AU NOMBRE DE SIX EN ÎLE-DE-FRANCE, LES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS D’AMÉNAGEMENT PRÉSENTENT DES CARACTÉRISTIQUES PARTICULIÈRES SELON LEUR LOCALISATION, LEURS ENJEUX ET LEURS AMBITIONS PROPRES. ZOOM SUR CES VÉRITABLES BRAS ARMÉS DE L’ÉTAT QUI IMPULSENT LES STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT DES TERRITOIRES D’INTÉRÊT NATIONAL. PAR ELENA JEUDY-BALLINI
Depuis leur apparition dans les années 1960 pour bâtir les fameuses villes nouvelles, les établissements publics d’aménagement (EPA) ont vu leurs missions se diversifier et inclure notamment le renouvellement urbain. Pour leur compte, celui de l’État, des collectivités territoriales ou d’un autre établissement public, les six opérateurs et Grand Paris Aménagement peuvent réaliser des opérations d’aménagement ainsi que des acquisitions foncières et immobilières, mais également proposer une stratégie de développement économique de leur territoire et en assurer la coordination. De fait, les EPA sont des acteurs à part entière de la stratégie logement du gouvernement et contribuent, en outre, à l’accueil d’activités économiques. Leurs compétences se révèlent ainsi particulièrement précieuses en zones tendues. En Île-de-France, où l’État a toujours voulu garder la main sur l’aménagement, leur rôle est donc stratégique et les enjeux nombreux : une démographie croissante, l’évolution des usages, la nécessité d’une meilleure prise en compte des facteurs environnementaux et la sobriété foncière. Le tout en étant attentif au tissu local.
EPA Sénart
Les riches potentiels du sud-est parisien
Situé au sud-est de la métropole du Grand Paris, sur le territoire de Grand Paris Sud, l’EPA Sénart pilote l’aménagement et le développement de l’opération d’intérêt national de Sénart, composée des communes de Cesson, Combs-la-Ville, Lieusaint, Moissy- Cramayel, Nandy, Réau, Savigny-le-Temple, Vert-Saint-Denis (Seine-et-Marne), Tigery et Saint-Pierre-du-Perray (Essonne). « Le modèle historique de l’EPA était de polariser le développement de la frange sud-est de l’Île-de-France par un développement urbain organisé sur les terres agricoles acquises par l’État, qui a constitué au fil des années de très importantes réserves foncières », rappelle Aude Debreil, directrice générale de l’EPA Sénart. « Celles-ci s’élèvent encore aujourd’hui à 1 300 hectares. C’est un patrimoine unique qui recèle un important potentiel de développement. » Profitant de son excellente desserte autoroutière, le territoire s’est longtemps spécialisé dans la logistique. Ces dernières années et à la demande des élus, l’EPA a toutefois repositionné la stratégie économique en faveur de l’accueil d’industries et de la supply chain, et mis en place un ambitieux plan d’actions commerciales et de marketing territorial. « L’EPA crée de 800 à 1000 emplois nouveaux par an », indique Aude Debreil.

À Savigny-le-Temple, La restructuration du Miroir d’eau s’articule autour du repositionnement des bâtiments, la création d’une continuité commerciale et l’implantation du marché.

Le Carré Sénart est une polarité forte du territoire qui héberge 116 000 m² de commerces et 40 000 m² de bureaux.
Figurant au nombre des opérations les plus emblématiques de l’EPA, Le Carré Sénart constitue une polarité forte du territoire qui héberge 116 000 mètres carrés de commerces et 40 000 mètres carrés de bureaux, des services, un important pôle de loisirs et culture ainsi que des établissements d’enseignement. Une réalisation que l’établissement public entend bien accélérer. En matière de développement économique, le parc de l’A5, dédié à l’accueil de logistique XXL, représente également une réalisation d’envergure avec ses 500 000 mètres carrés de surface de plancher. À Savigny-le-Temple, le Miroir d’eau est la première opération de reprise complète d’un des plus anciens quartiers de la ville nouvelle. Cette réhabilitation de grande ampleur, à forte dimension environnementale, combine la reconstitution de commerces en pied d’immeuble avec la création de près de 400 logements. Fruit d’un solide partenariat entre l’EPA Sénart et la commune de Lieusaint, l’écoquartier de l’Eau Vive a été lauréat de l’appel à projets régional « Nouveaux quartiers urbains » et a reçu, en 2017, le label national du ministère de la Cohésion des territoires. « À l’heure de la loi climat et résilience et du ZAN, l’EPA Sénart prend le virage d’une densification raisonnée, de la recomposition de tissus existants et de la densification des quartiers de gare, tout en sachant qu’il ne dispose quasiment pas de friches sur son territoire », explique Aude Debreil. L’établissement public a pour cela missionné équipes d’urbanistes et paysagistes de renom qui l’accompagnent désormais : l’agence Devilliers et Associés, TGTFP et Sosson, l’agence TER et Architecture Studio avec l’agence de paysage Babylone. Par ailleurs, l’EPA Sénart aspire à contractualiser une nouvelle ambition avec l’État et les élus du territoire : celle de projets partenariaux d’aménagement.

