À MOINS D’UN AN DE L’OUVERTURE DES JEUX OLYMPIQUES ET PARALYMPIQUES (JOP) DE L’ÉTÉ 2024, MARC GUILLAUME, PRÉFET DE LA RÉGION D’ÎLEDEFRANCE, PRÉFET DE PARIS, DÉTAILLE L’ORGANISATION DES SERVICES PRÉFECTORAUX ET LES ACTIONS MISES EN OEUVRE POUR TENIR LES DÉLAIS ET LES CHALLENGES, DONT LA CÉRÉMONIE D’OUVERTURE SUR LA SEINE, MAIS AUSSI GARANTIR UNE FÊTE AUTANT
POPULAIRE QUE SPORTIVE.
Quel est le rôle de la préfecture d’Île-de-France et de Paris dans la préparation de l’accueil
des Jeux parisiens ?
Depuis de nombreux mois, les JOP 2024 sont l’élément majeur de l’activité de la préfecture d’Îlede-France du fait de la multiplicité des actions à mener pour leur bonne organisation. Nous sommes désormais en phase de concrétisation et donc la plupart de ces actions doivent se conduire sur le terrain. La livraison en temps et en heure des ouvrages est par exemple primordiale pour la préfecture qui est maître d’ouvrage de certains d’entre eux : le mur anti-bruit du Village des athlètes, le Carrefour Pleyel, les voies de circulation réservées du réseau autoroutier, tant provisoires que pérennes. Cinq cents personnes de l’appareil d’État en Île-de-France sont mobilisées.
Dans quelle mesure la cérémonie d’ouverture concerne-t-elle la préfecture d’Île-de-France ?
La cérémonie d’ouverture va amener une armada de bateaux de l’est à l’ouest parisiens pour transporter près de 10 000 athlètes. Aux 91 bateaux, et 25 de réserve, transportant les délégations s’ajouteront ceux dédiés à l’encadrement et à la sécurité, soit au total entre 140 et 170 bateaux dans la flotille. Cela se traduit par un important travail pour les services de la préfecture du fait de sa compétence de coordination de tous les acteurs sur le fleuve ; elle doit s’assurer du respect de la réglementation en vigueur relevant de la sécurité de la navigation, délivrer les autorisations de manifestations nautiques sur la Seine, vérifier les compétences des capitaines des navires et la conformité des bateaux, accompagner le déplacement temporaire et la relocalisation des bateaux logements se situant sur les zones de débarquement des athlètes. Il faut traiter ces questions inédites une à une pour que l’ensemble de la cérémonie soit un succès. En revanche, la sécurité notamment des spectateurs sur les quais hauts et bas, et celle concernant l’approche de cette zone relèvent de la compétence de la préfecture de police. La préfecture de région est toutefois en charge de la formation et de l’embauche des personnes nécessaires à la sécurité privée.
En quoi la sécurité privée consiste-t-elle ?
Elle concerne l’accès aux sites d’épreuves, mais aussi la sécurisation de diverses activités liées aux JOP. Plus de 13 000 embauches sont nécessaires en Île-de-France pour assurer ces fonctions essentielles. En lien avec Pôle emploi et la Drieets (Direction régionale et interdépartementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités), nous menons des actions très variées qui ont permis, en mai 2023, de réaliser 4 500 embauches et à 3 000 personnes de suivre une formation. Les 122 agences franciliennes de Pôle emploi sont mobilisées depuis septembre 2022 pour que chacune des entreprises ayant obtenu un marché des JOP soit en contact avec une agence qui puisse recueillir ses besoins et y répondre. Le plan s’adresse aussi à d’autres populations dont les étudiants, dans l’objectif de recruter de 2 000 à 3 000 d’entre eux. L’État a dégagé des crédits très importants s’élevant à 45 millions d’euros.
De quelle manière la préfecture participe-t-elle au plan baignade ?
Cet immense plan fait, en effet, partie des actions majeures de la préfecture d’Île-de-France dans le cadre de la préparation et de l’héritage des JOP. Le plan mobilise entre 1,2 et 1,4 milliard d’euros d’investissements dont près de 700 millions de la part de l’État. Il vise à financer une multiplicité d’actions : la mise à niveau des deux usines de Seine Valenton (Val-de-Marne) et de Marne aval à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) ainsi que de l’ensemble des infrastructures pour qu’elles soient fonctionnelles en temps de pluie ; l’adaptation des réseaux publics pour lesquels 300 millions de travaux sont prévus ; enfin la mise aux normes des milliers de branchements privés en amont de Paris pour dissocier les eaux pluviales des eaux usées.
En quoi ce plan contribue-t-il à l’héritage des JOP 2024 ?
