Hélène El Aïba, co-directrice générale de l'Immobilier résidentiel chez VINCI Immobilier, détaille la stratégie de l'entreprise pour sortir par le haut de la crise qui touche le secteur de la promotion.
Quelle est la spécificité de VINCI Immobilier au sein du groupe VINCI ?
VINCI Immobilier, filiale du groupe VINCI, est un des principaux promoteurs nationaux.Nous intervenons principalement dans des zones déjà urbanisées ou artificialisées sur l’ensemble du territoire, avec une belle implantation en Île-de- France, et ce, dans les deux grands secteurs du marché : l’immobilier résidentiel (logements et résidences gérées) et l’immobilier d’entreprise (bureaux, hôtels, commerces), s’adressant ainsi aux investisseurs, aux institutionnels et aux particuliers.Nous nous positionnons comme un promoteur ensemblier, partenaire, citoyen et créatif.« Ensemblier », parce que nous assurons trois activités complémentaires, la promotion, l’exploitation et la prestation de services. Auprès des collectivités et des aménageurs, VINCI Immobilier est un partenaire informé, à l’écoute et proactif. Grâce à notre direction territoriale, avant chaque montage, nous nous interrogeons sur la manière de répondre aux besoins d’un territoire. De cette façon, nous optimisons l’acceptabilité des opérations en ayant comme unique objectif, créer une ville mixte et inclusive au service du vivre-ensemble et du lien social.
Comment l’activité de VINCI Immobilier s’inscrit-elle dans la vie de la cité ?
En cohérence avec les valeurs du groupe, VINCI Immobilier est impliqué en matière de responsabilité sociétale. Nous travaillons avec des acteurs de l’écono- mie sociale et solidaire, que ce soit pour le logement libre ou le logement social et nous proposons des solutions inclusives afin de concevoir une ville plus mixte et solidaire. Nous avons aussi à cœur d’être créatifs et innovants. Pour imaginer les montagesles plus adaptés, nous faisons preuve d’inventivitéet mobilisons une approche agile et pluri-experte.
Au quotidien, nous restons attentifs aux nouvelles niches de produits. En ce moment en Île-de-France, nous travaillons à la fois sur la transformation de bureaux en logements et sur la reconversion de friches industrielles. À cet égard, VINCI Immobilier est le premier promoteur à s’être engagé à atteindre le zéro artificialisation nette à horizon 2030. Nous sommes également très attachés à la qualité de nos opérations. D’ailleurs, VINCI Immobilier fait partie des promoteurs observant le moins de réserves à la livraison. Enfin, une singularité fait notre fierté : dans le cadre de la charte « 1 immeuble, 1 œuvre », initiée par le ministère de la Culture et dont nous sommes signataires, notre parc immobilier comprend un patrimoine d’œuvres d’art remarquables.
Comment analysez-vous la crise de la construction immobilière ?
Notre secteur traverse la crise la plus importante depuis les années 1990. Chez VINCI Immobilier, nous avons choisi de nous adapter aux nouvelles réalités du marché. Nous continuons à développer des programmes de bureaux, mais de manière plus mesurée et avec des approches innovantes. En matière de logement, nous faisons évoluer nos offres pour répondre aux attentes actuelles. Le prêt à taux zéro (PTZ) est particulièrement apprécié des primo-accédants et représente un levier important pour soutenir notre activité. Nous mettons un point d’honneur à maintenir un haut niveau de qualité architecturale et environnementale, renforçant ainsi notre crédibilité auprès des collectivités.
Quelle est votre lecture du Grand Paris ?
Le Grand Paris Express, dont le groupe VINCI est partie prenante, est une chance pour le développement de notre territoire et pour nos métiers. Avec cette nouvelle infrastructure, la métropole sera moins centrée sur son cœur et fonctionnera mieux dans sa première périphérie. À propos de sa gouvernance, ce n’est un secret pour personne, c’est aujourd’hui un mille-feuille administratif complexe. Si nous devions émettre un souhait, ce serait d’aller vers plus de lisibilité. Il faudrait que tous les acteurs se fédèrent pour faire en sorte que les projets sortent plus facilement, dans un esprit d’intérêt général.
En quoi les Jeux olympiques et paralympiques ont-il constitué une opportunité pour VINCI Immobilier ?
À Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), élément incontournable du Grand Paris, Universeine est un projet d’aménagement et de requalification d’une friche industrielle de 6,4 hectares d’où émergera un nouveau quartier de vie durable qui dynamisera le territoire. Cette opération réversible et bas carbone est conçue pour offrir deux vies à ce futur quartier. La première a été celle du Village des athlètes ; la seconde, dite« héritage », donnera vie à un écoquartier mixte et inclusif, qui accueillera près de 3 000 habitants et 3 500 salariés. Il s’articulera autour de 78 930 m2 de logements, 63 630 m2 de bureaux, 4 060 m2 de commerces, crèche et pôle médical.Développés selon des principes bioclimatiques, certains bâtiments du programme sont construits en structure ou façade bois et en béton bas carbone. Ils répondront à l’ambition d’atteindre un bilan carbone inférieur de 40 % à celui de bâtiments conventionnels, six ans avant l’échéance 2030 définie par l’Accord de Paris. L’opération offrira également un terrain d’expérimentation inédit au réemploi des matériaux de déconstruction.
À Saint-Denis, Universeine, projet d'aménagement et de requalification d'une friche industrielle de 6,4 hectares.
Avec quelles autres opérations vous positionnez- vous dans un paysage immobilier en mutation ?
Dans le Grand Paris, nous travaillons toute la palette du métier de promoteur. Avec l’immeuble WOW, rue de Clignancourt, dans le 18e arrondissement, nous menons une opération de recyclage urbain à grande échelle. Le projet tient d’abord à la valorisation patrimoniale de la façade des anciens grands magasins Dufayel et à l’impressionnante charpente métallique de type Eiffel.
L'immeuble WOW, rue de Clignancourt, dans le 18ème arrondissement de Paris.
Les nouveaux volumes accueilleront des espaces de travail hybrides et réversibles, une salle de spectacle, de nombreux espaces extérieurs et même un rooftop avec vue sur la basilique du Sacré-Cœur. C’est un actif que nous avons courageusement lancé malgré la crise.À Suresnes (Hauts-de-Seine), l’opération« Métamorphose » consiste à transformer un terrain situé en front de Seine et entièrement artificialisé à l’origine. Le programme comprendra près de 30 % de pleine terre, soit 3 700 m2 d’espaces verts, et proposera des logements, un hôtel 4 étoiles, une résidence de coliving Bikube pour les jeunes actifs, des commerces et une crèche. Compte tenu de l’emplacement, nous arrivons à séduire des acquéreurs à des prix attractifs. Autre succès commercial, à Bussy-Saint-Georges (Seine-et-Marne), au sein de l’écoquartier du Sycomore, nous avons récemment livré « Agora Parc II », un vaste projet résidentiel dans un style contemporain, pensé comme un trait d’union entre la ville et la nature, où une nouvelle centralité est proposée aux habitants. De beaux espaces paysagers se prolongent sur un parc arboré. Plusieurs services sont également proposés, comme un gîte urbain à disposition des résidents, une conciergerie ainsi que des voitures et des vélos électriques partagés. Le projet a même suscité la curiosité de Guillaume Kasbarian, alors ministre délégué au Logement.
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