« L’EPA crée de 800 à 1 000 emplois nouveaux par an »
Aude Debreil, directrice générale de l’EPA Sénart.
EPA Paris-Saclay
Paris-Saclay, écosystème de l’innovation
À l’issue du projet de développement d’un cluster technologique au sud de Paris en 2006 et du lancement du Plan Campus en 2008, l’EPA Paris-Saclay est créé par la loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris et chargé de superviser les travaux d’aménagement et le développement économique du cluster. Vingt membres le composent dont trois représentant l’État et dix les collectivités territoriales ainsi que sept personnalités qualifiées, nommées notamment par le premier ministre. Valérie Pécresse, présidente du Conseil régional d’Île-de-France, préside le conseil d’administration tandis que Philippe Van de Maele assure la direction générale. « L’État conduit à Paris-Saclay un projet global, qui s’étend sur trois agglomérations, Versailles Grand Parc, Saint-Quentin-en-Yvelines ainsi que Paris-Saclay, dans le département de l’Essonne », précise Philippe Van de Maele. La majorité des grandes opérations menées par l’EPA Paris-Saclay ont lieu sur les campus urbains qui font sa renommée. Celui de Palaiseau, par exemple, a été marqué par le développement de la ZAC du quartier de l’École polytechnique en 2013 qui a elle-même accueilli par la suite bon nombre de projets comme le Digihall, centre de recherche et d’innovation autour des nanotechnologies, l’Institut photovoltaïque d’Île-de-France, l’ENSTA ParisTech, l’EDF Lab, le Centre de nanosciences et nanotechnologies, etc. Sur le campus urbain d’Orsay ont été établis l’Institut des Sciences moléculaires, le Conservatoire à Rayonnement départemental mais aussi plusieurs résidences étudiantes et l’Hôpital Paris-Saclay, qui ouvrira mi-2024. D’une surface de 45 000 mètres carrés, l’établissement disposera d’une dizaine de salles de bloc opératoire, de services de médecine, de chirurgie mais aussi d’une unité dédiée aux maladies infectieuses, d’une unité de crise, d’un service d’urgences et d’une maternité. Le campus urbain de Gif-sur-Yvette accueillera, dès le dernier trimestre 2022, le nouveau centre international de recherche et d’innovation de Danone ainsi que le projet In’Cube, qui visera à accompagner la transformation des métiers de la recherche en alimentation.

Philippe Van de Maele, directeur général de l’EPA Paris-Saclay.
