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« SORTIR DE LA CRISE DU LOGEMENT EXIGE UNE MOBILISATION DE TOUS »

  • timotheedulud
  • 25 août
  • 6 min de lecture

Ministre chargée du logement auprès du ministre de l’aménagement du territoire, Valérie Létard détaille les leviers qu’elle entend activer pour sortir durablement de la crise du logement. Relance du prêt à taux zéro, reconversion des bureaux vacants, simplification des procédures d’urbanisme : elle plaide pour une action collective, structurée et territorialisée, portée par une alliance resserrée entre l’État, les élus locaux et les professionnels du secteur.

PROPOS RECUEILLIS PAR JACQUES PAQUIER


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Quels ont été vos principaux axes d’action depuis votre arrivée au ministère du Logement ?


Depuis mon arrivée au ministère, j’ai voulu impulser une action résolue, ancrée dans la réalité des territoires. Le logement se construit avec les élus locaux, les professionnels du secteur, les habitants eux-mêmes. Relancer la production, c’est d’abord redonner confiance à ceux qui construisent, réhabilitent, investissent. Plusieurs mesures fortes ont été mises en œuvre. L’accession à la propriété a été relancée avec l’élargissement du Prêt à taux zéro (PTZ) à tout le territoire pour les logements neufs, y compris les maisons individuelles. Dans l’ancien, il reste mobilisable en zones rurales, assorti d’un lien renforcé avec la rénovation énergétique. Récemment adoptée, la possibilité de réguler les meublés touristiques permet de redonner aux maires des leviers d’action, tout en rééquilibrant l’usage du parc locatif dans les zones tendues. Dans le même esprit, nous facilitons la transformation de bureaux vacants en logements, pour lutter contre la vacance et produire du logement sans artificialiser davantage les sols. Nous agissons aussi pour mobiliser le parc privé. J’ai lancé la mission sur le statut du bailleur privé, confiée aux parlementaires Mickaël Cosson et Marc-Philippe Daubresse. Elle vise à créer un cadre fiscal plus simple, stable et incitatif afin d’encourager l’investissement locatif durable en faveur de la location longue durée. Ses conclusions nourriront le projet de loi de finances pour 2026. Le logement social est, bien sûr, une priorité. J’ai signé avec le Mouvement HLM une feuille de route ambitieuse pour relancer la production, diversifier les formes d’habitat et accélérer la rénovation du parc. Être ministre du Logement, c’est répondre à des attentes concrètes, qui touchent à l’intime autant qu’à l’intérêt général. Agir pour le logement, c’est un engagement profondément pluriel. C’est pourquoi notre action est nécessairement collective, transversale et progressive.


Selon vous, quelles sont les conditions indispensables pour sortir durablement de la crise du logement ?


Sortir de la crise du logement exige une mobilisation de tous. Cette relance ne se fera qu’avec une cohésion nationale, en s’appuyant sur les collectivités territoriales et sur l’ensemble des acteurs du logement : bailleurs sociaux, promoteurs, entreprises du bâtiment, associations, professions immobilières et citoyens. C’est ce que je porte en allant à la rencontre des acteurs, au travers d’un « tour de France des Comités régionaux de l’habitat et de l’hébergement », auquel je participe dans chacune des régions, mois après mois. Ces instances permettent une véritable coproduction des solutions, au plus près des réalités locales, avec l’ensemble des forces vives du logement. Les préfets y jouent un rôle central pour accompagner les projets, débloquer les freins et adapter les dispositifs à chaque territoire. C’est cette alliance entre État, territoires et acteurs du logement qui nous permettra de relancer durablement la production, de répondre à l’urgence sociale, mais aussi d’engager les transitions écologique et démographique. Les premiers signaux de reprise sont là, mais nous devons continuer à avancer ensemble, dans une logique d’efficacité, de dialogue et de responsabilité partagée.


Quels dispositifs concrets avez-vous mis en place pour atténuer les effets de la crise du logement et soutenir les ménages ?


La crise du logement exige des réponses fortes et structurelles. C’est le sens des mesures que j’ai portées dans le cadre de la loi de finances pour 2025, avec un objectif clair : protéger les ménages, relancer la construction et soutenir les primo-accédants. Nous avons élargi, dès le 1er avril, le Prêt à taux zéro à l’achat de logements neufs, qu’ils soient collectifs ou individuels, sur tout le territoire. Ce dispositif permet désormais à davantage de ménages modestes et de classes moyennes d’accéder à la propriété, avec un soutien estimé à plus de 15 000 projets supplémentaires par an.


Nous avons également maintenu le PTZ dans l’ancien avec travaux, pour les zones rurales, car la revitalisation des territoires est une priorité. Pour accompagner les jeunes générations, nous avons facilité la transmission du patrimoine familial jusqu’à 300 000 euros par bénéficiaire, pour l’achat ou la rénovation d’un logement principal. C’est un appui concret à l’entrée dans la propriété. Enfin, nous avons décidé d’exempter les primo-accédants de toute hausse des droits de mutation votée localement. L’achat d’un premier logement doit être encouragé, pour fluidifier le parcours résidentiel des particuliers, mais aussi pour relancer l’activité des professionnels du secteur.


