PATRICK OLLIER, PRÉSIDENT DE LA MÉTROPOLE DU GRAND PARIS, DRESSE LE BILAN DE L’ACTION DE LA MÉTROPOLE DEPUIS SA CRÉATION. AVEC TROIS ÉDITIONS D’« INVENTONS LA MÉTROPOLE DU GRAND PARIS », LA MULTIPLICATION DES PROJETS, UNE POLITIQUE ACTIVE EN FAVEUR DU RÉÉQUILIBRAGE TERRITORIAL, DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE OU DE LA PRÉVENTION DES INONDATIONS, LA MÉTROPOLE, QU’IL PRÉSIDE, A PU AGIR SUR DE MULTIPLES FRONTS, MALGRÉ DES RESSOURCES CONTRAINTES. POUR PATRICK OLLIER, L’ADOPTION RÉCENTE DU SCHÉMA DE COHÉRENTE TERRITORIALE (SCOT) CONSTITUE UN SUCCÈS DÉTERMINANT POUR L’AVENIR.
Quel bilan tirez-vous de l’action de la Métropole du Grand Paris, que vous présidez depuis sa création ?
La Métropole du Grand Paris a été créée comme étant une intercommunalité de 131 villes et de 7 millions d’habitants. C’est la métropole des maires. Car, je le rappelle, ce sont les maires qui sont le mieux placés pour décider ce qui doit se passer sur leur commune. Ils ont engagé avec la Métropole des actions dans une multitude de domaines, en l’espace de cinq années budgétaires, alors que la plupart des autres métropoles existent depuis des années. Cela alors même que la loi a créé des conditions budgétaires très restreintes, nous privant des moyens nécessaires pour mettre en œuvre une grande partie de ce que nous pourrions faire. Ce qui ne nous a pas empêchés d’agir, loin s’en faut ! Nous avons rendu la Métropole lisible et crédible. En commençant par les appels à projets urbains innovants d’« Inventons la Métropole du Grand Paris ». Nous avons rencontré dans ce domaine, depuis trois ans, des succès exceptionnels, concernant une centaine de villes sur les 131 que compte la Métropole, en prenant en compte la 3e édition du concours. Cette édition comprend trois thématiques d’actualité : l’aménagement des quartiers de gare, la transformation de bureaux en logements et la reconversion des friches urbaines. Ces thématiques ont été pensées pour permettre de faire face à l’essor du télétravail, qui désertifie les centres-villes, et créer les logements dont la Métropole a besoin. Lors des dernières éditions du Mipim, à Cannes, tout le monde a salué la qualité de ces concours. Les aménageurs se pressent pour avoir accès à leurs différents sites. C’est un grand bonheur pour moi.
Pourquoi avoir créé un Fonds d’investissement métropolitain ?
Nous avons souhaité soutenir les communes dans leurs actions en faveur de la transition écologique, de la transition énergétique, du retour de la nature en ville. C’est ce qui nous a amenés à proposer la création d’un Fonds d’investissement métropolitain (FIM), qui fonctionne très bien. Nous venons de voter une vingtaine de millions d’euros de crédits à ce titre, pour 2022. La quasi-totalité des communes de la Métropole ont accès à ce fonds. Elles bénéficient ainsi de subventions qu’elles n’auraient pas par ailleurs. Nous avons engagé par exemple, dans le cadre du FIM, tout un programme d’électrification du parc automobile de nos 131 communes. Nous avons ainsi décidé que l’achat de véhicules électriques par les communes soit automatiquement soutenu par le FIM. Il n’y a pas une semaine sans que nous inaugurions un projet financé par ce fonds. Et il ne se passe généralement pas plus de 18 mois entre l’attribution d’une subvention et l’inauguration du projet concerné. Cela permet de sécuriser et concrétiser les projets des communes, la Métropole apportant le complément de financement dont celles-ci ont besoin.
« NOUS AVONS ÉGALEMENT VOULU AIDER LES COMMUNES DANS LA REQUALIFICATION DE LEUR CENTRE URBAIN, EN LES FINANÇANT À TRAVERS L’OPÉRATION “CENTRES-VILLES
VIVANTS”. »
Comment l’opération « Centres-villes vivants » fonctionne-t-elle ?
Nous avons également voulu aider les communes dans la requalification de leur centre urbain, en les finançant à travers l’opération « Centres-villes vivants ». Au total, 38 communes ont été financées depuis 2018 pour un montant total de 12,3 millions d’euros, sur la base de la loi sur la préemption des baux commerciaux, qui porte mon nom*. Nous proposons donc aux villes de préempter les baux commerciaux pour leur compte, de telle sorte que l’on puisse les céder ensuite à des commerces de proximité et que la Ville puisse réaliser les aménagements nécessaires à la requalification de son centre-ville, qu’il s’agisse de la réfection d’une halle de marché ou de la réalisation d’une rue piétonne. Nous travaillons d’ailleurs avec la Caisse des Dépôts à la création d’une foncière d’investissement, qui constituera notre outil pour effectuer ces démarches. C’est un apport de taille pour les communes, qui ne disposent pas toujours des ressources nécessaires pour financer ces acquisitions.
Quelles sont vos actions pour « recoudre » le territoire métropolitain ?
Nous avons lancé des opérations de financement d’une série d’équipements structurants. Nous venons d’assister, par exemple, à la pose de la charpente d’un franchissement en mode doux, une passerelle destinée aux piétons et aux vélos, qui va être adjointe au pont de Nogent. À ce jour, la Métropole finance 10 projets structurants pour un total de 67,6 millions d’euros Nous avons également lancé un vaste plan piscines, d’un montant total de 16,3 millions d’euros, avec un financement allant de 2 à 4 millions d’euros selon les cas. On constate en l’occurrence que deux tiers de l’ensemble de ces différentes subventions bénéficient aux communes de l’est et du nord de Paris, que ce soit au titre du Fonds métropolitain pour l’innovation numérique (FMIN), du FIM, de Centres-villes vivants ou du soutien aux franchissements et autres équipements structurants.