EPA Orly Rungis - Seine Amont
Dans le Val-de-Marne, on mise sur le recyclage urbain
Aux portes de Paris, l’opération d’intérêt national Orly Rungis - Seine Amont réunit 11 communes, des bords de Seine d’Ivry jusqu’à Orly. Créé en 2007, l’EPA ORSA poursuit les objectifs stratégiques identifiés par l’État : améliorer la lisibilité du territoire, renforcer l’économie, mieux loger la population et accueillir de nouveaux habitants, ou encore organiser le développement urbain autour d’une nouvelle offre de transports. Depuis 2017, l’établissement public est fédéré à Grand Paris Aménagement, une particularité lui permettant de mobiliser l’ensemble des expertises techniques de l’aménageur public francilien de référence. Autre spécificité de l’EPA ORSA : la majorité de ses opérations sont réalisées en recyclage urbain. Une volonté incarnée dans le projet des Ardoines, à Vitry-sur-Seine. « Il s’agit de l’une des plus importantes opérations d’aménagement en France », déclare Frédéric Moulin, directeur général de l’EPA ORSA. Actuellement desservi par le RER C, le site de 300 hectares accueillera, à horizon 2025, une gare du Grand Paris Express de la ligne 15 sud, le bus en site propre à haut niveau de service, TZen 5 et un nouveau franchissement des voies ferrées. Un quartier métropolitain sera développé dans une première ZAC établie autour de la gare des Ardoines, avec l’installation d’un pôle tertiaire et commercial. La ZAC Seine Gare Vitry accueillera, quant à elle, un tout nouveau collège ainsi qu’une programmation future à dominante résidentielle. « Cette opération étant en bord de Seine, la résilience aux inondations du quartier de la ZAC Gare Ardoines sera assurée et tous les espaces publics accessibles hors d’eau en cas de crue », assure Frédéric Moulin. S’étendant sur les villes de Thiais et d’Orly, la ZAC du Sénia prévoit la requalification d’environ 40 hectares de zone logistique en logements, équipements publics, bureaux, commerces et espaces verts. L’EPA prévoit aussi la création d’un réseau de rues et voies de circulation avec la mise en place de nouvelles continuités piétonnes et d’itinéraires cyclables. « Cette zone logistique à proximité du MIN de Rungis se développera sous la forme d’un nouveau quartier. L’opération Sénia crée un morceau de ville dans un secteur qui n’est pas urbain à l’origine. Il s’agira d’un quartier mixte avec des équipements d’envergure métropolitaine, desservi par la ligne 14 du métro dès 2024 », souligne le directeur de l’établissement public. En outre, plusieurs fermes urbaines voient le jour sur le territoire val-de-marnais.
À Ivry-sur-Seine, la première pierre de l’agro-cité Gagarine a été posée. « Près de 1 500 logements en renouvellement urbain y sont prévus », indique Frédéric Moulin. Trois hectares seront ainsi consacrés à l’agriculture urbaine en pleine terre, sur dalle et en toitures. « Notre volonté d’exemplarité sur la déconstruction témoigne de notre ambition environnementale », affirme le directeur général de l’aménagement de GPA. Un projet de renaturation des berges de l’Yerres à Villeneuve-Saint-Georges est également porté par l’EPA qui souhaite transformer cette zone inondable, aujourd’hui habitée, en une zone entièrement naturelle. Une partie sera accessible à la population tandis que l’autre constituera un espace naturel sensible. Un projet notamment subventionné par l’Agence de l’eau, la Métropole, le Département, la Ville, le Territoire, le SyAGE et la Région. Nature en ville, lutte contre l’étalement urbain, renforcement économique, gestion d’inondations potentielles : « Notre action répond à de vrais besoins », conclut Frédéric Moulin.
EPA Mantois Seine Aval
Équilibrer le développement du territoire yvelinois
Le long de la Seine, depuis la confluence avec l’Oise à l’est, au niveau de Conflans-Sainte-Honorine jusqu’aux portes de la Normandie à l’ouest, après Bonnières-sur-Seine, le périmètre de l’opération d’intérêt national Seine Aval couvre une cinquantaine de communes yvelinoises. Si L’EPA Mantois Seine Aval intervient surtout autour de trois polarités importantes (Mantes-la-Jolie, Les Mureaux et Carrières-sous-Poissy), il est aussi présent sur tout le département ; un territoire bénéficiant d’un cadre naturel assez riche (bords de Seine, coteaux, zones préservées, forêts, etc.) mais aussi désindustrialisé. « L’objectif premier de la création de l’OIN était la re-création d’emplois », veut rappeler Emmanuel Mercenier, directeur général de l’EPAMSA. « Notre action se focalise sur les friches industrielles où sont créés à la fois des quartiers d’activités et de l’habitat. » Un axe fort que l’opération Mantes Université (qui a bénéficié du fonds friches en 2021) symbolise de fait : la Halle Sulzer recevait les entreprises du même nom qui travaillaient sur des moteurs de bateaux transatlantiques. Pour l’EPAMSA, il s’agit de préserver l’ouvrage, véritable marqueur du territoire, et de le réhabiliter en y installant un certain nombre d’équipements dont un pôle universitaire. « Cette opération est en plein essor, il y a encore beaucoup à faire en création de logements, commerces de proximité et d’équipements associés, du type école, souligne Emmanuel Mercenier, d’autant que la gare Eole se trouvera à proximité immédiate des installations. En termes d’attractivité, cette ligne est fondamentale et irriguera tout notre secteur. »
Plus à l’est, la Boucle de Chanteloup s’articule autour des quartiers mixtes. L’EPAMSA vient d’ailleurs de lancer un lot en consultation promoteur : un démonstrateur bois pour lequel l’opérateur a demandé aux différents concurrents de proposer l’utilisation de hêtre normand, cheminant par le fleuve, et qui alimentera la future construction de ce lot d’environ 90 logements. « Nous souhaitons fortement déployer les éco-matériaux, la construction bio-sourcée et le bois », confirme Emmanuel Mercenier. Une aspiration illustrée notamment par l’Écopôle Seine Aval qui favorise le développement des éco-activités.

