Après avoir connu une baisse d’activité lors de la crise sanitaire, les aéroports parisiens ont retrouvé une dynamique de croissance des trafics passagers qui ouvre des perspectives pour l’emploi local.
Par Guillaume Ducable
Entre janvier et mai 2023, les aéroports parisiens auront accueilli quelque 25 718 514 passagers, soit une progression de +32,6 %, comparé à la même période en 2022. Certes, cette performance ne représente encore que 87,4 % du niveau qui était celui de l’avant-Covid en 2019, mais la dynamique engagée en 2021 se confirme. Le groupe ADP (Aéroports de Paris) estime même que le retour aux performances de 2019 est en ligne de mire et pourrait être atteint en 2024, avant d’être dépassé dès l’année suivante.
Après un redémarrage poussif enregistré au 1er trimestre 2022 (58,1 % du trafic de 2019), la plateforme de Paris–Charles-de-Gaulle s’était déjà rapprochée en fin d’année de sa performance d’avant-Covid (84,2 %) alors que l’aéroport d’Orly faisait déjà mieux qu’en 2019 (+105,4 %). Une dynamique liée à la reprise des trafics passagers, même si certaines destinations comme l’Asie, et plus particulièrement la Chine, n’ont toujours pas retrouvé leurs niveaux d’avant-Covid. Un signe positif de reprise essentiel pour ADP comme pour l’ensemble de l’écosystème aéroportuaire parisien qui a été lourdement impacté par la crise sanitaire et ses conséquences sur le trafic de passagers.
Le « Grand Roissy », 3e pôle économique derrière La Défense et Paris-Saclay
Sur le périmètre du pôle économique du « Grand Roissy », le nombre d’emplois a ainsi chuté de 12 % entre fin 2019 et fin 2021, comme le rappelle Jean-François Benon, directeur général du Comité d’expansion économique du Val-d’Oise (Ceevo). Ce territoire élargi accueille un peu plus de 272 000 emplois qui en font le troisième pôle économique d’Île-de-France derrière La Défense (565 000) et Paris-Saclay (427 000), mais loin devant Plaine Commune (160 000). « La plateforme Paris–Charles-de-Gaulle comptait à elle seule 84 480 emplois fin 2022 contre 94 000 en 2019 », explique le directeur du Ceevo. Dans le détail, la baisse s’est fait sentir dès la fin 2020 (88 000) pour atteindre un point bas un an plus tard (82 000). « Et, depuis, on est remonté jusqu’à 86 000 emplois fin 2022. »
Des chiffres qui soulignent l’importance des activités aéroportuaires pour le territoire « avec un pôle qui dépasse les limites du Val-d’Oise et qui s’inscrit davantage dans une logique de Grand Roissy », reconnaît Jean-François Benon. L’enjeu, alors que la reprise des trafics est là, est désormais de s’assurer queles conditions sont bien réunies afin que les acteurs économiques en lien avec le domaine aéroportuaire trouvent les conditions de leur développement. Comme le groupe de logistique Fedex, qui exploite depuis 1999 un hub à Roissy CDG ainsi qu’un second à Parisud et qui emploie à lui seul un peu plus de 2 600 salariés. « Il s’agit d’un employeur majeur qui crée tous les ans entre 200 et 400 emplois », assure Jean-François Benon.
Une dynamique de reprise fragilisée par l’« avion-bashing »
Après le trou d’air de 2021, l’emploi sur la plateforme du « Grand Roissy » est reparti à la hausse pour afficher, fin 2022, une progression de +5,3 %. Mais cette belle dynamique reste fragile et les acteurs parisiens de l’aéroportuaire craignent qu’elle ne soit enrayée par des phénomènes exogènes que beaucoup pointent sous le vocable d’« avion-bashing ». Un comportement qui tend à stigmatiser des activités accusées d’être fortement émettrices de CO₂ – le transport aérien est réputé représenter 3 % des émissions au niveau mondial – et qui fait de la réduction des trafics aériens une question de principe. Une solution qui, si elle était retenue, aurait un impact fort sur l’attractivité de la Capitale.
En 2020, Paris et l’Île-de-France ont été davantage touchées que d’autres territoires par le repli brutalde l’activité liée au tourisme, à l’événementiel ou encore au tourisme d’affaires qui sont une composante très forte de l’économie locale. Une conjoncture qui a alors fortement impacté l’emploi dans les plateformes aéroportuaires d’Île-de-France.
Premier employeur privé d‘Île-de-France avec près de 40 000 emplois (30 000 sur Roissy CDG et 7 000 sur Orly), la compagnie Air France a enregistré près de 8 000 départs volontaires en lien avec la crise du Covid. Avant 2019, l’activité de la compagnie générait plus de 230 000 emplois directs, indirects et induits sur le territoire et représentait plus de 3 % du PIB de la région Île-de-France. Soit 1,6 milliard de recettes fiscales et 1,8 milliard d’achats réalisés auprès d’acteurs économiques de la région.
Roissy CDG, un hub synonyme d’attractivité
En 2023, le groupe affiche une nouvelle dynamique d’embauches et prévoit près de 4 000 recrutements d’ici la fin de l’année. Une activité tirée par la progression des trafics passagers, notamment sur son hub de Roissy CDG qui offre une gamme de correspondances et attire les trafics internationaux depuis et vers Paris. En moyenne, près de la moitié des clients de la compagnie accueillis à Roissy CDG sont en transit pour prendre un vol long-courrier. Une offre rendue possible par l’attractivité de la destination « Paris ». L’enjeu est donc crucial pour le Groupe Air France qui réalise la moitié de son chiffre d’affaires à l’international, mais dont 90 % des emplois sont locaux, que ce soit sur la plateforme de Roissy CDG (Air France) ou bien à Orly (Transavia). Sans compter qu’en parallèle de son activité de transporteur de passagers et de cargo, Air France est aussi présent dans le domaine de la maintenance aéronautique à travers Air France Industries et ses quelque 7 500 emplois industriels localisés pour l’essentiel dans le périmètre du Grand Paris. Une activité pour le compte de sa propre flotte, mais également pour plus de 200 compagnies clientes.
Renouvellement de flotte, SAF et éco-pilotage au menu d’Air France
Les compagnies aériennes sont mobilisées pour réduire au plus vite l’impact de leurs activités. La décarbonation est une priorité d’Air France. Le premier levier d’action consiste donc à renouveler les flottes, ce qu’Air France a entrepris en engageant plus d’1,5 milliard d’euros chaque année pour disposer, à l’issue de la décennie, de 70 % d’avions de nouvelle génération comme les A220 et les A350. Transavia vapasser de son côté d’une flotte 100 % Boeing à une flotte 100 % Airbus, avec des appareils de la famille A320neo qui consomment moins que leurs prédécesseurs et réduisent l’empreinte sonore de 50 % !
L’autre voie de marge de progression se joue du côté des SAF, des carburants durables dont la filière se structure en France et notamment en Île-de-France. En 2022, le Groupe Air France-KLM était déjà le premier acheteur de SAF au monde. Enfin, Air France travaille déjà sur le terrain de « l’éco-pilotage », technique de vol qui vise à affiner les trajectoires ainsi que les déplacements au sol des avions, pour réduire les émissions de CO2 et les nuisances sonores. Autant de chemins d’amélioration quela compagnie, qui revendique son ancrage local, met en œuvre afin de démontrer qu’il existe un chemin équilibré pour limiter les nuisances tout en préservant les atouts d’une connectivité aérienne de grande qualité.
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