Quelles politiques mettez-vous en œuvre pour lutter contre la pollution ?
La Zone à faibles émissions (ZFE) de la Métropole du Grand Paris est en train de prendre forme, dans la mesure où l’État a enfin donné son accord sur la mise en place d’un prêt à taux zéro pour financer le reste à charge de ceux qui souhaitent remplacer leur véhicule thermique par une voiture électrique. C’est une excellente nouvelle. Cela fait plus de deux ans que nous bataillons pour l’obtenir. Pour les plus modestes, l’ensemble des aides s’élève en outre à 18 000 euros pour le remplacement d’un véhicule neuf et à 13 000 euros pour un véhicule d’occasion. Nous avons, par ailleurs, lancé un plan visant la création de 5 000 bornes de recharge pour véhicules électriques sur le territoire de la Métropole, grâce au dispositif Métropolis mis en place. Cela permet aux communes de disposer de bornes pour chacune desquelles Métropolis accorde 5 000 euros à la Ville. Nous œuvrons également en faveur de la nature en ville et de la biodiversité, en soutenant là encore les projets que nous apportent les municipalités dans ce sens. Je citerai également le Vélib’ métropolitain, qui fonctionne très bien, avec en parallèle le lancement d’un plan vélo métropolitain de 200 km de pistes cyclables réparties sur 8 lignes. Et un programme de rénovation énergétique très important afin d’accélérer le rythme de la transition écologique.
Quel sens donnez-vous à l’adoption par la Métropole de son Schéma de cohérence territoriale ?
Tous ces fronts se retrouvent dans le Schéma de cohérence territoriale (SCoT) que la Métropole a adopté récemment, avec 94,2 % des voix, qui est valable pour les 15 prochaines années et comporte en son sein l’ensemble des éléments dont je viens de parler. Mais aussi l’exigence de 30 % de pleine terre, qui est quasiment révolutionnaire, la désimperméabilisation des sols, le retour de la nature en ville, tout ceci fait partie des objectifs du SCoT. Cela fait entrer toutes les démarches que je viens de citer dans la réglementation constante de la Métropole. Ce qui représente une avancée considérable. L’adoption de ce schéma assoit l’action de la Métropole dans la durée.
Quelle est votre action pour lutter contre les inondations ?
Nous exerçons, comme vous le savez, la compétence de Gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations (Gemapi). Je suis également désormais président de l’Établissement public territorial de bassin (EPTB) Seine Grands Lacs. Je suis en train de lancer un projet qui va permettre d’indemniser les agriculteurs qui acceptent d’être sur-inondés, afin de réduire le niveau des crues à Paris. Il s’agit d’un programme de ZEC, zones d’expansion des crues, qui concerne à la fois l’Yonne, la Marne et la Seine. L’EPTB Seine Grands Lacs crée ces ZEC avec les Établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) qui sont maîtres d’ouvrage le long de ces cours d’eau. Les EPCI contribuent au financement de ces ZEC et, dès lors que survient une surinondation, les agriculteurs sont indemnisés grâce au produit de la taxe Gemapi de la Métropole.
« LE PROGRAMME DE ZEC (ZONES D’EXPANSION DES CRUES), DESTINÉ À RÉDUIRE LE NIVEAU DES CRUES À PARIS, CONCERNE À LA FOIS L’YONNE, LA MARNE ET LA SEINE.»
Vous allez doubler la capacité de rétention d’eau en amont de Paris…
Absolument. Les quatre grands lacs ont une capacité de rétention de 850 millions de m3 d’eau. Je veux aller beaucoup plus loin et faire en sorte que les EPCI situés en bord de l’Aube, de l’Yonne, de la Marne et de la Seine acceptent d’être eux-mêmes maîtres d’ouvrage de Zones d’expansion des crues, dans le cadre de ce qu’on appelle les PAPI, programmes d’actions de prévention des inondations. L’EPTB participera au financement de ces travaux et la Métropole signera des conventions avec les Chambres d’agriculture pour assurer l’indemnisation des agriculteurs, qui s’élève à 1 000 euros par m2 pour le casier pilote de la Bassée. Ce dernier permettra une réduction de la hauteur des crues de 10 cm. Avec les 8 autres casiers qui vont voir le jour, cette hauteur sera réduite de 30 cm. Avec l’ensemble des ZEC, ce sont donc bien 850 millions de m3 de capacité de rétention qui s’ajouteront aux 850 millions de m3 des quatre lacs. En ajoutant une baisse de 30 cm de niveau des crues à Paris, permise par les 8 casiers pilotes, on peut parier que, dans quelques années, le Zouave du pont de l’Alma n’aura même pas les pieds mouillés en cas d’intempéries. Je suis très fier de ce que l’on est en train de mettre en place à ce sujet.
Où en est le chantier du Centre aquatique olympique de la Plaine Saulnier ?
Nous tenons les prix, jusqu’à présent, même si la hausse du prix des matières premières nous a donné quelques inquiétudes. Des surcoûts, au final, liés à ces augmentations, semblent inévitables. Mais le chantier avance à vive allure. La passerelle piétonne reliant le futur Centre aquatique olympique, dont la Métropole est le maître d’ouvrage, au Stade de France donne au projet une forte visibilité et renforce le maillage territorial en créant du lien avec les Métropolitains. Il est important de rappeler que nous avons environ un mois et demi d’avance sur le calendrier initial.
*Loi de 2010 relative à l’urbanisme commercial.
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