La Halle Sulzer sera réhabilitée par l’EPAMSA.
« Notre réflexion actuelle sur ce secteur élargi porte sur la renaturation, la compensation environnementale et l’exploitation d’une filière bois. Ce travail inclut également le fleuve et la volonté de rendre plus vertueux les moyens de transport et d’alimentation de nos quartiers. » Mixer une densification raisonnable et l’utilisation des friches pour bâtir afin de préserver les espaces agricoles et forestiers : telle est l’ambition de l’EPAMSA. Une démarche que le Conseil d’administration a souhaité renforcer en adoptant une charte de développement durable. « Nous jouons pleinement notre rôle, conclut le directeur général. L’EPA est un rouage essentiel de l’aménagement pour porter les orientations générales de l’État en les confrontant au prisme local porté par l’élu de terrain. Nous devons faire en sorte, à travers une large concertation, de rendre nos opérations acceptables pour les populations en axant fortement notre action sur le cadre de vie des espaces avoisinants, autour d’habitats de qualité, et en favorisant le déploiement d’activités créatrices d’emplois. »

« L’EPA est un rouage essentiel de l’aménagement pour porter les orientations générales de l’État... »
Emmanuel Mercenier, directeur général de l’EPAMSA.
EPA Marne/France
Dessiner les grandes lignes de l’urbanisation de l’est parisien
En dépit de leur appellation et de leur logotype commun, EpaMarne et EpaFrance demeurent deux entités propres répondant à des objectifs et à des périmètres d’intervention distincts. Créé par décret en 1972 dans le cadre du développement des villes nouvelles, en particulier celui de Marne-la-Vallée, EpaMarne couvrait à l’origine 21 communes de Seine-Saint-Denis et de Seine-et-Marne divisées en trois secteurs : Portes de Paris, Val Maubuée et Val de Bussy. « EpaMarne est né d’une volonté de l’État de développer la région parisienne vers l’est. Il s’agissait à la fois d’équilibrer la répartition de l’activité économique sur le territoire et de proposer des logements de qualité à proximité de cette activité, dans un cadre à la fois accueillant, agréable, et parfaitement connecté au cœur de ce qu’on n’appelait pas encore la métropole », explique Laurent Girometti, directeur général des EPA. En mars 1987, le projet prend un nouvel élan avec la création d’EpaFrance, spécifiquement chargé de l’aménagement du Val d’Europe autour du projet de Disneyland Paris. En décembre 2016, le territoire d’intervention d’EpaMarne s’est élargi à 17 communes supplémentaires. Le plan stratégique opérationnel adopté en 2019 par les deux conseils d’administration a identifié 6 défis : climat, nature, santé, cohésion sociale et territoriale, mobilité et innovation. Les établissements publics réunissent promoteurs et investisseurs en vue de réaliser les programmes nécessaires au développement du territoire sur des fonciers sécurisés. Leur action contribue également à attirer de nouvelles entreprises et à animer un écosystème favorable à l’innovation. « Notre métier est de construire la ville, la développer et la transformer de plus en plus (…), de répondre aux besoins d’aujourd’hui ou de demain, de penser le temps long et de chercher une âme dans l’aménagement », déclare Laurent Girometti.

Le projet The Link hébergera le futur siège social de Total à Paris La Défense.
