L’enjeu pour Keolis est de retrouver les niveaux de mobilité d’avant la crise sanitaire ce qui requiert, comme l’explique Youenn Dupuis, directeur général adjoint en charge de l’Île-de-France de l’opérateur de transport, de convaincre les Franciliens d’adopter les transports en commun « vertueux d’un point de vue de l’environnement et du pouvoir d’achat ».
Quels sont les enjeux pour Keolis en matière d’offre de transports en commun en Île-de-France ?
Keolis participe au redémarrage de la mobilité collective des transports en commun dans la période post-Covid tout en tenant compte de l’évolution des usages et des besoins, ce qui constitue un véritable enjeu. Le télétravail, mais aussi les changements de modes de vie ont eu pour conséquences une explosion de la mobilité le week-end et des tassements du trafic certains jours et à certaines heures de la semaine. Contrairement à la province, l’Île-de-France n’a pas retrouvé ses niveaux de mobilité de 2019. En moyenne sur la région, la baisse de la fréquentation globale oscille entre -10 % et -15 %. Grâce à notre observatoire Keoscopie, qui compile un éventail d’études sur les comportements en matière de mobilité, nous arrivons à anticiper ces évolutions à court et moyen termes, et à adapter nos offres aux besoins des Franciliens. Et nous travaillons bien sûr avec Île-de-France Mobilités pour développer les services.
Comment cette offre évolue-t-elle ?
Nous étoffons le trafic des bus en grande couronne où il y a une vraie demande de voyages de banlieue à banlieue. L’offre en tramway s’accroît également avec la mise en service, en juillet 2022, du T13, la ligne de tram-train entre Saint-Cyr-l’École et Saint-Germain-en-Laye dans les Yvelines (18,8 km), et, d’ici fin 2023, celle du T12, qui effectuera le trajet de 20,4 km entre Massy et Évry-Courcouronnes dans l’Essonne. Premier tramway mis en concurrence par Île-de-France Mobilités, le T9 de son côté, qui relie depuis avril 2021 Paris à Orly, rencontre un véritable succès avec une progression de la fréquentation de 20 % entre les 1ers trimestres 2022 et 2023. Mais nous allons encore plus loin en proposant aux territoires franciliens des transports à la demande.
En quoi cela consiste-t-il ?
Toujours sous l’égide d’Île-de-France Mobilités, nous avons mis en œuvre une dizaine de lignes de bus fonctionnant de manière plus flexible, en soirée essentiellement. Sur une aire géographique de desserte avec des arrêts potentiels, lorsque les voyageurs montent dans un bus, ils choisissent leur lieu de descente et un logiciel détermine le meilleur trajet que le conducteur du bus va alors suivre. Notre leitmotiv est de proposer des transports fiables, fréquents et confortables pour convaincre les Franciliens que pour des raisons de temps, de confort et de pouvoir d’achat, il est préférable d’emprunter les transports en commun.
Quels sont les faits marquants de l’année 2023 pour Keolis ?
L’un des principaux faits marquants est sans nul doute que Keolis vient d’être désigné, par Île-de-France Mobilités, futur exploitant des lignes 16 et 17 du métro francilien. Ces deux lignes seront mises en service à partir d’octobre 2026. Le contrat, d’une durée de 7 ans, comprend également la gestion dès juin 2024, avant les Jeux olympiques de Paris 2024, de la gare Saint-Denis Pleyel. Nous pouvons aussi rappeler que Keolis a été sélectionné par Île-de-France Mobilités et le Comité d’Organisation des JO pour assurer le transport des 15 000 athlètes olympiques et paralympiques. Pour ce faire, nous allons mobiliser plus d’un millier de conducteurs franciliens, mais aussi d’autres régions.
Avez-vous réussi à résoudre les problèmes de recrutement qui impactent le secteur des transports publics depuis un an ?
Comme d’autres secteurs d’activité, par exemple l’hôtellerie et la restauration, nous avons fait face l’année dernière à des difficultés de recrutement dans nos métiers. Nos services fonctionnent quasiment 24 h/24 et nous devons donc trouver des organisations qui préservent les équilibres de vie de nos salariés, qui expriment de nouvelles attentes dans cette période post-Covid. Pour répondre à ces attentes, nous adaptons les rythmes de travail, nous accordons également des compensations salariales intéressantes et nous œuvrons beaucoup auprès des jeunes générations pour donner un sens à nos métiers de service public qui sont au cœur de la transition énergétique et écologique. L’idée est de ne pas se limiter à recruter mais également d’investir dans la formation. Ainsi, Keolis a ouvert en 2021 son propre CFA (Centre de Formation d’Apprentis), le Campus Mobilités Keolis, qui va former plus de 300 jeunes conducteurs de bus en 2023.
Quels sont les résultats de ces mesures ?
Notre effectif de conducteurs est désormais quasiment au complet en Île-de-France. Pour autant, il faut constamment maintenir l’effort pour faire face à la croissance de notre activité et assurer le renouvellement de nos effectifs. Nous recrutons donc environ 500 salariés par an. Grâce à l’abaissement à 18 ans de l’âge légal pour obtenir le permis « transport en commun », nous allons pouvoir ouvrir des CAP accessibles aux jeunes dès 16 ans, qui passeront leur permis dès 18 ans. C’est une vraie bouffée d’oxygène pour nos métiers.
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