On se baignera dans la Seine et dans la Marne dans les années qui suivront les Jeux. Il y a deux ans et demi, 2 % de la dépollution avaient été effectués. À l’été 2024, nous aurons fait plus que ce qu’il faut pour tenir les délais. En effet, plus de 75 % des travaux de dépollution totaux auront été réalisés. Ainsi, les deux compétitions de triathlon et de marathon pourront se dérouler sur la Seine à l’été 2024 à hauteur du pont Alexandre III. Reste le risque qu’un très gros orage se produise la veille ou l’avant-veille de l’évènement. Il est fort probable que, dans ce cas, les épreuves ne soient pas annulées mais décalées de quelques jours. Mais pour avoir des endroits de baignade à plus long terme, il faudra concevoir des sites dédiés, ce qui nécessite de traiter les problèmes de sécurité, de partager l’usage de l’eau avec les bateaux et les autres usagers.
Ces questions sont-elles spécifiques aux Jeux parisiens ?
Il est vrai qu’une cérémonie d’ouverture hors d’une enceinte sportive est une première dans l’histoire des JO. La dépollution du fleuve pour permettre la tenue d’épreuves de natation dans la Seine est aussi une spécificité des Jeux parisiens. Ceux-ci vont également s’accompagner d’une mobilisation populaire. Le gouvernement et les collectivités territoriales souhaitent que les JOP soient une fête populaire, ce qui implique de mettre en oeuvre diverses actions pour que, dans chaque département d’Île-de-France, des zones de célébration existent afin de permettre à l’ensemble des Franciliens de « vivre les Jeux ». Elles seront en accès libre et co-financées par l’État, la Région, la Métropole du Grand Paris et les collectivités territoriales.
À quoi servent les centres de préparation aux Jeux ?
Ce sont 119 communes d’Île-de-France qui ont candidaté pour faire partie des centres de
préparation aux Jeux (CPJ) et ainsi accueillir des délégations étrangères. Par exemple, Eaubonne (Val-d’Oise) hébergera la délégation américaine, Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) la délégation britannique, Fontainebleau (Seine-et-Marne) la délégation coréenne. Des villes vont également recevoir des fédérations étrangères : la boxe cubaine à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis) et l’escrime hongkongaise à Melun (Seine-et-Marne). Être CPJ est un levier pour susciter l’adhésion et la mobilisation des populations locales autour des Jeux. L’État essaie d’accompagner chacune de ces communes afin de leur proposer un dispositif d’aide pour leurs équipements sportifs, mais aussi de faire en sorte qu’elles puissent développer en même temps d’autres activités, notamment culturelles.
400
C’est le nombre de kilomètres de pistes cyclables qui ont été programmées pour accéder aux sites des d’épreuves olympiques ; 21 000 places de parking, dont le financement est réparti entre l’État et les collectivités locales, seront parallèlement créées.
216
L’Île-de-France compte 216 centres de préparation aux Jeux, représentant plus de 300 équipements sportifs et 61 disciplines olympiques et paralympiques, tous recensés dans un catalogue mis à disposition des 206 Comités Nationaux Olympiques et 184 Comités Nationaux Paralympiques du monde entier pendant l’Olympiade 2020-2024. (source : préfecture d’IDF)
« LA LIVRAISON EN TEMPS ET EN HEURE DES OUVRAGES EST PAR EXEMPLE PRIMORDIALE POUR LA PRÉFECTURE QUI EST MAÎTRE D’OUVRAGE DE CERTAINS D’ENTRE EUX »
LES GRANDS CAMPEMENTS ILLICITES EN VOIE D’EXTINCTION
L’État mobilise plus de 120 000 places d’hébergement chaque jour en Île de France, toutes catégories confondues. « Ce volume de places a beaucoup augmenté ces dernières années », souligne Marc Guillaume. « Cet engagement massif doit permettre d’apporter une réponse aux situations individuelles », poursuit le préfet de Région et de Paris. « En 2021, nous avons mené 28 opérations de mises à l’abri pour plus de 7 000 personnes et 19 en 2022 pour à peu près le même nombre ; depuis 2023, nous en avons mené 9 dont les 3 dernières concernent l’occupation des locaux de l’APHP à Victoria, un gymnase et le siège d’Unibéton en SeineSaintDenis. » Marc Guillaume se félicite du fait que « grâce à la régularité de ces opérations de mises à l’abri, il n’y a plus, depuis deux ans, de grands campements illicites de plusieurs milliers de personnes dans Paris et les départements franciliens comme cela a pu être le cas dans les années 2015/2020 ». Face à la spécificité du fait qu’un demandeur d’asile sur deux arrivé en France se rend tout d’abord en ÎledeFrance, la solidarité nationale joue désormais. Aussi, un certain nombre de ces personnes se voient proposer des places d’hébergement en province.
Comments