De fait, à Villiers dans le Val-de-Marne, la ZAC Marne Europe amorce sa sortie de terre. « L’anti-Défense », comme aime à la nommer Philippe Hermet, directeur opérationnel d’EpaMarne, accueillera à terme près de 1 250 logements, 80 000 mètres carrés de bureaux, 17 000 mètres carrés de commerces ainsi que des locaux d’activité, équipements publics, lieux culturels, etc. EpaMarne réalisera en 2023 l’ensemble des voiries, des espaces publics, mais aussi l’esplanade des gares. Une poignée de kilomètres plus loin, à cheval entre Marne-la-Vallée, Champs-sur-Marne et Noisy-le-Grand, la Cité Descartes vise à devenir un quartier à part entière. Ce projet urbain prévoit la construction de logements, de bureaux, de commerces, de services et d’équipements publics reliant davantage le campus à la ville. À cette fin sera lancée la redynamisation de la ZAC de la Haute Maison, générant une mixité d’usages entre les habitants de Champs-sur-Marne et les acteurs du monde économique présents sur le secteur. Le 5 septembre, les EPA rejoindront ce véritable cluster de la ville durable. « Nous sommes à la fois très fiers des résultats obtenus et très “challengés” par ceux qui restent à obtenir, à un moment où la planification revient en force dans le discours et l’action publics. Il ne s’agit plus seulement de faire sortir de terre la ville nouvelle, mais de la réinventer », conclut Laurent Girometti.

« EpaMarne est né d’une volonté de l’État de développer la région parisienne vers l’est. Il s’agissait à la fois d’équilibrer la répartition de l’activité économique sur le territoire et de proposer des logements de qualité à proximité de cette activité... »
Laurent Girometti, directeur général des EPA EPAMARNE ET EPAFRANCE.
Établissement public foncier d’Île-de-France : 40 000 logements générés depuis sa création
Créé en 2006, l’EPF Île-de-France est devenu au fil des années l’opérateur foncier de plus de 350 collectivités franciliennes. Pour la seule année 2021, il a initié pour près d’un milliard de nouveaux engagements d’investissement au service du renouvellement urbain en Île-de-France, représentant un potentiel de 20 000 logements et 500 000 mètres carrés d’activités, pour un portefeuille d’investissement global qui s’élève à 6,8 milliards d’euros. Il est notamment l’opérateur foncier des villages olympiques pour les JOP 2024. Il est présent dans le périmètre de 68 gares du Grand Paris Express et a acquis, sur les 14 dernières années, 2,3 milliards d’euros de foncier et en a cédé pour plus d’un milliard d’euros. Depuis sa création, ses cessions de fonciers prêts à l’emploi ont généré la production de quelque 40 000 logements et l’établissement est à l’origine d’un logement commencé sur dix, dont 42 % de logements sociaux. Par ailleurs, il recycle les déchets de démolition et dépollue si nécessaire les terrains qu’il requalifie.
Présidé par Jean-Philippe Dugoin-Clément, vice-président du Conseil régional, et dirigé par Gilles Bouvelot, sa feuille de route stratégique 2021-2025 s’articule sur cinq axes :
produire jusqu’à 12 000 logements par an en 2025, soit une hausse de 30 % ;
contribuer à la relance économique et à la réindustrialisation ;
être un levier de la transformation écologique de l’Île-de-France ;
réduire les fractures sociales et territoriales ;
accompagner les collectivités dans la définition de leurs stratégies foncières.

« Près de 1 500 logements en renouvellement urbain sont prévus à l’agro-cité Gagarine »
Frédéric Moulin, directeur général de EPA ORSA.
