Ce sont des montants considérables qui ne concernent pas que la seule dimension « transports ». En effet, la vision du Grand Paris consiste, notamment, à rebâtir la ville sur elle-même au droit des 68 nouvelles gares. Dans le livre du Grand Paris, le chapitre Transports est engagé, il faut maintenant faire le Grand Paris du Logement.


Oui, mais concrètement…


Concrètement, 1,2 million de personnes sont mal logées en Île-de-France, d’après la Fondation Abbé Pierre, et on compte 760 000 personnes vivant dans des ménages pauvres, d’après l’Observatoire de la mixité sociale. La Covid a eu des conséquences dramatiques dans les quartiers populaires où les habitats sont dégradés, mal isolés, les logements souvent surpeuplés, où les équipements publics manquent parfois. S’ajoutent à ces données alarmantes la baisse significative des signatures de permis de construire : seulement 20 119 ont été agréés en 2020 alors que les besoins sont immenses et que les parcours résidentiels demeurent bloqués. Il faut appliquer la loi Grand Paris qui prévoit de construire 70 000 logements par an et sonner la mobilisation générale pour le logement, en particulier dans les zones tendues. Les solutions existent, elles sont connues pour réussir enfin à doter l’Île-de-France des logements dont ses habitants ont besoin. C’est là une pierre majeure du pacte social et républicain !


J’ajoute que nous ne croyons pas au mythe de l’exode massif des Franciliens vers les campagnes. C’est vrai, chaque année, l’équivalent de la population d’une sous-préfecture quitte Paris mais principalement pour s’installer en petite couronne. Et l’Enquête globale transports montre que la région accueillera 1,2 million d’habitants en plus en 2030. L’urgence d’agir est imposée autant par la situation actuelle que par une vision à long terme.


Des voix s’élèvent contre la métropolisation. Qu’en pensez-vous ?


Nous lisons en effet, ici ou là, des prises de parole contre la métropolisation comme s’il s’agissait d’une politique publique comme une autre : « On envoie les gens en ville au détriment des campagnes. » Ce n’est pas la réalité. La métropolisation, ce n’est rien d’autre que la conséquence de la tendance mondiale et ancienne des humains à s’installer dans les villes. Le projet du Grand Paris vise précisément à organiser ce phénomène, à trouver des solutions pour structurer le développement de la métropole parisienne comme, d’ailleurs, les autres métropoles françaises qui s’organisent aussi. Ce n’est pas antinomique d’une politique d’aménagement volontariste des territoires français, notamment en matière industrielle.


Le dernier ouvrage de Laurent Davezies montre d’ailleurs très bien que l’état n’a jamais abandonné ses territoires comme son titre l’indique.


Tout en voulant moderniser le Grand Paris, l’État et les collectivités locales font un travail remarquable à toutes les échelles pour ne laisser aucun habitant sur le bord du chemin. L’économiste déconstruit dans ce livre la thèse d’une grande diagonale du vide, de cette « France périphérique » qui serait laissée pour compte par la puissance publique et où le vote extrême prospérerait. En outre les faits sont têtus : l’Île-de-France produit 32 % du PIB et n’en consomme que 22, soit environ les deux tiers ; cela signifie que, chaque année, 110 milliards d’euros de croissance sont créés dans le Grand Paris puis mis en en circulation au profit des autres régions de notre pays.


Vous rappelez souvent que le Grand Paris est un projet d’aménagement durable du territoire. Pouvez-vous nous en dire plus ?


La vision d’origine du Grand Paris depuis 2008, c’est de reconstruire la ville sur elle-même, de limiter l’étalement urbain et l’artificialisation des sols. C’est une approche planificatrice d’un urbanisme qui conjugue les nécessités du logement et de l’écologie. Cet urbanisme organisé, raisonné, c’est cela qui est écologique car il s’appuie sur une vision rationnelle et responsable quant à l’emploi des ressources naturelles ; c’est l’inverse du laisser-faire, de l’urbanisme au fil de l’eau tel qu’il existe depuis longtemps et qui a conduit à l’étalement mortifère des villes au plan environnemental. L’Île-de-France est d’ailleurs vertueuse en la matière puisque le dernier rapport du Cerema montre que, dans les 10 dernières années et malgré une population largement supérieure, notre région a artificialisé moins de sols qu’une métropole comme Rennes ou Dijon.


Avant d’être une loi d’urbanisation, la loi Grand Paris est d’ailleurs une loi de protection de l’environnement. Rien que sur le plateau de Saclay, elle sanctuarise 2 469 hectares consacrés aux activités agricoles et 1 646 hectares composés de forêts, cours d’eau, espaces naturels et rigoles contre 669 hectares à urbaniser. De même dans le nord, autour du Triangle de Gonesse, 100 hectares sont prévus à l’urbanisation sur une zone totale de 700 hectares classée en zone agricole protégée.


Le Grand Paris est donc connecté aux enjeux actuels de lutte contre le réchauffement climatique ?


Le Grand Paris a émergé dans le débat public au début des années 2000, c’est-à-dire juste après les accords de Kyoto de 1997 (COP3) et leurs mises en application en 2005. C’est à ce moment-là que Nicolas Sarkozy a voulu transformer la métropole parisienne de manière à ce que son développement soit enfin plus écologique.

L’idée, c’était d’ériger une ville post-Kyoto, moins énergivore, plus organisée, donc refondée sur elle-même. Le Grand Paris est un projet pionnier dont de nombreuses métropoles mondiales se sont ensuite inspirées pour leur propre développement urbain et écologique. En outre, tous ces travaux ont été précieux en amont de la COP21, aboutissant aux accords de Paris sur le climat, occasion durant laquelle le Grand Paris est apparu précurseur pour mobiliser les villes autour des enjeux climatiques.


En conclusion…


Au XIXe siècle, ce sont les Français qui bâtissaient le monde avec Lesseps, Eiffel, etc. Le Grand Paris a remis en lumière ce génie français de la ville, fait de savoir-faire, d’audace et d’innovation. L’esprit pionnier est partout ! Chaque membre de notre association, qu’il vienne du secteur public ou du privé, est tendu vers l’objectif de faire réussir le Grand Paris au service de l’intérêt général. Le Grand Paris est à mi-chemin, nous sommes prêts à amplifier l’effort collectivement !


Comments


bottom of page