LA TENDANCE DU TOURISME LOCAL N’EST PAS QU’UN SIMPLE EFFET DE MODE INDUIT PAR LA CRISE SANITAIRE. LES PROFESSIONNELS L’ONT BIEN COMPRIS : LE « STAYCATION » S’EST INSTALLÉ POUR DURER. RÉSULTAT, LE SECTEUR S’ORGANISE EN CONSÉQUENCE POUR STRUCTURER L’OFFRE FRANCILIENNE.
PAR MANON GAYET
Souvenez-vous du printemps 2020. Le programme se résumait à un numéro de jonglage entre télétravail, enfants, courses et sorties d’une heure chrono. Pas franchement de quoi recharger les batteries. Alors pas étonnant qu’une fois le déconfinement venu, le 11 mai, les Franciliens – les Parisiens en tête – se soient précipités dans les espaces verts (la carte des forêts d’Île-de-France accessibles en train, réalisée pour l’occasion par Enlarge Your Paris, avait totalisé 45 000 clics en mai, plus de 150 000 depuis un an). « Ils ont clairement pris l’air et assouvi leur besoin de nature en particulier dans les départements de grande couronne », confirme Emmanuel Blum, responsable de la communication interne et institutionnelle du Comité régional du tourisme (CRT) d’Île‑de‑France. Voilà de quoi désorienter les professionnels du tourisme ! Désormais, il convient de faire rêver les Grands Parisiens en quête d’évasion avec des balades à Provins, Fontainebleau ou encore le long du canal de l’Ourcq. Pour cela, le tourisme local a trouvé un allié inattendu : le télétravail. « Il est maintenant généralisé et organisé, ce qui est porteur pour toute l’industrie touristique », assure Guy Raffour, fondateur du cabinet Raffour Interactif, dont la dernière étude sur le tourisme et le e-tourisme en France vient de paraître.
Faire du « staycation », le nouveau réflexe des Grands Parisiens
Alors, cette année, pas question de se laisser prendre de court. Les pros du tourisme veulent prouver que oui, faire du « staycation » (contraction de « stay » et « vacation » en anglais, soit « rester » et « vacances ») aux quatre coins du Grand Paris, c’est trendy. « J’ai dormi dans un container à Saintry-sur-Seine (Essonne) par curiosité et c’était incroyable. Votre lit donne sur un étang avec des canards, des écureuils… Un petit coin de paradis ! », raconte, enthousiaste, Sandrine Kocki, l’une de ces touristes locales. Recenser les meilleures adresses pour une évasion grand-parisienne, c’est la mission que s’est donnée Anaïs Lerma.
La fondatrice du blog Parisianavores a lancé Les Escampettes en mars dernier, un site qui recense des idées de séjours à moins de deux heures de Paname. « Mes sélections les plus consultées sont celles sur les hôtels et chambres d’hôtes “kids-friendly”, les cabanes et hébergements insolites ainsi que les hôtels et chambres d’hôtes instagrammables », confie-t-elle. Mi-mai, la newsletter des Escampettes comptait déjà 4 000 voyageurs abonnés. Et Anaïs Lerma est sollicitée par des hôteliers pour promouvoir leur hébergement cet été auprès de cette clientèle tant convoitée.
Prendre le train… du tourisme durable
De leur côté, les transporteurs se positionnent également, à commencer par SNCF Transilien. « 40 % des 260 sites touristiques franciliens les plus importants sont à moins de 15 minutes à pied d’une gare Transilien. C’est ce patrimoine à portée de train que la campagne #CPasLoinEnTrain invite à explorer [en partenariat avec Enlarge Your Paris, ndlr] », explique Sylvie Lopez,cheffe de marché occasionnels et touristes pour SNCF Transilien. En limitant les déplacements et en favorisant l’usage des transports en commun, le tourisme local s’assure une place de choix dans le tourisme de demain, plus respectueux de la planète. « Le staycation démontre la résilience du tourisme quand il est localisé. En se réappropriant des espaces plus proches de chez soi, on contribue à cette notion d’éco-responsabilité », assure Frédéric Hocquard, adjoint à la maire de Paris chargé du tourisme.
Qui voyage près de chez lui ménage sa planète…
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