PASCAL CAGNI RAPPELLE LES MULTIPLES ATOUTS DE LA RÉGION CAPITALE, DOPÉE PAR LE GRAND PARIS, QUI BÉNÉFICIE D’UNE IMAGE FORTE AUPRÈS DES INVESTISSEURS ÉTRANGERS. LE PRÉSIDENT DE BUSINESS FRANCE SOULIGNE NOTAMMENT LA FORCE DE LA R&D FRANCILIENNE, VECTEUR DES EMPLOIS DE DEMAIN. IL APPELLE, ÉGALEMENT, À UNE SIMPLIFICATION ADMINISTRATIVE ET À UN DÉCLOISONNEMENT PUBLIC/PRIVÉ.
PROPOS RECUEILLIS PAR JACQUES PAQUIER

Quels sont aujourd’hui, selon vous, les atouts de l’Île-de-France, notamment en lien avec le Grand Paris, dont on a souvent dit qu’il était un game changer pour l’image de la France telle qu’on l’aimait à l’étranger ?
Atteindre une masse critique est à mon sens un gage de réussite. C’est la première des raisons pour lesquelles je pense que le Grand Paris est une très bonne chose. Et je crois que la présidente de la Région Île-de-France, Valérie Pécresse, mais aussi Lionel Grotto, en charge de Choose Paris Region, font des choses remarquables en faveur de l’attractivité francilienne. Il faut tout mettre en œuvre pour définir un message qui soit cohérent entre le Grand Paris d’une part et ce que l’on dit au niveau de la France ou des autres régions françaises d’autre part. Cette cohérence a été l’une de mes grandes batailles menées tout au long de mon mandat à la présidence de Business France. Nous avons créé, avec les différentes équipes qui m’entourent, les Team France Export & Invest.
Désormais, nous allons faire en sorte que le Grand Paris tire pleinement parti d’un plan de relance qui s’articule, rappelons-le, autour de trois grandes idées : la cohésion sociale, l’innovation et la transition écologique. Je constate d’ailleurs que la création d’entreprise est en train d’exploser en Île-de-France. À l’échelle de l’Europe et du monde, la Région Capitale rayonne : ce sont plus de 18 universités et une recherche et développement au plus haut niveau qui précèdent très souvent les implantations industrielles. Rappelons que l’Université Paris Saclay (UPS) vient d’être reconnue comme étant la première université en mathématiques par le classement de Shanghai et la 14e université du monde toutes matières confondues. Il faut s’en réjouir. Nous pourrions également citer les 46 millions d’euros mobilisés sur les 9 territoires d’industrie franciliens. J’estime que les industries situées dans le Grand Paris bénéficient à hauteur de 28 % des 10 milliards d’euros de baisse d’impôts de production. C’est important pour que l’on puisse fixer les emplois. Tout cela nécessite un effort de pédagogie.
Les investisseurs étrangers avec qui je parle quasiment tous les jours depuis maintenant quatre ans sont extrêmement sensibles à ces arguments.
Pourquoi estimez-vous que le sport est également un vecteur d’attractivité ?
Alors que nous allons organiser les Jeux olympiques et paralympiques de 2024, que nous accueillerons à nouveau une coupe du monde de rugby en 2023 et que nous venons d’organiser celle de football féminin, si la France n’a pas de grands projets, qui en a ? J’ai vécu à Londres où j’ai pu voir comment l’Angleterre, au moment des Jeux olympiques, a réussi à développer une image de marque très forte avec une campagne adaptée baptisée « Great Britain » et qui a attiré les emplois en nombre. Aujourd’hui, à la faveur d’un jeune président, qui mène de vraies réformes, et d’une génération montante qui aspire souvent à créer sa propre boîte, il faut encore une fois que l’on se rende compte que le monde entier envie notre attractivité. Il faut se défier des discours populistes et montrer les faits et les chiffres. Il faut parler des gens qui réussissent, s’assurer de ne pas les condamner lorsqu’ils ne réussissent pas. Si l’on fait cela, je pense que ce pays a un potentiel qu’il ignore.
Pourquoi insistez-vous sur la recherche et le développement ?
Parce que c’est la seule vraie bataille du XXIe siècle. Nous sommes en train de quitter l’âge de bronze de la Tech et on n’a encore rien vu venir… Ce qui est devant nous, c’est le développement de l’intelligence artificielle et du cloud, autant de nouvelles opportunités de créer des entreprises qui tirent parti des technologies ou des plateformes offertes par les GAFA afin de créer nous-mêmes nos emplois. Il faut positionner le Grand Paris comme un leader au sein de l’Europe et dire qu’en France, nous avons des métropoles qui complètent cette position de manière forte. Il est incontestable que Lyon, par exemple, possède un savoir-faire très fort sur la santé, que Toulouse est incontestablement un leader européen sur l’aérospatial, que nous avons évidemment en matière d’œnologie mais aussi de matières premières des savoir-faire à Bordeaux, que Lille, grâce à son positionnement au milieu du croissant européen qui va de Londres à Milan, occupe une place centrale en matière de logistique avec une main-d’œuvre très bien formée. Nous exerçons un leadership mondial, sur des secteurs qui vont de la cybersécurité à la physique quantique, mais aussi dans le domaine des maladies dégénératives ou encore des industries culturelles. Si l’on reste bienveillants en souhaitant la bienvenue aux investisseurs étrangers, on va continuer à créer de la valeur et du bien-être partout. Pas seulement dans le centre de Paris mais aussi dans les banlieues, ce qui est fondamental ! C’est simple, malheureusement dans un monde qui est pollué par une multitude d’images et d’informations, il faut se concentrer sur un petit nombre de messages et donc pouvoir vanter le Grand Paris leader européen en matière d’immobilier, d’attractivité, de siège sociaux, de recherche, de développement, de talents…
Acteurs du Grand Paris a vocation de favoriser les coopérations publiques-privées. Vous qui parcourez le monde, pensez-vous qu’il y ait matière en France à abattre certaines frontières à l’heure où l’on va réformer l’ENA et la haute fonction publique ?
À titre personnel, je suis pour un état fort car comme l’a prouvé la crise de la Covid, l’état a joué un rôle décisif pour préserver l’économie. Pour autant, il est essentiel de continuer à réformer l’état parce que je pense qu’aujourd’hui, le segment des emplois non commerciaux occupe une place trop importante. La prochaine réforme de l’état devra s’inspirer de la convention managériale de l’état, où un travail d’identification des faiblesses, des dysfonctionnements, des difficultés a été réalisé suite à la crise et aura pour objectifde trouver enfin le juste équilibre après des multiples lois de décentralisation et de déconcentration qui se sont succédé dans notre pays au cours des dernières décennies.
En tant que président de l’Établissement public industriel et commercial (Epic) qu’est Business France, j’ai eu une vrai préoccupation à la faveur de la Loi Pacte qui est celle de rééquilibrer au sein du conseil d’administration la représentation des entreprises à parité avec nos nombreuses tutelles.
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