EN CETTE RENTRÉE, ACTEURS DU GRAND PARIS ET LE GROUPE SOS S’ASSOCIENT POUR FAVORISER L’INNOVATION SOCIALE SUR LE TERRITOIRE MÉTROPOLITAIN. AU PROGRAMME DE L’ANNÉE 2022/2023 : UN RÉFÉRENTIEL ET UN PRIX POUR RÉCOMPENSER LES MEILLEURES INITIATIVES EN LA MATIÈRE.
PROPOS RECUEILLIS PAR STÉPHANIE PROUVOST.
A-t-on connu projet urbain plus ambitieux que celui du Grand Paris depuis les grands travaux du baron Haussmann au XIXe siècle ? Sa réorganisation urbaine a amélioré la qualité de vie de milliers d’habitants. Mais qu’en est-il du Grand Paris ? Évaluer ses programmes est essentiel pour savoir s’il remplit une telle promesse », estime Yohann Marcet, directeur général du pôle Expertises et Impact du Groupe SOS. C’est de ce constat qu’est né le projet de référentiel d’innovation sociale. Imaginé par Acteurs du Grand Paris et le Groupe SOS, son chantier sera lancé dès septembre 2022. Ses objectifs ? Renforcer les capacités d’innovation des porteurs de projet. Répondre à leurs besoins d’autoévaluation. Et soutenir les projets d’intérêt général sur la métropole. Une idée qui s’est imposée d’elle-même quand les chemins d’Acteurs du Grand Paris et d’Impact Tank du Groupe SOS se sont croisés au printemps 2022. « Nous avons réalisé qu’Impact Tank avait des talents pour décortiquer scientifiquement les projets. Et que nous, nous rassemblons des acteurs en attente d’évaluer l’impact de leurs actions », confirme Thomas Hantz, président d’Acteurs du Grand Paris.
Rassembler des acteurs complémentaires autour de la table
Le think tank dédié à la mesure d’impact – lancé par le Groupe SOS en partenariat avec la Croix-Rouge et des universités de renom telles que Sciences Po, l’Université Paris Dauphine-PSL ou le CNAM – entend réunir le monde de la recherche et le terrain. Au-delà des décideurs et financeurs publics et privés du Grand Paris, Impact Tank prévoit ainsi de faire appel à des sociologues, des ethnographes et des économistes pour apporter un éclairage pluridisciplinaire. De quoi aboutir à une vision 360 degrés de la mesure d’impact des projets de transformation des villes. La démarche se veut pragmatique : « Pas de grande idéologie. Nous souhaitons un outil efficace pour les acteurs du terrain », affirme Yohann Marcet. Émeline Stievenart, directrice scientifique de l’Impact Tank, considère d’ailleurs qu’il ne sera pas nécessaire de partir de zéro : « Nous commencerons par recenser toutes les études d’impact déjà menées au sein du Grand Paris. »
Faire toute la lumière sur les projets du Grand Paris
Passer de l’intuition à la preuve, c’est ce que proposera ce référentiel. Acteurs de l’immobilier, aménageurs, collectivités territoriales,… cela fait des années qu’ils ont la volonté de créer des projets plus inclusifs. Ils mettent des clauses sociales dans les marchés, embauchent en contrat d’insertion ou se rapprochent des acteurs de l’économie sociale et solidaire. Mais, in fine, personne n’est véritablement capable d’apprécier les effets de ces opérations. « D’autant plus que, parfois, des actions à première vue vertueuses ne le sont pas. À l’inverse, des actions qu’on sous-estime ont un fort impact de transformation. Nous souhaitons aider les porteurs de projet à évaluer le caractère vertueux de leurs mesures afin qu’ils tirent des conclusions objectives et améliorent leurs pratiques », confie Thomas Hantz. Impact Tank va regarder la vérité en face. « Il faut avoir l’honnêteté d’étudier les effets indirects collatéraux. Par exemple, si on survalorise un quartier, la population fragile se déplace vers le quartier d’à côté. Il faut aussi se questionner sur le ratio entre l’impact et les ressources mobilisées pour s’assurer de l’efficience d’un projet », explique Émeline Stievenart.
Un plaidoyer positif autour de l’innovation sociale
Le référentiel rendra lisible les actions qui ont fait leurs preuves. Nicolas Prunières, fondateur de Paname TP, gère sa PME avec conviction et peut s’enorgueillir d’un partenariat réussi avec Emmaüs Défi. Avec ce référentiel, il espère que « les grands groupes ne vont plus se contenter des critères de coût pour choisir des sous-traitants et qu’enfin les volets sociaux prendront du poids ». Thomas Hantz va même plus loin : « Aider les maîtres d’ouvrage à mesurer l’impact social sur des bases scientifiques rationnelles, c’est aussi un acte démocratique pour mieux rendre compte. » Les enjeux sociétaux et environnementaux actuels sont plus que jamais pressants. Il est temps de « porter, auprès des pouvoirs publics et des financeurs, la bonne parole sur l’urgence de financer les dispositifs qui marchent le plus », complète Yohann Marcet.
Les Prix de l’innovation sociale, dont l’appel à candidatures sera proposé en septembre 2022, devraient participer à prêcher les convaincus et inspirer les autres. Une manière de créer l’émulation et de suivre les pas du baron Haussmann. Tout le monde à pied d’œuvre !
Comments