Comment réduire le temps des procédures résultant des demandes d’urbanisme ?


La proposition de loi de simplification du droit de l’urbanisme et du logement, présentée par le groupe LIOT et le député Harold Huwart, et qui a été adoptée par l’Assemblée nationale, apporte plusieurs réponses. Ce texte, soutenu par le Gouvernement et fruit d’un travail transpartisan, adapte certaines règles qui freinent la mise en œuvre des projets. Il s’agit d’apporter de la souplesse et de la lisibilité, sans jamais renoncer à la qualité de l’aménagement et de la construction.


Seront ainsi facilitées les modifications simplifiées des plans locaux d’urbanisme (PLU), de même que des dérogations ponctuelles au profit de certains projets, comme le logement étudiant ou la mutation des zones commerciales. Sera aussi ouverte la possibilité de recourir à un nouveau « permis multisites », qui permet de réunir et d’instruire en une seule fois les opérations complexes situées sur plusieurs sites. Enfin, le texte fournit de nouveaux outils pour rendre plus efficace le traitement des recours en matière d’urbanisme, afin qu’élus comme professionnels de projet soient plus rapidement fixés sur le sort de leurs projets.


Cette réforme renforce les moyens des collectivités. Nous améliorons l’accès des communes aux outils d’ingénierie, notamment aux établissements publics fonciers, afin qu’elles puissent mieux anticiper et structurer leurs projets d’aménagement. Ce texte a déjà été beaucoup enrichi dans le cadre de la navette parlementaire au Sénat. J’espère que le Parlement pourra le faire aboutir rapidement, car il permettra de débloquer les projets, de soutenir nos élus locaux et, surtout, d’accélérer la construction de logements là où les Français en ont urgemment besoin.


Face à la complexité du millefeuille territorial, quelles évolutions proposez-vous pour simplifier l’organisation administrative et accélérer les politiques du logement ?


La réorganisation de l’administration territoriale ne peut être pensée sans une clarification des compétences et un véritable pacte de confiance entre l’État et les collectivités. Face à la crise du logement, l’action publique doit gagner en lisibilité, en efficacité et surtout en réactivité. Je porte une vision claire : moins de verticalité, plus de proximité.


Cela passe par un rôle renforcé des préfets, en première ligne pour piloter les politiques de l’habitat au niveau territorial et pour accompagner concrètement les maires bâtisseurs. Ces derniers doivent être soutenus par des leviers simples, rapides et efficaces, qu’il s’agisse d’ingénierie, de financement ou de simplification réglementaire. Ainsi, l’aide aux maires bâtisseurs, dotée de 100 millions d’euros dans le cadre du Fonds vert, vise à accompagner l’arrivée de nouveaux résidents sur leurs territoires, en fonction des besoins. Sa répartition est à la main des préfets, pour leur permettre de mieux adapter cette aide aux contraintes et besoins locaux. Il ne s’agit pas de recentraliser, mais de mieux coordonner par une action publique partagée, lisible et fondée sur la confiance.


Zoom sur l’AMI qui vise à soutenir et accélérer les projets de transformation de bureaux en logements en Île-de-France


« L’adoption définitive de la proposition de loi portée par le député Romain Daubié marque une avancée décisive », rappelle Valérie Létard, ministre chargée du Logement auprès du ministre de l’Aménagement du territoire. « Cette loi donne aux collectivités et aux porteurs de projets des outils inédits pour lever les blocages trop souvent rencontrés : un permis multidestinations pour anticiper, dès sa conception, l’évolution d’un bâtiment sur vingt ans, davantage de souplesse, une facilitation des votes en copropriété, sans oublier les mesures fiscales que nous avons fait adopter dans la loi de finances pour 2025 et qui s’appliquent déjà. Nous avons fixé un cadre stable et prévisible pour agir vite et bien, et rassurer élus locaux comme porteurs de projet. »


Dans le prolongement direct de cette loi, la ministre du Logement a souhaité, en lien avec le préfet de la région Île-de-France, lancer un appel à manifestation d’intérêt (AMI). « Dans ce territoire où la tension sur le logement est particulièrement forte, 5,6 millions de mètres carrés de bureaux sont aujourd’hui vacants. Ce sont autant d’opportunités à saisir pour créer du logement, notamment social, dans les zones qui en manquent cruellement », argue Valérie Létard.


Cet AMI a deux volets complémentaires : d’une part, il s’adresse aux porteurs de projet, publics comme privés, pour accélérer les opérations ; d’autre part, il accompagne les collectivités locales – en particulier à Paris, dans les Hauts-de-Seine et en Seine-Saint-Denis – dans l’élaboration de diagnostics et de stratégies territoriales de reconversion. « Le temps n’est plus à l’expérimentation isolée, mais à la massification : nous souhaitons faire émerger rapidement des projets exemplaires, lever les obstacles réglementaires, encourager la sobriété foncière et le renouvellement urbain et, surtout, répondre aux attentes très fortes des Franciliens en matière de logement », assure la ministre.


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