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“CHRONO-URBANISME”, “CHRONOTOPIE” : LE TRIPTYQUE DE LA VILLE DU QUART D’HEURE : CARLOS MORENO

“CHRONO-URBANISME”, “CHRONOTOPIE” ET “TOPOPHILIE” : LE TRIPTYQUE DE LA VILLE DU QUART D’HEURE. INTERVIEW DE CARLOS MORENO, CO-FONDATEUR & DIRECTEUR SCIENTIFIQUE DE LA CHAIRE ENTREPRENEURIAT TERRITOIRE INNOVATION (ETI) À L’IAE PARIS-SORBONNE

PROPOS RECUEILLIS PAR JACQUES PAQUIER



Le scientifique-entrepreneur Carlos Moreno décrit le concept de ville du quart d’heure qu’il a inventé dans le sillage de la COP21 et qui est en train de connaître un succès mondial.


La ville du quart d’heure, dont vous êtes l’inventeur, c’est quoi ?


L’idée m’est venue après le COP21. À l’époque, tout le monde parlait du climat en 2050 et de l’objectif de diminuer de 40 % les émissions de CO2 dès 2030. Comme, dans les villes, les principaux émetteurs de CO2 sont les transports, je me suis dit alors que si l’on voulait réduire nos émissions de gaz à effet de serre, il fallait s’attaquer à la mobilité.

Pourquoi a-t-on besoin d’aller d’un point A à un point B, avec des trajets de 2 heures aller-retour, soit 10 heures par semaine passées dans les transports ? Avec des quartiers dortoirs, déserts le jour, parce que personne n’y travaille… et, à l’inverse, des quartiers d’affaires engorgés la journée et morts dès 18 heures. La clé est de quitter la mobilité obligatoire, contrainte, pour une mobilité choisie, de réfléchir à une manière de rapprocher les lieux de vie, de travail, de commerce, de culture, de santé et de loisirs.


Comment atteindre cet objectif ?


Si l’on arrive à offrir un maximum de services à proximité, alors on va se déplacer seulement parce qu’on le souhaite. J’ai lancé ce projet en 2015 et travaillé depuis sur des cartes géographiques. En créant différentes modélisations, je me suis aperçu qu’à proximité des lieux de domicile comme de travail, il existait une multitude de ressources physiques créées, entretenues, maintenues, qui ne servent en fait qu’une seule partie de la journée, période pour laquelle ils ont été mis en place. Le reste du temps, elles sont vides. On dispose donc d’une quantité énorme de surfaces inutilisées. Il faut soit réhabiliter ces bâtis et les ré-agencer de manière plus fonctionnelle, soit confier à une tierce personne des bâtiments déjà présents pour qu’ils servent à la ville. Nous avons vu également que plus on crée de la proximité avec les espaces où l’on peut se promener, acheter, pratiquer des activités culturelles et sportives, et plus les gens sont heureux. Ils sortent de l’anonymat, rencontrent enfin leurs voisins. Tenir compte du rythme de la vie, c’est ce que l’on appelle le « chrono-urbanisme ». L’utilisation multifonctionnelle des bâtis est ce que l’on nomme la « chronotopie ». Et le troisième pilier de la ville du quart d’heure correspond à l’amour des lieux, on appelle ça la « topophilie », ce qui provoque un attachement au quartier.


Quelles sont les transformations requises ?


Il faut récupérer des places publiques en les transformant en terrains de jeux pour les enfants, recréer des bancs pour les personnes âgées afin qu’elles se reposent, mettre en place des fontaines, favoriser les mobilités à vélo électrique, placer les mobilités urbaines à l’extérieur. Tout cela ne demande que très peu d’argent. Par exemple, il suffit d’ouvrir les écoles fermées le week-end et d’y organiser des activités. Autre exemple avec les discothèques : elles n’ouvrent dans le meilleur des cas que du jeudi au samedi de 22 heures à 4 heures du matin. On peut tout à fait les transformer en salles de sport en semaine. On obtient alors un nouveau service en utilisant la même surface, qui procure de nouvelles recettes ! L’idée est la même pour un café, dans lequel on pourrait notamment pratiquer l’apprentissage d’une nouvelle langue dans l’après-midi. Les clients seront plus nombreux que d’habitude. Et le patron pourra verser un pourcentage des recettes supplémentaires à l’association concernée. La ville du quart d’heure, c’est une économie de services dans laquelle tout le monde gagne !


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