top of page

"Le modèle français de financement de l'eau est à bout de souffle"

  • timotheedulud
  • 15 sept.
  • 4 min de lecture

Marc Bonnieux, directeur général adjoint de SUEZ Eau France en charge de l’Île-de-France, s’inscrit dans la mouvance en faveur de la refonte du modèle de financement des services d’eau en France. Face au stress hydrique, à l’essor des polluants émergents et au renforcement de la réglementation dans un contexte de changement climatique et de préoccupations croissantes des usagers, SUEZ déploie des solutions innovantes en lien étroit avec les collectivités locales.


ree

Comment se structure l’activité de SUEZ Eau dans la région Île-de-France ?


Nous sommes présents sur l’ensemble du cycle de l’eau, de la captation jusqu’au traitement des eaux usées. En Île-de-France, nos 1 300 collaborateurs assurent la distribution de l’eau potable à près de 3 millions de Franciliens et le traitement des eaux usées. Nous opérons sur le terrain depuis plus de 130 ans.


L’eau est aujourd’hui au cœur de nombreuses préoccupations : réchauffement climatique, sécheresse, polluants... Comment SUEZ y répond-il ?


L’eau est sans doute l’un des premiers domaines à subir les effets du changement climatique : inondations, tempêtes, périodes de sécheresse prolongées... En même temps qu’ils impactent la qualité, ces phénomènes réduisent la disponibilité de la ressource et mettent en lumière l’apparition de stress hydriques à un niveau jusqu’ici inconnu en France.


Et sur le plan réglementaire ?


Nous entrons dans une nouvelle ère avec la transposition en droit français à venir de la Directive européenne Eaux Résiduaires Urbaines (DERU 2), la première depuis 1992, et une autre sur la qualité de l’eau potable. Ces évolutions réglementaires sont une bonne chose sur le plan environnemental et sociétal. Elles interviennent toutefois à un moment où la France accuse un retard important – de l’ordre de 15 milliards d’euros sur 5 ans – en matière d’investissement dans le renouvellement des infrastructures et des réseaux.

À ce besoin d’investissement, il convient d’ajouter une enveloppe conséquente pour faire face aux défis de la transition écologique et aux pollutions du milieu.


Que faudrait-il changer dans ce modèle ?


Le modèle de financement repose aujourd’hui essentiellement sur les volumes consommés qui sont en décroissance du fait des programmes d’économies mis en œuvre pour réduire la pression sur la ressource. Or, les coûts des services d’eau sont fixes à hauteur de 90 %. Nous plaidons pour une plus grande part de l’abonnement dans la facture, afin de sécuriser les recettes des collectivités et des opérateurs, et donc de pouvoir assurer la résilience des services.

Nous militons aussi pour une rémunération partiellement indexée sur des critères de performance : qualité de service, diminution des fuites, réduction des prélèvements dans la ressource... Enfin, il faudrait collectivement accepter qu’une hausse des tarifs est inévitable.


Comment ces enjeux se déclinent-ils localement ?


Nous avons été pionniers sur la réalimentation des nappes phréatiques avec nos usines du Pecq et de Flins-Aubergenville : l’eau de Seine est pompée pour recharger les nappes phréatiques via des bassins d’infiltration après décantation et filtration, afin de maintenir une réserve importante d’eau en qualité et en quantité, même en cas de sécheresse.

Sur la qualité, nous travaillons depuis plusieurs années avec les agriculteurs franciliens, notamment dans les Yvelines, pour réduire l’utilisation des intrants agricoles. Nous avons mis en place un système de paiement pour services environnementaux (PSE) afin d’accompagner les agriculteurs dans des pratiques plus durables.


Et sur la qualité de l’eau ?


Pour traiter l’eau potable, nos usines sont déjà équipées de traitements avancés, notamment au charbon actif, capables de traiter les micropolluants comme les pesticides ou les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS). Nous atteignons aujourd’hui 100 % de conformité réglementaire pour l’eau potable que nous distribuons.


Quel rôle avez-vous joué dans l’amélioration de la qualité de la Seine ?


C’est un chantier essentiel. Pour les Jeux olympiques, un travail de fond a été mené avec nos clients pour rendre la Seine baignable. SUEZ y contribue notamment via le pilotage en temps réel des réseaux d’assainissement, ce qui permet d’anticiper les épisodes pluvieux et d’éviter les rejets d’eaux usées dans le fleuve. À terme, il s’agit de pérenniser ces avancées.


Comment agissez-vous pour réduire votre propre empreinte carbone ?


En produisant une énergie locale et décarbonée. Certaines installations comme les stations de traitement des eaux usées, en digérant les boues issues de l’épuration, produisent du biogaz, transformé en biométhane. Ce biométhane est directement injecté dans le réseau de gaz public. Pour l’eau potable, le principal poste d’émission de CO2 est lié au chauffage de l’eau. Proposer des solutions pour réduire les consommations a donc un impact direct sur l’empreinte carbone globale du service. Enfin, notre centre international de recherche et d’innovation, le CIRSEE, basé en Île-de-France, travaille activement sur ces sujets.


Daniel Cacheux, agriculteur à Flins-Aubergenville, partenaire de SUEZ


« Ce contrat me permet de préserver l’eau sans pénaliser mon exploitation »


« J’ai 80 % de mes terres dans une zone de captage. Grâce au PSE (paiement pour services environnementaux) mis en place avec SUEZ, je suis rémunéré si je réduis mes apports de pesticides. On allonge les rotations de cultures, on implante des prairies temporaires et on adapte nos pratiques. C’est une incitation à bien faire. Ce type de coopération permet de préserver la qualité de l’eau tout en respectant notre réalité d’agriculteur. C’est un vrai contrat gagnant-gagnant. »


ree

bottom of page