« La QHSE est un outil de performance globale »
- timotheedulud
- 14 sept.
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Damien Le Fur, directeur QHSE de Rekeep France, défend une approche intégrée de la qualité, de la sécurité, de l’environnement et des conditions de travail. À l’heure où les chantiers du Grand Paris se multiplient, il détaille comment son entreprise s’adapte et innove pour conjuguer performance opérationnelle, santé des collaborateurs et décarbonation.

Damien Le Fur.
Rekeep est encore peu connue en France. Pouvez-vous en rappeler l’identité et les grands métiers ?
Rekeep est un groupe italien historiquement implanté dans les services aux bâtiments. En France, nous connaissons une forte accélération depuis quelques années, en particulier dans les métiers de la propreté. Nos deux grands domaines d’intervention sont, d’une part, les services aux transports (nettoyage de gares, bus, rames de métro ou de tramway) et, d’autre part, les établissements hospitaliers. L’hôpital Cochin, avec l’Hôtel-Dieu et la maternité Port-Royal, est notre dernier grand contrat et une vraie vitrine. L’entreprise est en croissance rapide et c’est dans ce contexte que j’ai été recruté pour structurer la stratégie QHSE (qualité, hygiène, sécurité, environnement).
Quel lien établissez-vous entre cette dynamique et les projets du Grand Paris ?
Le Grand Paris génère naturellement de nouvelles opportunités commerciales : de nouvelles gares, de nouveaux flux, donc potentiellement de nouveaux marchés pour nous. Mais, au-delà de l’aspect business, ce sont les effets systémiques qui comptent : la réduction des temps de trajet qu’offre le réseau améliorera concrètement la qualité de vie de nos collaborateurs. Aujourd’hui, un agent qui doit faire Nanterre–Saint-Denis met un temps fou. Demain, ce sera bien plus simple, ce qui facilitera aussi le remplacement en cas d’absence et renforcera l’agilité de nos équipes. Cette transformation nourrit notre réflexion organisationnelle.
Comment définissez-vous votre mission QHSE ?
Je pilote trois grands chantiers : la qualité de service (et donc la satisfaction client), la sécurité et la santé au travail, et enfin la stratégie environnementale.
Sur la qualité, il s’agit d’unifier nos pratiques à l’échelle nationale, de bâtir un système documentaire homogène, de mettre en place des processus orientés amélioration continue.
Sur la sécurité, je coordonne les actions de prévention.
Pour l’environnement, nous travaillons sur notre impact carbone, notre flotte, nos produits, nos matériels.
La QHSE est un outil de performance globale au service de nos agents comme de nos clients.
Quelles actions concrètes avez-vous engagées ces derniers mois ?
Plusieurs projets importants sont en cours. Nous avons notamment déployé à l’hôpital Cochin un procédé de nettoyage à l’eau pure, sans produits chimiques, sur certaines zones, ce qui réduit à la fois l’impact environnemental et l’exposition des agents à la chimie. C’est un exemple très concret de notre démarche QSE croisée : qualité, santé et environnement en synergie.
Nous avons aussi lancé un programme de prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS), en collaboration avec un cabinet spécialisé. Ce projet prend en compte la spécificité de nos métiers – nettoyage en milieu ferroviaire, travail de nuit, postures contraignantes – et inclut des expérimentations, comme les tests d’exosquelettes.
Justement, ces innovations sont-elles bien acceptées sur le terrain ?
Il y a toujours une phase d’appropriation. Mais nous testons avec pragmatisme. Un exemple : dans certaines stations de métro, le nettoyage des parois carrelées nécessite des mouvements répétitifs à hauteur d’épaule. Nous testons un exosquelette sur ce type de tâche, pour mesurer les gains en termes de fatigue et de prévention des TMS. Ce sont des expérimentations à la croisée de l’innovation et du dialogue avec les équipes de terrain.
En quoi votre fonction croise-t-elle les enjeux de qualité de vie au travail ?
Le QHSE ne remplace pas la fonction RH, mais nos actions conjointes QHSE/RH contribuent à l’amélioration de la QVCT. Nous agissons sur la formation à la sécurité, la prévention, le choix de matériel ergonomique ou encore les solutions de mobilité. La qualité de vie au travail est intégrée à notre réflexion, au même titre que la satisfaction client. C’est aussi un levier d’attractivité pour nos métiers, souvent méconnus ou sous-valorisés.
Et sur la décarbonation ?
Nous agissons sur plusieurs fronts. Notre flotte de véhicules est progressivement électrifiée et nous optons aussi pour des véhicules reconditionnés. Nous avons une réflexion identique sur le matériel avec le reconditionné/seconde main. Nous avons par exemple remplacé des appareils thermiques par des appareils électriques (nettoyeurs haute pression). Nous réduisons également l’usage de produits chimiques. Notre rôle, c’est aussi de faire des choix responsables, de conseiller nos clients et d’embarquer nos équipes dans cette transition.
Vous avez rejoint Rekeep récemment. Quelle culture d’entreprise y avez-vous trouvée ?
Une volonté claire de la direction générale d’investir sur la QHSE et la RSE comme leviers de transformation. Ce que je trouve différenciant, c’est cette compréhension sincère que ces enjeux ne sont pas seulement des obligations, mais des facteurs de performance, de valorisation de nos métiers et de fidélisation des équipes. C’est ce qui m’a convaincu de rejoindre le projet.
Rekeep en France
Acteur majeur des services aux bâtiments et infrastructures, Rekeep France est une filiale du groupe italien éponyme. En forte croissance, Rekeep France se spécialise dans les services de propreté pour les transports (RATP, gares, matériel roulant) et les établissements de santé (hôpitaux, maternités...). Son développement s’accompagne d’un engagement structuré en matière de qualité, d’hygiène, de santé et d’environnement (QHSE), au service de ses collaborateurs et de ses clients.




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