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LES DÉPARTEMENTS APPELLENT À UN PARTAGE ÉQUITABLE DES GAINS DU GRAND PARIS EXPRESS


LES DÉPARTEMENTS FRANCILIENS DEVRAIENT PROFITER INÉGALEMENT DE LA DYNAMIQUE GÉNÉRÉE PAR LE FUTUR MÉTRO. MAIS IL N’EST PAS TROP TARD POUR INVERSER LA TENDANCE ET RÉÉQUILIBRER LE PARTAGE DES GAINS. LES PRÉSIDENTS DES CONSEILS DÉPARTEMENTAUX NE MANQUENT PAS D’IDÉES.

PAR FABIENNE PROUX


Selon les territoires franciliens, l’arrivée du Grand Paris Express (GPE) est plus ou moins bien vécue. Ou dit autre­ment, le nouveau métro va énormément profiter à certains d’entre eux dont la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne, et beaucoup moins à d’autres en particulier le Val-d’Oise et la Seine-et-Marne qui vont en quelque sorte regarder passer le train sans pouvoir monter dedans.


Entre maillage complet du territoire avec des lignes qui relient banlieue à banlieue sans passer par Paris ou risque de relégation faute de pouvoir se raccrocher à la nouvelle infrastructure, « on ne voit pas les choses de la même manière selon que l’on est en petite ou en grande couronne », résume Olivier Capitanio, président du Val-de-Marne. Ce département sera le premier bénéficiaire de cette nouvelle dynamique, notamment avec l’extension de la ligne 14 jusqu’à l’aéroport d’Orly dont la mise en service est prévue pour les Jeux olympiques et paralympiques de 2024 (JOP).


« L’arrivée du GPE va révolu­tionner le Val-de-Marne »

Olivier Capitanio, président du Val-de-Marne.


« L’arrivée du GPE va révolutionner le Val-­de-Marne », assure ce dernier, ajoutant que son territoire va de plus profiter de l’arrivée simultanée du tramway T9 (Choisy-­Orly), du TZen 5 (ligne de bus entre le 13e arrondissement et Choisy-le-Roi) et du « Câble 1 », premier du téléphérique francilien (Créteil/Villeneuve-Saint-Georges). « Le GPE devrait également permettre à des secteurs faiblement dotés d’un point de vue économique de pouvoir se développer, car les entreprises s’installent dans des zones bien desservies en transports en commun, ce qui devrait à l’avenir concerner toutes les villes », souligne de son côté Georges Siffredi, le président des Hauts-de-Seine, citant en exemple la ligne 10 du tramway qui a attiré l’implantation du siège France de Lidl sur le quartier LaVallée à Châtenay-Malabry.


« Réduction des inégalités »

Pour Stéphane Troussel, l’avenir se présente aussi sous d’excellents auspices. « Compte tenu de l’ensem­ble des grands projets qui l’attendent, la Seine-Saint-Denis bénéficie d’une dynamique de transformation incomparable par rapport au reste de l’Île-de-France : GPE, JOP, opérations de rénovation urbaine, campus Condorcet… », énumère le président de ce dépar­tement qui va dès lors connaître de profondes mutations tant économiques que sociales et culturelles, mais aussi, espère Stéphane Troussel, une «réduction des inégalités».


« Je paie pour sa réalisation sans avoir aucun retour de la politique d’aménagement du territoire qui y est liée »

Jean-François Parigi, président de la Seine-et-Marne.



Tout l’enjeu consiste en effet à faire du GPE un vecteur de rééquilibrage des acti­vités en Île-de-France pour gommer les disparités territoriales. Mais il ne se suffira pas à lui-même.

« Nous sommes au milieu du gué », estime François Durovray. Le président de l’Esson­ne voit, dans le fait que le GPE permette une desserte fine de la première couronne, une potentielle opportunité pour la grande couronne, mais il redoute aussi qu’il ne devienne « un objet d’exclusion ». « Si cette dernière n’a pas la capacité de se connecter au réseau du Grand Paris et si elle subit de surcroit tant la ZFE (Zone à faibles émissions) sur le secteur à l’intérieur de l’A86 que la limitation de la circulation sur le périphérique, elle n’aura plus accès à Paris et sa périphérie immédiate », prévient-il, tirant « la sonnette d’alarme sur un vrai risque social si on ne retrouve pas l’ambition initiale du Grand Paris qui n’était pas limitée à la petite couronne, mais à l’ensemble de la région ». François Durovray, mais aussi ses collègues des Yvelines et de la Seine-et-Marne, Jérôme Bédier et Jean-François Parigi, militent en faveur de la création d’une « armature robuste de ligne de bus express » le long des autoroutes et des grandes voies de circulation avec des voies réservées. « Si on n’est pas capable de le faire et rapidement, nous serons face à une murail­le pour accéder à la zone dense », craint le président de l’Essonne.


« Un vrai risque social si on ne retrouve pas l’ambition initiale du Grand Paris qui n’était pas limitée à la petite couronne, mais à l’ensemble de la région »

François Durovray, président de l’Essonne.



Rester positifs

Plus mitigés que François Durovray et moins enthousiastes qu’Olivier Capitanio, Stéphane Troussel et Georges Siffredi, Jérôme Bédier et Jean-François Parigi préconisent d’accompagner le passage à des motorisations moins polluantes et d’élargir l’offre d’alternatives à l’autosolisme (covoiturage, autopartage). Mais tout en rappe­lant « l’intention louable et juste » du GPE, le président des Yvelines pointe également le risque de « fractures ». Aussi, il invite à veiller à un partage équitable des recettes fiscales et économiques que le nouveau métro devrait générer notamment autour des pôles gares. « La répartition de richesses doit pouvoir se faire de façon harmonieuse dans une dimension métropolitaine qui englobe la totalité de l’Île-de-France », estime Jérôme Bédier, rejoint par son collègue de Seine-et-Marne. « Ce qui me gêne dans le Grand Paris Express, c’est que je paie pour sa réalisation sans avoir aucun retour de la politique d’aménagement du territoire qui y est liée », déplore Jean-François Parigi, se voulant toutefois résolument optimiste. « La Seine-et-Marne n’accueille pas seulement les déchets et les déblais du Grand Paris Express, elle a de nombreux atouts à faire valoir. C’est l’image que je veux casser », prévient le président seine-et-marnais.


« La Seine-Saint-Denis bénéficie d’une dynamique de trans­formation incomparable par rapport au reste de l’Île-de-France »

Stéphane Troussel, président de la Seine-Saint-Denis.



ANTICIPER L’ARRIVÉE DU MÉTRO PAR DES POLITIQUES PUBLIQUES DÉDIÉES

Pour tirer au maximum profit de la dynamique générée par le futur métro, les présidents des conseils départe­mentaux d’île-de-France s’accordent sur le fait qu’il faut accompagner l’arrivée du nou­veau métro par des politiques publiques. Celles-ci prennent différentes formes selon les cas : des contrats de ville pour soutenir les projets des communes et un plan de développement des mobilités douces par le département des Hauts-de-Seine ; des actions en faveur de l’insertion, l’éducation et la formation des personnes les plus éloignées de l’emploi en Seine-Saint-Denis ainsi qu’une politique active sur l’habitat en réponse aux pressions sur l’immobilier ; une implication dans l’aménagement urbain en animant deux comités de pôle autour des gares du GPE et en présidant l’EPA Orsa (établissement public d’amé­na­ge­ment Orly Rungis – Seine amont).


« Le GPE devrait permettre à des secteurs faiblement dotés d’un point de vue économique de pouvoir se développer... »

Georges Siffredi, président des Hauts-de-Seine.



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