Data centers : anticiper pour mieux raccorder
- timotheedulud
- 14 sept.
- 2 min de lecture
Alors que les projets de data centers se multiplient en Île-de-France, RTE anticipe leurs besoins croissants en électricité et prépare leur arrivée. Vivien Molinengo, responsable des affaires publiques de RTE dans la région, revient sur cette dynamique et sur les actions mises en place pour organiser, avec les territoires concernés, leur accueil.

Pourquoi observe-t-on un tel engouement pour les data centers en Île-de-France ?
L’Île-de-France concentre aujourd’hui la majorité des demandes de raccordement de data centers reçues par RTE en France. Ce n’est pas un hasard : la région dispose d’infrastructures de télécommunication de premier plan, d’un tissu économique dense et d’ambitions en matière d’innovation et de numérique, comme l’illustre le projet du plateau de Saclay. À ce jour, 5 data centers sont raccordés au réseau de transport d’électricité en Île-de-France. Une trentaine d’autres sont en cours de raccordement et autant à l’étude. Cela montre à quel point la dynamique est forte et touche désormais l’ensemble du territoire francilien, y compris des départements jusqu’ici peu concernés, comme la Seine-et-Marne.
Face à cette demande, quels sont les enjeux pour le réseau électrique ?
L’enjeu est clair : dans notre rôle de raccordeur et compte tenu des objectifs publics en matière de décarbonation, de réindustrialisation et de souveraineté numérique, il s’agit d’accueillir, dans les meilleures conditions et avec la meilleure qualité de service possible, tout nouvel utilisateur du réseau qui en fait la demande à RTE, dont les data centers.
Concrètement, que met RTE en place pour répondre de façon efficace à cette dynamique ?
Nous avons notamment lancé une démarche innovante de mutualisation dans le sud-est francilien, sur une zone à cheval entre l’Essonne et la Seine-et-Marne. L’idée est de ne plus traiter les demandes les unes à la suite des autres, mais de concevoir d’emblée une architecture électrique globale pour accueillir l’ensemble des projets à venir. Une telle mutualisation doit améliorer l’efficacité du réseau, raccourcir certains délais de raccordement et limiter la gêne pour les territoires en phase travaux. Par ailleurs, nous avons co-réalisé une étude avec l’Institut Paris Region afin d’identifier des zones qui seraient pertinentes pour accueillir des data centers, en croisant notamment des critères électriques et relatifs au foncier. Ce travail se poursuit avec les services de l’État pour aboutir à une véritable stratégie régionale d’accueil.
Cette dynamique est-elle compatible avec l’objectif de décarbonation ?
Un des atouts de la France, c’est que la production d’électricité y est abondante et à 95 % décarbonée. À ce titre, implanter des data centers ici est plus vertueux que dans d’autres pays fortement émetteurs de CO2, sans oublier l’importance stratégique de la souveraineté numérique. Enfin, la question de la contribution potentielle du numérique à la décarbonation reste ouverte, comme l’a souligné France Stratégie dans une note d’analyse de 2024. Quoi qu’il en soit, les études prévisionnelles de RTE à moyen terme prennent en compte ces nouveaux besoins électriques et notre rôle en la matière sera de garantir que le réseau de transport d’électricité réponde à toutes les demandes au meilleur coût pour la collectivité et avec le moins d’impacts pour l’environnement.



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