Trafic de stupéfiants dans la métropole, crack dans la Capitale, manifestations, sécurisation des Jeux olympiques 2024… Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, nommé en juillet 2022 après avoir été secrétaire d’État et coordinateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, revient sur ses principales actions et les résultats obtenus.
Propos recueillis par Stéphane Duguet
Quelles sont les missions de la préfecture de police qui vous ont le plus occupé en 2022 ?
Toutes ! L’institution préfecture de police joue un rôle majeur sur la sécurité en Île-de-France. D’abord, la responsabilité la plus visible du préfet de police, c’est l’ordre public et faire en sorte que les manifestations se passent bien. Cette année 2022 a aussi été, pour moi, la mise en œuvre des objectifs fixés par le ministre de l’Intérieur. Ils sont multiples, mais il y a une volonté forte de faire baisser la délinquance à Paris et dans les trois départements de petite couronne sur lesquels j’ai une autorité directe. Et ça marche. Par exemple, sur les quatre premiers mois de l’année 2023, par rapport à la même période en 2022, les vols avec violence reculent de 26 %, les cambriolages – et c’est une première depuis longtemps – de 3 %. Les violences aux personnes dans les transports baissent de 27 %. Mais il faut rester modeste parce que l’on a une délinquance qui est structurelement élevée.
Nous obtenons ces résultats en renforçant la présence de nos effectifs sur la voie publique et notamment dans les transports en commun, sécurisés, depuis août 2022, par 100 patrouilles par jour. Nous avons également des renforts d’unités de forces mobiles et je mobilise tous les policiers de la préfecture de police, en priorité dans les zones les plus criminogènes.
Concernant la lutte contre le trafic de stupéfiants, où en est-on dans la Métropole du Grand Paris ?
C’est un autre des objectifs fixés par le ministre Gérald Darmanin. Nous poursuivons le démantèlement des points de deal et des réseaux. Cette action comporte deux dimensions : un travail de voie publique, les policiers sont présents dans les territoires, et un travail d’investigation sur les réseaux. Nous comptions 513 points de trafic en 2020 dans l’agglomération, aujourd’hui, nous en dénombrons 348.
Parmi les différents trafics de stupéfiants dans la métropole, comment votre lutte contre le crack se poursuit-elle depuis l’évacuation, en octobre 2022, du campement du square de Forceval dans le 19e arrondissement de Paris ?
Depuis l’évacuation, il n’y a plus de campement de consommation à ciel ouvert. Il y a encore des consommateurs qui errent, les policiers les dispersent tous les jours. Nous travaillons sur deux axes : éviter que les consommateurs ne squattent l’espace public et arrêter les trafiquants. Notre action est très efficace puisque les vendeurs ont de plus en plus de mal à réaliser leurs ventes. Cela se traduit par une augmentation du prix des doses parce que le trafic est périlleux. Certains vendeurs renoncent aussi à exercer leur « activité » en France et partent dans d’autres pays européens. Mais nous avons conscience que pour nos concitoyens ce n’est jamais assez parce que le trafic restant crée des nuisances importantes.
Quelles actions supplémentaires pouvez-vous mettre en place ?
Sur le crack, la préfecture de police est au bout de ce qu’elle peut faire. Nous travaillons avec l’Agence régionale de Santé sur ce dossier. Il y avait un problème de trafic et de consommation sur la voie publique, je considère que nous arrivons au bout de l’exercice en termes de répression. Par contre, la prise en charge sanitaire et sociale monte en puissance. C’est un élément fondamental de la réussite de notre dispositif parce qu’il faut sortir les consommateurs de la rue.
Vous êtes aussi responsable de la sécurisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Avez-vous identifié des menaces particulières ?
Nous sommes dans la phase de préparation de la sécurité des sites, que ce soient ceux dédiés à la compétition, le Village olympique, le Village des médias, les sites de célébration ou la cérémonie d’ouverture sur la Seine. Protéger, cela veut dire assurer la protection périmétrique des lieux et lutter contre la délinquance à leurs abords. Parmi les menaces, il y a évidemment le terrorisme. C’est pour cette raison que nous prenons par arrêté des périmètres de protection, ce qui nous permet d’effectuer un certain nombre de contrôles. Mais la menace, c’est aussi une délinquance d’appropriation de personnes qui profiteraient de la venue de nombreux touristes, de spectateurs, d’athlètes, de staff, pour se livrer à des actes délictueux.
C’est un événement inédit… Combien d’effectifs allez-vous mobiliser ?
Du point de vue de la préfecture de police de Paris, les Jeux sont inédits parce qu’ils vont se dérouler dans toute l’Île-de-France, mais aussi parce que c’est la toute première fois que la cérémonie d’ouverture aura lieu en dehors d’un espace clos. Du côté des effectifs, nous aurons des renforts significatifs de toute la France. Rien que pour la cérémonie d’ouverture, au moins 35 000 agents des forces de sécurité intérieure seront mobilisés. Pour les journées des Jeux olympiques, la mobilisation va varier entre 12 000 et 45 000 policiers.
Après notamment les mobilisations contre la réforme des retraites de cette année, comment anticipez-vous d’éventuelles manifestations au moment des JOP en 2024 ?
Nous prenons les manifestations en compte. Évidemment, nous aurons des dispositifs qui nous permettront de gérer les cortèges. Mais, il faut avoir à l’esprit qu’il y aura des périmètres dans lesquels on ne pourra pas pénétrer. Et puis, il y a un temps pour tout : celui des manifestations et celui des Jeux olympiques qui seront un moment de fête et d’intérêt national.
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