EP Paris La Défense
Transformer le plus grand quartier d’affaires d’Europe
L’établissement public Paris La Défense n’est pas un opérateur comme les autres. Il est né au 1er janvier 2018 de la fusion de l’Epadesa et de Defacto, alors respectivement aménageur et gestionnaire du quartier d’affaires. Il réunit les missions d’aménagement, de gestion, de promotion et d’animation de Paris La Défense. « Nous sommes un établissement public local, notre conseil d’administration est composé pour majorité d’élus du département des Hauts- de-Seine et des collectivités locales concernées », précise Pierre-Yves Guice, directeur général de Paris La Défense. L’État demeure, bien entendu, présent au conseil d’administration, mais ce sont les élus locaux qui sont au cœur de la gouvernance. « Notre périmètre est plus vaste qu’on ne l’imagine, depuis Puteaux et Courbevoie jusqu’à La Garenne- Colombes et Nanterre. La Grande Arche n’est pas à l’extrémité du quartier, mais en est le cœur ! Notre territoire est unique, tant par sa physionomie urbaine et architecturale que par les enjeux économiques et d’attractivité qu’il représente, poursuit le directeur général. Il n’y a pas d’équivalent en France d’une telle concentration d’entreprises et de lieux de décisions. » Plus de 500 entreprises, 180 000 salariés, 42 000 habitants et autant d’étudiants, le tout sur plus de 500 hectares : pour l’établissement public, il s’agit de conserver ce leadership. « Nous ambitionnons de devenir le premier quartier post-carbone de dimension mondiale, affirme Pierre-Yves Guice. Cette stratégie vise à faire de notre territoire un modèle de résilience face aux défis environnementaux et sociaux que nous devons relever. » Objectif : diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Plusieurs actions emblématiques ont été mises en œuvre, dont le lancement d’Empreintes, un appel à projets urbains innovants qui vise à faire émerger de nouveaux modes constructifs et à donner naissance à des bâtiments bas carbone. Par ailleurs, un espace vert de 5 hectares se déploiera sur l’esplanade de La Défense d’ici 2026. Enfin, la mixité et la transformation du territoire en véritable quartier de vie sont également à l’œuvre. Ainsi, le quartier des Groues à Nanterre, une ancienne friche ferroviaire, accueillera, à terme, 10 500 habitants et 12 000 salariés. « Ce quartier a une vocation complètement mixte. Il sera moins vertical, fera la part belle aux circulations douces et accueillera une véritable diversité d’usages », souligne Pierre-Yves Guice. Avec la livraison prochaine de la tour Hekla, le lancement, entre autres, des projets The Link ou Odyssey, qui comprendra le premier immeuble réversible de La Défense, le plus grand quartier d’affaires européen tourne la page des années 1960 et amorce une mutation avérée, avec un établissement public déterminé aux commandes.

« Nous ambitionnons de devenir le premier quartier post-carbone de dimension mondiale. »
Pierre-Yves Guice, directeur général de Paris La Défense.
Grand Paris Aménagement : des villes nouvelles à la ville recyclée
« On est passé d’un rapport à la terre, où l’on avait tous l’impression que le foncier était abondant, constituait une ressource sans limite, à un nouveau paradigme, où l’on considère qu’elle est devenue une ressource rare », résume Stéphan de Faÿ, directeur général de Grand Paris Aménagement. De même, l’ex-Agence foncière et technique de la région parisienne (AFTRP), devenue Grand Paris Aménagement (GPA) en 2018, qui fête des 60 ans cette année, a vu ses missions évoluer au fil du temps. Acquéreur de fonciers pour le compte de l’État à l’origine, notamment pour constituer les réserves foncières des villes nouvelles, il a été également l’opérateur des grandes bases de loisirs d’Île-de-France, de ses grands centres commerciaux mais aussi de plusieurs de ses grands ensembles. Puis, son rôle s’est tourné de plus en plus vers les collectivités locales, soutenant à leur demande leur stratégie d’aménagement. Au fil du temps, sa mission a évolué aussi avec la transposition en 2005 de la directive communautaire soumettant au droit de la concurrence les opérations d’aménagement. Aujourd’hui, 85 % de son activité est réalisée dans le cadre de traités de concession, après mise en concurrence pour le compte de collectivités locales.
Grand Paris Aménagement intervient sur tout le territoire francilien au service des maires et des collectivités – petites et grandes – dans la réalisation de leurs projets urbains, de l’étude à la conception et à l’exécution. « Dans près de 80 opérations d’aménagement menées actuellement, nos 200 collaborateurs s’attachent à créer pour tous une ville attractive et productive, dans des quartiers où il fait bon vivre, mêlant qualité et respect de l’environnement », indique l’aménageur.
L’organisme, qui a fusionné avec l’EPA Plaine de France et s’est fédéré avec l’EPA Orly Rugis -Seine Amont en 2017, ne perçoit aucune subvention au titre de son fonctionnement. Grand Paris Aménagement est d’abord un opérateur foncier. C’est aussi un opérateur de l’habitat : l’établissement gère 8 programmes de rénovation urbaine (PRU) et requalifie de grandes copropriétés dégradées. Acteur de l’aménagement urbain, GPA « fait » enfin de la ville, aménage des quartiers mixtes et des parcs d’activités, créateurs de développement pour les collectivités. GPA a lancé, en début d’année, un appel à manifestation d’intérêt auprès des promoteurs afin de constituer un pré-référencement. Il s’agit pour l’établissement de mieux connaître les opérateurs, d’effectuer une pré-sélection et de définir un socle d’exigences commun à l’ensemble de ses projets.
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